N° 57 Mars 2009 - Le site des diacres de Namur

Transcription

N° 57 Mars 2009 - Le site des diacres de Namur
Belgique- België
P.P.
5580 Rochefort
6/71397
N° 57
Bulletin trimestriel
Bureau de dépôt : ROCHEFORT
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Mars 2009
Formation permanente
Le document romain « Directoire pour le ministère et la vie
des diacres permanents » et, forcément, notre coutumier
prévoient que les diacres permanents continuent leur
formation tout au long de leur ministère.
Dans notre diocèse, cette formation est placée sur deux
samedis au mois de janvier, « calée » entre les deux
semestres de cours pour les candidats.
Comme les autres années, les diacres, des épouses, des
candidats et d'autres chrétiens ont participé à une réflexion
sur l'Eglise Méthodiste et l'œcuménisme, à Chevetogne, le 17
janvier et, le 24 janvier, c'est Entraide et Fraternité - Vivre
Ensemble était l'objet de l'instruction à Rochefort.
Signalons ici le petit nombre de participants : nous n'allons
pas vainement le déplorer mais il serait intéressant que les
confrères puissent faire part au conseil diaconal de leur
desiderata.
Une autre lecture possible serait que le diaconat permanent
est très demandé le samedi.
Ceci écrit, la rencontre avec les Méthodistes,
mouvement issus de l'Anglicanisme au
18ème siècle, fut fort enrichissant : rien de
tel que de dialoguer avec des personnes en
chair et en os et en découvrir leur richesse.
Chaque diacre a reçu, par la poste, un
dossier expliquant toute l'histoire de ceux-ci, il
est donc inutile d'en faire la synthèse ici. Retenons,
cependant, la grande ouverture d'esprit de nos trois orateurs :
un pasteur, une pasteure et un prédicateur (cette fonction y
existe sans qu'on ne soit ni diacre ni pasteur).
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Autre chose : cette église vient de rétablir le diaconat
permanent. Le diaconat n'est pas un « passage » avant de
devenir pasteur. Ce sont deux ordinations bien séparées et,
donc deux ministères bien distincts. Nous avons appris qu'un
pasteur a demandé de ne
plus l'être pour recevoir
l'ordination
diaconale.
Etonnant à nos yeux !
Nous
avons
également
passé un bon moment avec
notre confrère diacre, le
Père
Thaddée
de
Chevetogne qui nous a fait
part de sa vision de
l'œcuménisme.
Voilà
quelqu'un qui ne manie pas
la langue de bois.
Le samedi suivant, c'est Frédéric Struys qui nous a présenté
Vivre Ensemble qui se consacre aux pauvretés de chez nous
et Entraide et Fraternité dont la vision est tournée vers le tiersmonde.
M'est avis que les participants ont beaucoup appris dans le
jeu de rôle
l'après-midi.
Même si on le
sait, certains
sont tombés
dans
les
pièges
de
l'impérialisme
occidental.
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Jacques DELCOURT
CREDAL : l’argent solidaire
En cette période de crise économique et
fiancière, il est intéressant d’étudier d’autres
approches de la finance.
Du temps de l’apartheid, des banques belges
prêtaient de l’argent à l’Afrique du Sud. Suite à des
interpellations d’organisations sud-africaines accusant cet
argent de soutenir l’apartheid, des associations belges firent
pression sur ces banques belges pour qu’elles suspendent
ces prêts.
De là est née l’idée de créer voici 20 ans un système de
financement alternatif : Crédal. Précisons d’emblée qu’il ne
s’agit pas d’une
banque,
mais
d’une
coopérative.
Les coopérateurs
sont
des
individus,
des
entreprises
et
des
congrégations
religieuses
qui
ont trouvé dans
Credal le moyen
de
faire
une
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investissement éthique. Leurs parts peuvent être, au choix,
celles de « bâtisseurs » (100 €) ou « d’investisseurs » (500 €)
ou encore la part « domino » (10 € par mois).
Certaines associations qui disposent provisoirement de
beaucoup d’argent, la prêtent au Crédal. Par exempple, le
Foyer Li Mohon qui propose des logements à louer à des
jeunes en difficultés, s’étant défait d’un bâtiment, a placé la
somme obtenue chez Crédal dans l’attente de la réinvestir
dans de nouveaux biens.
Près de 500 crédits par an sont versés à des conditions
souvent avantageuses. Crédal aide plus de 150 organisations
sociales. Située en plein coeur des Marolles, au centre de
Bruxelles, la supérette sociale Les Capucines existe depuis
quatre ans. Elle accueille trois fois par semaine 130 familles
prises en charge par une série de services sociaux des
alentours. L’objectif premier de cette association est de
proposer à des clients fragilisés socialement des produits
d’épicerie à des prix défiant toute concurrence (environ 20%
du prix pratiqué dans les commerces), ce qui permet aux
familles ainsi aidées de boucler plus facilement les fins de
mois
Grâce au micro-crédit il permet à 85 micro-entrepreneurs de
créer ou développer leur propre emploi et contribue à
l’amélioration des conditions de vie difficiles de plus de 220
personnes ayant recours au crédit social à la consommation
(chiffres 2008).
Pour renforcer son action au service des organisations
sociales et des personnes exclues du marché de l’emploi,
Credal par son activité de conseil aide les organisations
sociales à se développer et être mieux gérées.
Pour les femmes sans emploi, « Affaires de Femmes,
Femmes d’Affaires (AFFA)» offre de l’accompagnement et
des modules de formation pour leur permettre de créer leur
propre activité.
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En matière de financement alternatif, Credal possède une
expertise de deux décennies bien utile aux organisations
sociales et aux personnes fragilisée, de plus en plus
nombreuses en cette période de crise.
Jacques DESSAUCY
Epouse de diacre permanent :
une vocation particulière ?
Ce 22 novembre dernier, les diacres permanents du diocèse de
Liège, les candidats et leurs épouses s’étaient rassemblés très
nombreux pour leur journée de formation permanente. En effet, le
sujet proposé : « EPOUSES DE DIACRES : NOUVEAUTES ET
RISQUES ! » et la conférencière, une épouse de diacre française,
avaient éveillé pas mal de curiosité et d’intérêt.
Mme Marie-Françoise MAINCENT-HANQUEZ est
l'épouse de Patrice, diacre ordonné depuis 1997. Ils habitent la
région de Lille et sont parents de 4 enfants et de 4 petits-enfants (et
demi...) Dans l’équipe diocésaine depuis presque 8 ans, ils
accompagnent les candidats diacres et leurs épouses.
Marie-Françoise Maincent-Hanquet a été pendant 6 ans
représentante des épouses de diacres au Comité National du
Diaconat en France. Elle est aussi membre du comité de rédaction de
Diaconat Aujourd'hui, revue nationale française du diaconat
permanent. Elle prépare actuellement une maîtrise en théologie à
l'Institut Catholique de Lille, sur les épouses de diacres.
Les épouses de diacre : un problème ecclésial ? ou une
richesse à découvrir....
Mme Maincent commença par nous partager le profond
malaise suscité en elle par la façon de parler des épouses au sein du
Comité National Français (que nous pouvons facilement comparer à
la situation belge) ; en effet si il était discuté, à son arrivée, du
« problème des épouses », on envisagea plus tard la « question des
épouses », qui devint le « chantier des épouses », pour enfin
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aujourd’hui exprimer une « vigilance » nécessaire à propos du
cheminement et du rôle des épouses... Cette évolution dans
l’expression, très rassurante quant à la capacité de certains évêques,
prêtres et diacres permanents à remettre en cause leur façon de
penser, démontre cependant que l’accompagnement des épouses de
diacres et de candidats s’avère important et devient un réel point
d’attention.
Si il y a quelques années, il fallait écouter « les silences des
épouses2 », qui ne pouvaient ou n’osaient s’exprimer autrement, de
nos jours, certains commencent parfois à leur reconnaître une
possible vocation particulière au service de l’Eglise d’aujourd’hui.
Un vrai cheminement est demandé aux épouses, sans aucun repère
historique : le rôle est entièrement à inventer.
Notre évêque, Mgr Jousten, est d’ailleurs sensible à cette
question, puisqu’il a désiré mettre à l’œuvre un groupe de réflexion
sur la question de la participation des épouses à la formation des
diacres. Nous nous souvenons également de l’intéressante journée
organisée par la Commission Interdiocésaine pour le Diaconat
Permanent Francophone (CIFDP), le 20 mars 2004, à Floreffe, à
propos de « la place de l’épouse du diacre. »
Articuler les deux sacrements du Mariage et de l’Ordre
Lorsque le concile Vatican II a décidé le rétablissement du
diaconat permanent, avec la possibilité d’appeler des hommes
mariés, les textes officiels ont surtout souhaité que vie de couple et
vie familiale ne nuisent pas au ministère, et même le favorisent. Il
s’agit en effet d’harmoniser au mieux l’articulation entre le
sacrement de Mariage et le sacrement de l’Ordre. Dans la majorité
des cas, l’interpellation au diaconat permanent se joue en couple,
dans un rapport particulier. En effet, l’épouse se situe à la fois au
dedans et au dehors du diaconat, une position singulière, qui engage
pour elle, un profond travail personnel.
2 2
Jacques BOUCHER, diocèse de Marseille, session des nouveaux responsables organisée par
le CND, Paris, Janvier 2006.
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Quel « modèle » pour une épouse de diacre ?
Chaque épouse de diacre devra trouver son ajustement
personnel dans une lente maturation, et il y a donc un grand nombre
de « spécimens » possibles.
Vivre un engagement lucide et libre. Quand l’épouse accepte
l’engagement de son mari. « Le mariage, je l’ai choisi… le diaconat,
je l’accepte. », quel est son « Oui » ? Au service total de son époux ?
Permission ? Acceptation ? Concession ? Adhésion ?
Quel équilibre trouver entre « ne plus exister » dans
l’effacement jugé nécessaire, occasionné par l’ordination de son
mari et le « pas question de renoncer à ce que je suis ! » ? Comment
trouver sa place pour être vraie ? Revisiter ce que je suis pour ne pas
devenir « transparente. » Garder et développer des activités
personnelles.
Quel sera le regard des autres à assumer : les collègues de
travail, les voisins chrétiens ou non..., la famille proche et élargie
aussi. Les réticences, les ruptures possibles...
Faut-il en arriver à faire correspondre l’image que j’ai de moimême, mes aspirations personnelles, avec les images (correctes ou
non) de l’Eglise, de la société à propos de l’épouse de diacre ? Et
d’ailleurs, suis-je devenue « épouse de diacre » ou « épouse de X,
qui est diacre » ?
Est-il nécessaire de devenir la « gardienne » de l’agenda, qui
a tendance à tout envahir ? Dans la vie de couple, comment
sauvegarder certains moments d’intimité? Dans la vie de famille,
apprendre à se méfier des « ruses de la générosité » qui servent à fuir
les responsabilités familiales : la suractivité diaconale est risque
d’overdose pour les proches ! Comment justifier, auprès des enfants,
les absences répétées du papa ? Respecter la liberté de nos enfants,
accepter leurs choix parfois différents.
Et enfin, quand on est décalé, dans le couple, par rapport à
l’engagement spirituel, oser se mettre au clair avec sa propre foi.
Dans le quotidien, la spiritualité diaconale investit toute la vie du
diacre, mais colore aussi l’existence de son épouse tout entière.
Celle-ci est donc amenée à reconfigurer la façon, dont elle vit sa foi,
avec notamment la dimension du sacré, du symbolique et du
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définitif. Aux appréhensions par rapport à l’aube, à l’étole, s’ajoute
parfois un sentiment de solitude : solitude concrète dans l’assemblée
lorsque l’époux est à l’autel, mais aussi solitude dans le statut : en
effet, l’ordination fait de lui un membre du clergé et non plus un
laïc. C’est tout le sens de la réflexion d’une épouse qui résumait la
situation de façon imagée : «Le parcours vers l’ordination, c’est un
peu comme un voyage en train. Nous sommes dans le train avec
notre mari. Le jour de l’ordination, on arrive en gare. Tout le monde
descend. Puis nos maris remontent dans le train et nous, nous
restons sur le quai. » (Lors du partage de l’après-midi, certaines
épouses liégeoises avouaient être remontées dans le train...mais pas
toujours dans le même wagon. Certaines étaient comparées par leur
mari à la locomotive...)
Ne faut-il pas s’inquiéter devant toutes ces difficultés ?
Les difficultés, tiraillements, disputes même parfois, ne sont
pas des signes d’échec mais des occasions de discernement, et donc
des signaux pour avancer, pour progresser, en couple, et aussi
chacun personnellement.
Des lieux de parole pour les épouses !
Il semble indispensable de créer, de proposer des lieux, où les
épouses pourront s’exprimer, échanger sur la juste distance à adopter
par rapport au diaconat de leurs maris, où elles pourront explorer
ensemble leurs motivations, où un discernement serein sera possible,
qui évacuera les inquiétudes ou culpabilités. Des lieux de parole
avant, pendant la formation et encore après...
Quelle place pour l’épouse ?
L’époux a été appelé par Dieu et la vocation au diaconat
permanent ne concerne que lui seul, mais l’épouse a, elle-aussi, une
vocation. Elle aussi est appelée par Dieu. Patrice Maincent nous
confiait alors : « Le mari doit respecter cette vocation, parfois aider
son épouse à la découvrir, l’exprimer et l’épanouir. »
Nous pourrons conclure par les propos d’Alphonse BORRAS,
notre vicaire général : « Avec le rétablissement actuel du diaconat,
l’Eglise latine se trouve ainsi devant la nécessité pratique d’abord,
théologique ensuite, d’élaborer une spiritualité conjuguant mariage
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et ordination alors que ces réalités avaient été disjointes depuis de
longs siècles »3
Ne devrions-nous pas réexplorer attentivement toutes les
richesses du sacrement de mariage (dans la formation diaconale, par
exemple) pour savourer la profondeur des grâces qu’il accorde aux
DEUX conjoints ? Je reprendrai une citation de notre oratrice, Mme
Marie-Françoise MAICENT, dans un dossier de « Diaconat
aujourd’hui : Au regard de la société, le diaconat plonge l’Eglise,
par l’expérience du diacre marié, au cœur des joies et des difficultés
des familles, la rendant ainsi plus proche du monde, ce qui fait dire :
« les épouses humanisent l’Eglise ». « En clair, des épouses
trouvent dommage de ne pas réfléchir davantage la place
symbolique du couple pour l’Eglise, dans ce contexte particulier du
diaconat où les deux sacrements de mariage et de l’ordre sont
intimement liés. « C’est une véritable synergie qui s’exerce entre les
deux sacrements. A vouloir ignorer cet aspect, on court à la
catastrophe… »4
Un grand merci au Bureau pour le Diaconat permanent
liégeois, qui a organisé cette journée. Elle sera sans aucun doute
source de progrès pour l’Eglise qui vit à Liège.
Madeleine Doigny-Conrardy
Site Internet : http://www.credal.be
Calendrier
- 13 juin 2009 : Rencontre entre candidats et le conseil
diaconal
- 27 juin 2009 : Assemblée générale du diaconat
- du 20 au 23 août 2009 : Retraite de la communauté
diaconale
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A. Borras, Le diaconat au risque de sa nouveauté, Lessius, Mai 2007, p. 199.
Dossier Diaconat aujourd’hui, n° 132
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