lettre ouverte

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lettre ouverte
1962-1954 ‫ﺍﻟﺠﻤﻌﻴﺔ ﺍﻟﻮﻃﻨﻴﺔ ﻟﻠﻤﺤﻜﻮﻡ ﻋﻠﻴﻬﻢ ﺑﺎﻹﻋﺪﺍﻡ ﺳﺎﺑﻘﺎ‬
-‫ ﻧﺎﺩﻱ ﺍﻟﺼﻨﻮﺑﺮ ﺳﻄﺎﻭﺍﻟﻲ –ﺍﻟﺠﺰﺍﺋﺮ‬146 .‫ ﺏ‬.‫ﺹ‬
Association Nationale des Anciens Condamnés à Mort 1954-1962
31, Rue Issaad Hassani 16802 - Alger Centre
Tél/Fax : 021 71 86 20 / 021 71 87 21 / 021 71 87 30
LETTRE OUVERTE
A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
MONSIEUR LE PRESIDENT
Les anciens condamnés à mort, rescapés de la guillotine, qui ont
sacrifié leur enfance, leur jeunesse et leur vie pour la libération de leur pays
Vous souhaite tout d’abord un prompt rétablissement tout en Vous saisissant,
une nouvelle fois, de leur situation dramatique qu’ils ne peuvent plus continuer
d’accepter ni de supporter.
Cette fois, c’est en désespoir de cause qu’ils vous annoncent leur
décision d’entamer, à partir de Dimanche 27 Octobre 2013 , une grève de la
faim pour exprimer, au monde, à la fois, leur désespoir, leur colère et leur
révolte contre toutes les injustices, les abus, la hogra et la marginalisation
qu’ils subissent et qui les frappent jusque dans leur dignité et cela depuis leur
libération des couloirs de la mort, en 1962.
Nous avons tout d’abord subit la malfaisance et la haine viscérale
des gens de la promotion LACOSTE qui étaient, au début de l’indépendance,
les maîtres de notre administration.
Au motif que 90 % de ces anciens condamnés à mort n’avaient pas
de CEP, ces maîtres de l’administration les avaient limités aux emplois
réservés (Plantons-Agents de service-Gardiens-Manœuvres et dans le
meilleur des cas : Chauffeurs. Ils étaient contraints d’accepter ces emplois
avec des salaires de misère. Ils ont dû serrer la ceinture pour arriver à faire
instruire leurs enfants et leurs petits enfants qui sont aujourd’hui des
universitaires, en chômage, à la charge du père.
En 1962, faute d’instruction, ils n’ont pas pu avoir des emplois
décents. Aujourd’hui, avec trop d’instruction, c’est leurs enfants et leurs petits
enfants qui n’ont pas d’emploi du tout.
Ces gens de la promotion LACOSTE, renforcés par les faux moudjahidine et
consolidés, plus tard, par certains responsables porteurs de la double
nationalité, nous ont crée le PARTI DE LA France qui a tout fait pour
marginaliser les vrais moudjahidine et à leur tête les anciens condamnés à
mort et les grands invalides. Cela explique, pourquoi, nous avons été privés
de nos droits les plus légitimes notamment :
1) LA QUALITE D’OFFICIERS DE L’ALN :
Cette qualité nous a pourtant été octroyée par une décision du GPRA
(Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et annoncée en 1959
quand le général DE GAULLE nous passait les uns après les autres aux
abattoirs de la France coloniale, par notre défunt Ministre de l’information
M’hamed YAZID, au court d’une conférence qu’il avait- tenu avec la presse
internationale à Genève.
Les propos de sa déclaration étaient les suivants : » le GPRA
condamne les exécutions des condamnés à mort détenus dans les prisons
françaises, en Algérie et en France. Ces exécutions sont des crimes contre les
officiers de l’ALN qui sont des prisonniers de guerre protégés par les
conventions de Genève. »
A cette époque, cette décision nous avait remonté le moral. Après
l’indépendance, tous les gouvernements qui se sont succédés n’ont pas
daigné appliquer cette décision, au contraire, ils nous ont noyés dans le
gouffre d’OCFL. Alors que nous étions des commandos de l’ALN qui ont
combattu l’ennemi par les armes. Aujourd’hui nous continuons à revendiquer
ce droit même jusqu’à l’au- de- là et devant Dieu qui nous rendra justice.
Puisqu’aucun responsable n’a pu ou n’a daigné le faire jusqu’aujourd’hui.
Nous sommes des militaires et non des OCFLN.
2) CADRE DE LA NATION :
Cette qualité a été attribué à des députés qui n’ont passé qu’un
seul mandat de cinq ans à l’APN et à bien d’autres qui ne remplissaient pas
les conditions fixée par les dispositions du décret présidentiels instituant
cette qualité alors qu’elle continue à être refusée aux anciens condamnés à
mort qui ont donné leur vie pour l’indépendance du pays et qui ont repris
les armes une deuxième fois pour défendre l’Etat Républicain contre le
danger terroristes ?!.
Le parcours de cette catégorie compte 58 ans de luttes, de
sacrifices et de militantisme pour l’édification du pays et de l’Etat
Républicain qui se projette, aujourd’hui, à devenir un Etat de droit.
Que faut- il de plus Monsieur le Président pour accéder à ce droit
mérité ? L’Etat ne doit-il pas être reconnaissant à ses bons enfants ? Nous
avons le droit de vivre dans la dignité.
Les députés perçoivent, aujourd’hui, 400.000,00 DA par mois alors
que nous sommes encore à notre pension de misère qui ne nous permet
plus de vivre et faire vivre nos enfants et nos petits enfants tous adultes,
mariés, célibataires et chômeurs vivant, entassés dans un seul logement.
3) LOGEMENT
Après 51 ans d’indépendance, il y a encore des frères qui habitent
dans des baraques, des garages et des 1 pièce, 2 pièces et 3 pièces à 15
à 20 personnes adultes.
En 1962, les anciens condamnés à mort ont été très naïfs de croire les
responsables de l’époque qui leur disaient : - patientez, vous êtres des
Militants ! Vous serez servis les derniers, mais vous serez bien servis !
En attendant, ces responsables se sont accaparés des belles villas
qui leur ont coûté plus tard, 01 DA symbolique. Nos responsables
aujourd’hui se serait de plus en plus, dans des privilégiés et les avantages
(leurs enfants sont bien logés et occupent des postes importants dans les
rouages de l’état. Ce n’est pas pour cette Algérien que nous nous sommes
sacrifiés ! Ce n’est pas de cette Algérie que nous avons rêvé !
Les Ministres des Moudjahidine, de l’intérieur et de l’Habitat ont été
saisi à plusieurs reprises. Ils sont en possession des dossiers et des listes
des anciens condamnés non logés et mal logés. Ils n’ont pas daigné donné
une suite jusque là, ni positive ni négative.
Les walis, les chefs de daïra et les P/APC restent imperméables aux
dossiers demande de logement des anciens condamnés à mort.
Ils s’abritent derrière la fameuse circulaire interministérielle qui plafonne les
revenus des demandeurs pouvant prétendre aux logements sociaux, à
27.000 DA par mois, à ne pas dépasser. Certes les revenus des anciens
condamnés à mort dépassent ce plafond mais ne suffit pas à nourrir les
membres de sa grande cellule familiale. Le dilemme est que lorsque
l’ancien condamné à mort présente son dossier de logement, la
commission communale lui répond : la circulaire interministérielle vous a
exclu du droit au logement social.
Mais lorsque c’est son fils qui dépose le dossier, la même commission lui
répond – Vous n’avez pas le droit parce que vous êtres chômeur et vous
n’avez pas le revenu pour payer votre loyer.
Même les banques ferment leurs portes aux nez des anciens
condamnés à mort qui demandent un crédit pour acheter ou_ construire
leur logement, au motif qu’il ont dépassé l’âge de 65 ans. Cette
disposition est tout simplement ridicule puisque le logement acheté ou
construit est au départ hypothéqué par la banque qui accorde le crédit
(acte notarié). Si le concerné décède, les héritiers continueront à
rembourser. Dans le cas contraire la banque récupérera le bien
immobilier. Nous considérons que ces dispositions doivent être levées
pour permettre le déblocage de cette situation. De son côté l’ONM qui
bénéficie d’un quota de 20 % de logement pour les moudjahidine
n’incluent pas les anciens condamnés à mort. Sommes-nous des
RBAÏB ?! pourtant notre association est une branche de l’ONM qui est
notre organisation mère. Alors pourquoi cette dernière ne nous fait pas
participer à ses congrès et aux avantages dont elle est bénéficiaire.
4) PELERINAGE AUX LIEUX SAINTS :
Tous les ans depuis des dizaines d’années, le Ministère de
l’intérieur et des collectivités locales distribue des passeports vierges
pour chaque Ministre, chaque Député, chaque Sénateur, chaque Wali
et chaque Chef de Daïra. Cette longue liste comprend aussi des
personnalités sélectionnées et des Zaouïa.
Notre association est exclue de cette longue liste de privilégiés.
Pourquoi et qui a décidé de nous priver de ce droit divin qui n’a
pourtant aucune incidence financière sur les dépenses de l’Etat
puisque les frais sont à la charge du pèlerin lui–même.
Nous sommes aussi exclus de la liste des privilégiés (comme
ZAHOUANIA) qui sont envoyé chaque année en pèlerinage à la
charge de l’Etat. Que faut-il faire pour mériter une place dans cette
longue et heureuse liste ?
A propos des passeports, notre association a été ridiculisée à
deux reprises. La première fois le cabinet du Ministère nous appelle
pour récupérer une enveloppe contenant des passeports pour les
anciens condamnés à mort. Arrivé sur place, on nous informe que
l’enveloppe a disparu. La deuxième fois on nous remet une enveloppe
contenant trois passeports pour satisfaire une liste de 60
demandeurs, nous l’avons refusé. 95 de nos compagnons sont
décédés, sans avoir accompli le pèlerinage qui était leur vœux le plus
cher. Nous exigeons la satisfaction des cette revendication à partir de
l’année 2014.
5) LA JUSTICE DE NOTRE PAYS
Les anciens condamnés à mort sont aujourd’hui les mieux
placés et les plus désignés pour défendre la justice de leur pays. Ne
l’ont- il pas fait hier quand ils, ont été trainé devant les tribunaux de la
France coloniale en clamant très fort. Nous récusions la justice
française seule la justice de notre pays peut nous juger.
Aujourd’hui, nous faisons confiance à notre justice mais pas à
certains magistrats qui la transforment en injustice dont nous sommes
les victimes. Ces derniers temps plusieurs jugements d’expulsion ont
été rendus contre certains anciens condamnés à mort.
Est-il concevable et acceptable de jeter, à la rue, quelqu’un qui a
donné sa vie pour le pays et à l’approche de l’hiver.
Nous vous citons deux cas d’injustice comme exemple :
1) Deux escrocs de l’OPGI ont vendu un logement à un frère ancien
condamné à mort, en lui installant les compteurs d’eau et
d’électricité contre la somme de 240 millions. Ces escrocs
découverts sont traduits devant la justice et en parallèle l’OPGI
obtient un jugement d’expulsion contre l’ancien condamné à mort
avant même que la justice ne condamne les escrocs.
2) Un ancien condamné à mort âgé de 85 ans est accusé et
condamné pour avoir détruit 13 piliers en béton armé. Ce frère
n’est pas Hercule. Il est d’une santé très fragile.
6) DEVOIR DE MEMOIRE
Les activités de notre association dans ce domaine nous ont
permis de rencontrer, en conférence débat près de 120.000 jeunes
des centres de formation, des lycées et des universités. Ces
conférences avaient comme thème = message des martyrs aux
nouvelles générations. Une autre activité spécifique consistait à faire
sortir de la poussière de l’oubli les 217 héros guillotinés et cela par
l’organisation des journées commémoratives à travers les wilayate.
Nous ne cessons pas aussi de nous battre contre les
chasseurs de prime qui falsifient l’histoire de notre glorieuse
révolution en bénéficiant de milliardaire pour montrer des films plein
de mensonge. L’écriture de l’histoire est bloquée parce que les vrais,
sincères et les honnêtes historiens ne sont pas aidés par l’Etat.
Notre association a ouvert un musée spécifique qui perpétue
les souffrances, les tortures, les douloureux souvenirs et la biographie
des condamnés à mort guillotinés depuis 1846. Ce musée nous
l’avons ouvert, sans aucune aide des pouvoirs publics. Alors qu’en
France, le bourreau Fernand Meissonnier qui tranchait nos têtes a
ouvert son propre musée avec l’aide des pouvoirs publics. Le
bourreau en a fait non pas un lieu de mémoire mais un lieu
commercial à 20 euros l’entrée.
Monsieur le Président, partout dans le monde, les lieux où
on tété commis des tortures, des crimes et des assassinats contre
des résistants et des citoyens ont été transformés comme lieu de
mémoire. Ce n’est pas le cas dans notre pays. SERKADJI ex
Barberousse est toujours une prison. La villa SUZINI et CAVAIGNAC
ont été affectés à la police alors que le siège de notre association et
qui est transformé en lieu de mémoire se trouve complètement
délabré et exposés aux intempéries, ce qui nous oblige à renouveler
l’exposition chaque semaine parce que la salle n’a pas de toiture.
Notre association a sollicité le sponsoring des multinationales
de la téléphonie qui gagnent beaucoup d’argent dans notre pays mais
aucune n’a daigné répondre parce qu’elles ne s’intéressent qu’au
commercial. Le projet d’aménagement de ce lieu de mémoire ne
dépasse pas les 300 millions de centimes. Le ministère des
moudjahidine aussi n’a pas daigné prendre en charge la réalisation
de ce projet digne d’intérêt.
7) CHOMAGE DE NOS ENFANTS
Nous ne cherchons pas à ce que nos enfants soient
prioritaires aux recrutements par rapport à ceux de notre peuple, nous
voulons seulement à ce que la chance soit égale pour tous et que
cesse le piston, le favoritisme et la priorité aux fils de responsables.
Les fils des responsables ont tous soit un emploi ou un projet juteux
en exploitation. Dans certains secteurs les projets ANCEJ leur sont
réservés. Nous sommes convaincus que la solution à ce grave
problème passe par une plus juste répartition du revenu national et un
investissement productif créateur d’emploi.
8) 50 EME ANNIVERSAIRE
ème
En 2012, notre pays a célébré le 50
anniversaire de notre
indépendance dans l’humiliation, puisque nous étions des spectateurs à
distance. Les anciens condamnés à mort s’attendaient à être les invités
d’honneur et pourquoi pas à être honorés ?
Ce n’est que le 23 Septembre passé, qu’une cinquantaine d’entre nous
ont été honorés par le Ministres des Moudjahidine en votre Nom. La date du
23 Septembre ne signifie rien. Nous attendions ce geste à l’occasion du 05
Juillet, du 20 Août, ou du 1 er Novembre.
Cette liste qui a été limitée à 50, a crée des mécontentements au sein des
1400 frères anciens condamnés à mort et ils ont raison pourquoi pas tout le
monde et pourquoi pas en priorité les familles des 217 condamnés à mort
guillotinés et des 400 décédés après l’indépendance.
Une ridicule somme de 50.000,00 DA a été remise aux frères qui ont été
honoré. Cette somme insignifiante les a touchés dans leur amour propre et
leur dignité.
9) PRISE EN CHARGE POUR SOIN A L’ETRANGER
Les anciens condamnés à mort décèdent les uns après les autres
de maladies très graves par manque de soins adéquats et à temps. Dans
le meilleur des cas, ils sont admis difficilement à l’hôpital d’Ain Naâdja qui
est devenu un mouroir. Pour obtenir une prise en charge pour soins à
l’étranger, c’est la croix et la bannière.
Il faut passer par plusieurs responsables pour que leur dossier soit traité
par une commission nationale où leurs dossiers subissent des blocages.
Seuls trois anciens condamnés à mort en ont bénéficié depuis 15 ans.
Ils n’ont pas peur de mourir, ils demandent seulement des soins de qualité
pour soulager leur souffrance.
Aujourd’hui, ils exigent à être dispensés de l’avis de cette fameuse
commission. Le dossier de médecin traitant agrée doit suffir.
10)
CONCLUSION
Monsieur le Président, l’amour pour notre PATRIE, la force de nos
conviction et le degré de patriotisme qui nous animent ont vaincu jusque là
le sentiment de révolte et nous ont incité à la sagesse, c’est pourquoi, nous
avons choisi cette forme d’action et d’expression pacifique pour défendre
notre dignité et revendiquer nos droits.
Nous revendiquons enfin une place plus juste dans l’échelle du mérite au
sein de la famille révolutionnaire et de la société algérienne =
1) L’ONM étant notre organisation mère
2) Le chahid passe avant le fils de chahid (nous sommes des chouhada
vivants)
3) Le moudjahed passe avant le fils d’un moudjahed
4) Les autres organisations suivront.
Monsieur le Président, Nous sommes à la veille du 1 er Novembre, ce
qui donne à notre glorieuse Révolution 59 d’âge et ce qui vous donne
l’occasion de prendre des décisions qui solutionneront nos problèmes qui
sont dans l’ordre suivant :
-
Officiers de l’ALN
Cadre de la Nation
Logement
Pèlerinage aux lieux saints
La justice de notre pays
Devoir de mémoire
Chômage de nos enfants
50 ème anniversaire
Prise en charge pour soins à l’étranger
Nous vous souhaitons, encore une fois, Monsieur le Président, un
prompt rétablissement comme nous espérons une suite positive qui
réglera nos problèmes sus- cités
Pour tous les anciens condamnés à mort
Le Président de l’Association
Mostefa BOUDINA