Laissez-nous faire la PDSa en paix

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Laissez-nous faire la PDSa en paix
PUBLIC SOS Médecins France - SOS Médecins : "Laissez-nous faire la PDSa en paix ! »
Lundi, 24 Novembre 2014 15:53
Le Dr Dominique Ringard, président de SOS Médecins répond à EGORA .
Après les généralistes libéraux, les spécialistes, les internes et les cliniques, c'est au tour des
médecins de SOS de faire valoir leur colère et de brandir la menace de la grève pour s'opposer
au projet de loi de santé. Car ils entendent défendre la permanence des soins ambulatoire qu'ils
jugent menacée. Deux régions françaises ont déjà supprimé les gardes des médecins libéraux
en nuit profonde.
Le Dr Dominique Ringard, président de SOS Médecins revient sur les raisons de ce ras-le-bol.
Pourquoi avez-vous décidé de vous joindre au mouvement de grève lancé par les
syndicats de médecins libéraux pendant la semaine de Noël ?
On suit les revendications portées par la quasi-totalité des syndicats de médecins, qui
s'opposent à beaucoup de points de la Loi de Santé de Marisol Touraine, avec notamment le
tiers-payant généralisé. On sent bien qu'il y un ras-le-bol de toute la profession. Le conseil de
l'Ordre, les internes… tout le monde est contre cette loi.
Nous, nous avons en plus la spécificité de la permanence des soins ambulatoire qui est, à nos
yeux, actuellement en grande difficulté. Ça fait un moment qu'on en parle. On avait déjà failli
faire grève en janvier 2013 sur cette thématique de la PDSa. Mais là, l'ARS du
Nord-Pas-de-Calais annonce que, comme l'a déjà fait la Lorraine, elle supprime la Permanence
des soins ambulatoire en nuit profonde. On ne veut pas accepter ça !
Vous trouvez que le projet de loi est trop hospitalo-centré ?
On déshabille la ville au profit du tout hôpital. Et on donne de plus en plus de pouvoir aux ARS.
Tous les deux ans on remet sur le tapis la question de la permanence en nuit profonde. Nous,
on a des médecins sur le terrain qui sont capables de gérer les problèmes à domicile, sans
hospitalisation. Mais on préfère mettre les personnes âgées dans des ambulances pour qu’elles
aillent passer trois ou quatre heures aux urgences. Sur les territoires que SOS couvre, il n'y a
pas de problème d'activité, alors qu'on nous laisse bosser tranquille.
Quelle est la situation en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais ?
La Lorraine a pris un arrêté en début février avec lequel on n'est pas d'accord. On se bat avec
le ministère depuis un an à cause de ça. A Nancy, le directeur de l'ARS a supprimé la PDSa du
lundi au vendredi. En revanche, il l'a laissée sur le reste du territoire, là où il y a le moins
d'appels. Et le samedi et le dimanche, on a de nouveau un médecin de garde. Pourtant à
Nancy, il y a une forte activité pour SOS. Tout cela est ubuesque. On dit aux patients qui ont un
besoin en pleine nuit : si vous avez un problème, allez aux urgences. Alors que depuis de
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nombreuses années, on dit qu'il ne faut pas engorger les urgences pour n'importe quoi.
Et dernièrement, l'ARS Nord-Pas-de-Calais a pris la même décision. Depuis le 1er octobre, il
n'y a plus de PDSa en nuit profonde dans toute la région. Nous avons trois structures à Lille,
Dunkerque et Tourcoing, qui fonctionnent pourtant parfaitement. Dans le Nord-Pas-de-Calais,
SOS gère 2,5 millions d'habitants. Comment penser que ce serait plus simple d'envoyer tout le
monde vers les urgences, de les confier aux ambulanciers, aux pompiers ? Pour nous, ce n'est
pas comme ça que cela doit fonctionner.
Quelles pourraient être les conséquences pour SOS Médecins ?
Depuis des années, on entend des critiques sur le fait que la permanence des soins n'est plus
une obligation mais repose sur le volontariat. Et aujourd'hui on va dire aux médecins volontaires
pour travailler qu'on n'a plus besoin d'eux. Pensez-vous qu'ils seront encore volontaires si, dans
deux ans, on se rend compte que c'était une bêtise et qu'il faut remettre les libéraux à la
permanence des soins ? Non, il ne faudra surement pas leur demander de revenir sur le terrain.
On est en train de casser un système qui fonctionne bien, bêtement, sur des décisions d'un
simple directeur d’ARS.
Quelle est la motivation des directeurs d'ARS dans ces deux régions ?
Des économies de bouts de chandelles ! Sauf que dans les faits, un passage aux urgences
avec un transport associé, c'est cinq fois le coût du
passage d'un médecin à domicile. On est dans l'aberration. Le problème c'est que le directeur
de l'ARS fait de maigres économies en diminuant les astreintes, puisque lui n'a pas en gestion
le coût des patients hospitaliers. Donc il se dit, je vais faire des économies, je vais récupérer un
peu sur la PDSa, et les gens iront aux urgences. Il s'en moque puisque ce n'est pas son
enveloppe.
La commission des affaires sociales de l'Assemblée travaille actuellement sur une
refonte de la PDS. Avez-vous été entendu ?
J'ai rencontré Catherine Lemorton (présidente de la commission des affaires sociales, NDLR).
On a discuté de tous ces sujets-là. Le rapport de la commission permanence des soins n'est
pas encore sorti. Il devait être rendu en novembre, mais pour l'instant, nous n'avons rien vu
venir. On en a discuté avec elle, mais on ne sait pas sur quoi ça va aboutir. J'espère que ce
sera favorable. En tout cas, sur le sujet de la PDSa, dans les discussions que j'ai eu
personnellement avec Madame Lemorton, elle m'a semblé plutôt favorable à ce qu'on laisse
des médecins libéraux sur le territoire.
Pensez-vous qu'une réforme de la PDSa est quand même nécessaire aujourd'hui ?
Il y a surement des choses à faire évoluer. Mais il ne faut pas tout casser. J'ai entendu Marisol
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Touraine dire qu'il fallait laisser les dispositifs qui fonctionnent bien. Là où SOS médecin est
installé, ça fonctionne bien, on fait le boulot. Il est évident qu'après minuit, quand on peut
envoyer un médecin au chevet d'un enfant qui a 39 de fièvre, ou auprès d'une personne âgée
en maison de retraite, c'est quand même mieux que de l'envoyer aux urgences. Surtout qu'en
plus c'est moins cher.
Nous, nous avons besoin d'une visibilité à long terme, et on ne l'a jamais eue. Cela fait six ans
que je suis à la tête de la fédération SOS Médecins. Tous les jours on nous avance de
nouveaux changements. Mais les gens ont besoin d'être soignés et les médecins ont besoin
qu'on les laisse travailler sans se poser de question sur leur avenir.
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