faire la ville avec le port
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FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL INTERREG IIIC, Zone Ouest Programme cadre régional HANSE PASSAGE Projet PCP (Plan the City with the Port) Leader Ville du Havre (France) FAIRE LA VILLE AVEC LE PORT Quelles strategies pour le redéveloppement des espaces de liaison ville/port Partenaires Port of Amsterdam (Pays-Bas) GUIDE DES BONNES PRATIQUES BIS, Bremerhaven (Allemagne) BEAN, Bremerhaven (Allemagne) City of Delfzijl (Pays-Bas) City of Gdansk (Pologne) Le Havre, Quartiers Sud © AIVP/IACP Riga Free Port Authority (Lettonie) Association Internationale Villes et Ports (France) FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL INTERREG IIIC, Zone Ouest Programme cadre régional HANSE PASSAGE Projet PCP (PLAN THE CITY WITH THE PORT) FAIRE LA VILLE AVEC LE PORT GUIDE DES BONNES PRATIQUES LE HAVRE (FRANCE) AMSTERDAM (PAYS-BAS) BREMERHAVEN (ALLEMAGNE) DELFZIJL (PAYS-BAS) GDANSK (POLOGNE) RIGA (LETTONIE) ASSOCIATION INTERNATIONALE VILLES ET PORTS (FRANCE) Réalisé également avec le soutien de : - la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (DGUHC), Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables- MEDAD (France) - la Région Haute Normandie Guide des bonnes pratiques Projet européen mené dans le cadre du Programme régional Hanse Passage. Pilotage global Ville du Havre Partenaires Port of Amsterdam BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung MBH. - Bremerhaven BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG - Bremerhaven City of Delfzijl Municipality of Gdansk Riga Free Port Authority Coordination Scientifique Association Internationale Villes et Ports Expert externe Professeur Jacques Charlier, Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM (Centre Interuniversitaire d'Etude de la Mobilité), Bruxelles Ville du Havre Novembre 2007 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 3 SOMMAIRE 1. Préambule ............................................................................................................................. p. 5 Ville du Havre 2. Introduction à la problématique : Le caractère protéiforme des interfaces urbano-portuaires .................................................... p. 7 Jacques Charlier 3. Les enjeux des redéveloppements ville-port Jacques Charlier 3.1 - Aux deux extrémités du spectre : des opérations blueflield/greenfield aux waterfronts/docklands .......................................... p. 13 3.2 - Les (re)développements à finalité mixte ............................................................................. p. 23 3.3 - Les redéveloppements à finalité portuaire ......................................................................... p. 34 4. Les situations locales de chaque partenaire Gdansk.................................................................................................................................. p. 51 Bremerhaven......................................................................................................................... p. 59 Riga....................................................................................................................................... p. 71 Amsterdam............................................................................................................................ p. 81 Delfzijl.................................................................................................................................... p. 93 Le Havre................................................................................................................................ p. 103 5. Synthèse : recommandations et bonnes pratiques .......................................................... p. 115 Association Internationale Villes et Ports Intégrer les espaces Intégrer la dimension urbaine Intégrer les fonctions Intégrer l'environnement Intégrer les sociétés 6. Annexes................................................................................................................................... p. 123 Liste des experts, contacts. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 4 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 5 1. Préambule La Ville du Havre a engagé la reconquête et la régénération urbaine de son interface avec le port, à l’instar de toutes les villes portuaires du monde (Barcelone, Bilbao, Londres, Liverpool, Sydney, Marseille) afin d’y développer de nouvelles fonctions résidentielles et économiques à valeur ajoutée et surtout d’améliorer le cadre de vie des habitants et salariés et de valoriser ainsi l’image de ce territoire, et par delà, de l’ensemble de la commune. C’est à ce titre que la Ville du Havre a souhaité s’associer à des réseaux européens d’échanges d’expérience et de capitalisation des acquis au niveau européens comme SUDEST (Sustainable Developpement of Sea Towns dans le cadre d’URBACT) ou Hanse Passage pour l’INTERREG III C. Dans le cadre de ce programme européen HANSE-PASSAGE la Ville du Havre est, depuis 2005, à la tête d’un réseau de villes portuaires appelé « Faire la Ville avec le Port » ou « Plan the City with the Port ». Les partenaires du réseau « PCP » sont : la Ville de Gdansk en Pologne, la Ville de Bremerhaven en Allemagne (au travers du BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen et du BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung), le Port de Riga en Lettonie, le Port d’Amsterdam et la Ville de Delfzijl aux Pays Bas ainsi que l’AIVP, Association Internationale Villes et Ports (International Association Cities and Ports). Après des réunions à Gdansk, Bremerhaven, Riga, et Amsterdam, le séminaire final du réseau s’est ouvert au monde entier et a réuni au Havre les 24 et 25 mai 2007, 282 participants venus de 26 pays. Le guide des bonnes pratiques que vous avez entre les mains s’est élaboré au fur et à mesure des réunions et des échanges, il existe afin que cette expérience puisse être partagée par un nombre encore plus important de partenaires. Bonne et enrichissante lecture à tous. L’adjoint au Maire du Havre en charge des Relations Internationales Ville du Havre Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 6 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 7 2. Introduction : le caractère protéiforme des interfaces urbano-portuaires Un guide des bonnes pratiques à l’interface des villes et des ports ne saurait s’ouvrir sans une définition aussi précise que possible de l’objet étudié. Un point essentiel est qu’il ne s’agit pas d’une ligne, d’une frontière clairement définie sur carte ou sur plan, qui marquerait, plus encore qu’une limite, la rupture entre deux mondes différents aux modes de fonctionnement totalement distincts. Il s’agit plutôt d’une surface, forcément fortement allongée mais dotée d’une certaine épaisseur et qui n’est bien souvent pas homogène. Il serait utopique de prétendre qu’il y a une réponse unique, en termes de traitement fonctionnel et urbanistique de ces espaces de transition, et il serait par ailleurs erroné de penser que ceux-ci ne sont pas en interrelation avec, d’un côté, le port et, de l’autre, la ville. Les politiques d’aménagement des interfaces débordent donc largement de ces espaces miportuaires, mi-urbains et doivent être conduites dans une optique holistique. Mieux encore, certains facteurs relèvent de l’horizon marin, c’est-à-dire des espaces situés au-delà des jetées du port, et d’autres de l’arrière-pays terrestre, bien au-delà des limites de la ville, de l’agglomération ou de la métropole. Des lieux uniques mais perçus différemment Il y a certes des interfaces physiques ville-port, plus ou moins vastes, mais les places portuaires sont plus généralement elles-mêmes des lieux d’interface entre des espaces maritimes et continentaux autrement plus largement dimensionnés que l’umland des villes continentales, qui est bien plus étriqué. Le think globally and act locally est donc une des spécificités des places portuaires par rapport aux autres villes. Il y souffle, au sens figuré, des vents à la fois de plus grande portée et de plus grande ampleur, qui en font des lieux où la modernité est souvent aussi plus vite et plus significativement présente qu’ailleurs. D’où la difficulté toute particulière de l’aménagement de ces places portuaires en général et de leurs interfaces urbano-portuaires en particulier. Ceci requiert des compétences particulières de la part des acteurs de l’aménagement, qui doivent être ouverts à un large éventail de facteurs. Pour les uns, ceux-ci relèvent de la sphère maritime et portuaire, alors que les autres relèvent de la sphère urbaine et régionale. Une spécificité des places portuaires est que beaucoup de ces facteurs interagissent au-delà du domaine normal d’intervention des aménageurs portuaires ou urbains, lesquels maîtrisent souvent mal les enjeux globaux de leurs actions locales. Une difficulté majeure tient aux échelles spatiales et temporelles différentes des uns et des autres et à leur relative méconnaissance globale du fonctionnement des places portuaires. La différence des échelles spatiales a déjà été soulignée plus haut, mais il convient aussi d’épingler celle des échelles temporelles. Pour les ports, le temps long est une constante de l’aménagement, alors que le moyenou le court terme sont davantage la règle dans la sphère urbaine, où les résultats des politiques sont attendus dans un horizon plus rapproché, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de politiques économiques et sociales, dont les effets doivent pouvoir être mesurés à l’échelle d’une législature, ou de la réalisation d’équipements, dont une réalisation et une rentabilisation plus rapides sont exigées. Une autre grande difficulté provient du caractère récent de la convergence des regards qu’ils portent désormais sur les interfaces urbano-portuaires. Jusque dans un passé récent, les aménageurs portuaires regardaient généralement vers le large et étaient le plus souvent en quête d’eau profonde, et les aménageurs urbains tournant leurs regards principalement vers le centre ou la périphérie de villes amputée de 180° de leur aire normale de développement. Regards convergents certes, mais imprégnés de leurs pratiques antérieures respectives, qui les amènent à avoir deux approches fondamentalement différentes, qu’il faut d’abord accepter de reconnaître avant de passer à la phase de l’aménagement intégré et si possible harmonieux : - pour les aménageurs portuaires, les interfaces urbano-portuaires sont avant tout des espaces tampon, pas nécessairement fixes dans le temps, puisque les ports ne cessent d’évoluer dans l’espace et que la frontière de demain ne sera pas nécessairement là où elle est aujourd’hui ; en général, on observe des situations de retraite, ce qui atténue normalement les tensions, mais celles-ci peuvent devenir plus vives là où il y a non seulement statu quo, mais reconquête portuaire d’espaces provisoirement délaissés qui sont alors une nouvelle frontière portuaire ; même si c’est encore plus rare et relève plutôt actuellement du cas de figure théorique, il peut même y avoir une impérieuse nécessité d’empiéter sur le domaine urbain (comme ce fut le cas à Anvers au 19ème siècle). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 8 - pour les aménageurs urbains, les «délaissés» portuaires sont par contre une nouvelle frontière urbaine, surtout là où il s’agit d’espaces péricentraux dont on peut raisonnablement poser que la rente foncière deviendra rapidement élevée même si elle est actuellement négative. Ils permettent des développements non seulement quantitatifs mais aussi qualitatifs, qui procèdent pour beaucoup de la recherche d’une image de marque régionale ou nationale, voire internationale favorisée par la connotation positive généralement conférée aux plans d’eau. C’est pourquoi, dans cette quête de l’eau (tout court), ceux-ci sont le plus souvent conservés, mais avant tout en tant que composante paysagère, même si quelques activités mineures liées à l’eau peuvent y persister, voire y prospérer, telles la plaisance ou la petite pêche. Le présent guide est consacré aux bonnes pratiques, mais on pointera fermement dès cette introduction une moins bonne, voire une mauvaise pratique, qui est celle du remblaiement, total ou partiel, de certains bassins abandonnés par les activités portuaires. Ceux-ci peuvent être vus comme une ressource (économique ou urbanistique) non renouvelable, dont le remblaiement est une opération irréversible qui fait perdre au lieu tout ou partie de son attractivité (à notre connaissance, un seul cas de remise en eau existe – à Swansea – et cet exemple mériterait peut-être d’être suivi ailleurs, avant que ne s’efface la mémoire de ces lieux autrefois imprégnés d’une vie liée à l’eau). La grande variété des fronts urbano-portuaires Dans cette introduction, il convient de souligner avec force qu’il y a autant de types d’anciennes installations portuaires délaissées que de types de navires et qu’il n’y a donc pas de recette unique pour le redéveloppement (qu’il soit à orientation urbaine ou portuaire), mais autant de cas que de types d’installations et donc de types de navires de mer. Dans le tableau ci-dessous, une typologie fonctionnelle simplifiée est proposée, qui distingue fondamentalement entre les navires de commerce et les autres types de navires. Ces derniers présentent un large éventail qui est souvent méconnu, avec des unités de service toujours présentes dans les ports de commerce en sus des navires de commerce (remorqueurs, pilotines, dragues, etc.) et d’autres présentes en sus soit régulièrement, soit occasionnellement (comme les unités militaires effectuant des visites de courtoisie, auxquelles un quai d’honneur est souvent réservé). Les unités du second type, qui sont généralement de plus petite taille, sont beaucoup plus compatibles que les premières avec les activités urbaines et une plus forte imbrication avec le tissu urbain est acceptable dans l’optique d’un working waterfront. Cette formule est de loin préférable à celle du dead waterfront, quelle que soit la qualité intrinsèque des aménagements proposés, qui vont du simple parc urbain de déambulation au Disneyland sur mer. 1. Navires de commerce 1.1. Transporteurs de vracs liquides 1.2. Transporteurs de vracs solides 1.3. Transporteurs de diverses 1.4. Unités mixtes passagers/fret 1.5. Navires purs à passagers 2. Autres types de navires 2.1. Unités de service 2.2. Unités de guerre (en visite ou basées) 2.3. Navires de pêche (+ navires-usine) 2.4. Navires de plaisance Les types de navires de commerce et les installations portuaires qui leur correspondent dépendent eux-mêmes de la nature des cargaisons, terme pris ici au sens large puisqu’incluant les passagers. Ici aussi, une typologie dichotomique peut être proposée dans le tableau ci-dessous, avec d’une part les cargaisons vraquières et d’autre part les marchandises diverses et les passagers. D’un côté, on a généralement affaire à des volumes et à des cargaisons salissantes, voire dangereuses et il y a le plus souvent incompatibilité en termes de proximité et d’interaction avec le tissu urbain. De l’autre, surtout pour les activités orientées vers les passagers, la compatibilité est supérieure sur papier (sauf pour les activités conteneurisées, qui sont fortement mécanisées, donc bruyantes et auxquelles sont associées de fortes nuisances routières et/ou ferroviaires) et une imbrication relative est acceptable, voire souhaitable comme dans le cas des unités de croisière. 1. Cargaisons vraquières 1.1. Hydrocarbures (pétroliers & gaziers) 1.2. Autres vracs liquides 1.3. Vracs solides 2. Diverses et passagers 2.1. Cargos purs et polyvalents 2.2. Porte-conteneurs (purs & CONRO) 2.3. Rouliers (purs & ROPAX) 2.4. Ferries (purs & de croisière) 2.5. Navires de croisière (autrefois liners) Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 9 Enfin, il est une échelle physique qui n’est pas souvent reconnue dans le débat, pour les unités maritimes comme pour les unités fluviales qui sont également présentes dans nombre de ports de mer, dans certains desquels la batellerie est parfois une composante essentielle des transports vers et depuis l’arrière-pays, alors qu’elle peut être marginale dans d’autres. Pour les unes comme pour les autres, la taille des unités est un facteur important, avec des exigences très différentes en termes de tirant d’eau ainsi que d’ampleur des installations de manutention et de stockage. 1. Unités maritimes 1.1. Unités océaniques (deep sea) 1.2. Unités pour trafics mi-longs (mid sea) 1.3. Unités pour trafics courts (short sea) 2. Unités fluviales 2.1. Unités à grand gabarit 2.2. Unités de petit gabarit Ceci pour introduire le concept de déclassement progressif possible desdites installations, à mesure de l’augmentation de la taille moyenne des unités maritimes océaniques (dites deep sea). Celles des années cinquante avaient, en gros, la pointure des navires utilisés actuellement pour des trafics dits mid-sea, et celles employées de nos jours dans les trafics à courte distance (ou short sea) tendent également vers une taille supérieure qui les conduit à fréquenter des bassins plus profonds et aux terminaux plus largement dimensionnés. Et quand un bassin maritime, notamment s’il est peu profond, ne convient plus pour l’accueil d’unités côtières, son déclassement est envisageable vers un usage fluvial résiduel, avec là aussi un distinguo à opérer selon la taille des péniches et éventuels convois poussés. Ce déclassement est à mettre en rapport avec le concept de cycle de vie, qui peut s’appliquer à une installation donnée comme à l’ensemble d’un port. Il consiste à reconnaître, en chaque lieu et pour chaque installation, des phases de création, puis de croissance, de maturité, d’obsolescence et enfin d’abandon (Figure 2.1a). Intensité d’usage Maturité Croissance Pétrification Obsolescence Création Pétrification Abandon Temps Figure 2.1a – Le cycle de vie portuaire (schéma classique, avec pétrification) La nature ayant horreur du vide et les friches portuaires dénotant fortement dans le paysage urbain, une requalification peut cependant intervenir, soit pour les installations abandonnées, soit pour celles plus ou moins obsolescentes (Figure 2.1b). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 10 Figure 2.1b – Le cycle de vie portuaire (schéma renouvelé, avec redéveloppement) Intensité d’usage Maturité Croissance Redéveloppement Obsolescence Création Redéveloppement Abandon Temps Dans le premier cas, ladite requalification peut se faire à des fins aussi bien urbaines que portuaires, alors que dans le second cas, elle se fera le plus souvent à des fins portuaires, en s’accompagnant éventuellement d’un déclassement du deep sea vers le mid sea ou le short sea, voire du maritime vers le fluvial. Il convient d’insister sur le caractère récent des stratégies de redéveloppement d’anciens bassins à des fins portuaires plutôt qu’urbaines, comme cela s’est observé dans la majorité des cas entre 1980 et maintenant. Ceci parce qu’il devient de plus en plus difficile de mobiliser de nouveaux territoires portuaires dans de vastes opérations de type greenfield, et parce que l’alternative brownfield tend à être mieux connue et acceptée, voire imposée. On observe ici une évolution semblable à celle qui s’observe dans le domaine industriel (requalification des friches industrielles) et même résidentiel (requalification des couronnes urbaines pour éviter l’urban sprawl). Ceci aussi parce que les autorités européennes s’efforcent de promouvoir à la fois le transport maritime à courte distance et le transport fluvial, qui sont fortement concurrencés par la route, de sorte que de lourds investissements dans de nouvelles installations ne sont pas justifiables économiquement et que l’alternative du redéveloppement à des fins portuaires (ou logistiques) d’anciennes installations maritimes va assez naturellement s’imposer. En restant toujours au plan théorique, le modèle de cycle de vie d’une installation donnée peut être combiné avec celui proposé dès 1966 par J. Bird sous le nom d’Anyport. Fortement inspiré d’exemples britanniques, il est cependant applicable à la plupart des port continentaux situés en bordure d’un fleuve, où le glissement des installations s’opère généralement vers l’aval (mais il y a des exceptions, dont Le Havre). Il est par ailleurs directement transposable au cas de ports de front de mer, avec alors glissement latéral des installations le long de la côte. Dans un cas comme dans l’autre, les installations successives peuvent être adjacentes ou non, ce qui est important : si elles sont non adjacentes, chaque partie de port peut être considérée comme un petit port isolé et des politiques parfois diamétralement opposées de redéveloppement peuvent s’observer d’une partie de port à une autre, y compris avec abandon total de complexes anciens ; si les installations sont d’une seule pièce, la création d’espaces tampon sera par contre plus fréquente. La combinaison en question procède du croisement d’un modèle spatial (Anyport ou sa variante de front de mer) avec un modèle temporel (Figure 2.2). En schématisant, on peut considérer que tous les ports se sont développés à la fois dans le temps, de T1 dans un passé lointain à T5 dans le présent, et dans l’espace, de L1 en un lieu proche du centre ville actuel à L5 en un lieu plus ou moins fortement excentré. Pour fixer les enjeux de ce guide, il convient de souligner qu’ils se situent en T5/L1, c’est-à-dire qu’ils ne concernent qu’une toute petite partie du port au sens physique (ceci d’autant que la taille moyenne de ces parties va généralement croissante de L1 à L5) et que le problème est donc plutôt marginal pour les autorisés portuaires, même en y incluant les espaces tampon que celles-ci ont tendance à se ménager. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 11 Figure 2.2 – Le cycle de vie portuaire (schéma chronospatial) L1 L2 L3 L4 T1 Croissance T2 Maturité Croissance T3 Obsolescence Maturité Croissance T4 Abandon Obsolescence Maturité Croissance T5 Redéveloppement Abandon Obsolescence Maturité L5 Croissance Pour ces dernières, le problème est cependant beaucoup moins marginal en termes stratégiques que physiques et on comprendra d’autant mieux le caractère quelquefois conflictuel des relations ville-port que ces espaces, gonflés ou non des espaces tampon, correspondent à des territoires d’une ampleur spatiale autrement plus importante pour les acteurs urbains que pour les communautés portuaires. Il n’est pas rare que le « vieux port » en T5/L1 corresponde à 50 %, voire 100 % de l’hypercentre urbain, de sorte que l’échelle spatiale est tout simplement asymétrique selon qu’on se place au bout de la lorgnette portuaire ou de la lorgnette urbaine. D’où les multiples incompréhensions et quiproquo caractérisant le débat ville-port, auquel ce guide espère apporter une contribution positive en montrant aux uns et aux autres qu’une fois que des choix clairs (et parfois douloureux) ont été opérés, il est possible de vivre en harmonie et en symbiose. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 12 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 13 3. Les enjeux des redéveloppements ville-port 3.1 – Aux deux extrémités du spectre : des opérations blueflield/greenfield aux waterfronts/docklands Introduction Dans cette première section, l’objectif est de situer l’objet du projet PCP entre les deux principales tendances observées ces dernières années au niveau des développements portuaires ou urbains dans les places portuaires. D’une part, depuis un demi siècle, l’essentiel des développements portuaires se sont opérés sur des sites vierges plus ou moins périphériques, dits bluefield quand les développements ont été réalisés en mer (qu’ils soient accolés au rivage ou, plus rarement, sous la forme d’îles-ports) et greenfield quand ils sont réalisés (totalement ou principalement) sur le domaine terrestre. Et d’autre part, les parties les plus anciennes des ports historiques ont le plus souvent été abandonnées par la navigation maritime (et souvent même fluviale), avec là aussi deux variantes de redéveloppement, dites waterfronts là où les villes ont conquit des berges de front de mer, d’estuaire ou fluviales, et docklands là où les expansions urbaines se sont opérées dans des complexes éclusés artificiels. 3.1.1. L’essoufflement des développements bluefield/greenfield Dans la foulée des grands développements observés dès les années soixante au Japon et qui se sont poursuivis plus récemment en Asie émergente, les grands ports européens ont connu il y a trente ou quarante ans de spectaculaires développements en périphérie de leurs sites originaux, en continuité ou non avec ceux-ci, dans leur quête d’eau profonde et de vastes espaces pour déployer des terminaux vraquiers ou à conteneurs, souvent assortis de puissantes zones industrielles ou logistiques. Dans certains cas, de nouveaux ports sont même nés de ce processus, mais il s’agit avant tout d’un phénomène extraeuropéen. Sous la double pression de contraintes environnementales toujours plus strictes et du coût de plus en plus élevé de telles opérations, le mouvement est en train de s’essouffler en Europe, ce qui rend plus attractive l’option des redéveloppements mixtes ou purement portuaires qui sera explorée ci-après aux sections 3.2. et 3.3. Auparavant, il faut cependant indiquer que de tels développements en site neuf continuent à s’observer en Europe, mais nous insisterons ici sur le fait que les contraintes de nature diverses sont toujours plus pesantes et que les délais ont tendance à s’allonger dans la mise en œuvre de ces projets. On mentionnera ci-après quelques uns des projets en cours ou dont la réalisation prochaine paraît probable, pour montrer que le phénomène se poursuit et pour indiquer une sorte d’état de l’art à l’une des extrémités du spectre des développements observés. a) Les opérations de type bluefield Il s’agit ici d’avancées du port en mer, dans une baie ou dans un estuaire, dont l’exemple le plus récent est offert par l’opération havraise de Port 2000, qui vise à obtenir à terme 12 postes à conteneurs dans un nouvel avant-port gagné sur l’estuaire de la Seine, après que la croissance se soit opérée, dans les années 70, 80 et 90, sur des sites greenfield plus en amont (Figures 3.1. et 3.2.). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 14 Figure 3.1 – Les installations portuaires havraises en 1967© Port Autonome du Havre Figure 3.2 – Les installations portuaires havraises au terme du projet Port 2000 © Port Autonome du Havre A plus petite échelle, un développement de ce type est en cours dans le Port Nord de Gdansk, où un terminal à conteneurs est en train de sortir des flots (figure 3.3) et où il y a par ailleurs un projet de terminal gazier (comme d’ailleurs au Havre, sur le site distinct de l’avant-port d’Antifer). Figure 3.3 – Le futur terminal à conteneurs du Port Nord de Gdansk © Port of Gdansk Alors qu’à Hambourg, comme on le verra plus loin, tous les développements et projets en matière de conteneurisation sont de type greenfield ou brownfield, ceux observés dans le second complexe à conteneurs allemand, le bipôle Bremerhaven-Wilhelmshaven, sont de type bluefield, dans l’estuaire de la Weser d’un côté et dans la baie de la Jade de l’autre. Les terminaux à conteneurs de Bremerhaven Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 15 se sont successivement développés en rivière en aval de l’écluse d’accès à l’arrière-port Nord, des CT1, 2 et 3 actuels au CT4 en cours de construction par remblaiement dans le fleuve (figure 3.4). Comme la présence d’une zone naturelle à préserver interdit de poursuivre, comme il serait logique, le processus d’expansion portuaire plus encore vers l’aval, l’équivalent d’un CT5 brémois va être réalisé près de Wilhelmshaven en baie de Jade, en s’appuyant sur le terminal pétrolier actuel et avec une forte composante logistique qui rapproche ce futur terminal du modèle hambourgeois plutôt que brémois (figure 3.5). Figure 3.4 – Le Port Nord de Bremerhaven, avec ses terminaux rouliers et à conteneurs, auxquels va venir s’ajouter le CT4 en cours de réalisation tout en aval du complexe © Bremenports Figure 3.5 – Le projet JadeWeserPort à Wilhelmshaven © Port of Wilhelmshaven En Europe du Nord-Ouest, c’est à Rotterdam qu’on observe, avec le projet de la Maasvlakte II, le projet de plus grande ampleur relevant des réalisations de ce type (figure 3.6). L’accent y est principalement mis sur la réalisation de nouveaux terminaux à conteneurs, destinés à conforter le leadership rotterdamois dans ce domaine, mais une partie des centaines d’hectares gagnés sur la mer sera également consacrée à l’industrie chimique et à la fonction logistique. Figure 3.6 – Le projet rotterdamois Maasvlakte II © Port of Rotterdam A plus petite échelle, un polder portuaire de ce style est en cours d’achèvement à Zeebrugge, là aussi sous la forme d’un avant-port abrité par de colossales jetées de protection extérieure (figure 3.7). Ici l’accès est mis, en sus des conteneurs, sur les fonctions gazière et roulière. Figure 3.7 – L’avant-port de Zeebrugge en voie d’achèvement, 100 ans après la mise en service de ce nouveau port belge, avant-port fonctionnel d’Anvers © Port of Zeebrugge Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 16 De telles opérations de type bluefield s’observent aussi en Méditerranée, avec par exemple les extensions en cours à Barcelone (figure 3.8) ou en projet à Algesiras. Dans certains cas, elles s’opèrent même sur des sites neufs, comme à Tanger. Figure 3.8 – Le nouvel avant-port en cours de réalisation à Barcelone, axé sur les conteneurs mais aussi sur la logistique © Port of Barcelona b) Les opérations de type greenfield Il s’agit cette fois d’une expansion des ports en milieu terrestre, généralement sous forme de nouvelles darses, éclusées ou non. Quelques unes sont en cours dans certains des ports évoqués au point précédent, où les deux formes d’expansion se combinent, comme par exemple à Zeebrugge avec le développement du nouvel arrièreport, axé principalement sur les trafics voituriers et sur la logistique. Elles concernent aussi d’autres ports, tels Anvers avec le mégaprojet du Saeftingendock faisant suite à celui du Deurgangdok, l’un et l’autre en rive gauche (figure 3.9), ou encore Hambourg, avec le projet de Marburg (cf. infra en 3.3.2). Dans l’un et l’autre cas, l’accent est mis sur des capacités conteneurisées supplémentaires, pour rencontrer la forte croissance anticipée de la demande de manutention (cf. infra en 3.3.1). Figure 3.9 – Le nouveau Deurgangdock anversois et le projet voisin d’un Saeftingendock © Port of Antwerp Dans certains cas, les investissements en cours, prévus ou envisagés ne se limitent pas à des investissements de superstructure dans des terminaux (souvent à conteneurs) mais s’y ajoutent de lourds investissements d’infrastructure, en particulier dans de nouvelles écluses d’accès. De tels ouvrages sont prévus ou envisagés à Anvers (au fond du Deurgangdok, pour doter le complexe de rive gauche d’une seconde porte d’accès), à Bremerhaven (sur le site de l’actuel ouvrage d’accès à l’arrière-port Nord), au Havre (à côté de l’écluse François 1er) et à Amsterdam, au centre du complexe d’IJmuiden (figure 3.10). Figure 3.10 – En dépit de l’attrait des sites non éclusés, de nouvelles grandes écluses demeurent à l’agenda de certaines autorités portuaires, comme ici à Amsterdam © Port of Amsterdam Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 17 De tels ouvrages se justifient par des circonstances locales et sont parfois la condition sine qua non de l’expansion, ce qui est en particulier le cas à Amsterdam où les ambitions du port en matière de trafics vraquiers et conteneurisés ne pourraient se satisfaire du carcan de l’écluse Nord actuelle. La pleine valorisation du nouvel Africadok (figure 3.11) va de pair avec une amélioration quantitative et qualitative de l’accessibilité nautique du port, qui se trouve cependant freiné dans la réalisation de son potentiel par les limites environnementales et spatiales mises à son développement en aval de l’Afrikadok. De nouvelles installations de manutention et de logistique n’y sont plus envisageables à l’avenir que sur deux sites relativement petits de part et d’autre du Canal de la Mer du Nord, de sorte que les Amstellodamois ont aussi dans leur carton un projet de type bluefield à la rotterdamoise en face de l’usine sidérurgique Corus. 2005 2008 Figure 3.11 – Africadok © Port of Amsterdam Dans tous les exemples cités plus haut (sauf Tanger), les développements en cours, envisagés ou prévus résident dans des expansions d’installations existantes. Il est cependant en Europe au moins un projet en site entièrement neuf (ce qui est beaucoup plus fréquent actuellement en Asie), celui du port de Vuosaari à l’est d’Helsinki (figure 3.12). Techniquement, son germe est de type brownfield, puisqu’il s’agit du recyclage du site d’un ancien chantier naval, mais il peut légitimement être plutôt classé dans les opérations de type greenfield parce que le projet déborde très largement de ce chantier et parce que les infrastructures routières et ferroviaires d’accès sont totalement neuves. Figure 3.12 – Port de Vuosaari © Port of Helsinki Pour partie, ce nouveau complexe de Vuosaari vise à augmenter la capacité globale du pôle portuaire de Helsinki en matière de trafic des marchandises, mais il procède aussi d’une politique de transfert partiel des activités du port de la capitale finlandaise. Tout le trafic de fret et toutes les activités portuaires y seront progressivement concentrés, de façon à permettre l’expansion de la ville sur le site de deux des trois ports urbains actuels. Comme on le verra plus loin, le port Sud, uniquement consacré aux ferries et aux croisières sera conservé, mais les deux autres ports verront leur activité fret totalement transférée vers Vuosaari, ce qui amènera la fermeture totale du port Est et partielle du port Ouest (figure 3.13) qui ne Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 18 conservera plus, lui aussi, que le trafic des ferries et des croisières, en permettant à la ville de se développer davantage sur ce site, en marge duquel de premières expansions ont déjà eu lieu. Figure 3.13 – Port Ouest d'Helsinki © Port of Helsinki Cet exemple nous amène à considérer, dans la sous-section suivante, l’exemple extrême inverse des opérations de développement, par expansion totale des villes sur d’anciens sites portuaires (et parfois même sur la totalité d’un port historique). 3.1.2. Waterfronts et docklands : là où le port s’efface pour la ville A l’autre extrémité du spectre des évolutions observées dans les places portuaires européennes (et plus généralement mondiales), on trouve des opérations d’extension du domaine urbain sur des territoires autrefois portuaires et qui ont souvent constitué des friches peu attractives à l’interface villeport. Dans nombre de cas, il s’agit d’une évolution des plus logiques, vu le caractère techniquement dépassé de ces espaces, leur exiguïté qui ne permet pas le déploiement des formes modernes de manutention des marchandises ou d’accueil des passagers, vu aussi leur accessibilité insuffisante (tant nautique que terrestre) et vu aussi, il faut en convenir, la forte pression foncière qui s’observe souvent au contact des centres urbains. Deux formes distinctes de requalification urbaine s’observent selon la morphologie des lieux. Dans certains cas, il s’agit de fronts d’eau (=waterfronts) qui s’étirent de manière assez linéaire en front de mer ou en bordure d’un estuaire ou d’un fleuve et donc d’espaces tout au contact de l’élément marin ou fluvial. Dans d’autres cas, le cadre est plus artificiel et prend la forme de docklands, soit des bassins plus massifs, éventuellement découpés assez finement par des presqu'îles ; selon le marnage local, ces bassins sont à marée ou sont éclusés (ou le furent autrefois, avant que l’accès ne soit coupé). Cette sous-section vise à présenter quelques opérations particulièrement significatives de ces deux types de redéveloppement à finalité urbaine, récentes, en cours ou en projet, qui se combinent parfois quand dans un même lieu, comme à hauteur du "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de Bremerhaven. Du point de vue de l’atmosphère urbaine de ces espaces une fois qu’ils ont été réaménagés, la principale différence réside dans le caractère largement ouvert des premiers, alors que les seconds sont des espaces plus fermés, où l’élément liquide tient une moindre place, voire plus de place du tout quand les bassins ont été totalement remblayés, ce qui est la principale des mauvaises pratiques repérées lors de la préparation de ce guide des bonnes pratiques. Un exemple de ce genre particulièrement significatif est celui des Bassins du Sud à Anvers, dont l’accès à l’Escaut a été coupé, rendant impossible toute remise en eau comme cela s’est pratiqué à Swansea. De tels remblaiements seront certes parfois recommandés à la sous-section 3.3.2. là où il s’agit de redéveloppements à des fins portuaires, mais ils sont à proscrire, du moins sur la totalité des plans d’eau, là où la finalité est urbaine, puisque c’est l’élément liquide qui rend ces lieux uniques et les différencie du reste du territoire urbain. Une bonne partie des plus-values foncières potentielles disparaît toutefois dès que des remblaiements viennent en quelque sorte banaliser ces lieux, mais des compromis s’observent Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 19 cependant, avec des remblaiements partiels de fond de bassin, en général pour placer un gros équipement urbain ou pour créer un parc. a) Les opérations de type waterfront Celles-ci sont proportionnellement les plus nombreuses Outre-Mer et en Europe méditerranéenne, sur des fronts d’eau qui n’étaient d’ailleurs pas tous intégralement portuaires au départ, avec une multitude d’exemples fortement médiatisés en Amérique du Nord (de Vancouver à San Francisco, Baltimore, Boston, Montréal ou Toronto), en Australie (Sydney) ou encore en Afrique du Sud (Cape Town, encore qu’il s’agisse ici plutôt d’un dockland !). En Europe Atlantique et en Baltique, ces opérations sont en fait moins nombreuses que celles du second type, mais quelques unes méritent d’être mentionnées ici. En termes de développement spatial, l’exemple le plus important est celui des rives de la Tamise à Londres, mais cela passe relativement inaperçu car il s’agit d’opérations distinctes, de taille souvent réduite par rapport aux docklands londoniens qui seront évoqués au point suivant. Bien plus massif est le redéveloppement rotterdamois de Kop van Zuid, qui garde une petite composante maritime puisque le terminal local pour les croisières y est intégré, mais qui est avant tout une opération de type immobilier destinée à projeter le CBD de la deuxième ville néerlandaise sur la rive gauche du Rhin (Figures 3.14 et 3.15). Figure 3.14 – La zone de Kop van Zuid en cours de redéveloppement urbain à Rotterdam © AIVP/IACP Figure 3.15 – De tels contrastes architecturaux ne manquent pas de susciter la controverse (à l’avant-plan, l’hôtel New York et à l’arrièreplan la tour Montevideo à la pointe Ouest du périmètre de Kop van Zuid à Rotterdam) © Jacques Charlier Au sein du réseau PCP, une opération de ce type est en cours à Riga dans la zone d’Andrejsala (figure 3.16), à une échelle plus modeste et avec au départ une dimension principalement culturelle puisque le projet s’articule autour de la réalisation d’un musée d’art contemporain. Figure 3.16 – La zone d’Andrejsala à Riga dans sa configuration actuelle © Port of Riga Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 20 Et à plus petite échelle, une opération similaire s’est déroulée à Delfzijl, où les anciens quais commerciaux situés au contact de la ville en sont devenus le balcon sur le port quand celui-ci s’est déplacé latéralement (figure 3.17). Figure 3.17 – Vue d’ensemble du port de Deflzijl, avec au centre l’ancien port de commerce, requalifié à des fins urbaines, et le nouveau dans la partie gauche de la photo - © City of Delfzijl La dimension waterfront est également présente à Bremerhaven, mais à titre marginal, puisqu’elle concerne la réalisation d’un luxueux hôtel en bordure de la Weser, dont les berges sont par ailleurs aménagées pour la promenade entre l’embouchure de la Geeste et l’écluse Sud d’accès au port Nord. Mais ceci est un volet secondaire de l’opération "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), qui est de type dockland et sera évoquée au point suivant. De même, la partie Sud de la grande opération en cours actuellement à Hambourg en rive droite de l’Elbe est de type waterfront, mais cette opération est pour l’essentiel de type dockland et elle sera donc elle aussi plutôt évoquée au point suivant. b) Les opérations de type docklands Celles-ci sont les plus nombreuses et s’inspirent pour la plupart des expériences pionnières menées dans de grands ports anglais comme Londres, Liverpool ou Manchester. La plus médiatisée est assurément celle des docklands londoniens, dont le paysage fut radicalement modifié en un tiers de siècle. Autrefois instruments de la puissance économique anglaise, les complexes de bassins situés en aval du Pont de la Tour (Tower Bridge) furent successivement abandonnés à partir de 1970, des London & St-Katerine Docks aux Surrey Docks, puis aux India & Milwall Docks et enfin aux Royal Docks. Le destin des deux premiers complexes fut rapidement scellé et de malencontreux remblaiements y sont intervenus avant que les aménageurs ne se rendent compte de la valeur paysagère des plans d’eau délaissés, qui ont été par la suite conservés pour l’essentiel, même si des remblaiements partiels y ont été effectués. L’opération la plus spectaculaire est assurément celle intervenue dans la zone de Canary Wharf, dont la physionomie a été totalement transformée pour accueillir de nos jours un nouveau centre international d’affaires d’une puissance équivalent à terme celle de la City. (figures 3.18 et 3.19). Parmi les faiblesses décelées ex-post de ces aménagements fortement inspirés par le Thatchérisme, relevons la quasi absence de parcs, le caractère étriqué et quelquefois non continu de cheminements piétons le long des anciens bassins et les insuffisances initiales au niveau de la desserte par transports en commun. La zone jouit cependant d’une accessibilité extérieure assez exceptionnelle, avec le London City Airport mis en service dès 1985 aux Royal Docks voisins et dès 2009, la gare Eurostar de Stratford. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 21 Figure 3.18 – Le complexe des East India & Milwall Docks (au cœur desquels se trouve Canary Wharf) à son apogée portuaire dans les années soixante... © Port of London Authority Figure 3.19 – ...et son apparence en phase finale à l’horizon 2015 © London Docklands Development Corporation Parmi les partenaires de ce projet PCP, des opérations de ce type s’observent également à Amsterdam Est (figures 3.20 et 3.21), à Bremerhaven ("Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), figures 3.22 et 3.23) et au Havre (figures 3.24 et 3.25) qui ont été bien documentées dans les Newsletters consacrées à ces trois ports dans le cadre du projet. Même si elles procèdent d’une même tendance générale de conquête du domaine portuaire par la ville, elles diffèrent sensiblement par leurs échelles respectives et par leurs modalités. Au niveau des ports du Nord-Ouest européen, la plus importante opération reste cependant encore à venir, qui est celle des plus anciens bassins septentrionaux de Hambourg où une « ville nouvelle en ville » (« new town in town ») va surgir entre l’actuel CBD et l’Elbe (figures 3.26 et 3.27). Figure 3.20 – Les anciens bassins d’Amsterdam–Est à leur apogée portuaire... Figure 3.22 – Le complexe de "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), à Bremerhaven au début de l’opération de redéveloppement urbain © City of Bremerhaven Figure 3.21 - ... et après leur redéveloppement urbain intégral © Port d’Amsterdam Figure 3.23 –… et en vue d’artiste à l’horizon 2010 © City of Bremerhaven Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 22 Figure 3.24 – Vue partielle de l’imbrication ville-port dans le complexe havrais des quartiers Sud avant la 2ème guerre mondiale © Port Autonome du Havre Figure 3.25 – … et photomontage de l’opération de requalification urbaine en cours © Ville du Havre Figure 3.26 – Plan d’ensemble de l’opération hambourgeoise Hafencity © Port d’Hambourg Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 23 Figure 3.27 – … et vue d’ensemble du territoire d’intervention, d’une ampleur sans précédent en Europe continentale © Port d’Hambourg A Hambourg comme à Amsterdam et à Rotterdam, les projets ont une dimension essentiellement urbaine, mais ils incluent une dimension maritime marginale au travers de terminaux de croisières faisant en quelque sorte le lien avec la fonction antérieure de ces lieux. Ceux-ci seront évoqués à la section suivante qui montrera que l’accueil de navires à passagers, de croisières mais aussi de ferries, peut être un instrument de la mixité des espaces d’interface urbano-portuaires. 3.2 – Les (re)développements à finalité mixte Introduction Dans cette section, le thème des nouveaux développements et des redéveloppements à finalité mixte, à la fois urbaine et portuaire (selon un dosage bien évidemment fort variable) sera abordé en deux temps. Il convient en effet de distinguer entre ceux mis en œuvre en marge du trafic des passagers et ceux concernant le domaine du fret, pour lesquels les principales contraintes varient fortement. Au sein de chacune de ces deux grandes catégories, des distinctions internes seront par ailleurs opérées, d’une part entre les trafics de croisières et de ferries (ou de traversiers locaux), et d’autre part entre des espaces de transition à mixité d’usage fortement tournés vers le port pour les uns et plus nettement orientés vers la ville pour les autres. 3.2.1. Les aménagements pour le trafic de passagers Historiquement, les terminaux à passagers pour les trafics à courte et longue distances ont toujours été distincts, parce que les navires qui les fréquentaient avaient – et ont toujours – des exigences nautiques fort différentes. Ils se trouvent donc souvent dans des parties distinctes des ports, ce qui va amener à les examiner séparément ci-dessous. Un point commun réside cependant dans le fait qu’ils engendrent, globalement, bien moins d’externalités négatives (réelles ou perçues) que le trafic des marchandises et qu’ils sont donc généralement mieux acceptés par les riverains éventuels des terminaux et par la communauté locale en général. Ceci du moins pour ce qui concerne les trafics purement passagers, puisque là où il s’agit, comme dans le cas des ferries polyvalents, d’opérations mixtes, le trafic routier en général et celui des poids lourds en particulier peuvent rendre l’imbrication ville-port moins facile à faire accepter et à organiser. Mais en tout état de cause, ce type de trafic est perçu comme plus acceptable, d’autant qu’il génère d’importantes retombées économiques locales au travers des dépenses des passagers dans les villes d’accueil (principalement ceux des navires de croisières, mais l’impact des ferries ne doit pas être sous-estimé, vu le nombre bien plus élevé des passagers de ce type). A ce niveau, tout dépend cependant de la capacité d’interception du flux qu’ont les places portuaires, car seuls comptent en définitive les passagers qui visitent la ville (et mieux encore y séjournent un jour ou deux avant ou après leur traversée); les autres ne suscitent guère plus de plus-value qu’un conteneur en door to Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 24 door directement pré- ou post-acheminé, dont l’impact économique local est minime (c’est alors le simple « port couloir » épinglé déjà en 1979 par A. Vigarié, dont le propos portait sur les conteneurs et le transroulage accompagné, mais vaut tout autant pour les passagers en transit direct dans les villesports). a) Les terminaux de croisière Les croisières maritimes connaissent actuellement un grand essor en Europe, à l’image de ce qui fut observé précédemment en Amérique du Nord. Il convient cependant de ne pas perdre de vue le caractère plus ou moins saisonnier de cette activité, au contraire des trafics de ligne régulière du passé qui étaient beaucoup plus constants au fil des mois. Cette saisonnalité, qui est clairement un facteur limitant, est particulièrement marquée en Europe du Nord-Ouest et du Nord, où la saison des croisières va en gros de la mi-avril à la fin septembre, mais elle est également importante en Méditerranée, où l’hiver est une saison fort creuse malgré les efforts des compagnies et des ports pour promouvoir les croisières tout au long de l’année et plus seulement du début du printemps à la fin de l’automne. L’offre est alors beaucoup moins fournie et c’est un type de tourisme beaucoup plus culturel qu’il convient de promouvoir pendant cette morte saison. Il faut cependant insister sur les évolutions techniques enregistrées sur les navires de croisières, dont un nombre croissant est équipé de piscines supérieures à toit coulissant et de ponts-soleil très abrités, voire couverts, ce qui permet d’offrir un environnement protégé en toute saison aux passagers. En dépit des chiffres parfois spectaculaires de croissance de cette activité dans le courant des dernières années, il convient d’insister sur le fait que, quand on les compare au trafic des marchandises et à celui des ferries, les croisières ont encore généralement un impact économique local et régional limité en termes absolus, en dehors du cas particulier de grands ports de base comme Athènes, Venise, Barcelone, Southampton, Douvres, Amsterdam, Bremerhaven et Copenhague. La distinction entre ports de base et ports d’escale est fondamentale et ce sont avant tout les premiers qui bénéficient d’importantes retombées, à la fois au niveau du tourisme (d’autant que les touchées y sont plus nombreuses) et de l’avitaillement des navires. Encore faut-il noter qu’une bonne partie de l’impact économique provient alors des activités de pré- et de post-acheminement des croisiéristes et que dans ce cas, c’est avant tout la composante aérienne qui génère un impact économique important. Les vainqueurs sont en définitive les places portuaires dotées d’un aéroport de bon niveau, desservis si possible par des lignes internationales directes. On est cependant bien loin encore en Europe des binômes majeurs port de croisière – aéroport observés dans le Sud de la Floride, où Miami et Port-Everglades (le port de Fort Lauderdale) doivent leurs positions éminentes à la proximité de grands aéroports. En Europe, où les distances sont moindres, les trains à grande vitesse sont cependant une alternative intéressante à l’avion et les ports de base bien desservis par ces trains à grande vitesse (comme le sont déjà Marseille et Amsterdam) auront clairement à l’avenir un avantage concurrentiel sur les autres, ne ce serait-ce qu’en termes d’image. Dans certains cas, les terminaux de croisière sont les lointains héritiers de la fonction transatlantique et/ou coloniale des ports, à une époque où le trafic aérien au long cours n’avait pas le relief actuel et où, par ailleurs, l’essentiel des passagers ont été acheminés vers et depuis les ports par voie ferrée. Dans plusieurs cas, cela a donné naissance à des gares maritimes, où la fonction de correspondance ferroviaire a cependant disparu de nos jours dans la plupart des cas. Dans d’autres cas, soit que les gares maritimes du passé aient été démolies (d’une façon parfois regrettable), soit qu’il n’y en ait pas eu, les installations actuelles d’accueil des navires de croisière se situent au niveau d’anciens terminaux pour marchandises diverses plus ou moins profondément transformés pour cette nouvelle fonction. Dans d’autres cas, il peut s’agir de nouveaux terminaux, plus ou moins sophistiqués, comme les précédents, selon que les ports concernés sont en tête de ligne ou sont de simples ports d’escale. Mais nombre de ces derniers n’offrent pas encore d’installations d’accueil dignes de ce nom et il n’est pas rare que les navires de croisière soient traités « au milieu de nulle part », parfois même dans des zones en cours de développement bluefield ou greenfield, quand la taille de l’unité est trop importante pour les installations existantes héritées d’un passé où la pointure des navires de croisière (et avant eux de ceux de ligne régulière) était significativement inférieure. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 25 Un exemple d’ancien terminal transatlantique recyclé est offert par le "Kreuzfahrt-Terminal Bremerhaven" (figure 3. 28), qui souffre malheureusement d’un environnement assez peu attractif (avec notamment des cuves à pétrole qui ne vont pas sans poser des questions en matière de voisinage optimal) et d’une localisation excentrée par rapport au vieux port. Figure 3.28 – Le "Kreuzfahrt-Terminal Bremerhaven" © Bremenports Il n’a pu être intégré dans l’opération de redéveloppement de celui-ci, mais on peut cependant penser qu’à terme, celle-ci s’avancera dans sa direction et que cette ancienne gare maritime pourra alors être intégrée dans la fabrique urbaine. Figure 3.29 – Le terminal de croisière de Gênes © Port de Gênes Cette intégration pourrait être facilitée par le fait que des capacités d’accostage supplémentaires sont nécessaires pour l’accueil des unités de croisière et qu’un endroit logique pour la réalisation d’un nouveau terminal se trouve précisément dans cette zone tampon. Mais c’est bien évidemment là où l’ancien terminal de ligne régulière se trouve au cœur de la partie ancienne du port que son intégration est la plus harmonieuse et que la mixité est la plus réussie. C’est particulièrement le cas à Gênes où le terminal de croisière est au cœur du dispositif urbain et a été la pièce centrale de la recomposition du front urbanoportuaire. Dans certains cas, on peut regretter que des bâtiments historiques remarquables, qui étaient proches d'anciennes gares maritimes de ligne régulière, n'aient pas été intégrés dans la réalisation de nouvelles gares maritimes pour la croisière. C'est par exemple le cas à Rotterdam où l'ancien siège administratif de la compagnie Holland America Line, qui exploitait notamment la ligne régulière Rotterdam-New York, est devenu un hôtel de luxe sous le nom d'Hôtel New York (figure 3.30) à quelques dizaines de mètres du nouveau terminal de croisière du port, fonctionnel mais sans cachet particulier. Il s'agit là d'une opportunité manquée, qui peut même être considérée rétrospectivement comme une mauvaise pratique. Figure 3.30 – L'ancien siège administratif de la Holland America Line est devenu l'Hôtel New York dans le cadre de l'opération rotterdamoise Kop van Zuid, sans être intégré dans le nouveau terminal de croisière voisin © Jacques Charlier Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 26 La conversion (en conservant les hangars ou non) d’anciennes installations pour les diverses conventionnelles (comme c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de terminaux de croisière aux EtatsUnis) s’observe par ailleurs fréquemment. C’est une autre façon de « recycler » ces espaces délaissés plus ou moins proches des centres-villes, mais elle a ses limites car les exigences nautiques des navires de croisière contemporains sont souvent supérieures à celles des cargos du passé. A cet égard, l’exemple de Dunkerque et de son modeste terminal du Freycinet III montre qu’une bonne localisation sur papier ne l’est pas tout à fait en pratique (en raison, pour des unités de taille simplement moyenne, de problèmes d’enfoncement et de la difficulté à négocier un goulet situé au nord du bassin). Pour une autorité portuaire, il s’avère souvent plus pratique de requalifier des sites un peu plus excentrés, mais dotés d’une meilleure accessibilité nautique, comme par exemple au Havre avec le nouveau terminal de la Pointe de Floride et à Marseille avec le complexe du môle Gouret. Dans ce cas, comme dans celui du recyclage d’anciennes gares maritimes, il faut cependant veiller à la qualité (et à la sécurité) des espaces à traverser par les croisiéristes vers et depuis le centre-ville. Certes, la majorité de ces derniers effectuent des visites guidées en autocar, mais une fraction de ces croisiéristes opte de plus en plus fréquemment pour la découverte individuelle et ils ont alors tributaires soit des taxis, soit de la marche à pied, dans la mesure où les transports publics urbains sont fréquemment absents dans ces espaces péri-urbano-portuaires. Des digues de protection et des jetées extérieures (pourvues ou non de modestes installations de manutention) peuvent aussi parfois être commodément utilisées pour l’accueil d’unités de croisière, surtout si elles sont de grande taille et ont donc de fortes contraintes pour les manœuvres et le tirant d’eau. C’est le cas à Barcelone (figure 3.31) et une reconversion de ce type peut aussi être imaginée pour la digue extérieure de la Joliette à Marseille. On peut même imaginer que, quand cette digue ou jetée extérieure n’est pas reliée au rivage comme c’est le cas à Brest avec la digue isolée située entre les passes Est et Ouest d’accès au port de commerce, que des navires de croisière y accostent côté ville et que les chaloupes du bord effectuent la navette avec un quai proche du centre ville, ainsi que cela se pratique couramment en Caraïbe dans des escales peu équipées où les navires jettent simplement l’ancre au large de la ville. Figure 3.31 – En marge de l’opération Port Vell, Barcelone s’est doté d’un terminal de croisières couplé à un centre d’affaires internationales. Ce terminal étant insuffisant, les unités de croisières sont aussi traitées le long de la digue extérieure © Port de Barcelone Tout ne se résume cependant pas à l’accueil de grandes unités maritimes car là où la place portuaire est située sur l’embouchure d’un fleuve navigable (la Seine, l’Escaut, le Rhin associé au canal d’Amsterdam au Rhin, la Weser ou l’Elbe), il s’y ajoute l’accueil d’unités fluviales de croisière. Ce secteur est en pleine expansion, avec là aussi une certaine course au gigantisme (qui va désormais jusqu’à des Grands Rhénans de 135 m de long) mais des exigences de tirant d’eau par définition très limitées. Des terminaux distincts sont souvent mis en place pour ces croisières fluviales et les parties les plus anciennes des ports, qui sont souvent les plus proches des centres villes, leur conviennent encore bien mieux que dans le cas des croisières maritimes. Comme on se trouve dans la plupart des cas dans l’espace douanier communautaire et en Zone Schengen, les contraintes douanières et policières sont nulles et seule la sécurité doit être prise en compte. D’où des installations plus légères et plus aisément déplaçables (et à un moindre coût), s’il s’avère au fil des ans qu’un terminal localisé au plus près du centre ville doit être relocalisé un peu plus à l’écart pour diverses raisons. C’est à Amsterdam que les croisières fluviales ont le plus grand relief, à la fois parce que c’est une des deux plus commodes portes d’accès à l’espace rhénan et parce que c’est une destination touristique de stature mondiale, couplée à un aéroport international de premier plan. Les unités de croisière fluviales y sont reçues dans ce qui fut autrefois un bassin maritime tout proche de la gare centrale, en un lieu extrêmement commode à la fois pour l’accès des passagers depuis et vers celleci, et pour la découverte touristique de la ville. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 27 Pour en revenir in fine aux croisières maritimes, dans certains cas, les terminaux de croisière (modernes ou convertis) peuvent être utilisés comme des aimants pour contribuer au succès d’une opération de redéveloppement à finalité urbaine. Dans ce cas, on leur donne une vocation mixte, en associant celle de terminal de croisière (utilisé comme tel le plus souvent seulement à la belle saison) et de lieu public multifonctionnel ; un ou des espaces culturels ou touristiques distincts peuvent venir s’y ajouter, comme c’est le cas avec le terminal de croisière dans l’ancien complexe portuaire oriental d’Amsterdam, essentiellement reconverti en zone d’habitat (figures 3.32 et 3.33). Figure 3.32 – Le terminal de croisières d’Amsterdam s’intègre dans un complexe plurifonctionnel © AIVP/IACP Figure 3.33 © Port of Amsterdam Un principe identique s’observe dans le projet hambourgeois d’HafenCity, où le futur Hamburg Cruise Terminal (qui remplacera le bâtiment provisoire actuel du même nom situé un peu plus à l’Ouest) constituera une des pièces maîtresse de l’opération de redéveloppement urbain de toute cette zone située au sud du centre ville actuel (alliant dans ce cas bureaux et logements) (figure 3.34). Figure 3.34 – Le Hambourg Cruise Center est l’une des composantes essentielles du projet Hafen City © Hafen City Gmbh Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 28 b) Les terminaux de ferries Figure 3.35 – Les installations roulières de Douvres Eastern Docks furent gagnées sur la mer © Dover harbour Board En nombre de passagers, les ferries génèrent des volumes de trafic sans commune mesure avec les navires de croisière, non pas à chaque escale (car les plus grands navires de croisière ont désormais des capacités d’emport supérieures à celles des plus grands ferries) mais en base annuelle (d’autant que la saisonnalité des trafics est moindre pour les premiers que pour les seconds). C’est ainsi qu’en 2006, le plus grand port de ferries en Europe du Nord-Ouest, Douvres, a traité 13,8 millions de passagers contre un peu plus de 750 000 croisiéristes dans le port de croisière le plus actif dans la région cette année là, Southampton. Et dans un port comme Marseille, le rapport était alors de 1,65 millions de passagers de ferries pour 375 000 croisiéristes. Globalement, l’écart tend cependant à se réduire car la dynamique du premier secteur est moindre que celle du second. Toutefois, l’écart entre ces deux composantes demeure, sauf exception, considérable quand on considère aussi le trafic des véhicules de tourisme et commerciaux qui est généralement associé aux trafics de ferries. C’est ainsi qu’aux 13,8 millions de passagers précités pour Douvres s’ajoutaient, toujours en 2006, 2,35 millions de voitures de tourisme, près de 100 000 autocars et non moins de 2,38 millions de camions (figure 3.35). Historiquement, comme pour les gares maritimes pour le trafic océanique de passagers, celles pour celui des ferries ont été établies aussi près que possible des centres villes, vu que la majorité des usagers étaient à l’époque en correspondance ferroviaire. Selon les circonstances, soit la gare centrale de la ville faisait aussi office de gare maritime, quand elle était proche des installations portuaires, soit une gare spécialisée distincte a été établie tout au contact de celle-ci. Les choses ont changé à partir des années soixante sous le double effet de l’augmentation constante de la taille des ferries et du fait que ces derniers sont devenus des unités polyvalentes prenant à leur bord de moins en moins de passagers piétons (en correspondance ferroviaire ou non) et de plus en plus de passagers motorisés et de véhicules commerciaux. La première évolution technique a fait que nombre d’installations anciennes n’ont plus pu être desservies par les ferries de dernière génération et la seconde a imposé la réalisation d’aires de parking toujours plus vastes, qui trouvaient difficilement place dans les parties anciennes des ports, sauf remodelages compliqués et pas toujours fonctionnels. Le parallélisme avec les évolutions survenues simultanément pour le trafic des conteneurs est immédiat. Il en est résulté une évolution paradoxale qui est que les nouveaux terminaux de ferries sont souvent localisés plus à l’écart des centres villes que ne le sont les installations d’accueil des unités de croisière, pour lesquelles le tropisme urbain est resté plus marqué. Dans ce cas, quand l’armement de ferries ne va pas jusqu’à carrément refuser les passagers non motorisés (comme la Norfolk Line à Dunkerque-Ouest), il importe, d’une part, de maintenir un lien par transport public (gratuit ou non) entre la ville et le terminal des ferries et, d’autre part, que ce dernier soit une sorte de vitrine de la ville, avec notamment une information touristique particulièrement soignée au débarquement des passagers (voire en amont dans la chaîne). Du point de vue urbain, l’exurbanisation des terminaux de ferries est globalement une mauvaise affaire, même s’il en résulte un soulagement de la congestion routière et en particulier la disparition de gros flux de camions en transit. En cas de déménagement (ou de suppression de l’activité des ferries), une bonne pratique est de transformer l’ancienne gare maritime des ferries en terminal de croisière, ainsi que cela s’est fait, avec un grand soin architectural, à Douvres Ouest. Les meilleures pratiques relevées sont celles qui ont réussi, comme à Kiel (figure 3.36), à maintenir les terminaux pour ferries tout à côté de la gare ferroviaire de la ville tout en aménageant des aires de parcage suffisantes et en ségrégant la circulation des poids lourds du trafic urbain général. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 29 Figure 3.36 – A Kiel, les navires de croisière sont accueillis en centre ville, tout au contact de la gare Figure 3.37 – Le port de Kiel accueille en centre ville les navires de croisière et les ferries © Port de Kiel Mieux encore dans ce cas, les terminaux pour les ferries (sur Göteborg et Oslo) et pour les croisières sont combinés dans un seul pôle, ce qui donne une grande lisibilité au dispositif (figure 3.37). En Europe du Nord, cette imbrication est assez naturelle puisque certains des ferries sont en fait des ferries de croisière avec une forte composante, dans leur clientèle, de minicroisiéristes pour lesquels les exigences sont en définitive les mêmes que celles des passagers des unités pures de croisière en termes de qualité d’accès à la ville. Parmi les meilleurs pratiques relevées à ce niveau, signalons l’exemple du port Sud de Helsinki (figure 3.38), où sont concentrées les lignes vers et depuis Stockholm qui ne déménageront pas prochainement vers le nouveau complexe portuaire de Vuosaari évoqué plus haut. Marseille offre un autre exemple de maintien du trafic des ferries (dans ce cas sur la Corse et l’Afrique du Nord) dans la partie ancienne du port, tout au contact de la ville et en complémentarité avec le projet Euroméditerranée en parallèle auquel la gare Maritime de La Joliette a été requalifiée par le Port Autonome (figure 3.39). Figure 3.38 – Au port Sud d’Helsinki, qui ne déménagera pas vers Vuosaari, les ferries sont accueillis en centre ville, dans ce qui était le port de commerce © Port de Helsinki Figure 3.39 – Vue d’ensemble du complexe des gares maritimes marseillaises de La Joliette, où sont accueillis les ferries des lignes de Corse et internationales, dans le périmètre d’intervention du projet Euroméditerranée © Port Autonome de Marseille c) Les terminaux pour traversiers locaux Les installations d’accueil de traversiers locaux (pour passagers seulement ou pour passagers et voitures, voire quelques véhicules lourds) sont beaucoup plus légères que les précédentes et ont été le plus fréquemment maintenues sur leurs sites originaux, proches de centres villes. Elles contribuent à assurer une animation intense des fronts d’eau urbains là où elles ont survécu à la mise en place de liens fixes sur ou sous les fleuves. L’exemple le plus connu en Europe est celui d’Hambourg et des célèbres Landungsbrücken, mais les meilleures pratiques à ce niveau s’observent outre-mer, en particulier dans des grandes villes comme New York, Vancouver ou Hong Kong. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 30 Tout aussi légères et généralement faciles à intégrer dans les activités des fronts d’eau urbains centraux sont les activités de promenade touristique sur les fleuves ou dans les complexes de bassins (à l’image d’un port comme Rotterdam où la société Spido est souvent prise comme référence mondiale), avec là aussi une forte interaction potentielle avec les activités commerciales, culturelles ou récréatives voisines. Même si le climat est un facteur assez limitatif, il y a là un créneau à développer pour favoriser une meilleure connaissance des réalités portuaires pour les visiteurs extérieurs comme pour les citoyens des places portuaires, à l’heure où du côté terrestre, les zones portuaires tendent à se fermer à eux en raison des mesures I.S.P.S. Une bonne pratique encore rare : les accès hors sol aux bords de quai Dans une immense majorité de cas, les habitants des villes et les touristes n’ont pas accès aux avantquais dans les parties actives des ports de commerce et la déambulation le long des plans d’eau leur y est interdite par des grillages que ne peuvent franchir que les professionnels dûment accrédités, au travers de portes de moins en moins nombreuses et de mieux en mieux gardées. Aux traditionnelles préoccupations de protection des marchandises par rapport aux vols et de sécurité physique des personnes, ainsi qu’aux considérations douanières et de police des frontières, s’ajoute désormais l’aspect de la sûreté publique qui a vu s’étendre aux zones portuaires des mesures qui furent d’abord en vigueur dans les aéroports. Les personnes extérieures à la vie des quais de commerce s’en sont donc vues de plus en plus repoussées, ce qui est un paradoxe à l’heure où les places portuaires affichent une volonté de s’ouvrir aux choses de la mer. La perception que peuvent en avoir les habitants et les touristes est donc de plus en plus biaisée, puisque le seul accès qui leur est souvent concédé, en dehors des zones d’éclusage qui demeurent généralement visibles, est celui aux plans d’eau abandonnés, dans des espaces fréquemment docklandisés et qui donnent donc une vue soit négative, soit erronée de la vie portuaire. Il est cependant deux exceptions à cette règle quasi générale, qui sont les itinéraires de visite portuaire, le plus souvent via les plans d’eau et beaucoup plus rarement du côté terrestre, soit via les observatoires ou promenades en hors sol par dessus des entrepôts, encore actifs ou non. Dans ce dernier cas s’observe une situation paradoxale selon laquelle la règle générale souffre d’une exception technique, basée sur le caractère public de l’accès surélevé à un espace dominant l’avantquai actif alors que celui-ci demeure non accessible au public au niveau du sol. Et ceci que celui-ci soit dédié au trafic des passagers (section 3.2.1) ou à celui des marchandises (section 3.2.2). . Historiquement, l’exemple le plus notoire est celui des Terrasses du Nord et du Sud (Noorderterras et Zuiderterras) le long des quais de l’Escaut à Anvers. Dès l’origine (vers la fin du 19ème siècle) de ces deux promenades urbaines surélevées, assorties chacune d’un café-restaurant encore très populaire de nos jours, la population anversoise et les touristes ont joui d’une vue exceptionnelle sur les activités portuaires s’exerçant en contrebas ; l’avant-quai étant très étroit, ils pouvaient même quasiment toucher les navires (y compris ceux à passagers qui y ont longtemps escalé). Il en est résulté un contact quasiment intime unique avec ces derniers et les activités portuaires traditionnelles. La conteneurisation a cependant conduit au quasi abandon des quais de l’Escaut et la seule activité commerciale résiduelle significative y réside dans les escales saisonnières de navires de croisière ; il s’y ajoute (mais à l’écart de cette double promenade) la fonction de quai d’honneur pour des unités militaires en visite officielle et, occasionnellement de lieu de baptême pour des unités neuves livrées à des armements anversois (dont plusieurs quartiers généraux sont tout proches). L’impression du port qu’ont les citoyens anversois et les touristes est donc fortement biaisée, tout comme lorsqu’ils circulent dans la zone proche des docklands dans la partie des bassins construits au 19ème, qui leur est également désormais librement accessible au niveau du sol mais n’est plus fréquentée que par des péniches. Une situation analogue à celle observée initialement à Anvers pourrait prochainement se présenter dans le complexe marseillais de La Joliette (soit dans la partie la plus ancienne des bassins de Marseille Ouest), toujours très actif dans le trafic des ferries comme indiqué au point précèdent. Ici, tout à côté du siège administratif du Port Autonome, de vastes aires de parking à l’air libre s’interposent entre la ville et d’anciens entrepôts bord à quai, fort étroits et le long desquels viennent quotidiennement se ranger des ferries. Ceux-ci génèrent une intense animation, que les Marseillais et les touristes pourraient être à même d’observer lorsque le projet des Terrasses du Port actuellement toujours à l’examen viendra à se concrétiser. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 31 Porté par une grande société immobilière et supporté par la ville comme par le port de Marseille, ce projet consiste, schématiquement, à réaliser au niveau supérieur de ces entrepôts une promenade bordée de restaurants et à relier cette promenade à la ville par un complexe commercial et culturel (figure 3.40). Réalisé en hors sol par dessus les parkings des ferries, qui demeureront fonctionnels, ce complexe fera office d’un large pont entre la ville et la future promenade, véritable belvédère retrouvé de la ville sur cette partie très animée du port. Le lieu sera d’autant plus fréquenté qu’il bénéficie d’une bonne accessibilité autoroutière (couplée à un nouveau parking public de grande capacité) et par les transports publics (métro et nouveau tramway) et qu’il s’inscrit au coeur de la partie urbano-portuaire de la grande opération urbanistique Euroméditerranée. Figure 3.40 – Les terrasses du Port © Etablissement Public Euroméditerrannée Un autre élément urbano-portuaire de celle-ci a résidé, tout à côté, dans la transformation, très réussie et désormais quasiment terminée, de l’ancien entrepôt des Docks en un complexe de bureaux, qui générera une chalandise importante supplémentaire pour les futures Terrasses du Port. Les deux opérations sont donc en cohérence et elles le seront d’autant plus que l’actuel autopont qui les sépare physiquement laissera prochainement la place à un agréable boulevard urbain sous lequel s’écoulera le flot automobile. Une réserve doit cependant être évoquée, qui tient à la sûreté et aux conséquences d’un éventuel nouveau renforcement drastique de cette dernière. L’investissement immobilier étant conséquent, plutôt que de fermer un jour les terrasses au public (comme cela se pratique de plus en plus dans les aéroports), ne seront-ce pas les ferries qui seront interdits d’accès dans cette partie du port, car leur trafic est relocalisable alors qu’un complexe commercial, culturel, de restauration et de promenade comme les Terrasses du Port (ou toute autre opération de ce type qui serait réalisée ailleurs) ne le serait par définition pas. Pour le port, le mieux serait alors l’ennemi du bien et une recommandation est que des opérations qui s’inspireraient de l’exemple marseillais ne soient pas assorties d’investissements très lourds qui amèneraient à un effacement prématuré des activités portuaires au cas où la mixité s’avérerait impraticable au plan de la sûreté. 3.2.2. Les aménagements pour le trafic des marchandises Dans ce cas, seules sont à prendre en compte des contraintes relatives aux cargaisons et au trafic lourd (routier, ferroviaire et ou fluvial) qu’elles génèrent du côté terrestre, en superposition avec celui lié aux activités urbaines plus ou moins imbriquées dans les activités portuaires plus ou moins résiduelles de ces zones. Un cas de transition avec le point précédent est celui du trafic roulier pur dont une des caractéristiques est que le séjour moyen des cargaisons sur le terminal est plus long ; Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 32 ceci implique des espaces plus largement dimensionnés, à volume de trafic égal, que dans le cas du trafic mixte de passagers et de fret. Toute une gradation s’observe donc entre le trafic purement passagers et purement fret, avec pour ce dernier aussi des variantes en fonction de la nature océanique ou intra-européenne des échanges. Celle-ci conditionne les contraintes de calaison des navires et leurs possibilités d’évolution dans des bassins plus ou moins anciens, qui sont ceux dans lesquels les activités urbaines tendent à s’incruster en premier. Comme pour les navires de croisière, il s’y ajoute la dimension supplémentaire du trafic fluvial, qui peut souvent s’accommoder d’installations maritimes déclassées, selon un decrescendo qui va de l’océanique au côtier plus éventuellement au fluvial, là où les voies fluviales viennent compléter la panoplie des dessertes d’arrière-pays. L’exemple le plus achevé de port où ce decrescendo est explicitement pris en compte, avec un crescendo quasi symétrique des activités urbaines aux marges des espaces portuaires ou au sein de ceux-ci, est celui du port d’Amsterdam, où les termes « hard port areas » et « soft port areas » sont utilisés pour désigner les espaces de transition où la priorité fonctionnelle est donnée ou non aux activités portuaires. Dans les « hard port areas », la présence d’activités urbaines n’est que tolérée et elle est strictement contrainte, comme par exemple dans l’ancien village de Ruigoord contigu au Bassin d’Afrique où une communauté d'artistes a été implantée : ils peuvent y réaliser et valoriser leurs travaux mais aucunement y habiter. Ailleurs, d’anciens noyaux villageois continuent cependant à « résister » aux développements portuaires récents et contemporains, comme Pernis à Rotterdam, Fort-Lillo à Anvers et Mardyck à Dunkerque, en dépit d’un voisinage avec des activités industrielles lourdes pourtant souvent assorties de contraintes Seveso. Mais la règle générale est à la disparition complète de ces enclaves résidentielles et à leur arasement, ainsi que cela est par exemple en cours à Doel dans le cas anversois sur base d’une très officielle décision du Gouvernement flamand. Un cas particulier de «hard port areas» est celui d’espaces réorganisés ou qui le seront autour d’activités maritimes non commerciales, comme dans le cas du port Sud de Bremerhaven devenu la base de la flotte polaire allemande, ce qui génère des activités sur les plans d’eau mais guère de contraintes terrestres, de sorte que des activités de bureau (axées ici autour de la recherche dans le cluster polaire et plus généralement la technologie) peuvent aisément prendre place en bordure des quais, et même de la résidence (figure 3.41). Figure 3.41 – Le port Sud de Bremerhaven, avec une zone dédiée à la Recherche et au Développement à l’avant-plan et le port de pêche industrielle à l’arrière-plan, au cœur duquel s’observe déjà un îlot docklandisé © Bremenports Entre les «hard port areas» industrialo-portuaires et les «soft port areas» où l’urbain domine, il y a donc aussi le cas des «hard port areas» non commerciales (et encore moins industrielles) qui sont celles où l’urbain et le maritime peuvent s’imbriquer le plus aisément, sans que la problématique des règles ISPS soit ici très contraignante. A cet égard l’exemple, outre-mer, du Albert & Victoria Waterfront de Cape Town est le plus médiatisé, avec le ballet incessant des remorqueurs du port. Ceux-ci y sont demeurés basés à la demande expresse de la société privée exploitant ce complexe commercial et récréatif, alors que l’autorité portuaire avait formulé le projet de déplacer leur base dans le port de commerce. Les installations ne traitant plus que des trafics fluviaux relèvent également de cette catégorie, là où ils sont pas ou plus en lien avec le port maritime au travers d’activités de transbordement mais simplement en lien avec l’économie urbaine. On peut alors les considérer comme des activités légères de manutention, là aussi sans guère de contraintes ISPS, des besoins d’entreposage plus limité et Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 33 des trafics routiers de pré- ou de post-acheminement généralement moins denses, qui rendent la fréquentation de ces quais par les habitants et même les touristes moins dangereuse. Les exemples les plus typiques de ce genre d’espace relativement ouverts se trouvent dans les ports belges et néerlandais, vu le relief considérable qu’y a la navigation intérieure, non seulement au titre des trafics d’arrière-pays mais aussi de relations purement continentales. C'est ainsi qu’à Anvers, la zone du Bassin Kattendijk, qui constituait le cœur du port à la fin du 19ème siècle, a été progressivement déclassée au point que la fonction de ses plans d’eau soit désormais totalement fluviale et que s’y mêlent des trafics fluviaux résiduels et la fonction de stationnement des péniches, soit entre deux voyages, soit à titre plus ou moins définitif pour les bateliers retraités. Cette fonction de stationnement est importante, comme en attestent aussi la conversion déjà ancienne de la zone du Maashaven et du Rijnhaven à Rotterdam (où les bateliers disposent même d’une station de métro toute proche) et l’aménagement contemporain du Houthaven d’Amsterdam, qui s’intègre bien dans le redéveloppement « soft » du quartier Minerva évoqué ci-dessous (figure 3. 42). Figure 3.42 – Péniches en stationnement entre deux voyages au Houthaven d’Amsterdam © AIVP/IACP Il convient cependant de tenir compte des contraintes de bruit de moteur que peuvent générer les péniches à l’arrêt ou lors leurs de leurs manœuvres quand elles sont toutes proches des habitations. Sur tous les sites reconvertis à Amsterdam, tel par exemple que sur la face Nord de l’ancien complexe des Bassins Orientaux d’Amsterdam, ces péniches doivent obligatoirement se brancher sur l’électricité extérieure pendant leur temps d’attente entre deux voyages. Les habitants des nouvelles habitations qui bordent ce quai autrefois maritime veulent en quelque sorte jouir des avantages de vivre au bord de l’eau sans en subir le moindre inconvénient ; le phénomène s’observe d’autant plus que leur niveau moyen de revenus est élevé et est à la mesure de la pression qu’ils peuvent exercer sur les pouvoirs publics, contrairement aux classes laborieuses du passé qui ailleurs (comme par exemple dans les Docklands londoniens) s’accommodaient plus volontiers de la proximité immédiate d’un port actif qui représentait leur gagne pain quotidien. Enfin, les véritables « soft port areas » sont celles où le trafic maritime ou fluvial a totalement disparu, mais où les plans d’eau désormais désertés et les terrepleins adjacents se situent au contact de la partie active du port et font en quelque sorte office de tampon physique avec celle-ci. Ici, les résidences permanentes sont en principe à proscrire, mais l’habitat temporaire de type résidence universitaire, comme dans la zone de l’ex-chantier NDSM d’Amsterdam (figure 3.43) est une des options ouvertes aux aménageurs. Figure 3.43 – Résidence universitaire dans l’ex-chantier NDSM à Amsterdam © AIVP/IACP Plus classiquement, les anciennes zones d’entrepôts peuvent être converties en zones de petites entreprises non liées au port ou de bureaux, ce qui amène à distinguer entre population de jour et population de nuit dans ces espaces de transition ; désertés le soir, ceux-ci peuvent toujours connaître (ou avoir à nouveau) une intense activité diurne, pour le travail comme éventuellement pour les citadins en tant que fenêtre de la ville sur le port, dans un environnement moins artificialisé que dans des zones classiques de docklands et de waterfronts. Des cafés et des restaurants « branchés » peuvent alors harmonieusement venir compléter l’équipement de ces espaces de transition et être au service tant des travailleurs des environs que ceux du port et des habitants, voire des touristes. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 34 Dans de telles « soft areas », des immeubles évolutifs peuvent être envisagés, comme à nouveau dans la zone du Bassin Minerva à Amsterdam où quelque 100.000 m² vont progressivement être mis à la disposition de petites entreprises, actives notamment dans le domaine de la création. Celles-ci prendront place dans des immeubles neufs ou transformés dont les premiers apparaissent en bordure du Quai de Dantzig (figures 3.44 et 3.45). Dans ce cas précis, il s’agit de la transformation d’une zone encore partiellement active ans le domaine du trafic du bois. Le Port souhaite conserver également pour ce secteur une fonction portuaire : il n'y aura plus de terminaux, mais tous les bassins conserveront leur fonction maritime et seront utilisés comme "parking" pour des unités de short sea, des barges, des petites unités liées aux services maritimes, etc. Cette zone jouera également un rôle de zone tampon avec la ville proche. Pour autant la flexibilité de ces immeubles rend également possible leur évolution vers du résidentiel. Etant donné les énormes besoins en logements sur Amsterdam, on ne peut totalement exclure une évolution qui pourrait se faire du portuaire résiduel vers l’urbain, d’abord non résidentiel puis résidentiel quand les contraintes (de sécurité, de bruit et d’odeurs, entre autres) liées à la contiguïté d’installations portuaires davantage actives se seront faites moins fortes. Un relâchement des normes étant peu probable, il faut voir dans ce mouvement un premier pas qui, sans incidences immédiates sur ces installations portuaires voisines, en hypothèque l’avenir comme dans le cas de l’habitant non permanent évoqué ci-dessus. Figure 3.44 – Schéma de redéveloppement en « soft à comparer avec la situation actuelle à la figure 3.45 port area » du quai de Dantzig à Amsterdam © Port d’Amsterdam 3.3. – Les opérations de redéveloppement à finalité purement portuaire Introduction Contrairement aux opérations évoquées à la section 3.2., qui s’inscrivent toutes dans un processus d’effacement progressif du port au profit de la ville en passant par un degré de mixité physique et fonctionnelle plus ou moins grand, celles décrites dans cette section finale procèdent d’un mouvement non pas défensif, mais offensif du port en termes spatiaux. Les adjectifs «offensif» et «offensif» utilisés ici ne traduisent aucun jugement de valeur mais visent simplement à traduire dans une formule simple, donc réductrice, une réalité complexe. Pour diverses raisons, qui seront précisées plus loin, il s’agit pour le port d’agrandir son territoire, ce qui ne peut pas se faire partout, en tout ou même seulement en partie, au travers des opérations de type «greenfield» ou «bluefield » évoquées en 3.1. Reste alors l’option «brownfield», qui peut être de deux types : interne ou périphérique. Dans le premier cas, il n’y a pas de conflit d’usage potentiel avec la ville, puisqu’on se situe plus ou moins au cœur du domaine portuaire, actuel et sans doute futur à l’échelle de l’aménagement contemporain. Dans le second, on se situe par contre plus ou moins en contact, voire en conflit avec la ville, quand il s’agit de requalifier à des fins portuaires des espaces présentement peu utilisés à de telles fins, voire abandonnés depuis un certain temps. Le tampon spatial séparant les «hard port areas» évoquées à la section précédente de la ville s’en trouve réduit et ce sont en quelque sorte deux plaques tectoniques qui risquent d’entrer en collision plutôt que de glisser ensemble dans la même direction. De la même façon qu’existaient à la section précédente des «soft port areas» pour ménager une transition entre une ville et un port évoluant spatialement de façon classique, des «soft urban areas» sont en quelque sorte à prévoir dans la dynamique future de l’aménagement urbano-portuaire là où il ne se fait pas (ou ne se fera pas) dans le sens usuel de l’Histoire. Il s’agit ici d’un terrain encore en Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 35 friche que cette section n’envisagera pas en détail, vu la nouveauté du concept, mais qui doit être envisagé, dans des recherches futures, comme le symétrique des «soft port areas» ; il s’agira alors d’inverser simplement le sens du mouvement, en prévoyant notamment une disparition graduelle de l’habitat, voire d’autres fonctions urbaines, dans des zones sensibles. Entre-temps, l’objet de cette section 3.3. est de mettre en évidence la nécessité économique des aménagements portuaires de type «brownfield» dans nombre de places portuaires européennes (sous-section 3.3.1.) et, au travers de quelques exemples, certaines modalités de leur mise en œuvre au travers de pratiques récentes d’aménagement (sous-section 3.3.2.). 3.3.1. Un contexte de forte croissance des trafics portuaires A l’heure où des développements ex-nihilo de type greenfield sont de plus en plus problématiques, les autorités portuaires européennes font face à un dilemme croissant face aux pressions urbaines, qui s’amplifient alors que les trafics portuaires sont eux-mêmes généralement en croissance. Même si elle est moindre qu’en Asie émergente, l’ampleur de cette croissance est le plus souvent méconnue, en particulier des acteurs urbains qui, pour beaucoup, gardent des ports européens une image héritée de la sévère crise quantitative qu’ils ont connu dans la foulée du second choc pétrolier. Une analyse statistique va venir mettre en évidence cette nouvelle dynamique de croissance. Elle porte sur la période 1986-2006, soit du creux de la vague consécutif au second choc pétrolier à nos jours et prend en compte les principaux ports du Northern Range, soit la rangée portuaire allant de l’Elbe à la Seine. On se limitera dans la suite aux principaux ports et à un pas temporel quinquennal de façon simplement à dégager les tendances principales. Dans un premier temps, est présentée au tableau 3.1. l’évolution du trafic total des treize ports principaux de cet ensemble (dont certains sont polynucléaires, en fait). Celui-ci compte par ailleurs nombre de ports secondaires dont le poids cumulé est loin d’être négligeable et dont certains ont connu des évolutions parfois plus spectaculaires encore que celles mises en évidence ci-après. Globalement, le trafic total des treize ports en question a progressé de quelque 77 % entre 1986 et 2006, dépassant alors pour la première fois la barre du milliard de tonnes. Certes, il ne s’agit pas là d’une croissance «à la chinoise», mais elle est néanmoins très importante et elle témoigne d’une maritimisation croissante du commerce extérieur de l’Europe en général et, plus particulièrement, des régions formant l’hinterland partiellement commun des ports du Northern Range, du cœur de la « banane bleue » à l’ex-Europe orientale et centrale. Ports allemands Hambourg Brême/Bremerhaven. Wilhelmshaven Ports néerlandais Amsterdam/IJmuiden Rotterdam Flessingue/Terneuzen Ports belges Anvers Gand Zeebrugge Ports français Dunkerque Calais Le Havre Rouen Total Rangée Tableau 3.1. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic des ports du Northern Range (en millions de tonnes) 1986 1991 1996 102.1 114.1 139.8 55.2 65.5 71.1 29.5 30.7 31.5 17.4 17.9 37.2 316.4 358.7 370.4 44.1 47.4 53.8 257.6 291.7 292.2 14.7 19.6 24.4 129.5 157.7 165.3 90.2 101.3 111.9 24.2 25.5 21.0 15.1 30.9 32.4 112.0 138.7 133.9 32.4 40.7 34.9 10.5 17.0 24.7 47.2 57.2 56.2 21.9 23.7 18.1 660.0 769.1 809.4 Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006) Guide des bonnes pratiques 2001 179.3 92.4 46.0 40.9 407.6 67.8 314.6 25.2 185.7 130.1 23.5 32.1 166.9 44.5 32.7 69.0 20.7 939.5 2006 246.0 134.9 65.1 46.0 490.6 83.7 376.7 30.2 231.0 167.4 24.1 39.5 200.6 56.6 42.5 73.8 23.2 1,168.2 Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 36 Bien évidemment, le dynamisme fut variable d’un pays à l’autre et d’un port à l’autre. Parmi les treize ports considérés, deux affichent un trafic plutôt stationnaire (Gand et Rouen), alors que celui de ports comme Hambourg, Brême/Bremerhaven, Wilhelmshaven, Flessingue/Terneuzen, Zeebrugge et Calais a plus que doublé en vingt ans ; il a même plus que triplé dans le dernier cas, qui est cependant très particulier puisqu’il relève des échanges anglo-continentaux et non avec l’Outre-Mer, comme c’est principalement le cas ailleurs. Le trafic total n’est cependant pas la meilleure mesure qui soit du niveau d’activité réel d’un port, car il est quelquefois fortement gonflé par les manutentions vraquières (principalement d’hydrocarbures et de pondéreux comme le minerai de fer et le charbon), qui atteignent dans certains cas un relief considérable (264 Mt sur 377 à Rotterdam en 2006) et constituent parfois la quasi-totalité de l’activité du port (comme à Wilhelmshaven). Ces cargaisons vraquières n’entrent guère en ligne de compte dans la problématique des arbitrages d’usage à faire de l’interface urbano-portuaire, car elles sont le plus souvent traitées dans des terminaux situés en eau profonde, à l’écart des ports historiques et donc des villes, sur des sites parfois totalement distincts (comme dans le cas d’Antifer pour le Havre). Bien plus significative est donc une analyse basée sur le trafic des seules marchandises diverses (ou générales), c’est-à-dire sur les produits finis (ou semi-ouvrés) de forte valeur unitaire qui contribuent le plus à la valeur ajoutée portuaire. En se limitant à celles-ci, on observe au tableau 3.2 un dynamisme d’ensemble qui ne manquera pas de surprendre, puisque le trafic total des diverses dans les ports considérés (au sein desquels Wilhelmshaven n’est pour l’instant pas du tout concerné) a pratiquement triplé (+ 187 %) durant les vingt dernières années. Avec là aussi, bien évidemment, des variations d’un port à l’autre, d’une relative stagnation comme à Amsterdam/IJmuiden ou Rouen, à un quadruplement comme à Hambourg. Si on exclut le cas particulier de Calais, où les diverses sont en quasi-totalité des cargaisons en transroulage vers ou depuis le Royaume-Uni, on constatera que le centre de gravité des activités de manutention à forte valeur ajoutée dans le Northern Range a sensiblement glissé vers le Nord (sous le double effet des trafics de transbordement sur l’Europe du Nord et de l’ouverture de l’ex-Europe de l’Est et Centrale aux échanges océaniques). C’est ainsi que le trafic total de diverses des deux principaux ports allemands a augmenté de 262 % entre 1986 et 2006, alors que celui des ports néerlandais ne progressait que de 134 %, celui des ports belges de 174 % et celui des ports français, hors Calais, que de 138 %. Ports allemands Hambourg Brême/Bremerhaven Wilhelmshaven Ports néerlandais Amsterdam/IJmuiden Rotterdam Flessingue/Terneuzen Ports belges Anvers Gand Zeebrugge Ports français Dunkerque Calais Le Havre Rouen Total Rangée Tableau 3.2. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic des diverses des ports du Northern Range (en millions de tonnes) 1986 1991 1996 2001 40.2 50.1 58.5 89.2 22.1 30.0 37.0 53.2 18.1 20.1 21.5 36.0 0.1 0.1 0.1 0.1 56.7 70.1 91.6 95.8 6.7 6.1 7.6 6.2 46.3 59.8 78.6 83.8 3.3 4.2 5.4 5.8 50.7 65.0 75.6 98.7 36.1 45.4 52.2 68.3 3.1 3.3 3.2 4.4 11.5 16.3 20.2 26.0 26.3 36.8 43.6 60.5 6.0 8.1 3.2 8.1 9.4 15.9 23.6 31.1 8.1 10.2 13.6 18.0 2.8 2.6 3.2 3.3 174.0 222.1 269.4 344.3 2006 145.5 92.1 53.4 0.1 132.5 10.2 112.9 9.4 138.8 103.0 4.5 31.3 81.7 14.6 41.5 22.6 3.0 498.5 Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006) Plus démonstrative encore est l’analyse ne portant que sur les trafics conteneurisés dont l’évolution chiffrée est présentée au tableau 3.3. Dans ce cas, outre Wilhelmshaven, des ports comme Flessingue/ Terneuzen, Gand et Calais ne sont pas à prendre en considération parce qu’ils sont, pour diverses raisons, totalement à l’écart dans ce domaine ; et d’autres cas, les trafics observés sont Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 37 marginaux (Rouen, Dunkerque et Amsterdam, même si ces deux derniers ports viennent à leur tour d’entrer significativement dans la course). Globalement, c’est à un quintuplement des manutentions conteneurisées qu’on a assisté en vingt ans, à un rythme qui ne cède en rien à celui observé en AsiePacifique, ce qui est normal puisque les échanges avec cet espace représentent désormais la majorité des échanges conteneurisés océaniques de l’Europe, qui répond à ce niveau comme en écho au spectaculaire essor économique de la Chine et de ses voisins. Encore ne s’agit-il ici que du tonnage des marchandises conteneurisées et de la tare des conteneurs ; mais nombre de ceux-ci sont vides en sortie d’Europe lors de leur repositionnement outre-Suez, et le rythme de croissance des manutentions physiques de boîtes, qui correspond aux capacités nécessaires sur les terminaux, est encore supérieur dans les faits. Le record revient assurément aux ports allemands pris dans leur ensemble, avec un quasi sextuplement en vingt ans (presque fois huit à Hambourg et «seulement» fois cinq à Brême/Bremerhaven) et un tel septuplement s’observe aussi pour Anvers. Parti tôt dans la course, Rotterdam n’affiche qu’un triplement et est d’ailleurs dépassé au premier rang européen par le bipôle Anvers/Zeebrugge, quand on considère que le second port nommé est en fait l’avant-port du premier et que la distance qui les sépare est de l’ordre de celle mesurée entre Marseille et Fos ou entre Brême et Bremerhaven ! Qui plus est, le phénomène s’est emballé durant les cinq dernières années, avec une croissance de 64 % du trafic conteneurisé global du Northern Range, assorti d’une croissance encore supérieure à cette moyenne pour des ports comme Hambourg (+80 % entre 2001 et 2006), Anvers (+ 74 %) et Zeebrugge (+ 70 %) et d’une spectaculaire montée en puissance d’Amsterdam grâce à son nouveau terminal révolutionnaire au quai indenté et à manutention par les deux bords. Ports allemands Hambourg Brême/Bremerhaven Wilhelmshaven Ports néerlandais Amsterdam/Ijmuiden Rotterdam Flessingue/Terneuzen Ports belges Anvers Zeebrugge Ports français Dunkerque Calais Le Havre Rouen Total Rangée Tableau 3.3. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé des ports du Northern Range (en millions de tonnes) 1986 1991 1996 2001 19.3 33.5 46.7 79.3 10.2 21.4 31.0 49.8 9.1 12.1 15.7 29.5 0.1 0.1 0.1 0.1 32.2 41.1 54.6 62.9 0.7 0.8 1.7 0.7 31.5 40.3 52.9 62.2 0.3 0.2 0.2 0.1 12.3 22.7 35.8 57.0 11.1 18.9 29.5 46.4 2.2 3.8 6.3 10.6 7.8 10.5 11.3 17.2 0.9 0.8 0.7 1.4 0.0 0.0 0.0 0.0 5.7 8.8 9.5 14.6 1.2 0.9 1.1 1.2 72.0 108.1 148.7 216.6 2006 134.4 89.5 44.9 0.1 97.5 3.3 93.8 0.4 98.9 80.8 18.0 24.2 1.7 0.0 21.1 1.4 355.0 Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006) Ce dynamisme exceptionnel ne caractérise pas que l’Europe du Nord-Ouest, ainsi que le montre, au tableau 3.4, l’évolution observée dans le même temps pour les trafics conteneurisés dans quelques grands ports méditerranéens d’hinterland (en excluant donc ici les ports méridionaux de transbordement qui relèvent d’une autre logique et où les terminaux à conteneurs sont généralement de type greenfield). Un même quintuplement d’ensemble (et même davantage) s’observe pour ce Southern Range que pour le Northern Range, mais pour un poids global très inférieur puisque l’ensemble du trafic conteneurisé actuel des six ports en question est de l’ordre de grandeur de celui de Rotterdam ; il y a donc une asymétrie majeure entre les deux principales façades maritimes de l’Europe et, dans les faits, cette asymétrie s’atténue à peine en dépit de l’avantage théorique qu’ont les ports méditerranéens pour le trafic depuis et vers l’Asie/Pacifique. Des six ports considérés, Valence est celui qui a connu l’essor le plus spectaculaire, puisque le trafic conteneurisé y a décuplé en vingt ans, mais ceci s’explique pour partie par la fonction de transbordement qu’a ce port en sus d’être le port naturel de la région madrilène, ailleurs, les coefficients multiplicateurs sont inférieurs et dans le cas de Marseille, il n’y a même pas eu doublement du tonnage. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 38 Tableau 3.4. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé des ports du Southern Range (en millions de tonnes) 1986 1991 1996 2001 Valence 2.6 3.9 7.8 15.2 Barcelone 3.6 5.0 7.6 13.4 Marseille-Fos 4.8 4.9 5.8 7.2 Gênes 3.2 3.3 7.3 14.1 La Spezia 1.6 4.4 7.6 9.6 Livourne 2.0 2.8 3.2 5.0 Total Rangée 17.8 24.3 39.3 64.5 Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006) 2006 28.1 22.6 8.8 16.1 12.5 6.5 94.6 La forte croissance des tonnages conteneurisés ne doit cependant aveugler les analystes, car la conteneurisation s’est accompagnée d’un appauvrissement économique des ports au travers d’une valeur ajoutée moyenne sensiblement inférieure dans le cas des manutentions conteneurisées par rapport à celles en conventionnel ou en transroulage. Divers auteurs ont montré (cf. E. Haezendonck & W. Winkelmans, 2002, dont la méthodologie a été utilisée ci-après) qu’on pouvait considérer que la valeur ajoutée relative moyenne des différentes types de trafic variait dans une fourchette allant de 1 à 12 selon qu’il s’agit de cargaisons conventionnelles ou en transroulage prises comme référence ou conteneurisées (à diviser par un coefficient de 3), de vracs solides (avec un coefficient diviseur de 4) ou de vracs liquides (avec un coefficient diviseur de 12). Seule exception à cette règle générale de pondération, les trafics rouliers de Calais et de Dunkerque ont été divisés par trois comme s’il s’agissait de manutentions conteneurisées parce que ce sont des trafics accompagnés, alors qu’il s’agit partout ailleurs de trafics non accompagnés ou de véhicules neufs, et qu’un coefficient diviseur de 3 est plus approprié alors pour le trafic roulier des ports nordistes. En s’attachant uniquement ici à l’année 2006, on peut constater en comparant les classements des tableaux 3.5 et 3.6 qu’il y a une grande différence entre les rangs des ports du Northern Range en tonnages bruts ou pondérés. Certes, les trois premiers ports sont identiques dans les deux classements, avec Rotterdam devant Anvers et Hambourg, mais la fourchette entre le premier et ses deux compétiteurs majeurs s’est considérablement réduite dans le classement en tonnages pondérés, qui reflète bien mieux les ordres de grandeur économiques. Mieux, en considérant que Zeebrugge est l’avant-port fonctionnel d’Anvers, on arrive à la conclusion que le bipôle belge fait quasiment jeu égal avec Rotterdam ! Tableau 3.5. – Structure catégorielle brute du trafic 2006 des ports du Northern Range (en milliers de tonnes brutes) Rotterdam Anvers Hambourg Amsterdam/IJmuiden Le Havre Brême/Bremerhaven Dunkerque Wilhelmshaven Calais Zeebrugge Flessingue/Terneuzen Gand Rouen Total Rangée Vracs liquides 176.060 32.218 14.210 25.435 47.535 2.283 14.146 43.553 100 6.247 10.582 2.732 12.167 387.268 Vracs secs 87.791 26.122 28.515 48.066 3.651 9.368 27.876 2.333 900 1.956 10.274 16.914 8.116 271.882 Conteneurs Roro 93.800 80.810 89.521 3.256 21.090 44.902 1.725 26 0 17.986 399 267 1.393 355.175 9.894 7.159 Nc 927 1.528 Nc 11.091 0 40.545 12.245 2.822 1.851 189 88.251 Source : autorités portuaires (rapports annuels de l’année 2006) Guide des bonnes pratiques Conventionnelles 9.188 15.064 2.615 6.014 0 8.546 1.804 70 960 1.040 6.171 2.380 1.424 55.276 Trafic total 376.733 167.373 134.861 83.698 73.804 65.099 56.642 45.886 42.505 39.474 30.248 24.144 23.289 1.157.852 Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 39 Tableau 3.6 – Structure catégorielle pondérée du trafic 2006 des ports du Northern Range (en milliers de tonnes pondérées) Rotterdam Anvers Hambourg Brême/Bremerhaven Amsterdam/IJmuiden Zeebrugge Calais Dunkerque Le Havre Flessingue/Terneuzen Gand Rouen Wilhelmshaven Total Rangée Vracs liquides 14.672 2.685 1.184 190 2.212 521 8 1.179 3.961 882 228 1.084 3.629 32.435 Vracs secs 21.948 6.351 7.130 2.342 12.017 489 225 6.969 913 2.568 4.229 2.030 584 67.795 Conteneurs 31.267 26.937 29.840 14.967 1.085 5.995 0 575 7.030 133 89 464 9 118.391 Roro 9.894 7.159 Nc Nc 927 12.245 13.515 3.697 1.528 2.822 1.851 189 0 53.827 Conventionnelles 9.188 15.064 2.615 8.546 6.014 1.040 960 1.804 0 6.171 2.380 1.424 70 55.276 Trafic total 86.969 58.406 40.769 26.045 22.255 20.290 14.708 14.224 13.441 12.576 8.777 5.191 4.298 327.724 Calculé d’après les données brutes du tableau 3.5. avec les coefficients diviseurs indiqués dans le texte Par ailleurs, les deux classements sont sensiblement différents à partir de la quatrième position. D’une part, certains ports remontent significativement dans le second classement, comme Zeebrugge et Brême/Bremerhaven qui gagnent respectivement quatre et deux places. D’autre part, quelques autres reculent et ce d’autant plus que le trafic pétrolier et plus généralement le trafic vraquier y ont un relief significatif ; c’est en particulier le cas de Wilhlemshaven, qui perd cinq place, mais l’observation vaut aussi, dans une moindre mesure, pour Le Havre et Amsterdam/IJmuiden, qui perdent ainsi respectivement trois et deux places. Cette méthode de comparaison transversale est relativement robuste et peut également être mise en œuvre pour des comparaisons longitudinales, c’est-à-dire pour un même port à différentes époques, avec dans ce cas des résultats encore plus significatifs car indépendants cette fois de la structure interne des manutentions vraquières, laquelle biaise parfois les comparaisons transversales. On peut ainsi voir au tableau 3.7, qui présente une comparaison 1986-2006 pour les principaux ports du Northern Range, que le spectaculaire essor de la conteneurisation évoqué plus haut doit être relativisé, car il s’est accompagné d’un appauvrissement qualitatif généralisé du trafic des diverses conventionnelles qui a été fortement cannibalisé. Il apparaît que la croissance d’ensemble des trafics bruts et pondérés est remarquablement similaire, avec + 77.0 % d’un côté et + 74,1 % de l’autre, mais avec de sensibles différences d’un port à l’autre. Seuls Rotterdam et Flessingue/Terneuzen ont vu leur structure qualitative s’améliorer significativement, leur croissance en tonnages pondérés étant sensiblement supérieure à celle en tonnages bruts, ainsi qu’il apparaît au tableau 3.8. Par contre, la conteneurisation a quelque peu appauvri, relativement parlant, des ports comme Anvers, Hambourg, Amsterdam/IJmuiden ou Zeebrugge, ce qui s’explique par la part plus faible des diverses conventionnelles au fil des ans. Pour les autres ports, un quasi statu quo qualitatif s’observe, leur croissance en termes de tonnages bruts n’étant pas – ou étant peu – différente de leur croissance en tonnages pondérés. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 40 Rotterdam Anvers Hambourg Brême/Bremerhaven Amsterdam/IJmuiden Zeebrugge Calais Dunkerque Le Havre Flessingue/Terneuzen Gand Rouen Wilhelmshaven Total Rangée Tableau 3.7. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic pondéré des ports du Northern Range (en millions de tonnes pondérées) 1986 1991 1996 2001 54.2 59.9 69.8 71.5 37.9 40.0 41.9 47.1 19.2 20.3 24.2 27.5 12.7 13.7 13.2 18.6 13.5 11.4 16.2 18.4 10.7 15.8 17.3 19.7 3.4 5.5 8.1 12.9 8.1 8.0 8.5 10.9 8.4 10.6 11.6 13.3 4.9 6.2 7.6 9.2 7.9 6.7 6.0 8.6 5.4 4.7 4.4 5.3 1.9 1.8 3.6 4.0 188.2 204.6 215.1 267.0 2006 87.0 58.4 40.8 26.0 22.3 20.3 14.7 14.2 13.4 12.6 8.8 5.2 4.3 327.7 Source : Pour 2006, cf. le tableau 3.6 ; pour les années antérieures, une méthodologie identique a été mise en oeuvre Hambourg Brême/Bremerhaven Wilhelmshaven Amsterdam/IJmuiden Rotterdam Flessingue/Terneuzen Anvers Gand Zeebrugge Dunkerque Calais Le Havre Rouen Total Rangée Tableau 3.8. – Evolutions 1986-2006 comparées des tonnages bruts et pondérés des ports du Northern Range Tonnages bruts Tonnages pondérés + 144.5 % + 120.0 % + 120.7 % + 105.1 % + 166.6 % + 130.6 % + 89. 7 % + 65.2 % + 46.2 % + 60.4 % + 105.3 % + 154.5 % + 83.7 % + 54.0 % - 0.1 % + 10.6 % + 130.1 % + 88.9 % + 74.9 % + 74.3 % + 304.8 % + 332.3 % + 56.3 % + 59.9 % + 5.9 %. - 3.8 % + 77.03 % + 74.1 % Evolutions calculées d’après les chiffres bruts et pondérés des tableaux précédents 3.3.2. Quelques exemples de redéveloppement portuaire Les urbanistes ont presque toujours soutenu l’idée selon laquelle une fois le déclin d’un port amorcé, le processus devient irréversible et oblige en définitive à réintégrer efficacement les territoires libérés dans l’ensemble du tissu urbain de la ville, souvent dans un contexte de gentrification. Ces territoires marquent alors des nouvelles frontières urbaines. Nous défendrons ici une vision inverse qui consiste à les envisager comme des nouvelles frontières portuaires, à une époque où, comme démontré quantitativement à la section précédente, l’on s’attend à une augmentation considérable du trafic dans de nombreux ports alors que les opportunités d’aménagement de nouveaux sites se font de plus en plus rares (et de plus en plus coûteuses). En d’autres termes, au lieu d’abandonner certains secteurs où le trafic maritime s’est amoindri ou est devenu inexistant, nous proposons de les reconquérir. Nous expliquerons qu’il est possible de développer une autre approche de ces « espaces redondants », d’autant plus que les secteurs des anciens docklands, tout comme l’énergie fossile, peuvent être assimilés à des ressources non renouvelables et constituer un patrimoine. Comme ces ressources ne sont pas renouvelables, il est important de définir si le déclin de la (des) fonction(s) portuaire(s) peut Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 41 être stoppé par des investissements appropriés. Autrement dit, l’on doit d’abord s’attacher à déterminer si ces espaces redondants à l’interface ville-port peuvent encore représenter un potentiel maritime ; si et seulement si ce n’est pas le cas, les espaces convoités pourront alors être cédés pour satisfaire les besoins de la ville (même si ces besoins sont souvent légitimes, nous estimons que les urbanistes ont davantage le choix du fait qu’ils sont soumis à moins de contraintes spatiales que les aménageurs portuaires). De la même façon que les spécialistes de l’aménagement portuaire ne sont pas les personnes les plus qualifiées pour faire des propositions en matière de redéveloppement urbain, les urbanistes ne sont pas les personnes les plus qualifiées (ni les plus neutres) pour déterminer que ces espaces n’ont plus d’avenir au sein du port. À plus forte raison que les besoins des ports modernes ne se résument pas exclusivement à la création de postes à quai en eau profonde ou à la construction de gigantesques terminaux excentrés destinés à accueillir les navires gros porteurs, même si la « révolution maritime » a eu un formidable impact sur le développement des ports modernes. Il est toutefois important de clarifier ici un autre point : bien que les arguments présentés ici peuvent sembler peser en faveur de la poursuite de l’utilisation (ou du renouvellement) des installations portuaires, notre propos n’est pas de dire que les secteurs portuaires relativement anciens peuvent continuer à fonctionner indéfiniment (au moins en ce qui concerne les navires de haute mer, leur nombre pouvant être réduit en faveur de la navigation intérieure). Néanmoins, des investissements bien ciblés peuvent permettre de réaliser une modernisation efficace qui, pendant une durée de vingt ou trente ans, facilitera largement l’exploitation des ports, en particulier pour ce qui est des opérateurs et des usagers les moins importants qui n’ont tout simplement pas les moyens d’accéder aux installations modernes à grande échelle en dehors de l’interface ville-port. Il est possible d’identifier deux types de programmes de redéveloppement portuaire : d’une part, les programmes relativement légers concernant les marchandises sèches non conteneurisées, qu’elles concernent les vracs solides secondaires, les marchandises conventionnelles (y compris le néo-vrac) ou le transport roll-on/roll-off (y compris les véhicules automobiles, neufs ou d’occasion) ; d’autre part, les programmes à plus grande échelle conçus pour le trafic conteneurs qui peut comprendre des opérations logistiques et du transport intermodal pour lesquels les besoins en espace sont plus élevés. C’est pourquoi cette sous-section se divisera en deux parties. La première sera consacrée aux terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées et la seconde aux terminaux conteneurs. Nous n’évoquerons guère ici les terminaux de croisière et/ou ferry largement traités à la section 3.2.1. a) Les terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées Diverses raisons ont poussé les ports du Benelux à développer des initiatives pionnières dans les années 1990. L’une d’elles est le fait que le financement public consacré au développement des ports étant insuffisant, les autorités portuaires ont dû envisager une solution adaptée, peu coûteuse et rapide pour résoudre certaines difficultés auxquelles elles étaient confrontées. Même si cette situation semble relever du pis aller, ce choix s’est finalement avéré efficace pour résoudre les problèmes de capacité notamment dus, à l’époque, à l’absence de regroupement significatif entre les opérateurs de terminaux. Le tout premier à se lancer dans cette voie a été le port de Gand, un port maritime belge de taille moyenne situé à l’extrémité sud d’un canal maritime qui s’étend au nord jusqu’à Terneuzen, sur le territoire hollandais (les ports de Terneuzen et de Flessingue, situé de l’autre côté de l’Escaut, opèrent désormais sous le nom de Zeeland Seaports). L’objectif à long terme de l’autorité portuaire de Gand était (et il l’est toujours) d’élargir et de creuser le canal pour l’adapter aux dimensions des navires de type et capesize (plutôt que panamax), et de construire une grande écluse à Terneuzen ainsi qu’un bassin de la même taille à Gand : le bassin de Kluizen. Il est assez surprenant de savoir que ces aménagements sont partiellement utilisés depuis quelques années alors que le canal lui-même et son écluse d’accès n’ont pas encore été portés aux nouvelles dimensions. Toutefois, dans la mesure où la capacité du port était devenue insuffisante, même si son trafic n’était pas aussi dynamique que dans les autres ports, l’autorité portuaire de Gand a lancé un programme d’aménagement dans le secteur du Grand Bassin que d’autres auraient peut-être choisi d’abandonner. En bref, la morphologie du site a été laissée telle quelle (ce qui avec le recul s’est avéré être une erreur car la Darse centrale aurait dû être remblayé afin d’augmenter l’espace disponible pour les activités de stockage et de logistique) et l’on a procédé au dragage du site et à la construction des murs de quai correspondant à quelques mètres en avant des anciens. L’accessibilité nautique du site (auparavant réservé aux navires Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 42 n’excédant pas 10 000 tonnes de port en lourd) a ainsi pu être étendue aux navires panamax et l’élargissement du goulet qui donne accès au canal maritime (qui permet aux navires panamax d’accéder au bassin Siffer depuis la fin des années 1960, époque où ont également été construits les bassins de Rodenhuizen et Mercator, anciennement connu sous le nom de bassin aux pétroles) y a également contribué. Le secteur sélectionné pour la rénovation a été construit en plusieurs étapes entre 1900 et 1930 et englobe une zone située autour du Grand Bassin comprenant trois petits bassins intérieurs adjacents. Il est intéressant de noter que ce secteur présente une ressemblance frappante avec le quartier des docks de Salford qui se trouve à l’extrémité supérieure du canal maritime de Manchester, aujourd’hui complètement abandonné et cédé à des fins d’expansion urbaine, comme indiqué à la section 3.1. En plus du creusement des bassins et de la construction de murs de quai correspondants, les superstructures portuaires ont été adaptées pour fonctionner de manière plus efficace et être gérées par un nombre réduit d’opérateurs dont les concessions ont fait l’objet d’une restructuration visant à améliorer l’efficacité de la manutention et du stockage des marchandises (en particulier en ce qui concerne le vrac solide secondaire et les marchandises conventionnelles). Ailleurs en Belgique, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que la ville d’Anvers inscrive à l’ordre du jour la rénovation des secteurs portuaires les plus anciens. Cependant, le succès flagrant remporté par la stratégie de redéveloppement du port de Gand a incité l’autorité portuaire d’Anvers à mettre au point des programmes similaires pour le site du Bassin Albert et ses trois darses adjacentes. Les installations dataient d’avant la Première guerre mondiale et, comme à Gand, les travaux réalisés ont entraîné d’importantes opérations de dragage (Bassin Albert et Troisième Darse) ainsi que la construction de plusieurs murs de quai, ouvrant ainsi les terminaux dédiés aux vracs solides (engrais principalement) aux navires panamax dont la taille est deux fois supérieure à la limite antérieure. Parallèlement, l’ancien accès via le Bassin Léopold a été remplacé par un itinéraire plus pratique qui passe par la Cinquième Darse et le bassin des Amériques grâce à l’aménagement d’une liaison qui les relie entre eux et d’un virage plus large entre les bassins des Amériques et Albert. Alors que la Deuxième Darse est restée en l’état (avant d’être éventuellement remblayée ultérieurement), la Première Darse ainsi qu’un bassin intérieur de batellerie ont été remblayés à l’aide de matériaux de dragage de façon à laisser plus d’espace disponible aux marchandises conventionnelles et aux activités logistiques. Ce processus de remblaiement témoigne que le redéveloppement réalisé ici a franchi une étape supplémentaire par rapport aux ports de Gand ou d’Ostende et des exemples similaires seront donnés plus loin concernant Rotterdam, Amsterdam et Hambourg. Parallèlement, la révision de plusieurs concessions et la fusion d’entreprises de manutention ont fait du paysage portuaire un espace mieux adapté à la spécialisation des terminaux. Même si la taille des entreprises a augmenté au cours du processus, elles restent des petites structures par rapport aux géants du secteur, d’autant plus que les entreprises belges les plus importantes ont été rachetées par des géants étrangers encore plus gros. L’opportunité qui leur a été offerte de rester au sein du complexe du Bassin Albert les a dispensées de la nécessité de devoir s’installer plus en aval sur des sites plus spacieux et plus accessibles de la rive droite de l’Escaut mais aussi extrêmement onéreux, ou pire, de devoir élire domicile sur la rive gauche souvent hors de portée pour les petites et moyennes entreprises. Il s’agit là d’un élément primordial, que les autres ports ont parfois tendance à négliger, d’autant plus que ces petites et moyennes entreprises sont l’un des facteurs du succès d’Anvers dans le secteur des vracs secondaires et des marchandises conventionnelles, à l’heure où les autres ports tendent à délaisser les créneaux spécialisés pour mettre tous leurs œufs dans le panier de la conteneurisation. Ce type de redéveloppement portuaire a également été appliqué, avec succès, à la fin du 20ème siècle ainsi que ces dernières années à Ostende, le plus petit port maritime belge, cette fois dans le but de permettre l’aménagement d’un équipement exclusivement dédié au transport roulier dans la partie nord du port. Ces équipements se situent face au terminal de croisière et remplacent un ancien terminal ferry / passagers. Il existait à cet endroit un petit bassin intérieur destiné à la maintenance des ferries de l’ancienne ligne Ostende-Douvres avant l’arrêt de l’exploitation au milieu des années 1990 (suite à l’ouverture du tunnel sous la Manche). En plus des travaux d’élargissement et de creusement, le Zeewezendok a également été transformé en bassin de marée et son écluse détruite pour permettre le fonctionnement d’une ligne de navires rouliers à fort tirant d’eau. Étant donné que ce bassin se trouve à proximité d’un port de pêche peu actif déjà aménagé et disposant d’un bassin intérieur, il était à craindre que la partie nord du port maritime d’Ostende soit délaissée par le trafic Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 43 commercial et l’industrie de la pêche et que l’espace libéré soit utilisé pour la construction d’une marina et de logements, les pressions exercées pour la mise en place de ce type de programme tout le long du littoral belge étant très fortes. Cependant, les autorités de la ville d’Ostende (indirectement en charge du développement commercial du port) s’y sont opposé et ont préféré s’atteler au redéveloppement du Zeewezendok et des zones environnantes (comprenant une base navale abandonnée) à des fins commerciales. La transformation des bassins intérieurs en bassins de marée est souvent considérée comme une condition sine qua non à leur adaptation au cabotage roulier. Suite à la réussite de cette initiative menée sur une petite échelle à Ostende, l’on envisage de mettre sur pied un programme beaucoup plus vaste dans le but de redévelopper l’ensemble de l’ancien port de commerce intérieur de Zeebrugge, aujourd’hui en majeure partie abandonné. Le projet entraînera la destruction de l’actuelle écluse Vissart, la création d’une séparation transversale sur le petit canal maritime qui rejoint Bruges et la transformation de toute la partie intermédiaire en bassin de port moderne, ce qui permettra d’économiser de l’espace en eau très profonde dans le nouvel avant-port, pour le destiner au transport roulier européen pour lequel une profondeur d’environ 10 mètres sera amplement suffisante dans cette partie aménagée du port. Ici encore, cette réalisation va se faire au détriment d’un projet d’aménagement de marina malgré une pression locale plus forte qu’à Ostende et en dépit du vif succès remporté par les opérations d’aménagement touristique menées sur le site de l’ancien port de pêche à proximité. Qui plus est, dans la mesure où le nouveau port de pêche a été déplacé vers cette partie de l’ancien port intérieur quasiment abandonnée, son développement en bassin de marée serait extrêmement appréciée par les pêcheurs locaux qui perdent actuellement beaucoup de temps à passer l’une des deux écluses pour rejoindre la mer ou vice versa. Au moment où des opérations d’aménagement portuaire à grande échelle étaient réalisées à Anvers, des programmes similaires ont vu le jour à Rotterdam, l’autorité portuaire ayant adopté une approche plus directive destinée à restructurer le système des concessions en encourageant la fusion des entreprises de manutention. Il est de notoriété publique que le port néerlandais s’est placé au premier rang européen (et il se situait également au premier rang mondial avant l’émergence des géants asiatiques comme Singapour et maintenant Shanghai) grâce à la recherche permanente d’économies d’échelle, particulièrement dans le domaine des postes à quais en eau profonde pour les superpétroliers, les grands vraquiers et les porte-conteneurs overpanamax. Cette politique a entraîné de spectaculaires opérations de développement dans le Port ouest (la partie du port construite après 1945) comprenant les projets du Botlek, de l’Europoort et de la Maasvlakte I, la Maasvlakte II se profilant maintenant à l’horizon. L’ampleur du développement des installations portuaires a inévitablement conduit à une large délocalisation des activités en aval de la rivière, vers des sites en eau profonde pour les navires et vers davantage d’espace pour les terminaux, ce qui s’est traduit par l’abandon de plusieurs anciens secteurs de bassins situés plus en amont sur les deux rives du Rhin. Dans la plupart des cas, ces plans d’eau peu profonds et superflus ont été rachetés par les autorités municipales (certains ont été remblayés) en vue d’y établir des logements sociaux ou, comme récemment et ainsi qu’on l’a vu plus haut, pour permettre l’agrandissement du Central Business District de Rotterdam sur la rive gauche (le « Kop van Zuid » qui signifie « pointe du sud »). Cependant, l’abandon des secteurs portuaires les plus anciens s’est vu limité par deux facteurs, comme l’indiquent Pinder & Rosing, 1988 : d’une part, le succès remporté par la navigation intérieure (domaine dans lequel Rotterdam est de loin le plus grand port européen), ce qui signifie que certains bassins, qui seraient sinon tombés en désuétude, peuvent toujours être utilisés pour satisfaire la demande en postes d’accostage pour barges (que ce soit à des fins de maintenance ou de stationnement) ; d’autre part, et notamment en ce qui concerne les ports du début du 20ème siècle, l’autorité portuaire a encouragé les usagers portuaires à se moderniser in situ plutôt qu’à se déplacer vers l’aval. Ce deuxième facteur est révélateur du fait que le port cherche, de plus en plus, à prévenir une pénurie de terrains qui pourrait survenir dans un avenir proche. Le site des Vierhavens-Meerwehaven, construit entre 1910 et 1930, a été le premier concerné par un programme de redéveloppement portuaire à grande échelle. Il est le seul ensemble de bassins de la rive droite que l’on a décidé de conserver à l’intérieur des limites de la ville de Rotterdam (à l’exception du port distinct de Vlaardingen, qui se trouve plus à l’ouest, où une autre ancienne zone portuaire vient de subir des opérations d’aménagement pour l’adapter au transport roulier). La caractéristique la plus marquante de cette politique portuaire est le fait que le port a été conçu pour devenir un site hautement spécialisé, ce qui implique le déplacement de nombreuses activités Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 44 existantes et qui souligne le fait que les stratégies de redéveloppement portuaire doivent éviter de verser dans le passéisme et ne pas se contenter de chercher à préserver le maintien du status quo car les technologies ont évolué et le bon vieux temps est bel et bien dernière nous ! Pour ce qui est de cet exemple précis, la transformation du site en terminal de rang mondial spécialisé dans les produits alimentaires a impliqué, dans un premier temps, la délocalisation (souvent couplée à leur restructuration) des entreprises polyvalentes en matière de manutention de marchandises diverses. Dans un deuxième temps, la zone a été transformée en complexe portuaire et logistique dans lequel se sont concentrés de nombreux représentants du secteur des denrées alimentaires (fruits frais, jus de fruit, légumes, viande, poissons et produits laitiers frais et congelés). Dans une certaine mesure, les usagers en ont tiré les avantages généralement liés au fait de ne plus se trouver sur un site mal adapté ou ayant mauvaise réputation. Au-delà, la mise en place de ce concept doit beaucoup à l’idée selon laquelle les activités du nouveau port spécialisé bénéficieraient d’économies d’échelle et de services spécialisés qu’il n’était pas rentable ou très onéreux de dispenser à des entreprises éloignées les unes des autres. De toute évidence, le modèle de base qui consiste à associer le redéveloppement portuaire à une évolution vers une spécialisation par secteur pourrait s'étendre à de nombreux autres domaines et il présente un potentiel d’application dans de nombreux ports. Le terme n’était pas utilisé à l’époque mais on parlerait aujourd’hui de clusterisation (processus de formation de clusters), notion qui englobe la spécialisation des équipements de manutention portuaire, même si elle ne constitue que la partie émergée de l’iceberg. Un programme similaire a été envisagé sur la rive sud du secteur du Waalhaven qui prévoyait là aussi la création de nombreux terre-pleins de stockage, cette partie du port ayant été construite au début du 20ème siècle comme zone de transfert direct entre les navires et les barges du Rhin et comprenant, en son milieu, un vaste plan d’eau qui abrite des bouées d’amarrage (une structure encore très utilisée comme poste de mouillage des porte-barges Rotterdam-Nouvelle Orléans). Le programme n’a finalement pas été mis en œuvre car il semble que l’intérêt de l’autorité portuaire de Rotterdam pour le transport des marchandises générales non conteneurisées soit aujourd’hui moindre et aussi parce que la pression exercée par la ville pour disposer de davantage d’espace s’est renforcée suite au succès remporté par le programme de redéveloppement urbain de Kop van Zuid sur la même rive du Rhin, à quelques kilomètres en amont. L’abandon du programme peut également apparaître comme une sorte de compensation à la mise en place du vaste projet Maasvlakte II construit en mer, même si l’on peut se demander si le nombre de bassins du secteur du Waalhaven repris par la ville n’est pas un peu excessif et même si d’autres considèrent que l’usage de ce site devrait plutôt se limiter au cabotage ou au transport fluvial intra-européen plutôt qu’à la navigation hauturière. Par ailleurs, à l’ère du transport écologique depuis et vers l’hinterland, la structure de ce complexe portuaire qui comprend de nombreux plans d’eau est tout à fait adaptée à la relance de la circulation des bargettes de navire sur le réseau du Rhin. Les bargettes peuvent remplacer le transport ferroviaire et routier et elles seraient parfaitement compatibles, du fait que les manœuvres pour rentrer et sortir les bargettes du type LASH ou BACO des navires mères s’effectuent pratiquement sans bruit, avec la construction de bureaux et même de logements le long des jetées du secteur ouest du Waalhaven, dans l’éventualité où la ville s’étendrait jusque là. Cet exemple constitue l’une des rares mises en œuvre du concept de « waterfront actif » pouvant allier transport de haute mer et extension du tissu urbain. Parallèlement, le port d’Amsterdam illustre un autre exemple de mise en œuvre de cette stratégie de redéveloppement portuaire des anciens bassins qui accueillent un nombre décroissant de navires de haute mer. Le programme concerne un secteur situé entre le Mercuriushaven et le service de traversier du Hempont traversant le canal de la Mer du Nord (figure 3.46). D’une part, selon la technique classique, des petits bassins ont été remblayés pour servir d’espace de stockage (le Houtveemkanaal, les Havenkoms B, D et E dans le Coenhaven de même qu’à l’extrémité est du Jan van Riebeeckhaven), et les entreprises locales ont gagné de l’espace pour y installer de nouveaux équipements au lieu de devoir migrer dans la partie ouest du port. D’autre part, dans les « secteurs récupérés », des terrains que les concessionnaires précédents n’avaient pas su exploiter comme il convient ont été utilisés selon une approche réfléchie également suivie à Rotterdam. Des exemples à grande échelle de zones « recyclées » comme celles-ci peuvent être cités sur la rive sud du Vlothaven ainsi que sur les rives nord du Reiniershaven et du Sonthaven (ce dernier faisant actuellement partie du Westhaven, le complexe de bassins le plus moderne). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 45 Figure 3.46 – Opérations contemporaines de redéveloppement portuaire au port d’Amsterdam, avec d’une part les aires remblayées (former docks) et d’autre part les concessions récupérées (take back areas) © Port of Amsterdam Comme l’indique l’ensemble des exemples ci-dessus, ces nouveaux espaces ont été ou seront destinés au transport non conteneurisé même si certaines zones recyclées sont spécialisées dans le trafic conteneurs, ces derniers cas suscitant actuellement davantage l’intérêt des professionnels portuaires. b) Les terminaux à conteneurs La réalisation d’un terminal à conteneurs moderne requiert un ensemble de conditions : disposer d’un bon accès à la mer et de quais en eau profonde pour accueillir les navires mères de dernière génération, un large espace de terre-pleins destiné au stockage des conteneurs et des liaisons vers l’hinterland d’excellente qualité (routières et ferroviaires, ainsi que fluviales pour la navigation intérieure des barges lorsque cela est possible). Un autre facteur intéressant est celui de l’existence de terrains supplémentaires sur le site même ou à proximité pour recevoir les équipements logistiques, ce qui, associé à la présence de terminaux conteneurs, est aujourd’hui considéré comme un plus dans le processus de sélection d’un site. Le port de Hambourg illustre l’exemple le plus caractéristique en matière d’aménagement de terminaux à conteneurs sur des sites abandonnés en raison du fait que sa géographie politique ne lui permet pas de s’étendre en dehors des limites de la ville-État de Hambourg. Bien évidemment, des nouveaux sites ont été récemment aménagés au sein de la ville-État où il existait encore des terrains disponibles, y compris le Container Terminal Altenwerder (CTA) situé sur la rive ouest du secteur sud de l’Elbe. L’agrandissement du terminal est à l’ordre du jour et il reste encore de l’espace disponible, plus au sud, pour l’aménagement d’encore un nouveau terminal dans la zone de Moorburg (CTM) (soit le long de la rivière comme pour le CTA ou bien sur les deux côtés opposés d’un bassin qui serait creusé pour accroître l’espace d’amarrage). L’éventualité de cette expansion est toutefois assez controversée étant donné que le secteur comprend quelque 1 000 habitants. Il ne fait aucun doute que si ce terminal d’une capacité de 3 à 3,5 millions d’EVP est un jour construit, il ne sera pas ouvert avant une période allant de 12 à 15 ans dans la mesure où la mise en place de tels changements radicaux dans l’usage des terrains est un processus de longue haleine du point du vue de l'aménagement à l’échelle locale et nationale, tel que nous l’avons indiqué dans le cas d’Altenwerder. C’est la raison pour laquelle l’expansion de la capacité du port de Hambourg en termes de traitement de conteneurs se réalisera principalement sur des terrains abandonnés, dans la poursuite logique d’une longue tradition. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 46 Figure 3.47 – Terre-pleins gagnés au port de Hambourg par remblaiement d’anciens bassins portuaires entre 1962 et 2005 © Hamburg Port Authority Comme le montre la Figure 3.47 le port hanséatique a coutume de remblayer les bassins depuis très longtemps ; la partie ouest du port a été la première concernée, puis les parties centrale et orientale. Dans la partie ouest (le secteur de Kleiner Grasbrook plus précisément), l’on a d’abord procédé au remblaiement de deux ensembles de deux bassins se trouvant de chaque côté du port afin de les adapter aux transports conventionnel et roulier et d’obtenir une vaste superficie consacrée aux équipements logistiques. Les remblaiements suivants ont été effectués pour faciliter le trafic conteneurs que nous aborderons en détails dans ce chapitre, conférant au port de Hambourg le caractère unique qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui. La raison qui justifie ce qui précède est la croissance spectaculaire que l’on prévoyait à l’époque pour le port de Hambourg en termes de trafic conteneurs. Comme indiqué à la section 3.3.1, le trafic est passé de 10,2 à 31 millions de tonnes entre 1986 et 1996, avant d’atteindre 89,5 millions de tonnes en 2006, ce qui représente 8,9 millions d’EVP tandis que la capacité des terminaux existants s’élève à environ 9,1 millions d’EVP. Afin de faire face à une croissance de la demande, estimée à au moins 18 millions d’EVP à l'horizon d'une dizaine d'années, l’autorité portuaire de Hambourg a mis en oeuvre une politique radicale visant à accroître ses équipements actuels et à transformer ses terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées en terminaux à conteneurs (activités logistiques, équipements et liaisons, en particulier ferroviaires, avec l’hinterland adaptées). Alors que les terminaux conteneurs d’Altenweder (récemment construit) et Moorburg (à construire) concernent des secteurs de la ville-État peu peuplés et situés loin au sud, toutes les opérations d’aménagement mentionnées ci-dessus effectuées sur des terrains abandonnés se sont déroulées sur la rive gauche de l’Elbe et dans le secteur nord du Port Franc, juste en face de la ville, et s’étendent d’Altona à Othmarschen sur des zones comptant des milliers d’habitants installés à quelques centaines de mètres des terminaux existants ou à construire (figure 3.48). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 47 Figure 3.48 – Expansion des capacités conteneurisées hambourgeoises © Hamburg Port Authority Même si certains habitants commencent à se plaindre et demandent, en ayant peu de chances d’être entendus, que les activités se réduisent un tant soit peu au moins la nuit et pendant les week-ends, l’autorité portuaire de Hambourg n’a d’autre choix que d’exécuter les programmes d’expansion détaillés ci-dessous si elle souhaite que le port conserve son leadership dans le domaine des conteneurs (étant donné que le terminal de Moorburg ne résoudrait que partiellement le problème et que Hambourg n’est pas impliquée dans le projet JadePort de Wilhelmshaven mentionné ci-dessus). Les programmes d’extension de capacité concernent deux ensembles de terminaux dotés chacun d’équipements indépendants. Le premier ensemble se trouve dans la partie la plus occidentale du port, dans la zone de Walterhof, à proximité du Bassin Walterhof, où la logique impose que les équipements existants (des anciens terminaux de marchandises conventionnelles ayant déjà subi des transformations) soient développés. Le deuxième ensemble est situé dans la partie centrale du port, à proximité de l’avant-port (Vorhafen), dans un ancien complexe portuaire conventionnel. Il convient de mentionner ici que tous les bassins portuaires de Hambourg sont des bassins de marée (à l’exception d’un ancien petit complexe éclusé à Harburg) et que l’amélioration de l’accessibilité aux navires de mer (de 13,5 à 14,5 m) constitue un autre volet du défi que l’autorité portuaire se doit de relever. La logique veut que l’on cherche à accroître la capacité du secteur du Walterhof où les deux terminaux conteneurs existants, des anciens équipements pour marchandises conventionnelles, ont déjà été transformés. Le premier concerné serait le Container Terminal Burchardkai (CTB), dont la capacité devrait être multipliée par deux pour passer de 2,6 à 5,2 millions d’EVP sans qu’il soit nécessaire de remblayer d’autres bassins voisins (comme cela s’est déjà produit pour le Bassin Meekenwerder). Sur la rive opposée du Bassin Walterhof, la capacité du terminal à conteneurs Eurogate (où le Bassin Griekenwerder a déjà été remblayé) va passer de 2,8 à 4, puis à 6 millions d’EVP. Le dernier chiffre sera atteint grâce au remblaiement de l’actuel bassin pétrolier et à la construction d’un mouillage d’une longueur de 410 mètres le long de l’Elbe (juste en face du quartier d’Othmarschen sur la rive droite de la rivière où les premières habitations se trouveront à une distance d’environ 700 mètres sans zone tampon). Toutefois, comme l’indique le Tableau 3.9, ces aménagements ne suffiront pas pour atteindre l’objectif fixé à 18 millions d’EVP et la construction de deux autres terminaux sera nécessaire pour atteindre la capacité voulue. Les deux terminaux se trouvent dans la partie centrale du port et occupent chacun une rive du complexe de l’avant-port. Le premier, le Container Terminal Tollerort Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 48 (CTT) fonctionne déjà à une capacité réduite (1 million actuellement puis 2 et enfin 3,5 millions d’EVP) ; deux anciens bassins (aux Charbons et Vulcain) ont été remblayés dans le secteur et les opérations doivent être poursuivies pour la construction d’un mur de quai continu (figure 3.49). Figure 3.49 – Restructuration du Container Terminal Tollerort au port de Hambourg © Hamburg Port Authority Actuelle Estimée (min) Estimée (max) Tableau 3.9. – Capacité actuelle (2007) et programmée (2017) des terminaux à conteneurs de Hambourg (M d’EVP) CTA CTB CTE CTT 2,7 2,6 2,8 1,0 3,0 5,2 4,0 2,0 3,0 5,2 6,0 3,5 Les opérations d’aménagement les plus difficiles à mettre en œuvre concerneront l’autre rive, la partie sud de l’avant-port, où la construction du Container Terminal Steinwerder (CTS), d’une capacité de 3,5 millions d’EVP, devrait s’achever entre 2015 et 2016. Son agencement sera amélioré grâce à la démolition de trois péninsules et au remblaiement de deux bassins (Ellerholz/Odder et Trave) ainsi que d’une partie d’un troisième bassin (Kaiser-Wilhelm). Aucun dragage supplémentaire ne sera utile mais il faudra aménager un nouveau cercle d’évitage (commun au CTT et au CTS) au milieu de l’avant-port de sorte à pouvoir accueillir les porte-conteneurs géants comme dans les CTA/CTB/CTE (Figure 3.50). En particulier dans cette zone, des emplacements alternatifs doivent être définis au sein du port à l’intention des usagers polyvalents des équipements actuels et une bonne liaison ferroviaire doit être prévue. Figure 3.50 – Restructuration en profondeur prévue à Hambourg pour la construction du Container Terminal Steinwerder © Hamburg Port Authority Guide des bonnes pratiques CTS 0,0 3,5 3,5 Total 9,1 17,7 21,2 Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 49 Si le projet Port 2020 est finalement autorisé, Le Havre illustrera un autre exemple de redéveloppement portuaire en matière de traitement de conteneurs. Le port français dispose de beaucoup d’espace pour aménager des nouveaux sites dans son récent port intérieur situé le long du canal maritime. Cet emplacement ne semble toutefois pas satisfaire les principales compagnies de navigation maritime, à moins que ne soit construite une deuxième grande écluse. Etant donné que Port 2000 utilisera l’ensemble des derniers espaces disponibles sur l’avant-port (avec la construction en plusieurs phases de pas moins de 12 postes à quai dans le dernier secteur disponible de l’estuaire de la Seine), la seule possibilité supplémentaire d’extension de capacité est un site désormais peu utilisé (figure 3.51) situé entre le Bassin Théophile Ducrocq (dans ledit avant-port) et le Bassin Bellot (dans l’ancien port intérieur). Celui-ci ne peut être aménagé en terre-plein dans la mesure où il permet aux barges qui circulent entre Rouen et Paris de rejoindre le canal de Tancarville ; sa partie sud devant permettre aux barges et aux feeders européens de rejoindre l’ancien avant-port par l’écluse Quinette de Richemont. Une question reste cependant ouverte concernant la proximité des quartiers sud de la ville du Havre : la rive nord du Bassin Bellot (actuellement occupée par des installations frigorifiques) est une zone tampon bien précaire, surtout que des programmes d’expansion urbaine sont déjà prévus dans cette partie du port. Si ces programmes voient le jour, aucun logement ne pourra y être construit et, même si cette solution n’est pas idéale, la construction de murs écrans sera incontournable sur la rive du Bassin Bellot où les bâtiments seront construits ou rénovés. Figure 3.51 – De port 2000 (opération de type bluefield) à port 2020 (opération de type brownfield), de façon à augmenter encore les capacités de traitement de conteneurs au Havre © Port Autonome du Havre Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 50 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 51 4. Les situations locales de chaque partenaire GDANSK: QUELLE MIXITE VILLE PORT POUR UN DEVELOPPEMENT MUTUEL GAGNANT ? Située sur la côte Sud de la Mer Baltique, dans la Baie de Gdansk, la ville millénaire de Gdansk est la capitale maritime de la Pologne. Près d'un demi million de personnes y habitent, et Gdansk est également la capitale la province de Poméranie et un centre administratif important. C'est enfin une ville très dynamique sur les plans économique, culturel, scientifique et universitaire et l'une des premières destinations touristiques en Pologne. Ces deux dernières décennies le secteur privé est devenu prédominant dans la structure de l'économie de la ville. La construction navale, la pétrochimie, les industries chimiques et de l'alimentation sont certes toujours les piliers des activités de Gdansk, mais la part du secteur des technologies de l'information, de l'électronique, des télécommunications, des industries pharmaceutiques ou encore l'industrie cosmétique progresse régulièrement. Par son passé hanséatique Gdansk a joué un rôle majeur dans les relations commerciales entre l'Europe du Nord et de l'Ouest, ainsi que pour les pays d'Europe centrale et de l'Est. C'est par ailleurs le port de la Mer baltique hors glace le plus profond. Cet atout et sa localisation géographique sont autant d'arguments sur lesquels les autorités du port s'appuient pour faire de Gdansk un centre de distribution pour la Pologne, la région baltique et les pays d'Europe centrale et de l'Est. Il constituera également un élément clé du Corridor trans-européen de transport n°6 qui connectera Gdansk avec l'Europe du Sud (principalement les régions de l'Adriatique et de la Mer noire). Le Port de Gdansk, tout le potentiel pour devenir un hub La Port of Gdansk Authority SA est une société dont 80% des parts sont détenues par le Trésor public polonais. La Ville de Gdansk n'est actuellement présente qu'à hauteur de 2%, mais sa participation pourrait être portée à 34%. 23,3 millions de tonnes ont été traités en 2004, ce qui en fait le plus grand port polonais en terme de tonnage. Ce trafic inclue 11,8 millions de tonnes de liquides (pétrole brut provenant essentiellement de Russie par pipeline, et autres produits pétroliers), 5,9 millions de tonnes de charbon (acheminé par rail depuis la Silésie), 3,1 millions de tonnes pour les autres vracs secs dont 2,5 millions de tonnes de marchandises diverses (seulement 44000 TEU's, le port voisin de Gdynia étant la porte d'entrée en Pologne du conteneur). Ces dernières années la croissance du trafic a été très soutenue, témoignant de la réussite de la transition de l'économie polonaise (+9,5 % de 2004 par rapport à 2003 pour le trafic total ; +11,5 % pour les diverses et même plus de 94 % pour le conteneur). Le port couvre une superficie totale de 3000 ha. dont 653 ha de surface effectivement en activité. Il comporte 2 parties dont l'histoire et les caractéristiques sont très différentes : le Port Intérieur, implanté en bordure de la Vistule et du Canal portuaire qui accueillait déjà du trafic il y a une centaine d'années. D'une profondeur maximale de seulement 10,2 m. (en son entrée et sur certains secteurs comme le Gorniczy Dock), les activités portuaires y occupent 281 ha. ; Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 52 1. Port Free Zone 1 11 2. Ferry Terminal 10 2 3. General cargo 3 3 4. General cargo, grain, bentonite 5. Containers 4 6. Malt, medical and technical gases 5 7. Phosphates, salt, soda, syenite 9 8 8. Fertilizers, phosphates, molasses, sulphuric acid 9. Coal, ore, timber 7 10. Liquid and dry bulk sulphur 6 11. General cargo, timber, ro-ro Carte N°1 - The Inner Port © Port of Gdansk Authority - le Port Nord : implanté à l'Est de la ville, il a été construit après la seconde guerre mondiale. Plus profond (15 m.) et plus grand (372ha), il comporte trois jetées (une pour le pétrole connecté au pipeline vers la Russie et à une raffinerie toute proche), une pour le charbon et une pour les LPG. Un terminal conteneur est actuellement construit plus à l'Est par un opérateur privé étranger avec une capacité programmée de 500 000 TEU's dans une première phase, puis de 1 million de TEUs. Une jetée LNG est également prévue (l'objectif étant d'avoir une alternative au gaz naturel provenant de Russie). Leurs capacités annuelles de traitement sont également très différentes : 12 millions pour le Port intérieur et 43,5 millions de tonnes pour le Port Nord. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 53 1 1. CRUDE OIL AND OIL PRODUCTS 2. COAL 2 3. LPG 3 Carte N°2 - The Northern Port © Port of Gdansk Authority Un certain nombre de projets sont en cours ou programmés, dont notamment : le "Pomeranian Logistic Centre", un grand centre de distribution et d'activités logistiques implanté à proximité immédiate d'un nouveau terminal conteneur ; la modernisation de l'entrée du port intérieur et de ses infrastructures; un tunnel sous la Vistule : réalisé au Nord de la ville, il assurera la liaison entre les 2 rives et permettra de meilleures connexions routières entre l'Est et le Sud de la ville ; le doublement du pont ferroviaire au dessus de la Vistule et, de manière plus générale, l'amélioration du réseau ferroviaire existant. Par ailleurs, 2 projets de moindre ampleur, témoignent de la prise en compte par les autorités portuaires de certaines des questions se posant à l'interface ville-port. Ils offrent des solutions pour réduire les nuisances liées à un trafic routier dense et congestionné : une desserte routière directe de la zone de Przemyslowe Quay (sur le versant Est de la Vistule, face à l'Ile d'Ostrow et ses chantiers navals), projet permettant l'utilisation de 120 ha de terrains portuaires supplémentaires ; la restructuration de la connexion entre la route nationale n°1 et la zone franche (sur l'Ouest de la Vistule, près de l'entrée du port). Du point de vue de la Municipalité, la perspective apparaît toutefois bien différente et elle plaide pour une planification spatiale intégrée des territoires de la ville et du port, planification intégrée qui semble manquer. D'un côté, le Maritime Office (entité nationale) élabore des plans d'aménagement concernant toutes les eaux intérieures (y compris les zones portuaires), mais le dernier plan date de 1990. Les autorités du port n'ont aucune attribution légale pour élaborer des plans pour l'ensemble du port. Dans le même temps, la Municipalité de Gdansk quant à elle peut seulement concevoir des plans d'aménagement pour ses propres espaces. Cette division et les inconvénients de ce partage de compétence introduit par la législation polonaise (Polish Act on planning and spatial development) pourraient être minorés si le Maritime Office et les Autorités du Port pouvaient établir les plans de développement portuaire en concertation et prendre en compte leur compatibilité avec les études de faisabilité et les orientations stratégiques des autorités urbaines. Les activités maritimes et logistiques occupent une place très importante dans le "Gdansk Development Strategy by 2015" et l'éventail de mesures couvre le développement de la capacité du port, le soutien à la croissance des activités logistiques, la modernisation et le développement du système de transport (routier et ferroviaire). Cette vision stratégique intègre bien évidemment la Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 54 perspective du Corridor trans-européen de transport n°6 ainsi qu'un autre projet transnational, l'autoroute de la mer de la Baltique. Les projets en cours ou programmés auront un impact positif sur l'efficacité du port et le développement économique de la ville. Une réduction des nuisances environnementales liées à un trafic routier très dense et congestionné est également attendue. Mais cette stratégie globale va également induire de nouvelles relations de mixité entre la ville et le port, en particulier pour 3 sites qui seront étudiés plus précisément dans le cadre du projet PCP. Les développements urbains et portuaires, vers une nouvelle mixité ville-port Le 'Nouveau quartier portuaire' : partager un secteur historique avec de nouvelles activités portuaires Le 'Nouveau quartier portuaire' est le meilleur exemple à Gdansk d'une interrelation entre les structures urbaine et portuaire. Le site est situé 6 kilomètres au Nord du secteur historique de la ville, dans un méandre sur la rive Ouest de la Vistule, à proximité de son embouchure (qui correspond également à l'entrée du Port intérieur). Le secteur bâti occupe environ 50 ha et la population est de 12.000 habitants. Existing port structure next to the city 'Nouveau quartier portuaire' Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk Le Nouveau secteur portuaire est un quartier de Gdansk depuis le 19eme siècle, mais son histoire remonte au début du 17eme siècle. Le tissu urbain existant est ainsi un mélange de différents styles architecturaux des 19eme et 20eme siècles. Les bâtiments ont souvent une grande valeur historique et patrimoniale (des mesures de protection du patrimoine historique ont d'ailleurs été prises pour la totalité de certaines zones de ce secteur). Ces bâtiments sont essentiellement utilisés pour du logement, du petit commerce, et pour les services administratifs du port. L'habitat y est coupé des berges de la Vistule par les infrastructures portuaires. Les zones franches WOC I et WOC II sont ainsi situées au nord-est d'une zone d'habitat et Oliwskie Quay est encadré au Nord et à l'Ouest par de l'habitat. Les zones franches WOC I et WOC II, à l'entrée du port, sont liées aux quais Wladyslaw IV. BasinOliwskie Quai est utilisé pour des diverses telles que les céréales, le lait en poudre, les fruits (dans sa partie Est) et de l'acier, des grumes, etc (dans sa partie Nord). Un terminal ferry (l'un des 2 terminaux présents dans le port intérieur) est implanté entre Oliwskie Quay et les zones franches (voir la carte N°1). Le port et la ville ont engagé une série de mesures pour améliorer l'accessibilité du port intérieur. Les principaux projets développés dans ce cadre sont situés dans la partie portuaire du 'Nouveau quartier portuaire'. Il s'agit en particulier de : - reconstruire et élargir l'entrée maritime du port intérieur ; - accroître les capacités de la zone franche portuaire (nouveaux postes ro-ro sur les quais WOC) ; - réaménager l'accès routier et la connexion avec la Route Nationale N°1 ; - concevoir un accès sécurisé et un développement des capacités ro-ro pour le Terminal Ferry de Westerplatte. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 55 Seul l'habitat existant est autorisé Aucun habitat autorisé Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk Une part très importante du contexte urbain de ce secteur a été construit au 17eme siècle (Stronghold Vistulamouth - Twierdza Wisłoujście). Si il s'est alors développé sur la berge opposée de la Vistule, il constitue également une partie de la rive ouest, à proximité de la zone de logement actuelle du quartier. Pour le moment quelques cuves à pétrole existent encore, mais elles ne sont plus utilisées. La ville a décidé de réaliser à cet endroit un espace vert (avec des références au passé du secteur). Cela contribuera à rapprocher les habitants du waterfront et à renforcer l'image d'un secteur lié aux activités portuaires. Le masterplan a été élaboré et le projet est dans sa phase initiale de réalisation. La coexistence entre les quais dédiés aux activités portuaires et la structure urbaine ne génère que des problèmes mineurs et l'ensemble de la zone semble "pacifiée". Les masterplans pour le quartier ont toutefois introduit des mesures pour réduire toutes gênes et impacts négatifs possibles. L'une des principales dispositions en ce sens consiste en la réduction de la part d'habitat dans la zone de contact ville-port. Seuls les logements déjà présents y sont autorisés et aucune extension ne sera permise. Le 'Nouveau quartier urbain' : des chantiers navals deviennent un nouveau quartier moderne La Ville s'étend sur d'anciens chantiers navals – de nouvelles opportunités d'aménagement pour tout le secteur Le 'Nouveau quartier urbain' Sur le 'Nouveau quartier urbain' la Ville a décidé de construire un nouveau morceau de ville sur une zone d'anciens chantiers navals. D'une superficie d'environ 70 ha, il est situé entre le principal axe de transport Nord-Sud entre Gdansk, Sopot et Gdynia, et le waterfront le long de la Vistule. Toute la zone est à proximité immédiate du coeur historique de la ville et de la principale gare que l'on peut rejoindre à pied. Le 'Nouveau quartier urbain' © City of Gdansk Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 56 Les premières implantations datent ici du Moyen-âge avec des pêcheurs et des artisans. Au milieu du 19eme siècle seuls quelques entrepôts construits pour la marine navale Prusse y font leur apparition (Gdansk était sous gouvernement de la Prusse à cette époque). Les autres aménagements seront liés à la construction de bateaux pour la Marine Royale au début du 20eme siècle. Ce n'est que plus tard que le chantier naval est privatisé et devient propriété de Schichau, ce qui induira la réalisation de nouvelles infrastructures industrielles et des équipements les plus modernes. Des usines à gaz et des petites industries sont alors construites à proximité immédiate de la ville. La vocation industrielle du site perdurera après la seconde guerre mondiale, les chantiers navals étant par ailleurs renommés "le chantier naval Lénine". Les évolutions économiques à l'échelle nationale et mondiale et la phase de transition politique de la fin des années 80 entraîneront la faillite de ces chantiers et la transformation des autres entreprises vers davantage de tertiaire. Les usines à gaz cesseront également leurs activités. Le paysage actuel de ce secteur est ainsi désormais essentiellement composé de ces chantiers et des infrastructures industrielles à l'abandon. Certains des bâtiments industriels ont par ailleurs une grande valeur patrimoniale. De nombreux bâtiments ont été convertis en espaces de bureaux. Aujourd'hui seul les sièges administratifs, les services des douanes et le Département aménagement sont encore présents. Les autres bâtiments ont été provisoirement loués pour des petites industries, des activités de services et du commerce en gros. L'activité de construction navale a quasiment disparu du site et s'est relocalisée plus au Nord sur Ostrow Island. Toutefois, de grandes rampes de lancement sont encore présentes et utilisées pour la construction de navire à l'extrémité du secteur concerné par cette revitalisation. Elles sont une source potentielle de conflits environnementaux et fonctionnels. Mais il y a une demande politique forte pour le maintien en activité de ces rampes. L'un des lieux les plus significatifs de cet endroit et le "Mémorial Solidarnosc" dédié à la commémoration des travailleurs des chantiers tués lors des grèves des années 70. Le monument luimême (trois grandes lames d'acier entrelacées) est implanté sur une place publique qui a par définition vocation à être un lieu de réunion, et il a une valeur urbaine et symbolique très forte. Cet espace public, ainsi que le "Centre Solidarnosc" qui est programmé juste à côté, seront la porte d'entrée de la promenade piétonne, "la Route vers la liberté". Les principaux objectifs du masterplan sont les suivants : - passer d'une vocation industrielle à une mixité d'usages comportant une large gamme d'activités de services et des immeubles de logement ; - prolonger la promenade piétonne le long du waterfront depuis la vieille ville et la marina ; - exclure tout usage industriel (que cela soit des activités lourdes ou légères) et toute implantation pouvant constituer une menace pour l'environnement ; - limiter les aménagements commerciaux que l'on rencontre habituellement dans les entrées ou les périphéries des villes (centres commerciaux, etc.) ; Le plan prévoit des espaces pour l'implantation d'un terminal ferry / passagers, du bureau et des activités culturelles. Pour réduire l'impact négatif du secteur des rampes de lancement, les activités industrielles autres que la construction navale sont proscrites. Dans le voisinage de ce secteur les activités telles que les hôpitaux et d'autres fonctions sensibles sont exclues, de même que de l'habitat ne sera pas autorisé. Un boulevard périphérique – Nowa Walowa Street – reliera cette zone avec d'autres parties de la Ville. A long terme l'ambition est de réaliser ici le Downtown Baltic Business Centre, un secteur d'affaires ayant un rayonnement métropolitain et même national. En raison des dispositions législatives actuelles et de la structure privée du foncier, la Ville doit compenser financièrement l'acquisition des terrains destinés à devenir de l'espace public. Les coûts financiers des infrastructures nouvelles et des connections de transport pèsent également très lourd dans son budget. Le quartier de Stogi : le conteneur et les activités logistiques se rapprochent de la ville Le quartier de Stogi tient son nom de l'île sur lequel il est situé (cette partie de Gdansk est en effet entourée d'eau : la Baie de Gdansk au nord, l'embouchure de la Vistule à l'est, et la Vistule morte au sud et à l'ouest). La partie nord ouest de l'Ile accueille le Port Nord de Gdansk. Le Port Nord étant Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 57 celui qui devrait connaître les plus grands développements dans les années à venir, ce secteur est dès lors également celui où le port se rapproche désormais de la ville. Le sud de ce secteur, en ce milieu, accueille près de 20.000 habitants sur une centaine Le port se rapproche de la ville. d'hectares. De nouvelles opportunités 4 kilomètres le d'aménagement séparent de la vieille Le quartier de Stogi ville historique. Il est bordé au nord de bois et de zones vertes qui occupent en fait l'essentiel du nord-est de l'île. La structure du bâti est relativement récente, les bâtiments les plus anciens datant du 19eme siècle. Le quartier de Stogi © City of Gdansk Les principales actions programmées pour le Port sont ici, comme on l'a vu précédemment : - la construction d'un nouveau terminal conteneur sur le Port Nord ; - la réalisation du centre de distribution, le Pomeranian Logistics Centre ; - l'amélioration des accès routier et ferroviaire au Port Nord (construction d'un tunnel routier reliant les rives Ouest et Sud de la Vistule morte, réaménagement du pont ferroviaire au dessus du fleuve, création de nouvelles liaisons ferroviaires et routières, notamment pour connecter le port avec l'autoroute A1). Le terminal conteneur est actuellement le plus grand projet du port tant en terme d'infrastructure que d'investissement. Il sera en partie construit sur des terrains gagnés sur la mer et sera totalement financé par des partenaires privés (un contrat de location à long terme a été signé en 2004). D'une capacité annuelle de 500.000 TEUs Le projet de terminal conteneur © Port of Gdansk Authority dans une première phase, il vise 1 million TEU dans la seconde. Le Pomeranian Logistics Centre, vaste centre de distribution et d'activités logistiques proposant une large gamme de services à valeur ajoutée, sera implanté à proximité immédiate. Les travaux pour le terminal conteneur ont déjà commencé et l'achèvement de la première phase est programmé pour mai 2007. Le projet du Pomeranian Logistics Centre est en cours de finalisation mais le contrat de location est lui bouclé. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 58 Le projet de terminal conteneur et le Pomeranian Logistics Centre © City of Gdansk, Economic Policy Department Ces deux projets seront réalisés au sud-est des infrastructures portuaires actuelles, en direction donc de la zone d'habitat du secteur. Une large zone tampon (utilisant notamment les bois déjà présents) a été programmée afin d'éviter les conflits spatiaux potentiels entre le nouveau port et les infrastructures logistiques, et les zones d'habitat existantes. De manière complémentaire des mesures techniques portant sur la réduction des nuisances sonores et de la pollution de l'air et de l'eau font partie du cahier des charges des nouveaux équipements portuaires. La zone de plage reste toutefois une zone de conflit potentiel. Le terminal conteneur est en effet en partie implanté sur une plage très prisée des habitants et également à 1500 mètres de Stogi Spa, un centre touristique très fréquenté l'été. Sources: PCP, Newsletter n°1, décembre 2005 Mr Krzysztof Anzelewicz, Development Department Manager, Port of Gdansk Authority, Présentation lors du séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005 Mr Jarosław Wincek, Gdańsk Development Agency, Présentation lors du séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005 Mrs Malgorzata Ratkowska, Development Programmes Department, City of Gdansk Mr Krzysztof Szczepaniak, - Director of Economic Development Department, City of Gdańsk, Présentation lors du séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005 Jacques Charlier, expert externe du projet PCP, Professeur, Université de Louvain La Neuve (Belgique) http://www.portgdansk.pl http://www.gdansk.gda.pl Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 59 BREMERHAVEN - UNE EXPANSION VILLE ET PORT MAJEURE Histoire du port de Bremerhaven La ville de Bremerhaven n'est fondée qu'en 1827 même si la zone est peuplée dès le 12ème siècle, époque à laquelle de minuscules villages sont construits sur des petites îles dans cette embouchure marécageuse. Des plans de ville fortifiée sont élaborés très tôt afin de protéger les navires entrant ou sortant de la rivière Weser, et en 1672 le projet de construction d'un château (Karlsburg) n'aboutira pas. En 1827, la ville de Brême achète au Royaume de Hanovre les territoires situés à l’embouchure de la Weser. Bremerhaven est née et elle deviendra le deuxième port de Brême en dépit des 50 km qui les séparent. Grâce aux échanges avec l’Amérique du nord et à l’émigration vers le nouveau continent, la ville et le port connaissent une croissance rapide. Carte 1. Localisation de Bremerhaven en Allemagne Carte 2. Localisation de Bremerhaven au NordOuest de l'Allemagne Vue aérienne © City of Bremerhaven Population = 116 865 habitants Superficie = 78,86 km² Le royaume de Hanovre fonde une ville rivale juste à côté de Bremerhaven qu’elle nomme Geestemünde (1845). Les deux villes se sont développées en s’appuyant sur trois piliers : le commerce, la construction navale et la pêche. En 1927 Geestemünde et quelques municipalités voisines s’unissent pour fonder la nouvelle ville de Wesermünde, et en 1939 les villes de Wesermünde et Bremerhaven ne font plus qu’une. La majeure partie de la ville est détruite pendant la deuxième guerre mondiale ; les parties vitales du port ont toutefois été épargnées. En 1947 la ville est intégrée au Bundesland de Brême. Aujourd’hui Bremerhaven fait ainsi à la fois partie de l’État de Brême tout en étant une ville de plein droit, Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 60 différente de la ville de Brême. Ajoutant à la confusion, Überseestadt ne fait pas partie de la ville de Bremerhaven mais se trouve sous la juridiction directe de la ville de Brême1. Les ports de Brême/Bremerhaven Organisation des ports Les ports de Brême/Bremerhaven se situent parmi les 20 premiers ports à conteneurs du monde avec un trafic supérieur à 4,45 millions d’EVP en 2006 et ils continuent de connaître une croissance rapide. À Brême, le dynamisme du développement du trafic maritime de véhicules se reflète par une intense activité de manutention au sein du port. Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89 millions d’unités traitées, ont été dépassés de plus de 14,8 % et les ports de Brême se positionnent comme les premiers ports européens de véhicules automobiles. Les activités portuaires et les échanges internationaux représentent les piliers de l’économie de l’État de Brême. En 2005, d’après une étude réalisée en 2006 par Kieserling Foundation, 174 000 emplois étaient liés à l’activité des ports de Brême dont 86 000 dépendaient de l’État de Brême. Les principes et les lignes directrices qui régissent le port sont énoncés par le Sénateur chargé de l’Économie et des ports. Les fonctions du capitaine de port, comme par exemple la gestion du trafic maritime et les autres tâches gouvernementales, relèvent du Hansestadt Bremischen Hafenamt (l’autorité portuaire de Brême). En 2002, le Sénat a transféré les responsabilités liées à l’organisation, la construction, l’entretien structurel, l’exploitation de l’équipement, la gestion foncière et commerciale de l’ensemble du complexe portuaire à la société de droit privé Bremenports GmbH & Co. KG. 1 L’Allemagne est une République fédérale composée de 16 États, appelés Länder en Allemand (singulier : Land). Dans la mesure où Land signifie aussi "pays" en allemand, le terme Bundesländer ("États de la fédération", singulier : Bundesland), plus spécifique, est communément utilisé. Trois des États sont des villes-États (Berlin, Brême et Hambourg) alors que les 13 autres portent le nom de Flächenländer ("États territoriaux"). L’administration des Länder de Berlin, Brême et Hambourg est légèrement différente de celle des autres États. Dans chacune de ces villes, l’exécutif est constitué d’un Sénat composé d’environ huit membres élus par le parlement du Land qui remplissent des fonctions correspondant à celles des ministres des Länder plus grands. Par exemple, à Brême, l’équivalent du Ministre-Président est le Senatspräsident ("président du Sénat"). Le parlement du Bundesland de Brême est appelé Bürgerschaft. En outre – pour compliquer davantage les choses – la ville de Bremerhaven (qui fait partie du Bundesland de Brême) possède son propre parlement municipal (appelé Stadtverordnetenversammlung) responsable des décisions concernant le conseil urbain. L’État de Brême est constitué de deux enclaves séparées : les villes de Brême (son véritable nom est "ville libre hanséatique de Brême"), la capitale de l’État, et Bremerhaven. Toutes deux sont situées sur la rivière Weser ; Bremerhaven se trouve en aval et c’est un port qui donne sur la Mer du Nord (son nom signifie "port de Brême"). Les deux villes sont entourées de toutes parts par l’État de Basse- Saxe (Niedersachsen). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 61 Les ports de Bremerhaven © Bremenports Accessibilité Bremerhaven se trouve à 32 miles marins de la haute mer. Les navires dont le tirant d’eau n’excède pas 12,80 m peuvent rejoindre Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée, ce qui n’est pas le cas des navires à plus fort tirant d’eau. Brême, le port allemand situé le plus à l’intérieur des terres, se trouve à environ 60 kilomètres en amont de la Weser et est accessible aux navires jusqu’à environ 10,7 mètres de tirant d’eau, en fonction du niveau de la marée. L’accessibilité du terminal à conteneurs de Bremerhaven sans contraintes de marée fera l’objet de nouvelles améliorations suite à l’adaptation de la Haute Weser sollicitée par l’État de Brême. D’ici 2007/2008, les navires de 13,8 mètres de tirant d’eau devraient avoir accès à Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée. La Basse Weser devrait également être soumise à des travaux d’adaptation au cours de 2007/08. Ces indispensables mesures d’adaptation amélioreront considérablement l’accessibilité maritime des ports jumeaux. Dans Ie Port de Bremerhaven, la construction d’un bassin d’évitage sur la Weser face au terminal à conteneurs va favoriser la mise en place d’une croissance du trafic conteneurs qui promet d’être forte, continue et au dessus de la moyenne. Le nouveau bassin d’évitage permettra à deux gros porteconteneurs de dernière génération de manœuvrer simultanément en face du Stromkaje de Bremerhaven. Indépendamment des résultats obtenus par le port, les liaisons vers l'hinterland revêtent une très haute importance pour la compétitivité du port. Brême et Bremerhaven possèdent non seulement d’excellentes liaisons ferroviaires vers les principales régions économiques d’Allemagne et au-delà, mais également un système ferroviaire portuaire doté d’un réseau qui s’étend sur plus de 200 km. Quasiment 50 % du trafic dans l’hinterland de Brême s’effectue par rail, ce sans même tenir compte du transport local dans les environs de Brême. La part du rail va même jusqu’à représenter les deux tiers du trafic de conteneurs si l’on exclut le trafic local des territoires avoisinants. Brême dispose de deux liaisons permettant de rejoindre le réseau national et européen de navigation intérieure. D’un côté, à l’ouest, la Under Weser, la rivière Hunte, le canal côtier et le Canal DortmundEms qui rejoint le Rhin permettent d’accéder à l’ensemble du réseau d’Europe centrale. De l’autre côté, la liaison s’établit via la Central Weser au sud du Canal Middleland. La localisation du port de Bremerhaven impose que la Central Weser soit adaptée, en particulier, à la navigation intérieure et aux modes de transport combiné respectueux de l’environnement. Les mesures à prendre pour l’élargissement de la Middle Weser et des écluses de Dörverden et de Minden ont été inclues au programme de réglementation du trafic établit par l’État. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 62 Le plus long quai fluvial du monde Investissements pour le traitement des conteneurs Avec un flux de presque 45 millions d’EVP (Équivalent vingt pieds) en 2006, le « Stromkaje » de Bremerhaven, situé sur la Weser à l’endroit où est implanté le terminal à conteneurs Wilhelm Kaisen, constitue la partie la plus importante du port et le plus gros porte-conteneurs au monde peut s’y amarrer. Grâce à la construction du Terminal à conteneur IV, commencée pendant l’été 2004, quatre postes à quai supplémentaires devraient pouvoir accueillir les gros porte-conteneurs. Les prévisions de croissance des activités conteneurs ne peuvent être que bénéfiques à Brême et Bremerhaven. Les deux premiers postes du Terminal à conteneurs IV ont déjà été attribués et la construction du dernier poste sera terminée au printemps 2008. Une fois les travaux d’expansion finalisés, Bremerhaven disposera de 14 postes à quai adaptés aux gros porte-conteneurs. Aperçu du CT 4 Longueur de l’ancien quai à conteneurs Longueur du nouveau quai Surface d’exploitation du nouveau terminal Nombre de postes supplémentaires Capacité maximum Terrassement (2004) Quantité de sable nécessaire Compensations environnementales Livraison du premier poste Achèvement des travaux Coûts de construction et d’aménagement 3237 mètres 1681 mètres Environ 90 hectares 4 Plus de 7 millions d’EVP Environ 400 000 mètres cubes Environ 10 millions de mètres cubes Luneplate et cap de la côte Wursten Fin 2006 Début 2008 Environ 500 millions d’euros Zone du terminal à conteneurs © Bremenports (dont CT 4 en construction, vue du sud-est) CT 4 en construction (vue du sud) © Bremenports Investissements pour le trafic voitures Le Port Est sera partiellement remblayé pour répondre aux besoins urgents de nouveaux espaces dédiés au trafic voitures. Une nouvelle zone de 6,1 hectares existe déjà dans sa partie nord-ouest. 3 quais de près de 270 mètres peuvent y accueillir les navires assurant le trafic transocéanique. Les matériaux issus du draguage qu'il a fallu réalisé pour approfondir le bassin vont être réutilisés pour ce remblaiement. Le Sénat a également validé en 2005 la construction de nouvelles écluses (Kaiser Lock Gates). Cette décision anticipe sur la croissance annoncée de la taille des navires et devrait permettre à long terme à Bremerhaven d'assurer sa position en Europe sur ce secteur d'activité très compétitif. La nouvelle écluse devrait être opérationnelle en 2010. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 63 Le Projet CT4 et compatibilité environnementale La construction et l’exploitation du CT 4 a des effets sur l’environnement et affecte de nombreux espaces. En tant qu’autorité responsable des choix des sites d'implantation du projet et de leur aménagement, la Direction nord-ouest des voies d’eau et de la navigation (WSD), basée à Aurich, a réuni un panel de spécialistes afin d’établir tous les impacts possibles du projet sur l'homme, la faune et la flore. Si les effets néfastes sur l’environnement ne peuvent pas être évités, ils doivent être réduits ou compensés conformément à la loi allemande sur l’évaluation des effets sur l’environnement. Dès le début des travaux de construction, les engins de chantier ont constitué une source de bruit et les polluants émis par les véhicules présents sur le chantier ont eu des effets négatifs sur les secteurs environnants. Les vasières du parc national de Basse-saxe situé au nord du nouveau terminal en subissent les conséquences. Une fois que l’exploitation du terminal aura commencé, les quartiers résidentiels avoisinants (Weddewarden et Langen-Imsum) seront gênés par le bruit et la lumière en provenance du terminal. De surcroît, l’air contiendra des polluants en suspension, comme par exemple ceux produits par la manipulation des conteneurs. C'est tout le paysage qui sera également modifié par l’apparition de conteneurs et de portiques à l’emplacement des vasières. Toutes ces nuisances sur l’environnement, et d’autres encore, jouent un rôle essentiel dans le travail des ingénieurs chargés de l’aménagement du port. Ils doivent définir en amont s’il est possible d’éviter les répercussions néfastes et dans la négative, réfléchir à la façon de les compenser. L’absence de proposition de solution de compensation acceptable peut remettre en cause l’autorisation d’aménagement du projet de construction du CT 4. Un cadre réglementaire, législatif et technique a été mis en place. C'est le cas par exemple de la protection passive contre le bruit : avant que les responsables de l’aménagement envisagent d’équiper les maisons des quartiers adjacents de fenêtres insonorisées, ils doivent d’abord déterminer s’il est possible de réduire le niveau de bruit émis par l’équipement technique du terminal. Autre exemple, la lumière émise sur le terminal : les lampes qui éclairent le site ne doivent ni éblouir ni attirer les moustiques ; autre exemple, celui des nappes phréatiques : en cas d’accident impliquant des substances dangereuses, les eaux souterraines – comme celles de la Weser – ne doivent pas être exposées à la contamination. La protection passive contre le bruit joue un rôle essentiel dans le projet CT 4 : Bremenports, la société de gestion du port, a contacté environ 85 propriétaires et locataires de maisons du centre de Weddewarden et de certains quartiers d’Imsum et leur a offert d’équiper leur maison de fenêtres insonorisées et de portes d’entrées isolantes de première qualité sur le compte de Brême. Chaque maison située à proximité du terminal sera également équipée d’un nouveau système de ventilation garantissant une atmosphère saine dans les maisons pourvues des nouvelles fenêtres de classe III. Ces mesures de protection contre le bruit s’adressent aussi aux habitants de Weddewarden et d’Imsum qui vivent plus loin du terminal. Les spécialistes jugent au cas par cas à partir des prévisions d’exposition aux nuisances sonores. Le Conseil municipal de Bremerhaven a émis un ordre pour la préservation de l’état du district de Weddewarden. Le sénat de Brême a lui aussi prouvé son engagement envers une cohabitation pacifique durable entre le port et le secteur résidentiel. En proposant aux propriétaires et aux locataires de maison de les équiper contre le bruit, les responsables de l’aménagement du port garantissent un environnement résidentiel sain dans la zone située aux alentours du CT 4. Au fur et à mesure que le port s’étend, des espaces naturels de qualité disparaissent. Des mesures de compensation écologique doivent dés lors être prises. Les réglementations exigent l’instauration de compensations intégrales. D'anciennes terres agricoles doivent être transformées en zones écologiques de qualité. Deux endroits ont été sélectionnés à cette fin : Grosse Luneplate au sud de Bremerhaven (qui sera le principal site de substitution) ainsi qu’un secteur situé le long de la côte Wursten au nord de la ville, près des villages de Cappel et de Spieka. Une chose est sûre : tout effet prévisible produit par le CT 4 fera l’objet d’une analyse détaillée. Tous ces aspects sont pris en compte dans l’évaluation des documents soumis à approbation. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 64 Le JadeWeserPort Après la réalisation du CT4 – prévue au printemps 2008 – le terminal n’aura plus de possibilité d’extension. La limite nord de l’extension du terminal CT4 se trouve en effet sur la frontière entre Brême et la Basse-Saxe ; en outre, le terminal est limitrophe d’un parc naturel, ce qui rend impossible tous travaux d’agrandissement. Dans ce contexte, les Länder fédéraux de Basse-Saxe et de Brême ont défini un cadre commun de coopération à long terme pour la mise en œuvre du projet de port en eau profonde dans la baie d’Helgoland, le JadeWeserPort à Wilhelmshaven. Placé idéalement et dotée d’excellentes liaisons avec les grandes places commerciales d’Europe, Wilhelmshaven est en mesure d’offrir des services de haut niveau à la nouvelle génération de porteconteneurs. Parmi les avantages de cette localisation, on peut citer une voie navigable d’une profondeur de 18 mètres, une navigation en amont de seulement 23 milles marins et un vaste bassin d’évitage. Hub de transbordement idéal, le port en eau profonde - "JadeWeserPort"- va attirer davantage de feeders et développer le transport maritime à courte distance vers et en provenance de Scandinavie, de Finlande, de la Baltique, de Russie et du Royaume-Uni. De même, de bonnes liaisons routières et ferroviaires vers l’hinterland permettent de rejoindre rapidement les grands centres économiques européens par voie terrestre. De vastes zones à urbaniser sont disponibles pour des entreprises logistiques et industrielles dans les abords immédiats du terminal à conteneurs. La société JadeWeserPort Realisierungs GmbH & Co. KG a été créée dans le but de réaliser ce projet : le Land fédéral de Basse-Saxe détient 50,1% des actions de la société tandis que le Land fédéral de Brême – par l’intermédiaire de la société Bremenports GmbH & Co. KG – est propriétaire des 49,9% restants. La réalisation du projet JadeWeserPort est l’un des projets d’investissement les plus importants du nord de l’Allemagne. Le volume d’investissement total en infrastructure et superstructure s’élève à 900 millions d’euros. Le Jade Weser Port réunit la Basse-Saxe et Brême au sein d’un vaste projet, unique en son genre, de coopération interrégionale. D’après les estimations, le Jade Weser Port devrait atteindre sa pleine capacité au milieu de la prochaine décennie et générer plusieurs milliers d’emplois en Allemagne du nord-ouest. Grâce au rapprochement du terminal à conteneurs et du centre de logistique (Güterverkehrszentrum) et à la création de liaisons efficaces avec les modes de transport ferroviaire et routier, l’économie de Brême va s’organiser autour d’un cluster unique. Trafics portuaires En 2006, le trafic maritime de marchandises a atteint un niveau record de 64,6 millions de tonnes (+19,1% par rapport à 2005). Les ports de Brême se maintiennent à la deuxième place des plus grands ports d’Allemagne avec un trafic qui a plus que doublé au cours des dix dernières années. Les Etats-Unis, avec un total de 11,9 millions de tonnes (9,8 millions de tonnes en 2005), ont représenté la plus grosse part du trafic de marchandises, comme les années précédentes. Le trafic de conteneurs avec la République populaire de Chine a atteint un total de 3,6 millions de tonnes, ce qui signifie qu’elle se place au second rang après les Etats-Unis avec un volume total de 9,8 millions de tonnes de conteneurs traités. La Fédération russe, qui a largement développé son activité conteneurs, se place juste après avec 3,1 millions de tonnes. Le trafic européen, avec 33,2 millions de tonnes, a représenté plus de la moitié du volume total traité par Brême. Le premier pays non-européen reste l’Amérique (16,6 millions de tonnes). Les ports asiatiques ont atteint un chiffre de 12,1 millions de tonnes. En 2006, les mouvements de conteneurs dans les ports de Brême ont augmenté de 20% (en poids) par rapport à 2005. Une croissance de 18,7% par rapport à l’année précédente a permis au secteur des conteneurs standards d’atteindre un chiffre de presque 4,4 millions d’EVP. Le taux de croissance annuel moyen atteint quasiment 12% pour la période située entre 1998 et 2006 et la part des conteneurs dans les mouvements totaux de marchandises diverses s’élève à 83%. Presque 99% des mouvements de conteneurs s’effectuent au moyen des équipements modernes de Bremerhaven. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 65 En 2006, les marchandises en vrac et les marchandises diverses conventionnelles, avec approximativement 19,7 millions de tonnes, représentaient environ 30 % du volume total traité (64,6 millions de tonnes) dans les ports de Brême. Les vracs représentaient environ 10,8 millions de tonnes et les marchandises diverses conventionnelles 8,9 millions de tonnes. Les principaux mouvements de marchandises diverses concernent les véhicules automobiles et les bananes à Bremerhaven et l’acier et les produits forestiers à Brême. L’on observe une nette progression du transport de l’acier et des canalisations qui atteint un volume de 3 millions de tonnes. Les ports de Brême occupent nettement la première place des ports allemands de la Mer du Nord pour ce qui est du transport non conteneurisé des marchandises diverses. En 2006, le développement du trafic maritime de véhicules de Brême a fait preuve d’un dynamisme remarquable. Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89 millions d’unités traitées, ont été dépassés de plus de 14,8 % et les ports de Brême se positionnent comme les premiers ports européens de véhicules automobiles. En 2006, le nombre de passagers des navires de croisière a diminué pour atteindre un total inférieur à 70 000. Transport maritime intérieur : nombre de navires et quantité de marchandises transportées. Avec un trafic de 5,6 millions de tonnes, Brême et Bremerhaven se placent parmi les dix premiers ports allemands de navigation intérieure. Dans le secteur aérien, le nombre de voyageurs est descendu à 42 000. Toutefois, la création d’une nouvelle compagnie aérienne à Brême permet de revoir à la hausse les prévisions pour 2007. Le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven", un centre attractif pour le tourisme maritime allemand Les célèbres paquebots de la Norddeutscher Lloyd, Bremen, Europa et Columbus, ont autrefois accosté ici. Les uns après les autres, ils ont remporté le "Ruban bleu" récompensant la traversée de l’Atlantique la plus rapide. Des millions de migrants ont débuté ici leur voyage vers le nouveau monde et le port a vu Elvis Presley débarquer en GI de l’armée américaine. Columbus Quay, le quai des larmes, de l’espoir et du bonheur. Il est aujourd’hui le cœur du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" (Cruise Ship Terminal Bremerhaven)", un quai pour le plaisir de vacances à bord d’élégants navires de croisières, au départ principalement de Bremerhaven et à destination des fjords et des mers du Nord. Depuis le début des années 80, le marché de la croisière a atteint des taux de croissance annuelle moyenne situés entre huit et neuf pour cent dans le monde entier. L’Europe compte actuellement environ deux millions de croisiéristes. Les passagers issus d’autres pays, qui fréquentent très peu les terminaux de croisières allemands, représentent le plus gros potentiel pour le futur. Des études menées par des spécialistes indiquent que d’ici 10 ans, "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" accueillera environ 120 000 passagers. En 2002, le terminal a reçu 53 paquebots de croisière et environ 50 000 passagers. La croissance du nombre de paquebots – et par conséquent du nombre de passagers – débouche sur des créations d’emplois. En l’an 2000, la saison des croisières qui s’étale sur cinq mois a permis de créer 50 postes de travail à Bremerhaven ; il est prévu que ce chiffre atteigne 120 d’ici 2012. Aujourd’hui, le terminal de croisière le plus moderne d’Europe accueille 70 navires et plus de 70 000 passagers tous les ans. Passer des vacances en mer est de plus en plus populaire et les exigences des armateurs, des voyagistes et des passagers en termes de confort et de sécurité sont de plus en plus nombreuses. Pour le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" l’heure n’est plus aux traversées de l’Atlantique d’antan. Comme dans les aéroports, les passagers transitent par des passerelles d’embarquement dernier cri pour monter à bord des navires de leurs rêves. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 66 Bremenports a ainsi dépensé presque 25 millions d’euros dans la réhabilitation complète de l'ancienne et célèbre Gare maritime Columbus. Celleci peut désormais se placer au premier rang des terminaux de croisière européens en matière de confort et de sécurité. "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" (vue du nordouest) © Bremenports L’on peut en dire autant des bateaux qui côtoient ces élégants bateaux de croisière blancs dont les passagers sont impatients de larguer les amarres : chargés de bananes, d’oranges, de raisins, de pommes, de poires et de melons et bien qu’il soient aussi de couleur blanche, ceux-là sont des navires frigorifiques destinés au transport des marchandises ; en provenance d’Amérique centrale, d’Afrique du nord, d’Afrique du sud et d’Inde, ils ont jeté l’ancre au terminal fruitier du groupe Heuer Group dans le Überseestadt et à Columbus Quay. Autrefois, et pendant de nombreuses années, Bremerhaven était le port bananier d’Allemagne et de Suisse ; aujourd’hui, l’éventail s’est considérablement élargi et les bananes (400 000 tonnes par an) ne sont plus livrées en régimes entiers en provenance directe des plantations mais elles arrivent, prêtes à la consommation, dans des navires frigorifiques qui les maintiennent à la bonne température pour leur post-acheminement en train ou en camion frigorifique. De la même façon, plus de 100 000 tonnes de raisins, melons, poires, pommes et oranges poursuivent leur maturation dans des conteneurs pendant la traversée en mer vers Bremerhaven et sont soumis à un contrôle de qualité strict à l’arrivée avant d’être mis en vente et consommés dans toute l’Europe jusqu’en Russie. Le terminal fruitier et le terminal de croisière ont pourtant quelque chose d’autre en commun en dehors de leur proximité : une excellente qualité, condition sine qua non pour répondre aux exigences du marché. Bremerhaven se rapproche de l'eau – Le projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) La ville a planifié depuis maintenant plusieurs années la transformation de son vieux port à l'interface avec le port actif : le projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen). Les espaces autour du bassin portuaire accueilleront à terme des éléments phares comme la Maison du Climat, un hôtel de luxe de quatre étoiles de 100 mètres de haut (Atlantic Sail City), un grand complexe commercial appelé Mediterraneo, mais aussi des développements plus classiques comme des bureaux et des logements au bord d'un futur port de plaisance (Investisseur et gestionnaire : Lloyd Marina). Cette Marina prévoit la construction de plus de 40 000 m² de surface habitable et environ 200 anneaux. Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen - "Ancien et Nouveau port") sur la gauche Mediterraneo, à droite la Maison du climat (vue de l'Est) © City of Bremerhaven Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 67 Bremerhaven, connu pour avoir accueilli pendant la période 1830 1974 plus de 7 millions d'individus partant pour les Amériques, a ouvert également depuis peu un bâtiment destiné à retracer l'histoire de ces émigrants. La réalisation du projet du Centre de l'émigration allemande "Deutsche Auswandererhaus "a coûté environ 20 millions d'euros et représentera à terme un équipement culturel phare pour le Nord de l'Allemagne avec une estimation de 200 000 visiteurs par an. Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) - au premier plan le Centre de l'émigration allemande (vue du Nord) © City of Bremerhaven La création du Centre de technologie "Technologiezentrum t.i.m.e.Port" (créé en 2002 avec les aides financières de l'Union Européenne) doit permettre d'attirer les entreprises spécialisées dans les domaines des télécommunications, de la technologie de l'information, du Multimédia, et des loisirs. Ces dernières pourront ainsi tirer profit d'un climat économique existant favorable à leur développement futur - grâce en particulier aux activités liées directement ou indirectement au port de Bremerhaven. Il s'agit là de créer des passerelles permettant de connecter les mondes économiques, de favoriser les échanges et de créer davantage de richesses et des emplois. Tous ces projets sont portés par plusieurs partenaires: la Ville de Bremerhaven, BIS Bremerhavener Gesellschaft für Investitionsförderung und Stadtentwicklung mbH et une structure de type Société d'économie mixte, BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter/Neuer Hafen mbH & Co. KG, mandatée par la Ville pour assurer la planification et la commercialisation du projet. BEAN mbH & Co. KG est le maître d’ouvrage, et propriétaire des terrains, des bâtiments publics comme la Maison du climat, le Centre de l’immigration allemande, l’écluse du nouveau port et d’autres équipements infrastructurels. La société finance aussi la plupart des constructions à la demande de la ville (pour un total d’environ 300 millions d’euros). La Maison du climat et le Centre de l’émigration allemande ont été conçus selon des modèles de partenariat public-privé et ils seront exploités par des investisseurs privés. Les exploitants et les investisseurs privés actuels (hôtel, marina, immeubles d’appartements, centre commercial Mediterraneo) ont été sollicités principalement par la BIS et son réseau. La BIS est également en charge de la commercialisation des secteurs ne faisant pas l’objet d’intervention de Neuer Hafen (par exemple lors du salon EXPO Real de Munich). La coordination stratégique est répartie entre le Conseil municipal, BIS, BEAN et les investisseurs privés dans le cadre d’une "Strategierunde" (un groupe de travail plutôt informel). © City of Bremerhaven Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 68 38,5 ha Superficie totale 25,8 ha Terrain 12,7 ha Surface d'eau (Bassins) 300 m Extension est-ouest 1800 m Extension nord-sud 263 Mill. € Volume d’investissement en infrastructure (Land de Brême, ville de Bremerhaven) Le secteur "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) en résumé L'intégration à la ville L’objectif global de la stratégie de développement du projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) consiste à intégrer le nouveau secteur à la structure actuelle de la ville. Un élément qui revêt un intérêt particulier dans ce contexte est celui du pont en verre qui passe au-dessus du bassin portuaire. Il relie entre elles deux parties importantes de la ville : d’un côté le parc central situé entre le Mediteraneo et la Maison du climat et de l’autre côté le centre ville et le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven". De la même manière, la présence du "Holländer-Bridge" est nécessaire du fait qu’il représente la liaison sud du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven". Au cours de la restructuration durable du centre commercial, une attention particulière a été portée aux axes est-ouest (voir par exemple les rues Keilstraße/Linzer Straße). L’infrastructure existante a été agrandie et modifiée de sorte à pouvoir doter le "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de nouveaux services (il existe maintenant un parking souterrain et de nouveaux arrêts de bus ont été mis en place). Tout naturellement, Bremerhaven est désireuse d’attirer du monde, à savoir des consommateurs et des clients, dans le centre de la ville. En vue d’accomplir cet objectif, il est nécessaire de proposer des offres intéressantes dans le centre ville aussi bien avec le Mediterraneo qu'avec d’autres offres touristiques (telles que Centre de l’émigration allemande, la Maison du climat, l’hôtel et la Marina). Un autre élément majeur est celui de la construction et la vente de nouveaux appartements pour inciter les personnes aisées à venir s’installer dans le centre ville. Les plaisanciers qui, en général, ont un niveau de vie élevé sont également visés. En raison d’une longue tradition de participation citoyenne, plusieurs réunions d’information ont été tenues en complément de la procédure officielle. Une exposition a ainsi été préparée afin d’offrir aux citoyens et aux touristes une vue d’ensemble sur les activités liées au projet. Projets Investisseur Centre de l'Emigration allemande BEAN /City of Bremerhaven AVW Albrecht Vermögensverwaltungs AG WGK Planungsgesellschaft (Hamburg) Hotel Atlantic Sail City Zechbau/ Justus Grosse Gruppe Atlantic Hotels Bremen Thomas Klumpp (Bremen) Avril 2006 Avril 2006 Printemps 2008 20 Mio. € Printemps 2009 70 Mio. € Public 70 200.000 Public 90 600.000 Exploitant Paysage House 1 Architectes Studio Andreas Heller (Hamburg) Novembre 2004 Août 2005 Début de la construction Fin des travaux Dépenses totales Financement Employés Nombre de visiteurs attendus par an. Maison du climat Mediterraneo Time Port II Time Port III Marina BEAN /City of Bremerhaven AVW Albrecht Vermögensverwaltungs AG BIS BIS Im-Jaich Petri &Tiemann GmbH Thomas Klumpp (Bremen) BIS BIS Im-Jaich Husemann & Dr. Wichmann Braunschweig Appel en cours Peter Weber Bremerhaven Avril 2006 Début 2005 Avril 2006 Février 2007 Avril 2007 31 Mio. € Février 2008 19 Mio. € Printemps 2006 Fin 2007 5,6 Mio. € 7,3 Mio. € 3 Mio. € Privé 260 Données non disponibles Privé 55 Données non disponibles Public 90 Données non disponibles Public 100 Données non disponibles Privé 10 Données non disponibles Au total, le nombre de visiteurs attendus se situe entre 1 et 1,2 million par an (en incluant des installations déjà existantes comme le zoo et le musée maritime). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 69 Le Secteur du port de pêche Le port de pêche de Bremerhaven a été fondé en 1886. Il comprend aujourd’hui environ 450 ha de terrain et 150 ha de surface d’eau représentant un total de 6 millions de mètres carrés. En dépit d’une histoire tourmentée, ce port de pêche reste le principal centre européen de traitement et de production des produits de la mer, en particulier pour les aliments congelés, avec environ 390 entreprises et 4000 emplois. Ce secteur compte encore 4000 emplois supplémentaires indirectement liés au secteur du traitement et de la production de poissons et à d’autres activités. Dans ce domaine, les entreprises les plus connues sont Frozen Fish International et Frosta AG (aliments congelés), Deutschen See (production de poissons) et Nordsee (chaîne de boutiques gastronomiques). Parallèlement, le port de pêche est un complexe industriel et maritime multiple. Des petits entreprises commerciales, des entreprises de fabrication d’acier, des sociétés d’import-export, des chantiers navals (construction de yachts), des industries céramiques et de grands ateliers de construction navale sont également implantés dans le secteur. Bremerhaven a été affectée par le développement du droit de la mer ainsi que par les crises sévères qui ont frappé le secteur halieutique en 1970 et 1980 et qui ont entraîné une réduction drastique de la flotte de pêche. L’État de Brême a su relever le défi en lançant, avec le soutien de l’Union européenne, un programme global de modernisation et de restructuration du port de pêche. Le vieux port abrite maintenant le Schaufenster Fischereihafen, un centre d’affaires et de tourisme qui propose des activités, des restaurants et des boutiques en rapport avec la thématique du poisson ; l’occasion d’une expérience maritime pour les visiteurs. L’ancien hall d’emballage des poissons IV a d’abord été restauré et il héberge aujourd’hui 15 sociétés de commerce et de restauration. Le secteur du port de pêche (vue du nord-est) © Bremenports Ensuite, le hall de départ de l’ancienne "gare aux poissons" (Fischbahnhof) et son importante structure en acier ont été démontés pour être reconstruits au cœur du Schaufenster Fischereihafen, en face de l’ancien hall d’emballage des poissons IV. Il est devenu le Forum Fischereihafen, un centre multimédia moderne destiné à fournir des informations sur la pêche et la mer. À l’Atlanticum, par exemple, les visiteurs peuvent obtenir des explications précises sur le développement et l’exploitation des mers, la pêche, le commerce et le traitement du poisson. Ils ont aussi la possibilité de visiter un aquarium d’eau de mer pour y observer des poissons de la mer du Nord et de l’Atlantique et, ils pourront s’inspirer des démonstrations de cuisine ou des cours de cuisine spéciaux "poissons de mer" proposés par le Studio de cuisine, pour ensuite préparer de délicieux plats de poissons. Des salles et halls de lecture multifonctionnels viennent compléter les équipements. Ils servent également de lieu de représentation au Theater im Fischereihafen, Dans le cadre de l’objectif spécifique qui consiste à promouvoir l’industrie de la pêche, le projet a également reçu des fonds européens (Instrument financier d’orientation de la pêche (IFOP) et initiative communautaire PESCA) pour un montant total de € 1,2 million. L’investissement public a entraîné un investissement privé conséquent et a généré la création de 150 emplois. Un centre de start-ups opérants dans le domaine des applications biotechnologiques liées l’industrie alimentaire, le centre de technologie "bio nord", a été construit à proximité du Schaufenster Fischereihafen. Il a bénéficié d’une aide d’environ € 12 millions dans le cadre du nouveau programme Objectif 2 / 2000 – 2006. L’on a aussi prévu de poursuivre les travaux de réparation des routes et des systèmes d’alimentation et d’évacuation des eaux, dont la plupart date du 19ème siècle, et de transformer les friches industrielles en zones commerciales attrayantes. Un centre destiné au futur marché de l’énergie renouvelable est en construction à l’extrémité sud de la zone à urbaniser dite "Luneort". Dans un futur proche, ce centre servira à l’assemblage des unités de production d’énergie éolienne en mer. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 70 À proximité se trouve l’aéroport régional de Bremerhaven. Avec 20 000 décollages et atterrissages par an, cet aéroport a essentiellement une vocation commerciale. Il sert aussi de siège à l’Institut Alfred Wegener (AWI) pour la recherche polaire et marine dans le cadre de ses programmes de recherche. À l’extrémité nord du port de pêche (dans la zone de transition avec la ville de Bremerhaven) et à proximité de l’Institut Alfred Wegener et de l’Université de Bremerhaven, la construction d’une nouvelle zone de 57 ha dédiée à la recherche et au développement a été prévue. Un nouvel institut de recherche maritime (IMARE) et des entreprises privées, entre autres, devraient également s’y installer. L’activité d’IMARE se concentrera essentiellement sur le transfert de technologie. Source : PCP newsletter n°2, mars 2006. Préparée par Helmut Berends (Berends-Consult pour le compte du BEAN) avec les contributions de : Mrs. Pamela Hell née von Düring (BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/ Neuer Hafen mbH), Mr. Stefan Henke (Bremenports), Mr. Christoph Herrfurth (Magistrat Bremerhaven - Dept. Economic Affairs) and Mr. Michael Gerber (BIS - Bremerhavener Gesellschaft für Investitionsförderung & Stadtentwicklung mbH). Plus d'informations : http://www.bremenports.de/engl/index.aspx http://www.jadeweserport.de/ http://www.bremerhaven-touristik.de/bremerhaventourism/deutsch/nochmeer/service/a_kreuzfahrt_terminal.html?DisplayBack=true http://www.bean-bremerhaven.de http://www.klimahaus-bremerhaven.de http://www.dah-bremerhaven.de http://www.bis-bremerhaven.de/sixcms/list.php?page=start Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 71 RIGA : UNE VILLE PORTUAIRE EN PLEIN DEVELOPPEMENT Introduction C’est au 12ème siècle qu’est fondé, le long d’une rivière, le petit village qui deviendra plus tard la ville de Riga. L’emplacement réunit toutes les conditions naturelles requises pour accueillir un port : un endroit assurant un abri aux bateaux contre les vents, la houle et les inondations, adapté au déchargement des marchandises et au débarquement des passagers. Au fil des siècles, le port de Riga s’est étendu le long des deux rives de la Daugava sur une distance de 15 kilomètres. Certaines parties du territoire portuaire sont si proches du centre historique de Riga que la manipulation des marchandises est devenue intolérable pour les habitants et qu’elle porte préjudice aux vieux bâtiments âgés de plus de 8 siècles qui se situent dans la vieille ville. Cette dernière est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de UNESCO et elle doit être, à ce titre, protégée contre tout effet destructeur. Conformément au Programme de développement et d'aménagement 2006 – 2018 de la ville de Riga, le port de commerce devrait être transféré vers l’embouchure de la Daugava, procurant un nouvel espace d’aménagement pour la ville. La ville de Riga sera libérée des activités portuaires et un nouveau territoire urbain multifonctionnel de haute qualité sera aménagé dans la zone ainsi dégagée. La société à responsabilité limitée « Jaunrīgas attīstības uzņēmums » a donc été créée en septembre 2001 pour mener à bien l’aménagement de ce territoire ainsi que de projets à grande échelle. Le musée des arts contemporains, l’un des nouveaux édifices culturels (bibliothèque nationale et salle de concert sont également programmées), se situera dans la zone où le port développait jusqu’alors ses activités. Le musée des arts contemporains sera un élément dominant au sein du territoire nouvellement aménagé. Les trois parties prenantes, les autorités du port de Riga, l’entreprise «Jaunrīgas Attīstības Uzņēmums Ltd.» et le musée des arts contemporains ont un objectif commun : transformer le territoire portuaire et faire en sorte que Riga devienne une ville propre, belle et attrayante aux yeux de ses habitants et de ses visiteurs. L’HISTOIRE DU PORT DE RIGA La fondation de Riga D’après les écrits, le début du 13ème siècle correspond à l’arrivée de l’évêque allemand Albert venu à la tête de l’Ordre des chevaliers du Christ dans l’optique d’exercer un contrôle sur le commerce entre Riga et les pays slaves et de convertir les habitants locaux au christianisme. L’année 1201 est considérée comme l’année officielle de la fondation de Riga par l’évêque Albert. Au 13ème siècle, le Conseil municipal de Riga signe des accords de commerce international et d’échange avec les principautés de l’Est et les villes hanséatiques, Riga devient alors un port de commerce inter-états ainsi que membre de la ligue hanséatique. © Freeport of Riga Authority Au 14ème siècle, Riga est régie par l’Ordre livonien et le pouvoir de la ligue hanséatique est renforcé. Le principal port de Riga se trouve à l’embouchure de la rivière Ridzene. La découverte de l’Amérique en 1492 se traduit par une explosion du commerce dans le Port de Riga. C’est le début de l’ère des Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 72 gros chargements. Le Port de Riga est transféré sur la Daugava, la source de la rivière Ridzene est alors réservée à l’appontage des petits bateaux à voile et à l’hivernage des navires. Entre le XVIème et le XVIIIème siècle, la ville de Riga connaît une période d’agitation : l’alliance Lituanie-Pologne, vainqueur de la guerre de Livonie (1558-1581), prend possession des clés de Riga jusqu’à l’arrivée des Suédois après la guerre Pologne-Suède (1600-1621), une guerre où l’on se disputait le contrôle de la mer Baltique. En 1700, le Tsar russe Pierre le Grand déclare la guerre à la Suède. En 1710, les clés de la ville sont confiées au comte Sheremetyev et Riga devient le premier port Russe de la mer Baltique. Le 18ème siècle est marqué par des travaux de génie civil et de construction intensifs entrepris pour modifier le lit de la Daugava. L’approfondissement de la rivière et la volonté de protéger la ville contre les inondations sont la raison principale de la construction de digues. Le début du XIXème siècle est caractérisé par l’apparition de nouveaux problèmes : la navigation dans le port de Riga est rendue difficile par l’accumulation de boue dans les chenaux. Le sort du commerce extérieur de la ville dépend entièrement de la réalisation d’un dragage. Avec les grands travaux de construction de voies ferrées, d’une digue et d’un pont, l’importance de Riga s’accroît. © Freeport of Riga Authority Le XXème siècle, période de croissance et de changements © Freeport of Riga Authority Le nouveau siècle démarre avec la crise industrielle mondiale. Au début du 20ème siècle, Riga est le premier port exportateur de bois de Russie et il occupe la troisième place des ports de l’empire tsariste russe en terme de volume du commerce extérieur. Au tout début du siècle, dans le but d’accroître la capacité du port, le gouvernement russe décide d’entreprendre de nouveaux aménagements (Eksportosta1901 ; le premier entrepôt frigorifique en 1902 ; la gare de fret de Riga en 1903 ; la première centrale électrique en 1905). En 1914, peu de temps avant la première guerre mondiale, un deuxième pont de chemin de fer est ouvert au-dessus de la Daugava. Avec l’année 1915 démarre l’évacuation des usines, des navires et des installations portuaires de Riga en direction de la Russie. En 1917, avant de quitter la ville, l’armée russe fait sauter les ponts de Riga ainsi que plusieurs bâtiments du port. L’armée allemande occupe Riga. En 1918, la République de Lettonie est proclamée. En 1920, un traité de paix est signé entre la Lettonie et la Russie marquant le début de la reprise de la vie économique. Les principaux partenaires commerciaux de la Lettonie sont alors la Grande-Bretagne et l’Allemagne. En 1940, le régime soviétique s’installe en Lettonie pour la première fois. Pendant l’été 1941, la deuxième guerre mondiale éclate rendant impossible, pour une longue période, la poursuite d’un développement normal pour le Port de Riga. Pendant les années Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 73 soviétiques, au début des années 80, l’un des plus gros terminaux à conteneurs d’URSS est construit à Kundzinsala, de même qu’un poste à quai et une infrastructure destinée à l’exportation du gaz liquide ; le terminal de passagers de Riga et de Zvejas Osta à Rinuzi sont mis en service. Le 4 mai 1990, la Cour suprême de Lettonie adopte une Déclaration pour le renouvellement de l’indépendance de la République de Lettonie et c’est une nouvelle page de l’histoire du développement du Port de Riga qui s’ouvre. LE PORT AUJOURD’HUI © Freeport of Riga Authority Le port joue un rôle important dans le bon fonctionnement des corridors de transport multimodal ouest-est et nord-sud. Grâce à un réseau routier et ferroviaire très développé, le port franc de Riga est directement relié aux principaux centres de consommation et aux principales régions extractrices de la CEI et de Russie. La localisation privilégiée de Riga par rapport aux ports voisins lui offre les meilleures conditions pour assurer le développement de ses relations économiques. Le fait que la Lettonie ait une frontière directe avec la Russie et la Biélorussie est un facteur de grande importance dans le maintien de relations commerciales stables et mutuellement bénéfiques. En 2005, le trafic des marchandises dans le port de Riga a augmenté de 1,8% pour atteindre 24,4 millions de tonnes. Traditionnellement, jusqu’à 80% des marchandises traitées dans le port franc de Riga sont des marchandises en transit à destination de Russie ou des États de la CEI. Dernièrement, le bois a joué un rôle dynamique dans la structure du trafic de marchandises du port de Riga représentant 28% du volume total des marchandises transportées. L’activité économique du terminal à conteneurs de la Baltique s’est accrue de manière significative. Les conteneurs représentent 6,4% du volume total des marchandises traitées à Riga. Les infrastructures dédiées aux minerais et aux engrais ont connu un développement intensif qui s’est traduit par une augmentation de leur capacité de traitement. Depuis 2000, le port de Riga est Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 74 intervenu avec succès dans la conduite et la coordination de toutes les actitivés de transport en rapport avec le port, et c'est l’efficacité de toute l’infrastructure qui en a été améliorée. L’aéroport international de Riga, un réseau autoroutier et ferroviaire étendu ayant déjà fait l’objet de projets d’investissement d’envergure au cours des dernières années, offrent de bonnes opportunités dans le domaine du trafic de marchandises dans la région. Législation portuaire 3 composantes principales régissent la législation du port de Riga : La loi sur « les ports » (1994) La loi sur « port franc de Riga » (2000) La loi sur « l’instauration d’un impôt dans les ports francs et les zones économiques spéciales » (2002) Infrastructures - un aperçu © Freeport of Riga Authority Faits & chiffres Le Port de Riga est le principal port d’importation et d’exportation de Lettonie et c’est aussi celui qui possède le plus d'espaces disponibles pour l’aménagement. Pour ce qui est du volume de marchandises traitées, il occupe la deuxième place et il est le quatrième port de la côte orientale de la Baltique. En 2006, le port de Riga a battu son record avec de 25,36 millions de tonnes de marchandises traitées. Turnover at the Freeport of Riga in 1997-2006 (thous.t.) 30000 23991,3 24429,1 25000 21728,6 18108,6 20000 15000 25357,6 11213,1 13315,3 12012,6 13351,7 14883,9 10000 5000 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 75 Commodities handled at the Freeport of Riga in 2006 Building materials 3% Other general cargo Containerized Chemicals 2% cargo 5% 6% Other bulk cargo 10% Coal 43% Timber 12% Oil products 19% © Freeport of Riga Authority Trafic Ro-Ro et passagers : Lignes régulières Ro-Pax : Riga – Stockholm (quotidiennes) Riga – Nyneshamn (deux fois par semaine) Riga – Lübeck (3 fois par semaine) Escales de bateaux de croisière : Nombre total d’escales (2006) 3 648 / Nombre total de passagers (en 2006): 246 885 Le port de Riga est également un port très ouvert qui accueille 32 entreprises de manutention, 34 agences maritimes, 13 entreprises de production et plus de 60 sociétés en rapport avec le port. Les fonctions de l’autorité portuaire L’autorité portuaire doit assumer les missions suivantes : La mise à disposition d’infrastructures (landlord port) ; La garantie de la sécurité de la navigation ; L’entretien des chenaux maritimes et fluviaux ; L’entretien des infrastructures liées à l’eau ; L’application des règlements en vigueur dans le port franc de Riga ; Le prélèvement des taxes et droits de port ; La délivrance des permis d’opérer en zone franche aux entreprises ; L’application du code I.S.P.S. Le 3 juillet 2003, le Bureau Veritas Quality International a délivré au port de Riga un certificat de conformité aux normes de qualité ISO 9001:2000. Le 10 juillet 2005, le Bureau Veritas Quality International a délivré au port de Riga un certificat de conformité aux normes de qualité ISO 14001:2004. Les autorités portuaires de Riga se sont fixé pour objectif une assurance qualité du port : créer un environnement social ouvert et favorable, tant pour les citoyens que pour les entreprises, par le biais de l’adaptation de l’environnement urbain et des activités économiques de la ville aux critères définis par la législation européenne. Par ailleurs, le port de Riga participe activement à tous les processus socio-politiques et culturels qui revêtent une importance pour la Lettonie. Plus de 20 000 lettons sont ainsi associés tous les ans aux activités du port de Riga. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 76 LA VILLE PORTUAIRE DE RIGA Riga – le pilier de l’économie nationale : • 32% (735 000) de la population du pays • 40% de la population active du pays • 52% (4690 mil. EUR) du PNB national • 56% de la totalité des entreprises enregistrées en Lettonie • 53% de la production industrielle nationale • 80% du chiffre d’affaires de la vente en gros • 60% du chiffre d’affaire du commerce de détail • 65% des impôts sur le revenu des particuliers proviennent d'employeurs enregistrés à Riga • 55% de l’investissement étranger 57% des touristes étrangers passent au moins une nuit à Riga. La structure urbaine de Riga Population – 734 000 habitants (2004) Superficie totale – 307,2 km² Comprenant Eau – 54 km² (17,6 %) Nature et espaces verts (espaces vacants compris) – 112,5 km² (36,6%) © Riga City Council Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 77 STRUCTURE SPATIALE DE LA VILLE © Riga City Council Le Projet ville port de Riga Conformément au programme d'aménagement et de développement du port de Riga 1996–2010 et au programme de développement de la ville de Riga 2006–2018, l’exploitation du port va être transférée vers l’embouchure de la Daugava, libérant un espace de 123 ha sur la rive droite de la rivière entre Andrejsala et Krievusala. La société en charge de la mise en œuvre du projet Jaunrīgas attīstības uzēmums” Ltd. (JAU) a été fondée par l’autorité du port de Riga et par l’entreprise norvégienne Port Pro AS. La mission assignée à la JAU est d'aménager un territoire urbain multifonctionnel de haute qualité dans la zone libérée des activités portuaires, aménagement concourrant au développement du centre-ville de Riga et à son extension vers la Daugava. Le projet ville port de Riga prévoit l’aménagement de ce territoire. La mise en œuvre du projet concerne deux secteurs : l’aménagement d’Andrejsala (39 ha) et l’aménagement de la zone Export et des territoire adjacents (84 ha). Andrejsala se trouve dans le périmètre de protection du centre historique de Riga – un site figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet aspect significatif sera être pris en compte au moment de procéder à l’aménagement du territoire d’Andrejsala, qui devrait s’étaler sur une durée de 10 à 15 ans. Guide des bonnes pratiques Andrejsala- l'ancienne principale zone d’exportation du port de Riga Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 78 L’aménagement du deuxième secteur concerné par ce projet (la zone Export) en espace urbain devrait être achevé dans environ 25 ans. Pendant cette période, le port poursuivra ses activités dans la zone Export et la transformation du territoire ne se réalisera que progressivement : les terminaux en service dans la zone Export continueront de fonctionner pour une durée supplémentaire de 5 à 7 ans ; au cours du processus d’aménagement du territoire, les opérations d’exploitation courante ne cesseront qu’en cas de nécessité. Le secteur sud d’Andrejsala est ouvert au public Le 4 mai 2006, après la réalisation de travaux préliminaires, « Jaunrīgas attīstības uzņēmums Ltd » a ouvert le secteur sud d’Andrejsala au public. En outre, au printemps dernier, Andrejsala a été le théâtre d’activités très différentes des opérations quotidiennes du traitement des marchandises ou de déchargement des wagons. A compter du 20 avril, Andrejsala a accueilli des artistes de différents pays venus produire une oeuvre dans le cadre de l’exposition « Borders as Windows » (Fenêtres sur rives) qui fait partie intégrante d’un projet artistique international intitulé « Sense in Place ». © Riga City Council © Riga City Council L’exposition « Borders as Windows » a eu lieu du 4 au 21 mai 2006. Les installations et des performances ont été programmées dans l’ancien atelier de charpentier et dans la centrale électrique (le bâtiment retenu pour abriter le futur Musée des arts contemporains). © Riga City Council Le Musée des arts contemporains (CAM) : un rôle accélérateur 2005 : 100 ans se sont écoulés depuis l’édification du seul musée destiné aux oeuvres d’art jamais construit à Riga, le musée d’art national de Lettonie. La Lettonie est l’un des rares pays européens à ne pas posséder de musée national des arts contemporains et de galerie nationale d’exposition. Au cours des 20 années qu’ont duré les discussions concernant le besoin urgent de disposer d’un musée des arts contemporains en Lettonie ainsi que de ses possibilités de création, le concept de musée a évolué. L’agence gouvernementale « j3b » (« New Three Brothers ») est un organisme géré par l’État sous la supervision du Ministre de la Culture, chargé de garantir la construction de trois espaces culturels à l’échelle nationale : la bibliothèque nationale de Lettonie, la salle de concert et le musée des arts contemporains. Par arrêté No.238 en date du 15 avril 2005, le Cabinet des ministres a officialisé la création de l’agence gouvernementale « New Three Brothers ». Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 79 © Riga City Council Les tâches de l’agence : Garantir la construction des espaces culturels publics (de même que concevoir des bâtiments et superviser les travaux de construction) et en initier l’exploitation ; Établir des procédures de réalisation des ouvrages en accord avec les besoins de l’État (construction, fourniture des matériaux et éléments techniques; Au moment de l’ouverture des espaces culturels, inscrire la propriété au Livre foncier au nom du Ministre de la Culture, et de l’État ; Attirer des financements pour la construction des espaces culturels publics par le biais de la coopération avec des investisseurs privés conformément au modèle de partenariat public-privé. Les objectifs de l’agence : En coopération avec les établissements d’enseignement et en fonction de leur programme, mettre sur pied un centre d'éducation pour les jeunes ainsi qu’un espace de formation permanente à l’intention de diverses catégories de la population ; Élaborer des programmes spécifiques favorisant l’insertion sociale ; Mettre les techniques universelles des arts visuels au service de la mise en place d’un centre d’intégration culturelle impliquant des groupes multiculturels lettons et européens ; Devenir un centre d’intérêt touristique et d’information culturelle à l’intention des visiteurs et favoriser la compréhension mutuelle ; Rejoindre le réseau des musées des arts contemporains de la mer baltique, profiter de leur expérience en terme de promotion des arts contemporains et mettre au point des nouvelles formes de coopération mutuelle. Contemporary Art Museum The new commercial center Concert Hall National Library © Riga City Council Le concept fondamental du projet de développement du CAM repose sur la construction et l’ouverture du musée des arts contemporains de Lettonie. La déclaration gouvernementale de 2004 situe ce projet parmi les projets culturels prioritaires. En 2004, le Ministre de la Culture a mis en place un groupe de travail chargé de définir le concept du CAM et la mission à accomplir. Entre le 28 et le 31 octobre 2004, ont eu lieu des réunions internationales d’architectes auxquelles ont participé 9 cabinets d’architecte étrangers et deux cabinets lettons. À l’issue des réunions, le bâtiment TES 1 et le territoire d’Andrejsala ont été retenus pour accueillir la construction du site. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 80 CAM - Le site Les locaux de la centrale électrique d’ Andrejsala ont été retenus pour accueillir le CAM © Riga City Council L’agence a d’ores et déjà entrepris de réunir les oeuvres destinées au musée. Les premières acquisitions ont été approuvées par un comité international d’experts en date du 15 décembre 2005 et M. Ernests Bernis, représentant de l’établissement bancaire « Aizkraukles Bank », a été nommé à la présidence du comité. L’établissement bancaire « Aizkraukles Bank » parraine l’Intranet – une base de données fermée destinée aux experts qui abrite une collection unique d’œuvres d’art régionales et internationales parmi lesquelles les pièces de la future collection seront choisies afin de garantir son « accessibilité totale » : toutes les barrières qui pourraient empêcher les visiteurs de profiter pleinement du musée seront ainsi supprimées. Le futur musée devra être à même d’apporter des solutions aux problèmes d’accès de tout ordre (physique, intellectuel, émotionnel, financier) de même qu’il devra résoudre les difficultés liées à l’accès aux informations et à la culture. Une attention particulière sera portée aux méthodes de feedback pouvant faciliter la prise de décision et répondre aux besoins croissants de la société. Le CAM, et les projets culturels de Riga, joueront sans aucun doute un rôle d'accélérateur pour l’aménagement multifonctionnel du centre ville et de la transformation d’anciens territoires portuaires en espaces publics attractifs à usages multiples qui procureront à la ville portuaire de Riga un environnement de haute qualité tant pour ses habitants que pour les entreprises. Sources : - PCP Project - Newsletter N°3, Preparée par Haralds Apogs, Visual Art Specialist, avec la collaboration de Inese Vilane, Project manager, Freeport of Riga Authority, Juin 2006 - Edgars Suna, Head of Strategic Planning Unit, Freeport of Riga Authority - Presentation during the Riga Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006 - Pēteris Strancis, Head of Building Board of City Development Department, Riga City Council - Presentation during the Riga Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006 - Valters Mazins, Chairman of the Board, Jaunrīgas attīstības uzņēmums” Ltd - Presentation during the Riga Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006 Plus d'information : - Freeport of Riga : www.freeportofriga.lv - Riga City council : http://www.riga.lv/EN/Channels/About_Riga/default.htm - JAU : www.jau.lv Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 81 AMSTERDAM : LA FLEXIBILITE COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT DURABLE L’histoire du port Les premières implantations L’histoire du port d’Amsterdam remonte au début du 13ème siècle lorsque une poignée d’aventuriers débarque après avoir suivi le cours de la rivière Amstel à bord d’embarcations faites de troncs évidés. Dans l’environnement de la rivière Amstel fait de marais et de marécages, un système de barrages et de digues est construit. Avec l’essor du commerce en mer Baltique, ces premiers marchands exigent le paiement d’un droit de passage aux navires. La ville connaît une expansion rapide et le commerce avec l’étranger ne cesse de se développer. L’âge d’or Entre 1570 et 1640, la population d’Amsterdam passe de 30 000 à 140 000 habitants et au fil des siècles, la prospérité de l’industrie commerciale attire des vagues successives de migrants de cultures différentes qui viennent se réfugier dans la ville. Cependant, la croissance de la ville ne s’est pas faite sans heurts (périodes de réformes, révolte des calvinistes, guerre de 80 ans). En 1581, le célèbre Guillaume d’Orange-Nassau regroupe les huit provinces du Nord, y compris Amsterdam, et déclare la naissance de la République indépendante de Hollande. La flexibilité et la tolérance de ces différentes cultures se révèle bientôt la clé du succès d’Amsterdam. Les colons protestants, comme les huguenots français, et les juifs portugais trouvent refuge à Amsterdam. Par le biais des affaires et du commerce, ils sauront ouvrir la voie vers la prospérité et « l’âge d’or » de la nation. Au 17ème siècle, les expéditions de la fameuse Compagnie hollandaise des Indes orientales (VOC) sur les routes des épices ont contribué à faire d’Amsterdam l’une des villes les plus riches et les plus influentes au monde. Le port s’est développé des deux côtés de la rivière Amstel pour s’étendre à l’est et à l’ouest de la rivière IJ. La rive Est est demeurée la plus importante. La surface d’eau disponible étant vaste, de larges chantiers ont ainsi pu être entrepris sans avoir à recourir à des acquisitions onéreuses. De ce côté-ci de la rivière, les vagues d’expansion successives ont entraîné la construction de chantiers navals et d’entrepôts et c’est à cet endroit que la VOC a choisi de s’installer. Le célèbre réseau de canaux en forme de croissant de la ville a vu le jour à cette époque pour devenir ce qui est aujourd’hui demeuré une toile complexe faite d’environ 90 îles, 100 kilomètres de canaux et 400 ponts en pierre. La capitale des Pays-Bas Après l’âge d’or, l’économie hollandaise connaît une période de stagnation qui met un terme à la croissance du Port d’Amsterdam. Bien que la guerre entre la France et le Royaume-Uni ait porté atteinte à la prospérité de la ville, au moment où le Royaume des Pays-Bas est finalement établi en 1815, Amsterdam connaît un élan de développement dans les domaines de l’architecture, de l’infrastructure et de l’industrie. En 1806, Amsterdam acquiert finalement le statut de capitale hollandaise. L’envasement du port, y compris le long de la rivière IJ, devient problématique. Les liaisons entre le port et la mer du Nord via la Zuiderzee (aujourd’hui IJsselmeer) sont de moins en moins profondes. Sans travaux d’ampleur, Amsterdam risque de perdre son statut de port maritime. Entre 1819 et 1824, le Roi Guillaume I entreprend l’approfondissement du canal Noordhollands entre Amsterdam et Den Helder. En raison l’augmentation de la taille des navires, les écluses et la profondeur du canal Noordhollands deviennent rapidement insuffisantes pour répondre aux nouvelles exigences. La construction du canal de la mer du Nord (1865 - 1876), qui permet de réduire la distance entre Amsterdam et la mer du Nord à seulement 20 kilomètres, rend à la ville son accès à la mer. En 1892, le canal Merwede (qui met aujourd’hui Amsterdam en communication avec le Rhin) est ouvert. Il crée une liaison directe entre Amsterdam et l’hinterland allemand. Les Eastern Docklands Au cours du 19ème siècle, les anciens docks construits sur les îles voisines situées à l’est deviennent trop petits pour répondre à la demande de l’époque et de nouveaux docks sont peu à peu établis sur des îles nouvellement construites sur la rivière IJ. La construction de la majeure partie des Eastern Docklands remonte au début du vingtième siècle. Les voiliers traditionnels sont progressivement remplacés par les navires à vapeur ; les ateliers de construction navale et les entrepôts sont adaptés aux nouvelles exigences. Les nouveaux Docklands marquent aussi la première séparation entre le secteur portuaire et les quartiers résidentiels. Le commerce se fait essentiellement avec les Indes Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 82 orientales (principalement l’Indonésie) et les Indes occidentales néerlandaises (principalement l’Amérique centrale) ainsi qu’avec le Levant (le Proche-Orient). Le trafic maritime de passagers s’effectue également depuis ce secteur : voyageurs se rendant dans les anciennes colonies et migrants venus en train d’Europe de l’Est et d’Europe centrale à destination de l’Amérique du Nord ou de l’Amérique du Sud. Les compagnies maritimes quittent les Docklands dans les années 80. L’industrie navale Amsterdam possède une longue tradition de construction et de réparation navale. Lorsque les bassins et les entrepôts sont transférés vers les Eastern Docklands, les ateliers de construction et de réparation navale sont déplacés sur la rive nord de la rivière IJ. En 1878, la Amsterdam Dry dock Company construit un nouveau quai en face des Eastern Docklands. Le secteur occidental de la rive nord de la rivière IJ voit également apparaître des entreprises de construction et de réparation navale. Au cours du 20ème siècle, de nombreux navires sont construits et l’industrie navale contribue pour une large part à l’économie du port. Cependant, la récession des années 70 oblige les entreprises de construction et de réparation navale à se soumettre à un processus de fusions et d’acquisitions. À la fin des années 80, toutes les entreprises ont quasiment disparu. Shipdock Amsterdam est aujourd’hui le dernier représentant de ce qui a un jour été une industrie à grande échelle. L’ancien quai de la NDSM (Netherlands Shipbuilding and Dock Company) va devenir un quartier urbain où les rampes de lancement et les hangars de l’ancien chantier naval seront préservés. Le secteur Ouest du port À la fin du 19ème siècle, le port entreprend de s’étendre vers l’ouest, le long du canal de la mer du Nord, et de se moderniser via la construction de terminaux pour le trafic de bois, le Minervahaven et le Petroleumhaven. Le Coenhaven (un terminal de marchandises diverses) lui succède au 20ème siècle. Au début des années 30, la première partie du Westhaven est construite pour servir à une usine automobile Ford. En 1950, les dégâts considérables causés par la deuxième guerre mondiale sont largement réparés et afin de remédier à la mauvaise qualité des liaisons avec l’hinterland allemand, l’on procède à l’élargissement du canal reliant Amsterdam au Rhin. Dans les années soixante, le port doit faire face à la croissance du transport maritime. Le transport des marchandises en vrac (pétrole, céréales et charbon) est également en expansion mais Amsterdam est aussi un port d’importation de marchandises diverses (bois, papier, acier). À cette époque, la construction de l’Amerikahaven et de l’Australiëhaven est en cours. À la fin des années 60, les marchandises diverses sont de plus en plus fréquemment acheminées par conteneurs. La première partie de l’Aziëhaven est construite à la fin des années 70. Avec les années 80, la croissance fait son retour, en particulier dans le domaine du transbordement du vrac solides (charbon, céréales, minerais) et du transport par conteneurs. Le dernier apport à l’infrastructure portuaire, l’Afrikahaven, voit officiellement le jour en l’an 2000. Développement du Port 1950-2000 © Port of Amsterdam Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 83 Le port de nos jours Profil et organisation du port L’ensemble portuaire d’Amsterdam, constitué de quatre ports, est aussi connu sous le nom de d’Amsterdam Seaports. Cet ensemble constitué par les ports d’Amsterdam, de Beverwijk, de Velsen/IJmuiden et de Zaanstad est le moteur économique de la région du canal de la mer du Nord. Les quatre ports sont situés le long du canal, et bien que fonctionnant de manière indépendante, ils travaillent en étroite collaboration. À l’exception du port de Ijmuiden, tous les ports sont gérés par l’État. Le Port d’Amsterdam appartient à la ville qui donne des instructions en matière de gestion, d’exploitation et d’aménagement portuaire. L’objectif central consiste à encourager l’activité économique et l’emploi dans l’ensemble de la région portuaire. Le Port d’Amsterdam gère plus de 1900 hectares de surface portuaire et 600 hectares d’eau. Le contrat d’exploitation concerne les sites portuaires (location et concession), les quais et les surfaces d’eau. Le Port d’Amsterdam est aussi chargé de la construction, de l’entretien et du renouvellement des biens immobiliers et de l’infrastructure. Les activités du Port d’Amsterdam comprennent : Le contrôle du trafic par VHF depuis les différents postes de contrôle Le contrôle du trafic via des navires de surveillance Le contrôle des écluses à IJmuiden L’application des lois et des règlements L’exécution de missions d’inspection de l’environnement Le conseil auprès des autres services et sociétés du secteur maritime Le secteur portuaire constitue l’un des hubs les plus importants d’Europe. Cette situation se doit essentiellement à un emplacement maritime favorable ainsi qu’à la qualité de ses liaisons maritimes, routières, ferroviaires et aériennes avec l’hinterland. Le port est également une place d’affaires de renommée internationale. Tous ces atouts lui permettent de traiter quelque 80 millions de tonnes de marchandises par an, ce qui place Amsterdam au quatrième rang des ports du Nord-Ouest de l’Europe. La valeur ajoutée directe du Port d’Amsterdam est supérieure à 3,5 milliards d’euros et il génère 34 000 emplois directs et 22 000 emplois liés aux activités portuaires. Le total de l’actif s’élève à € 546 millions et le chiffre d’affaires atteint € 80,5 millions. En 2005, le Port d’Amsterdam a injecté plus de € 22 millions dans les caisses de la municipalité. Entre 1990 et 2005, le Port d’Amsterdam a concédé 393 hectares de terrain et en a récupéré 298 hectares, la superficie nette des terrains donnés en concession est donc de 95 hectares. Plan du Port © Port of Amsterdam Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 84 Chiffres clés Zone portuaire dont, port d’Amsterdam Trafic total Trafic Amsterdam Revenu Valeur ajoutée Investissement annuel Emploi Nouveaux territoires donnés en concession 4500 ha 2500 ha 80 millions de tonnes 55 millions de tonnes € 70 millions € 3500 millions € 40 - 50 millions 34000 25 ha par an Les types de marchandises traitées Amsterdam Seaports est essentiellement un port de vracs. Son trafic annuel de 80 millions de tonnes est réparti à hauteur de 25 millions de tonnes pour IJmuiden et 55 millions de tonnes pour le port d’Amsterdam. Le trafic d’Ijmuiden, qui dépend de l’entreprise sidérurgique Corus, est constitué d’acier, de minerais et de métaux. Le port d’Amsterdam est très présent pour le charbon, les vracs liquides et les vracs agricoles. Amsterdam est le premier terminal pétrolier européen et il devrait occuper la première place au niveau mondial dans les années à venir. Amsterdam est, derrière Rotterdam, le deuxième port charbonnier d’Europe avec une part de marché de 25%. Les nouveaux carburants durables comme la biomasse et les biocarburants font actuellement leur apparition dans le port. Amsterdam est le principal port importateur de cacao du monde et le premier d’Europe pour ce qui est du vrac agricole. Terminal Ceres © Port of Amsterdam Depuis le mois d’août 2005, le port d’Amsterdam est aussi un port à conteneurs en croissance rapide, avec huit services hebdomadaires de lignes maritimes à courte et longue distance à destination de l’Asie, l’Amérique du Sud et toute l’Europe. Le trafic des conteneurs devrait croître pour passer de 50 000 unités en 2005 à 200 000 unités en 2006 et Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 85 atteindre les 350 000 unités en 2007. La capacité du terminal à conteneurs est de 1 000 000 EVP, et il dispose de l’espace suffisant pour atteindre une capacité de 3.000.000 EVP. Terminal passagers © AIVP / IACP Le secteur de la croisière Amsterdam, destination importante des bateaux de croisière, a enregistré 106 escales maritimes et 772 escales fluviales en 2005. Plus de 250 000 passagers visitent la ville et y dépensent environ 100 millions d’euros par an. Le terminal passager (PTA) se trouve dans le centre-ville et intègre une multitude de fonctions. Son splendide bâtiment est doté d’un quai d’une longueur de 600 mètres, de vastes halls d’accueil, d’un parking de stationnement pour les bus de tourisme, de bureaux, d’un palais des congrès et d’un parking souterrain de 500 places. Le PTA peut également accueillir des séminaires, congrès. Son toit ondulé abrite un vaste espace transparent pouvant accueillir, répartis sur trois étages, 3 000 personnes. Les écluses d’IJmuiden Le canal de la mer du Nord, d’une longueur de 20 kilomètres et d’une largeur de 350 mètres, relie le Port d’Amsterdam à la mer. À Ijmuiden, l’installation d’un réseau hydrographique s’est avéré nécessaire et un système de quatre écluses fonctionnant 24h/24 a été mis en place. Le tirant d’eau maximum autorisé est de 13,72 mètres en eau salée. L’augmentation du nombre de navires en circulation a fait ressentir la nécessité de construire une autre grande écluse à Ijmuiden, la grande écluse nord devant atteindre sa capacité maximum au cours des prochaines années. De plus, la largeur opérationnelle de l’écluse Nord, 45 mètres, est insuffisante pour accueillir les nouvelles générations de vraquiers. C’est pour cette raison qu’en 2005, le gouvernement néerlandais et le gouvernement de la province se sont accordés sur la nécessité de une nouvelle écluse, seule solution pour garantir un accès à la mer approprié. Le temps nécessaire à la planification des travaux et à la construction de l’écluse étant estimé à environ 10 ans, des mesures doivent visant à optimiser les accès au port vont être prises entre-temps. L’accessibilité Amsterdam dispose de bonnes dessertes routières, ferroviaires et fluviales en direction de l’hinterland et elle est reliée à l’hinterland européen par les autoroutes A1, A2 et A4. En 2008, une nouvelle autoroute sera construite qui assurera un lien direct entre le port et la deuxième rocade autour d’Amsterdam et entre le port et l’aéroport de Schiphol. Avec le doublement du réseau de voies ferrées entre Amsterdam et Utrecht et grâce à la jonction prévue avec la « Betuweroute », une ligne dédiée au fret, Amsterdam va voir son accessibilité ferroviaire s’améliorer dans les années à venir. Le Port d’Amsterdam a, conjointement avec le Port de Rotterdam, rejoint le consortium chargé d’opérer la liaison ferroviaire fret « Betuweroute ». La liaison fluviale s’effectuera par le canal Amsterdam-Rhin et à cette fin, un vaste programme de dragage vient d’être mis à exécution. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 86 © Port of Amsterdam Le transport public entre les banlieues et le port est un autre thème d’importance. Plusieurs lignes de bus font la navette entre le port et la gare ferroviaire de Sloterdijk. Le bus de Westpoort assure le transport du personnel, entre domicile et lieu de travail, de nombreuses entreprises du secteur portuaire d’Amsterdam. Un hydroptère permet une liaison rapide entre le centre d’Amsterdam et IJmuiden. En moins d’une demi-heure, ces bateaux vous amènent de la gare centrale d’Amsterdam aux écluses. Hydroptère et bâtiment "Silo Dam" © AIVP / IACP Au-delà des liaisons géographiques, le Port d’Amsterdam s’intéresse également à l’utilisation de communications électroniques pour le traitement des flux de données. En collaboration avec des partenaires régionaux, Amsterdam a entrepris la réalisation d’un réseau en fibre de verre le long du canal de la Mer du Nord. Le réseau est essentiellement destiné à faire fonctionner les radars de navigation des navires mais peut également être utilisé dans les échanges de données électroniques. L’environnement Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de croissance économique qui ne garantisse pas la préservation de l’environnement. Le secteur de Westpoort est la seule zone industrielle de la région qui accueille les industries polluantes (nuisances sonores et olfactives, poussières). Il regroupe non seulement les activités portuaires mais aussi les activités urbaines dérangeantes. Les centrales électriques, les réseaux d’égout et les usines de traitement des déchets sont actuellement transférés dans cette zone. Le secteur abrite également des éoliennes. Près de 25 éoliennes y ont été installées, et 15 autres sont prévues, alimentant quelque 50 000 foyers. La durabilité constitue une dimension importante du développement du Port d’Amsterdam qui ne peut se concevoir sans la prise en compte de l’environnement urbain et naturel. Le port est entouré par les villes d’Amsterdam et de Zaanstad et par Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 87 des secteurs dédiés aux loisirs. La pression pour la construction de nouveaux secteurs résidentiels est forte et il est nécessaire de trouver des solutions qui concilient aménagements portuaire et urbain. Les redéveloppements urbains et portuaires Développements urbains en zone portuaire © Port of Amsterdam Les zones de transformation Eastern Harbour © AIVP / IACP Les zones situées à l’est du territoire portuaire ont été complètement transformées en quartiers résidentiels. Le secteur le plus connu est celui des Eastern Docklands, qui accueille aujourd’hui presque 17 000 habitants. Les anciens entrepôts ont été remplacés par de grands immeubles d’appartements, un quartier très prisé par les jeunes couples et les jeunes familles d’Amsterdam. Il ne reste quasiment plus rien de l’atmosphère de l’ancien port. Les activités portuaires ont presque toutes disparu et le terminal passagers représente aujourd’hui la seule activité portuaire. Des transformations ont également eu lieu sur la rive nord de la rivière IJ. Dans les années 80, l’emplacement de l’Amsterdam Dry dock Company a été transformé en un vaste centre d’hébergement social et, au cours des prochaines années, le secteur des anciens laboratoires sera aménagé en un quartier urbain qui concentrera la plus forte densité d’habitations de tout les Pays-Bas. Eastern Harbour © AIVP / IACP Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 88 Les zones de transition À Amsterdam, la pression pour l’aménagement de nouvelles zones urbaine est forte. D’ici vingt ans, il faudra construire 50 000 logements supplémentaires à l’intérieur des limites de la ville. Le cœur des opérations d’aménagement portuaire a donc été déplacé d’est en ouest car c’est à l’ouest de la ville, là où elle jouxte le port, que des secteurs à transformer ont été identifiés. La plupart sont des zones portuaires abandonnées, mais certaines activités portuaires n’ont pas été déplacées. Qui plus est, le port actuel se situe à proximité de ces zones de transition, ce qui signifie qu’elles sont affectées par le bruit, les odeurs et la poussière. La transformation complète de ces zones en quartiers d'habitat, comme dans les Eastern Docklands, n’est pas facilement réalisable mais la pression urbaine réclame la mise en œuvre de solutions nouvelles qui permettront de construire des logements à proximité du port. Logements étudiants, NDSM Wharf © AIVP / IACP Les principales zones de transition sont les Houthaven (trafic de bois) et le quai de la NDSM. À partir de l’ancienne structure des docks, un nouveau quartier résidentiel va être construit qui comprendra approximativement 2000 logements. Afin d’éviter les nuisances sonores (et olfactives), certaines maisons seront équipées de murs extérieurs isolants, ce qui implique la condamnation de portes et de fenêtres. Dans le secteur nord, une autre stratégie a été choisie concernant le quai de la NDSM. Cette stratégie est basée sur la flexibilité de l’utilisation des terrains et des types de construction. Les établissements commerciaux et les logements étudiants sont autorisés dans le cadre des restrictions environnementales actuelles. Lorsque la réglementation aura changé ou qu’une partie des activités portuaires aura été délocalisée, les bâtiments pourront être transformés en logements permanents. Le Port d’Amsterdam possède également sa zone de transition. Le Minervahaven, dédié aux trafics de bois, est en train d’être transformé en quartier de petits commerces, notamment destiné aux petites entreprises du secteur de l’industrie artisanale et de la création. En raison de la présence du port, l’utilisation du secteur à des fins résidentielles est interdite mais sa revitalisation en fait un espace valorisé et dynamique. Jusqu’alors négligé, il devient un quartier vivant et constitue une zone tampon entre le port et la ville. Minervahaven, projet © Port of Amsterdam Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 89 Minervahaven, actuel © Port of Amsterdam Minervahaven, Urban Plan © Port of Amsterdam Le redéveloppement du port sur lui-même Le réaménagement du port ne concerne pas seulement les zones portuaires abandonnées. Certains secteurs du port actuel sont également concernés. Il existe deux types d’aménagement, le comblement d'anciens bassins et la récupération de territoires portuaires abandonnés ou insuffisamment utilisés. Dans la partie la plus ancienne du secteur portuaire, les bassins qui servaient de terminal aux marchandises diverses ont été transformés. Par exemple, sur Coenhaven, trois bassins sur une rangée de cinq ont été comblés pour agrandir les quais. La quasi totalité des bassins d’amarrage devenus trop petits pour accueillir les navires modernes a été comblée. Grâce à cette stratégie, le développement des espaces portuaires suit le rythme de l’expansion des industries navale et maritime. HemHavens © Port of Amsterdam Une autre stratégie mise en place par le port d’Amsterdam consiste à récupérer les terrains portuaires abandonnés ou insuffisamment utilisés. Entre 1990 et 2005, le Port d’Amsterdam a récupéré 298 hectares de terrain dont la plupart a été à nouveau concédée. La récupération de terrain est presque toujours suivie par de nouvelles attributions et par le lancement de nouvelles activités. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 90 L’avenir du port Contribution à l’économie de la région et stratégie portuaire Le port est l’un des cinq piliers de l’économie de la région, les autres piliers étant le secteur des finances, l’aéroport, le tourisme et les loisirs ainsi que les technologies de l’information et de la communication et les nouveaux médias. La région, dont l’économie est caractérisée par la souplesse et l’enrichissement mutuel, doit sa force à sa diversité. Le port d’Amsterdam et l’aéroport de Schiphol forment ensemble une « porte ouverte sur L’Europe ». En tant que deuxième port des Pays-Bas, le Port d’Amsterdam joue un rôle fondamental. Il aspire à devenir un hub logistique de qualité dans le but de renforcer l’économie de la région d’Amsterdam. La satisfaction de cette ambition, desservir l’hinterland tout en assurant le rôle de hub international pour le trafic des marchandises, implique la modification de ses caractéristiques : le port abandonnera bientôt son statut de port de destination spécialisé dans le traitement des produits industriels pour se positionner en tant que port de transbordement à la croisée des flux internationaux de marchandises. Cette transition passera par la nécessaire augmentation des volumes (circulation et fret), ceux traités par la seule région d’Amsterdam étant insuffisants. Cette augmentation est indispensable si l’on veut garantir la compétitivité des prix des services maritimes (bateaux pilotes et remorqueurs) et logistiques (agents et fournisseurs) et attirer davantage de marchandises et de nouvelles industries. Les nouveaux espaces portuaires AfrikaHaven © Port of Amsterdam En raison du nombre important de terrains affectés à la réalisation de nouveaux terminaux sur le Afrikahaven, il ne restera bientôt plus de terrain disponible pour l’aménagement du port. Un nouvel espace portuaire, situé sur la rive nord du canal de la mer du Nord à proximité d’Ijmuiden, a été intégré à la planification spatiale de la région. Cependant, la taille de cette nouvelle extension portuaire, appelée Wijkermeer, est limitée (à environ 180 ha) et des voix se font entendre contre cet aménagement. Par ailleurs, la rive nord du canal n’est pas un emplacement favorable en matière de liaisons vers l’hinterland. C’est pour ces raisons que certains estiment que l’agrandissement du port devrait plutôt se faire à partir du port actuel. Cependant, ce secteur, appelé Houtrak, est actuellement aménagé en secteur dédié à la nature et aux loisirs et constitue une zone privilégiée entre les aménagements industriels des villes d’Amsterdam et d’Haarlem. Une troisième possibilité consiste à aménager de nouveaux secteurs portuaires gagnés sur la mer à proximité des aciéries de Corus, mais le fait de construire en mer à cet emplacement aura de sérieux impacts sur l’environnement et l’utilisation du territoire. Dés lors, la procédure pour aménager de nouveaux secteurs portuaires dans la région d’Amsterdam sera longue et difficile. C’est pourquoi le Port d’Amsterdam s’efforcera au maximum de réaménager les secteurs existants. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 91 Zones d'extension du port 2010-2030 actuellement à l'étude © Port of Amsterdam Le développement durable Avec l’augmentation des contraintes spatiales et environnementales, la nécessité de mettre en place une stratégie de développement durable s’impose. Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de croissance économique qui ne garantisse pas la préservation de l’environnement. La construction et l’entretien de l’infrastructure mais aussi la gestion écologique doivent s’inscrire dans la durabilité. Le Port d’Amsterdam a élaboré une politique pour que cette vision se traduise par des projets qui abordent le manque d’espace, la gestion du parc, le trafic et le transport, les matériaux, l’énergie et l’eau. L’une des principales priorités de la politique environnementale adoptée consiste à gérer l’espace portuaire disponible avec le maximum de précautions. En outre, l’autorité portuaire encourage les usagers du port à appliquer l’ensemble des règlements pertinents tout en garantissant que la qualité du sol, de l’eau et des fonds marins n’est pas en danger. Cet intérêt envers le développement durable se manifeste également à travers la participation du port dans plusieurs projets environnementaux, par exemple le projet Ecoports. Dans le cadre d’une initiative majeure conduite en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable, EcoPorts a débouché sur la mise au point de normes visant à encourager les meilleures pratiques pour la gestion de l’environnement portuaire de même que sur l’instauration du Port Environmental Review System (PERS). Source: PCP Project - Newsletter N°5, Novembre 2006 - Rédigée avec Pito Dingemanse, Manager of Spatial Planning, Port of Amsterdam. Informations complémentaires: Port of Amsterdam: http://www.portofamsterdam.nl Eastern Docklands http://www.easterndocklands.com/index.html Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 92 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 93 DELFZIJL : LES DEFIS D'UNE METAMORPHOSE Histoire Située dans le nord des Pays-Bas, la ville de Delfzijl est l'une des 450 municipalités que compte le pays. Elle a été créée au début des années 1990, suite à la fusion des municipalités de Bierum, Termunten et Delfzijl. La municipalité ainsi créée est composée par la ville portuaire de Delfzijl et par 13 villages situés au nord et au sud de celle-ci. Delfzijl occupe un territoire de 227 kilomètres carrés, elle compte près de 28 000 habitants et 12 437 foyers. Approximativement 19 000 personnes sont installées en ville et 9000 dans les villages environnants. Delfzijl se trouve plus ou moins au centre de ce territoire. La ville portuaire de Delfzijl est dotée d’une longue histoire. Vers l’an 1200, trois écluses ont été construites à l’emplacement de la ville actuelle. Dès le départ, les écluses ont fait de la ville un emplacement stratégique (contrôle du niveau des eaux continentales et contrôle du trafic maritime sur l’Eems), il n’est donc pas surprenant qu’elle soit devenue une forteresse. Pendant des siècles, Delfzijl a attisé les convoitises des troupes d’Alva et de Napoléon et des princes allemands. L'intérêt de Delfzijl en tant que ville portuaire a également été reconnu depuis le tout début et les activités maritimes et portuaires ont commencé à se développer peu de temps après la construction des écluses. L’ancienne forteresse avec l’Eems à droite et le Damsterdiep en haut à gauche L’importance militaire de la forteresse s’est réduite à la fin du 19ème siècle où elle a été démantelée. Au début du 20ème siècle, Delfzijl s’est développée en tant que port destiné au transbordement des marchandises qui arrivaient par voiliers avant d’être réparties sur des embarcations plus petites à destination de la ville de Groningue et d’ailleurs. Parallèlement au commerce, l’industrie navale s’est développée et existe encore aujourd'hui. Au début du 20ème siècle, Delfzijl était une petite ville portuaire active et elle l’est restée jusqu’à la deuxième guerre mondiale (19391945). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 94 Le port de Delfzijl in 1930 Dans les années 50 et 60 du siècle dernier, de nouvelles opportunités se sont offertes à la ville de Delfzijl. C’est à cette époque que la découverte de sel et de gaz dans la province de Groningue a ouvert un nouvel horizon pour la ville. Le sel pouvait être utilisé comme produit chimique de base dans plusieurs industries et le gaz garantissait une énergie abondante et bon marché. L’industrie chimique de Delfzijl se concentre aujourd’hui autour de la production du chlore et elle représente 30 % de l’industrie chimique hollandaise. Cette énergie bon marché a offert de très belles opportunités aux industries métallurgiques comme "Aluminium Delfzijl". Les dirigeants et hommes politiques de l’époque estimaient que la population de la ville de Delfzijl pourrait passer d’environ 13 000 à plus de 100 000 habitants. Au début des années 70, un nouveau port (l’Eemshaven) a été construit à l’intention de l’industrie pétrochimique à 20 kilomètres au nord de Delfzijl. Groningen Seaports Groningen Seaports est l’autorité portuaire des ports de Delfzijl et d’Eemshaven. Deux ports intérieurs sont également sous sa responsabilité : Farmsumerhaven et Oosterhornhaven. Groningen Seaports est détenue à 60% par la province de Groningue et à 40%, à part égale, par les municipalités de Delfzijl et d’Eemsmond. L’entreprise fournit aux deux ports toute la gamme des services portuaires depuis la logistique à la mise à disposition de sites industriels et commerciaux de haute qualité. Du fait de leur emplacement, de la variété des sites industriels et commerciaux proposés, d’une infrastructure non saturée, de l’espace disponible et des prix avantageux pratiqués, les sites industriels de Groningen Seaports sont particulièrement adaptés à l’accueil des établissements commerciaux. Groningen Seaports dispose de voies d’eau facilement accessibles, elle propose des services rapides, de l’espace dans tous les sens du terme, une énergie propre et abondante, un équipement portuaire de haute qualité, un personnel hautement qualifié, ainsi que d’un accès ferroviaire, routier et fluvial rapide. Groningen Seaports est orientée marché, elle est compétitive tant du point de vue financier Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 95 que logistique. Elle offre la gamme complète des services tout en jouant le rôle d’initiateur, d’entrepreneur et de facilitateur. Les ports de Delfzijl et d’Eemshaven occupent un emplacement stratégique entre les ports principaux que sont Rotterdam et Hambourg. Ils sont desservis par des routes dont le trafic est fluide (les autoroutes A7 et A31) et sont reliés au réseau ferroviaire national. Depuis le mois de septembre 2005, une liaison avec le chemin de fer allemand a également été réalisée. Par ailleurs, la société Railion propose un service de triage dans la zone industrielle de Delfzijl. Grâce au Eemskanaal, Groningen Seaports dispose d’un très bon accès direct aux voies d’eau intérieures. L’Eemskanaal établit une liaison entre le port de Delfzijl et la route Groningen-Lemmer de même qu’entre le réseau de voies d’eau intérieur et Amsterdam et Rotterdam. Plusieurs sites industriels sont situés sur Oosterhornhaven, directement relié à l’Eemskanaal. Groningen Seaports possède aussi un deuxième port intérieur, Farmsumerhaven, également accessible par l’Eemskanaal et le réseau des voies d’eau. Via le port de Delfzijl et l’estuaire d’Eems, les navires fluviaux ont aussi accès à Eemshaven. Eemshaven en particulier est idéalement positionné pour le commerce avec la Scandinavie, le Royaume-Uni et la région baltique et il possède un très fort potentiel pour ce qui est des activités de stockage et de transbordement. Le port de Eemshaven comprend Handelskade Eemshaven (stockage et transbordement du sucre, produits forestiers, papier, viande et poissons réfrigérés et marchandises diverses), un terminal à pondéreux destiné au transbordement et à l’entreposage du vrac solide, un espace dédié au transport roll-on/roll-off, une zone réservée au short sea shipping ; un site industriel pour les entreprises logistiques spécialisées dans le secteur du short sea shipping, "Energy park" et "Recycling park" des sites dédiés à l’environnement, à l’énergie, au recyclage et aux industries liées au traitement des déchets ; une zone d'activités accueillant les petites et moyennes entreprises (fournisseurs) ; et un parc logistique réservé au développement de nouvelles activités logistiques. Enfin, une ligne maritime assurant le transport des passagers existe entre Eemshaven et l’Allemagne (les îles de Borkum et de Helgoland). Vue aérienne du port Eemshaven © Groningen Seaports Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 96 L’énergie L’énergie est un sujet d’actualité et il offre de nombreuses opportunités à Groningen Seaports. Energy Park Eemshaven est un site industriel dédié à l’environnement, au recyclage et aux industries liées au traitement des déchets. À l’heure où les besoins en sites de production d’énergie sont élevés, NorNed, un projet collectif entre Statnett et TenneT, a été mis en place dans l’objectif d’installer un câble sousmarin à haute-tension entre la Norvège et les Pays-Bas. Grâce à cette installation, le plus long câble à haute-tension du monde, il sera possible de faire circuler du courant électrique, dans les deux sens, entre la Norvège et les Pays-Bas. La construction de la station-relais est en cours. TCN SIG Real Estate a également entrepris la construction d’un vaste centre de traitement de l’information. Parallèlement, Essent/ConocoPhillips et Nuon ont décidé de s’installer dans le Eemshaven. Essent/ConocoPhillips a l’intention de créer un terminal GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et Nuon envisage de construire un groupe multiénergie. La décision d’investissement concernant les deux projets sera prise à la mi-2007. En vue de faciliter l’implantation de ces industries, Groningen Seaports a lancé la construction de sites industriels et elle se prépare à effectuer les travaux d’excavation du chenal vers Eemshaven ainsi que d’Eemshaven lui-même, prévoyant d’étendre le Wilhelminahaven de 600 mètres et de construire un nouveau port afin de pouvoir accueillir les navires GNL. RWE, entreprise allemande de production d’énergie, projette aussi d’installer des bureaux dans Eemshaven et ses projets de construction d’une centrale électrique sont à un stade avancé. Le secteur de l’énergie est également en plein essor dans le port de Delfzijl. BKB, Evelop et Biox ont établi des projets très avancés en vue de l’implantation de centrales électriques destinées à approvisionner en électricité et en vapeur les industries chimiques et de type métallurgique établies dans Chemical Park Delfzijl et Metal Park Delfzijl. Le port de Delfzijl comprend Handelskade Delfzijl (stockage et transbordement du bois, papier, kaolin, conteneurs et marchandises diverses), Chemical Park Delfzijl (qui regroupe 12 industries chimiques en rapport avec le chlore), Metal Park (un regroupement de sites industriels créés selon les critères du développement durable destinés aux entreprises de type métallurgique), De Valgen (site industriel dédié aux industries chimiques), MERA Park (dédié à l’environnement, à l’énergie, au Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 97 recyclage et aux industries liées au traitement des déchets), Oosterwierum (industries chimiques, agroalimentaire, logistique et PME) ainsi que quelques zones d'activités destinés aux petites et moyennes entreprises (Delta, Farmsumerpoort, De Zeesluizen et Fivelpoort). Groningen Seaports est membre de la fondation EcoPorts. L’environnement fait partie intégrante de ses processus opérationnels. Depuis les années 70, l’environnement est également au cœur des préoccupations en matière de planification ville/port. Le port de Delfzijl. Au premier plan, le centre ville ; à l’arrière plan, les usines chimiques © Groningen Seaports Delfzijl : programmes d’extension et défis environnementaux Le plan de la ville de Delfzijl a dû être révisé pour tenir compte des visions pour le futur des dirigeants et des hommes politiques des années 60 et 70 et les 100 000 habitants qui étaient attendus. Les vieux bâtiments ont été détruits, des immeubles de six étages ont fait leur apparition et un quartier tout neuf fait de maisons modestes destinées aux ouvriers a alors été construit au nord de Delfzijl. De jolies buttes artificielles destinées autrefois à supporter les habitations ont été détruites pour laisser place aux installations industrielles. Les programmes de reconstruction des années 60 prévoyaient la construction d’un aéroport © City of Delfzijl Deux crises économiques (1973 et 1980) ont toutefois mis un terme à ces programmes. Delfzijl ne dépasserait jamais les 35 000 habitants. Il en a résulté des maisons et des appartements vides et des terrains industriels non utilisés. À mesure que la situation dans le nord perdurait, le nouveau quartier s’est appauvri et il a commencé à attirer depuis tout le pays une population nombreuse issue des classes défavorisées. À la fin des années 80, tout le monde (conseillers, maire et élus) a convenu qu’il Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 98 fallait agir. Dans les années qui ont suivi, de nombreux débats ont donné lieu à des opérations de restructuration. Toutefois, les autorités locales ne sont pas parvenues à définir quelles actions entreprendre et surtout comment les mettre en oeuvre. À la fin des années 90, une commission spéciale a été nommée pour faire la point sur la situation de Delfzijl. En 1999, cette commission, qui a pris le nom de son président monsieur Tielrooy, a proposé un Masterplan. Tielrooy concluait que la restructuration, ou comme on dit maintenant, la revitalisation, nécessiterait un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros. Le prix était trop cher à payer pour la ville de Delfzijl seule. Des négociations ont été entamées afin de solliciter des fonds extérieurs auprès de la province et de l’État. Les parties ont finalement trouvé un accord et l’une des principales conditions à l’investissement a consisté en la création d’une société de développement (OMD) détenue par la municipalité (49 %), la société de construction building Society Acantus (49 %) et la province (2%). OMD a été créée en 2001. Delfzijl-Nord avant la reconstruction © City of Delfzijl La reconstruction de Delfzijl Nord © City of Delfzijl Le Masterplan La revitalisation de Delfzijl repose aujourd’hui encore sur ce Masterplan dont les grandes lignes correspondent aux qualités essentielles de la zone : Le réseau des voies d’eau (L’Eems relie Delfzijl à la mer et aux ports allemands d’Emden, Leer et Papenburg. La ville de Termunterzijl, au sud, est reliée à la ville bleue. Un canal part de Farmsum pour rejoindre Schildmeer et l’Eemscanal ; le canal de Damsterdiep conduit à la ville de Groningue) ; l’ancienne forteresse ; les buttes artificielles et la richesse du paysage culturel. Le Masterplan prévoit la destruction de 1500 maisons/appartements et la construction de 700 nouvelles maisons destinées aux classes moyennes et supérieures et 450 logements sociaux. L’objectif consiste à équilibrer davantage l’offre et la demande du marché immobilier pour l’ajuster à celui de la province. Le gros des travaux de destruction est achevé pour le Kwelderland et les activités de construction vont se développer au cours des prochains mois, marquant une nouvelle étape de la revitalisation. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 99 La revitalisation de Delfzijl implique finalement la métamorphose complète de la ville portuaire. Maintenant que la construction est en cours dans le Kwelderland, OMD s’oriente davantage sur le centre et sur les liaisons et connections entre la mer et le port. Une vision pour le Centre Le secteur concerné : le tracé de l’ancienne forteresse et son environnement immédiat. Problèmes à résoudre : Les secteurs bâtis dont les façades sont inachevées (lignes rouges) ; L’accès au centre en voiture, en train ou par la mer mal définis (cercles violets) ; les itinéraires mal définis dans le centre pour le stationnement des véhicules, les bicyclettes et piétons (flèches bleues) ; La réorganisation des fonctions (cafés, commerces, bureaux, logements, parkings) ; La sécurité de la ville du fait de l’augmentation du niveau de la mer ; concilier qualité de vie et activités industrielles. © City of Delfzijl Les pistes de travail : reprendre le tracé de l’ancienne forteresse et construire en respectant la logique de l’ancienne configuration spatiale et fonctionnelle ; la conception intégrée de l’espace public ; l'orientation de la circulation (deux sens giratoires pour les voitures, stationnements aux angles de l’ancienne citadelle, bicyclettes, piétons) et les indications vers le centre ville ; relier les deux squares (en jaune) ; la construction d’immeubles respectant le tracé de l’ancienne forteresse ; assurer la liaison avec la mer/le port. L’aménagement du territoire : les questions environnementales Lorsque l’on évoque la ville portuaire de Delfzijl, il est impossible de faire abstraction de la forte interdépendance entre la ville et le port au cours de l’histoire. La zone urbaine a été construite à proximité des établissements industriels à une époque où l’on ne se préoccupait guère des conditions de vie et des questions environnementales. La situation est complètement différente aujourd’hui et, à Delfzijl, l’aménagement de l’espace ne peut se concevoir sans la prise en compte d’aspects tels que : y le contrôle du bruit industriel ; y la sécurité de l'habitat ; y les ouvrages de protection maritime et les jetées ; y la pollution atmosphérique ; y la protection de la nature. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 100 Le contrôle du bruit À l’intérieur de la zone de bruit définie, la délivrance des autorisations par le comité local est limitée pour : Premièrement : nouvelles activités industrielles : – les émissions cumulées ne doivent pas dépasser les frontières de la zone de bruit. La croissance industrielle n’est pas autorisée si elle excède une limite de 50 dB. Le développement d'entreprises existantes ou l'implantation de nouvelles entreprises doivent être strictement réglementés. Deuxièmement : opérations de développement résidentiel à proximité des installations industrielles : la construction de logements, écoles et hôpitaux dans le secteur doit faire l’objet d’une nouvelle réglementation et est possible uniquement dans la zone de bruit comprise entre les niveaux sonores cumulés qui se situent entre 50 et 60 dB (mesures faites à l’extérieur). La prise en compte de ces courbes de bruit est indissociable de l’aménagement urbain et des activités industrielles de Delfzijl. La sécurité de l'habitat La mise en place d’une législation en matière de sécurité de l'habitat s’est imposée suite à l’explosion d’un dépôt de feux d’artifice dans le centre urbain d’Enschede en 2000. L’intégration de ce type de législation au sein du processus d’aménagement spatial est une méthode assez nouvelle et les gouvernements locaux s’efforcent de la mettre en place de la meilleure façon qui soit. En ce qui concerne la politique de sécurité, le comité local a défini 3 zones : 3. dans les quartiers d'habitat (en vert), la présence d’entreprises à haut risque n’est pas autorisée et pour ce qui est des établissements déjà présents, ils sont tenus de réduire leur capacité de stockage ou bien de déménager vers un autre site ; 2. les zones intermédiaires (en bleu) situées entre les installations industrielles et portuaires d'une part, et les quartiers d'habitat. Ici, les entreprises à risque élevé sont tolérées uniquement dans la mesure où elles sont maintenues sous contrôle ; 1. l’enceinte des installations industrielles (en rose) où aucune limite n’a pour l’heure été définie. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 101 Pollution atmosphérique et odeurs industrielles La législation hollandaise sur la qualité de l’air est basée sur l’adoption de la Directive du Conseil de l’Union européenne 96/62/EC du 27 Septembre 1996, régissant l’évaluation et la gestion de la qualité de l’air et de plusieurs autres directives dérivées relatives à la pollution atmosphérique. Les directives imposent que tous les États membres prennent des mesures visant à garantir le respect des concentrations maximum autorisées de PM10 (particules en suspension), de SO2 (dioxyde de soufre), de NOx (dioxyde d’azote et autres oxydes de nitrogène, de Pb (plomb), de monoxyde de carbone et de benzène. Dans un futur proche, les États membres devront adopter des directives sur l’évaluation de la qualité de l’air et la surveillance de l’arsenic, du cadmium et du nickel, du mercure et des hydrocarbures aromatiques polycycliques et du benzo(a)pyrène dans l’atmosphère. Un autre problème est celui de la dégradation de la qualité de l’air à cause des odeurs industrielles. Cet aspect va devenir incontournable dans la politique d’aménagement de l’espace aux Pays-Bas. En raison de la proximité des industries chimiques, la concentration de H2S (hydrogène sulfuré) dans l’air ambiant excède la concentration maximum autorisée. La défense contre la mer À Delfzijl, les ouvrages de défense contre la mer semblent couvrir une surface négligeable qui s’étire le long de la côte. La zone qui doit être maintenue à l’écart des opérations de redéveloppement est pourtant importante. La législation nationale interdit toute activité de construction à moins de 50 mètres des digues, ce qui représente un sérieux problème du point de vue des opérations d’aménagement urbain. Des mesures techniques qui respectent la réglementation en matière de défense contre la mer doivent être prises et apporter une solution acceptable en vue d’optimiser la situation. © City of Delfzijl Le parc national Delfzijl se trouve à proximité d’un parc national exceptionnel, la Mer des Wadden, qui constitue un écosystème vulnérable. Les gouvernements néerlandais et allemand ont récemment entrepris des démarches pour faire inscrire la Mer des Wadden sur la liste de patrimoine mondial de l’Unesco ce qui implique davantage de restrictions pour les activités industrielles et urbaines le long de la côte de la Mer du Nord. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 102 Delfzijl, la métamorphose est en cours mais des défis environnementaux doivent encore être relevés Il est évident qu’il existe des conditions sine qua non à l’aménagement ville/port. 1. les limites de bruit doivent être respectées ; 2. il est hors de question d’envisager l’installation de nouvelles industries à haut risque à proximité des quartiers résidentiels ; 3. le développement des espaces de loisirs à proximité du port (par exemple sur la plage et la marina) doit faire l'objet de réflexions approfondies; 4. l’aménagement ville/port pourrait impliquer le déplacement d’entreprises ou de fonctions urbaines. L’ensemble des acteurs devra travailler en étroite collaboration pour surmonter les différentes difficultés et construire un sens partagé de la coexistence. Source : PCP Project - Newsletter N°6, Avril 2007 - Rédigée par Herman Nunnink, Groningen Seaports, en coopération avec Harm Wessels, Senior Advisor Spatial Planning, City of Delfzijl Informations complémentaires : City of Delfzijl http://www.delfzijl.nl Groningen Seaports http://www.groningen-seaports.com Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 103 LE PROJET URBAIN DES QUARTIERS SUD DU HAVRE ET L'INTERFACE VILLE / PORT Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire de la Seine, couvre 800 ha. Installée en limite Sud de l’agglomération et en contact direct des quartiers du centre-ville, ce secteur s’appuie sur les zones portuaires et industrielles. Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de l’agglomération (9% des emplois du bassin d’emploi). Ils constituent un territoire d’enjeux majeurs pour le développement urbain, le développement portuaire et le développement économique. C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire et dynamiser l’économie de toute une région. Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et l’identité des quartiers. Ce projet ambitieux à long terme (2020) est d’ores et déjà opérationnel à travers une première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés. L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des fonctions économiques, notamment portuaires. Le Havre, une métropole portuaire ouverte sur le monde Avec 255 000 habitants en 1999, l’agglomération havraise (25ème agglomération nationale) est une agglomération de taille moyenne, qui compte 17 communes et qui est organisée autour de la ville du Havre (190 000 habitants), 11ème ville de France. Situé en limite Sud du plateau de Caux et sur la rive droite de l’Estuaire de la Seine, Le Havre est le principal port de la façade ouest française. A l’entrée du « Range Nord-Européen », sur la mer la plus fréquentée du globe, Le Havre est distant par voie fluviale, ferrée et autoroutière d’environ 90 km de Rouen, préfecture du département, et de 200 km de Paris. En raison de l’importance majeure de la fonction portuaire et des conditions historiques et géographiques de son développement, l’agglomération havraise présente une originalité certaine dans l’armature urbaine nationale. Depuis sa création, Le Havre est, en effet, traditionnellement tournée vers la mer. Aux fonctions militaires initiales, des fonctions commerciales (porte des colonies, négoce du café, place financière) se sont substituées et la ville s’est largement étendue sur les marais et les collines environnantes. Dès les années 30 du XXème siècle, un fort développement industrialo-portuaire a permis la poursuite de cet essor et marque encore aujourd’hui le positionnement économique de l’agglomération. Le pont de Normandie et la réalisation de l’autoroute A29, placent désormais Le Havre sur la « route des Estuaires », élément du grand axe atlantique européen qui reliera l’Europe du Nord-Ouest (Belgique, Pays-Bas) à l’Europe du Sud (péninsule ibérique). Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 104 La Ville du Havre La ville du Havre est une ville récente de 5 siècles. Elle a été rasée à 80% en 1944 et reconstruite par l’architecte Auguste PERRET. Son centre ville Perret est classé Patrimoine de l’humanité depuis juillet 2005. Parallèlement aux travaux de reconstruction d’après guerre, la Ville du Havre a continué son expansion spatiale par assimilation des communes périphériques. Le moteur du développement des années 60-70 résultait d’une volonté de développer l’industrie en France et, pour la Basse-Seine, de constituer un pôle majeur autour des secteurs de l’automobile et de la pétrochimie. Elle est aujourd’hui la 11ème ville de France, mais avec une démographie décroissante depuis 20 ans. Son image de ville industrielle, austère, est en train de changer grâce aux nombreux projets urbains. Une métropole ouverte sur le monde : 1ère ville de Normandie, Le Havre bénéficie d’une localisation géographique attractive, sur la mer la plus fréquentée du globe et à moins de 2 heures de Paris. Une place de commerce international : La présence de sièges régionaux opérant sur les 5 continents et de grands groupes internationaux conforte la région havraise dans son rôle historique de centre de commerce. Un pôle industriel européen : Aéronautique, pétrochimie, automobile, éco industrie, packaging… En haute technologie, innovation et performance, le pôle industriel de la région havraise affiche sa vitalité. Des nacelles de l’Airbus A380, à la production du tiers du carburant français, ce pôle joue un rôle important dans le dynamisme économique du pays. Patrimoine Mondial de l’humanité : En inscrivant en 2005 le centre-ville du Havre reconstruit par Auguste Perret au patrimoine mondial de l’humanité, l’Unesco récompense l’œuvre exceptionnelle du célèbre architecte et place la ville aux côtés des plus grandes références historiques mondiales. Station balnéaire et nautique : Labellisée station balnéaire et station nautique, port d’escale des plus grands paquebots, Le Havre offre tous ses atouts touristiques d’une métropole océane : une plage de 2 km en centre ville, un port de plaisance de 1500 anneaux, la pratique de tous les sports nautiques, un casino… illustration de cette vocation maritime naturelle, Le Havre est depuis 1991 la ville départ de la célèbre transat Jacques Vabre entre la France et le Brésil. Le Port du Havre, porte océane entre l’Europe et le monde : 1er port français pour les conteneurs, Le Havre constitue le fer de lance du commerce extérieur national dont il est l’acteur majeur des flux maritimes. Avec plus de 70 lignes régulières, 600 ports touchés et la mise en service de Port 2000, le port du Havre représente un véritable accélérateur de croissance économique. Le Port du Havre Port maritime en eau profonde, sans limitation de tirant d’eau et totalement libéré des contraintes des marées, le port du Havre est situé au cœur de la façade maritime Nord Ouest de l’Europe, à l’entrée de l’estuaire de la Seine. Il est le leader français sur cette façade. C’est le premier port français pour les conteneurs et les marchandises diverses. Avec la mise en service des 2 premiers postes à quai en 2006, puis des 2 suivants en 2007, Port 2000 qui comportera à terme 12 postes, donne au port du Havre les moyens d’améliorer sa position dans le peloton de tête des ports du Nord de l’Europe. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 105 Positionnement national et international : 1er port français pour le commerce extérieur et les conteneurs – 6ème port européen Emprise du site portuaire havrais : 9 500 ha, dont 1500 ha de plans d'eau (hors partie maritime de la circonscription) Statut administratif et juridique : Port autonome, établissement doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière, placé sous la tutelle du ministre chargé des ports maritimes et soumis au contrôle économique et financier de l'État. Trafic du port du Havre en millions de tonnes (2006) : - Trafic total: 73,8 • marchandises diverses : 22,7 • vrac liquides : 47,5 • vrac solides : 3,6 - conteneurs (EVP) : 2,1 millions - passagers : 800 000 Nombre d’emplois directs : 16 000 emplois dans les activités maritimes et portuaires La capacité d’accueil des conteneurs sera multipliée par 3 avec Port 2000 : de 2 à 6 millions EVP. A long terme, compte tenu de la capacité de Port 2000, et du dynamisme conjugué de la mondialisation et du trafic des conteneurs, le port du Havre devra procéder à de nouveaux aménagements majeurs pour conforter sa présence et valoriser les atouts que lui confèrent sa position géographique à l'entrée de l'Europe du nord. L'actuel avant port présente un potentiel fort qui permettrait d'aménager un terminal conteneurs disposant d'excellentes conditions nautiques, sans contraintes d'écluses et de marées. La recomposition de cet espace à proximité de l'interface ville-port devra se faire en articulant au mieux les problématiques de dessertes terrestres à la fois fluviales, ferroviaires et routières qui borderont une partie des quartiers sud, tout en garantissant aux activités portuaires existantes - telles que les filières agroalimentaires, énergétiques et la croisière - les marges manœuvres de manœuvre et les espaces nécessaires à leur développement. Dans ce contexte, la gestion de l'interface entre Ville et le Port sera un facteur majeur du développement du port qui, après s'être régulièrement étendu loin de la ville, reviendrait dans l'agglomération, à proximité d'une zone particulièrement stratégique pour le renouvellement urbain : les Quartiers Sud du Havre. C’est pourquoi, parallèlement au programme d’investissement économique d’intérêt national que constitue Port 2000, la Ville du Havre s’est engagée dans une opération importante de régénération sociale, environnementale et économique durable des Quartiers Sud. Elle a reçu l'appui de l'Union Européenne au travers du Programme d'Initiative Communautaire URBAN (PIC Urban). Les quartiers Sud, un territoire d'enjeux majeurs Les caractéristiques physiques des quartiers Sud Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire de la Seine, couvre 800 ha. Installé en limite Sud de l’agglomération et en contact direct des quartiers du centre-ville, ce secteur, dont les limites Sud et Est s’appuient sur les zones portuaires et industrielles, est composé de 5 quartiers principaux : Saint-Nicolas de l’Eure, Brindeau, Vallée/Béreult, Champs Barets, Les Neiges. © AURH Guide des bonnes pratiques Les Quartiers Sud du Havre dans l’agglomération Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 106 Les Quartiers Sud Dans ces quartiers, résident un peu plus de 17 000 habitants (recensement de 1999), qui côtoient de l’ordre de 1 500 entreprises employant environ 11 500 salariés privés. Les activités dominantes (transport, construction mécanique, bâtiment et travaux publics) voisinent avec 7 000 logements dont 3 400 logements sociaux. Les Quartiers Sud ont une histoire étroitement liée à celle du port du Havre dont l’extension a été guidée par la croissance de l’activité maritime. Ils sont restés à l’écart du mouvement d’urbanisation et de développement économique jusqu’à la moitié du 19ème siècle, quand la création des bassins et des docks et les premières implantations industrielles ont entraîné le développement de l’habitat jusqu’à ce qu’un certain équilibre s’installe dès le début du 20ème siècle. La "Plaine de l’Eure" s’urbanisa ainsi à partir de 1875 avec, comme caractéristique principale, l’accompagnement de chaque implantation industrielle par son lot de logements. Ce mode d’urbanisation, au coup par coup (à l’exception du quartier Saint-Nicolas), sans autre but que de loger à proximité des usines les populations ouvrières y travaillant, est à l’origine des grandes caractéristiques des Quartiers Sud : l’enchevêtrement habitat/activités; le caractère hétérogène et dispersé du tissu urbain; le poids très important des grandes propriétés privées; la prédominance d’une population ouvrière. Toutefois, après 1918, la fonction résidentielle entame un long déclin, suite à l’éloignement des activités portuaires et industrielles vers le Sud-Est dans l’entre-deux guerres, puis au développement du logement collectif sur la partie haute de la ville dans les années 1960/1970 dont les caractéristiques répondaient mieux aux attentes des populations. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 107 Bassin Vauban et docks, vers 1930 © Collection des musées historiques Bassin fluvial, vers 1920 © Collection des musées historiques L’apparition des conteneurs dans les années 1970 a constitué une véritable révolution dans le commerce international, et le transport maritime en particulier, et provoqué l’abandon des ports historiques : petits bassins et docks, au profit de terre-pleins immenses et de ports profonds capables d’accueillir des portes conteneurs de plus en plus importants. Il convient d’ajouter à cela l’effondrement progressif des métiers et activités traditionnels (dockers et marins/fonctions portuaires) qui fondaient l’identité et la cohérence – sociale et urbaine – de ces quartiers, mais qui se sont quelque peu trouvés en déshérence depuis une trentaine d’années. La ville du Havre, a l’instar de toutes les villes portuaires du monde (New York, Liverpool, Rotterdam, Barcelone…) s’est retrouvée, au début des années 1980 avec d’immenses friches industrielles et portuaires à proximité de son centre ville et en entrée principale de la commune. Ce territoire, jadis plein de vie et de dynamisme économique et social, est devenu un espace désert, dégradé contribuant ainsi à la stigmatisation des quartiers et de l’ensemble de la Ville. Tout ceci provoque donc un réel déséquilibre des fonctions urbaines et activités humaines. Rue Bellot, 2002 © Ville du Havre Toutefois, les Quartiers Sud disposent de quelques atouts structurels : Æ une excellente localisation, à proximité du centre décisionnel de la Ville et de la gare intermodale, au contact de la zone portuaire, et reliés directement aux principaux axes routiers (autoroutes A131, A25, route nationale RN15, etc.). Æ présence de bassins portuaires; Æ présence d’un patrimoine architectural du 19ème siècle; Æ potentialités foncières importantes constituées par des friches industrialo-portuaires. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 108 © Ville du Havre Les principaux enjeux Les quartiers Sud constituent un territoire d’enjeux majeurs pour : le développement portuaire : - proximité du port actif ; - présence de bords à quais et terre-pleins (port ouest) offrant des opportunités de développement ; - excellente desserte multimodale. Le développement urbain : - proximité du centre ville, de la gare intermodale et des principaux pôles d’activités économiques de l’agglomération ; - présence de l’eau, facteur d’attractivité ; - présence de propriétés foncières offrant des opportunités de développement ; - présence d’équipements structurants : université, salle de spectacle, parc d’exposition… le développement économique : - site à l’interface ville / port; - un poids central dans l’économie de l’agglomération ; - un potentiel de croissance confirmé ; - une excellente desserte multimodale. Ainsi, le domaine portuaire environnant les quartiers sud abrite plusieurs sites (bassins, terre-pleins, quais, bâtiments…) délaissés de façon plus ou moins permanente par l'activité portuaire et industrielle. Ce patrimoine, qui bénéficie d'une position privilégiée au bord de l'eau, constitue une opportunité exceptionnelle pour l'implantation de fonctions urbaines à forte valeur ajoutée (équipements d'agglomération, immobilier d'entreprise, résidence, etc.). Situés à proximité du centre et de l'entrée du Havre, ces espaces d'interface Ville-Port représentent ainsi un potentiel de premier ordre pour la structuration et l'équipement de la ville et l'attractivité de l'agglomération. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 109 Dans cette logique, plusieurs opérations d'aménagement ont été réalisées ou sont actuellement envisagées : salle de spectacle ("Docks Océanes"), Centre d’exposition ("Docks Café"), Centre commercial de loisirs ("Docks Vauban"), Centre de la mer et du développement durable, Complexe aquatique, Clinique privée, Siège de la Chambre de commerce et d’industrie, … et le Parc Urbain Saint Nicolas. Le pouvoir d’entraînement de ces réalisations, l’effet levier du Pic Urban et la compétence des grands noms d’architecture et d’urbanisme (J. Nouvel, B. Reichen, B. Fortier, JP. Viguier) présagent le succès du projet urbain concourant ainsi au positionnement du Havre comme « la métropole maritime internationale de l’estuaire de la Seine ». © Ville du Havre Les principaux objectifs La stratégie de développement des Quartiers Sud s’organise autour des trois objectifs suivants : c Conforter leur positionnement à l’échelle de l’agglomération : en leur donnant un rôle moteur dans le développement de la région havraise, par la constitution d’une offre de produits innovants et exemplaires, au moyen d’investissements publics et privés dans les équipements intéressants l’ensemble de l’agglomération (centre de la mer et du développement durable, complexe aquatique, centre commercial de loisirs, clinique privée, caserne des pompiers, …), dans la lignée de ceux récemment réalisés (Docks Café, Docks Océane, équipements universitaires) ; en améliorant le cadre de vie à partir d’une offre urbaine attractive (en exploitant notamment les éléments des patrimoines urbain et portuaire remarquables) pour que la qualité urbaine constitue un véritable « ciment social » réconciliant l’habitant avec son environnement et permette d’engager une nouvelle croissance en attirant de nouveaux investisseurs ; en développant une politique innovante de lutte contre la dégradation de l’environnement économique et urbain. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 110 d e Assurer la coexistence de la fonction résidentielle et de la vocation économique : en organisant l’aménagement et le développement des Quartiers Sud dans le cadre d’une approche intégrée, destinée à retrouver les compatibilités entre les vocations et activités humaines et économiques, et à favoriser les synergies et les mixités ; en développant une stratégie foncière forte pour accompagner ou anticiper les mutations foncières; en favorisant l’accueil de nouvelles entreprises porteuses de valeur ajoutée ; en mettant en œuvre une politique ambitieuse d’amélioration de l’habitat existant ; en réorganisant le plan de déplacements et en améliorant les conditions de circulation. Améliorer le fonctionnement social : en favorisant la vie associative ; en développant l’offre d’équipements de proximité et les pratiques culturelles et de loisirs et en restaurant dans les quartiers les conditions de base d’une vie sociale ; en remettant les habitants en voie de marginalisation et en très grande difficulté dans un processus de réinsertion sociale et économique en favorisant, par des actions ciblées, le retour ou l’accès à l’emploi et la formation ; en optimisant les politiques sociales en faveur des plus démunis. Les orientations stratégiques en matière d'aménagement Le Master plan La Ville du Havre a confié à l’Agence d’Urbanisme de la Région Havraise (AURH) l’élaboration d’un « Master plan » devant définir les grandes orientations stratégiques pour le développement de ce territoire à horizon 2020. Cette mission, conduite de 2002 à 2006, sous l’égide d’un comité de pilotage composé de 4 acteurs majeurs (la Ville, le Port Autonome, la Communauté d’agglomération, et la Chambre de Commerce et d’Industrie) a abouti à un projet partagé pour le développement durable des quartiers sud. Le « Master plan » n’est pas uniforme dans ses contenus, le degré d’appréciation de l’avenir des sous-ensembles des Quartiers Sud étant à mettre en rapport avec leurs rôles et leurs réalités dans ce vaste territoire composite. Il s’agit d’un outil évolutif dont la finalité est de permettre aux acteurs d’effectuer des choix et des priorités de mise en œuvre. Le « Master plan » est donc un projet de projets qui détermine des secteurs d’intervention, d’échelles et d’envergures variables dans le temps. Il a pour objectif de définir une cohérence générale entre les différents projets. C’est la dynamique entretenue entre ces projets qui fabriquera, au fil des années la crédibilité du réinvestissement des Quartiers Sud. Ainsi, le principe d’action passe par la mise en place d’une stratégie opérationnelle qui consiste à révéler et à s’appuyer sur des sites d’enjeux à partir desquels des effets de diffusion et de synergie sont attendus pour accompagner le processus de réinterprétation urbaine. La construction du projet intègre : les constantes incontournables que sont la présence de l’eau à travers les bassins, les bords à quai et les canaux ; les projets d’intérêt local ou d’intérêt supracommunal. Les Quartiers sud sont, pour l’ensemble du partenariat, un territoire d’enjeux d’agglomération où deux problématiques incontournables sont à prendre en compte : le développement urbain fondé sur la mixité fonctionnelle ; l’accueil d’activités économiques, à pérenniser et à redynamiser. Trois périmètres ont été définis, dont les deux premiers sont jugés prioritaires : c un périmètre dans lequel l’objectif est de développer des fonctions urbaines mixtes : logement, tertiaire et tertiaire supérieur ; d un périmètre orienté vers l’accueil et le développement de fonctions économiques à valeur ajoutée ; e un périmètre faisant encore l’objet d’interrogations quant aux orientations d’avenir à y promouvoir. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 111 Une telle démarche permet d’associer, dans une vision d’ensemble et partagée à long terme, un périmètre d’action et un périmètre de réflexion sans que les décisions prises sur l’un des périmètres n’obèrent l’avenir de l’autre. Développement de fonctions urbaines mixtes Des perspectives de développement à long terme à définir Développement de fonctions économiques à valeur ajoutée Sites et projets majeurs © AURH Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 112 Le projet opérationnel Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de l’agglomération (9% des emplois du bassin d’emploi). C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire et dynamiser l’économie de toute une région. Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et l’identité des quartiers. Ce projet ambitieux à long terme (LE HAVRE 2020) est d’ores et déjà opérationnel à travers une première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés. Cette première phase met en application les orientations stratégiques en matière d’aménagement, arrêtées par le comité de pilotage du « master plan » : Ö Constituer l’hypercentre en améliorant l’attractivité ; Ö Constituer des centralités secondaires en confortant les identités ; Ö Améliorer le cadre de vie en apaisant les déplacements et les conflits d’usage. Création d’un centre ville élargi (« l’hypercentre ») : Le quartier Saint Nicolas, situé à l’extrême Ouest des Quartiers Sud, devra permettre l’expansion du centre ville en accueillant des équipements structurants d’intérêt d’agglomération : centre commercial de loisirs, complexe aquatique, centre de la mer et du développement durable, parc urbain, clinique … Son désenclavement par le franchissement du bassin Vatine prolonge le centre ville, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, tout en répondant aux besoins de l’agglomération en termes d’équipements structurants. Création de centralités secondaires (« cœur de quartier ») : Compte tenu de l’étendue de ce territoire (800 hectares) et des spécificités morphologiques et historiques de chacun des sous quartiers, la création de cœurs de quartiers permet d’améliorer le fonctionnement social et la lisibilité urbaine. Chaque centralité s’appuie sur : la création d’un équipement public de proximité : médiathèque à Brindeau, Pôle de vie sociale à Vallée Béreult ; la requalification du cadre de vie : rénovation des espaces publics, ravalement des façades et densification résidentielle. A travers la qualité de cette première phase, la ville a démontré sa volonté de valoriser ces territoires à travers de nouvelles fonctions capables de générer une dynamique territoriale et un effet d'entraînement pour la commune et l'agglomération. L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des fonctions économiques, notamment portuaires. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 113 AVANT / APRES Rue Bellot© Ville du Havre Quai de la Saône© Ville du Havre Quai de la Saône© Ville du Havre Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 114 AVANT / APRES Vue d’ensemble du quartier de l’Eure © Ville du Havre Source: PCP Project - Newsletter N°7, mai 2007 - Rédigée par Ouahid Dorbane, Délégué Général au Développement des Quartiers Sud, Ville du Havre Avec la collaboration de : Cyril Chédot, Chargé de Mission Développement local, Port Autonome du Havre, et Denis Davoult, Association Internationale Villes et Ports Informations complémentaires: Ville du Havre, Grands projets: http://www.ville-lehavre.fr/delia-CMS/grands_projets/index/article_id-/topic_id-439/accueil.html Port du Havre http://www.havre-port.net/pahweb.html Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 115 Synthèse des travaux : recommandations et bonnes pratiques Association Internationale Villes et Ports Les stratégies de redéveloppement des espaces de liaison ville-port auront été au coeur des réunions de travail organisées durant 18 mois chez les partenaires de ce projet européen. Les débats auxquels elles ont donné lieu et les visites techniques sur site qui étaient à chaque fois organisées auront permis aux partenaires de prendre plus encore toute la mesure des enjeux, contraintes et défis à relever pour parvenir à une mixité durable sur ces espaces ville-port. Le séminaire international organisé au Havre fin mai 2007 fut également l'occasion d'enrichir cet échange d'expériences par les contributions d'autres villes portuaires européennes. De ce travail d'échange et d'enrichissement commun, peuvent être dégagées différentes constantes qui sonnent comme autant de recommandations. Intégrer les espaces OBJECTIF 1 : RESPECTER LES ACCES AUX ESPACES PORTUAIRES Recommandation 1. Redéfinir les plans de déplacement urbain et portuaire Les besoins d'accès au port nécessitent une réflexion en amont des projets de redéveloppement ville-port sur les plans de déplacement urbain et portuaire. Cette réflexion portera simultanément sur les flux de personnes et de marchandises et concernera tous les modes de transport. Recommandation 2. Evaluer les incompatibilités et prévenir les aménagements irréversibles Des implantations de logements ou des comblements de bassins peuvent constituer des stratégies irréversibles obérant pour le futur la totalité ou une partie des activités portuaires existantes. Pour éviter ce type d'écueil, un inventaire des emprises portuaires, des dessertes existantes et leurs évolutions potentielles au regard de scénarii de développement du port posera les différentes options de (re)développement urbain et portuaire. Il mesurera en particulier les compatibilités - et tout autant les incompatibilités - entre emprises et dessertes portuaires d'une part, et projet d'aménagement urbain d'autre part. Recommandation 3. Faire des nouvelles dessertes une opportunité pour se doter de nouveaux espaces L'établissement d'un nouveau schéma de dessertes constituera à la fois un outil pour améliorer la compétitivité du port et pour réduire l'impact généré par ses activités. De façon concomitante, la création de nouveaux accès sera également un moyen pour libérer des espaces pour des développements urbains ou portuaires. Guide des bonnes pratiques A Gdansk, sur le secteur du Przemyslowe Quay ("inner port"), la création d'une nouvelle desserte donnera accès à 120 ha de terrains supplémentaires pour des activités portuaires (Cf. p. 53). A l'inverse à Valparaiso la création d'une zone d'activités logistiques à l'extérieur de la ville et d'une desserte dédiée au trafic portuaire a permis de libérer en front de mer des terrains pour du redéveloppement urbain et commercial. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 116 OBJECTIF 2 : SOIGNER L'ACCESSIBILITE DES SITES D'INTERFACE VILLE-PORT Recommandation 4. S'appuyer sur la trame existante et la compléter La prolongation de la trame des dessertes existantes (routière, ferroviaire) vers le territoire ville-port en développement est un moyen d'intégrer ces sites à la structure urbaine. Elle devra être complétée le plus souvent par la réalisation de nouvelles connexions pour contribuer au désenclavement physique du site : accès piétons, vélos, tramway, bus, etc. En cas de présence d'infrastructures "barrière" (voies ferrées, routes importantes, etc), ces nouvelles connexions seront d'autant plus importantes. Elles prendront la forme de ponts, passerelles, tunnels, voies de contournement… A Bremerhaven, une route à 4 voies sépare le centre-ville du site en redéveloppement "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen). En complément du réaménagement des franchissements piéton déjà existants, la création d'une passerelle en verre a été décidée. Recommandation 5. Etre attentif aux liaisons vers les terminaux passagers Les terminaux passagers peuvent être des constructions totalement nouvelles ou être aménagés dans des bâtiments portuaires réaffectés. Mais entre deux sites d'implantation possibles sur le plan nautique, priorité sera donnée à celui offrant les meilleurs accès au centre ville : distance, cheminement piétons sécurisé, aménagement paysagé, etc. La qualité des liaisons entre les terminaux passagers et la ville sera essentielle pour la valorisation touristique et la création de valeur ajoutée. Intégrer la dimension urbaine OBJECTIF 1 : TRAITER LE PORT COMME UN ESPACE URBAIN Recommandation 6. Jouer la carte de la qualité architecturale La recherche d'une architecture de qualité pour des bâtiments portuaires nouveaux ou réutilisés sera préférée à une simple architecture utilitaire et uniquement fonctionnelle. Cette recherche prendra en compte les bâtiments urbains existants en vis-à-vis. Cette approche globale contribuera à une intégration optimisée. Recommandation 7. Soigner le traitement des éléments de séparation Au même titre que pour le mobilier urbain, un traitement architectural sera porté au "mobilier portuaire" tel que les barrières qui, pour des raisons de sécurité, limitent les accès à certaines zones portuaires. Aux murs ou grilles de protection assurant une stricte fonction de séparation et de sécurisation, seront substituées des solutions combinant fonctionnalité, qualité du design, intégration dans le paysage, transparence, etc. A Paris, le port impose une architecture de qualité pour tous les entrepôts logistiques. Au Havre, sur l'une des franges des Quartiers Sud, des logements sont programmés en vis-à-vis d'activités de réparation navale. Un soin particulier a été apporté à la zone limitant ces 2 espaces : aux grilles ou murs de séparation classiques ont été préférés un traitement paysager et l'implantation d'une grille au design soigné, adoucissant visuellement cette fonction de barrière, et offrant par transparence une vue sur les activités de réparation. OBJECTIF 2 : RENDRE LE PORT VISIBLE Recommandation 8. Combiner réduction des nuisances potentielles du port et ouverture visuelle sur l'eau et le port La hauteur, la volumétrie et l'orientation des bâtiments, les parcs urbains et les espaces publics ouverts... sont autant d'éléments sur lesquels intervenir pour optimiser l'intégration des sites d'interface ville-port avec le contexte urbain immédiat et les espaces portuaires et naturels existants. La solution optimum combinera minoration des nuisances potentielles liées aux activités portuaires avec une ouverture visuelle sur les bassins, sur le patrimoine portuaire réutilisé, mais aussi sur les activités du port. Guide des bonnes pratiques A Paris, l'implantation d'une centrale à béton sur les quais a été organisée en fonction de la trame urbaine afin de ne pas faire obstacle à des débouchés visuels sur la Seine. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 117 OBJECTIF 3 : EXPLOITER TOUT LE POTENTIEL DE L'EAU Recommandation 9. Faire de la voie d'eau un outil de transition douce Les plans d'eau portuaires et les terre-pleins adjacents ne conviennent pas que pour le trafic océanique ou côtier. Là où des voies navigables de qualité relient le port à son arrière-pays, la navigation intérieure est un mode de transport à privilégier dans une optique de développement durable. Les installations destinées au traitement de ces trafics, actuels et futurs, peuvent notamment correspondre à d'anciens terminaux maritimes déclassés. Ces installations fluviales (commerciales ou de stationnement entre deux voyages) sont propices à l'organisation d'un decrescendo entre le port actif et la ville. Recommandation 10. Partager l'usage de l'eau La présence de l'eau et des bassins caractérise à elle seule l'interface ville port. Sa valorisation est essentielle. Plusieurs options sont possibles : - lorsque la topographie est adaptée, la réalisation de "waterways corridors" permettra de préserver des corridors spécifiques pour les usages portuaires, tout en offrant le reste des surfaces d'eau à des usages plus urbains. - des outils de planification existent également pour envisager des stratégies de temps partagé de l'eau et des bassins. Ils reposeront sur un inventaire préalable des infrastructures portuaires et des équipements urbains existants, de leurs fonctions, et des usages qui sont faits de l'eau tout au long de la journée. L'évolution de ces infrastructures et de ces activités (maintien, renforcement, transformation) pourra alors être intégrée dans une stratégie d'ensemble du site. Recommandation 11. Favoriser les déplacements de la population par voie d'eau Dans certaines villes portuaires, la géographie des lieux rend particulièrement pertinent le transport des personnes par voie d'eau communément appelés "Blue transport" : water-taxi, navettes fluviales, etc. A l'amélioration de l'accessibilité des sites ville port, ils apporteront une double contribution : - environnementale par la réduction du transport terrestre ; - identitaire par le renforcement de l'atmosphère maritime des lieux. Recommandation 12. Déplacer la ville vers le port… sur l'eau Les équipements urbains sur l'eau (restaurant flottant, cinéma flottant, housing boat, etc.) sont le plus souvent devenus fixes. Dans de nombreux cas, ils sont implantés dans des sites reconvertis majoritairement vers des fonctions plus urbaines. Ils sont dès lors davantage une simple référence à l'atmosphère maritime des lieux. En multipliant les points d'amarrage possibles dans le port et en leur rendant leur caractère de mobilité, ils deviendront une véritable ouverture de la ville sur son port. Guide des bonnes pratiques A Anvers, un "waterplan" a été élaboré pour le secteur d'Elandje et a été intégré au masterplan conçu pour l'ensemble du site. A Melbourne, un inventaire des différents usages de l'eau (activités portuaires, récréatives, sportives, etc.) et des équipements qui leur sont liés a été réalisé. Cet inventaire a permis une modélisation de ces différents usages dans le temps (qui, pour quelles activités et à quel moment ?) et dans l'espace (où, avec quelles emprises ?). Cette modélisation a permis d'initier une nouvelle stratégie d'usage des bassins fondée sur un partage du temps entre les différentes activités et sur une répartition des espaces affectés à telle ou telle activité. Cela a conduit également à une relocalisation de certaines de ces activités. A Amsterdam, au départ du site du NDSM wharf où est implantée une résidence universitaire, des navettes fluviales relient directement le centre-ville. A Copenhague, une scène ouverte flottante (théâtre, musique) a été réalisée. Six emplacements différents dans le port ont été aménagés pour l'accueillir y compris à proximité d'espaces portuaires plus contraints. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 118 3. Intégrer les fonctions OBJECTIF 1 : ORGANISER ET TIRER PROFIT DE LA MIXITE Recommandation 13. Utiliser toutes les solutions techniques et rechercher l'innovation De multiples solutions techniques (traitements du bâti, des lumières, des outils portuaires, des revêtements, etc.) existent désormais pour réduire les nuisances et rendre possible le contact entre activités portuaires lourdes et activités urbaines. La recherche et l'innovation en ce domaine seront soutenues afin de mettre en place des mesures toujours plus efficaces. A Amsterdam, des murs aveugles ont été réalisés en arrière de bâtiments urbains implantés en zone portuaire. A Bremerhaven, des mesures compensatoires et des interventions sur le bâti existant ont permis de sauvegarder le village de Weddewarden, à proximité immédiate des nouveaux terminaux conteneurs. (Cf. p.63). A Anvers, l'enveloppement des navires en réparation autorise le maintien de cette activité au coeur d'une zone urbaine. Recommandation 14. Structurer des clusters maritimes, atouts de la complémentarité ville-port La mise en place de cluster maritime reposera sur un recensement préalable des différentes domaines d'activités et des acteurs publics et privés présents sur le site concerné par le redéveloppement. Ce recensement aboutira à identifier les intérêts économiques et sociaux communs à toutes les parties prenantes. En s'appuyant ou non sur une structure spécifique (groupe de travail informel, association d'usagers, communautés d'acteurs, etc), ces parties veilleront à conjuguer leurs actions dans les domaines de la recherche développement, de la communication, de la prospection internationale, etc. Institutions, collectivités, ports et entreprises engageront alors une véritable mixité gagnant gagnant apte à attirer sur le site de nouveaux partenaires. Recommandation 15. Privilégier des terminaux passagers mixtes, associant fonctions urbaines et portuaires En complément de la fonction portuaire d'accueil des voyageurs, l'aménagement d'un terminal passagers peut être l'opportunité pour la ville portuaire de développer des fonctions complémentaires plus urbaines. Cela pourra prendre deux formes : - une mixité horizontale qui reposera sur une juxtaposition d'équipements ; - une mixité verticale qui associera au sein d'un même bâtiment une activité portuaire à un niveau donné, et des fonctions urbaines sur d'autres niveaux. Cette solution, encore peu fréquente, offrira également l'avantage d'être moins gourmande en espace. Dans les deux cas, la mixité des fonctions urbaines et portuaires constituera un atout supplémentaire pour le site. Elle renforcera à la fois son identité et son attractivité. Cette juxtaposition ou cette imbrication d'usages urbains et portuaires permettra de lisser dans le temps les occupations du territoire et de répondre au caractère saisonnier des activités croisières en maintenant une activité permanente sur le site. Les contraintes liées à la sécurité devront être soigneusement évaluées pour, si nécessaire, faire évoluer ces équipements dans leur composante portuaire, ou dans leur composante urbaine. Guide des bonnes pratiques A Bremerhaven, le projet "Fishing Port" propose une mixité d'activités portuaires (industrie de la pêche en particulier), de petites entreprises liées au port, d'établissements de formation et de recherche. Le programme sur le "Fishing Port" a conduit également à l'implantation d'équipements culturels et de fonctions touristiques : hôtellerie, restaurant, commerces, départ des visites du port (Cf. p. 69-70). Mixité horizontale : A Amsterdam, le terminal passagers est associé sur un même secteur avec des commerces, un espace de congrès, un hôtel, un espace culturel dédié à la musique (Cf. p. 27 ; 85) Mixité verticale : A Marseille, le projet des "Terrasses du Port" (Cf. p. 31) prévoit : au niveau du sol une gare maritime passagers ; aux niveaux supérieurs, des commerces complémentaires de l'offre commerciale du centre-ville proche ; en terrasse, une promenade avec vue sur le port. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 119 OBJECTIF 2 : JOUER SUR LA FLEXIBILITE ET NE PAS FIGER LES ESPACES Recommandation 16. Faire des usages temporaires un outil de gestion du foncier Les sites d'interface ville-port sont des territoires riches de potentiels. Ils sont le plus souvent très convoités et doivent faire face à des pressions économiques fortes. Plutôt que vendre ou concéder certains espaces ou bâtiments en attente d'affectation, leur occupation temporaire permettra de répondre à certains besoins fonctionnels temporaires de la ville et du port. Les partenaires se donneront ainsi de la flexibilité pour anticiper sur les cycles de développement urbain et portuaire et ne pas obérer les évolutions futures par des aménagements irréversibles figeant les sites. Recommandation 17. Adapter l'usage urbain aux contraintes liées aux activités du port Le recours à des usages temporaires sur un site d'interface ville port sera souvent une solution d'attente et de transition pour satisfaire aux contraintes légales liées aux activités portuaires : risque, bruit, poussière, trafic… Ces usages temporaires, qui marqueront une étape intermédiaire du projet, se traduiront par : - l'implantation d'équipements urbains temporaires "légers" de type unités modulaires, constructions préfabriquées démontables, etc. - la construction de bâtiments évolutifs affectés dans un premier temps à un usage donné - bureaux par exemple - mais conçus pour pouvoir glisser aisément par la suite vers un autre usage – résidentiel par exemple. Ce glissement s'opérera en raison des nouveaux besoins fonctionnels des partenaires, de l'évolution de la législation, de changements dans l'activité portuaire voisine, voire de sa relocalisation, etc. A Gdansk, sur le secteur appelé à devenir le "new city district,"sont programmés des bureaux, des petites entreprises et le maintien d'activités de construction navale. Les logements et les équipements vulnérables tels les hôpitaux sont dans un premier temps exclus, ainsi que les activités industrielles (Cf. p. 56). A Amsterdam sur les secteurs de Houthaven et du NDSM Wharf, la réalisation de logements étudiants dans des modules de type conteneurs donne une identité portuaire forte à ces aménagements tout en signant leur caractère mobile et provisoire (Cf. p. 88). A Amsterdam également, la résidence étudiante réalisée dans un ancien bateau de croisière relève de la même démarche. On y retrouve en fait les mêmes éléments : le caractère temporaire de l'occupation du site par une population elle-même temporaire puisque se renouvelant régulièrement, et la référence explicite à la symbolique portuaire avec cette fois un navire. A Amsterdam toujours, des bâtiments évolutifs sont aujourd'hui implantés à proximité d'activités portuaires et accueillent des bureaux. Le site pourrait à terme devenir à dominante urbaine, ils pourraient évoluer alors vers du logement, mais pourraient tout aussi bien conserver leur vocation de bureaux si la nécessité de renforcer les activités portuaires devenait une priorité partagée. Recommandation 18. Initier les développements des sites d'interface par l'usage temporaire Les usages temporaires pourront jouer un rôle de catalyseur en initiant une opération d'aménagement. Avant même que les aménagements définitifs soient réalisés, ils entraîneront une fréquentation des sites d'interface ville port concernés et leur réappropriation par leurs futurs occupants ou par la population. A Riga, pour amener la population sur le site d'Andrejsala, les acteurs ont misé sur l'implantation d'équipements culturels temporaires, et la réaffectation provisoire ou définitive de bâtiments portuaires pour des activités culturelles (Cf. p. 77-78). A Amsterdam des petites entreprises du secteur de l'industrie de la création occupent d'anciens ateliers portuaires qui ne sont pas encore reconvertis et sont situés dans un périmètre ne permettant pas l'implantation d'équipements urbains sensibles. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 120 Intégrer l'environnement OBJECTIF 1 : MINORER LES IMPACTS RECIPROQUES Recommandation 19. Engager une démarche environnementale pro-active Les contraintes imposées par les législations nationales et supranationales sur l'environnement sont également l'occasion d'agir plutôt que de subir en engageant des stratégies environnementales dynamiques et anticipatrices. Celles-ci conduiront vers deux types de démarches complémentaires : - travailler en amont avec toutes les entreprises présentes sur le secteur industrialo-portuaire. Ce travail débutera dès les toutes premières phases de projets visant au maintien, à l'extension ou à l'implantation d'activités industrielles et portuaires. Il visera à étudier toutes les opportunités légales et toutes les solutions qui se présentent aux entreprises pour satisfaire à cette législation environnementale. Les impacts financiers seront évalués. - réaliser un inventaire et un diagnostic des impacts environnementaux des ports, en particulier sur les zones d'interface ville-port. Ce travail constituera une étape préliminaire de la mise en place des mesures et des outils de suivi et de management environnemental de l'interface villeport. Recommandation 20. Travailler sur les zones "tampon" et de transition Compte tenu des contraintes environnementales, la mise en place de zones "tampon" entre le front urbain existant ou futur et l'activité portuaire facilitera la cohabitation ville port. Différentes solutions s'offrent aux partenaires : - des zones "tampon" urbaines accueillant des équipements compatibles avec l'activité portuaire : bureaux, petites entreprises, équipements culturels, … - des zones "tampon" portuaires accueillant des équipements portuaires de moindre impact : petite logistique, trafics fluviaux en lien avec l'économie urbaine, base des activités de services au navire, "parking" fluvial, … - des zones tampon "vertes" issues soit de la préservation de zones à dominante rurale, soit de la création d'espaces verts. A Delfzijl, l'étroite proximité entre activités portuaires, industrielles et le centre-ville rend la situation particulièrement complexe et contraignante. Le travail mené avec toutes les entreprises concernées relève d'une part d'une stratégie d'information sur les impacts environnementaux et les différentes contraintes légales (telles que celles du noise zoning). Mais il s'agit ensuite, et surtout, d'étudier et décliner avec ces entreprises toutes les solutions, y compris l'abandon des projets et/ou la relocalisation des activités (Cf. séminaire final du projet PCP, mai 2007). C'est notamment avec ces objectifs qu'a été développé le projet européen "Sympic" dont le leader est le port de Valence (Projet présenté lors du séminaire final du projet PCP, mai 2007. Voir aussi : http://www.simpyc.info/fr/). Parmi les projets urbains dans les quartiers Sud du Havre, un secteur est situé directement en vis-à-vis d'un site d'entreposage de conteneurs. Sur ce "quai de Gironde" le choix d'implantation de bureaux, petites entreprises, pourrait être une solution de compatibilité. A Amsterdam, la zone de Vlothavenpier pourrait accueillir un terminal à bois et des bureaux liés à cette activité. Des activités de loisirs pourraient également être présentes. Cette possibilité est différée en raison de zoning restreignant les activités commerciales sur le secteur. A Gdansk, une zone verte existante entre le nouveau terminal conteneurs, le Pomeranian Logistic Center, et la zone d'habitat de Stogi District sera ainsi réutilisée pour assurer ce rôle. Au Havre, le "jardin fluvial" aménagé dans les Quartiers Sud du Havre assure une transition avec des activités de réparation navale sur le côté Ouest et, au Sud, avec des entrepôts frigorifiques situés en vis-àvis. Il offre des vues sur un port actif tout en servant de zones "tampon" établissant la distance physique nécessaire à la cohabitation entre activités portuaires et urbaines. Le traitement paysager qui lui a été appliqué s'appuie de plus sur la référence à la mémoire industrielle et portuaire des lieux (maintien d'une partie des rails, utilisation de pavés...), contribuant ainsi à son identité et son attractivité. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 121 OBJECTIF 2 : COMMUNIQUER ET FAIRE ACCEPTER CERTAINES NUISANCES Recommandation 21. Porter à la connaissante de toutes les parties prenantes la stratégie environnementale du port L'acceptabilité des nuisances du port passe par une stratégie de communication ambitieuse. Pour être complète, celle-ci portera : - sur les solutions techniques de réduction des nuisances ; - sur les mesures de compensation que le port met en œuvre ; - sur les avantages environnementaux du transport maritime et fluvial, - sur l'impact économique du port en termes de création de richesse et d'emploi. Le port pourra alors se prévaloir d'une contribution positive au développement durable de l'ensemble de la ville portuaire et à la qualité de vie de ses habitants. Recommandation 22. Contractualiser l'acceptation de certaines nuisances Par ailleurs, sur les espaces d'interface ville port, les villes engagées dans une stratégie marketing volontariste vendant du bureau ou du logement "avec vue sur port" veilleront à faire inscrire la présence du port actif dans les documents de vente ou location. L'objectif sera de minorer le nombre de recours ultérieurs et de garantir au port la pérennité de ses activités. C'est dans ce type de démarche que se sont engagées par exemple Newcastle (Australie) ou encore Hambourg (Allemagne). Intégrer les sociétés OBJECTIF 1 : PREPARER LES METIERS DE DEMAIN Recommandation 23. Adapter les filières de formation En collaboration active avec les acteurs de la recherche et de la formation, les ports et les industries portuaires contribueront à mettre en place des filières spécifiques de formation. Le contenu des programmes en sera régulièrement ajusté afin de répondre au mieux aux besoins d'une économie portuaire en constante évolution. Ces filières seront tout aussi bien des filières courtes ou longues afin de satisfaire les métiers techniques comme ceux de services. Au Havre, les plus récents enjeux liés à la sécurité des ports et de la chaîne logistique ont donné lieu en 2007 à la mise en place d'un nouveau Mastère, en complément des offres de formation portuaire et logistique déjà existantes. OBJECTIF 2 : INTEGRER LE PORT A LA VIE DE LA CITE Recommandation 24. Faire de la symbolique portuaire et du traitement paysager un outil d'appropriation des sites par la population Les espaces d'interface ville port sont souvent riches sur le plan de l'histoire sociale de la ville portuaire. Leur présence est forte dans l'imaginaire des populations. A cet égard, les projets d'aménagement seront conduits en recherchant le plus en amont possible le soutien des populations par : - une réutilisation architecturale de la symbolique portuaire (rails, grues, conteneur, etc.) et une valorisation du patrimoine portuaire reconverti. - un traitement paysager de la frontière ville port et la création de parc(s) urbain(s) le long de cette frontière pour augmenter dès le début du projet la fréquentation du site et redonner une image positive à des espaces qui ont pu connaître une longue période de friche. Guide des bonnes pratiques A Buenos Aires le patrimoine portuaire a été valorisé dès les premières phases de l'opération Puerto Madero A Rosario, l'ensemble des sites d'interface ville port sont reliés par une succession de jardins. Une démarche similaire a été engagée à Gênes. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 122 Recommandation 25. Ouvrir le port à la population Plusieurs pratiques pourront y contribuer : - le recours à l'événementiel et l'organisation ponctuelle, mais régulière, de manifestations (musique, cinéma, sports, voile, "Port days", etc.) sur les espaces d'interface ville-port. Choisir pour ces évènements un site où des activités portuaires ont été conservées et/ou qui offrent une vue directe sur le port actif aura un impact plus important. - l'implication régulière de l'autorité portuaire dans des activités culturelles de la ville (exposition, mécénat, etc.); - l'organisation de visites guidées en bateaux pour donner un accès et une vision autres, au plus près des navires et des équipements, et / ou en bus en privilégiant des départs de visites au plus près des autres sites touristiques de la ville. - la création de circuits bus, piétons ou cyclistes de promenade avec accès à des points de vue naturels ou artificiels : construction de belvédères, accès aux toits terrasse de certains entrepôts, etc. Recommandation 26. Définir une offre touristique globale Le potentiel touristique des villes portuaires dépasse largement seule activité croisière. La mise en œuvre d'une offre touristique globale y contribuera. Aux atouts urbains et culturels propres à chaque ville, elle associera non seulement le patrimoine industrialo-portuaire (musées maritimes et portuaires) ou océanique (aquarium), mais aussi une vision directe sur le port et son activité moderne. Guide des bonnes pratiques Anvers, Bruxelles, Valparaiso,... les exemples de ce type de manifestations et de "journées du port" sont nombreux. Amsterdam s'appuie notamment sur les événements liés à la voile pour promouvoir le port. Il organise également des journées du port avec visites en bus et bateaux, et accès aux terminaux. Ces parcours de visites pourraient à l'avenir être proposés beaucoup plus régulièrement. La formule retenue à Bremerhaven permet de concilier les contraintes liées aux normes de sécurité (code ISPS en particulier) et une visite en bus au plus près des terminaux. Elle est complétée par ailleurs par un belvédère (view point) réalisé en réutilisant la symbolique portuaire (conteneur) et donnant une vue directe sur les terminaux conteneurs en pleine activité. L'accès aux toits et à la vue sur le port est au cœur même du projet des "Terrasses du port" à Marseille, mais on peut citer aussi l'accès au toit de l'ancienne base sousmarine à Saint-Nazaire. Dans le projet havrais de Centre de la Mer et du Développement Durable, au delà de la vue directe surélevée et immédiate sur toute la ville portuaire, une véritable offre touristique est proposée et des fonctions éducatives sont combinées : un parcours muséographique interactif permettra en effet de comprendre les enjeux de développement durable de la ville portuaire et, notamment, des activités d'un port moderne. Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 123 6. ANNEXE LISTE DES EXPERTS (désignés par chaque partenaire du projet) VILLE DU HAVRE (Ville leader du projet) Expert: Mr Ouahid DORBANE Adjoint au DGA Délégué Général au Développement des Quartiers Sud VILLE DU HAVRE Hôtel de Ville BP 51 76084 LE HAVRE CEDEX Tel. +33 2 35 19 47 11 [email protected] http://www.ville-lehavre.fr Pilotage général du projet : Mme Florence JEANNE Relations internationales VILLE DU HAVRE Hôtel de Ville +33 2 35 19 48 02 [email protected] AMSTERDAM Mr Pito DINGEMANSE Manager of Spatial Planning AMSTERDAM PORT AUTHORITY Havengebouw De Ruijterkade 7 Postbus 19406 1000 GK AMSTERDAM NETHERLANDS tel: +31 20 523 4524 [email protected] www.portofamsterdam.nl BREMERHAVEN Michael GERBER Prokurist/Geschäftsbereichsleiter Stadtentwicklung BIS - BREMERHAVENER GESELLSCHAFT FUR INVESTITIONSFORDERUNG & STADTENTWICKLUNG MBH AM ALTEN HAFEN 118 27568 BREMERHAVEN - GERMANY +49 471 946 46 30 [email protected] http://www.bis-bremerhaven.de Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 124 Helmut BERENDS General Manager BERENDS-CONSULT Bürgermeister-Schoene-Str. 46 D-28213 BREMEN - GERMANY +49 421 794 82 55 [email protected] http://www.berends-consult.de DELFZIJL Harm WESSELS Senior Advisor Spatial Planning CITY OF DELFJIZL Johan van den Kornputplein 10 Postbus 20000 9930 PA DELFZIJL - NETHERLANDS +31 596 63 99 21 [email protected] http://www.delfzijl.nl GDANSK Malgorzata RATKOWSKA EU co-ordinator - European Projects Division Development Programmes Department MUNICIPALITY OF GDANSK 8/12 Nowe Ogrody Str. 80-803 GDANSK - POLAND +4858 323 64 34 [email protected] RIGA Inese VILĀNE Head of Project Management Unit Strategic Planing and Project Management Department RIGA FREE PORT AUTHORITY - RĪGAS BRĪVOSTAS PĀRVALDE O.Kalpaka Blvd 12, LV- 1050 RIGA - LATVIA +371-7030855 [email protected] http://www.rop.lv ASSOCIATION INTERNATIONALE VILLES ET PORTS (Coordination Scientifique du projet) Mr Olivier LEMAIRE Directeur Général ASSOCIATION INTERNATIONALE VILLES ET PORTS 45, rue Lord Kitchener 76600 LE HAVRE - FRANCE +33 (0)2 35 42 78 84 [email protected] http://www.aivp.org Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 125 EXPERT EXTERNE DU PROJET Mr Jacques CHARLIER Professeur aux Universités de Paris-Sorbonne et de Louvain-la-Neuve Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM (Centre Interuniversitaire d'Etude de la Mobilité) à Bruxelles CIEM Avenue Roosevelt 50 CP 194/7 - 1050 BRUXELLES - BELGIQUE +32 2650 3933 [email protected] Ont également participé aux travaux : Le Havre Annick FAURY Adjoint au Maire chargée des Ressources Humaines et des relations internationales Ville du Havre Dominique DHERVILLEZ Directeur Général Adjoint en charge des grands projets, de l'aménagement urbain et de la prospective Ville du Havre Didier DASTARAC Directeur Général Adjoint en charge des relations internationales Ville du Havre Bernard GÉRARD Responsable scientifique des Partenariats d'Odyssée 21 Centre de la Mer et du Développement durable Ville du Havre Jean Pierre LECOMTE Président Port Autonome du Havre Cyril CHEDOT Chargé de Mission Développement local Port Autonome du Havre Amsterdam Cor OUDENDIJK Executive Director Shipping Port of Amsterdam Wim VLEMMIX Director of Engineering, Development & Environment Port of Amsterdam Allard JOLLES Physical Planning Department of Amsterdam City of Amsterdam Gert URHAHN Director Urhahn Urban Design B.V. Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 126 Bremerhaven Pamela HELL née von DÜRING BEAN, Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG Christoph HERRFURTH Dept Economic Affairs City of Bermerhaven Stefan HENKE Dept Port Development & Strategy Bremenports Franziska STENZEL Unit: BIS Bremerhaven Touristik BIS mbH Delfzijl Andre BAKEMA Head of Department of Infrastructure City of Delfzijl Ingrid WIJNGAARDE Advisor environmental policy Department of Housing, Spatial Planning and Environment City of Delfzijl Gerlof HOTSMA Groningen Seaports Gdansk Krzysztof SZCZEPANIAK Director of Economic Development Department City of Gdańsk Krzysztof RUDZIŃSKI Director of Development Programmes Department City of Gdansk Joanna ZBIERSKA Development Programmes Department City of Gdansk Jarosław WINCEK City Planning Authority of Gdańsk Krzysztof ANZELEWICZ Development Department Manager Port of Gdansk Authority Piotr LORENS Head, Dept. of Urban Development, Faculty of Architecture Technical University of Gdansk Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 127 Riga Edgars SUNA Head of Strategic Planning Unit Freeport of Riga Authority Haralds APOGS Project Manager Administrative and International Affairs Department Freeport of Riga Authority Gvido PRINCIS Head of Riga City Urban Planning Authority City of Riga Valters MAZINS Jaunrigas Attistibas Uznemums Astrida ROGULE Museum of Contemporary Art Association Internationale Villes et Ports Greta MARINI Chargée de mission Association Internationale Villes et Ports Denis DAVOULT Documentaliste - Affaires européennes Association Internationale Villes et Ports Autres cas présentés lors du séminaire final Juan Manuel DIEZ OREJAS Jefe Departamento políticas ambientales Autoridad Portuaria de Valencia, España Kjell KARLSSON Director, Infrastructure Ports of Stockholm, Sweden Nicoletta ARTUSO Architect, Département Urbanisme Autorita Portuale di Genova, Italia Enrique CALDENTEY Departamento Técnico - Port 2000 Gerencia Urbanística Port 2000 Barcelona, España Isabelle VRIES Programme Manager Port of Rotterdam, Netherlands Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 128 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 129 Ville du Havre Novembre 2007 Guide des bonnes pratiques Faire la Ville avec le Port - Projet PCP 130 Guide des bonnes pratiques