La mode des années 1970 Le secteur de la mode belge se situe

Transcription

La mode des années 1970 Le secteur de la mode belge se situe
Résumés / Samenvattingen / Summaries
VÉRONIQUE POUILLARD
CRÉATION, STYLISME, CONTRE-CULTURE
La mode des années 1970
L
e secteur de la mode belge se situe, pendant les années 1970, en pleine transition. La
haute couture parisienne qui avait jusqu’ici, de près ou de loin, servi de modèle à la
mode belge qui en fournissait un décalque plus ou moins fidèle, est en plein déclin,
mouvement amorcé pendant les années 1950, entériné au cours des années 1960 et
suivi par une série d’entreprises belges qui choisissent ou subissent l’arrêt de leurs
activités, en particulier dans le haut de gamme. Le changement se marque également
dans la distribution : développement des grands magasins, avec l’apparition de ‘corners’
de marques et émergence des boutiques en lien avec les cultures pop, rock, rétro.
Le consommateur et la consommatrice, ciblés comme sensiblement plus jeunes depuis
la décennie précédente, apparaissent à la fois comme séduits par les nouveaux produits
mais non moins par les dynamiques alternatives (production à la maison, récupération,
refus des modes). Les mouvements (contre-)culturels contribuent à alimenter ce
processus, mais également à développer les modes issues de la rue, renversant le modèle
classique d’émulation tel qu’il a notamment été développé par Thorstein Veblen sur
base de la notion de consommation ostentatoire (“conspicious consumption”). Cependant,
les modes de la rue réintègrent le cycle, mais à l’envers, récupérées par le marketing avec
une efficacité croissante, à laquelle une catégorie émergente de professionnels – les stylistes
– n’est pas étrangère.
L’improbable secteur de la mode belge a pourtant l’avantage de n’être pas encombré par
le poids de traditions nationales. Dès lors, les années 1970 peuvent s’affirmer comme
une transition créative, qui s’incarne chez de jeunes créateurs. À la différence de leurs
aînés, dont la majeure partie avait choisi de consacrer tout ou partie de leur travail à la
reproduction de modèle parisiens en Belgique (Hirsch & Cie, Wittamer-De Camps,
Natan), ou absorbés avec succès par le système parisien (Jules-François Crahay), ces
nouveaux entrants abordent leur métier avec un regard neuf et souvent en tissant des
liens forts avec le monde artistique. Si leur réussite sera à terme très variable selon les
cas, ils se distinguent par une indépendance d’esprit qui fait, de ces années 1970, un
laboratoire créatif.

Documents pareils