Le fantasme de la chute du cours de l`action Belvédère
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Le fantasme de la chute du cours de l`action Belvédère
EDELMAN Public Relations Worldwide Pourquoi l’affaire Belvédère n’est pas l’affaire Edelman Dans leur étude sur l’affaire Belvédère, Lionel Sinquin, Bruno Gosselin et Didier Lucas ont l’ambition d’expliquer comment la société Belvédère fut « victime d’une véritable guerre de l’information » ainsi que le rôle supposé de notre agence dans cette « attaque ». Nous reconnaissons bien volontiers à ces auteurs le droit d’analyser l’action que nous avons menée pour le compte de notre client Millennium, et d’en tirer les conclusions, parfois définitives, qu’elle leur inspire. Ils ont bien voulu nous laisser l’opportunité de corriger les erreurs de faits contenues dans leur étude et nous permettre, à notre tour, de faire valoir quelques éléments d’appréciation qui permettront aux lecteurs d’avoir de « l’affaire Belvédère » une vue plus équilibrée. En définitive, si nous regrettons que les auteurs de cette étude n’aient pas cru devoir recueillir notre point de vue lors de sa rédaction, nous apprécions de pouvoir, en peu de mots, faire valoir quelques arguments. Le fantasme de la chute du cours de l’action Belvédère Toute la démonstration des auteurs du cas Belvédère repose sur un fait malheureusement pour eux inexact : la mise en ligne du site n’a eu aucun effet sur le cours de l’action Belvédère. Introduit en janvier 1997 à 250 FRF, le titre atteint 1430 FRF en juin 1998. L’été sera une période troublée pour l’entreprise puisque différents litiges avec les autorités polonaises, des décisions de la justice américaine contraires à ses intérêts, ainsi surtout que la crise que traverse la Russie, pays dans lequel Belvédère a axé son développement, fragilisent sa situation économique. Le 29 août 1998, l’action tombe à 361,5 FRF, alors qu’Edelman France n’a encore jamais entendu parler d’une société Belvédère ! Le 12 octobre 1998, le site Internet « L’affaire Belvédère » est en ligne. Le 13 octobre 1998, Belvédère tient une réunion d’analystes au cours de laquelle ses dirigeants font part de la baisse de 25 % du résultat au premier semestre 1998, ainsi que de la baisse de sa prévision de chiffre d’affaires pour l’année 1998 sans se prononcer sur les résultats. La valeur tombera alors à 293,80 FRF. (Notons que le cours affiche une valeur de 85 FRF fin décembre 2000). Ainsi, il est faux d’affirmer que « les conséquences directes de cette attaque via Internet est la baisse de l’action Belvédère ». La mise en ligne du site Internet n’a en aucun cas créé le « bruit » autour de la société Belvédère. Il est certain en revanche, ainsi que l’indiquent les auteurs, que Belvédère se présente à partir de cette date comme « la victime injuste d’une attaque qui la dépasse » et met en place une stratégie visant à faire croire que ses ennuis datent de cette campagne, stratégie victorieuse puisque les auteurs de cette étude tombent eux aussi dans ces filets-là. Le fantasme du droit comme « arme subversive » Quel est le contenu du site Internet ? Essentiellement le reproche que divers plaignants adressent à Belvédère de ne pas indiquer le nombre et la nature de nombreux contentieux qui émaillent la vie de cette entreprise. Les auteurs de l’étude, qui ne remettent pas en cause la réalité des procès dans lesquels Belvédère est partie, y voient malgré tout une tentative de « désinformation » en dénonçant « une compilation exhaustive de décisions qui peut donner une impression de transparence et d’objectivité. Sa véritable vocation semble consister à noyer le lecteur sous le flot d’un trop grand nombre d’informations ». Nous interrogeons les auteurs sur le sens des mots qu’ils emploient : la « désinformation » ne consiste-t-elle pas à affirmer des choses sans être en mesure de les prouver ? Voire même d’affirmer des choses contraires à la réalité ? Ils auraient certainement été en droit de nous interpeller si nous n’apportions pas les preuves de nos affirmations. Etrange conception qui consiste à dénoncer cette démonstration au motif qu’elle est étayée point par point. Edelman est-il l’agent trouble responsable des difficultés d’une entreprise ? On nous permettra enfin de répondre aux quelques lecteurs qui peuvent s’interroger sur notre déontologie et sur les moyens que nous avons employés pour faire face à la demande de notre client. Nous ne voulons pas sous estimer l’impact que le site a eu par rapport à la demande qui nous a été faire de porter à la connaissance du public diverses procédures dans lesquelles Belvédère était partie. Or en lui-même, le site n’apportait aucune information supplémentaire par rapport aux informations publiées par la presse et contenues dans le dossier de presse « classique », version papier. Internet était un média complémentaire, en ce sens où ou il permettait aux différents publics visés de se faire une idée par eux-mêmes de cette réalité. Les auteurs de l’étude développent une théorie, tirée d’un article du Point : notre objectif caché aurait visé à mettre notre client en position de gagner « une autre bataille bien plus stratégique : la prochaine privatisation des distilleries polonaises ». Ceci, hélas, ne correspond pas à la réalité. Edelman est une agence de relations publiques et n’a pas pour vocation à intervenir dans les stratégies commerciales et/ou marketing de nos clients. Nous n’en avons ni les compétences ni la volonté. Le combat de notre client Millennium n’est pas notre combat. Que nous fassions partie de sa stratégie, c’est bien possible. Que l’on nous ait assigné des objectifs commerciaux, la réponse est non. Puisque nous étions « directement identifiables » (le site étant hébergé sur un radical Edelman), les auteurs de l’étude s’étonnent - et nous reprochent presque - que «[ nous n’ayons pas] su aller jusqu’au bout de [notre] logique offensive », ou de n’avoir pas « exploité toutes les possibilités d’Internet ». C’est faire de nous des acteurs de cette « guerre » alors que nous n’en sommes que les simples messagers, comme n’importe quelle agence conseil en communication. Le ressort sur lequel nous avons joué, et qui c’est avéré payant, c’est celui, déjà beaucoup usité, de « la première fois ». Eh bien oui ! C’était la première fois qu’une entreprise utilisait Internet pour faire connaître les griefs qu’elle porte à une autre. Et la presse, sensible à cette nouveauté, a bien voulu s’en faire l’écho. Notre mission s’est arrêtée là. On ne prête qu’aux riches. Beaucoup d’analystes attribuent à Edelman des mérites qu’il n’a pas. D’autres condamnent avec sévérité notre action. Nous prenons ces commentaires comme ils viennent. Nous ne voulons ni minimiser notre rôle, ni faire vivre une légende relative à notre rôle supposé dans la « déstabilisation » d’une entreprise. N’ayant pas agit à couvert, mais au grand jour, nous n’avons pas enfreint les règles qui régissent notre profession. Nous nous sommes appliqués, consciencieusement, à employer des moyens créatifs pour faire vivre une information vraie, vérifiée, contrôlée. Que les amateurs d’histoires d’espionnage, même industriel, veuillent nous excuser : « le cas Belvédère » n’est un fleuron que des romans de gare. Marc Eskenazi 10 janvier 2001