Coup de gueule : le calvaire des personnes

Transcription

Coup de gueule : le calvaire des personnes
Coup de gueule : le calvaire
des personnes internées
Par Dan Lelarge
d
d
La Belgique a déjà été condamnée 14 fois par la cour
européenne des droits de l’homme pour le traitement des
internés.
d
Quelques points qu’il faut
inhumaines de l’internement
savoir
sur
les
conditions
d
– Un internement fait toujours suite à un Jugement suite à la
non-responsabilité des actes de l’auteur.
– Un internement n’a JAMAIS de limite dans le temps,
contrairement à une détention « classique », la personne
internée ne saura jamais la durée qu’il passera entre les murs
de ces prisons, puisqu’il
dépendra toujours des décisions
des commissions de défense sociale travaillant sur base des
dossiers du centre concerné, et cela sans possibilité pour la
famille d’avoir accès à ce dit-dossier.
– Un interné est privé de ses droits civils et politiques et
ne peux percevoir aucune indemnité (ni pension, ni allocation
d’ handicap, ni indemnité de maladie, ni chômage). Certains
« chanceux » se voient attribuer une aide mensuelle d’un CPAS
d’une moyenne de 50€ pour cantiner un paquet de tabac, un
savon, et peut-être une canette de soda.
– Le manque d’effectivité du système de plainte en centre
fermé prive les détenus de la possibilité de se plaindre de
leurs conditions de détention.
d
Ceux qui dérangent
d
Ils sont des centaines qui « dérangent » notre belle société
par des faits et comportements relevant de la psychiatrie.
Aussi préfère-t-on les laisser croupir des années dans ces
véritables asiles dignes du 19e siècle que sont les
établissements de défense sociale. Le mal-être de ces
personnes fragilisées est immense, ils sont les oubliés de
notre belle société, les pestiférés, les moins que rien. La
grande majorité n’ont commis aucun crime, parmi ceux-ci se
trouvent aussi des personnes qui sont enfermées pour les
protéger d’elles-mêmes (tentatives de suicide à répétition, …)
A tire d’exemple : au Centre de Paifve, pour +/- 220 internés,
il n’y a qu’une psychiatre à temps plein et un autre à mitemps. Un seul psychologue. Une infirmerie fermée à 16 h. Mais
il y a là-bas plus de gardiens de prison que de personnes
enfermées ! Une nuit de janvier 2012 un jeune autiste d’à
peine 18 ans y est mort de froid dans un cachot non-chauffé,
où il se trouvait nu et sans couverture. Ses parents ont porté
plainte, et l’enquête « interne » n’a rien trouvé d’anormal.
Maintenant ils attendent toujours la suite donnée à leur
plainte.
En septembre 2014 une personne s’est pendue dans sa cellule
après l’heure de fermeture de l’infirmerie, et les gardiens
n’ont rien pu faire pour le sauver, n’ayant pas une formation
médicale. Un membre du personnel confiait au journal La
Meuse ;« L’ensemble du personnel tourne en système de pauses.
Tout le monde, sauf les infirmières qui travaillent de 8h à
16h. Après 16h, il n’y a plus de personnel médical sur place,
ni infirmière, ni médecin.
d
Une vie en marge de tout
d
Qu’est-ce que cette vie qu’ils mènent aujourd’hui ? Ont-ils
seulement une espérance de sortir un jour ? Notre « bonne »
Société voudra-t-elle tenter de les réinsérer ? Certains ne
connaissent ni l’usage d’un GSM, ni même l’Euro. Ils ne savent
pas utiliser un ordinateur ni un distributeur de billets de
banque. Ne savent ni cuisiner, ni lessiver du linge. Ils n’ont
même plus l’odeur d’une fleur ou du foin coupé en mémoire.
La promiscuité des lieux, aucune aide dans la réhabilitation
des internés font qu’il s’agit d’une chaîne sans fin. Et
lorsque des êtres innocents sont pris dans cette spirale, et
subissent humiliations, injures et quelquefois sévices,
comment voudriez-vous qu’ils ne se révoltent pas parfois ?
Avec comme seule perspective de commettre des « conneries »
entre ces murs pisseux d’institutions parfois (souvent !)
délabrées, en tentant de mettre fin à leurs jours, et certains
allant même jusqu’à demander une euthanasie.