Monsieur le député, madame la conseillère départementale
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Monsieur le député, madame la conseillère départementale
Monsieur le député, madame la conseillère départementale, Mesdames, messieurs, chers Argelésiens Le 27 mars dernier, au lendemain de mon élection comme maire de notre ville, j’avais eu la joie et l’honneur de procéder à l’inauguration du beffroi campanaire. Cette inauguration nous avait permis de mettre en lumière le plus prestigieux monument de notre ville : l’église Notre-Dame-del-Prat. Aujourd’hui, je suis fier de participer à l’inauguration d’une avenue qui porte le nom d’un autre monument argelésien, d’un monument devenu au fil des années le chantre de la chanson catalane, d’un monument reconnu au « Palau de la Musica de Barcelona » dans les années 60 puis à l’Olympia en 1983, ce monument, c’est Jordi Barre. Nous avons choisi ce jour de Sant Jordi pour inaugurer l’Avenue Jordi Barre. Quoi de plus normal. C’est le jour de sa fête, la saint Georges, jour férié en Catalogne. C’est aussi la fête du livre qui se poursuivra cet après-midi autour de la médiathèque car Jordi était typographe de métier et a dirigé une importante imprimerie « au plomb », celle de L’Indépendant. Jordi Barre est né le 7 avril 1920 à Argelès-sur-Mer dans la maison de ses grands-parents située sur la Route Nationale. Il était le fils de Raymond Barre, employé à la Compagnie des Chemins de fer du Midi et de Lucile Ribère, couturière. Celle-ci était la fille de Jules et Virginie Ribère, les grands – parents à qui Jordi a témoigné toute sa vie une profonde affection. Il est vrai qu’ils avaient une forte personnalité. Son grand-père, Jules, était un personnage hors du commun, un personnage que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Jules, appariteur, crieur public, artiste – peintre, soigneur de l’équipe de rugby et horloger municipal était omniprésent dans le village. Dans les années 1950, les Argelésiens, qui depuis des siècles avaient été régis par l’heure « solaire » s’étaient vu imposer l’heure « légale » en avance sur l’ancienne. Quand Jules réglait les aiguilles de la pendule du carrefour avec un roseau, il avait fort à faire devant un attroupement d’Argelésiens discutant avec véhémence de « l’hora nova » et de « l’hora vella ». A Argelès, on le surnommait « Jules le tailleur ». Un peu musicien, un peu artiste – peintre et surtout un grand bavard. Il avait toujours une histoire à raconter. C’est lui qui faisait les annonces publiques à Argelès avec sa trompette : Taratata. Il y a cinéma aux « Esportes ». Taratata Il y a du poisson sur la place. La grand-mère de Jordi, Virginie, était petite et toute vêtue de noir comme on le faisait autrefois, comme si elle portait tout le deuil de la terre, toutes les peines du monde. Elle était coquette la grand-mère de Jordi. Elle portait cette coiffe catalane qui rendait si gracieuses les femmes d’autrefois. A l’âge de 9 ans, le petit Jordi est allé s’établir avec ses parents à Perpignan, rue de la Cloche d’Or où sa mère a ouvert un atelier de couture. C’est dans cet atelier que l’enfant va entendre parler de la Compagnie des Tréteaux qui a passionné le Roussillon de la première moitié du XXe siècle avec ses pièces, ses gags et ses canulars. C’est dans cet atelier que l’enfant précoce et doué va concevoir et présenter ses premiers spectacles. Georges, qui a eu deux sœurs, Yvette et Jeannine, va mener de front sa carrière professionnelle de typographe et sa vie d’artiste dominée par la musique où il excelle et où il a cultivé tous les genres, du cabaret à l’orchestre de jazz et de variétés. De 1946 à 1971, « l’orchestre Georges Barre » va enchanter les pistes de danse de la région et en particulier celle de la Caravelle au Racou. Les années 60 vont constituer un tournant de sa carrière artistique et Georges Barre va devenir progressivement Jordi Barre. Sa rencontre avec le metteur en scène catalan exilé en Andorre Esteve Albert a été décisive. Avec le groupe Pirene d’Elne, ils montent une pièce en catalan sur la légende de Pyrène et Hercule qui sera jouée dans le théâtre de verdure du parc de Valmy. Un demi - siècle avant les Déferlantes, c’est la voix de Jordi Barre qui résonnait à Valmy. Jordi chante aussi au Fanal Sant Vicens créé par la famille Bauby et rejoint le mouvement de la « Nova Cançó catalana » en se produisant aux côtés de Raimon et Fancesc Pi de la Serra. Devenu un grand artiste sollicité de toute part, il a toujours répondu « présent » aux Argelésiens. Il était en particulier le parrain du Foment de la Sardane dont il ne manquait jamais le traditionnel Aplec de septembre et il venait aussi unir sa voix à celles des Argelésiens lors du « Cabaret ». Nous avons tous en mémoire ces finals mémorables lors du Cabaret des Argelésiens où Jordi Barre, entouré des chanteurs amateurs, avait entonné les fameux « Als y fotrem « et « Nosaltres aqui parlem catala ». Aujourd’hui, Argelès-sur-Mer rend hommage à celui qui a si bien chanté son Racou, notre Racou. Parallèlement à cette démarche municipale s’est formée une initiative « privée » qui montre la place éminente que le personnage occupe toujours dans le cœur des Argelésiens. C’est une élue, notre collègue Valérie Reimeringer qui a eu l’excellente idée de nous préparer une surprise pour ce jour d’inauguration. Une surprise de taille puisqu’elle mesure 4 X 4,5 mètres et que vous pouvez découvrir sur cette place. Valérie a trouvé un partenaire hautement qualifié pour réaliser le projet en la personne de Jean –François Prieur, directeur adjoint des services techniques. C’est son jardin qui a servi d’atelier pour réaliser l’œuvre. Après plus de cent cinquante heures de travail bénévole, heures prises sur leurs loisirs et leur temps de repos, nos deux artistes ont réalisé cette émouvante évocation de la Torre d’En Sorrra, titre que Jordi Barre a donné à la chanson qu’il a consacrée au Racou. Un Racou de l’amitié et de la tendresse. Cette tour juchée sur la colline abritait en fait le mécanisme d’un moulin à vent et elle fut en grande partie démolie par l‘occupant allemand avant d’être définitivement rasée. Nous avons conservé son image sur la plupart des photos prises au Racou avant la seconde guerre mondiale et Jordi Barre l’a immortalisée dans sa chanson «la Torre d’en Sorra ». Mesdames, messieurs En cette journée d’amitié et de reconnaissance à Jordi Barre pour ce qu’il a apporté à Argelès-sur-Mer et à la culture catalane, il me revient, en tant que premier magistrat de la commune, de faire une mise au point publique. Un Argelésien dont je tairai le nom a cru bon de mettre en cause cette démarche citoyenne, bénévole, éminemment généreuse qui a permis la réalisation de cette œuvre. En publiant sur les réseaux sociaux la photo d’un camion municipal transportant sur le lieu où elle allait être réalisée le matériel nécessaire à cette œuvre, en insinuant, en laissant croire à je ne sais quel abus de biens sociaux, à je ne sais quel supposé comportement malhonnête, il a voulu salir l’honneur d’un homme, l’honneur d’une collectivité toute entière. Ceux qui cherchent seulement à exister au travers des réseaux sociaux, ceux qui peut-être n’existent qu’au travers des réseaux sociaux, ceux qui confortablement installés à l’abri de leur écran manipulent à l’envi les armes ridicules, détestables, lâches de la calomnie et de la désinformation peuvent aujourd’hui devant le remarquable résultat de ce travail bénévole boire leur honte qui doit être bien amère. Je tiens pour ma part, au nom du conseil municipal, à saluer le résultat exceptionnel de ce travail bénévole. Cela méritait d’être dit avec toute la force nécessaire ici, aujourd’hui, sur cette place des Granotes. Chers Argelésiens : il y avait l’avingunda de la Torre d’en Sorra qui conduisait au Racou. Pour y accéder, pour parvenir à ce petit coin de paradis catalan, il faudra désormais et à jamais emprunter l’avenue Jordi Barre et nous sommes fiers de la décision du conseil municipal Merci de votre attention. Il va être temps d’écouter à « la Torre d’en Sorra ».