Mistinguett (Jeanne Bourgeois) (1875-1956)

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Mistinguett (Jeanne Bourgeois) (1875-1956)
Mistinguett (Jeanne Bourgeois)
(1875-1956)
Interprète
Née à Enghien, dans une famille de petits artisans, elle se produit dans les cafés de sa
ville, avant de suivre une troupe de cirque. Elle débute au Petit-Casino et au Trianon
Concert, puis reste de 1897 à 1907 à l'Eldorado où elle participe à quelques tableaux
dans les opérettes-sketches que programme la salle en deuxième partie de soirée. Après
s'être essayée au théâtre, elle joue en particulier dans une pièce de Georges Feydeau,
elle est engagée au Moulin-Rouge en 1909 pour participer à une revue dont la vedette est
Max Dearly. Ils interprètent ensemble "La Valse chaloupée", une danse à la violence
suggestive qui mime les rapports d'une fille et de son souteneur. Le triomphe de ce
tableau assure une renommée immédiate à Mistinguett. En 1910, elle est engagée aux
Folies-Bergère comme meneuse de revue. Mistinguett, qui enchaîne les revues aux
Folies-Bergère ou à l'Alcazar d'Eté, tourne dans des films presque sans interruption de
1908 à 1917. Elle tient en particulier le rôle d'Eponine dans Les Misérables d'Albert
Capelloni (1912), et fait la vedette dans deux épisodes de Mistinguett Détective (1917).
En 1917, elle crée la revue Pa-ri-ki-ri puis Laissez-les tomber au Casino de Paris, la salle
qui, sous l'égide d'Henri Varna, inaugure avec Gaby Deslys la mode des revues
somptueuses et extravagantes. Toujours au Casino de Paris, elle mène "Paris qui jazz"
en 1920, une revue pour laquelle Albert Willemetz et Maurice Yvain lui écrivent "J'en ai
marre", "En douce" et "La Java". Les mêmes auteurs signent pour elle "Mon homme" : un
tel succès que Francis Carco, dont la pièce de théâtre du même nom se joue au même
moment, doit incorporer la chanson dans la représentation. Au sommet de sa popularité,
Mistinguett est alors l'invitée obligée de toutes les inaugurations officielles. La presse se
délecte de ses photos, de ses aventures ou de ses réparties à l'emporte-pièce. Ses
succès, "C'est jeune et ça ne sait pas" (1923), "La Belote" (1925) ou "On m'suit" (1928),
atteignent des records de vente en petits formats. "J'en ai marre" et "Valencia" (un pasodoble de José Padilla, 1926) dépassent les trois millions d'exemplaires. Succès réédité
avec "Ça c'est Paris", tiré de la revue du même nom au Casino de Paris en 1926, ou avec
"Je cherche un millionaire". Pour son public, Mistinguett incarne le music-hall, tout autant
qu'elle personnifie la Parisienne. Elle n'est pourtant qu'une piètre chanteuse, comme elle
l'affirme en 1933, dans sa chanson-portrait "C'est vrai" ("on dit que j'ai la voix qui traîne...
c'est vrai"). Pour elle, l'essentiel reste la scène (elle n'a jamais utilisé de micro), où elle fait
preuve d'un abattage, d'une spontanéité, d'une gouaille et d'une énergie qui ravissent les
spectateurs et surtout où elle montre ses jambes. Des gambettes légendaires, à la fois
outils de scène et image de marque qui, dès les années 1920 sont assurées à la Lloyds
pour 500.000 francs : un enjeu qui contraint la compagnie d'assurance à dépêcher un
inspecteur à chaque spectacle de la Miss. Travailleuse acharnée, Mistinguett ne quitte
jamais l'affiche pour bien longtemps, entre les tournées (aux Amériques en 1924 et 1939)
et les revues (entre autres, aux Folies-Bergère en 1934 avec Fernandel). Le 25 novembre
1941, Mistinguett se produit sur la scène du Casino de Paris, dans la revue Toujours Paris
(deuxième version). Elle y crée, entre autres, deux nouvelles chansons "Titine" (Léopold
de Lilma/René Toché) et "La Tour Eiffel est toujours là" (Marc Lanjean-François
Llenas/Marc Lanjean), qu'elle grave en juin 1942, lors de son dernier enregistrement. La
revue reste à l'affiche jusqu'en juillet 1942 et la Miss passe régulièrement sur Radio-Paris.
En décembre 1943, elle se produit à l'Alhambra puis au Théâtre de l'Etoile dans Paris
Paname. En décembre 1944, elle est de nouveau au Théâtre de l'Etoile dans Paris
revient. Elle entre sur scène debout dans une jeep, en uniforme kaki. A l'automne 1945,
elle reçoit un blâme du comité d'épuration des artistes, pour être passée sur Radio-Paris
et avoir gagné de l'argent en participant à des évènements parrainés par les Allemands
(Galas au Gaumont Palace en 1943). En octobre 1945, elle reprend ses succès dans un
tour de chant à l'Alhambra. Elle participe encore à une revue à l'ABC en mai 1949 : elle a
73 ans et danse le be-bop. Elle décède à Bougival en 1956.
© Hall de la Chanson

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