INTERVIEW DU Pr JEAN-LOUIS GERARD DESARMIR

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INTERVIEW DU Pr JEAN-LOUIS GERARD DESARMIR
INTERVIEW
DESARMIR :
les anesthésistes-réanimateurs
garderont leur double
compétence
ans le cadre de la réforme du 3ème cycle des études médicale, la liste des des a été
fixée par arrêté et publiée au Journal officiel du 4 décembre 2015. le nouveau codes anesthésie-réanimation/médecine intensive-réanimation (desarMir) sera
effectif à partir de la rentrée universitaire 2017-2018. le Professeur Jean-louis Gérard, PuPH
en anesthésie-réanimation à caen, Président de la collégiale des enseignents d’anesthésie
réanimation, qui a participé à la réflexion et l’élaboration de ce nouveau des, a accepté de
répondre à nos questions.
D
PHAR-E : Le DESARMIR, qu’est-ce que c’est ?
Jean-Louis Gérard : Il s’agit de la déclinaison de l’enseignement du troisième cycle de l’anesthésie-réanimation et de la réanimation dans le cadre d’une réforme
générale du troisième cycle des études médicales.
Cette réforme fait suite aux réformes qui ont déjà eu
lieu concernant le premier et deuxième cycles des études médicales, dont l’esprit est construit non pas tant
sur le savoir et les connaissances que sur les compétences des pratiques. Il s’agit de compétences génériques
qui sont bien évidemment de nature professionnelles,
mais également des compétences incluant la notion de
communication, la notion de travail en équipe.
Concernant le 3ème cyle, il y a eu plusieurs commissions,
DES qui forment à des métiers à part entière, avec des
les réflexions sur la réforme datant de plusieurs années,
compétences clairement identifiées. Cette réforme n’est
notamment la commission nationale de l’internat et du
pas
spécifique
à
post internat qui avaient été pilotées par les professeurs
l’anesthésie-réanimation, mais concerne l’ensemble des
François Couraut et François René
spécialités médicales et chirurgicales.
Pruvot. Ce sont eux qui ont dirigé le
Il était logique que les
groupe de réforme du 3ème cycle au
PHAR-E : Comment feront les futurs
filières de formation à
sein du ministère de l’Enseignement
internes pour devenir anesthésisSupérieur de la Recherche et de la
tes-réanimateurs
? ou réanimateursl’anesthésie-réanimation
Santé.
médicaux ?
“
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Jean-Louis Gérard : Cette réforme
repose sur le fait que pour chaque
DES, il doit y avoir un métier et une
compétence définis. C’est la raison
pour laquelle il était prévu de supprimer les DESC, qui
étaient des formations complémentaires, au profit des
Jean-Louis Gérard : Concernant la
réanimation, il faut se rappeler qu’auparavant on arrivait à cette spécialité par deux voies : soit l’anesthésie-réanimation, soit le DESC de type
2, qui était un DESC qualifiant pour la
réanimation dite médicale. On choisissait d’abord une spécialité médicale (cardio,
pneumo…) puis il fallait faire un complément de forma-
“
PHAR-E : Pourquoi une réforme des
DES et la disparition des DESC ?
et à la réanimation
médicale, qui in fine
aboutissent au même
métier se réunissent en
un DES commun
http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi -
n°74 - Mars 2016
INTERVIEW
tion, via le DESC, afin de devenir réanimateur, sans comopératoire alors que la réanimation se cantonnera aux
pétences en anesthésie.
unités de surveillance aux soins continus et à la réanimation.
D’autre part, vous aviez la formation en anesthésieréanimation qui vous donnait la double compétence
PHAR-E : Selon vous, le DESARMIR est un comprod’anesthésiste et de réanimateur.
mis ? une alliance ? ou autre chose ?
Il y a eu la volonté, de par un travail construit en commun avec d’une part les anesthésistes-réanimateurs et
d’autre part les réanimateurs, de pouvoir proposer aux
Jean-Louis Gérard : C’est une construction intelligente
de professionnels qui se respectent sur les compétenétudiants un DES avec deux sorties potentielles : une
ces de chacun et avec un métier unique. Il était logique
sortie anesthésie-réanimation et une sortie médecine
que les deux filières de formation qui in fine, aboutissent
intensive réanimation.
au même métier se réunissent en un DES commun.
Ces deux métiers ont un tronc commun d’enseignement sur la réanimation. Ce qui veut dire que les anesPHAR-E : Les anesthésistes-réanimateurs ont largethésistes-réanimateurs pourront toujours faire de
ment participé à la création des SAMU et des SMUR.
l’anesthésie et de la réanimation et que notre métier
Aujourd’hui, ils n’y sont plus. Ne risque-t-on pas de voir
reste donc indivisible.
La maquette comporte trois phases :
la même chose pour les réanimations ? Qu’en penl une première phase « socle » d’une durée d’un an .
sent les instances de la spécialité ?
L’interne devra effectuer un semestre en anesthésie et
un semestre en réanimation.
Jean-Louis Gérard : La médecine
d’urgence doit exercer la complétude
l en fonction des quotas qui auront
La notion de droit au
de ses actions vers deux aspects que
été définis, les internes pourront
sont l’accueil hospitalier et le pré
choisir ensuite soit anesthésieremord est une notion
hospitalier.
réanimation, soit médecine intenqui a toujours existé dans En revanche, les instances dirigeansive réanimation.
le troisième cycle et elle tes de la médecine d’urgence reconl enfin la troisième phase sera une
naissent à l’anesthésie-réanimation
phase de mise en situation, prépacontinuera à être
des compétences sur l’accueil hospiratoire à l’exercice professionnel.
présente.
talier et la prise en charge des urgenPour ces trois phases, la volumétrie
ces graves.
d’enseignement est de 300 heures,
Cependant, à aucun moment il n’est
dont 150 d’enseignement commun
écrit que la médecine d’urgence a des compétences
sur la réanimation.
professionnelles dans le champ de la surveillance contiPHAR-E : Les étudiants pourront-ils bénéficier de pasnue et de la réanimation.
L’intérêt de cette réforme du troisième cycle c’est aussi
serelles ? En cas d’erreur, un remord sera-t-il possible ?
de positionner clairement chaque spécialiste dans son
champ de compétences et non pas dans une évolution
Jean-Louis Gérard : Les étudiants auront accès à des
passerelles. Il faut que le législateur en définisse les
qui ne correspond absolument pas aux réalités des formodalités. Concernant le groupe de travail du DESARmations.
MIR, nous sommes favorables à l’existence de ces pasL’anesthésie-réanimation a créé les SAMU à l’époque où
serelles. La notion de droit au remord a toujours existé
les urgences traumatologiques étaient particulièrement
dans le troisième cycle et elle continuera à être préimportantes. Actuellement cette typologie est en régressente. Il faudra simplement trouver les modalités d’apsion et cette spécialité rencontre des problèmes démoplication dans ces co-DES.
graphiques. De ce fait, les anesthésistes-réanimateurs
se sont légitemement mis en retrait au niveau de la
PHAR-E : Une fois la formation terminée, qui pourra tramédecine pré-hospitalière.
vailler dans les réanimations médicales, chirurgicales,
On ne peut pas mettre en parallèle l’évolution observée
polyvalentes ? Et les USC ?
sur la place des anesthésiste-réanimateurs dans la
médecine pré-hospitalière à celle de la réanimation. La
Jean-Louis Gérard : C’est très clair. Les deux filières de
médecine d’urgence ne forme ni à la réanimation, ni à
l’anesthésie, ni à la surveillance continue.
formation aboutissent à la possibilité de travailler dans les
De plus, nous continuerons à former des anesthésistesunités de surveillance continue. L’anesthésie-réanimaréanimateurs avec leur double compétence.
tion permettra de faire de l’anesthésie, de la réanimation, de la surveillance continue et de la médecine periPropos recueillis par Saveria Sargentini
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