Annales gendarme sous-officier - Sujet gratuit
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Annales corrigées Sujet n° 3 Difficulté ✘✘✘ Durée ANNALES DU CONCOURS SESSION SEPTEMBRE 2012 3 heures Question 1 l’article 7 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 affirme les principes de protection des citoyens contre l’arbitraire. Dans les cas prescrits par la loi, les personnels de la Gendarmerie peuvent être amenés, dans le cadre de leurs missions, à priver une personne de sa liberté. Dans quels cas le gendarme peut-il procéder à l’arrestation d’une personne ? Question 2 l’efficacité de la Gendarmerie est subordonnée à la coïncidence des lieux de vie et de travail. l’harmonie de la vie au sein de la caserne exige l’acceptation par le militaire et sa famille de règles de vie en collectivité empreintes de respect, de convivialité et d’entraide. Donnez votre avis sur les règles de conduite que doit adopter le gendarme dans la vie professionnelle et privée pour contribuer à cette efficacité. Question 3 la mission de renseignement est une mission séculaire et fondamentale de la Gendarmerie. elle permet d’anticiper et de se préparer face à une situation. Après avoir décrit le renseignement en Gendarmerie, donnez votre avis sur la prévention de proximité. Question 4 protéger, assister, secourir symbolisent l’action et l’engagement du gendarme au service du public. Quels sont, selon vous, les devoirs et les limites de son engagement ? 71 | 9782311011562_059-086.indd 71 06/05/13 15:58 Annales corrigées Sujet n° 3 – Annales du concours de septembre 2012 Question 1 : L’article 7 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 affirme les principes de protection des citoyens contre l’arbitraire. Dans les cas prescrits par la loi, les personnels de la Gendarmerie peuvent être amenés dans le cadre de leurs missions, à priver une personne de sa liberté. Dans quels cas le gendarme peut-il procéder à l’arrestation d’une personne ? Seul le cadre judiciaire permet à un gendarme de procéder à l’arrestation (dont le terme « interpellation » est synonyme) d’une personne. Le cadre le plus fréquent sera celui du flagrant délit, tel que définit par l’article 53 du code de procédure pénale : « Est qualifié de crime ou de délit flagrant, le crime ou le délit qui se commet actuellement, ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique, ou est trouvée en possession d’objets, ou présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au crime ou au délit. » L’interpellation n’est donc autorisée qu’en cas de crime ou de délit puni d’emprisonnement. Elle n’est donc pas possible dans l’hypothèse d’une contravention ou d’un délit puni simplement d’une peine d’amende. Sont compétents pour procéder à cette interpellation : – l’officier de police judiciaire ; – l’agent de police judiciaire ; – l’agent de police judiciaire adjoint ; – toute personne. L’appréhension par toute personne de l’auteur présumé est possible dans les lieux publics. En revanche, l’introduction dans les lieux privés en vue d’interpeller n’est possible que pour les seuls OPJ et ce, durant les heures légales (6 heures-21 heures), sauf cas particuliers. Le gendarme doit avoir en permanence en mémoire les règles de sécurité pour les appliquer systématiquement lors de toute interpellation. La majorité des interventions étant inopinée, il doit faire preuve de sang-froid, être capable d’analyser la situation et s’entourer de certaines précautions pour éviter que la situation ne dégénère (demander immédiatement des effectifs si l’équipage est en infériorité ou s’il agit dans un lieu particulièrement sensible…). D’une manière générale, les circonstances de l’interpellation doivent être caractérisées par les intervenants : elles sont déterminantes puisqu’elles vont conduire l’officier de police judiciaire à envisager (ou ne pas envisager) un placement en garde à vue. Question 2 : L’efficacité de la Gendarmerie est subordonnée à la coïncidence des lieux de vie et de travail. L’harmonie de la vie au sein de la caserne exige l’acceptation par le militaire et sa famille de règles de vie en collectivité empreintes de respect, de convivialité et d’entraide. Donnez votre avis sur les règles de conduite dans la vie professionnelle et privée que doit adopter le gendarme pour contribuer à cette efficacité. 79 | 9782311011562_059-086.indd 79 06/05/13 15:58 Annales corrigées Si les droits du gendarme peuvent sembler identiques à ceux de tout citoyen, il ne faut pas oublier que son métier lui impose, en dehors du strict cadre de ses heures de travail, une astreinte au respect de certains devoirs. Ces devoirs spécifiques au gendarme se retrouvent dans le domaine des droits civils. Naturellement, il est du strict devoir des gendarmes de ne pas abuser de leur rôle et de leurs pouvoirs à des fins privées, sous peine de graves sanctions pénales et disciplinaires. Par ailleurs, en vertu de dispositions du code pénal et de la charte du gendarme, le gendarme est toujours considéré comme en service : si, dans sa vie privée, il constate une infraction grave (comme une agression violente), il est de son absolu devoir d’intervenir. En outre, si le gendarme dispose d’une capacité juridique absolue pour passer des contrats, il a pour devoir de se consacrer uniquement à son métier. L’exercice d’une autre profession ou d’une autre activité rémunérée est interdite au gendarme, surtout lorsque celle-ci pourrait le conduire à abuser de ses pouvoirs (métiers de la sécurité, collaboration à des cabinets de détective...). Le gendarme est ainsi soumis à certains stricts devoirs et à une restriction de droits civils, en raison de la nature de sa profession et des pouvoirs particuliers qui lui sont conférés. Ajoutons ici que tout comportement délinquant ou transgression du secret professionnel de gendarme sera jugé très sévèrement par les tribunaux judiciaires. La situation en matière de droits civils est identique en ce qui concerne les droits civiques. Si le gendarme peut adhérer à un parti politique et voter aux élections, il ne peut être candidat dans une circonscription électorale où il exerce son activité. Pour des raisons tout aussi évidentes, les gendarmes ne disposent pas du droit de grève, ni même du droit syndical. Par ailleurs, si la liberté de croyance et de conscience des gendarmes est totale, leur liberté d’expression connaît une importante limitation. De fait, les gendarmes, servant l’État et l’intérêt général, doivent observer leur devoir de réserve. Au cours de leur travail, ils ne doivent avoir aucune attitude partisane, ni exprimer d’opinion politique. Cette restriction des droits civiques s’explique par la nature particulière du métier de gendarme. Ce statut particulier du gendarme se retrouve dans la question de la morale. Le gendarme a pour mission essentielle de faire respecter les lois et l’ordre public. Aussi, il est normal et légitime que le gendarme soit conscient de son devoir de vivre en accord avec les valeurs de la société qu’il défend dans son travail. Par sa vie privée, il devra s’attacher à présenter une image compatible avec ses fonctions. Concernant la liberté de conscience et de croyance, le gendarme est astreint aux mêmes règles que pour la question politique. De fait, surtout dans une République fondée sur la laïcité, le gendarme devra garder ses opinions par devers lui dans le cadre de son travail et s’abstenir de tout prosélytisme. Dans ce domaine de la morale, le gendarme devra donc veiller à respecter la neutralité inhérente au bon exercice de ses fonctions. Le gendarme, en raison de la nature particulière de ses missions et ses pouvoirs, reste ainsi soumis à des restrictions de certains droits et au respect de devoirs stricts. | 80 c o n n a i s s a n c es p r o f es s i o n n e l l es 9782311011562_059-086.indd 80 06/05/13 15:58 Annales corrigées Question 3 : La mission de renseignement est une mission séculaire et fondamentale de la Gendarmerie. Elle permet d’anticiper et de se préparer face à une situation. Après avoir décrit le renseignement en Gendarmerie, donnez votre avis sur la prévention de proximité. Le renseignement en Gendarmerie regroupe l’ensemble des activités concourant à la recherche d’informations liées à la protection des intérêts fondamentaux de l’État. On peut considérer que ceux-ci sont menacés par le terrorisme, les réseaux criminels et l’espionnage industriel. Le terme de « proximité » implique de vivre au contact de la population, de participer à la vie de la cité et de remplir la mission que tout le monde attend d’un gendarme. La prévention, quant à elle, peut être définie comme le juste balancier de la répression. En effet, la certitude de la sanction, l’information des citoyens et la communication exercée par les forces de l’ordre font indéniablement partie des éléments légitimant l’action répressive pouvant être mise en œuvre par la Gendarmerie. En ce sens, effectivement, la proximité implique un lien étroit entre le gendarme et le citoyen, entre la Gendarmerie et la nation. Présente sur 95 % du territoire national, disposant d’un maillage territorial exceptionnel grâce à ses 3 600 brigades territoriales, la Gendarmerie bénéficie des atouts essentiels pour mettre en place une réelle prévention de proximité. La vocation de cette de proximité, du point de vue des citoyens, est de démontrer la présence, la disponibilité et le professionnalisme des hommes et des femmes servant en Gendarmerie. La confiance dans les forces de l’ordre est l’une des clés de la sécurité intérieure. De même, pour la Gendarmerie, la prévention de proximité permet d’obtenir de meilleurs résultats dans la lutte contre la délinquance en établissant des relations solides avec la population, en prévenant les faits délictueux avant leur commission et en ciblant mieux les comportements criminogènes. Question 4 : Protéger, assister, secourir symbolisent l’action et l’engagement du gendarme au service du public. Quels sont, selon vous, les devoirs et les limites de son engagement ? Être gendarme implique un engagement total au service de la collectivité. La mission principale étant la sécurité des personnes, il est bien évident que le métier comporte des risques physiques. Interpeller en flagrant délit des auteurs de vol à main armée conduira à se mettre en danger, quel que soit le niveau de professionnalisme des effectifs engagés. Souvent, pour contrer la folie ou la violence des hommes, des gendarmes peuvent être conduits à mettre leur propre vie dans la balance. Chacun se souvient de l’assaut, en 1994, des gendarmes du GIGN face aux islamistes qui avaient détourné un avion. De même, l’assistance des plus démunis, qui sont les plus faibles, les proies les plus faciles pour les groupes délinquants sont une mission essentielle des gend armes. À l’instar de leurs camarades policiers, les gendarmes sont parfois les seuls points de salut pour les populations souffrant au quotidien de la violence de leur propre environnement familial ou géographique. Secourir des hommes et des femmes en péril est aussi un des traits marquants de l’engagement des gendarmes. Comme les pompiers, les gendarmes sauvent souvent 81 | 9782311011562_059-086.indd 81 06/05/13 15:58 Annales corrigées des vies. L’exemple des gendarmes servant dans les pelotons de gendarmerie de haute montagne est ici particulièrement évocateur. Cet engagement au service d’autrui ne peut connaître qu’une seule limite : celle de la loi. Quelle que puisse être la situation, quel que soit le sentiment personnel du gendarme, il lui appartient de respecter le droit. Exécuter un ordre illégal conduira à l’engagement de sa responsabilité disciplinaire et pénale. Sujet n° 4 – Annales du concours de septembre 2012 Question 1 : En vous basant sur l’article 5 de la charte du gendarme (document joint), expliquez ce que vous comprenez par « le gendarme défend l’État de droit qui fonde la République ». Charte du gendarme Art. 5. Le gendarme défend l’État de droit qui fonde la République et il agit dans le respect des conventions internationales, des lois et des règlements. Il refuse d’exécuter un ordre manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Il n’use jamais de sa qualité pour en tirer un avantage personnel. Le serment qu’il prête solennellement devant l’autorité judiciaire, gardienne des libertés individuelles, est le symbole fort de son engagement. Chargé de faire respecter les lois au sein d’une société elle-même fondée sur le droit, le gendarme reste, au plan civil, un citoyen comme les autres. Il dispose des mêmes droits que chacun en ce qui concerne sa vie privée et la possibilité de passer des contrats (mariage, accès à la propriété...). Contrairement aux policiers, qui ne sont pas soumis au casernement, le gendarme n’est pas libre de choisir son lieu de vie. Néanmoins, en dépit d’un éventuel risque de marginalisation dû au casernement, le gendarme vit au cœur de la société. De fait, il parvient à pouvoir mener une vie personnelle et privée, indépendamment des contraintes inhérentes à son métier. Ainsi, dans sa vie sociale et familiale, le gendarme est un citoyen bénéficiant de droits identiques à ceux de tout le monde. Sur le plan des droits civiques, le gendarme semble également pouvoir être considéré comme un citoyen comme les autres. Depuis la reconnaissance du droit de vote aux militaires en 1945, aucune profession ne fait l’objet en France de restriction au droit de vote. Aussi, il semble utile de rappeler ici que les gendarmes bénéficient du droit d’exprimer leurs idées lors de chaque consultation électorale. Ils peuvent également adhérer à un parti politique. Bénéficiant des droits politiques et sociaux, les gendarmes ont naturellement une certaine liberté de conscience, d’opinion et d’expression. Cette liberté est identique à celle reconnue à tous les citoyens, notamment par la Déclaration des droits de l’homme. Dans l’exercice même de ses missions, le gendarme entend défendre l’État de droit. En effet, la délinquance génère un certain nombre de pathologies sociales : repli sur soi, dislocation de la société en multiples communautés, dérives incontrôlables de quartiers entiers, remplacements de populations issues de flux migratoires massifs… Rétablir l’ordre et la sécurité conduit indéniablement à permettre le retour de la confiance dans les institutions, l’harmonie des relations entre les citoyens et le sentiment d’appartenance à une même communauté : la nation française. | 82 c o n n a i s s a n c es p r o f es s i o n n e l l es 9782311011562_059-086.indd 82 06/05/13 15:58