Rapport du Séminaire sur la gestion du changement et la
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Rapport du Séminaire sur la gestion du changement et la
Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement Observatoire des Fonctions Publiques Africaines Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique Dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Rapport Général Cotonou (Bénin) 23-27 Septembre 2002 Bd. Mohammed V, Pavillon International B.P. 310, Tanger, 90001- Maroc Tel: (212) 61 30 72 69 Fax: (212) 39 32 57 85 E-Mail : [email protected] Web Site: http://www.cafrad.org OFPA . 040595 Cotonou – Bénin Tel : (229) 303368/300037 Fax : (229)303199 E-Mail : [email protected] Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 Du 23 au 27 septembre 2002 s’est tenu dans la salle de conférence de l’Hôtel le 15 janvier, un séminaire international organisé conjointement par l’Observatoire des Fonctions Publiques Africaines (OFPA) et le Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD), sous l’égide du Gouvernement béninois et portant sur le thème « la gestion du changement et la planification stratégique dans le secteur public ». Ce séminaire qui s’est adressé aux hauts responsables de l’ensemble des sous-régions de l’Afrique impliquées dans le processus de réforme administrative dans leurs pays respectifs, a connu la participation effective des délégations du Bénin, du Cameroun, du Congo (Brazzaville), de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée Bissau, du Mali, du Rwanda et du Togo (Voir liste en annexe). La cérémonie officielle de lancement a été placée sous l’égide de son Excellence Monsieur Ousmane BATOKO, Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de la Réforme Administrative. Après les mots de bienvenue du Professeur Jacques Mariel NZOUANKEU, Secrétaire Permanent de l’OFPA et de Monsieur LELO Mamosi, Expert représentant le Directeur du CAFRAD, le Professeur Tijjani Muhammad BANDE qui se sont tous deux réjoui de la collaboration naissante entre leurs deux institutions, le Ministre Ousmane BATOKO a souligné le caractère inéluctable de cette collaboration et a proposé qu’elle soit systématisée et pérennisée. Après avoir souhaité que les réflexions des participants débouchent sur des actions concrètes à mener pour l’amélioration des processus de réforme administrative dans les pays africains, le Ministre béninois de la Fonction Publique, du Travail et de la Réforme Administrative a déclaré ouvert le Séminaire conjoint OFPA-CAFRAD sur la « la gestion du changement et la planification stratégique dans le secteur public ». Le séminaire avait comme objectifs • tirer profit des expériences réussies et des échecs dans la conduite des réformes ; • renforcer la capacité et acquérir des nouvelles connaissances dans la planification, la gestion et l’exécution des programmes de réforme et de modernisation ; • préparer une stratégie pour une planification et une gestion réussies des processus de changements et de réformes en Afrique. Pour répondre à ces objectifs, des sous-thèmes ont été retenus ainsi qu’une méthodologie. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 1 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 Concernant les sous-thèmes, ils sont au nombre de quatre (04) : a. Le changement par les réformes : contraintes et limites. b. Les perspectives nouvelles du changement : actualité du service et réévaluation des missions de l’Etat. c. Les perspectives nouvelles du changement : gouvernance et Etat de droit. d. Les dimensions régionales du changement : convergence et coopération administrative. Concernant la méthodologie, la méthode participative a été privilégiée. Les personnes ressources ont présenté les quatre (04) sous-thèmes. Les participants, tout en réagissant sur les exposés de ces personnes ressources ont approfondi les discussions par des cas concrets et des exemples tirés de leurs pays respectifs. Des exposés sur certaines expériences nationales ont été également faits dans le même esprit participatif car chaque exposé par pays a été suivi de la réaction des participants, qui tout en posant des questions de clarification, n’ont pas manqué de confronter les situations de leur pays avec celle décrite par l’exposant. Au sujet des communications, le 1er sous-thème portant sur « le changement par les réformes : contraintes, limites et perspectives » a été présenté par Monsieur LELO Mamosi, Expert du CAFRAD. L’auteur a montré qu’au-delà des spécificités, certaines causes communes peuvent expliquer les échecs des réformes dans les pays africains : il s’agit de l’origine extérieure de l’initiative des réformes, du manque de préparation et de planification, de la dépendance des Gouvernements aux experts et au financement extérieurs, du manque de participation active des acteurs, de la centralisation excessive du processus des réformes, du caractère parfois trop sectoriel des réformes, de l’inadaptation des réformes au contexte socioéconomique, de l’instabilité politique induisant ou complétant un manque de continuité dans la conduite des réformes. Enfin, le manque de volonté politique a été également identifié comme l’une des causes de l’échec des réformes. Toutes ces causes de l’inaction ayant des coûts et des conséquences négatives pour le développement économique des pays africains, l’auteur a considéré certaines mesures comme importantes pour la réussite des programmes de réforme administrative et de gouvernance : (i) la définition claire et spéciale des objectifs et des résultats ; (ii) la planification stratégique des réformes et des actions ; (iii) le pilotage plus rationnel des réformes ; (iv) l’évaluation et le suivi des réformes. Enfin, pour une nouvelle approche de réforme administrative et de gouvernance, l’auteur propose que les réformes soient globales inclusives et participatives, que les capacités aux Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 2 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 réformes soient renforcées et que les programmes des réformes soient intégrés aux changements globaux du pays. Les débats qui ont suivi la présentation du 1er sous-thème ont porté sur deux (02) points : Au niveau de l’initiative des réformes La plupart des intervenants sont revenus sur l’origine extérieure des réformes. Les Etats attendent trop souvent que les réformes leur soient proposées par les partenaires extérieurs, au lieu d’anticiper sur ces questions. Au niveau de la mise en œuvre des réformes il a été constaté que dans certains pays, le problème de l’échec des réformes est lié à la mentalité des africains qui sont réfractaires aux réformes car certaines d’entre elles menacent leurs intérêts. Par ailleurs, certaines forces sociales refusent le changement. L’instabilité politique, le manque de continuité, l’impunité, le sentimentalisme et le manque de ressources financières ont été également cités par les participants comme causes de l’échec des réformes. Abordant le deuxième sous-thème relatif aux « Nouvelles perspectives du changement : actualité du service public et réévaluation des missions de l’Etat », le Professeur Augustin LOADA de l’Université de Ouagadougou a fait observer que l’existence en Afrique d’une forte demande de service public a conduit à une prolifération bureaucratique et une pléthore d’établissements publics. Mais la crise économique et financière qui se prolongera dans une crise politique à partir des années 1980 a permis aux institutions financières internationales de proposer de nouvelles régulations de l’action publique caractérisée par le néo-libéralisme. La restructuration du secteur public par l’accroissement du rôle du marché s’est manifestée par le désengagement de l’Etat des secteurs de production et de sa fonction d’assistance sociale. La privatisation fut l’outil principal de cette restructuration, même dans certains pays qui ont fini par céder aux pressions des institutions financières internationales alors qu’ils avaient identifié un certain nombre de secteurs stratégiques devant rester entre les mains de l’Etat. La réduction du train de vie de l’Etat, sa modernisation et l’émergence de collectivités locales décentralisées en même temps que les organes supranationaux d’intégration économique ont été considérés comme des éléments de restructuration de l’Etat africain qui aspire à un développement économique. Mais ces nouvelles régulations de l’Etat africain se sont heurtées dans leur mise en œuvre à la prégnance de la logique clientéliste d’où les failles relevées à savoir un bilan mitigé de la privatisation illustré par le non-respect et la mauvaise application des dispositions légales et réglementaires. Ces irrégularités n’ont fait que nourrir les critiques adressées aux solutions libérales préconisées par les institutions de Bretton-Woods qui sont à la base d’un recul des droits économiques et sociaux des populations. La privatisation mise en œuvre par des modalités clientélistes est apparue aux yeux de la société civile africaine comme un bradage du patrimoine national. Cette société civile qui admet la nécessité de corriger certaines dysfonctions affectant l’administration publique en Afrique a néanmoins dénoncé la complicité des Gouvernements des politiciens et des technocrates avec les institutions de Bretton-Woods et leurs solutions libérales. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 3 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 La contractualisation de la Fonction Publique et la question de l’évaluation des performances dans le système de carrière ont été ainsi dénoncés par les syndicats. Mais il est cependant clair que l’Etat africain, malgré la cure d’amaigrissement qu’il subit aura pendant longtemps encore un rôle stratégique à jouer dans le développement économique et social. Pour cela, l’Etat africain doit se transformer en Etat développeur à travers un certain nombre de changements : (i) (ii) (iii) (iv) (v) (vi) (vii) la stabilité et la continuité des politiques publiques ; l’engagement déterminé des élites à promouvoir le développement ; la lutte contre la corruption ; l’autonomie des élites et des institutions étatiques par rapport à la société et à la politique à travers une meilleure définition de leurs relations qui devront se baser sur des règles transparentes et prévisibles ; l’émergence d’une puissante administration de développement privilégiant la méritocratie ; l’émergence d’un Etat fort basé sur les principes de l’Etat de droit ; l’existence d’un régime politique ferme stable et légitime. Des débats qui ont suivi cette deuxième communication, il s’est avéré que le déphasage entre les politiques économiques et le rôle de l’administration des pays africains, l’inadaptation de la formation des cadres aux nouvelles missions de l’Etat africain, la politisation du service public, la corruption, la contractualisation de la Fonction Publique ont été considérés par divers participants comme les difficultés rencontrées par le secteur public africain dans sa gestion des nouvelles missions de l’Etat. Le troisième sous-thème portant sur « les perspectives nouvelles du changement : gouvernance et état de droit » a été développé par le Professeur Augustin LOADA et a permis de relever que selon les institutions ou certains Etats, plusieurs conceptions de la gouvernance ont été proposées aux Etats africains engagés dans les réformes institutionnelles suite à la crise économique financière et politique. Pour la Banque Mondiale, promotrice du concept de bonne gouvernance, les performances du management du secteur public, la promotion de l’imputabilité, la mise en place d’un environnement juridico-institutionnel propice au développement et la nécessité d’une information et d’une transparence sont les quatre (04) composantes d’une bonne gouvernance. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) quant à lui décèle trois (03) dimensions de la gouvernance : la gouvernance politique favorisant la démocratie et l’Etat de droit, la gouvernance administrative impliquant l’amélioration des politiques publiques et des systèmes d’action publique et la gouvernance économique liée d’une part à l’amélioration du processus de prise de décisions qui ont une incidence sur les activités économiques du pays et ses relations économiques avec les autres pays et d’autre part, à la structure des rapports économiques et aux règles régissant la production et la distribution des biens et services dans une société donnée. On peut noter aussi des conceptions de bonne gouvernance développées respectivement par la Coalition Mondiale pour l’Afrique et l’USAID. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 4 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 Face à ces efforts de promotion de la bonne gouvernance proposés par la Banque Mondiale, le PNUD, la CMA et l’USAID, la France a préféré dans un premier temps privilégier l’Etat de droit et le développement institutionnel avant de proposer plus récemment (1996) sa vision de la bonne gouvernance marquée par la nécessité de la paix et de la stabilité, l’accélérateur du progrès économique et social permettant l’épanouissement des hommes, le succès des entreprises et la satisfaction des besoins vitaux de la population. Cette unanimité quoique tardive des partenaires de l’Afrique, sur la nécessité de promouvoir la bonne gouvernance en Afrique a provoqué en Afrique francophone une réappropriation du concept de bonne gouvernance qui est devenu récurrent dans les divers discours, les études, colloques, séminaires ou autres rencontres internationales financées par les organismes bilatéraux ou multilatéraux. Cette réappropriation a conduit à la mise en œuvre de plans nationaux de programmes de bonne gouvernance. Plusieurs cadres ont été formés aux techniques managériales d’inspiration américaine. On a assisté aussi à la remise en cause aussi bien des fonctions de l’Etat providence que de celle de l’Etat producteur de biens et de services. En matière de Fonction publique, il a été privilégié une conception idéaliste du système d’emploi d’inspiration anglo-saxonne. La décentralisation est apparue aussi comme une nécessité. En s’inspirant du programme d’appui à l’administration burkinabè, on peut conclure que, même si certains résultats probants ont été notés, la réappropriation du concept de bonne gouvernance a surtout joué au plan politique une fonction de légitimation. Une approche globale a donc été consacrée de sorte que le concept de bonne gouvernance est devenu un fourre tout, un instrument politique de légitimation politique pour les régimes autoritaires au lieu de jouer son rôle de réponse à la crise économique et politique du Continent. Pour sortir de cette situation où il apparaît peu probable que le concept de bonne gouvernance parvienne à assurer le développement institutionnel des Etats africains, les nouvelles voies du changement sont d’abord et avant tout un nécessaire renouvellement des politiques de coopération institutionnelle. Les modalités d’intervention des bailleurs de fonds doivent être redéfinies car actuellement, si les bailleurs de fonds tendent à financer des projets à rentabilité certaine et à gouvernance efficace, ils ne prennent généralement pas en compte la profitabilité réelle du projet, en termes d’externalités positives ou négatives. Il faudra aussi et enfin réaliser les conditions de l’effectivité du droit et de l’efficacité dans l’action. En effet, les approches en termes de gouvernance et l’Etat de droit, loin d’être contradictoires sont parfaitement complémentaires. Les valeurs sous-jacentes à la rationalité technicomanagériale qui caractérise la gouvernance ne sont pas ignorées dans un Etat de droit, aussi bien par le législateur que par le juge. La réconciliation entre effectivité du droit et efficacité de l’action apparaît donc comme une condition de réussite des changements. Les débats qui ont suivi la communication ont permis aux participants de noter que l’absence ou le mélange des indicateurs de la gouvernance, la tendance à consommer les crédits même s’ils ne permettent pas d’atteindre les objectifs, le manque de légitimité de certains gouvernants, le non accomplissement par l’Etat de ses devoirs vis à vis de ces citoyens, la nature de conditionnalité des principes de bonne gouvernance et de l’Etat de droit peuvent expliquer les difficultés rencontrées par les Etats africains dans le cadre de la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance et d’Etat de droit. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 5 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 L’existence de magistrats compétents et intègres, le développement de la compétence par la définition de l’occupation des postes sur la base de mandat et d’objectif précis, la préférence pour une gouvernance démocratique, l’adaptation des règles de droit aux réalités africaines ont été proposées par les participants comme des solutions à la mise en œuvre des principes de bonne gouvernance et de l’Etat de droit. Le quatrième et dernier sous-thème du Séminaire qui portait sur « les dimensions régionales du changement : convergence et coopération administratives en Afrique ». n’a pu être traité. Madame Monique TARI qui représentait l’ENA a présenté les activités de l’Ecole, les nouvelles missions de l’établissement résultant de la fusion avec l’IIAP effective depuis janvier 2002, et plus largement l’action de la coopération bilatérale française en matière de coopération administrative internationale. Concernant l’ENA, l’intégration des activités de l’IIAP a donné un élan et une force nouvelle aux actions touchant à l’international que l’ENA commençait à développer et que le nouvel établissement permet de développer notablement c’est sur quoi Madame TARI a tenu à appeler l’attention des participants. Dans son fonctionnement, l’ENA a gardé l’organisation géographique qui prévalait à l’IIAP en maintenant les départements et leurs responsables à leurs postes. C’est ainsi que le département Afrique demeure le partenaire privilégié des Administrations et des Services de Coopération et d’Action Culturelle auprès des ambassades de France pour l’ensemble du continent – à l’exclusion comme par le passé des pays du Maghreb et de l’Egypte – Il conserve ses compétences dans l’examen des candidatures aux différents cycles, courts ou longs, organisés par l’Etablissement, identifie avec ses interlocuteurs sur le terrain les différents besoins en matière de formation administrative et met en œuvre, à la demande, des programmes de formation sous forme de modules d’une semaine organisés sur place dont le financement est généralement assuré soit dans le cadre des projets FSP, soit dans le cadre des crédits inscrits dans la programmation de nos Postes en Afrique soit par les Etats ou certaines organisations internationales impliquées dans les projets de Réforme Administrative, PNUD, Union Européenne…. Ce type de stages offre l’avantage de bénéficier à plus de fonctionnaires que les cycles suivis en France par un nombre très limité d’auditeurs étrangers. A noter également que le département Afrique organise les programmes pour les visites d’études que des délégations de responsables administratifs décident de faire en France dans les domaines les plus variés – décentralisation, organisation de la vie parlementaire, formation des diplomates, lutte contre la corruption, Gestion des Ressources Humaines et Formation dans la Fonction Publique française. Madame TARI a rappelé les quatre cycles de Formation qu’offre l’ENA 1. 2. 3. 4. le Cycle International Long – dix-huit mois, le Cycle International Court – neuf mois, les Cycles Spécialisés d’Administration Publique – de trois à quatre semaines, le Cycle International d’Administration Publique – dix mois. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 6 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 Pour ces deux derniers cycles ils constituaient l’offre de l’ex IIAP. Le CIAP sera modifié mais conservera son identité propre et devra être réajusté, vraisemblablement plus court, en fonction des besoins nouveaux des administrations. La représentante de l’ENA a poursuivi en se livrant à une sorte d’état des lieux de la Coopération Administrative Internationale et du rôle que tenait le Ministère des Affaires Etrangères, plus précisément la Direction Générale de la Coopération Internationale pour le Développement, dans ce domaine. Depuis plusieurs années c’est la Sous-Direction du Développement Institutionnel de la DGCID qu’a été confié la responsabilité d’animer et de coordonner la politique avec les acteurs français institutionnels ou non et les bailleurs de fonds multilatéraux impliqués dans les opérations relatives à la Bonne Gouvernance dans le cadre de la Lutte contre la Pauvreté. Elle a fait allusion aux travaux, études, projets, groupes de travail qui ont été réalisés en Afrique et en France qui avaient pour objectifs la nécessaire rénovation des outils de coopération administrative, l’optimisation des NTIC dans les administrations, l’évaluation de quinze années d’appui dans le domaine de la coopération et les voies et moyens qui pouvaient être envisagés pour que la réappropriation par les utilisateurs soit la plus adéquate possible dans des délais acceptables. La mondialisation est en marche et il ne faut pas rester sur le bord du chemin faute d’être sainement et efficacement administrés. Les ENA/ENAM ont un rôle majeur à jouer dans tout cela. Il faut impérativement qu’elles le réalisent et prennent les mesures pour devenir des pôles d’avenir pour l’Etat, ce qui est très loin d’être le cas aujourd’hui et c’est regrettable. Madame TARI a conclu en affirmant qu’à son retour à Paris, notamment au cours du séminaire qu’organisait l’ENA, le 30 septembre et le 1er octobre, pour ses cadres elle ferait valoir ce qu’il lui avait été donné d’entendre dans le cadre des divers exposés et des débats qu’ils avaient entraînés. Une documentation sur les différents point soulevés par l’intervenante a été remise à chaque participant. Après ces séries d’exposés suivis de débats, le séminaire s’est poursuivi par la présentation des expériences nationales. Les délégations du Congo, du Gabon, de la Guinée Bissau, du Mali, du Bénin, du Rwanda, du Togo et de la Côte d’Ivoire ont ainsi tour à tour présenté leur expérience nationale de réforme administrative. De l’étude comparée de ces diverses expériences, il ressort les aspects suivants : Au regard de l’origine des réformes, la plupart des Etats concernés avaient depuis plusieurs années affirmé leur volonté de reformer le secteur public. Certains avaient même entamé des réformes relatives par exemple à la maîtrise du personnel de l’Etat et de la masse salariale ainsi qu’au nombre et à l’organisation des structures publiques. Mais les approches globales de réforme administrative sont toutes récentes car datant des années 90 ou 2000. Elles semblent dans leur quasi-totalité répondre aux exigences des bailleurs de fond, même si des initiatives nationales avaient déjà eu cours sur tel ou tel aspect particulier Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 7 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 de réforme. Cette situation justifie qu’aucun Etat n’ait pu financer à lui seul les différentes phases des réformes administratives. Concernant le contenu ou l’étendue des réformes, elles ont généralement trait à la clarification des missions de l’Etat et donc le désengagement de celui-ci des secteurs jugés non stratégiques, le réaménagement du cadre juridico-institutionnel et des structures, à une meilleure maîtrise du nombre de la qualité et de la gestion des ressources humaines, à la promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi qu’à la décentralisation et la déconcentration. La méthodologie généralement suivie dans les stratégies de réforme est participative. Les acteurs sociaux, les bailleurs de fond et les structures publiques ont, la plupart du temps, participé à l’élaboration ainsi qu’à l’adoption des plans nationaux de réforme de l’administration publique. L’exemple malien d’un Pacte de solidarité pour la croissance et le développement est ainsi illustratif de cette démarche participative. Par ailleurs, l’évaluation et le suivi des réformes ont été intégrés dans les différents processus. Concernant les structures chargées des réformes, on a noté dans la plupart des pays une évolution des dénominations des ministères traduisant tantôt l’intérêt, tantôt l’indifférence du Gouvernement quant à la question de la réforme administrative. Toutefois, en dehors du Togo, où la réforme administrative est supposée actuellement relever de la compétence du Ministère de la Fonction Publique, faute d’autres précisions, l’expression « réforme administrative » ou celle de « modernisation de l’Etat » apparaissent dans les dénominations des Ministères, des Commissariats ou des Directions Techniques de certains ministères. Ces organes occupent cependant des places différentes dans l’organisation des structures gouvernementales. Dans la plupart des cas, la fonction «réforme administrative » ou celle de « modernisation de l’Etat » fait partie des attributions du Ministère chargé de la Fonction Publique. C’est le cas au Bénin, au Congo, au Gabon, en Guinée Bissau, au Mali. Au Rwanda, on parle plutôt d’un projet de renforcement des capacités et réforme de la Fonction Publique, tandis qu’en Côte d’Ivoire, c’est un Commissariat général de la réforme administrative qui a été créée. Le point commun de toutes ces structures est quand même qu’elles sont gérées ou supervisées par le Ministère chargé de la Fonction Publique ou plus rarement par le Chef du Gouvernement lui-même, à l’exception de la Côte d’Ivoire où il existe un Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé uniquement de la Réforme Administrative. Il faut souligner ici que la réforme de l’administration territoriale comme volet de la réforme administrative est confiée au Ministère chargé de l’administration territoriale. De même, les réformes sectorielles de certains ministères sont conduites par les différents ministères concernés. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 8 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 Concernant enfin les contraintes difficultés ou limites rencontrées dans la mise en œuvre des réformes, plusieurs pays ont souligné les difficultés du Ministre chargé de la Réforme Administrative qui n’a pas toujours l’autorité suffisante pour susciter l’adhésion des autres ministères. Ont été également soulignés le manque de volonté politique, les difficultés de financement, les disparités entre le fichier de fonctionnaires tenus respectivement par le Ministère de la Fonction Publique et par le Ministère des Finances, l’instabilité politique ou les remaniements ministériels, la réticence ou le recul des partenaires sociaux. Ainsi par exemple, à la différence notable du Rwanda, les programmes visant à instaurer ou à renforcer l’avancement ou le recrutement au mérite ont souvent été rejetés ou timidement acceptés par les syndicats. RECOMMANDATIONS A l’issue du séminaire, les participants, convaincus de ce que les réformes nécessaires au secteur public en Afrique doivent réussir afin de permettre à l’Administration Publique d’être le moteur du développement économique, Recommandent La systématisation de la méthode participative dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes qui permettra d’associer les syndicats, la société civile et le Gouvernement, l’administration publique et les bailleurs de fond à la mise en place, à l’exécution et au suivi des réformes. L’implication et l’engagement ferme des élites africaines dans les processus de réforme administrative. Le cadrage de la formulation des processus ou politiques de réforme administrative avec les principes et valeurs contenus dans la Charte de la Fonction Publique en Afrique adoptée par la troisième Conférence Biennale Panafricaine des Ministres de la Fonction Publique réunie à Windhoek en Namibie le 5 février 2001. La mise en œuvre des réformes selon un rythme compatible avec les ressources internes et la nécessité de prévoir les dites ressources au plan national. Une coopération Sud-Sud dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes par l’échange d’informations d’expériences et même d’experts. La mise en place d’un réseau d’experts pour le suivi des réformes. La nécessité de confier l’élaboration et la conduite des réformes à des cadres compétents et motivés sur la base de critères objectifs. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 9 Rapport Général du Séminaire sur la Gestion du Changement et la Planification Stratégique dans le Secteur Public avec l’Accent sur la Réforme Administrative et la Nouvelle Gouvernance Cotonou, Bénin, 23-27 Septembre 2002 La nécessité de placer les structures chargées de la mise en œuvre des réformes sous la supervision du Chef de l’Etat, du Chef du Gouvernement ou de toute autre autorité susceptible, par son poids, d’impulser le dynamisme nécessaire à la mise en œuvre des réformes. La nécessité de mettre l’accent, dans le contenu des réformes sur la formation, un système motivant de rémunération, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, le développement du management participatif, le rétablissement dans la Fonction Publique, aussi bien des sanctions négatives que des sanctions positives. L’organisation par l’OFPA et le CAFRAD de cycles courts de perfectionnement sur des thèmes relatifs aux réformes et à la modernisation du secteur public qui seront animés par des experts africains. L’approfondissement de la réflexion sur les causes d’impunité en vue de prendre les mesures nécessaires à sa réduction. La nécessité de trouver une articulation entre le politique et l’administratif en élaborant des règles et principes clairs et consensuels de distinction entre les postes politiques et les postes techniques en vue d’une stabilisation des postes techniques et d’un meilleur rendement. Le développement de l’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dans le processus et dans le contenu des réformes. La nécessité de créer un environnement démocratique et social favorable à la réforme à travers la limitation des mandats des gouvernants, l’institutionnalisation de l’opposition, le renforcement de l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, la mise en œuvre d’une véritable décentralisation, l’utilisation des langues nationales dans le processus de réforme, la reconversion judicieuse des contractuels de l’administration en Agents permanents de l’Etat afin de réduire la précarité nuisible à leur rendement. La nécessité d’un suivi des diverses recommandations de ce séminaire, notamment l’engagement de tous les participants en faveur de la mise en œuvre des différentes recommandations dans leurs pays respectifs, la soumission par l’OFPA et le CAFRAD des recommandations issues de ce séminaire à la prochaine Conférence Biennale Panafricaine des Ministres de la Fonction Publique, ainsi qu’à la Conférence des Ministres de l’OFPA. La nécessité d’une large diffusion des résultats du Séminaire et une implication de la société civile dans le suivi des réformes. Enfin, compte tenu des évènements douloureux que connaît la Côte d’Ivoire, au moment de la tenue du séminaire, les participants ont exprimé toute leur sympathie et leur soutien aux frères et au peuple ivoiriens et souhaité que la paix et la stabilité reviennent dans ce pays frère et ami. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement – CAFRAD Observatoire des Fonctions Publiques Africaines - OFPA 10