Résumé
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Résumé
Titre: Facteurs de risque de l’accès tardif aux soins et de la perte de vue chez les patients infectés par le VIH suivis à Bruxelles et dans la région Nord Pas-de-Calais. Résumé Dans les pays industrialisés, depuis 1996, l’accès aux multithérapies antirétrovirales (cART) a permis de réduire la morbidité et la mortalité chez les patients infectés par le VIH. Cependant, les patients pris en charge à un stade immuno-clinique avancé de l’infection (stade SIDA ou lymphocytes T CD4< 200/mm3 à l’inclusion) et les patients perdus de vue ne peuvent bénéficier de ces traitements et ont une espérance de vie plus courte. Dans ce travail nous avons déterminé la proportion des patients pris en charge à un stade avancé de la maladie et l’incidence des patients perdus de vue, puis nous avons étudié les facteurs de risque associés à une prise en charge tardive et à la perte de vue. La population d’étude de ce travail est constituée par les patients infectés par le VIH et suivis à Bruxelles et dans le Nord Pas-deCalais entre 1997 et 2007 pour la partie « prise en charge tardive » et par les patients suivis dans le Nord Pas-de-Calais entre 1997 et 2006 pour la partie « perdus de vue ». Environ un tiers des patients ont un stade immuno-clinique avancé de l’infection au moment de la prise en charge entre 1997 et 2007 ; parmi eux, 17% sont dépistés tôt mais ont un recours tardif aux soins et 83% sont dépistés tardivement. Les facteurs de risque d’être dépistés tôt et d’avoir un recours tardif aux soins sont suivants : toxicomanie par voie intraveineuse, âge compris entre 30 et 49 ans et être inclus à Bruxelles. Les patients à risque d’un dépistage tardif sont : les plus âgés, les migrants, les hommes non migrants. L’hétérosexualité est à la fois un facteur de risque « d’être dépistés tôt et d’avoir un recours tardif » et « d’avoir un dépistage tardif ». Les patients inclus récemment dans la cohorte ont moins de risque d’être dépistés tardivement ou d’être dépistés tôt et d’avoir un recours tardif aux soins. Le taux d’incidence des patients perdus de vue est estimé à 3,5 pour 100 personnes-années. Les patients à risque d’être perdus de vue sont : les jeunes, les toxicomanes par voie intraveineuse, les patients d’origine africaine, les patients « en bonne santé » (i.e., CD4≥ 350/mm3) à l’inclusion et les patients qui ne sont pas adhérents aux antirétroviraux au cours de suivi. Enfin, les patients perdus de vue ont 5 fois plus de risque de décéder que les patients régulièrement suivis. Ces études soulignent la fréquence du recours tardif et de la perte de vue notamment dans la région Nord Pas-de-Calais. Par ailleurs elles permettent d’identifier des patients à risque afin d’améliorer l’offre de dépistage qui leur est proposée et de leur proposer un suivi adapté à leur contexte. Mots-clefs : VIH, SIDA, Epidémiologie, Cohorte, prise en charge tardive, dépistage tardif, dépistage précoce, perte de vue, devenir Abstract Title: Risk factors for delayed access to care and loss of follow-up in HIV-infected patients in Brussels (Belgium) and in the Nord Pas-de-Calais region (France). In industrialized countries and since 1996, access to combined antiretroviral therapies (cART) has reduced morbidity and mortality in patients infected with HIV. However, patients taken at an advanced immuno-clinical status of infection (AIDS stage or CD4 T lymphocytes <200/mm3 at inclusion) and patients lost to follow-up can not benefit from these treatments and have a shorter life expectancy. In this study, first we examined the proportion of late presenters among HIV-infected patients and the incidence of lost to follow-up in those under care. Next, we determined risk factors: (i) for early testing and delayed presentation to care, and late testing; (ii) for lost to follow-up. The study population for the “late presentation” part consists of HIV-infected patients followed-up in Brussels (Belgium) and in the Nord Pas-deCalais region (France) between 1997 and 2007; the study population for the “lost to followup” section consists of patients followed-up in the Nord Pas-de-Calais region (France) between 1997 and 2007. Approximately one third of patients present an advanced immuno-clinical status of infection at presentation to care between 1997 and 2007, among them, 17% are early testers with delayed presentation to care, and 83% are late testers. The risk factors associated with being an early tester with delayed presentation to care are: being an injection drug user (IDU), patient aged between 30 and 40 years, and patient included in Brussels. As for late testing, the risk factors were being older, and/or a migrant, a non-migrant manl. Heterosexual contacts were associated with an increased risk of both early testing and delayed presentation and late testing. Patients initiating care in more recent calendar periods were less likely to be early testers with a delayed presentation to care or late testers. The incidence rate of lost to followup patients is estimated to be 3.5 per 100 person-years. Risk factors for being lost to followup are the fact of being young, and/or an IDU, a patient of African origin, a patient in good health at baseline, and patients who do not adhere to antiretroviral drugs during follow-up. Finally, lost to follow-up patients are five times more likely to die than patients regularly followed. Keywords: HIV, AIDS, Epidemiology, Cohort, delayed presentation to care, late testing, early diagnosis, loss to follow-up, outcome