La communication pour le développement…

Transcription

La communication pour le développement…
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
-------------Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
(D.E.G.S)
------------Département Economie
-------------
Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées
DESS « Développement Local et Gestion de Projets »
Intitulé
La communication pour le développement…
Cas du Programme MIKAJY
Les déchets plastiques dans la commune urbaine
d’Antananarivo
Encadreur académique :
Professeur Jeannot RAMIARAMANANA, Directeur des Etudes en DESS – Développement
Local et Gestion de Projet
Encadreur professionnel :
Docteur Hantanirina ANDRIANASY, Conseiller de Projet à la Friedrich-Ebert-Stiftung
Présenté par : RAZAFINDRAKOTO Tojonirina
Année universitaire : 2004 – 2005
Date de soutenance : 08 Août 2005
Remerciements
La présente recherche a été effectuée dans le cadre de la préparation d’un mémoire de fin
d’études pour l’obtention d’un DESS en Développement Local et Gestion de Projets, cursus
assuré par le département Economie de la Faculté D.E.G.S de l’Université d’Antananarivo.
L’objet du présent document intègre les activités du Réseau des Jeunes pour la Démocratie
et la Politique ou R.J.D.P. Son élaboration a vu l’intervention de différentes organisations
auxquelles nous voudrions adresser nos remerciements, à savoir :
- Le R.J.D.P pour sa contribution,
- La Friedrich-Ebert-Stiftung pour son soutien,
- Le Programme MAHAVITA de CARE pour son concours,
- L’Institut de Technologie de l’Education et de Management (ITEM) pour son aide,
- La Communue Urbaine d’Antananarivo pour sa contribution,
- La Commune Rurale de Tanjombato pour son appui,
- Le Département Economie de la Faculté D.E.G.S de l’Université d’Antananarivo qui nous
a dispensé la formation nécessaire à la conception du présent mémoire.
Nous tenons particulièrement à adresser nos sincères remerciements :
- à Madame Sahondravololona RAJEMISON, notre directeur de formation,
- à Monsieur Jeannot RAMIARAMANANA, notre directeur des études et encadreur
académique,
- au Docteur Hantanirina ANDRIANASY, Conseiller de projet à la Friedrich-Ebert-Stiftung,
notre encadreur professionnel,
- aux enseignants qui ont concouru à notre formation,
- aux personnes et institutions qui ont appuyé sur le plan technique et informationnel,
- à notre famille et à nos amis pour leur soutien inconditionnel.
Nous témoignons également toute notre reconnaissance à toutes les personnes qui ont
contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire.
- ii -
Liste des tableaux
Tableau 1 : Durée de biodégradation de quelques types de déchets....................................26
Tableau 2 : Identification qualitative et quantitative des ordures ménagères collectées sur
500 kg...........................................................................................................................27
Tableau 3 : Fréquence d’utilisation des sachets et occasion ................................................35
Tableau 4 : Habitude d’utilisation des sachets en plastique et sexe......................................36
Tableau 5 : Habitude d’utilisation des sachets en plastique et âge .......................................37
Tableau 6 : Responsabilité des courses ...............................................................................38
Tableau 7 : Habitude d’utilisation des sachets en plastique et exercice d’un emploi .............39
Tableau 8 : Comportement acquisition de sachets et occasion ............................................39
Tableau 9 : Comportement réutilisation des sachets et comportement sur acquisition de
sachets .........................................................................................................................41
Tableau 10 : Utilisation de bacs à ordures et distance des points de collecte .......................42
Tableau 11 : Utilisation des bacs à ordures et fréquence .....................................................43
Tableau 12 : Effort des fokontany et ressenti de la population ..............................................43
Tableau 13 : Perception pollution et Prix psychologique .......................................................46
Tableau 14 : Perception pollution et Volonté de tri................................................................47
Tableau 15 : Les parties prenantes au programme MIKAJY .................................................49
Tableau 16 : Tableau récapitulatif et conséquences sur l’intervention ..................................69
Tableau 17 : Priorisation des problèmes...............................................................................73
Tableau 18 : Proframe MIKAJY (Phase 1) ............................................................................85
Tableau 19 : Classe achevée à la sortie du système scolaire, selon le milieu ......................96
Tableau 20 : Analyse des stations télévisées (par les jeunes) ..............................................98
Tableau 21 : Analyse échantillon de stations radiophoniques (par les jeunes) .....................99
Tableau 22 : Analyse d’un échantillon de la presse écrite (par les jeunes) .........................100
Tableau 23 : Liste des activités ..........................................................................................111
Tableau 24 : Budget ...........................................................................................................113
- iii -
Liste des graphiques
Graphe 1 : Volume d’importations de matières en plastique à Madagascar – Période 2000 –
2004 .............................................................................................................................23
Graphe 2 : Valeur des importations de matières plastiques à Madagascar – Période 2000 –
2004 .............................................................................................................................29
Graphe 3 : Les critères recherchés dans l’utilisation de sachets en plastique .......................38
Graphe 4 : Répartition en secteurs de la perception de la pollution ......................................45
Graphe 5 : Perception de la pollution et utilisation de sacs en plastique ...............................46
Graphe 6 : Habitudes d’information des enquêtés de moins de 25 ans ................................99
Graphe 7 : Produit de substitution de sacs en plastique .....................................................103
- iv -
Liste des figures
Figure 1 : Modèle de Prochaska et Di Clemente...................................................................15
Figure 2 : Cycle de Changement et de l’Apprentissage de Denkmodell................................15
Figure 3 : Processus de changement de comportement : auditoires et stratégies de
communication possible................................................................................................16
Figure 4 : Le processus de planification et de mise en œuvre de la communication .............17
Figure 5 : Les avantages de la régie des déchets plastiques ................................................31
Figure 6 : Réseaux de communication .................................................................................68
Figure 7 : Arbre des problèmes ............................................................................................72
Figure 8 : Algorithme de décision .........................................................................................74
Figure 9 : Arbre des objectifs ................................................................................................77
Figure 10 : Stratégie de plaidoyer .........................................................................................80
Figure 11 : Comportements attendus et horizon temporel ....................................................89
Figure 13 : Portes d’entrée auprès des ménages .................................................................93
Figure 14 : Théorie simplifiée d’élaboration de message ....................................................101
- v -
Liste des annexes
Annexe 1 : Dossier de présentation du RJDP
Annexe 2 : Questionnaire Etude du comportement des ménages dans l’utilisation des
sachets en plastique
Annexe 3 : Système de développement de la sécurité chimique standard
Annexe 4 : Système de collecte des ordures ménagères, Scénarii avec tri à la source
Annexe 5 : Story Board Spot MIKAJY
Annexe 6 : Chronogramme des activités (Diagramme de Gantt sur MSPROJECT)
Annexe 7 : Des modèles d’outils de suivi utilisés par MIKAJY
:
- vi -
Sommaire
Remerciements ....................................................................................... ii
Liste des tableaux .................................................................................. iii
Liste des graphiques .............................................................................. iv
Liste des figures ...................................................................................... v
Liste des annexes .................................................................................. vi
Sommaire ............................................................................................... 7
INTRODUCTION..................................................................................... 9
0 Préambule ....................................................................................... 12
0.1
Le promoteur : le RJDP…..................................................................................... 13
0.2
La zone d’intervention : la commune urbaine d’Antananarivo... ..................... 13
0.3
L’aperçu méthodologique : la stratégie de communication :... .......................... 14
0.3.1
Les Modèles de changement de comportement ............................................... 15
0.3.2
Les Modèles de planification d'une stratégie de communication pour le
développement ................................................................................................................. 16
0.3.3
Les Méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives ................................. 17
0.3.4
L’approche genre.............................................................................................. 18
1 La communication : une exigence du développement…............. 19
1.1
Analyser la situation…........................................................................................... 21
1.1.1
Les aspects environnementaux et techniques… ............................................... 21
a. Le plastique : une matière d’une utilité prééminente… ....................................... 22
b. Qui pollue notre écosystème… ............................................................................ 23
c. Anéantit nos efforts… .......................................................................................... 24
d. Et nuit à notre santé… .......................................................................................... 25
e. Sans que l’on puisse s’en débarrasser de façon définitive… ............................... 25
f. Pendant que les déchets s’accumulent… ............................................................. 27
1.1.2
Les aspects économiques ................................................................................. 28
a. Les opérateurs économiques… ............................................................................ 28
b. Les services d’assainissement… .......................................................................... 29
1.1.3
Les aspects législatifs… ................................................................................... 31
1.1.4
Les aspects socioculturels… ............................................................................ 34
a. D’une part, un usage ancré dans les habitudes… ................................................. 35
b. Associé à l’absence de dispositions réglementaires… ......................................... 40
c. Et au dégoût pour manipuler les déchets… .......................................................... 40
d. Ont abouti à une utilisation insouciante des sacs… ............................................. 41
e. D’autre part, une défaillance dans la collecte des ordures… ............................... 42
f. Et un ressenti contraignant des travaux d’intérêt public… .................................. 43
g. Ont faibli la confiance de la population vis-à-vis des fokontany… ..................... 44
h. Annihilant toute initiative d’une utilisation prudente des sacs en plastique… .... 44
1.2
Et étudier les groupes concernés… ....................................................................... 48
1.2.1
Recenser les intervenants et former des catégories… ...................................... 48
1.2.2
Caractériser et analyser… ................................................................................ 50
a. Le diagnostic interne : le RJDP ............................................................................ 51
b. Le diagnostic externe: les parties prenantes au problème .................................... 52
- 7 -
1.2.3
Identifier les conséquences pour la mise en œuvre du projet… ....................... 67
1.3
Afin de dégager la problématique…..................................................................... 71
1.3.1
Récapituler les problèmes… ............................................................................ 71
1.3.2
Et les classer par ordre de priorité… ................................................................ 73
1.4
Pour identifier les objectifs et les stratégies de développement… ..................... 76
1.4.1
Les objectifs… ................................................................................................. 76
1.4.2
Les stratégies… ................................................................................................ 77
Conclusion de la première partie ........................................................... 81
2 Et un ensemble intégré d’activités… ............................................ 82
2.1
L’élaboration du programme de communication ............................................... 89
2.1.1
Objectifs de communication............................................................................. 90
2.1.2
Groupes visés ................................................................................................... 92
a. La cible primaire : les jeunes adolescents… ........................................................ 94
b. Les cibles secondaires... ....................................................................................... 96
2.1.3
Nature des contenus ....................................................................................... 101
a. Le message fédérateur ........................................................................................ 101
b. La dénomination du programme ........................................................................ 105
2.2
La conduite du programme ................................................................................. 105
2.2.1
Description technique ..................................................................................... 105
a. Une campagne d’information, de formation et d’animation des jeunes étudiants ...
............................................................................................................................ 106
b. Une série de négociation auprès des média ........................................................ 109
c. Un lobbying auprès des directeurs de l’établissement ....................................... 109
d. Une campagne d’information et de formation des enseignants ......................... 110
2.2.2
Programme d’activités.................................................................................... 110
2.2.3
Description financière .................................................................................... 112
2.3
Le suivi du programme ........................................................................................ 114
2.3.1
Surveillance de la production des activités de communication...................... 115
2.3.2
Surveillance de la diffusion dans les média ................................................... 116
2.3.3
Surveillance de la structure interne et du respect de calendrier de travail et du
budget ........................................................................................................................ 117
2.3.4
Surveillance et renforcement des rapports avec d’autres organismes ............ 119
2.4
L’évaluation du programme ............................................................................... 120
2.4.1
Résultats du programme ................................................................................. 121
2.4.2
Impacts du programme ................................................................................... 122
2.4.3
Continuité du programme............................................................................... 123
Conclusion de la deuxième partie ....................................................... 124
CONCLUSION FINALE ...................................................................... 125
Bibliographie ....................................................................................... 127
- 8 -
INTRODUCTION
Madagascar a relevé le défi du développement rapide et durable. Le pays a tiré les leçons
du passé et des échecs cuisants d’une approche trop globalisante de la pauvreté.
Aujourd’hui, la Grande Ile mise sur le développement local. Cette démarche nécessite une
véritable expertise et un surcroît de discernement pour intégrer les réalités spécifiques au
sous-développement. Le programme d’études en DESS « Développement Local et Gestion
de Projet » intervient à ce niveau en préparant de futurs responsables pour venir en appui
aux politiques de décentralisation. Cette formation vise « l’apprentissage d’un métier au
cœur d’un défi majeur pour les prochaines années : la gestion du développement au niveau
local ».
La commune urbaine d’Antananarivo a, par conséquent, servi de cadre à notre étude. Le
développement escompté au sein de cette localité devrait permettre de satisfaire les besoins
des générations actuelles sans compromettre la satisfaction de ceux des générations
futures. Toutefois, un problème symptomatique de son propre développement a été identifié
au sein de la Commune, à savoir : la production croissante de déchets plastiques sur le
territoire de la CUA. Cette situation découle, elle-même, de la marche du développement et
pourrait compromettre le devenir des prochaines générations.
Avec le progrès technologique, l’évolution des habitudes de consommation et le changement
de comportements des ménages, le plastique est devenu d’utilisation courante. Pourtant,
cette matière, très vite encombrante, est rejetée n’importe où et n’importe comment causant,
non seulement, un surcroît de travail pour la municipalité d’Antananarivo mais également
des nuisances sur l’environnement de la commune et de sa population.
Aujourd’hui encore, les sachets, les bouteilles et autres objets en plastique sont jetés, sans
triage aucun, dans les ordures ménagères sinon abandonnés avec insouciance dans les
endroits publics. Par ailleurs, volatile et léger, le plastique représente une pollution visuelle
incontestable. Accrochés aux arbres, aux poteaux, virevoltant dans les rues, bouchant les
canaux d’évacuation, le ramassage des objets en plastique fait le cauchemar des acteurs
municipaux.
- 9 -
Au-delà de la pollution visuelle, le problème des déchets plastiques engendre des ennuis de
santé graves. Les débris plastiques bloquent l’évacuation des eaux usées de la ville et
favorisent le développement de différents agents pathogènes telles que les moustiques,
vecteurs du paludisme. De plus, les pratiques actuelles ne permettent pas l’élimination
efficace de ce type de déchets sans altérer le capital santé de la population. La combustion
du plastique est un procédé qui peut être à l’origine de maladies très sérieuses telles que le
cancer, l’ostéoporose, les problèmes respiratoires et les troubles cardiaques.
Par ailleurs, l'accumulation des déchets plastiques et autres déchets non dégradables
alourdit les difficultés financières de la commune urbaine. Fabriqués dans un matériau
inaltérable ou presque, ces produits constituent des polluants que l’on peut difficilement
retraiter sachant qu’il ne peuvent ni être incinérés ni être valorisés par compostage. En
conséquence, la quantité faramineuse d’ordures collectées sur le territoire de la commune
constitue entièrement des charges financières improductives.
D’importants enjeux environnementaux, sanitaires, économiques et politiques sont touchés
par le problème des déchets plastiques et suscitent l’intérêt du sujet. La défaillance de la
communication reste l’une des premières causes qui ont engendré des comportements
latitudinaires voire réfractaires des parties prenantes au problème.
Le présent programme, dénommé MIKAJY, est initié par une plate-forme dénommée
Réseau des Jeunes pour la Démocratie et la Politique (RJDP). Ce réseau s’est préoccupé
du problème soulevé par la pollution plastique dans le cadre de ses orientations en faveur de
la promotion des comportements citoyens et civiques en partenariat avec la Friedrich-EbertStiftung.
Le Programme MIKAJY consistera principalement à la mise en œuvre d’une stratégie de
Plaidoyer face à l’accumulation des déchets plastiques. La mise en œuvre de cette stratégie
passera notamment par un volet Communication pour le Changement de Comportement
(C.C.C) orientée vers la consommation de plastique par les ménages. Ce premier volet fera
l’objet du présent document.
Il faut remarquer que le thème de la présente étude coïncide avec la vision de la Commune
Urbaine d’Antananarivo « Tanàna madio, Tanàna mandroso » qui soutient qu’une ville
propre est une ville qui se développe. Le programme MIKAJY contribue à la stratégie
d’assainissement de la ville avec comme objectif à terme une meilleure gestion des ordures
- 10 -
ménagères. Cette étude a, ainsi, été élaborée avec la collaboration de la municipalité et celle
de divers autres organismes.
Cependant, notre travail ne se limite pas à un simple document descriptif du programme.
L’un des soucis majeur dans l’élaboration de ce document a été l’approche méthodologique
adoptée. Sans prétendre à une véritable capitalisation des acquis en matière de
Communication pour le Changement de Comportement, la présente recherche y apporte sa
contribution. Nous avons ainsi porté une considération particulière à la démarche suivie lors
de la conception de cet ouvrage et lors du montage du programme.
En conséquence, notre travail s’adresse à divers utilisateurs. En premier lieu, les différents
partenaires qui seraient intéressés par le programme et avec lesquels nous sommes
entièrement disposés à développer une collaboration. Ensuite, toutes les parties qui sont
concernées par le problème évoqué et qui, souhaitons-le, trouveront des éléments
concluants dans ce document. Enfin, nos collègues et confrères à qui nous voudrions
rappeler l’importance de la communication dans la démarche de développement et auxquels,
nous espérons pouvoir apporter notre contribution dans la conception d’une stratégie de
communication pour le développement. Le document devrait, en définitive, profiter aux
principaux concernés qui ne sont autres que les bénéficiaires des actions prévues par
MIKAJY : les ménages vivant dans la commune urbaine d’Antananarivo.
Le document traitera dans sa première partie de la dimension « communication » dans le
cadre du développement. En effet, nous essayerons d’établir le lien entre le problème de
développement identifié et la contribution de la communication pour l’atteinte de l’objectif
dégagé. Dans une deuxième partie, nous formulerons un programme de communication
proprement dit. Nous traiterons ainsi de la conception du projet, de l’aspect technique,
organisationnel et financier. Toutefois, nous avons cru utile de donner dans un préambule
une brève description du promoteur du programme MIKAJY et de la zone d’intervention ainsi
qu’un aperçu méthodologique des quelques techniques que nous utiliserons dans
l’élaboration du travail.
- 11 -
0.
0
Préam bule
Préambule
- 12 -
0.1 Le promoteur : le RJDP…
Le RJDP1 ou Réseau des Jeunes pour la Démocratie et la Politique est une plate-forme
d’associations née le 31 août 2005 suite à une série d’activités de partenariat entre plusieurs
organisations de jeunesse et la Friedrich-Ebert-Stiftung. Ce réseau réunit actuellement huit
(08) associations issues des secteurs de recherche, des partis politiques et de la société
civile, et s’est fixé comme mission de :
- Promouvoir la démocratie,
- Inciter la participation politique et citoyenne des jeunes et,
- Améliorer l’avenir politique de Madagascar.
Avec l’appui de différents partenaires, le RJDP compte concevoir, réaliser, assurer le suivi et
procéder à l’évaluation de projets bien ciblés. Ce regroupement travaille, non seulement
dans le cadre institutionnel et politique, mais agit également dans des domaines sociaux tels
que la lutte contre la corruption, la protection de l’environnement ou la promotion de la
citoyenneté et du civisme. A travers le présent projet, le RJDP a pour objectif d’améliorer la
situation d’assainissement de la Commune urbaine d’Antananarivo.
0.2 La zone d’intervention : la commune
urbaine d’Antananarivo...
La zone d’étude est la commune urbaine d’Antananarivo, Capitale de Madagascar. Elle
occupe une partie centrale du pays et s’étend sur environ 80 km². Le climat est de type
tropical d’altitude2 et présente deux (02) saisons distinctes : une saison chaude et pluvieuse
(de novembre à avril) et une saison sèche et fraîche (de mai à octobre).
Limitée au sud et à l’ouest par le Fivondronana d’Antananarivo Atsimondrano, au nord et à
l’est par celui d’Antananarivo Avaradrano, la commune comporte six (06) arrondissements
ou firaisam-pokontany, eux-mêmes subdivisés en 192 fokontany.
1
Voir Annexe 1 : Dossier de présentation du RJDP
La moyenne annuelle des températures est de 18°C (avec des maxima à 26°C (en novembre) et des minima à
10°C (en juillet)) et la pluviométrie annuelle varie de 1000mm à 1600mm avec un minimum mensuel de 6mm
2
- 13 -
En 2003, la population totale y était évaluée à 1,5 millions d’individus3 offrant une densité
moyenne relativement faible de l’ordre de 150 habitants/ha. Cependant, compte tenu du
relief, des mouvements migratoires ou de la croissance soutenue de la population, plusieurs
quartiers peuvent présenter une densité supérieure à 350 habitants/ha. Le développement et
l’urbanisation rapides, complétés par les prévisions de doublement de la population d’ici
2020, créent ou risquent de créer des problèmes de surpeuplement, de promiscuité, des
problèmes socio-économiques et d’assainissement au sein de la commune urbaine.
En conséquence, la question de l’assainissement nécessite la participation de toutes les
parties prenantes à la réalisation de la Stratégie de Développement de l’Agglomération
d’Antananarivo4. Actions gouvernementales, efforts municipaux et initiatives sociales doivent
être promues et coordonnées afin de concourir à la vision : « Tanàna madio, Tanàna
mandroso ». La multiplication des projets sociaux est l’une des voies pour y parvenir. Ces
initiatives seront jugées non seulement sur leur pertinence et leur impact sur le
développement mais également sur l’approche adoptée pour aborder le problème de
l’assainissement urbain.
0.3 L’aperçu
méthodologique :
stratégie de communication :...
la
Avec l’expérience du développement, on admet actuellement que les comportements
négatifs des populations cibles sont des freins importants. Mis à part d’autres facteurs5, cette
situation est le résultat d’un déficit apparent de communication auquel on doit remédier par
une stratégie adéquate. Cette dernière doit aboutir au changement, que ce soit en terme de
connaissances, de perception, de croyances ou d’attitudes. Ainsi, la communication sera
l’impulsion du développement.
La conception d’une stratégie de communication réclame une réflexion sur la méthodologie à
adopter. En matière de communication pour le développement, cette démarche doit
impérativement allier rigueur, professionnalisme, travail d’équipe, participation et créativité.
3
Source : sur projection du RGPH INSTAT 1993
Martin büchsenschütz, Razanatseheno Oliva Lily, Jeannot Ramiaramanana, in Gestion de l’assainissement
liquide et des déchets, Rapport Final, CUA, FIFTAMA, Cities Alliance, mai 2004
5
par exemple, la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des services, le contexte socio-économique et
politique, le niveau d’instruction ou le statut socio-économique
4
- 14 -
Nous allons examiner succinctement les approches méthodologiques que nous pouvons
considérer lors de la planification et de la mise en œuvre d’une stratégie de communication,
à savoir :
- Les modèles de changement de comportement,
- Les modèles de planification de la stratégie,
- Les méthodes quantitatives et les techniques qualitatives,
- L’approche genre.
0.3.1 Les Modèles de changement de comportement
La communication pour le développement vise le changement ou l'adoption de
comportement par une population cible et, à plus long terme, le changement social.
Cependant, le changement de comportement durable est un processus. Ce dernier peut
s’étaler dans le temps et durer plus de 5 ans. Différentes écoles de pensées ont proposé des
modèles qui décrivent les différentes phases de ce processus. On peut évoquer par
exemple :
- Le modèle de Prochaska et Di Clemente (Figure 1),
- Le cycle de changement et de l’apprentissage de l’Institut allemand DENKMODELL
(Figure 2).
Figure 1 : Modèle de Prochaska et Di Clemente
Figure 2 : Cycle de Changement et de l’Apprentissage
de Denkmodell
PRÉ CONSIDÉRATION
1
2
CONSIDÉRATION
3
MODÈLE DE
PROCHASKA
ET DI CLEMENTE
PERCEPTION
4
PRÉPARATION
RETRAIT
ET RÉFLEXION
PRISE DE
CONSCIENCE
ACTION
CONTACT
5
ENERGÉTISATION
MAINTIEN
ACTION
6
RECHUTE
En comparant ces modèles, nous pouvons également noter qu’il existe de réelles similitudes.
Il convient de remarquer que les stratégies de communication à mettre en œuvre peuvent
différer tout au long du cycle, selon le stade où se trouve la cible et selon son niveau
- 15 -
d’information. La figure ci-après nous propose des exemples de stratégies différenciées
selon les stades (Figure 3).
Figure 3 : Processus de changement de comportement : auditoires et stratégies de communication
possible6
0.3.2 Les Modèles de planification d'une stratégie de communication
pour le développement
Le processus de planification d'une stratégie de communication est déterminé par les étapes
d'élaboration et de mise en œuvre des stratégies de communication. Il existe des dizaines de
modèles dans la littérature parmi lesquels on peut citer, par exemple7 :
- le modèle «5» de Healthcom/l'AED (Academy for Educational Development),
- le «Processus P» de JHU/CCP,
- le modèle de AIDSCOM (communication en matière de SIDA),
- le processus en 11 étapes de Sylvie COHEN (FNUAP, 1993),
- le «cadre A» de planification en Plaidoyer de JHU/CCP,
6
7
source : Banque Mondiale, 1999
source : FAO 2002, « Guide méthodologique d’élaboration d’une stratégie de communication multimédia »
- 16 -
- le modèle de l'approche participative communautaire de la FAO (1995),
- la méthode ZOPP du GTZ.
En comparant ces différents modèles, des points communs peuvent être dégagés. En effet,
on retrouve partout au moins les deux grandes phases suivantes :
- Une analyse de la situation (phase préliminaire);
- Un plan ou stratégie de communication (phase de conception et de préparation de la mise
en œuvre).
On peut le résumer dans la figure ci-après.
Figure 4 : Le processus de planification et de mise en œuvre de la communication8
0.3.3 Les Méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives
La planification de la stratégie de communication, surtout dans sa phase de recherche,
nécessite l’application de différentes méthodologies d’observation. Les opinions divergent
actuellement concernant l’utilisation de ces moyens, entre les partisans des méthodes
quantitatives et ceux de la recherche qualitative oubliant parfois que le choix entre ces
procédés doit dépendre des objectifs de recherche. Ainsi, au lieu d’être contradictoires, ces
outils d’observation peuvent être complémentaires en présentant aussi bien des avantages
que des inconvénients.
8
source : FAO 2002, « Guide méthodologique d’élaboration d’une stratégie de communication multimédia »
- 17 -
D’une part, les méthodes quantitatives9, malgré leurs coûts élevés, leur nature impersonnelle
et la complexité de leur réalisation, permettent d’obtenir des résultats représentatifs, objectifs
et rationnels. D’autre part, les méthodes qualitatives10, malgré les biais et les limites dans la
généralisation des résultats, permettent de profiter de coûts modérés et d’une exploration
approfondie de la problématique.
0.3.4 L’approche genre
Le « genre » est « un groupe d’êtres ayant des caractères communs, des façons communes,
engendrées par la société dans laquelle vit le groupe »11. On peut citer par exemple des
groupes spécifiques tels que : les hommes, les femmes, les jeunes, les adultes, les mariés,
les célibataires, les riches ou les pauvres. On peut également effectuer des associations
telles que les hommes mariés et les hommes célibataires ou bien les adultes du sexe
féminin et les jeunes du sexe féminin.
Chacun de ces groupes a son rôle à jouer dans la société. C’est pourquoi le développement
durable doit les faire participer, mais surtout les aborder de manière intégrée : il est
indispensable de considérer chaque groupe séparément, mais également dans leur
interaction.
En terme de communication, l’approche genre permettra de s’adresser à la cible de la façon
la plus adaptée en considérant sa différence, ses priorités, ses forces ou ses faiblesses. Une
communication appropriée signifiera ainsi un changement de comportement adéquat.
9
par exemple : recensements, sondages, tests quantitatifs, analyses statistiques
par exemple : observation directe, focus groups, entretien individuel, MARP
11
source : FAO, MINENV, ONE, 2004, in « Guide pour l’intégration de l’approche “genre” dans PEIII”
10
- 18 -
1.
1
La
La com munication : un e exigence du dév elopp em ent…
Communication : une exigence
du développement…
- 19 -
« Développement Rapide et Durable », tel est le credo qui oriente
actuellement les décisions politiques, stratégiques et opérationnelles à
Madagascar. Cependant, l’expérience du développement a démontré
que les efforts structurels et infrastructurels réalisés restaient vains sans
l’adhésion effective des personnes concernées (cibles, bénéficiaires,
acteurs ou simples participants). De plus en plus, les différents
intervenants du développement considèrent la communication comme
un outil essentiel pour provoquer un changement de comportement et
pour encourager la participation.
« La communication pour le développement c'est l'utilisation du
processus de communication, des techniques et des médias pour aider
les gens à prendre conscience de leur situation et des options à leur
disposition pour toute action de changement, à résoudre le conflit social
et à travailler vers un consensus, à aider les gens à planifier l'action de
changement et développement durable, à aider les populations à saisir
les connaissances et les qualifications en vue d'améliorer leur condition
et celle de leur communauté, et améliorer l'efficacité des établissements
publics. »
- 20 -
1.1 Analyser la situation…
Toute communication doit être originale, pertinente, adaptée et réaliste. Pour cela, elle doit
s'appuyer sur une bonne analyse de la situation car c'est elle qui permet de comprendre le
problème de développement que l'on veut résoudre, les solutions possibles, le contexte, les
parties prenantes concernées, les ressources existantes en matière de communication, les
opportunités dont on dispose pour le résoudre et les contraintes à prendre en compte.
Il s’agit de dresser un état des lieux de la situation qui prévaut dans la Commune Urbaine
d’Antananarivo concernant l’utilisation des matières en plastique. Nous avons ainsi
considéré quatre (04) pôles de réflexion, à savoir :
- Les aspects environnementaux et techniques,
- Les aspects économiques,
- Les aspects législatifs et,
- Les aspects socioculturels du problème.
1.1.1 Les aspects environnementaux et techniques…
Afin d’appréhender les aspects environnementaux et techniques du problème, nous avons
procédé à :
- Une recherche bibliographique en consultant les études et les sites Web spécialisés sur
les matières en plastique, leurs impacts sur l’environnement et sur la santé ;
- Une collecte de données secondaires auprès de la Direction Générale des Douanes ;
- Une recherche documentaire auprès de l’ONG Voarisoa Observatoire ;
- Des visites auprès de quelques usines de transformation du plastique à Antananarivo ;
- Des entrevues avec des spécialistes au niveau de l’Ecole Polytechnique de Vontovorona
touchant les caractéristiques physico-chimiques du plastique ;
- Des entretiens avec les responsables des services d’assainissement de la ville
d’Antananarivo concernant leurs stratégies en terme d’assainissement et les problèmes
rencontrés.
- 21 -
a.
Le plastique : une matière d’une utilité prééminente…
Le plastique fait partie de notre vie. De tous les matériaux, le plastique est celui dont la
progression est la plus rapide. Cette utilisation croissante et quasi-omniprésente est le
résultat d’une exigence de plus en plus stricte des clients. L’innovation est devenue
indispensable pour adapter ces matériaux à la demande. On assiste à une évolution
technologique permanente qui en améliore les qualités et les performances.
Issues de la pétrochimie et de la chimie de base, les matières en plastique sont des
macromolécules obtenues par polymérisation12 ou polycondensation13. Les matières en
plastique ne sont pas directement utilisables sur le marché final. Produites sous forme de
granulés, poudres, liquides et autres, elles doivent subir le plus souvent de multiples
transformations pour atteindre le consommateur.
Une fois transformé, il se retrouve dans notre quotidien. Il y a environ 50 sortes de plastiques
utilisés couramment pour faire toutes sortes de choses, des récipients de boissons, des sacs
à ordures, des fenêtres ou des portes. Ils entrent dans la fabrication de produits de grande
diffusion, dits commodités14, dont les principaux débouchés sont l’emballage, le bâtiment, le
génie civil, le matériel de transport, l’équipement ménager, l’agriculture, le mobilier ou les
jouets. D’autres formes de plastiques entrent dans la composition de peinture, de vernis, de
colle, servent au traitement de l’eau ou se retrouvent dans les filtres à cigarettes ou dans la
composition des lessives.
La prépondérance du plastique dans la vie des Malagasy est reflétée par la quantité
importée de cette matière chaque année. En effet, on constate une évolution relativement
soutenue de l’importation des produits fabriqués en plastique ou entrant dans leur confection
(Graphe 1). La quasi-totalité de ces produits est destinée à être commercialisée. Les articles
importés sont soit vendus en l’état soit transformés par les plasturgistes locaux tels que la
SFOI, le SMTP, le Plast Alliance ou l’ENDUMA. D’autres articles comme les bouteilles et
bonbonnes en plastique servent évidemment au conditionnement des produits fabriqués
localement notamment pour les boissons hygiéniques de la STAR ou de TIKO.
12
La polymérisation regroupe les molécules d’un ou plusieurs monomères
La polycondensation enchaîne les molécules et élimine les résidus de la réaction
14
Les grands thermoplastiques tels que polyéthylène haute et basse densité (PEhd et PEbd), polypropylène (PP),
polychlorure de vinyle (PVC) et polystyrène standard et choc (PS) et expansible (PSE)
13
- 22 -
Il faut également remarquer que cette statistique est encore très inférieure à la quantité de
plastique qui franchit réellement nos frontières. En effet, elle restitue uniquement les
importations des produits fabriqués exclusivement en plastique15 mais néglige les produits
finis emballés dans du plastique tels que les produits alimentaires.
Graphe 1 : Volume d’importations de matières en plastique à Madagascar – Période 2000 – 2004
(en tonnes)
25 000
23 086
20 000
19 424
Quantité
17 314
15 000
15 065
12 087
10 000
5 000
2 000
2 001
2 002
2 003
2 004
Année
Source : DGDouanes / DSCD
b.
Qui pollue notre écosystème…
Le plastique, si indissociable à notre vie quotidienne, représente l’un des principaux
polluants de notre environnement. C’est le revers de la médaille car les déchets plastiques
contaminent véritablement tous les compartiments de notre écosystème aussi bien le sol,
l’eau que l’air.
D’une part, le plastique est à l’origine d’une pollution visuelle incontestable. On retrouve
partout des emballages et des résidus de matière en plastique. Transportés par le vent ou
par les eaux, les déchets plastiques se retrouvent accrochés aux arbres, entremêlés aux fils
électriques, entassés dans les décharges, flottants dans les égouts et même déversés dans
les océans de façon insensible. La pollution est très visible car les déchets enlaidissent le
paysage.
15
N° tarifaire 3701, 3702 et 39 selon le Système Harmonisé des douanes
- 23 -
D’autre part, le plastique est un polluant du sol. Les composts obtenus avec les ordures
ménagères contiennent des quantités de petits morceaux de plastique qui font qu'après
plusieurs années d'usage les sols ressemblent à un vaste champ de détritus.
Par ailleurs, le plastique pollue l’eau par ses résidus microscopiques. Ces particules, une fois
entraînées par les eaux de ruissellement, se retrouvent partout et même dans le sable des
plages. Ce sont des fragments très fins en grandes quantités qui mesurent environ 2
centièmes de millimètre et qui sont très riches en métaux lourds.
Enfin, la combustion des matières en plastique entraîne la pollution de l'air en produisant des
produits toxiques. Ces produits de la combustion peuvent jouer un rôle déterminant dans la
pollution de l'atmosphère comme les pluies acides ou la destruction de la couche d’ozone en
produisant, par exemple, du chlorure d'hydrogène (HCl) ou des oxydes d’azote (NOx).
c.
Anéantit nos efforts…
Les déchets plastiques entravent également les efforts d’assainissement engagés par la
municipalité. En effet, les sacs en plastique se retrouvent dans les égouts et les caniveaux.
Ils obstruent les canaux d’évacuation et empêchent l’écoulement des eaux usagées et des
eaux de pluie. Dans une ville comme Antananarivo où la pluviométrie est relativement
importante16, il est cependant primordial d’assurer le bon fonctionnement des systèmes
d’évacuation afin d’éviter la stagnation liquide. Les services d’assainissements doivent ainsi
multiplier les curages ce qui entraîne des coûts financiers supplémentaires.
Enfin, les petits sacs en plastique sont très volatiles et très difficiles à appréhender. Leur
légèreté en fait des ordures enquiquinantes car elles tournicotent et narguent les balayeurs
de rue. Ce type de déchet augmente ainsi la charge de travail des agents municipaux.
16
1000 à 1600 mm de pluie par an
- 24 -
d.
Et nuit à notre santé…
D’une part, le plastique bloque l'évacuation des eaux pluviales. Cette stagnation favorise la
multiplication des gîtes larvaires des moustiques et des mouches, vecteurs de maladies
comme le paludisme.
De plus, les emballages en plastique représentent un danger immédiat pour l’homme et pour
les animaux. Les enfants peuvent s’étouffer en jouant avec ces sacs en plastique soit en
s’en coiffant soit en les avalant. Il en est de même pour les animaux qui les confondent avec
des proies ou de la simple nourriture et qui en meurent étouffés.
Enfin, la population, mal informée, pense que l'incinération est la seule solution pour se
débarrasser des déchets plastiques. Pourtant, le brûlage de plastique représente un autre
danger pour la santé. Lorsqu'on jette le plastique au feu, des éléments chimiques toxiques
sont libérés, comme par exemple :
- le chlore et la dioxine qui peuvent occasionner le cancer ;
- le chlorure d'hydrogène (HCl), obtenu par la combustion du polychlorure de vinyle (PVC)
et qui provoque des maladies des voies respiratoires tels que l’asthme ou les bronchites ;
- le cyanure d'hydrogène (HCN), produit lors de la combustion du polyuréthane, et qui est
un poison très violent pour les hommes et les animaux ;
- le fluorure d'hydrogène (HF), s'il est ingéré ou inhalé peut provoquer des hémorragies
internes, des troubles cardiaques et même de l'ostéoporose17. Dans le cas d'intoxication
aiguë, on observe 50% de décès survenant dans les 24 heures.
e.
Sans que l’on puisse s’en débarrasser de façon définitive…
Les matières en plastique polluent parce qu'elles ne sont ni altérables, ni biodégradables18.
Les plastiques sont des déchets qui durent. Le problème avec les déchets plastiques c'est
qu'ils se transforment en une autre matière toute aussi dangereuse. Ils ne disparaissent pas
17
Maladie qui engendre une raréfaction du tissu osseux; elle peut être limitée à certains os ou bien être diffuse.
L'expression clinique la plus fréquente de l'ostéoporose est la fracture qui, par les complications qu’elle entraîne,
détermine le degré de gravité.
18
Toutefois, les déchets plastiques sont parfois recyclables. Il faut signaler une initiative prometteuse d’un
plasturgiste local, la SMTP,
- 25 -
mais s’altèrent en produits toxiques. Les polymères ont une durée de vie très longue, de un
siècle à un millénaire (cf. Tableau 1).
De plus, les éléments contenus dans le plastique se caractérisent par leur faible
biodégradabilité (persistance), leurs effets toxiques à très faible dose et leur capacité à
s'accumuler dans la chaîne alimentaire (bioaccumulation). En effet, les résidus de plastique
intègrent la chaîne alimentaire. Les éléments polluants se transmettent et s’accumulent à
travers leur ingestion successive, volontaire ou non par les être vivants. Ce phénomène n’est
pas sans influence sur le métabolisme de ces derniers.
Enfin, même les systèmes d’incinération les plus élaborés ne sont pas sans faille contre le
polluant plastique. Un incinérateur, malgré les coûts ruineux qu’il engendre, n’élimine pas
entièrement les déchets. Il diminue seulement leur volume en produisant d’autres déchets :
- des cendres nuisibles appelés mâchefers qui servent de remblai pour les routes ;
- des résidus toxiques de l’épuration des fumées, appelés les refiom, qui doivent être
stockés dans des décharges ;
- des fumées polluantes chargées de dioxyde de carbone.
Tableau 1 : Durée de biodégradation de quelques types de déchets
Matière
Durée de dégradation
Mouchoir en papier
3 mois
Mégot de cigarette
1 à 2 ans
Canette en aluminium
200 à 500 ans
Sac en plastique
100 à 400 ans
Bouteille en plastique
10 à 1000 ans
Chewing gum
5 ans
Huile de vidange
5 à 10 ans
Source : « Le sac plastique, ce grand polluant, nous survivra »,
Midi Madagascar n°6549 du 18/02/2005
Toutefois, il faut signaler l’initiative de recyclage très prometteuse de la SMTP. En effet, cette
société a lancé une campagne de collecte des déchets plastiques pour les transformer en
sandales. L’entreprise reprend les débris à 150 MGA le kilo et en reçoit actuellement près de
100 kg par jour. Ce projet a, par ailleurs, créé de multitudes de petits emplois car ce sont les
4MI vivant près des décharges qui procèdent à la récupération s’organisant ainsi en acteurs
de l’écologie populaire.
- 26 -
f.
Pendant que les déchets s’accumulent…
Selon une étude récente19 entérinée par le Service Autonome pour l’Assainissement de la
Ville d’Antananarivo ou SAMVA, les déchets plastiques viennent en troisième position après
les corps fermentescibles et les matières fines dans la composition des ordures des
ménages de la ville. En effet, les matières en plastique constituent, à elles seules, 5,20% (cf.
Tableau 2) des ordures jetées par les familles dans la Commune Urbaine d’Antananarivo
passant loin devant les matières dégradables comme le carton ou le papier.
Tableau 2 : Identification qualitative et quantitative des ordures ménagères collectées sur 500 kg
Type d’ordures ménagères
Poids (en kg)
Pourcentage (en %)
Déchets fermentescibles
294,000
60,00
Fine
111,150
22,85
Plastique
25,200
5,20
Incombustibles non classés
12,550
2,60
Carton
11,950
2,45
Textiles sanitaires
9,900
2,05
Combustibles non classés
7,250
1,50
Textiles
5,200
1,10
Papier
2,400
0,50
Verre
2,030
0,45
Déchets spéciaux
1,960
0,40
Métaux
1,580
0,35
Composites
0,450
0,10
Source : SAMVA, août 2003
Considérant qu’entre 500 et 600 tonnes d’ordures ménagères sont collectées chaque jour à
Antananarivo, le volume de fragments plastiques peut être évalué à environ 31,2 tonnes par
jour soit plus de 11 200 tonnes par an. Il s’agit ainsi d’une immense quantité de déchets qui
est déversée sans traitement aucun sur le site d’Andralanitra.
En effet, le SAMVA n’effectue aucun triage des produits de la collecte mais se charge
uniquement du dépôt et de l’enfouissement. Par ailleurs, le triage est irréalisable sur une
quantité aussi importante de déchets compte tenu de l’habitude des ménages à jeter pêlemêle leurs ordures. Le criblage doit se faire manuellement étant donné que le centre ne
dispose d’aucune technologie pour le tri mécanique.
19
La dernière étude ayant été menée par l’OMS OTH et datant de 1975
- 27 -
Par ailleurs, le triage des déchets s’avère encore superflu puisqu’il n’existe aucun véritable
système de valorisation des déchets au sein de la Commune. La municipalité ne dispose pas
de moyens suffisants pour valoriser les déchets car :
- L’usine de compostage des déchets, implantée à Andralanitra et d’une capacité annuelle
de 80,000 tonnes de composte fini, n’est pas fonctionnelle. En effet, les installations,
vieilles d’une vingtaine d’années, nécessitent des millions d’Ariary d’investissement20 pour
la remise en marche. De plus, la viabilité du centre nécessite que les ménages opèrent un
tri sélectif des déchets à la base et par conséquent un véritable changement de
comportement ;
- Les technologies modernes pour la valorisation matière21, la valorisation énergétique22 ou
la valorisation matières premières23 des déchets ne sont ni transposables ni accessibles à
la Commune.
1.1.2 Les aspects économiques
Le plastique représente d’importants enjeux économiques. A première vue, la gestion de
cette matière représente des intérêts contradictoires que l’on se place du côté des
opérateurs économiques ou bien que l’on se range aux avis des services municipaux.
a.
Les opérateurs économiques…
D’une part, plusieurs agents économiques, petits ou grands, sont concernés et travaillent
grâce au plastique. Les premiers, constitués par une couche très vulnérable de la population,
commercent avec les produits en plastique pour survivre. Généralement, ces petits
commerçants travaillent dans le secteur informel et se trouvent dans une situation de
précarité. Les seconds, industriels ou importateurs, génèrent des revenus substantiels pour
le pays, créent des emplois et possèdent de véritables responsabilités sociales grâce au
plastique. Par leurs actions conjointes, le secteur présente un véritable dynamisme. A titre
indicatif, les importations de ce matériau sont évaluées à 59 731 millions de MGA pour
l’année 2004 après une croissance continue ces cinq dernières années (Graphe 2).
20
plus 600 millions de MGA pour la réhabilitation et plus 200 millions de MGA de Fonds de Roulement Initial
Ce recyclage permettant de régénérer les matières plastiques et de les transformer
22
Ce recyclage permet de réduire le volume des déchets (plastiques et autres) et de récupérer l'énergie dégagée
lors de la combustion. Cette énergie est ensuite transformée pour produire de la chaleur et de l'électricité.
23
Les matières plastiques sont triées et traitées chimiquement de façon à ce que l'on obtienne des produits de
base tels que les monomères qui ont servi à les fabriquer.
21
- 28 -
Graphe 2 : Valeur des importations de matières plastiques à Madagascar – Période 2000 – 2004
(en millions de MGA)
70 000
60 000
59 731
Valeur
50 000
40 000
30 000
37 494
27 396
28 220
20 000
18 494
10 000
2 000
2 001
2 002
2 003
2 004
Année
Il s’agit donc d’un grand nombre d’acteurs qui font profit, soit directement soit indirectement,
grâce au plastique. On peut, par exemple, citer :
- Les plasturgistes comme la SFOI, le SMTP, l’ENDUMA, le MAKIPLAST ou la Plast
Alliance qui oeuvrent directement dans le domaine de la transformation du plastique pour
en faire des emballages ou des articles d’utilisation courante ;
- Les industries alimentaires comme TIKO, STAR ou JB qui se servent essentiellement du
plastique pour conditionner leurs produits ;
- Les grandes surfaces de la Capitale qui distribuent des sacs en plastique à leurs clients,
non seulement à titre de service, mais également à des fins publicitaires en y apposant
leurs marques ;
- Les multitudes de petits commerçants qui survivent en vendant des articles en plastique
dont les sachets en plastique sur les places du marché.
b.
Les services d’assainissement…
D’autre part, les déchets plastiques suscitent un intérêt économique certain pour les services
d’assainissement de la ville. Comme nous l’avons évoqué précédemment, plus de 11 200
tonnes de déchets plastiques sont déposées annuellement sans traitement au niveau de la
décharge d’Andralanitra. Considérant les frais d’exploitation engagés24 pour le ramassage
24
Source : M. Büchsenschütz, Razanatseheno Oliva Lily, J. Ramiaramanana, « Gestion de l’assainissement
liquide et des déchets – Rapport final », mai 2004
- 29 -
des ordures ménagères, les déchets plastiques coûteraient plus de 75,7 millions de MGA25
par an au contribuable. A titre de comparaison, ce montant est nettement supérieur à la
dotation de 6 millions de MGA devant être accordée par l’Etat aux communes. Réduire les
déchets plastiques signifierait ainsi une meilleure allocation des ressources communales.
Par ailleurs, pour être tout à fait optimale, la gestion des ordures ménagères devrait agir, non
seulement, sur la collecte mais également sur la prévention et la valorisation des déchets.
Une régie des matières en plastique entre dans le cadre de la prévention et permettrait, à
terme, une valorisation des ordures. Rappelons que l’usine de compostage implantée à
Andralanitra, pour être entièrement fonctionnelle26 et rentable, nécessite des ordures
« propres » c’est-à-dire une opération de tri. Pourtant, les tris manuels et les tris mécaniques
ne satisfont pas la quantité d’ordures suffisante à la capacité de production de l’usine malgré
les frais supplémentaires engendrés. Un tri sélectif à la source et une réduction de la
quantité de matières non valorisables restent essentiels.
Toutefois, la valorisation des déchets permettrait de solutionner, ne serait-ce qu’en partie, les
difficultés financières omniprésentes dans les rapports entre le SAMVA et la CUA. En effet,
la production et la commercialisation27 de 10 000 tonnes de compost28 permettraient de
générer un chiffre d’affaires annuel de près de 5 milliards de MGA29. En comparaison, ce
montant est supérieur au budget alloué par la commune au SAMVA au titre de l’année 2004
et améliorerait le service rendu de façon effective. La conscience de cet enjeu a motivé
notamment l’ADURAA à réaliser des analyses et des tests sur les criblés de décharge
provenant d’Andralanitra et l’ADEME de proposer une étude de la filière compost.
Enfin, dans le cadre de l’étude relative à la « Gestion de l’assainissement liquide et des
déchets », il apparaît que le scénario, qui consiste à passer au tri sélectif et à
l’industrialisation du compostage, reste optimal pour l’amélioration des services. La gestion
des matières en plastique offre ainsi des avantages directs ou indirects30 concourant à la
réalisation de ce scénario (Figure 5).
25
Coût d’exploitation par tonne collectée (camion à benne basculante) = MGF 33 800 ou 6 760 MGA
Une fois les installations réhabilitées
27
il est essentiel de déterminer à l’avance le mode de gestion de l’usine
28
capacité de production annuelle de l’usine suivant un tri manuel des déchets
29
le kilo de compost est vendu à 500 MGA par la Commune Rurale de Tanjombato
30
cette seule action ne suffit pas mais nécessite notamment les investissements en bacs à ordures (individuels et
collectifs), une amélioration du taux de recouvrement de la ROM ou Redevances Ordures Ménagères servant à
financer l’exploitation, etc.
26
- 30 -
Figure 5 : Les avantages de la régie des déchets plastiques
PRÉVENTION
COLLECTE
VALORISATION
Régie des matières plastiques
Possibilité de tri
sélectif à la source
Possibilité de
valorisation
Réduction de la
quantité de
déchets à collecter
Réduction
quantité de
déchets non
valorisables mis
en dépôt
Réduction des
charges de
collecte
Recette unité de
compostage ou
autre
La régie des déchets plastiques serait une action de prévention qui permettrait de faciliter la
collecte des ordures ménagères : les déchets seraient triés à la source, leur volume serait
réduit, ce qui diminuerait, de facto, les charges de collecte. Ce mode de gestion rendrait
possible la valorisation de déchets plus « propres », solutionnerait, en partie, la saturation du
site d’Anndaralanitra et permettrait de générer des recettes pour la Commune grâce aux
unités de compostage.
1.1.3 Les aspects législatifs…
Au niveau national, on peut relever un manque cruel de textes réglementaires sur la
protection de l’environnement et plus particulièrement sur la gestion des déchets. En effet,
les textes en vigueur datent encore des années 196031 et les plus récents des années
199032. Ces dispositions, si elles ne sont pas rendues obsolètes, tardent ou sont entravées
dans leur application effective.
A titre d’exemple, les textes restent souvent de nature générale et ne s’appliquent pas à des
domaines précis comme les matières en plastique. Les dispositions restent imprécises
concernant les actes et les responsabilités des individus pouvant porter atteinte à l’intégrité
de l’environnement (spécialement urbain) bien qu’il soit mentionné dans la Charte de
l’Environnement malagasy, dans son article 4, que : « La protection et le respect de
31
32
Ordonnance 60.167 du 03/10/60, décret 63.192 du 27/03/63, ordonnance 62.072 du 29/09/62
Charte sur l’Environnement (loi 90.033 du 21/12/90) et ses décrets d’application, loi SAMVA (loi 95.035)
- 31 -
l’environnement sont d’intérêt général. Il est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde
du cadre dans lequel il vit ». De la même manière, cette Charte n’est pas encore
suffisamment étendue quant à la responsabilité des opérateurs économiques alors qu’elle
stipule dans son article 11, que : « Les opérateurs exerçant des activités engendrant des
effets néfastes sur l’environnement seront soumis :
- Soit à des obligations compensatrices,
- Soit au paiement des pénalités au profit de l’Etat et dont les taux et modalités de
perception seront déterminés ultérieurement ».
Si on considère le problème particulier des déchets plastiques, il serait donc nécessaire de
promouvoir une loi ou un décret d’application spécifique. Notamment, ces dispositions
légales devraient porter sur les points suivants :
- La réglementation des importations et de la production en interdisant l’entrée ou la
fabrication de matières en plastique d’une épaisseur inférieure à 30 microns : c’est le
principe de la normalisation. En effet, les produits s’ils sont trop fins sont impropres à
une réutilisation et sont destinés à être jetés au premier usage. Il s’agit d’une tactique des
producteurs pour stimuler leur vente, mais cette pratique est extrêmement néfaste sur le
plan environnemental car elle accroît la quantité de déchet et compromet les possibilités
de recyclage ;
- L’obligation de reprise ou de valorisation des déchets : c’est le principe de la
responsabilité étendue du producteur. Il s’agit principalement de responsabiliser les
industriels à commercialiser des produits recyclables et à les faire participer aux actions
environnementales ;
- L’obligation d’information claire et précise sur les précautions d’emploi et sur la
récupération adéquate : c’est le principe de la transparence. Ce principe consiste à
développer la connaissance des déchets en ce qui concerne les aspects qualitatifs et
quantitatifs, les données techniques et économiques ainsi que leurs effets sur
l’environnement afin de mieux appréhender les problèmes liés aux déchets et de mieux
informer et sensibiliser le public. Une information objective, complète et fiable est un
préalable indispensable à la prise de décision efficace en matière de gestion des
déchets ;
- 32 -
- L’affectation d’une taxe anticipée de recyclage et la définition d’une organisation pour la
gestion de cette taxe : c’est le principe du pollueur – payeur. Il s’agit d’intégrer
directement les frais de gestion du déchet dans le prix du produit. Ce système est
différent de la perception de la ROM33 qui est levée au même titre que l’impôt foncier. Par
ailleurs, cette taxe servira à financer les actions de protection de l’environnement ;
- La définition d’une entité de surveillance : relatif au principe de gestion intégrée des
déchets. Il s’agit en réalité d’un observatoire qui s’assurerait que les actions entreprises
sont socialement acceptables, technologiquement optimales, sûres du point de vue
environnemental et de la santé publique, applicables sur les plans juridique et
organisationnel tout en étant économiquement viables.
En bref, la disposition d’un cadre légal devrait avoir pour principal avantage de modifier le
comportement des entreprises travaillant avec le plastique que ce soit dans la transformation
du plastique ou bien dans la commercialisation de produits en plastique. La législation
responsabilisera le secteur privé en conciliant recherche de profit et préservation de
l’environnement. Cette responsabilité revêtira aussi bien la forme financière, technique que
morale.
Cependant, la mise en place de ce cadre légal devra faire l’objet d’un lobbying puissant. A
première vue, le secteur privé en ressortirait perdant et s’opposera à l’adoption d’une telle
législation. Des négociations seraient nécessaires afin de résorber les résistances.
Par
ailleurs,
la
législation
devrait
impérativement
être
assortie
de
mesures
d’accompagnement, par exemple :
- Les mesures incitatives pour les mutations technologiques nécessaires au niveau des
entreprises plasturgistes : réduction des droits de douanes pour les nouvelles machines,
une exemption d’impôts pendant la phase d’investissement et de mutation, etc. ;
- Le renforcement des secteurs d’activités de substitution pour subvenir à la demande des
consommateurs : l’artisanat, la papeterie, etc. ;
- L’encadrement des petits commerçants de plastique qui survivent avec cette activité.
33
Redevance Ordures Ménagères : reversée en totalité au SAMVA pour financer la collecte et le traitement des
déchets
- 33 -
1.1.4 Les aspects socioculturels…
Afin de délimiter les aspects socioculturels du problème, nous avons mis en œuvre deux (02)
types d’investigations, à savoir : une enquête par questionnaire et des focus groups. Compte
tenu de la multitude des articles fabriqués en plastique et sur la base d’un constat général,
nous avons posé la première hypothèse suivante : « le sachet en plastique est le produit
dont l’usage est le plus courant pour les ménages de la Capitale ». Nous avons ainsi décidé
d’orienter nos recherches vers cette catégorie de produit.
Une étude quantitative sur terrain basée sur une enquête par questionnaires :
Le sondage par questionnaire34 a été mené avec la collaboration de la Commune Urbaine
d’Antananarivo. L’étude porte sur un échantillon de 386 ménages pris au sein de la
Commune Urbaine. Cette méthode présente comme principal avantage de quantifier
l’ampleur du problème par des chiffres. Cependant, elle revêt ces quelques limites car :
- L’étude a été focalisée sur la Commune Urbaine d’Antananarivo35 et néglige la circulation
des ménages habitant en périphérie ;
- Le sondage ne permet pas d’obtenir, de façon précise, des informations en profondeur
telles que les motivations des enquêtés ;
- L’administration du questionnaire peut comporter des biais relatifs à la personnalité de
l’enquêteur ou du répondant.
Ces quelques limites ont ainsi nécessité la tenue des réunions de groupe.
Une étude qualitative par l’organisation de deux (2) focus groups :
Les travaux de diagnostic sous forme de focus groups ont corroboré, expliqué plus en détail
et structuré les résultats de l’enquête quantitative. Ces réunions de groupes ont permis
d’obtenir des informations en profondeur, d’explorer les perceptions, les motivations et les
convictions des participants. Les groupes constitués n’étaient pas homogènes et
comportaient chacun neuf (9) personnes dont trois (3) hommes, trois (3) femmes et trois (3)
jeunes. Cette méthode avait pour objectif de créer une dynamique au sein du groupe grâce à
la dimension participative du brainstorming. Les membres mélangent leurs expériences,
34
Voir Annexe 2 : Questionnaire Etude du comportement des ménages dans
l’utilisation des sachets en plastique
35
les habitants des Communes Périphériques ayant été écartés lors du traitement à savoir, 24 ménages sur les
400 questionnaires administrés
- 34 -
leurs vécus et leurs opinions. Des associations d’idées immédiates ont été induites pour
construire les arbres de problèmes donnés plus bas, prioriser les problèmes évoqués et pour
proposer des solutions précises au problème.
Toutefois, cette méthode présente également des limites. En effet, les participants ne
peuvent aucunement prétendre parler au nom de l’ensemble de la population. Quelques
réserves peuvent donc être émises quant aux résultats obtenus. Quoi qu’il en soit, nous
estimons que les conclusions sont suffisamment probantes pour construire notre travail.
a.
D’une part, un usage ancré dans les habitudes…
L’étude indique que 73% des enquêtés avouent « toujours » utiliser
des sachets en
plastique (cf. Tableau 3). Surtout utiles lors des courses et des petites commissions
quotidiennes, les sacs en plastique sont très vite devenus des accessoires indispensables.
L’usage en est multiple et parfois même insolite. Les gens s’en servent pour emballer des
objets, pour garder les repas au chaud et même pour se protéger de la pluie. L'emploi de ce
genre de sac est alors profondément ancré dans les habitudes.
Tableau 3 : Fréquence d’utilisation des sachets et occasion
occas_sachet pour les courses
util_sachet
i.
pour les
commissions
comme
emballage
autre
TOTAL
Toujours
38,76%
22,47%
11,24%
1,12%
73,60%
Souvent
8,99%
7,30%
1,12%
0,00%
17,42%
Quelquefois
1,69%
2,25%
1,12%
0,56%
5,62%
Rarement
1,12%
1,69%
0,56%
0,00%
3,37%
TOTAL
50,56%
33,71%
14,04%
1,69%
100%
Sans distinction, ni du sexe…
La catégorie de sexe féminin est plus
entre les hommes et les femmes est peu
habituée à l’usage de ces sacs que les
significative (chi2=7,02 ; 1-p=86,50%). En
hommes, qui en utilisent moins souvent.
conséquence, l’approche ne doit ni isoler
Cependant, la différence des répartitions
ni prioriser un genre en particulier.
- 35 -
Tableau 4 : Habitude d’utilisation des sachets en
plastique et sexe
masculin
féminin
TOTAL
Toujours
65,63%
80,30%
73,08%
Souvent
17,19%
13,64%
15,38%
Quelquefois
9,38%
1,52%
5,38%
Rarement
4,69%
4,55%
4,62%
Jamais
3,13%
0,00%
1,54%
TOTAL
100%
100%
100%
sexe
util_sachet
- 36 -
ii.
Ni de l’âge…
Par ailleurs, nous avons répartis les enquêtés suivants les critères d’âge pour considérer
plus particulièrement les cibles principales du RJDP36. Nous avons constaté que la
différence des répartitions entre 'moins 35 ans' et 'plus de 35 ans' n'est pas significative
(chi2= 4,73, 1-p = 68,42%). Ainsi, le comportement n’est pas spécifique à un groupe d’âge
donné.
Tableau 5 : Habitude d’utilisation des sachets en plastique et âge
age moins de 35 ans
35 ans et plus
TOTAL
util_sachet
iii.
Toujours
71,21%
75,00%
73,08%
Souvent
18,18%
12,50%
15,38%
Quelquefois
7,58%
3,13%
5,38%
Rarement
3,03%
6,25%
4,62%
Jamais
0,00%
3,13%
1,54%
TOTAL
100%
100%
100%
Ni des responsabilités…
La femme est, aujourd’hui encore, la première responsable des courses. En effet, dans plus
de 47% des cas, la conjointe et/ou la mère sont toujours impliquées dans la réalisation des
courses ; soit elles en ont l’unique responsabilité, soit elles y participent avec toute la famille.
Toutefois, on remarque que les hommes et les enfants concourent de plus en plus
activement pour faire le marché car ils sont présents respectivement dans 29,77% et 39,7%
des cas. Cette tendance rend les différences peu significatives et indique que homme,
femme et enfants doivent être considérés dans l’approche à adopter.
Le Tableau 6, donné ci-après, montre les résultats de l’enquête en croisant les variables
« sexe » et « responsabilité des courses ». Par exemple, la proportion de femmes, déclarant
effectuer elles-mêmes les courses, est de 24,41% ; tandis que les hommes affirmant en être
« l’unique responsable » n’est que de 13,39%.
36
Le RJDP a repris la définition de la Loi N° du considérant les jeunes comme étant ceux âgés entre 14 et 35
ans
- 37 -
Tableau 6 : Responsabilité des courses
sexe
masculin
féminin
TOTAL
resp_course
moi
13,39%
24,41%
37,80%
conjoint
7,87%
2,36%
10,24%
enfants
6,30%
4,72%
11,02%
parents
2,36%
2,36%
4,72%
aide ménagère
3,15%
2,36%
5,51%
famille
14,96%
14,96%
29,92%
0,79%
autre
0,79%
0,00%
TOTAL
48,82%
51,18%
iv.
Mais grâce à des critères de praticité et de prix…
Le diagramme ci-après montre le classement fait par les ménages enquêtés des critères
qu’ils apprécient dans l’usage des sacs en plastique. Par ordre, nous avons repris les trois
propositions les plus citées pour tenter de les expliquer.
Graphe 3 : Les critères recherchés dans l’utilisation de sachets en plastique
98
75,38%
60,00%
56,15%
44,62%
23,08%
6,92%
5,38%
3,85%
impermé
able
autres
isotherme
0
pratique
(pliable et
léger)
économique
abondant
lavable
résistant
« Pliable et léger », tels sont les qualificatifs les plus récurrents pour motiver l'usage de
sachets. Ce comportement est justifié, notamment lorsqu’on constate que les enquêtés
déclarant exercer un métier recourent beaucoup plus fréquemment à l’utilisation de sachets
en plastique (cf. Tableau 7). Pour les femmes qui exercent un emploi, par exemple, la
praticité est particulièrement appréciée car le sachet peut aisément tenir dans un sac à main.
- 38 -
Elles peuvent ainsi effectuer leurs courses ou leurs commissions au sortir du travail sans
s’encombrer d’un sac lourd.
Tableau 7 : Habitude d’utilisation des sachets en plastique et exercice d’un emploi
emploi
util_sachet
oui, j'ai un
emploi
non, je
n'exerce pas
TOTAL
Toujours
50,00%
23,08%
73,08%
Souvent
6,92%
8,46%
15,38%
Quelquefois
3,08%
2,31%
5,38%
Rarement
3,85%
0,77%
4,62%
Jamais
1,54%
0,00%
1,54%
TOTAL
65,38%
34,62%
« Economique », tel est le deuxième qualificatif le plus apprécié dans l’achat et l’utilisation de
sacs en plastique. Le prix est donc un des principaux déterminants de l’usage des sachets.
Généralement, le poids de ce facteur diminue à mesure que le revenu s’élève. Il est
prépondérant lorsque l’achat se fait en grande quantité ou que sa fréquence est importante.
En effet, cette préoccupation économique s’explique lorsqu’on considère que les courses
sont les occasions où les enquêtés utilisent le plus de sacs en plastique (50,56% des cas).
Ces derniers utilisent entre 2 et 5 grands sacs (moyenne = 2,98 sacs) achetés à ARIARY
200 l’unité. Il faut cependant remarquer que, souvent, plusieurs petits sachets de ARIARY 30
sont utilisés pour séparer les achats surtout pour les graminées (pois, haricot, lentilles, etc.)
et les viandes. Etant donné que près de 30% des ménages enquêtés font encore
quotidiennement leurs courses et affirment acheter les sacs « seulement une fois sur
place », les dépenses en sachets en plastique peuvent être très conséquentes sur le budget
familial et s’élever à Ariary 600 par jour soit environ Ariary 15,000 par mois.
Tableau 8 : Comportement acquisition de sachets et occasion
comport_sachet
fréquence_courses
j'achète les sachets sur
place
j'apporte les sachets de la
maison
je demande que le
vendeur me procure des
TOTAL
quotidien
28,69%
26,23%
14,75%
69,67%
2 fois par semaine
4,92%
1,64%
4,10%
10,66%
3 fois par semaine
1,64%
2,46%
0,82%
4,92%
1 fois par semaine
7,38%
3,28%
2,46%
13,11%
2 fois par mois
0,82%
0,00%
0,00%
0,82%
1 fois par mois
0,82%
0,00%
0,00%
0,82%
TOTAL
44,26%
33,61%
22,13%
100%
« Disponible partout » est le troisième terme le plus utilisé pour définir les sacs en plastique.
« On peut en trouver partout et à chaque fois qu’on en a besoin », aussi bien au niveau des
petits étals que des épiceries de quartier et même dans les grandes surfaces. Ainsi, on peut
- 39 -
se procurer ces sacs sans fournir d’efforts particuliers contrairement aux paniers artisanaux
qui ne se retrouvent que dans des endroits spécifiques tels que les villages artisanaux.
b.
Associé à l’absence de dispositions réglementaires…
Conformément au questionnaire ayant servi de base à l’enquête, nous avons demandé aux
personnes si elles étaient disposées à opérer un tri des déchets plastiques. Sur la proportion
ayant répondu « non, pas du tout », nous en avons interrogé la raison. Une des réponses
récurrentes, après analyse lexicale, était « l’absence de dispositions réglementaires » à ce
sujet. En effet, les enquêtés ont répliqué qu’ils n’étaient pas contraints de le faire et ne voyait
aucune raison valable de s’y obliger.
Comme il s’agissait d’une question ouverte, cette assertion a été également vérifiée lors du
focus groupe que nous avons organisé. La réticence a été expliquée de la manière suivante
par les intervenants :
« De nos jours, la plupart des produits sont, soit en plastique soit emballé dans du plastique.
Pourtant aucune loi ne réglemente ni ne limite l’usage des plastiques par les industriels.
Alors pourquoi obligerait-on les consommateurs à faire attention et les contraindre à trier les
déchets. Et quand bien même cela serait nécessaire, aucune disposition de la sorte n’existe
encore pour qu’ils y souscrivent ».
c.
Et au dégoût pour manipuler les déchets…
L’analyse lexicale des réponses à la même question que la précédente a également mis en
relief l’existence d’une « culture de dégoût pour les ordures » chez les Malagasy. En effet,
les gens trouvent « répugnant et inutile » de manipuler les déchets.
Lors du focus groupe, nous avons demandé aux intervenants de donner leurs définitions des
ordures. Quelques définitions ont été rapportées ici afin de comprendre la mentalité des
intervenants :
« Un déchet, c’est ce qui est jeté » ;
« Un déchet est un bien sans valeur sociale ou marchande » ;
« Un produit devient un déchet à partir du moment où il est mis à la poubelle » ;
« Un déchet, c’est ce qui est souillé » ;
« C’est ce qui est inutilisable ou encombrant ».
Ainsi, pour les enquêtés et les intervenants du focus groupe, la poubelle contient des biens
salis et impropres à l’usage. Aucun ne considère que les choses jetées puissent être
- 40 -
réutilisées par d’autres. Par ailleurs, cette perte d’usage ou de valeur ne mérite ni qu’on y
consacre du temps ni qu’on s’y salisse.
d.
Ont abouti à une utilisation insouciante des sacs…
L’habitude est de n’acheter les sacs en plastique qu’une fois au marché (44% des cas) ou
d’en réclamer, à titre gratuit, auprès des commerçants (22% des cas). En effet, la fourniture
des sachets est considérée par le consommateur comme un service après vente que doit lui
procurer le vendeur.
D’une part, on remarque que 61% des enquêtés affirment « ranger les sachets pour les
réutiliser plus tard »37, alors qu’en définitive, 31% d’entre eux seulement s’en resservent
vraiment. Les 30% restants se contentent de les amasser chez eux mais en achètent ou en
réclament encore au marchand à chaque fois qu’ils font leurs courses. De plus, la proportion
des personnes qui ne se soucient pas de réutiliser les sacs est relativement alarmante car
dans 35,5% des cas ils les « jettent immédiatement » après usage, sans précaution
aucune.
D’autre part, on remarque une tendance des gens à brûler ces sacs en plastique. Cette
pratique vient d’une idée fausse sur l’élimination de ce type de déchet. Considérant le
plastique comme un « polluant difficilement dégradable », plusieurs individus prennent
l’initiative d’incinérer les débris avec les ordures ménagères afin d’éviter leur éparpillement
sans envisager, toutefois, que ce procédé ne fait que transformer la pollution visuelle en
pollution du sol et de l’air.
Enfin, quelques ménages utilisent le plastique comme sources d’énergie. Economiques et
abondants, les déchets plastiques sont utilisés comme combustibles pour cuire les repas
malgré l’odeur et la fumée qui s’en dégage.
Tableau 9 : Comportement réutilisation des sachets et comportement sur acquisition de sachets
comport_réutil_sache
comport_sachet
je range pour les
réutiliser plus tard
je brûle
immédiatement
je jette
immédiatement
TOTAL
j'achète les sachets sur place
19,83%
1,65%
22,31%
43,80%
j'apporte les sachets de la maison
30,58%
0,00%
3,31%
33,88%
je demande que le vendeur me procure des sachets
10,74%
1,65%
9,92%
22,31%
TOTAL
61,16%
3,31%
35,54%
100%
37 Il faut noter que les grands sacs sont souvent conservés en vue d’un usage ultérieur tandis que les petits sachets, trop fragiles et impropres à une réutilisation, sont
immédiatement jetés
- 41 -
e.
D’autre part, une défaillance dans la collecte des ordures…
Près de 39% des enquêtés s’estiment insatisfaits du service de collecte des ordures,
trouvant les points de collecte encore relativement éloignés. Au lieu d’approcher les grands
bacs à ordures, les gens recourent à d’autres modes tels que le creusage de fosses
domestiques, le paiement d’un manœuvre38 ou bien les services d’un ramassage à domicile.
Il faut remarquer que, outre la distance des bacs à ordures, d’autres facteurs découragent
également les gens à apporter leurs déchets vers ces points de collecte, entre autres :
- La hauteur des bacs qui ne permet pas à une personne de taille moyenne de déverser les
poubelles correctement dans l’enclos ;
- L’insalubrité qui entoure ces bacs étant donné les ordures dispersées autour, notamment à
cause des démunis qui fouillent les poubelles pour survivre.
Cette situation explique, entre autres, que 36,55% des enquêtés ayant un bac à ordures
« très près » de chez eux, décident néanmoins, de faire appel à d’autres formules.
Tableau 10 : Utilisation de bacs à ordures et distance des points de collecte
distance_bacs
très près
assez près
NSP
assez loin
très loin
TOTAL
habit_jet_ordures
fosse à ordures domestiques
9,23%
6,92%
1,54%
2,31%
7,69%
27,69%
bacs à ordures
25,38%
9,23%
5,38%
3,08%
5,38%
48,46%
manoeuvre
3,85%
4,62%
2,31%
1,54%
6,15%
18,46%
service de ramassage
1,54%
0,77%
0,77%
0,00%
2,31%
5,38%
TOTAL
40,00%
21,54%
10,00%
6,92%
21,54%
Par conséquent, l’habitude des ménages concernant leurs poubelles varie selon la modalité
qu’ils ont adoptée. On remarque alors que ceux qui creusent des fosses domestiques
(42,31%) arrivent à vider leurs poubelles quotidiennement. Par contre, les personnes
rejoignant les bacs à ordures ont adopté un rythme de 1 à 3 fois par semaine. Toutefois, dès
que le service est payant, les ménages ont tendance à entasser les ordures avant de faire
appel à un manœuvre. 50% arrivent à adopter une fréquence assez surprenante de 2 fois
par mois.
38
souvent un enfant
- 42 -
Tableau 11 : Utilisation des bacs à ordures et fréquence
fréq_ordures
quotidien
habit_jet_ordures
f.
2 fois par
semaine
3 fois par
semaine
1 fois par
semaine
2 fois par
mois
TOTAL
fosse à ordures domestiques
42,31%
0,00%
5,56%
18,18%
0,00%
27,69%
bacs à ordures
39,74%
63,16%
72,22%
45,45%
50,00%
48,46%
manoeuvre
10,26%
36,84%
22,22%
27,27%
50,00%
18,46%
service de ramassage
7,69%
0,00%
0,00%
9,09%
0,00%
5,38%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Et un ressenti contraignant des travaux d’intérêt public…
Le tableau récapitule les réponses des enquêtés fournies aux 3 questions ci-après :
- Pensez-vous que le fokonolona ou les associations de votre fokontany font des efforts pour
assainir votre quartier ?
- Avez-vous confiance aux directives ou incitations émanant du fokontany/des associations
de votre quartier ?
- Ressentez-vous des contraintes dans l’accomplissement des travaux d’intérêt général
dans votre quartier ?
Tableau 12 : Effort des fokontany et ressenti de la population
4 points
3 points
2 points
1 point
0 point
TOTAL
24.effort_fokonolona
35,38%
22,31%
9,23%
10,77%
22,31%
100%
25.confiance_fokonolona
40,77%
24,62%
8,46%
12,31%
13,85%
100%
26.contrainte_trav
42,31%
10,00%
3,08%
13,08%
31,54%
100%
A la 3ème question, près de 48%39 des enquêtés perçoivent des pressions ou ne portent
aucun intérêt dans la réalisation des actions de fokontany. Généralement, les autorités de
quartier viennent frapper aux portes pour obliger les gens à participer aux activités et
menacer tout contrevenant d’une amende. Il ne s’agit donc pas d’une mobilisation mais
d’une approche coercitive qui aboutit à la réticence voire au désintérêt de la population vis-àvis des travaux d’intérêt public.
39
pour ceux qui ont attribué 0, 1 et 2 points
- 43 -
g.
Ont faibli la confiance de la population vis-à-vis des fokontany…
La population a encore relativement peu confiance aux autorités et groupements de
fokontany qui doivent normalement exercer les actions directes de proximité. D’une part, les
ménages sont insatisfaits des efforts d’assainissement entrepris par ces acteurs locaux
(Tableau 12) et, d’autre part, plus de la moitié des enquêtés ressentent encore des
contraintes dans l’accomplissement des travaux d’intérêt général ou « asam-pokonolona ».
Par conséquent, les ménages estiment que les autorités de fokontany les astreignent à
accomplir, à leur place, le travail qui leur incombe en temps normal. On peut en déduire que
le manque de crédit accordé aux pouvoirs locaux découle d’un défaut de compétence dans
la mobilisation de la population.
h.
Annihilant toute initiative d’une utilisation prudente des sacs en
plastique…
Les résultats de nos investigations, que ce soit ceux de l’enquête ou du focus groupe, ont
démontré qu’aucune initiative n’est prise par la population pour limiter voire gérer leur
utilisation de sacs en plastique. En effet, bien qu’ils soient largement lucides sur le volume
de pollution causée par ces déchets, ils adoptent un comportement laxiste vis-à-vis du
problème.
i.
Puisque les gens constatent la pollution visuelle générée…
Le graphique montre la proportion des individus remarquant la pollution visuelle engendrée
par les sachets en plastique. Près de 71% des enquêtés sont parfaitement au fait de la
pollution produite par ces sacs jetés ici et là. A l’origine d’une pollution visuelle incontestable,
les sacs dérangent car ils virevoltent dans les rues, restent accrochés aux arbres et aux
poteaux ou bien s’entassent régulièrement dans les foyers. De rares enquêtés ont même
évoqué que le plastique est difficilement dégradable et qu’il rend les ordures impropres à
toute valorisation. D’autres pensent que le plastique est source de diverses maladies dont le
cancer.
- 44 -
Graphe 4 : Répartition en secteurs de la perception de la pollution
Répartition en secteurs de 'conscience_pollution'
8,46%
oui, beaucoup
3,85%
3,08%
oui, un peu
NSP
non, presque pas
13,85%
non, pas du tout
70,77%
ii.
Mais ils n’agissent ni ne sont disposés à agir en conséquence…
Premièrement, bien que les gens voient parfaitement que les sachets en plastique « polluent
énormément » leur habitat, ils n’en modifient pas leurs habitudes et leurs comportements.
Ainsi, cette perception ne les incite pas à réduire le nombre de sachets utilisés que ce soit
pour les courses ou bien pour les commissions. Nous l’avons mentionné auparavant, les
ménages emploient en moyenne 2,98 sacs à chaque fois et la perception de la pollution
n’influe que très faiblement sur cette quantité comme nous l’indique le graphique.
- 45 -
Graphe 5 : Perception de la pollution et utilisation de sacs en plastique
nb_util_sachet
1.10
0.55
conscience_pollution
Le graphique montre les 386 points de coordonnées perception_pollution ; nb_util_sachet
Equation de la droite de régression : nb_util_sachet = 0,23 * perception_pollution + 2,51
Coefficient de corrélation : 0,136 (perception_pollution explique 1% de la variance de nb_util_sachet)
Ecart_type du coefficient : 0,149 (Peu influent)
Chaque observation est représentée par un point.
Deuxièmement, les enquêtés perçoivent effectivement la contamination générée par les
sachets en plastique mais ne sont pas disposés à mettre le prix pour la réduire. Le prix
psychologique40 mis pour la substitution par un autre type de panier se situe pour près de
65% à moins de ARIARY 850, la moyenne étant de ARIARY 880.
Tableau 13 : Perception pollution et Prix psychologique
conscience_pollution
oui, beaucoup
oui, un peu
NSP
non, presque pas
non, pas du tout
TOTAL
prix_psychologique
moins de 850
52,14%
6,84%
1,71%
4,27%
0,00%
64,96%
de 850 à 1680
14,53%
2,56%
0,85%
0,00%
0,00%
17,95%
de 1680 à 2510
5,98%
3,42%
0,00%
0,00%
0,00%
9,40%
plus de 2510
4,27%
1,71%
0,85%
0,00%
0,85%
7,69%
TOTAL
76,92%
14,53%
3,42%
4,27%
0,85%
Enfin, le tableau montre clairement que la proportion des enquêtés « non disposés » à trier
les ordures, soit 49,23%, pour extraire les déchets plastiques est nettement supérieure à
celles « très disposées » à le faire, soit 33.85%. La différence des répartitions entre 'très
disposé' et 'pas disposé' est significative (chi2= 12,23, 1-p = 98,43%).
40
En marketing, le prix psychologique est la moyenne des prix avoués pour lesquels les individus seraient prêts à
payer pour un bien ou un service donné
- 46 -
De plus, on remarque que 46,74%41 des enquêtés affirmant être « très conscients42 » de la
pollution avouent, de façon contradictoire, « ne pas être disposés » à pratiquer un tri sélectif.
Cette attitude négative est prétextée notamment par la paresse, le manque de temps ou le
manque d’habitude.
Tableau 14 : Perception pollution et Volonté de tri
conscience_pollution
volonté_tri_sachet
oui,
beaucoup
oui, un peu
NSP
non, presque
pas
non, pas du
tout
TOTAL
très disposé
26,92%
2,31%
0,77%
3,08%
0,77%
33,85%
assez disposé
4,62%
3,85%
0,77%
0,00%
0,00%
9,23%
NSP
3,85%
0,77%
0,00%
0,77%
0,00%
5,38%
pas vraiment disposé
2,31%
0,00%
0,00%
0,00%
0,00%
2,31%
pas disposé
33,08%
6,92%
1,54%
0,00%
7,69%
49,23%
TOTAL
70,77%
13,85%
3,08%
3,85%
8,46%
En bref, le problème des déchets plastiques est relativement complexe et concerne de
nombreux acteurs : la population, les services d’assainissement de la ville, les opérateurs
économiques, les organismes de protection de l’environnement, le législateur, etc. La
gestion des déchets plastiques au sein de la commune urbaine revient à opposer des
intérêts divergents.
En premier lieu, la population, bien qu’elle soit la première concernée par les problèmes de
la pollution plastique et qu’elle soit la première à s’en apercevoir, adopte une conduite laxiste
face à la situation. Manque d’informations, attitudes et croyances négatives en sont les
causes principales. Il s’agit donc d’un important problème de comportement résultant d’une
défaillance de la communication.
En second lieu, les opérateurs économiques et les services d’assainissement de la ville
d’Antananarivo manifestent des préoccupations contradictoires car les premiers seraient
perdants dans un contexte où les seconds en ressortiraient gagnants. Il est donc nécessaire
de rallier les deux parties autour d’une vision commune, de les amener à négocier leurs
responsabilités respectives et de saisir le législateur le cas échéant. Dans ce domaine
précis, la communication reste également un problème majeur.
41
42
proportion obtenue en faisant le total par colonne
modalité « oui, beaucoup »
- 47 -
1.2 Et étudier les groupes concernés…
Dans une problématique de développement, différents groupes sont concernés : le ou les
groupes cibles, le Gouvernement, les autorités régionales, les bailleurs de fonds, les experts
chargés d’études, l’organisme chargé de l’exécution, etc. Chacune de ces parties porte un
regard spécifique et dispose d’un apport particulier sur la situation. Il est utile de s’efforcer de
les comprendre afin de les atteindre et de les mobiliser grâce à des messages bien ciblés
par rapport à leurs préoccupations.
Cette analyse :
- Donne un aperçu de tous les individus, groupes, organisations qui ont un quelconque
rapport avec l’intervention ;
- Permet d’identifier les intérêts et les attentes des personnes et des institutions
susceptibles d’être importants pour le projet.
L’étude devra, dans ses grandes lignes :
- Recenser les principaux individus et institutions ayant une importance critique pour la
réussite du programme ;
- Former des catégories telles que les bénéficiaires, les décideurs, les prescripteurs, les
groupes cibles, etc. ;
- Caractériser et analyser leurs besoins et leurs aspirations, leurs centres d’intérêts et leurs
opinions, leurs forces et leurs faiblesses ;
- Identifier les conséquences pour la mise en œuvre de l’intervention.
1.2.1 Recenser les intervenants et former des catégories…
Le tableau ci-après inventorie, d’une part, les parties prenantes possibles au problème
(public primaire) pour lesquelles nous attendons une action pour le changement, et d’autre
part, les intervenants qui pourraient les influencer (public secondaire). Nous avons formé
deux (2) classifications, à savoir :
- Les parties prenantes institutionnelles ;
- Les intervenants individuels.
- 48 -
Tableau 15 : Les parties prenantes au programme MIKAJY
« CIBLES »
Catégorie
PUBLIC
Rôle et statut par
« PERSONNES
rapport à MIKAJY
INFLUENTES »
PRIMAIRE
Catégorie
PUBLIC SECONDAIRE
Le Réseau des Jeunes pour la Démocratie et la Politique (RJDP)
Plate-forme
Institution
d’associations
Initiateur
du Population
Individus
programme
Associations membres
Institution
Exécutant
CUA
Institution
Bailleurs de fonds
Institution
Bénéficiaire
Conjointe
Individu
Acteur
Enfants
Individu
Collègues
Individu
Média
Institution
Bénéficiaire
Conjoint
Individu
Acteur
Enfants
Individu
Médecins
Individu
Enseignants
Individu
Bénéficiaire
Parents
Individu
Acteur
Camarades de classe
Individu
Enseignants
Individu
Média
Institution
Décideur
CUA
Institution
Exécutant
ONGs
Institution
Bénéficiaire
Projets
Institution
Exécutant
Projets
Institution
CUA
Institution
Fokontany
Institution
Bailleurs
Institution
Autres projets
Institution
Les ménages
Hommes
Femmes
Enfants
Individu
Individu
Individu
Les acteurs de proximité
Fokontany
ONGs
Institution
Institution
Les programmes et projets de développement
Programmes
Institution
Exécutant
et/ou projets
- 49 -
« CIBLES »
Catégorie
PUBLIC
Rôle et statut par
« PERSONNES
rapport à MIKAJY
INFLUENTES »
PRIMAIRE
Catégorie
PUBLIC SECONDAIRE
Les organes d’assainissement
CUA
Institution
SAMVA
Décideur
Ministères
Institution
Exécutant
Bailleurs
Institution
Bénéficiaire
ONGs
Institution
Institution
Exécutant
CUA
Institution
Individus
Perdants
Le secteur privé
Petits
commerçants de
produits
et
opposants
en
plastique
Opérateurs dans Institution
Perdants
le plastique
opposants
Organismes
de Institution
micro-finance
et Ministères
Appui
Consommateurs
Individus
Média
Institution
aux Projets
initiatives
de
valorisation
de
Institution
Institution
déchets
Appui
aux
petits
commerçants
Les ministères et services rattachés
Ministères
et Institution
s/ces rattachés
Décideur
Parlement
Institutions
Exécutant
Bailleurs
Institutions
Décideur
Ministères
Institutions
Société civile
Institutions
Le législateur
Le Parlement
Institution
1.2.2 Caractériser et analyser…
D’une part, l’analyse des parties prenantes institutionnelles consiste à :
- Identifier les organismes et groupements publics, privés ou associatifs pouvant être
impliqués dans la planification et l’exécution de la stratégie comme ressources ou comme
bénéficiaires ;
- Décrire leur mission, leurs ressources, leurs expériences ou leurs motivations.
- 50 -
D’autre part, l'étude des publics cibles « individus » consiste à examiner :
- Leurs caractéristiques socioculturelles, leurs statuts et leurs rôles ;
- Leurs connaissances, leurs croyances, leurs attitudes et leurs pratiques liées au
problème.
Par ailleurs, nous avons procédé à deux (2) niveaux de diagnostics : un diagnostic interne du
RJDP qui est l’initiateur du programme et un diagnostic externe portant sur les autres
groupes.
a.
Le diagnostic interne : le RJDP
Le Réseau des Jeunes pour la Démocratie et la Politique est une plate-forme d’associations.
Sa constitution en plate-forme lui confère divers avantages, à savoir notamment :
- La possibilité d’entreprendre des actions de plus grande envergure en faisant intervenir
toutes les associations membres selon leur profil et domaine d’intervention respectif ;
- La synergie grâce aux échanges d’expériences et aux partages des compétences
spécifiques à chaque membre ;
- La réalisation des actions directes de proximité par les associations présentes à la base ;
- La crédibilité du Réseau facilitant l’accès auprès des différents partenaires.
En termes d’image et de notoriété, le RJDP a mené ou participé à diverses activités dans le
cadre de la bonne gouvernance et de l’éducation à la citoyenneté et au civisme. Ainsi, le
Réseau est bien connu auprès d’organismes tels que l’USAID, le CRS, le BIANCO ou
l’OEMC. Par ailleurs, le RJDP dispose également d’une notoriété auprès des média grâce,
d’une part à la conférence de presse qu’il a organisé dans le courant du mois de mars 2005
et d’autre part, à ses relations de presse. Toutefois, il faut remarquer que sa notoriété est
encore modérée auprès des jeunes qui constituent ses principales cibles. La consonance
politicienne du Réseau provoque encore la méfiance de la cible.
En terme de compétence, cette plate-forme intervient essentiellement par des actions de
communication pour le changement de comportement. Elle a suivi des formations en
techniques de communication, de plaidoyer et de négociation axées particulièrement sur la
consolidation de la démocratie. Par contre, le RJDP n’est pas compétent en termes
d’ingénierie de projets d’infrastructures, mais dispose des aptitudes dans la prise en charge
- 51 -
de projets de communication. Il doit ainsi rechercher des partenaires pour toutes actions
nécessitant la mobilisation d’un tel savoir-faire.
En terme de ressources, le RJDP est une organisation à but non lucratif et fonctionne à partir
des cotisations de ses membres. Toutefois, ces ressources propres ne suffisent pas encore
pour réaliser les projets de la plate-forme. Cette dernière doit, en conséquence, recourir à
des financements externes et mobiliser des fonds auprès des bailleurs. Notons que la
Friedrich-Ebert-Stiftung demeure le premier partenaire du Réseau dans le cadre des actions
de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance. Toutefois, le RJDP développe
progressivement ses relations avec d’autres organisations. Quoi qu’il en soit, le Réseau doit
se focaliser sur des projets entrant dans le cadre des Petites Actions Faisables ou PAF en
recherchant le meilleur rapport coûts – bénéfices.
b.
Le diagnostic externe: les parties prenantes au problème
L’établissement de ce diagnostic a mobilisé quelques méthodes de recherche. Nous avons
procédé à :
- Une recherche documentaire en consultant les études spécialisées sur les cycles de
développement de l’individu, la capitalisation des acquis en matière d’Education au
civisme et à la citoyenneté ;
- Une consultation des études faites sur l’agglomération d’Antananarivo ;
- Une revue des textes réglementaires sur les Collectivités Territoriales Décentralisées, les
fokontany, etc. ;
- Des entretiens auprès de quelques fokontany de la zone d’intervention de CARE
MAHAVITA à Antananarivo.
i.
Les ménages
Une partie des analyses portant sur les ménages et relatives à leurs pratiques et attitudes
face au problème des déchets plastiques a déjà été traitée lors de l’examen de la situation.
Néanmoins, nous aimerions rappeler que le comportement de la population avec les déchets
ménagers est un comportement exclusivement domestique et difficilement contrôlable. En
conséquence, cette section se focalisera sur les caractéristiques sociales des ménages.
- 52 -
Le comportement d’un individu est largement influencé par les différents membres de sa
famille. Il est utile de distinguer deux (02) sortes de cellules familiales : la famille
d’orientation, qui se compose des parents et de la fratrie ; et la famille de procréation, formée
par le conjoint et les enfants. Dans sa famille d’orientation, l’individu acquiert des attitudes
envers la religion, la politique ou l’économie mais aussi envers lui-même, ses espoirs et ses
ambitions. Il s’agit principalement de l’influence des parents sur les enfants. Même lorsqu’il a
quitté le nid familial, l’enfant subit toujours l’influence plus ou moins consciente de ses
parents dans ses prises de décision.
De tous les groupes interpersonnels, c’est certainement la famille de procréation qui exerce
l’influence la plus profonde et la plus durable sur les opinions et valeurs d’un individu. Il s’agit
notamment de l'ascendant que les enfants peuvent exercer sur leurs parents.
Ainsi, il est utile de chercher à comprendre la répartition des rôles et les mécanismes de
résorption des désaccords au sein de la cellule familiale. L’influence relative de chaque
membre de la famille varie considérablement selon le type de décision à prendre, le statut et
le rôle de chacun.
- Les parents
Le mari et le père
Au sein des ménages malagasy, l’homme est le chef de famille auquel on doit respect et
obéissance. Il joue le rôle de protecteur, de nourricier et subvient aux besoins du foyer. Ses
principales préoccupations sont d’ordre économique et sécuritaire. Dans la vie quotidienne, il
domine surtout les décisions concernant les dépenses lourdes telles que les voitures, les
réparations ou les impôts.
La femme et la mère
La femme est la gardienne du foyer malagasy. Elle pourvoit au bien-être des membres de sa
famille, elle est la première responsable de l’éducation des enfants et elle gère le budget
familial. Ses préoccupations premières sont d’ordre sanitaire, éducationnel et économique.
Elle domine les achats les plus courants tels que les courses, les vêtements ou les repas.
- 53 -
La femme est prudente voire exigeante concernant ses domaines de préoccupation. C’est
ainsi, par exemple, qu’elle est réfractaire aux messages publicitaires agressifs qui tentent
d’influencer sa perception en matière de santé. Elle privilégie les sources interpersonnelles
où la qualité informative est supérieure. Elle préfère, par exemple, les conseils des autres
mères, des enseignants ou bien les avis des médecins et des spécialistes par rapport aux
publicités de nature commerciale.
- Les enfants
Au sens large, le mot « enfant » désigne l’individu qui vit encore dans la cellule familiale. Ce
statut dans les ménages malagasy est celui de la relève : « solofo dimbin’ny ala »,
« taninketsan’ny firenena ». Le rôle de « l’enfant » est d’apprendre, non seulement, de leurs
parents, mais également, de leurs professeurs d’école auxquels ils doivent respect et
obéissance.
Cependant, obéissance ne signifie pas ignorance car les « enfants » jouissent d’un pouvoir
de prescription de plus en plus important au sein de la famille. Néanmoins, il faut les
distinguer selon leur âge et le stade de développement de leur personnalité. En effet, ces
critères différencient leurs rôles et leurs statuts au sein de la société.
L’enfance (0 à 12 ans)
Les psychologues découpent généralement l’enfance en trois (3) périodes, à savoir : celle de
0 à 2 ans, celle de 2 à 6 ans et celle de 6 à 12 ans. D’une manière globale, l’enfance
correspond au début de l’apprentissage et de la socialisation de l’enfant. D’abord, ce dernier
dépend entièrement de ses parents et forge avec eux un attachement exclusif. Plus tard,
l’enfant va rechercher plus l’indépendance et se détache peu à peu des parents. Il tisse
progressivement des liens d’amitié avec d’autres enfants et prend ces derniers pour modèle
en imitant leur comportement. Les amitiés prennent une place de plus en plus importante.
Les préoccupations primaires, de nature égoïste et égocentrique, évoluent graduellement en
des relations de partage et de réciprocité.
Il faut stipuler que l’influence des parents reste prépondérante sur l’enfant. Ce dernier
reprend presque exclusivement l’éducation et les valeurs inculquées par les parents. Il subit
surtout l’autorité parentale et montre un degré plus élevé de respect et d’obéissance.
Toutefois, les caprices sont les premières formes de résistance à cette autorité.
- 54 -
L’adolescence (12 à 20 ans)
Les spécialistes découpent également cette période en trois, à savoir : la pré puberté (11 –
12 ans), la puberté naissante (13 – 14 ans) et l’adolescence proprement dite (15 à 20 ans).
C’est une période caractérisée par le déséquilibre social dû à une recherche d’identité. On
constate une nette augmentation des problèmes et des conflits avec les parents et l’autorité.
Vers 11 ou 12 ans, cette résistance se manifeste par un caractère belliqueux et désinvolte
de l’adolescent pour aboutir, vers 14 ou 15 ans, à de véritables remises en question des
opinions religieuses, morales ou politiques reçues pendant l’enfance. L’adolescent recherche
sa propre identité, l’émancipation et l’indépendance. Il hésite entre deux (2) tendances, l’une
tournée vers le passé et les valeurs inculquées par la cellule familiale et l’autre vers l’avenir.
Dénués de profonds préjugés, les adolescents sont particulièrement réceptifs au
changement et plus facilement influençables.
Dans le milieu éducatif, l’adolescent subit de très fortes pressions de son entourage
immédiat. Professeurs, amis ou collègues constituent son groupe de référence primaire
auquel il a besoin d’appartenir. Le groupe des pairs devient plus important et les valeurs de
ce groupe s’imposent. Ce milieu peut le renseigner et même lui inculquer un modèle de
comportement donné. C’est pendant cette période, par exemple, que l’adolescent rejoint une
bande.
L’adolescent subit également l’influence des média. La télévision, par exemple, est
considérée comme un instrument de détente malgré les flux d’informations qui y sont
véhiculés. Les émissions diffusées peuvent montrer des références qui tendent à être
copiées et adoptées aisément. Cette constatation signifie, entre autres, que « l’enfant » est
très réceptif dans le cadre d’une activité de loisir.
La jeunesse (18 à 22 ans)
On remarque un chevauchement entre l’adolescence et la jeunesse. Ceci peut s’expliquer,
d’une part, par le rythme d’évolution des individus (où les uns accusent un retard par rapport
aux autres), mais également, par l’interdépendance entre ces deux (2) périodes. Si
l’adolescence apparaît comme une phase de transition, la jeunesse est considérée comme
une période de consolidation. La plupart des individus ont résolu la crise d’identité. Les choix
professionnels, religieux et idéologiques sont réalisés à cette période. Le jeune est en train
d’affirmer les choix qui lui sont propres.
- 55 -
Le début de l’âge adulte (à partir de 22 ans)
Cette période correspond généralement au départ du foyer familial. Toutefois, il faut
remarquer qu’à Madagascar, ce départ est relativement tardif surtout si le jeune adulte
continue sa scolarité. L’apprentissage d’un métier se situe à cette période ; et plus tard la
visée du succès et de l’avancement professionnels mobilisent les énergies. Le
développement personnel est son principal souci. Il agit en fonction des valeurs et des choix
qu’il s’est construit lors de la phase précédente. Beaucoup d’autres préoccupations sont
reléguées à l’arrière plan. Les amitiés sont moins importantes et même les relations avec les
parents sont moins fréquentes.
ii.
Les acteurs de proximité
Ces acteurs occupent une position centrale car ils travaillent à la base. Grâce à leurs
expériences et à leurs connaissances du terrain, ils acquièrent une compétence dont ils
peuvent faire profiter les autres acteurs du développement. Ils sont aptes à transmettre, à
travers les canaux de communication plus appropriés aux réalités locales, leur savoir sur les
problèmes, les besoins et les solutions locales concernant un problème donné ainsi qu’à
promouvoir la réalisation des actions de développement. Trois (3) types d’acteurs de
proximité peuvent être brièvement évoqués, à savoir : les fokontany, les associations et les
ONGs.
Les fokontany
La Commune Urbaine d’Antananarivo compte actuellement 192 fokontany répartis dans les
6 arrondissements. Ces fokontany constituent des subdivisions43 du territoire de la
Commune urbaine et la tendance est d’en faire des bases du développement. Les fokontany
sont impliqués dans les processus de planification, de réalisation et de pérennisation des
actions. Dans quelques fokontany pilotes, des Plans de Développement de Fokontany ou
PDF ont été élaborés. La généralisation future de cette méthode devrait, à terme, contribuer
au Plan Communal de Développement ou PCD. Il leur appartient dorénavant de prioriser les
projets de développement envisagés et de soutenir leurs dossiers auprès de la CUA.
Toutefois, les rôles et les compétences des fokontany sont encore relativement ambigus et
inconstants. Cette situation freine parfois la marche du développement car les autres
acteurs44 n’ont pas de véritables répondants compétents. En tant que bases du
43
44
Décret n°2004-299, fixant l’organisation, le fonctionnement et les attributions du Fokontany
les projets et les programmes de développement à l’instar du Programme MAHAVITA de CARE
- 56 -
développement, les fokontany devraient également être les promoteurs de la gouvernance
locale45. Cependant, force est de constater que les autorités de fokontany doivent être
appuyées pour exercer pleinement ce rôle. Si les fokontany jouent encore aujourd’hui le rôle
du Gendarme au pouvoir coercitif, les différentes interventions au niveau local tendent à
renforcer leur capacité en matière de mobilisation de la population, de maîtrise d’ouvrage ou
de gestion.
Les associations de quartiers et les ONGs
Les associations et les ONGs réalisent les actions directes de proximité. La plupart du
temps, ils naissent des initiatives locales et sont issus de la zone même. Ils sont donc très au
fait des réalités du terrain et des besoins réels de la population.
Cependant, ces groupements sociaux sont rarement autonomes financièrement et
nécessitent un financement externe pour la réalisation de leurs objectifs. Par ailleurs, il est à
déplorer que plusieurs organisations soient constituées parfois dans un simple but lucratif
et/ou dans le cadre d’activités ponctuelles. Par ailleurs, ces multitudes d’initiatives46
n’arrivent que rarement à être coordonnées et on assiste à un éparpillement des efforts.
Cette situation suscite la prudence de la population et des organismes de soutien envers les
véritables motivations de ces associations communautaires. Ce constat remet également en
question les rôles de ces dernières en tant que véritables représentants de la population ce
qui amenuise leur poids en tant que Société Civile et partenaires du développement aux
côtés de l’Etat et du secteur privé.
Voarisoa Observatoire
Toutefois, le tableau n’est pas si noir car il existe des organismes mieux structurés qui
pourraient constituer des partenaires valables voire incontournables. On peut, par exemple,
citer l’ONG Voarisoa qui a déjà des réalisations très concluantes en matière de gestion des
risques chimiques notamment auprès de la Commune rurale de Tanjombato. Cette ONG
intervient également dans la gestion des Polluants Organiques Persistants ou POP tels que
le plastique et peut, dans le cadre du problème considéré :
- constituer « un Système d’Information Environnemental de Veille » ou SIEV47 chargé de
mettre à disposition des différents acteurs les éléments d’informations nécessaires pour
fins de sensibilisation ou de prise de décision ;
45
Cette contribution suppose participation, transparence, redevabilité, imputabilité, équité sociale, efficacité et
efficience avec une capacité d’ajustement selon l’évolution du contexte.
46
Au dernier recensement de la Direction de la Coordination des Initiatives Sociales de la CUA, la commune
urbaine comptait 292 associations et ONGs (chiffres au février 2005)
47
Voir Annexe 3 : Système de développement de la sécurité chimique standard
- 57 -
- procéder à des actions de communication telles que l’information, la formation ou même
le lobbying ;
- appuyer des initiatives en fournissant une assistance technique ou logistique.
Toutefois, cet organisme fonctionne à partir de financements qui lui sont accordés pour une
activité donnée. Ses moyens sont limités quant à initier des études ou des démarches de
manière indépendante. De plus, le succès d’un système de veille environnementale
nécessite l’adhésion de tous les acteurs concernés tels que les industriels, les opérateurs, la
Commune ou la population. En conséquence, l’opérationnalisation d’un tel dispositif
nécessite au préalable des négociations et des engagements concrets entre tous les
intervenants au problème.
iii.
Les programmes et les projets de développement
Les programmes et les projets de développement agissent en tant qu’organisations de
soutien. Ils possèdent à la fois des responsabilités d’interventions verticales et horizontales :
D’une part, les programmes jouissent d’un bon accès auprès du monde politique en raison
de leur caractère multilatéral et humanitaire. Leur rôle consiste à défendre dans les hautes
sphères des propositions qui permettraient une meilleure gestion de l’environnement. Ces
recommandations peuvent consister en des dispositions réglementaires, des cadrages
institutionnels, des efforts infrastructurels ou des mobilisations de ressources.
D’autre part, les projets de développement ont un accès direct auprès des populations
bénéficiaires soit en travaillant directement avec elles soit en collaborant avec les ONGs, les
fokontany et les associations de quartier. Ces programmes jouent ainsi le rôle :
- D’interfaces entre les différents acteurs ;
- D’organismes d’appui aux initiatives locales, d’empowerment et de gestion durable de
l’environnement ;
- De défenseurs de l’éthique, de la déontologie et des principes d’une gouvernance locale ;
- De promoteurs des compétences locales.
Enfin, la tendance est actuellement de coordonner les interventions entre tous les acteurs du
développement. Les projets de développement travaillent en partenariat dans la réalisation
d’une vision commune afin de partager les risques, d’éviter la redondance des actions et de
limiter l’éparpillement des moyens. Au sein de la Commune Urbaine d’Antananarivo,
- 58 -
quelques acteurs inconditionnels soutiennent le développement de la ville et travaillent en
partenariat avec la municipalité. On peut citer, par exemple :
Le Programme Mahavita de Care
Care intervient à Antananarivo dans le cadre du Programme Mahavita. Ce programme
envisage de travailler actuellement dans environ 80 Fokontany situés dans la partie basse
de la Capitale. Les objectifs sont le renforcement institutionnel local en travaillant sur la base
de Plans de Développement de Fokontany. Par ailleurs, Mahavita réalise dans le
prolongement des plans communaux de développement des microprojets d’investissements
tels que les bornes fontaines ou les aménagements de ruelles.
Les projets du Handicap International
Handicap International apporte son soutien aux associations des personnes en situation de
handicap dans l’agglomération d’Antananarivo. En plus de ces activités traditionnelles en
faveur des handicapés, HI met en œuvre des projets de développement urbain depuis1997
dans le cadre du projet PAIQ. HI a ainsi participé au renforcement d’associations locales de
quartiers dans le cadre de la mise en œuvre des projets d’aménagements.
Le projet de la Région Ile de France
La Région Ile de France a signé un accord de cooopération avec la Commune Urbaine
d’Antananarivo depuis 1990.
Dans le domaine de l’urbanisme quelques axes prioritaires ont été retenus dans le cadre de
l’accord de coopération signé avec la Commune, à savoir :
- La réalisation d’équipements sanitaires, plus d’une centaine de blocs sanitaires ont été
ainsi installés ;
- La distribution d’eau, des nouvelles bornes fontaines ont été installées dans les quartiers ;
- La collecte des déchets, le projet a renforcé le réseau des bacs à ordures présents dans
la ville ;
- La lutte contre la malnutrition avec le programme Nutrimad ;
- La prévention contre le SIDA ;
- L’appui institutionnel à la CUA, avec le financement d’un poste auprès du Maire
d’Antananarivo, ainsi que l’organisation de programmes de formation pour les élus et les
agents municipaux.
Aide et Action
Aide et Action appuie la scolarisation des enfants dans l’agglomération d’Antananarivo. Ses
activités ont pour objectif de soutenir l’engagement des acteurs locaux en faveur de
- 59 -
l’éducation et du changement social. Aide et Action dispose ainsi d’un accès direct au sein
du secteur éducation car il se positionne comme un organisme d’appui :
- Aux initiatives locales en matière d’éducation : association des parents d’élèves ;
- Aux institutions en charge de l’éducation de base : circonscription scolaire ;
- Aux associations et ONGs locales.
Le projet ADH48
Ce programme a pris le relais de l’ONG ENDA dans le cadre de l’appui à la gestion des
ordures ménagères dans la Commune urbaine. L’ADH a initié des projets pilotes dans 2
fokontany, à savoir : le fokontany FAAMI49 et le fokontany d’Andranomanalina. A travers le
projet MAILO, l’ADH :
- A mis en place un système de bacs intermédiaires ;
- Emploie des jeunes issus du quartier FAAMI pour le ramassage à partir de ces bacs
intermédiaires vers les points de collecte de la CUA ;
- Initié le paiement de cotisations de 1000 MGA par mois par ménage pour la collecte des
ordures ménagères.
Notons que la conception de ce projet a vu la participation de différents acteurs et
notamment le CARE. Cependant, le plus grand souci se situait au niveau de la pérennisation
étant donné que les ordures ne trouvent aucun traitement et que le paiement de la cotisation
n’est pas assuré.
Le programme Inter Aide
Inter Aide intervient à Antananarivo par l’intermédiaire de 2 associations locales :
- Koloaina, qui appuie les familles défavorisées par une assistance sociale. L’association
gère des centres de soutien scolaire et des centres préscolaires et assure un
accompagnement social des familles ;
- CEFOR (Crédit Epargne Formation) qui intervient dans 61 fokontany pour la formation et
l’octroi de petits crédits. Cette association touche environ 2500 personnes.
En définitive, le développement de la ville d’Antananarivo est l’affaire de quelques acteurs
assidus. Ces derniers agissent non seulement dans la réalisation des infrastructures et dans
l’amélioration des conditions de vie des populations mais également dans le renforcement de
leurs capacités à prendre en main leur destin en passant notamment par l’adoption d’un
comportement civique et citoyen50 à l’égard des biens communs et de la vie publique.
48
Assistance au Développement Humain
Fokontany Antohamadinika Antsahalovana Mivondrona
50
le comportement civique consiste à respecter et à exercer les droits et obligations des individus dans les limites
du cadre légal (exemple : Est comportement civique le fait d’exercer son droit de vote à partir de 18 ans) ; audelà du civisme, la citoyenneté intègre la notion de participation active aux décisions politiques, la capacité
49
- 60 -
iv.
Les organes d’assainissement
La Commune Urbaine d’Antananarivo ou CUA
La CUA est une Collectivité Territoriale Décentralisée ou CTD. En tant que telle, elle jouit de
toutes les prérogatives reconnues aux CTD, dont entre autres :
- La responsabilité du développement social et économique de la ville ;
- La protection de son patrimoine et de son environnement ;
- Les latitudes pour réglementer, par arrêté municipal, dans le cadre de ce développement ;
- La création et la perception des obligations fiscales et parafiscales nécessaires.
Il faut noter également que la municipalité est l’organe responsable de la gestion des places
de marché51. La municipalité doit veiller à la sécurité, à la propreté ou au respect des
dispositions communales dans ces emplacements.
Il faut préciser que cette latitude laissée à la CUA ne signifie pas pour autant une disparition
totale des compétences étatiques. L’Etat conserve l’essentiel de ses attributions, notamment
dans des cas précis où il existe des contraintes tenant compte des intérêts supracommunaux tels que l’élaboration des politiques sectorielles.
Sur le plan financier, la CUA est réputée disposer d’une entière autonomie. Outre les
dotations qui peuvent lui être accordées par l’Etat52, la CUA peut rechercher, créer ou
contracter d’autres sources de financement car elle jouit de la pleine capacité morale.
Sur le plan relationnel, la CUA peut forger des alliances intercommunales. Dans le cadre de
projets de plus grandes envergures et dépassant les limites du territoire de la CUA, cette
dernière peut se regrouper avec les Communes mitoyennes du FIFTAMA. A titre d’exemple,
les actions projets concernant la décharge d’Andralanitra, site localisé sur le territoire de la
Commune Rurale d’Ambohimangakely, font l’objet d’une coopération intercommunale.
Enfin, sur le plan opérationnel, la CUA travaille en partenariat avec les programmes et
projets de développement, recherche les bailleurs de fonds et contracte avec les organismes
d’organisation, de défense des droits et intérêts ainsi que la capacité de proposition (exemple : Est comportement
citoyen, le fait de respecter les biens publics)
51
il faut distinguer ici les marchés communaux, dont la gestion incombe à la municipalité, et les marché de
fokontany, dont la gestion revient aux responsables de fokontany
52
votée dans le cadre de la Loi de Finances
- 61 -
d’exécution dans le cadre de projets sociaux. De plus, la CUA s’investit de plus en plus à
développer les Partenariats Publics Privés ou PPP. Elle s’active pour instaurer un cadre
favorable permettant d’attirer, de développer et de pérenniser les investissements privés
entre ses murs afin de bénéficier, en retour, des retombées économiques et sociales.
Le Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo
Conformément à la Loi N° 95.035 du 03/10/1995, la C UA est autorisée à créer des
organismes chargés de l’assainissement urbain et à percevoir des redevances afin d’assurer
cette fonction. Le SAMVA ou Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo a
été créé par le décret N° 96.173 en date du 06 mars 1996.
Il est du ressort du SAMVA d’assurer l’exploitation et la maintenance des ouvrages et
équipements d’assainissement de la ville53 charge à la CUA de lui reverser la part de
redevances perçues devant servir à l’exploitation et de mettre à sa disposition les
équipements nécessaires54. En conséquence, 3 à 8% de l’IFPB55 recouvré par la Commune
devraient être payés au SAMVA au titre de la ROM56 pour assurer la collecte et le traitement
des déchets ménagers.
Cependant, les relations entre la CUA et le SAMVA sont grevées par des problèmes
financiers permanents. En effet, le budget voté au niveau de la CUA pour l’exploitation du
SAMVA ne suit pas les dispositions réglementaires en vigueur. Dans le cadre de la collecte
des ordures ménagères, le budget alloué à ce service est nettement inférieur aux 3% de
l’IFPB réellement perçu par la municipalité. A titre d’exemple, ce dernier n’a reçu que 61,81%
du budget prévu pour son exploitation au titre de l’année 2004. Cette situation vient du fait
que la ROM est gérée par la Commune et n’est reversée que partiellement au SAMVA.
Ces difficultés financières affectent les performances techniques du SAMVA, sont sources
de tensions et remettent en question l’efficacité et l’effectivité du service. Quoiqu’il en soit, le
SAMVA arrive à fonctionner de manière plus que proportionnelle aux redevances qui lui sont
reversées en s’endettant auprès des fournisseurs de service. Cette capacité d’adaptation lui
permet, par exemple, de collecter un tonnage supérieur par rapport à la quantité qui
correspondrait au montant des versements reçus de la CUA.
53
ce qui inclut les 3 volets : eaux usées, ordures ménagères et produits de vidange
Le SAMVA se charge uniquement de l’exploitation et ne fait encore aucun investissement. Les
immobilisations qu’il emploie actuellement ont été mis à sa disposition par la CUA. Par contre, des discussions
ont été engagées concernant les investissements dans le cadre du PIP ou Programme d’Investissements Publics
55
IFPB ou Impôt Foncier sur les Propriétés Bâties
56
Redevance Ordures Ménagères due par tous les contribuables assujettis à l’IFPB
54
- 62 -
Enfin, le SAMVA est chargé de la gestion et de la maintenance des immobilisations qui lui
sont confiées et ne procède pas aux investissements. En effet, ces derniers doivent entrer
dans le cadre des Programmes d’Investissements Publics ou PIP.
v.
Le secteur privé
Les opérateurs privés oeuvrant dans le secteur du plastique seront certainement les plus
grands perdants en cas de mesures liées à la gestion des déchets plastiques. Afin de limiter
les réticences, industriels plasturgistes et commerçants doivent être impliqués et négociés
dans l’élaboration et dans l’application d’un plan de régie de cette matière.
En effet, au lieu de prendre des mesures drastiques visant à pénaliser les opérateurs, des
intérêts conciliés pourraient être trouvés dans le cadre du Partenariat Public Privé57. Le
secteur privé pourrait s’engager dans les actions de prévention et de collecte des déchets
voire investir dans la filière de valorisation. Il pourrait également se tourner vers des produits
plus résistants ou des dérivés tels que les sacs biodégradables.
Par ailleurs, les petits commerçants de sacs en plastique ainsi que les grands distributeurs
pourraient promouvoir l’utilisation d’emballages moins polluants et biodégradables tels que
les sacs en papier kraft ou les paniers artisanaux. Ce revirement pourrait encourager
d’autres filières locales telles que la vannerie ou le recyclage de papier.
Enfin, les organismes de micro finance pourraient jouer un rôle primordial dans la gestion
des déchets au sein de la Capitale. Ils pourraient financer les services de proximité pour la
collecte et la valorisation des ordures ménagères. Le SAMVA ne garantit actuellement que la
collecte des ordures à partir des bacs collectifs, charge aux particuliers d’y déposer leurs
déchets. Cependant, ce principe pose le problème de l’effort et de l’insouciance motivant
l’évacuation sauvage des ordures hors des emplacements prévus. Un système de proximité
consisterait en une gestion communautaire assurant soit :
- Le transport des déchets des particuliers vers les bacs collectifs ;
- L’enlèvement des déchets des particuliers vers des micro centres de valorisation.
57
Un Code de conduite du Partenariat Public Privé devrait être adopté dans la semaine du 30/05/05 définissant
les rôles et les attributions du Secteur Privé et du Secteur Public ainsi qu’un cadre réglementaire des
investissements
- 63 -
Toutefois, le financement pose les conditions de la compétence, de la performance et de la
pérennité des activités. Ces exigences garantissent le remboursement des crédits alloués.
On pourrait, par exemple, s’inspirer des formes de collaboration entre l’établissement de
micro-crédit Entreprendre A Madagascar ou EAM et l’organisme Jeunes Vie Associative ou
JVA58. Ce dernier travaille dans les quartiers pour l’émergence des initiatives d’entreprises
de la jeunesse et procède au renforcement de leurs capacités pour conduire des projets
viables. EAM, quant à lui, intervient principalement dans le financement des projets
identifiés. De tels mécanismes pourraient alors susciter l’intérêt des organismes de microcrédit.
vi.
Les ministères et services rattachés
Avec le désengagement de l’Etat vers ses fonctions régaliennes, les Ministères occupent de
plus en plus la fonction du Coordonnateur que de l’Exécutant des politiques et des actions
de développement. Dans ce rôle, les départements ministériels peuvent, soit veiller à
l’application des dispositions réglementaires existantes, soit en édicter de nouvelles59, soit
élaborer des projets de lois touchant leurs domaines respectifs. Toutefois, la tendance est de
mener des actions transversales qui permettraient l’intervention de toutes les parties et de
tous les ministères concernés par un problème donné. Ainsi, dans le cas des déchets
plastiques, plusieurs départements peuvent intervenir à différents niveaux du problème soit
directement soit par le truchement de leurs organes d’exécution, à savoir :
- Le Ministère de l’Industrialisation, du Commerce et du Développement du Secteur Privé,
dont l’intervention consiste à l’élaboration et à la mise en place d’une législation touchant
la fabrication et la vente de produits en plastique (exemple : réglementation sur
l’épaisseur de sacs en plastiques) ;
- Le Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB), et plus particulièrement,
la Direction des Douanes, qui devrait participer à l’instauration et à la perception d’une
taxe à l’entrée des produits à base de plastique ;
- Le Ministère de l’Environnement (MINENV), par l’intervention de l’ONE ou Office National
pour l’Environnement placé sous sa tutelle, devrait prendre en considération
l’environnement urbain ;
58
59
entité soutenue par la Coopération Française
par voie d’arrêté
- 64 -
- Le Ministère de l’Education et de la Recherche Scientifique (MENRS), par l’intervention
de ses différents organes tels que l’OEMC ou le corps enseignant, est un promoteur de
l’éducation citoyenne et civique ayant un accès direct auprès des jeunes au sein des
établissements scolaires ;
- Le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et des Pêches (MAEP), qui devrait vulgariser
l’utilisation de compost par les paysans malagasy, assurant un débouché et un intérêt
pour la valorisation des ordures ménagères.
vii.
Le législateur
Deux législateurs peuvent être considérés :
- La CUA, pour des actes réglementaires spécifiques au territoire communal ;
- Le Parlement, pour la promulgation d’une loi organique et nationale.
La CUA
Il a été évoqué auparavant que, mis à part les impératifs de l’assainissement urbain, la CUA
peut trouver de multiples avantages économiques60 dans la gestion des déchets plastiques
et notamment, une meilleure allocation des ressources communales et la possibilité de
valorisation des déchets. Néanmoins, outre les questions de compétence, la CUA peut
témoigner des craintes à intervenir sur ce problème. D’abord, cette démarche pourrait créer
des tensions avec les opérateurs économiques présents et remettre en cause le processus
PPP. Ensuite, elle pourrait décourager les futurs investisseurs sachant que la commune
urbaine peut, à tout moment, prendre des mesures pénalisantes concernant leurs activités.
Enfin, il faut évoquer la faible latitude de la CUA et la nécessité de la coopération avec les
autres communes. En effet, les entreprises concernées ne se trouvent pas nécessairement
sur le territoire de la commune urbaine alors que les produits y sont acheminés et
commercialisés. Par ailleurs, seules les entreprises locales sont touchées par les mesures
communales alors qu’une grande partie des produits en plastiques relèvent de l’importation.
Quelles sont alors les marges de manœuvre de la CUA pour maîtriser la question ? La CUA
dispose-t-elle de compétences suffisamment étendues pour aborder le problème ?
60
cf. 1.1.c Les aspects économiques, page
- 65 -
Le Parlement
Après cet examen, il s’avère utile que les dispositions communales soient renforcées voire
substituées par des dispositions d’ordre général et de portée nationale. La mise sur pied
d’une loi afférente aux matières en plastique est un processus de longue haleine dans lequel
la Commune a peu de moyens d’actions surtout lorsqu’on considère les intérêts
économiques et politiques en jeu. On pourrait, par exemple, se référer aux difficultés
rencontrées pour faire passer des propositions de Lois contraignantes pour le secteur privé
telles que la Loi pour la protection du consommateur ou la Loi sur la Concurrence à
Madagascar.
Le législateur subit de très fortes pressions et doit composer avec les intérêts les plus
influents. Les intérêts économiques étant souvent prioritaires, il est nécessaire que l’opinion
publique soutienne les représentants de la société civile afin de contrebalancer cette
tendance. L’opinion publique doit ainsi s’exprimer sur le sujet, revendiquer voire proposer
des solutions et exercer, à l’unisson, une pression suffisamment forte pour rétablir l’équilibre.
viii.
Les bailleurs de fonds
Madagascar ne dispose pas de fonds nécessaires et suffisants pour assurer son propre
développement. Le pays doit recourir l’aide des différents bailleurs de fonds qui jouent
encore un rôle central dans son développement. Au niveau local, ces bailleurs de fonds
fonctionnent de différentes manières soit en finançant les projets et programmes
d’intervention, soit en soutenant directement les Collectivités Territoriales Décentralisées.
Toutefois, les bailleurs de fonds délaissent généralement le développement urbain. Il existe
diverses raisons à ce désintérêt :
- Les populations urbaines sont considérées plus riches et moins vulnérables que les
populations rurales surtout au niveau de la Capitale. La majorité des actions est donc
axée vers le développement rural afin de réduire l’écart social entre les zones urbaines et
les zones rurales. Les actions tendent ainsi à instaurer un cadre favorable à l’accès de
ses populations dans un système d’économie de marché61, à promouvoir la sécurité
alimentaire ou l’accès aux services essentiels de base. A titre d’exemple, l’USAID
concentre ses efforts sur le littoral est et sud-est de l’île. Le programme ACORDS, financé
61
soutien à la production, promotion d’activités génératrices de revenu, construction de marché, etc.
- 66 -
par l’Union Européenne, quant à lui, travaille dans la partie sud de Madagascar où la
population est la plus vulnérable ;
- Les préoccupations au niveau international sont la préservation des forêts primaires et de
la biodiversité, préoccupations qui, selon toute vraisemblance, coïncident avec la vision
de l’actuel Chef d’Etat : « Madagascar Naturellement ». Ainsi, par exemple, les
financements du PE3 servent presque exclusivement à la conservation des écosystèmes
sensibles62 de Madagascar en délaissant l’environnement urbain. En effet, bien que la
gestion de l’environnement urbain figure dans le cadre logique du programme, aucun
financement n’y est consacré.
Cependant, la commune urbaine d’Antananarivo bénéficie des fruits de la coopération
bilatérale entre Madagascar et des pays comme l‘Allemagne63, la Suisse, la France ou
même la principauté de Monaco. Ces collaborations financent ainsi une partie des
investissements sociaux de la ville.
1.2.3 Identifier les conséquences pour la mise en œuvre du projet…
La précédente analyse doit répondre aux questions suivantes dans la mise en œuvre du
projet, à savoir :
- Comment doit-on tenir compte de ces données dans l'intervention ?
- Quelles sont les actions à entreprendre ? (en ce qui concerne l'intervention)
- Comment l'intervenant doit-il se comporter vis-à-vis du groupe ?
Dans un premier temps, nous avons entrepris de clarifier les réseaux de relations qui
joignent les différents intervenants au problème. Le schéma nous permet d’avoir un aperçu
des influences exercées par l’une ou l’autre des parties. A titre d’exemple, nous pouvons
constater que trois types d’acteurs ont un accès direct auprès des ménages : les médecins
et les enseignants exerçant un pouvoir de prescription ainsi que les fokontany exerçant un
pouvoir d’autorité.
Ensuite, nous avons récapitulé les connaissances et les comportements actuels des
différentes catégories d’acteurs par rapport aux connaissances et comportements que
chacune d’elles devrait adopter. Nous avons ainsi formulé des hypothèses relatives à leurs
craintes et qui pourraient faire obstacle à l’adoption du comportement attendu.
62
écosystèmes forestiers et marins
à titre d’exemple, l’Allemagne a financé très récemment la construction d’un bloc sanitaire très moderne situé
à Mahamasina
63
- 67 -
Figure 6 : Réseaux de communication
Parlement
MINENV
Bailleurs
MINCOM
MINSAN
ONE
OEMC
Secteur
Privé
CUA
MENRES
Org.
Recherche
SAMVA
Projets
Médecin
Média
ONGs
Fokontany
Père
Mère
Enseignant
Enfants
Camardes
Rel. autorité
Rel. conseil
Rel. Parten. / Collabo.
Rel. influence
Rel. Financ.
Rel. prescription
Rel. contractuelle
Rel. contrôle
Rel. tutelle
- 68 -
Tableau 16 : Tableau récapitulatif et conséquences sur l’intervention
Connaissances et comportements
Actuels
Intérêts / Forces
Craintes / Faiblesses
Conséquences : logiques
d’intervention
Attendus
LE GRAND PUBLIC
-Perçoit le problème
-Parle entre eux des
-Informateur sur l’état
-Coût,
mais non informé sur
déchets
de
Disponibilité
les dangers réels
comme d’un problème
connaissances de la
matières
-Reste inactif et passif
réel
réalité
substitution
solutions
-Comportement
pratiques et existantes
domestique
-Un
consommation
difficilement
population est nécessaire pour
(réduction
répréhensible par une
interpeller
consommation,
loi
gestion du problème
plastiques
l’environnement,
-Adopte un nouveau
-Cohésion
comportement
régulation sociales
de
et
substitution)
praticité
et
-L’adoption
du
nouveau
des
comportement nécessite une
de
communication axée sur des
(difficilement
peu
coûteuses,
regroupement
une
de
la
meilleure
observable)
-Revendique
ou
-Espace
propose des solutions
de
représentation ambigu
LE SECTEUR PRIVE
-Commercialise
sans
contraintes
les
-Adopte
un
-Intérêts
purement
comportement citoyen
économiques
produits fabriqués en
plus
-Organisations
matières en plastique
impacts
soucieux
négatifs
des
de
-Pertes
avantages
en
syndicats influents
par
des
-Le projet de Loi élaboré doit
une
être négocié avec le secteur
réglementation
privé dans le cadre du PPP
asphyxiante
leurs produits
-Réduction des profits
LE FOKONTANY
-Perçoit
les
dégâts
causés
aux
infrastructures
et
l’insalubrité
n’adopte
mais
pas
de
-Priorise le problème
-Connaissances
des
réalités locales
déchets
plastiques
-Protection
-Elabore des projets
infrastructures
de
existantes
prévention
des
des
des
-Défaut
de
(mobilisation,
-Priorisation
de
prévention,
collecte séparée et de
l’assainissement dans
valorisation des OM
les PDF
-La CUA,, les ONGs ou les
Projets doivent renforcer les
compétence
déchets plastiques, de
collecte,
de
financement
mesures spécifiques :
valorisation
-Manque
capacités des fokontany
-Les
gestion
fokontany
doivent
adresser des demandes de
de projet, valorisation
financement
des déchets, etc.)
différents projets et de la CUA
dans
organiques64
le
auprès
des
cadre
de
l’assainissement priorisé dans
PDF
LES ONGs
-Perçoit
les
dégâts
causés
aux
infrastructures
et
l’insalubrité
n’adopte
mais
pas
de
-Priorise le problème
-Représentants de la
-Besoins
des
société civile
financement
déchets
plastiques
-Accès
-Elabore des projets
projets et programmes
doute
de
de développement et
représentativité
prévention
des
auprès
des
mesures spécifiques :
déchets plastiques, de
de la CUA
prévention,
collecte séparée et de
-Dispose de plus de
valorisation des OM
compétences
collecte,
valorisation
de
des demandes de financement
-Mauvaise image et
sur
-Les ONGs doivent adresser
auprès des différents projets
la
organiques
64
Voir Scénario 2, Annexe 4 : Système de collecte des ordures ménagères, Scénarii avec
tri à la source
- 69 -
Connaissances et comportements
Actuels
Intérêts / Forces
Craintes /
Conséquences :
Faiblesses
logiques d’intervention
-Opèrent uniquement
-Les projets à présenter
au niveau des projets
Attendus
PROJETS ET PROGRAMMES
-Perçoivent
les
-Financent
les
-Disposent
des
fonds
besoins
investissements
nécessaires
sur
d’assainissement mais
d’assainissements
-Privilégient les PAF
bénéficiaires
opèrent
nécessaires
uniquement
sur la demande des
collectifs,
bénéficiaires
intermédiaires,
(bacs
bacs
demande
-Travaillent en partenariat
-Sont
avec
concernant
tous
les
autres
doivent entrer dans le
attentifs
la
cadre des PAF avec une
condition de pérennité
pérennité des projets
-Une table ronde voire
séparés,
-Sont
une
centres de compostages,
dans
etc.)
méthodologie
compartiments
acteurs
des
trop
rigides
leur
-Renforcent la capacité
cellule
doit
être
organisée
pour
une
meilleure
coordination
des actions
des acteurs locaux
CUA
-Perçoit
les
dégâts
causés
aux
infrastructures
et
l’insalubrité
n’adopte
mais
pas
de
-Financent
nécessaires
-Manque de moyens
-La
de fonds
financiers
programmes
-Remise en cause du
développement doivent
processus PPP
revendiquer
(bacs
collectifs,
intermédiaires,
prévention,
compartiments
collecte,
-Accès auprès de bailleurs
d’assainissements
mesures spécifiques :
valorisation
les
investissements
bacs
séparés,
CUA
et
les
de
l’adoption
-Faibles latitudes pour
d’une loi spécifique afin
réglementer
d’assurer la pérennité
le
problème
des projets financés
-Remise en cause du
-L’élaboration du Projet
processus PPP
de
centres de compostages,
etc.)
-Renforcent la capacité
des acteurs locaux
LES MINISTERES
-Ne sont pas informés
-Elaborent un projet de
-Compétence
du problème
loi spécifique
pour
technique
-Appuient techniquement
législation
les actions
(MICDSP,
-Budgétisent les mesures
MINENVEF)
spécifiques au plastique
-Compétence
(mesures
vulgarisation du compost
d’accompagnement,
produit de la valorisation
-Des
infrastructures, taxes sur
matière des OM (MAEP)
d’accompagnement
le plastique)
-Compétence en matière
doivent être mises en
d’ECC (OEMC et MENRS)
œuvre pour prévenir les
l’élaboration
sur
d’une
le
sujet
MEFB,
en
-Impacts
économiques
Loi
doit
être
concertée avec tous les
de
la
acteurs
et
plus
législation
particulièrement
-Manque de moyens
secteur
financiers
d’éviter les conflits
effets
le
privé
afin
mesures
de
cette
Loi
(axées sur les industriels
mais également sur le
secteur artisanal)
LE PARLEMENT
-N’est pas informé sur
-Adopte le Projet de loi
-Grande
le problème
négocié avec le Secteur
légiférer
latitude
pour
-Préservation
de
l’intérêt économique
Privé, les CTD, la société
-Influence
civile et les ministères
syndicats du secteur
privé
- 70 -
des
1.3 Afin de dégager la problématique…
1.3.1 Récapituler les problèmes…
Le procédé le plus courant est de dresser un arbre des problèmes afin d’expliciter les causes
et les effets des problèmes identifiés (Figure 7). Cet exercice revêt une importance capitale
pour le projet car il s’agit de synthétiser les résultats des analyses faites sur la situation.
Ainsi, quelques directives doivent être respectées, à savoir :
- Concentrer l’attention sur la situation qui a occasionné la proposition de l'intervention ;
- Identifier les principaux problèmes existants : situation actuelle ;
- Formuler un et seulement un problème comme le problème principal parmi les problèmes
identifiés ;
- Identifier les causes qui ont occasionné le problème principal ;
- Identifier les effets résultant de ce problème principal ;
- Former un diagramme faisant ressortir les relations de causes à effets caractérisant ces
problèmes ;
- Revoir l'ensemble du diagramme et vérifier la validité et l'exhaustivité des problèmes et de
la relation de causes à effets.
Remarques :
Voici quelques observations importantes concernant la conception de l’arbre :
- Formuler les problèmes à la forme négative, mais ils doivent avoir une solution ;
- N'écrire qu'un seul problème sur une carte ;
- Identifier des problèmes réels existants et non des problèmes imaginaires, hypothétiques
ou futurs ;
- Un problème n'est pas l'absence d'une solution mais un état négatif réellement existant et
ressenti ;
- L'importance d'un problème n'est pas sa position dans la hiérarchie de l'arbre des
problèmes.
- 71 -
Figure 7 : Arbre des problèmes
Santé altérée
Eau polluée
Ressources communales
gaspillées
Sol pollué
Air pollué
Infrastructures existantes
détruites
Paysage communal pollué
Caniveaux obstrués
Service de voirie
compliqué
Déchets éliminés par
incinération sauvage
Décharge municipale
d’Andralanitra saturée
Ordures ménagères non
valorisées
Déchets plastiques
éparpillés dans la nature
Ordures ménagères non
triées
Problème
principal
Quantité de déchets plastiques non
triés accrue
Consommation
immodérée de matières
plastiques
Déchets plastiques jetés
avec insouciance
Grand public non informé
des dangers liés aux
déchets plastiques
Effets
Produits fabriqués en
plastiques trop fragiles
Législation et/ou
directives inadaptées
Grand Public dégoûté pour
manipulation des déchets
Accomplissement
travaux d’intérêts
généraux
contraignant
Confiance vis à vis
des autorités altérée
Système de collecte
des ordures défaillant
Mentalité répulsive
concernant les ordures
ménagères
- 72 -
Moyens pour la
collecte des ordures
ménagères inadaptés
Causes
Compétence des
acteurs de proximité
dans la mobilisation
inadéquate
1.3.2 Et les classer par ordre de priorité…
Rappelons que la construction de l’arbre des problèmes et la priorisation des problèmes
dégagés ont été faites lors des focus groups. Quelques critères ont été considérés à savoir :
l’urgence, l’importance, l’ampleur, l’horizon temporel et l’existence de soutien.
L’arbre des problèmes a mis en évidence cinq (05) points à la base, à savoir :
- Le défaut d’information du Grand Public concernant les dangers des déchets plastiques
conduisant à une consommation immodérée de matières en plastique ;
- L’inadéquation de la législation actuelle pour gérer l’utilisation des matières en plastique ;
- L’existence d’une culture de dégoût auprès du Grand Public pour manipuler ou trier les
déchets ménagers ;
- L’inadéquation des moyens de collecte des ordures ménagères face au problème des
déchets plastiques ;
- Le défaut de compétence des acteurs de proximité pour mobiliser la population dans des
actions de prévention.
Notre programme ne peut pas prétendre fournir toutes les solutions aux problèmes évoqués.
Nous allons ainsi procéder à deux (02) opérations :
- La première consiste à prioriser les problèmes en considérant les critères suivants : le
degré d’urgence de l’action, le degré d’importance du problème, l’ampleur au niveau de la
population, l’horizon temporel nécessaire à la résolution du problème et le degré de
soutien pour résorber le problème (moral, financier, etc.) ;
- La seconde opération consiste à faire un choix entre les problèmes avec un algorithme de
décision (Figure 8). Il s’agit de raisonner par escaliers en répondant à quelques questions
itératives.
Tableau 17 : Priorisation des problèmes
Problèmes
urgence
importance
ampleur
soutien
(sur5)
horizon
temporel
(sur5)
total
rang
(sur5)
(sur5)
5
5
5
4
3
22
1
4
4
5
2
3
18
4
2
3
5
1
1
12
5
3
5
5
3
3
19
3
4
4
3
4
5
20
2
(sur5)
grand public non informé des dangers
législation inadéquate
mentalité répulsive concernant les
déchets plastiques
moyens pour la collecte des ordures
compétence des autorités locales
dans la mobilisation
- 73 -
Une note allant de 1 à 5 est attribuée suivant chaque critère considéré :
- Urgence : 1=pas urgent, 5=très urgent
- Importance : 1=peu important, 5=très important
- Ampleur : 1=peu d’ampleur, 5=ampleur très importante
- Horizon temporel : 1=plus de 15 ans, 2=entre 5 et 15 ans, 3=entre 3 et 5 ans, 4=entre 1 et
2 ans, 5=moins de 1 an
- Soutien : 1=peu de soutien, 5=nombreux soutiens
Figure 8 : Algorithme de décision
Problème
Exclure de
l’intervention
oui
Inclure dans
l’intervention
oui
non
Peut-il se résoudre
sans intervention?
non
RJDP peut-il intervenir?
Peut-il être résolu par
d’autres organisations?
oui
non
oui
Les actions sont-elles
déjà en cours?
non
non
Le RJDP peut-il
intervenir?
oui
Exclure de
l’intervention
Inclure dans
l’intervention
Le choix des problèmes à résoudre et l’utilisation de l’algorithme de décision (Figure 8) ont,
par contre, été opérés à partir du diagnostic interne du RJDP en tenant compte de ses forces
et de ses faiblesses. Les problèmes qui ont été classés auparavant ont été passés en revue,
un par un, pour savoir si le RJDP, malgré la priorité accordée au problème, peut ou doit
intervenir compte tenu de ses capacités, de la nature du problème et des interventions
existantes.
- 74 -
L’algorithme nous a amené à exclure deux (02) problèmes, à savoir :
- L’existence d’une culture de dégoût pour la manipulation des ordures ménagères en
considérant qu’il peut se résoudre de lui-même ;
- Le défaut de compétence des acteurs de proximité dans la mobilisation de la population
considérant que d’autres organisations interviennent déjà dans le renforcement de leurs
capacités dans ce domaine.
Le processus de sélection et de priorisation a retenu trois (03) problèmes parmi les 5, à
savoir par ordre :
- Le comportement attentiste du Grand Public face aux dangers des déchets plastiques ;
- L’inadéquation des moyens de collecte des ordures ménagères face au problème des
déchets plastiques ;
- L’inadéquation de la législation actuelle pour gérer le problème des déchets plastiques.
En effet, le problème de comportement du Grand Public est prioritaire étant donné que la
manipulation des ordures ménagères est une pratique domestique. C’est un comportement
qu’une loi ne peut pas réprimer de façon effective mais qu’elle peut cependant renforcer. Par
ailleurs, la population, en tant que bénéficiaire, doit être consciente du problème afin de
pouvoir exprimer ses besoins, se regrouper et revendiquer des solutions. La société civile
est donc non seulement bénéficiaire mais surtout acteur du changement.
Ensuite, l’inadéquation des moyens de collecte constitue le second problème prioritaire. En
effet, le changement de comportement sans les moyens et infrastructures nécessaires sera
très vite découragé.
Enfin, l’inadéquation du cadre légal vient en troisième position car elle vise surtout à
renforcer les actions de changement. Si la tendance est d’élaborer des législations afin de
provoquer le changement, cette stratégie de force s’avère inadaptée dans le cas qui nous
occupe. Toutefois, la législation demeure nécessaire afin de conforter les initiatives en leur
offrant un cadre et une protection légale.
Toutefois, il faut souligner que la résolution de ces 3 problèmes sont des conditions sine qua
none pour la réussite d’un changement de comportement. Le projet devra ainsi veiller à les
intégrer dans le cadre de son intervention.
- 75 -
1.4 Pour identifier les objectifs et les
stratégies de développement…
1.4.1 Les objectifs…
Afin de déterminer les objectifs du programme, nous avons à transposer « l’arbre des
problèmes » en « arbre des objectifs » (Figure 9, page 77). A cet effet, le problème principal
devient l’Objectif Principal. Il s’agit ainsi de positiver l’arbre des problèmes et de transformer :
- Les problèmes en objectifs ;
- Les causes en moyens ;
- Les effets en finalités.
La formulation des objectifs doit suivre la méthode dite SMART :
S comme Spécifique
M comme Mesurable
A comme Approprié
R comme Réalisable
T comme situé dans le Temps
Nous nous sommes imposé comme objectif principal de « réduire la part des déchets
plastiques à 3% des ordures collectées au sein de la CUA d’ici 15 ans ». Rappelons que
cette proportion est aujourd’hui de 5% soit un tonnage approximatif de 11 200 tonnes de
déchets par an. A titre indicatif, notre objectif est fixé en pourcentage et non en valeur
absolue afin de mieux associer l’évolution future de la population de la commune.
Cet objectif global a été disséqué en trois (03) objectifs spécifiques. Sa réalisation dépendra
ainsi de l’atteinte de chacun des trois (03) volets que nous avons retenus.
- 76 -
Figure 9 : Arbre des objectifs
Objectif global de développement
La proportion de plastique est réduite à 3% des
ordures collectées dans la CUA d’ici 15 ans
Objectifs spécifiques
OS1
OS2
OS3
D’ici 3 ans, les ménages
changent leur comportement
de consommation de
matières plastiques
D’ici 3 ans, les acteurs du
développement mettent en
place un système de collecte
plus adapté au traitement des
ordures ménagères.
D’ici 10 ans, les opérateurs
économiques fabriquent et
commercialisent des produits
en plastiques plus résistants
1.4.2 Les stratégies…
Pour atteindre les objectifs spécifiques précédemment fixés, différentes stratégies peuvent
être proposées, à savoir :
- La Communication pour le Changement de Comportement des consommateurs en
matières plastiques,
- L’amélioration des systèmes de collecte et de traitement des déchets,
- L’adoption d’une législation spécifique au plastique.
En même temps, la mise en œuvre de ces stratégies nécessite des actions de plaidoyer
auprès des institutions décideurs et influentes.
- La communication pour le changement de comportement (C.C.C)
Cette stratégie s’adresse à la population vivant dans la commune urbaine. Elle a pour
objectif de changer le comportement de consommation de la population concernant les
produits en plastique. Les changements attendus portent :
- D’une part, sur l’utilisation de produits en plastique : la communication devrait, par
exemple, amener la population à réduire sa consommation de plastique, à le substituer par
des produits biodégradables, et à défaut, d’utiliser et de réutiliser des biens en plastique
plus durables ;
- D’autre, sur la production de déchets plastiques : la communication devrait, par exemple,
amener la population à faire attention lorsqu’elle se débarrasse des déchets plastiques ou
à effectuer un tri à la source des déchets.
- 77 -
Cependant, ce changement de comportement ne peut pas être maintenu sans qu’il y ait des
mesures d’accompagnement. Les infrastructures doivent être adaptées pour relayer les
efforts de la population, les législations doivent être cadrées pour soutenir et/ou faciliter ces
efforts au risque d’assister à une rechute.
- L’amélioration des systèmes de collecte et de traitement des déchets
Cette stratégie utilise surtout les groupes communautaires (fokontany, associations
et
groupements). Il s’agit de mobiliser ces groupes face aux problèmes des déchets plastiques
afin qu’ils mettent en place ou demandent à ce qu’on mette en place les infrastructures
nécessaires suivant un mode de collecte et de traitement plus approprié. Les groupes
communautaires solliciteront le financement des investissements auprès de la CUA, des
projets ou des programmes de développement, et en assureront la gestion.
L’amélioration porte, d’une part, sur les infrastructures et, d’autre part, sur le mode de
collecte et de traitement. Nous proposons, en Annexe 4, quelques scénarii à considérer
lorsqu’on parle d’adéquation des systèmes de collecte et de traitement des déchets. Il s’agit,
par exemple, de mettre en place des compartiments distincts pour séparer les déchets
plastiques des ordures ménagères biodégradables, de mettre en place des bacs
intermédiaires, d’assurer la collecte des déchets à domicile, etc.
Toutefois, il faut que la population soit consciente et exprime la nécessité de ces
infrastructures pour les utiliser correctement. Si on se réfère à la Figure 3 : Processus de
changement de comportement : auditoires et stratégies de communication possible (page 16),
on remarquera que le recours aux groupes communautaires (Etape 3) devrait intervenir une
fois que l’auditoire est motivé à changer. La prise de conscience et la motivation sont
d’autant plus souhaitées lorsqu’on considère la méfiance avérée de la population vis-à-vis
des responsables de fokontany et d’associations. Le changement de comportement reste
une nécessité voire un préalable aux infrastructures.
- L’adoption d’une législation spécifique au plastique.
Cette stratégie est orientée vers le secteur privé. Il s’agit de forcer les opérateurs
économiques à prendre leur responsabilité face à la pollution plastique. Ils doivent offrir des
produits plus aux normes, contribuer physiquement ou financièrement à la collecte et au
traitement des déchets plastiques, informer les consommateurs sur les précautions d’emploi
de leurs produits afin de préserver l’environnement.
- 78 -
Toutefois, l’adoption d’une telle législation nécessite un lobbying puissant face aux intérêts
économiques en jeu et le poids politique des opérateurs qui risquent d’être perdants. La
population, également consommatrice des produits, doit être capable d’exercer cette
pression. Il faut, cependant, qu’elle prenne conscience du problème, qu’elle adopte un début
de solution (substitution des produits, triage des déchets, etc.), se regroupe et revendique
une législation plus appropriée.
- Le Plaidoyer
Le PLAIDOYER (Figure 10) est une stratégie de communication. Elle est la plus adaptée
pour atteindre des objectifs qui s’expriment en terme de changement. Par définition, « un
plaidoyer efficace peut réussir à influencer la prise des décision et la mise en œuvre de
politiques par le biais suivant :
- Informer et/ou former les dirigeants, les décideurs et ceux qui appliquent les politiques ;
- Réformer les politiques, lois et budgets existants, formuler de nouveaux programmes ;
- Rendre les structures et les procédures décisionnelles plus démocratiques, ouvertes et
« responsables » (InterAction, 1995) »65
Etant donné que nous ciblons une influence sur les prises de décision des communautés,
une modification des structures de développement et l’adoption d’une législation spécifique
au problème des déchets plastiques, nous allons opter pour une stratégie de PLAIDOYER.
Cette stratégie devra regrouper trois (03) volets distincts et interdépendants :
- VOLET 1 : Une Communication pour le Changement du « Comportement de
consommation » de matières en plastique par la population ;
- VOLET 2 : Un Lobbying66 pour la mise en place d’un système de collecte plus adapté au
traitement des ordures ménagères auprès des structures de développement de la
Commune urbaine ;
- VOLET 3 : Un Lobbying pour l’adoption d’une législation spécifique à la pollution
plastique.
65
« Formation en technique de négociation et du plaidoyer », Programme MISONGA et Friedrich-EbertStiftung, assurée par Docteur RANAIVOSON Yvan, directeur de l’ITEM, 14 avril 2005
66
Le lobbying consiste à travailler avec un Groupe de pression c’est-à-dire un groupe d’organisations travaillant
ensemble de manière coordonnée vers un but commun.
- 79 -
Figure 10 : Stratégie de plaidoyer
MIKAJY
PLAIDOYER
C.C.C
Parle du problème
Adopte un nouveau comportement de
consommation
Revendique des solutions
Grand Public
Force
Adopte le Projet
de loi négocié
Lobbying
Parlement
ONGs
Fokontany
Lobbying
Priorisent le problème
Élaborent des projets
Force
Négocie le Projet de
loi et les mesures
d’accompagnement
Lobbying
Secteur Privé
Programmes
CUA
Lobbying
Lobbying
Ministères
Élaborent Projet de loi et des
mesures d’accompagnement
- 80 -
Financent les investissements (bacs
collectifs, bacs intermédiaires,
compartiments séparés, centres de
compostage, etc.)
Renforcent la compétence des
acteurs de proximité
Conclusion de la première partie
Cette première partie du travail nous a permis de déterminer que les déchets plastiques
remettent en cause le développement de la commune urbaine d’Antananarivo. En effet, ce
type d’ordures, non seulement, enlaidit irrémédiablement le paysage, mais gaspille
également les moyens limités de la collectivité. En outre, la pollution générée compromet
dans une certaine mesure la participation de la population au développement par les
problèmes de santé engendrée.
Il s’avère ainsi primordial de « réduire la quantité de déchets plastiques produite dans la
ville des mille ». Cependant, cet objectif ne pourra être atteint sans l’adhésion de chacune
des parties prenantes au problème. En effet, de véritables conflits de comportement ont été
décelés à la base de ces problèmes de développement, à savoir :
- L’attentisme et l’insouciance de la majorité de la population qui aboutissent à des
comportements négatifs (mauvaises pratiques, vandalisme, etc.) ;
- L’incivisme des opérateurs qui exercent sous le silence de la Loi pour faire profit avec la
non-qualité.
Sans être l’unique source de tous les problèmes comportementaux posés, on constate que
le défaut de communication est l’une des causes principales. Nous avons ainsi opter pour le
pour une stratégie de communication intégrée : le Plaidoyer.
Il s’agit d’une stratégie :
- Où chaque intervenant est un acteur, occupe un rôle qui lui est propre et adopte un
comportement de changement spécifique ;
- Qui n’oublie pas que les défaillances au niveau des infrastructures et des actions de
soutien doivent être gérées ;
- Qui veut combler les failles de l’ignorance et du vide juridique.
Enfin, le Plaidoyer est une stratégie à long terme et il est nécessaire de se fixer des objectifs
partiels. La seconde partie du document sera alors consacrée uniquement au premier volet
de notre stratégie à savoir : la programmation des premières activités de C.C.C adressées
à la population.
- 81 -
2.
2
Et un en semble int égr é d’activités…
Et un ensemble intégré d’activités…
- 82 -
Les stratégies de communication viennent en appui à la réalisation des
objectifs de développement. Il s'agit d’identifier les actions de
communication qui sont susceptibles de lever tout ou une partie des
contraintes identifiées pendant la partie analytique précédemment faite.
Cependant, on retrouve le plus souvent dans les projets de
développement des plans médias en lieu et place de véritables
stratégies de communication. En effet, ces dernières ne consistent pas à
faire de l'«agitation» médiatique autour d’un événement particulier. Afin
de contribuer véritablement au développement, la communication doit
être prise comme un ensemble intégré d’activités et non la multiplication
d’actions ponctuelles. La planification et la mise en œuvre de la
communication requièrent une masse critique de temps, de ressources
financières et humaines, d'activités continues et variées utilisant des
supports multimédias.
« Les activités de communication doivent être programmées dans le
cadre d'une stratégie globale qui prend en compte la recherche, la
définition d'objectifs, l'identification des publics, la conception des
messages adaptés, le choix des canaux de diffusion, le suivi et la
rétro-information. » sans oublier l’évaluation des efforts fournis.
- 83 -
Cette deuxième partie du document se concentre uniquement sur le premier volet de notre
stratégie de Plaidoyer. Elle décrit succinctement le programme de Communication à mener
par MIKAJY pour changer le comportement de consommation des ménages en matières
plastiques. Le plan que nous allons suivre est détaillé comme suit :
- Dans un premier temps, nous allons procéder à l’élaboration du programme en définissant
les objectifs à atteindre, les groupes cibles ainsi que les questions de contenu ;
- Dans un second temps, nous allons nous intéresser à la conduite proprement dite du
programme en décrivant de façon succincte les activités à entreprendre, leur planification
dans le temps et dans l’espace et le financement nécessaire à leur réalisation ;
- Ensuite, nous ferons le survol des activités de suivi à exercer dans le déroulement du
programme ;
- Enfin, nous aborderons les points qui feront l’objet d’une évaluation du programme.
Afin de faciliter la lecture de cette partie, nous allons synthétiser le programme dans un
cadre appelé PROFRAME (Tableau 18). Il s’agit d’un outil qui permet de présenter le projet
dans sa finalité et de faire un bilan synthétique des différents éléments qui le compose, à
savoir :
- Les activités : sont la description des actions qui doivent être entreprises et gérées afin de
délivrer aux bénéficiaires cibles les éléments du projet, les services, la connaissance,
l’expertise, les attitudes, un environnement favorable ou une amélioration des politiques ;
- Les effets : sont les biens, services, connaissances, etc qui sont non seulement livrés par
le projet, mais aussi bien perçus de manière mesurable et efficace par les bénéficiaires
prévus. Les effets découlent d’un bon achèvement des activités, etc. ;
- Les Résultats Intermédiaires : énoncent le(s) changement(s) attendu(s) dans le
comportement des bénéficiaires, en réponse directe à des effets réussis ;
- Les Objectifs Stratégiques : sont la description des résultats remarquables ou significatifs
accomplis d’ici la fin du projet pour le bénéfice des groupes ciblés. Ces résultats sont
réalisés grâce aux changements opérés au niveau des RI, eux-mêmes conséquence des
effets des activités menées ;
- Le But : est la description le changement de développement plus général et à plus long
terme dans la vie des gens ou dans leurs moyens d’existence, auquel le projet va
contribuer – soit dans une région donnée, soit dans un pays. Il s’agit d’un espoir et d’une
aspiration plus larges, à plus long terme ;
- La Finalité : est le changement auquel le but devrait contribuer s’il est atteint. Il s’agit
presque d’une vision à très long terme.
- 84 -
Tableau 18 : Proframe MIKAJY (Phase 1)
Enoncé
IOV
MV/SV
FINALITE
La
quantité
de
déchets
La
proportion
de
déchets
Analyses
périodiques
plastiques collectés dans la
plastiques dans les ordures
composition
CUA est réduite
ménagères collectées dans la
plastique,
de
de
la
déchets
CUA est réduite à 3% d’ici 15
ans
BUT
Les ménages de la CUA ayant
Une
changé
concernant
leurs
habitudes
de
législation
le
spécifique
plastique
est
consommation réussissent le
adoptée par le Parlement
plaidoyer concernant la lutte
Les
contre les déchets plastiques
d’accompagnement sont mises
(avec
en place
les
autres
parties
Journal officiel
mesures
prenantes au problème)
OBJECTIFS STRATEGIQUES
OS1 : Les ménages de la CUA
Proportion
changent leur comportement de
plastiques dans les ordures
composition
consommation de produits en
ménagères collectées dans la
collectés, Enquête auprès des
plastique
CUA diminuée
artisans,
et
exigent
des
de
de
déchets
solutions à la pollution plastique
Vente
d’ici 3 ans
biodégradables augmentée
Revendications
produits
de
Analyse
périodique
des
de
la
déchets
industries,
commerçants, veille médiatique
solutions
amorcées
RESULTATS INTERMEDIAIRES
RI
1:
Un protocole d’accord est signé
Protocole d’accord
RI 2 : Les jeunes adolescents
Nb.
Press book, Fiche Evaluation
de 15 à 22
impliquant
scolaires,
MIKAJY,
les
scolaires,
les
clubs
établissements
les
média,
les
groupements (ou syndicat) des
enseignants et autres entités
mettent en place une plateforme de lutte contre la pollution
plastique
ans encouragent
leur entourage (famille, amis,
espaces
de
discussion
les
jeunes
adolescents sur le thème
etc.) à préférer les produits plus
résistants et biodégradables
- 85 -
sur
la
presse
audiovisuelle,
Fiche Evaluation Presse écrite
EFFETS
Les jeunes adolescents de 15 à
Au
moins
7500
jeunes
nd
des
JVMAP,
nb.
22 ans sont conscients du
adolescents issus du 2
problème
peuvent illustrer au moins 2
distribués,
effets de la pollution plastique
d’enquête,
et
(radiotrottoir, etc.)
de
la
pollution
plastique
au
moins
1
cycle
Statistiques
solution
entrées
au
Dépliants
questionnaires
veille
médiatique
alternative (A7)
Les clubs scolaires appliquent
Montant
leurs connaissances sur les
réductions)
des
remises
(ou
Pièces
négociées,
nb.
proforma, factures définitives,
techniques de communication,
Prestataires présents JVMAP
bon de commandes, bon de
de négociation et de plaidoyer
(A6)
livraison, souches de chèques,
pour la préparation des JVMAP
etc.),
comptables
liste
des
(factures
prestataires,
bulletins d’inscription, CRV, PV
réunions
Les étudiants de la classe de
nde
Au moins 10 Clubs scolaires
Liste des clubs scolaires, listes
2
manifestent leur soutien à
sont formés et constitués en
des membres de clubs, liste
la
lutte
réseau (A5)
des membres de commission,
plastique en formant des clubs
Au moins 150 jeunes sont
fiches de présence
scolaires
impliqués dans la lutte contre
contre
la
pollution
les déchets plastiques (A5)
Les enseignants mobilisent les
Nb.
étudiants à soutenir les activités
d’enseignants
des
enseignants impliqués dans la
enseignants
encouragent les étudiants à
lutte
MIKAJY, rapport des membres
adopter
solutions
plastique, nb. Incitations faites
alternatives adoptées au sein
par les enseignants en faveur
des établissements scolaires
de la lutte contre la pollution
clubs
scolaires
les
et
Groupements
et/ou
contre
la
pollution
Liste
des
groupements
d’enseignants
et/ou
partenaires
de
de clubs,
plastique (A4)
Les
média
couvrent
les
Rapport Nb. Journalistes invités
Fiches
évènements
organisés
par
& nb. Journalistes présents, nb.
book, Fiche Evaluation sur la
MIKAJY
organisent
des
Articles écrits sur l’événement
presse
espaces de discussions sur le
dans
Evaluation Presse écrite
thème
Reportages diffusé dans les
et
la
journaux
presse
écrite,
télévisés
nb.
et
radiophoniques, qualité de la
couverture médiatique (A3)
- 86 -
de
présence,
audiovisuelle,
press
Fiche
Les
établissements
scolaires
Nb.
Manifestations
facilitent
l’organisation
des
pour
le
JVMAP,
aménagent
des
Réunions
d’intérêts
programme,
nb.
réunion,
de
établissement, invitations aux
espaces de discussion parents
clubs/commissions
– étudiants sur le thème et
par
initient des débuts de solutions
Etablissements
au
bacs à ordures séparés, de
problème
au
sein
de
l’établissement
organisées
établissement,
disposant
Conventions de partenariat, PV
visites
par
réunions d’information
nb.
de
parcelles de démonstration et
de
micro-centres
compostages,
nb.
d’information
de
Réunions
organisées
par
établissement (A2)
Les
bailleurs
financent
la
Montant
des
dotations
Conventions de financement,
des
pièces
réalisation des activités prévues
bailleurs,
par MIKAJY
réductions négociées, montant
des
montant
des
autres
sources
comptables
(rapprochement bancaire, etc.)
de
financement (A1)
ACTIVITES
A7 :
MIKAJY
et
clubs
Nb. Réunions de clubs, nb.
PV
scolaires organisent les JVMAP
Participants, nb. Réunions de
participants, liste des invités,
et
commissions, nb. Assemblées
fiches de présence, restitutions
de commission
des
informent
les
les
jeunes
adolescents de 15 à 22 ans sur
réunion,
séances,
liste
des
rapports
mensuels de commission
les effets négatifs de la pollution
plastique sur l’environnement et
sur les solutions alternatives
A6 : MIKAJY forme les clubs
Nb. séances de formation, nb.
Liste des participants, liste des
scolaires sur les objectifs du
Participants
intervenants,
RJDP et de MIKAJY, sur les
qualité des formations
aux
formations,
séances,
techniques de communication,
restitutions
des
formulaires
d’évaluation de la session
de négociation et de plaidoyer
A5 :MIKAJY forme les étudiants
de la classe de 2
nde
sur les
effets de la pollution plastique
Nb.
Etudiants
formés,
nb.
séances de projection, qualité
intervenants,
des formations
séances,
pour l’environnement de la CUA
A4 :
MIKAJY
enseignants
sur
forme
les
les
effets
Liste des participants, liste des
restitutions
des
formulaires
d’évaluation de la session
Nb. Réunions, nb. Enseignants
Liste des participants, liste des
formés
intervenants,
restitutions
négatifs de la pollution plastique
séances,
pour l’environnement et sur les
d’évaluation de la session
solutions alternatives
- 87 -
des
formulaires
A3 : MIKAJY négocie le soutien
Nb.
des média dans la lutte contre
et/ou Visites effectuées auprès
la pollution plastique
des stations presse, fréquence
de
Réunions
diffusion
publicitaires,
d’information
des
qualité
Fiches de suivi des spots TV et
Radio, CRV, PV réunion
spots
des
espaces publicitaires
A2 : MIKAJY négocie le soutien
Nb. RDV pris, nb. Dossiers
CRV, PV réunion, restitution
des
communiqués, nb. Visites et/ou
réunions,
établissements
scolaires
dans la lutte contre la pollution
entretiens
effectués,
nb.
plastique
Réunions de travail, qualité des
réunions
A1 : MIKAJY négocie le soutien
Nb. RDV pris, nb. Dossiers
CRV, PV réunion, restitution
des bailleurs de fonds dans la
communiqués, nb. Visites et/ou
réunions,
lutte
entretiens
contre
plastique
la
pollution
effectués,
nb.
Réunions de travail
Les éléments qui composent le « PROFRAME » ci-dessus ont été établis dans le processus
d’élaboration du programme de communication. Dans ce premier volet de la stratégie, nous
devons poser deux (2) hypothèses importantes qui conditionnent :
- D’une part, l’atteinte du But, sachant que le secteur privé intègre, dès le départ, la cause de
MIKAJY afin de pallier les résistances de ce dernier face aux changements à apporter ;
- D’autre part, la réalisation de l’objectif stratégique (OS1), sachant que le secteur artisanal
assure la disponibilité des produits de substitution au plastique pour accompagner le
changement de comportement voulu.
- 88 -
2.1 L’élaboration du
communication
programme
de
La Communication pour le Changement de Comportement est axée essentiellement sur la
population de la Commune urbaine. Cette première phase de la stratégie a pour but de
changer les habitudes de consommation des ménages afin de réduire leur production de
déchets plastiques. Toutefois, le changement doit se faire en cascade et se réalise à divers
moments dans l’horizon temporel (Figure 11).
Figure 11 : Comportements attendus et horizon temporel
Comportement
Stade
Horizon temporel
Le public produit moins de déchets plastiques
42 mois
Le public préfère les produits biodégradables
Le public exige des produits plus résistants
Evaluation
Promotion du comportement
12 mois
Application
06 mois
30 mois
24 mois
Le public réfléchit sur les mesures à prendre
Décision
Le public discute des effets de la pollution
Adhésion
Compréhension
Le public décrit les effets de la pollution
Connaissance
06 mois
Le public remarque la pollution
Exposition
Début
06 mois
18 mois
12 mois
06 mois
L’élaboration du programme de communication consiste à définir successivement :
- les objectifs de communication,
- les groupes visés,
- le contenu des messages à véhiculer,
- la dénomination du programme.
- 89 -
2.1.1 Objectifs de communication
« La formulation des objectifs est nécessaire car elle :
- Sert de base pour l’évaluation ;
- Facilite la sélection des contenus ;
- Permet la sélection des moyens de communication ;
- Apprécie la rationalité de l’intervention. »
L’étude réalisée a montré que la population perçoit la gêne causée par l’éparpillement des
débris plastiques sur le territoire communal. Toutefois, elle ne réduit pas sa production de
déchets. Pour des raisons de coûts et de praticité, elle achète, utilise et se débarrasse sans
modération des produits en plastique trop fragiles et trop peu durables. Cette situation a pour
origine directe l’ignorance des effets et des gaspillages inhérents à l’accumulation des débris
plastiques. La population reçoit les signaux de l’environnement mais ne sont pas informés et
ne sont pas conscients des conséquences réelles.
Comme nous l’avons évoqué en Préambule, le changement de comportement est un
processus. En reprenant la Figure 3 : Processus de changement de comportement : auditoires
et stratégies de communication possible (page16), on peut parler d’un auditoire non
informé.
A ce stade, notre communication devra « Provoquer la prise de conscience du public ». Il
faudra ainsi l’informer sur les risques liés aux déchets plastiques et l’ouvrir sur les
alternatives possibles. Il est nécessaire de susciter la créativité et de favoriser l’émergence
de solutions propres identifiées de manière participative. D’ores et déjà, il est nécessaire
d’aménager un espace de discussion autour du thème afin d’encadrer la prise de
conscience souhaitée et, éventuellement, de découvrir d’autres solutions pratiques que la
population s’appropriera puisqu’elles émanent d’elle.
- 90 -
Informer et ouvrir sur les alternatives possibles…
Pour que le public puisse arriver à des stades plus avancés, les membres ont besoin
d’informations plus précises permettant de bien cerner le problème, la situation et le
changement de politique souhaité. Une fois le public informé, la stratégie de communication
cherche à atteindre les objectifs du niveau suivant afin d’avoir un plus grand impact. Ce
niveau cherche à le persuader d’adopter la position du Réseau en luttant contre la pollution
plastique. Une fois qu’on a obtenu le soutien du public, la communication passe au niveau
suivant, stade auquel les messages poussent le public à agir et à soutenir la cause.
Provoquer la prise de conscience…
« L’expérience montre que c’est la phase décisive pour la réussite du processus de
changement. Le magma d’informations est structuré, recentré, évalué et on lui attribue une
signification. Les personnes impliquées prennent conscience de ce qui leur arrive et de ce
qui se passe dans leur entourage. »67 Cependant, cette prise de conscience n’est pas
automatique. Véhiculer un volume important d’informations et favoriser les échanges de
perceptions restent essentiels.
Aménager des espaces de discussion et favoriser l’émergence de solutions propres…
Le meilleur moyen de résoudre un problème est d’en parler car « un problème bien défini est
à moitié résolu ». Il s’agit d’initier un espace d’échange pour permettre au public de se
regrouper, de s’exprimer sur le problème, de réfléchir ensemble à des solutions, de définir
les mesures et les actions à mener, les attitudes à adopter et les démarches à suivre.
Discuter du problème marque également le passage au stade de prise de conscience et de
décision.
Compte tenu des changements attendus, nous devons formuler les objectifs de
communication de la façon la plus adéquate.
« Un objectif doit :
- Décrire la situation à atteindre et les résultats à obtenir ;
- Etre énoncé de manière simple et concise ;
- Etre observable et mesurable ;
- Etre réaliste et réalisable.
67
Denkmodell, « Formation en Gestion de changement », Friedrich-Ebert-Stiftung, Madagascar, février 2005
- 91 -
Pour être observables et mesurables, les objectifs doivent être formulés :
- En terme de performance, c’est-à-dire au moyen d’un verbe d’action,
- En donnant les conditions de réalisation (observables),
- En précisant les critères d’acceptation de la performance (mesurable). »68
2.1.2 Groupes visés
Une fois les objectifs fixés, il convient de sélectionner les composantes de la population que
les activités de communication doivent toucher soit parce qu'elles sont directement affectées
par le problème à résoudre soit parce qu'elles jouent un rôle important dans sa résolution ou
sa persistance. Appelés groupes cibles, audiences ou bénéficiaires, on les répartit en deux
catégories :
- les cibles primaires, celles qui doivent adopter une opinion, une attitude ou un
comportement ;
- les cibles secondaires, celles qui peuvent amener les précédentes à adopter le
comportement désiré ou à changer.
Il est important de procéder à une sélection des cibles prioritaires pour ne pas disperser
inutilement les efforts :
- Les cibles primaires sont les personnes les plus touchées par le problème; le groupe
susceptible de profiter le plus du changement de comportement ou bien celui qui pourrait
mieux réagir au comportement promu ;
- Les cibles secondaires sont celles qui pourraient le mieux reprendre le message diffusé en
tant qu'allié; ceux qui pourraient le mieux influencer les cibles primaires pour les amener à
prendre connaissance du message et à réagir dans le sens souhaité.
68
« Communication et conception stratégique », assurée par Docteur RANAIVOSON Yvan, Directeur ITEM, in
Formation de multiplicateurs pour la participation démocratique, Friedrich-Ebert-Stiftung, septembre 2004
- 92 -
La sélection des cibles part de la segmentation de la population. Ensuite, le segment choisi
est étudié à partir des données disponibles telles que le sexe, le statut social, le style de vie,
la situation professionnelle et l'état des connaissances, attitudes et pratiques par rapport au
problème de développement à résoudre. Ceci permet, d’une part, d’affiner la cible et, d’autre
part, de bien la caractériser afin de mieux communiquer avec elle.
Nous l’avons évoqué plus haut, la consommation et la production de déchets plastiques sont
des comportement presque exclusivement domestiques. Par conséquent, les ménages de la
CUA constituent notre premier public cible pour le changement de comportement.
Toutefois, en considérant la Figure 12 : Portes d’entrée auprès des ménages, nous pouvons
trouver quatre (4) portes d’entrées auprès des ménages, à savoir :
- Les groupes communautaires (fokontany, associations, groupements) ;
- Les « enfants »69 dans le cadre de l’éducation ;
- Les médecins ;
- Les médias.
Figure 12 : Portes d’entrée auprès des ménages
Médecin
Média
Fokontany
Père
Mère
Enseignant
Jeunes adolescents
69
Le statut « Enfant » regroupe les enfants de 0 et 11 ans, les adolescents et les jeunes
- 93 -
Camardes
a.
La cible primaire : les jeunes adolescents…
Les jeunes adolescents sont une porte d’entrée stratégique dans les ménages. Bien que les
femmes soient plus accoutumées à l’utilisation du plastique (surtout des sacs), le programme
d'activités prévoit mener sa campagne auprès des jeunes. Ces derniers, à leur tour, auront à
convaincre leurs parents et leurs amis sur la nécessité de respecter l'environnement afin que
les comportements qui peuvent nuire à notre habitat et source de notre bien-être, cessent.
Le choix d’une telle approche est justifié par différentes raisons :
1. Les jeunes constituent la catégorie la plus proche du Réseau. Cette proximité permet de
véhiculer le message plus facilement ;
2. Les jeunes sont des multiplicateurs par excellence. Ils jeunes jouissent d’un plus grand
accès auprès de leurs congénères. Ils peuvent identifier les canaux de communication
appropriés et véhiculer les messages du Réseau de la façon la plus adéquate ;
3. Les jeunes sont les futurs adultes et parents. Ils doivent d’ores et déjà recevoir une
éducation à la consommation ;
4. Les jeunes adolescents découvrent moins de préjugés sur le sujet mais plus de
disponibilité pour recevoir le message. A la recherche d’une identité, ils sont encore
modulables car ils sont plus réceptifs au changement ;
5. L’accessibilité financière justifiant l’utilisation des produits en plastique n’est pas encore le
premier critère d’évaluation pour les jeunes contrairement à leurs parents. Ce critère revêt
une véritable importance car la barrière économique est souvent difficile à lever et peut
susciter un rejet sans condition de la communication ;
6. La place des jeunes dans la famille a considérablement évolué et ces derniers ont
dorénavant droit à la parole concernant le cadre de vie du ménage. Son pouvoir de
prescription tend à s’élargir en influençant voire en substituant les décisions parentales.
On parle de prescription générationnelle ;
7. Les jeunes subissent fortement les influences de leurs cercles de référence. Le cadre
éducatif constitue leur milieu de référence primaire. Le système éducatif joue un rôle
prédominant dans la transmission des connaissances et des attitudes aux enfants et aux
jeunes. Cet environnement arrive à façonner le comportement de l’enfant qui ressent soit
le besoin d’imiter, soit le besoin d’appartenir au groupe ;
- 94 -
8. Les jeunes sont les plus grands consommateurs de média. Les canaux de communication
multimédia peuvent diffuser un modèle de comportement que les jeunes voudront adopter
et/ou faire adopter.
Toutefois, il faut signaler quelques contraintes importantes chez les jeunes :
- Le pouvoir et la nature de prescription des jeunes varient avec l’âge. Plus il est jeune, plus
la prescription prend la forme d’une requête voire d’un caprice. Plus il avance en âge, plus
la prescription gagne en sérieux pour prendre la forme d’un conseil voire d’une négociation
auprès des parents ;
- La disponibilité des jeunes encadrés dans l’éducation est fonction de la charge de travail
qui leur incombe. Ainsi, les jeunes en classes d’examen70 sont assurément moins
disponibles que le reste ;
- La disponibilité des jeunes pour des activités extrascolaires est également fonction de l’âge
surtout pour les jeunes filles. En conséquence, plus il est jeune, plus l’accord parental est
requis ;
- L’intérêt des jeunes varie et augmente en sérieux avec l’âge. Ainsi, par exemple, les moins
âgés se désintéressent des documentaires pour les dessins animés, tandis que les plus
âgés procèdent inversement.
Compte tenu des caractéristiques précédemment identifiées, notre ciblage va être affiné de
la façon suivante :
- 1er niveau : les jeunes adolescents de la CUA
- 2ème niveau : les jeunes adolescents de la CUA, âgés de 15 à 22 ans
- 3ème niveau : les jeunes adolescents de la CUA, âgés de 15 à 22 ans et encadrés dans
l’enseignement secondaire et supérieur
CIBLE PRIMAIRE
Les jeunes adolescents de la CUA, âgés de 15 à 22 ans et encadrés
dans l’enseignement secondaire et supérieur
70
niveaux CEPE, BEPC ou BAC pour l’enseignement de base ; niveaux Licence, Maîtrise ou 3ème Cycle pour
l’enseignement supérieur
- 95 -
b.
Les cibles secondaires...
i.
Le secteur de l’enseignement…
Comme nous l’avons précisé, le milieu éducatif est particulièrement intéressant pour établir
un contact avec la cible primaire. Le cadre de l’enseignement secondaire et supérieur de la
Capitale permet en effet d’obtenir un taux de contact avec la cible assez satisfaisant malgré
la faiblesse du taux moyen de scolarisation dans le pays. Plus de 30% de la cible sont
encadrés dans l’Enseignement Secondaire de deuxième cycle et dans l’Enseignement
Supérieur (Tableau 19).
Tableau 19 : Classe achevée à la sortie du système scolaire, selon le milieu
(En %)
Capitale
AGCU
CUS
primaire
36,7
41,6
47,6
Rural
74,5
Source : INSTAT, EPM 1999
secondaire
1er cycle
32,9
33,2
30,3
secondaire
2nd cycle
19,8
18,4
17,1
18,8
5,9
supérieur
total
10,5
6,8
4,9
100
100
100
0,8
100
Le secteur de l’enseignement est d’autant plus intéressant qu’il s’investit de plus en plus
dans le cadre de l’Education à la Citoyenneté et au Civisme (ECC), et à la préservation de
l’environnement. A titre d’exemple, l’OEMC71 qui est un organisme sous la tutelle du
MENRS, place l’environnement comme un bien commun qui doit être protégé en adoptant
un comportement civique et citoyen. Dans le cadre de la semaine de l’ECC, l’OEMC, en
collaboration étroite avec le RJDP, a mobilisé les établissements scolaires de la Capitale et
les enseignants à déplacer leurs élèves pour prendre part aux activités de la semaine.
Concernant l’enseignement supérieur, il faut stipuler que le RJDP compte parmi ses
membres des associations issues des secteurs de recherche. Avec la collaboration de ses
associations d’étudiants, le Réseau dispose ainsi d’un accès auprès du monde universitaire.
En bref, l’intégration du secteur de l’enseignement dans le programme devrait se faire sans
trop grande difficulté. Ministères, Lycées publics, Collèges privés, Université et Instituts
Privés devraient ainsi constituer des partenaires stratégiques pour soutenir le projet.
71
Office pour l’Education de Masse et à la Citoyenneté
- 96 -
ii.
Les médias…
Les médias sont également des canaux de communication très efficaces pour atteindre la
cible. Non seulement, leurs influences sont considérables mais ils permettent également
d’obtenir un taux de couverture très important. Ceci peut s’expliquer par le fait que le niveau
d’équipement des ménages de la Capitale est le plus élevé alors que les médias de
communication ne cessent de s’élargir (nombre et couverture). En conséquence, ces
derniers doivent être intégrés dans le programme de communication que nous envisageons
de mettre en œuvre.
Noter analyse portera sur trois (3) grands types de média, à savoir :
- Les stations télévisées,
- Les stations radiophoniques,
- La presse écrite.
En effet, il est opportun d’utiliser tous les supports multimédia disponibles afin de véhiculer le
message. Toutefois, il est indispensable d’identifier la façon la plus adéquate de toucher la
cible primaire, à savoir les adolescents de 15 à 22 ans, afin de ne pas éparpiller les efforts
médiatiques. Connaître les stations et/ou programmes préférés, les heures d’écoute
favorites ou les centres d’intérêt de la cible peuvent aider à la conception de notre
programme de communication.
Les stations de télévision
L’enquête que nous avons réalisée au sein de la CUA a révélé que les médias télévisés sont
utilisés quotidiennement par 84,62% de la cible (Graphe 6). Huit 8 stations diffusent leurs
émissions à Antananarivo dont une chaîne nationale et, le reste, appartient au secteur privé.
Il faut signaler la création de l’AJE ou Association des Journalistes pour l’Environnement.
Cette association vient de sortir un CD-ROM consistant en une compilation de
documentaires afin de dénoncer « sans complaisance » l’état de l’environnement. Les
documentaires répertoriés sur ce CD-ROM portent notamment sur l’agglomération
d’Antananarivo avec des thèmes comme les déchets plastiques, les déchets hospitaliers ou
les déchets industriels.
- 97 -
Tableau 20 : Analyse des stations télévisées (par les jeunes)
Station
TVM
Cible/audience
Adultes
Centres d’intérêt
Forces
Faiblesses
-Actualités
-Couverture très large
-Séries TV
-Forte notoriété
Score
-Désintérêt de la cible
-Existence de plateaux de
2
discussion
RTA
Jeunes
-Films
-Qualité
-Musiques
haute définition d’image
en français
-Bonne couverture
-Insertion et achats d’espace
-Forte capacité d’innovation
très cher
-Dessins animés
-Reportages
et
documentaires
numérique
et
-Emissions
essentiellement
-Forte notoriété auprès de
7
la cible
-Plateau
de
discussion
pour les jeunes (émission
Ying Yang)
MATV
Grand public
-Actualités
-Bonne notoriété
-Problèmes de couverture
-Musiques
-Achat d’espace accessible
-Faible qualité d’image
-Films
TVPLUS
Grand Public
-Faible capacité d’innovation
-Films
-Bonne notoriété
-Musiques
-Existence
plateaux
de
-Actualités
discussion
(L’invité
du
-Couverture moyenne
-Qualité d’image moyenne
Zoma, etc.)
-Bonne
3
5
capacité
d’innovation
MBS
Grand
Public
(surtout
femmes)
les
-Reportages
-Excellente couverture
-Capacité
documentaires
et
-Excellente qualité d’image
moyenne
d’innovation
-Actualités
-Existence de plateau de
-Définition de la cible
-Séries TV
discussion
-Films
-Fort engagement pour le
4
développement
-Bonne notoriété
RECORD
Grand Public
-Séries TV
-Notoriété moyenne
-Films
RAVINALA
-Image moyenne « secte »
-Faible couverture
Grand Public
1
-Faible couverture
-Notoriété faible
-Mauvaise qualité d’image
1
-Ciblage incohérent
OTV
Grand Public
-En phase de test
Source : RJDP, Commission média et communication (version adaptée)
- 98 -
0
Les stations radiophoniques
Avec la libéralisation, une multitude de stations radiophoniques privées a fleuri dans la
capitale. Ceci peut expliquer que près de 60% des enquêtés de moins de 25 ans affirment
« écouter la radio tous les jours » (Graphe 6).
Graphe 6 : Habitudes d’information des enquêtés de moins de 25 ans
35
0
27.lecture_journal
28.regarde_TV
29.écoute_radio
tous les jours
3 fois par semaine
2 fois par semaine
1 fois par semaine
2 fois par mois
1fois par mois
Source : résultats d’enquête
Dans ce pléthore de chaînes, quelques unes méritent une attention particulière compte tenu
de l’intérêt que leur porte la cible et des opportunités qu’elles peuvent offrir (Tableau 21).
Tableau 21 : Analyse échantillon de stations radiophoniques (par les jeunes)
Station
RDJ
Fréquence
96.6 FM
Centres d’intérêt
Observations
Musique, talk show
La cible est exclusivement jeune
La station a déjà proposé au RJDP d’animer une émission
RTA GASY RADIO
102.00 FM
Musique, talk show
L’audience majoritairement jeune
RADIO TANA
94.4 FM
Musique
L’audience Grand Public est bien élargie
L’émission KIDAONA MARAINA jouit d’une très forte notoriété.
Score
7
6
5
Il s’agit véritablement d’un plateau de discussion populaire.
MAFM
105.2 FM
Musique
L’audience est majoritairement jeune
L’émission STAND UP, ambiance rythmée et jeune, passant le
6
matin sert également d’horloge parlante
MBS Radio
95.4 FM
Emissions culturelles,
La couverture est très large en émettant sur plusieurs
sociales
fréquence
La station est également très investie dans le développement et
3
l’éducation
DON BOSCO
TOP RADIO
93.4 FM
102.8 FM
Emissions religieuses
La première station en terme de taux d’écoute
et sociales
Produit plusieurs émissions sur les jeunes (santé, amour, etc.)
Station musicale
L’audience est majoritairement jeune
Source : RJDP, Commission média et communication (version adaptée)
- 99 -
4
4
La presse écrite
Plusieurs agences de presse travaillent à Antananarivo. Quotidiens d’information pour la
plupart, ces éditions constituent la seconde source d’information pour les jeunes après les
média télévisuels (Graphe 6).
Tableau 22 : Analyse d’un échantillon de la presse écrite (par les jeunes)
Agence
Fréquence
Prix
Tirages
Parution
Le Quotidien
MALAZA
M/r TRIBUNE
MIDI M/r
Les Nouvelles
L’Express de M/r
TARATRA
Ny Gazetiko
Qualité
Qualité
Intérêt
Papier
Impression
jeunesse
Score
Quotidien
200
10 000
-+
++
++
7
Quotidien
200
15 000
--
-+
++
5
Quotidien
200
15 000
--
-+
--
2
Quotidien
200
32 525
--
--
-+
4
Quotidien
400
Nc
++
++
++
5
Quotidien
200
10 205
-+
++
--
2
Quotidien
100
38 900
++
++
++
5
Quotidien
100
54 280
--
--
--
2
Source : RJDP, Commission média et communication
-- : faible ; -+ : moyen ; ++ : élevé
Il faut signaler que de plus en plus, la presse écrite s’investit également dans la publication
d’articles d’interpellation sur l’état de l’environnement et notamment sur le thème du
plastique. On peut citer, par exemple :
- L’article paru au mois de février 2005 dans MIDI Madagasikara, intitulé « Le sac plastique,
ce grand polluant nous survivra ! »72 ;
- Le dossier DMD ou Dans les Média de Demain dans un numéro du mois de mai 2005
concernant les bouteilles en plastique.
En définitive, les média d’information peuvent constituer des soutiens importants pour le
projet. Outre les relations de presse dont dispose le Réseau, il est utile de nouer des
contacts sérieux avec les journalistes de la presse écrite.
72
n°6549 du 18/02/2005
-100-
2.1.3 Nature des contenus
Cette section traitera principalement :
- Du message à véhiculer auprès du public ;
- De la dénomination à donner au programme.
a.
Le message fédérateur
Pour initier des changements dans le comportement, chaque effort de communication devrait
pousser le public à passer à l’action. Des messages efficaces doivent inclure des petites
actions faisables (PAF) pour le public cible. A ce niveau, il ne s’agit pas d’élaborer un
message unique qui servira à l’ensemble du programme de communication mais uniquement
de déterminer la matière du message. Ainsi, plus tard et pour chaque matériel de
communication à utiliser, nous devrons adapter le message fédérateur au thème concret. La
Figure 13 : Théorie simplifiée d’élaboration de message nous donne quelques
éclaircissements sur la manière d’élaborer le message fédérateur.
Figure 13 : Théorie simplifiée d’élaboration de message
Comment?
Petites
Actions
Faisables
Par qui?
Bénéfices
-101-
PAR QUI ?
Il s’agit de désigner clairement celui qui doit adopter le comportement souhaité. Dans le cas
présent, le changement de comportement attendu doit provenir des jeunes de 15 à 22 ans
qui doivent pousser leurs parents et leurs amis à réduire la production de déchets plastiques.
BENEFICES ?
Il s’agit d’expliciter l’intérêt pour la cible de réaliser le changement. Ces bénéfices attendus
coïncident
généralement
avec
les
attributs
recherchés,
les
critères
d’évaluation
prépondérants, les centres d’intérêts ou les sujets de préoccupation de la cible. Dans la
présente étude, il a été évoqué que l’accessibilité financière et la praticité sont les attributs
qui motivent l’utilisation de produits en plastique par l’ensemble des ménages. Nous devons
ainsi démontrer à la cible que les bénéfices à retirer regroupent ou substituent ces attributs
et même plus.
- Accessibilité financière vs Avantages de coûts
Les ménages utilisent en moyenne 3 sacs en plastique de 200 MGA par semaine soit un
besoin de 144 sachets par an. L’achat de nouveaux sachets s’effectue dans 44,26%73 des
cas soit un achat total de 64 sacs par an d’une valeur de 12 800 MGA. En comparaison,
l’utilisation de paniers artisanaux ou « harona », beaucoup plus résistants, revient nettement
moins cher. En effet, un panier de même contenance coûte à peu près 1 000 MGA et
s’amortit en 3 mois d’utilisation journalière. Les dépenses en paniers s’élèvent ainsi à 4 000
MGA par an et restent inférieures aux dépenses en sachets en plastique même si on
décidait de doubler les achats.
- Praticité vs Durabilité et/ou praticité
L’étude menée sur les ménages a montré que les paniers artisanaux sont les premiers
produits de substitution (plus de 65% des citations) auxquels les ménages sont prêts à
recourir pour remplacer les sacs en plastique (Graphe 7). Ce type de produit est apprécié
pour sa durabilité.
On remarque également un taux relativement élevé de citations pour les sacs en tissu (plus
de 46% des citations). Ce type de produit est apprécié pour sa praticité et répond
parfaitement aux exigences des consommateurs. Toutefois, il faut déplorer la disponibilité de
ce type de sac sur les marchés qui rend son acquisition difficile.
73
dans le reste des cas, soit ils réutilisent les sacs (33,61%) soit ils demandent au vendeur de lui en procurer
(22.13%)
-102-
- Bénéfices additionnels
Il s’agit de démontrer aux ménages que le comportement souhaité permet de préserver
l’environnement. Ils ont ainsi intérêt à développer une préférence pour des actions et des
comportements qui protègent l’environnement à long terme.
Graphe 7 : Produit de substitution de sacs en plastique
85
65,38%
47,69%
46,15%
38,46%
30,77%
3,85%
0
artisanal
synthétique
tissu
jute
papier kraft
- Accessibilité financière à court terme
Avantages de coûts à long terme
- Praticité
Durabilité et/ou praticité
- Bénéfice additionnel
Préservation de l’environnement
autres
COMMENT ?
Il s’agit de déterminer les canaux et les supports à utiliser pour véhiculer les messages
auprès de la cible. Il faut rappeler que les jeunes subissent deux (2) types d’influence : celle
des média et celle du milieu éducatif. Pour que notre communication soit efficace, on devrait
utiliser ces canaux multimédia et combiner, à la fois, la communication interpersonnelle, la
communication de groupe et la communication de masse.
PETITES ACTIONS FAISABLES ?
Il s’agit d’indiquer à la cible les petits gestes faciles à faire qui permettent d’atteindre le
comportement souhaité. Généralement, ces actions sont peu coûteuses et identifiées parmi
les habitudes du quotidien.
-103-
Exemples :
- Acheter un sac artisanal à l’épicerie ;
- Prendre un sac en tissu pour la route.
Ainsi, un bon message doit réunir les caractéristiques suivantes :
- Simple ;
- Adopté au comportement souhaité des
- Clair ;
cibles ;
- Précis ;
- Incite les cibles à l’action ;
- Logique ;
- Crée la confiance ;
- Positif ;
- Communique les avantages perçus.
- Attrayant ;
MESSAGE FEDERATEUR
Le plastique pollue irrémédiablement mon environnement
Alors j’encourage mes parents à utiliser les paniers artisanaux
Parce que ce n’est pas cher, c’est résistant et c’est écologique
HAFATRA
Loto tsy misy fanafana ho ahy ny plastika
Ka ampirisihiko ny ray aman-dreniko hampiasa harona vita malagasy
Satria mora vidy, mateza ary miaro ny tontolo manodidina
-104-
b.
La dénomination du programme
Le RJDP, promoteur du programme, doit commencer par analyser les différentes
composantes de son image auprès de la cible. On appelle image « l’ensemble des
perceptions qu’un individu entretient à l’égard d’un objet ». Au delà de la notoriété, l’image
peut conditionner la crédibilité du promoteur pour émettre le message. Le choix du nom sera
fonction de l’image à donner et du message à transmettre.
Le nom que nous avons attribué au Programme est MIKAJY. Il s’agit d’un verbe d’action
conjugué au présent ou « Matoanteny » et qui signifie en français « Je préserve ». Toutefois,
l’utilisation de ce nom n’exclut pas l’association du nom du Réseau au projet. Ainsi, les
activités organisées serviront, non seulement, à faire connaître MIKAJY, mais également, à
améliorer la notoriété et l’image du Réseau et à véhiculer les objectifs et les messages du
RJDP.
2.2 La conduite du programme
2.2.1 Description technique
La description technique du programme de communication consiste principalement à
développer :
- Les activités à entreprendre auprès des groupes visés et ;
- Les conditions de réalisation (production, utilisation, diffusion) à respecter.
Quatre grandes activités de communication sont envisagées par MIKAJY :
- Une campagne d’information, de formation et d’animation des jeunes étudiants ;
- Une série de négociations auprès des média ;
- Un lobbying auprès des directeurs d’établissements scolaires de la ville ;
- Une campagne d’information des enseignants.
-105-
a.
Une campagne d’information, de formation et d’animation des
jeunes étudiants
Cette campagne représente la principale activité envisagée par le programme soit
l’organisation des journées intitulées « Vivons mieux avec le plastique ». Il s’agit d’un
événement qui regroupera les établissements scolaires de la ville dans un élan collectif
contre les déchets plastiques. Lors de cet événement, on s’attend à recevoir plus de 7 500
visiteurs provenant des différents établissements de la Capitale.
Résultats attendus :
Dans le cadre de cette campagne, les étudiants devraient :
- Former des clubs scolaires ;
- Participer à l’organisation des évènements pour la lutte contre les déchets plastiques ;
- Former un réseau de collaboration avec les étudiants des autres établissements ;
- Renforcer leur capacité personnelle de communication et de négociation.
Le RJDP veut respecter le principe SLIDE à savoir que la communication auprès des jeunes
doit être : Simple, Ludique, Innovante, Dominante affective et Energique.
Programme de la campagne
Dans un premier temps, nous organiserons des séances d’information auprès des
étudiants de la Classe de Seconde concernant la pollution plastique. Ces séances
comprendront, entre autres, des projections de documentaires réalisés sur les déchets
plastiques. 15 établissements du secondaire seront ciblés.
Suite à ces séances de projection, nous allons impulser la création d’un club scolaire au
sein de chaque établissement qui aidera à l’organisation de la semaine et à la promotion
de l’événement. Chaque club devra désigner 5 représentants74 permanents qui seront les
interlocuteurs directs de MIKAJY.
74
nombre impair pour faciliter les éventuelles prises de décision et limité à 5 pour éviter le surnombre
-106-
Ensuite, nous tiendrons une Assemblée Générale des représentants de clubs afin de
constituer les cinq (5) commissions d’organisation de l’événement, à savoir : la commission
« Communication », la commission « Activités », la commission « Partenariats » et la
commission « Prestataires ». La composition sera mixte avec un représentant de chaque
établissement par commission.
Une fois les commissions formées, nous organiserons, 2 séances de formation pour
chaque commission soit un nombre total de 75 étudiants à former. Les thèmes abordés
porteront notamment sur les techniques de communication et de négociation qui leurs seront
utiles dans l’organisation de l’événement mais également auprès de leurs congénères et
parents. Nous traiterons également des objectifs du RJDP et de MIKAJY, et plus
particulièrement, sur la participation citoyenne. La première séance de formation sera
organisée en « classes vertes » c’est-à-dire des sessions de formations en plein air et en
dehors du cadre écolier, le samedi. Ce système permettra de motiver la seconde séance de
formation qui se tiendra, le mercredi après midi, dans le cadre plus familier de l’école pour
assurer la disponibilité des participants et limiter les coûts de formation.
Enfin, la tenue des 3 Journées « Vivons Mieux avec le Plastique » comporteront, non
seulement, des activités de loisirs axées sur les centres d’intérêt des jeunes, mais
également, des activités de communication permettant une bonne qualité informative sur le
thème. L’événement regroupera des manifestations telles que :
- Des concours de jeux de société : belote, échec, fanorona ;
- Des concours de jeux vidéo : Playstation, jeux PC ;
- Des rencontres inter établissement : matchs de basket, Questions Pour Un Champion ;
- Des spectacles produisant des jeunes talents sélectionnés dans les établissements et la
participation de jeunes artistes de renom : Ambondrona, Tovo J’hay, Kiady, les lauréats de
PAZZAPA, etc. ;
- Des activités de loisir : karaoké ;
- Des projections de films insérés de séquences75 sur le thème ;
- Des distributions de dépliants aux visiteurs ;
- Des stands de présentation de MIKAJY, du RJDP et des partenaires ;
- Etc.
75
Voir Annexe 5 : Story Board Spot MIKAJY
-107-
Phase préparatoire de l’évènement
Chaque club scolaire, avec l’aide de la commission responsable, devra préparer
l’évènement. Il s’agit d’impliquer les étudiants formés dans le programme MIKAJY. La
préparation des journées leur permettra d’appliquer directement les formations reçues.
La commission « Activités », outre la coordination des activités des 3 journées, organisera
les préliminaires au niveau de chaque établissement :
- Des matchs interclasse opposant les classes de 2nde, de 1ère et de Terminales pour
déterminer l’équipe qui représentera l’établissement ;
- Des présélections des numéros à présenter lors des spectacles organisés ;
- Des présélection des équipes représentant l’établissement aux différents concours
éducatifs (questions pour un champion)
- Etc.
La commission « Communication » fera le tour des classes pour mobiliser les autres
étudiants à participer à la semaine. Elle participera également à la conception et au
déroulement des activités externes de promotion de l’évènement : émissions radio et/ou TV,
spots publicitaires, reportages, interviews, etc.
La commission « Partenariats » se chargera de trouver tout ou partie des fonds
nécessaires aux activités soit en recherchant des sponsors soit en approchant des bailleurs.
Elle est également chargée de maintenir la relation avec les différents organismes
approchés.
La commission « Logistique » se chargera de trouver les accessoires et de mettre en
place les structures nécessaires à l’évènement. Elle sera également en charge de la sécurité
du site. Cette commission travaillera en étroite collaboration avec la cellule « Activités ».
La commission « Prestataires » devra contacter et négocier avec les différents prestataires
afin de les faire participer aux évènements organisés en s’autofinançant et en réduisant les
frais de participation pour les visiteurs (frais de participation aux concours de jeux, prix des
boissons, prix des repas, etc.). Pour ces prestataires, cet événement représente, non
seulement, une occasion de faire des ventes, mais surtout, une occasion unique de faire de
la promotion directement et gratuitement à l’école et au plus près de la cible.
-108-
b.
Une série de négociation auprès des média
Des réunions périodiques d’échange seront organisées avec l’AJE ou Association des
Journalistes pour l’Environnement afin de l’intégrer dans MIKAJY. Ces journalistes auront
ensuite à convaincre leurs employeurs de soutenir le programme. Des réunions de
négociation entre les patrons de presse et de stations, les journalistes de l’AJE et MIKAJY
pourront avoir lieu avant chaque événement et/ou pour chaque diffusion.
Résultats attendus :
Au terme de ces négociations, les journalistes et les agences média devraient :
- Couvrir les évènements organisés par MIKAJY : reportages sur les séances de formation,
interview des participants et des organisateurs, reportages sur la journée ;
- Diffuser à moindre coût voire à coût « zéro » les campagnes de promotion des évènements
organisés ;
- Organiser des espaces sur le thème : articles de presse, dossiers, plateaux de discussion,
documentaires, etc. ;
- Intégrer la plate-forme de lutte contre la pollution plastique
c.
Un lobbying auprès des directeurs de l’établissement
Des visites auprès d’une quinzaine d’établissements se feront en compagnie de l’OEMC,
représentant du MENRS. Il s’agit de négocier la formation des clubs scolaires, de déterminer
l’établissement qui veut et qui a les moyens pour accueillir la manifestation « Vivons Mieux
avec le Plastique ». Par ailleurs, on va négocier la mise en place de systèmes de
démonstration pour conscientiser les étudiants sur les bénéfices retirés du triage et de la
valorisation des déchets ménagers.
Résultats attendus :
Après la série de visites, les directeurs d’établissements devraient :
- Faciliter l’organisation des évènements prévus par MIKAJY : réunions d’information avec
les enseignants, organisation des réunions des clubs scolaires, etc. ;
- Mettre en place des bacs à ordures séparés au sein de l’établissement ;
- Former leur personnel de maintenance aux techniques de compostage ;
- Construire des micro-centres de compostage des ordures vertes collectées au sein de
l’établissement ;
- Placer des parcelles de démonstration sur les bénéfices de la valorisation des déchets ;
-109-
- Produire des statistiques simplifiées sur le volume de déchets plastiques collecté et trié au
sein de l’établissement ;
- Organiser des réunions d’information Parents – Etudiants sur le thème des déchets
plastiques ;
- Intégrer la plate-forme de lutte contre la pollution plastique.
d.
Une campagne d’information et de formation des enseignants
Nous allons réunir les enseignants de chaque établissement, diffuser les documentaires
réalisés sur les déchets plastiques, faire un bref résumé et susciter la discussion. Au terme
des séances, nous recueillerons les attentes et les craintes des enseignants concernant le
problème et présenteront les actions envisagées.
Résultats attendus :
Au terme de ces réunions d’information, les enseignants au sein de chaque établissement
devraient :
- Mobiliser les étudiants à soutenir les activités des clubs scolaires ;
- Sensibiliser les étudiants aux problèmes liés aux déchets plastiques ;
- Encourager les étudiants à visiter et à adopter les solutions alternatives prises par
l’établissement pour le triage et la valorisation des déchets ;
- Intégrer la plate-forme de lutte contre la pollution plastique.
2.2.2 Programme d’activités
Le planning des activités consiste à lister et à classer les activités par ordre chronologique.
Le Diagramme de Gantt que nous avons élaboré avec MSPROJECT76 permet d’indiquer leur
déroulement et leur articulation. Toutefois, nous tenons à préciser que les rubriques qui sont
mentionnées dans le Tableau 23 correspondent aux activités principales qui semblent
critiques pour la réalisation du programme. Par ailleurs, le chronogramme des activités
s’arrête à la réalisation des journées « Vivons mieux avec le plastique » afin d’en expliciter
les étapes de réalisation. Par contre, les activités de suivi et d’évaluation seront évoquées
plus bas.
76
Voir Annexe 6 : Chronogramme des activités (Diagramme de Gantt sur MSPROJECT)
-110-
La préparation des journées s’étale sur une durée approximative de 192 jours en débutant
au mois de juillet 2005 et se terminant en début mars 2006. Notons qu’il s’agit d’un
calendrier provisoire car la définition du calendrier définitif se fera en concertation avec les
directeurs d’établissement.
Tableau 23 : Liste des activités
n°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
désignation de l'activité
durée
Jalon: Oui
Phase de recherche de bailleurs
Phase de recherche de partenariat
Phase d'appel à manifestation d'intérêt
Conception des matériels
Campagne d'information des enseignants
Campagne d'information des étudiants de 2nde
Formation des clubs scolaires
Formation des représentants de clubs
Travaux de commission (CACT)
Travaux de commission (CPART)
Travaux de commission (CPREST)
Travaux de commission (CLOG)
Travaux de commissions (CCOM)
Campagne de promotion de l'événement
Simulation des JVMAP
Journées "Vivons mieux avec le plastique"
192 jours
63 jours
9 jours
18 jours
46 jours
19 jours
18 jours
7 jours
33 jours
continus
continus
continus
continus
continus
25 jours
12 jours
3 jours
date début
04/07/2005
04/07/2005
04/07/2005
12/07/2005
04/07/2005
05/09/2005
19/09/2005
06/10/2005
15/10/2005
26/10/2005
02/11/2005
09/11/2005
16/11/2005
23/11/2005
13/02/2006
21/02/2006
10/03/2006
date fin
12/03/2006
04/09/2005
12/07/2005
29/07/2005
18/08/2005
23/09/2005
06/10/2005
12/10/2005
16/11/2005
continus
continus
continus
continus
continus
09/03/2006
04/03/2006
12/03/2006
- La prise de contact avec les directeurs d’établissements se fera avant la rentrée afin
d’obtenir un accord de principe sur l’organisation des activités, de préparer les enseignants
et de fixer le calendrier définitif ;
- La campagne d’information des enseignants devra débuter au plus tôt après le début des
cours. En effet, ils devront être sensibilisés sur le problème et informés du projet avant les
séances de projection auprès des étudiants ;
- Les séances de formation des clubs scolaires se dérouleront sur 5 semaines. Elles devront
débuter le plus tôt possible afin de ne pas gêner les révisions pour les examens de 1er
trimestre ;
- Les journées seront programmées pour le 2nd trimestre afin de permettre plus de liberté
dans la préparation ;
- Les travaux de Commission se déroulent de façon continue entre la fin des séances de
formation et la réalisation des journées.
-111-
2.2.3 Description financière
Le budget prévisionnel permet d’évaluer le coût du programme et de déterminer les sources
des activités. Nous avons inventorié les activités et les ressources nécessaires pour les
exécuter. L’estimation financière du programme a été élaborée à partir d’une simple
demande de prix. Toutefois, les tarifs relevés peuvent encore être revus en fonction des
négociations et des comparaisons de prix.
Cinq grandes catégories de coûts ont été considérées pour élaborer le budget prévisionnel,
à savoir :
- Les coûts des séances d’information et de formation auprès des enseignants et des
étudiants qui englobent, par exemple, la location des matériels de projection (laptop et
vidéoprojecteur), la location des matériels didactiques, le transport ;
- Les coûts des formations qui comprennent, par exemple, la location des matériels de
formation, la location des lieux de formation, les frais d'organisation, la prise en charge des
participants, le transport, etc. ;
- Les coûts de production et de diffusion des matériels de communication (spots
publicitaires, les dépliants, les affiches et les banderoles) qui incluent, par exemple, les
dépenses supportées lors des ateliers de conception, les honoraires des prestataires
(incluant droits d'auteur, cachets d'artistes, etc.), les déplacements, les frais de
reproduction, les frais de distribution, les achats d’espaces publicitaires, etc. ;
- Les coûts des visites et des entretiens périodiques avec les partenaires et les directeurs
d’établissement qui comprennent essentiellement les frais de communication et de
déplacement ;
- Les coûts des travaux de commission qui incluent, non seulement, les frais de
fonctionnement de la commission (coût de visites, logistique, etc.), mais également, les
coûts du monitoring (frais de déplacement, fournitures, traitement et analyse des données,
publication des rapports, séances de restitution des résultats, etc.) ;
-112-
Le budget nécessaire à la réalisation du programme s’élève approximativement à
21 005 000 MGA. (Tableau 24). Il faut remarquer que l’activité est à but non lucratif. Aucun
profit n’est donc réalisé à l’issue des Journées « Vivons Mieux Avec le Plastique » qui
nécessitent au contraire un financement supplémentaire de plus de 13 592 500 MGA.
Tableau 24 : Budget
n°
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
dépenses
montant
Jalon: Oui
Phase de recherche de bailleurs
Phase de recherche de partenariat
Phase d'appel à manifestation d'intérêt
Conception des matériels
Campagne d'information des enseignants
Campagne d'information des étudiants de 2nde
Formation des clubs scolaires
Formation des représentants de clubs
Travaux de commission CACT
Travaux de commission CPART
Travaux de commission (CPREST)
Travaux de commission (CLOG)
Travaux de commissions (CCOM)
Campagne de promotion de l'événement
Simulation des JVMAP
Journées "Vivons mieux avec le plastique"
160 000,00
70 000,00
675 000,00
1 335 000,00
1 050 000,00
1 050 000,00
150 000,00
1 350 000,00
1 000 000,00
1 000 000,00
1 000 000,00
1 000 000,00
1 000 000,00
6 750 000,00
170 000,00
3 245 000,00
TOTAL
BENEFICE
21 005 000,00
-
recettes
montant
financement à trouver
apports bénéficiaires
-
13 592 500,00
7 412 500,00
-
-
21 005 000,00
-
La campagne de sensibilisation des enseignants nous coûterait près de 1 050 000 MGA, les
séances de formation des clubs scolaires s’élèveraient à 1 350 000 MGA et la réalisation des
journées, incluant les dépenses de promotion et les dépenses de fonctionnement, se monte
à plus de 10 000 000 MGA. Les activités des commissions devraient, quant à elles,
permettre de financer l’événement à hauteur de 7 412 500 MGA grâce aux remises
négociées auprès des fournisseurs, aux soutiens obtenus auprès des donateurs et aux
recettes dégagées par une partie des attractions des journées « Vivons mieux avec le
plastique ».
-113-
2.3 Le suivi du programme
Le suivi est une activité continue et régulière qui permet de vérifier et de veiller à ce que les
activités se réalisent comme prévu. Il quantifie les résultats et identifie les faiblesses et les
points forts, dans la mise en œuvre d’un programme. Le suivi vise à vérifier et à avertir. Il
inclut des mécanismes de contrôle et des options de gestion afin d’introduire les
changements nécessaires.
Le suivi contribue à la performance effective et efficace d’un programme en fournissant à
tous les niveaux, des informations importantes pour l’amélioration des plans d’opérations et
de faire au besoin le nécessaire pour remédier aux insuffisances et aux contraintes
éventuelles dans la mise en œuvre.
Le suivi utilise les indicateurs qui sont des variables aidant à mesurer les changements
intervenus dans une situation donnée. Les indicateurs de suivi sont des indicateurs directs
qui permettent de mesurer et d’indiquer à quel point une activité est parvenue, par rapport
aux objectifs fixés à produire les intrants et les produits prévus.
Par ailleurs, le suivi nécessite un système d’informations afin de fournir les données qui lui
sont utiles. Ces moyens ou sources de vérification peuvent être directement disponibles en
interne ou nécessiter la mise en œuvre de méthodes et techniques de suivi spécifiques.
Toutefois, cette partie du document ne peut pas donner en détail toutes les procédures de
suivi du programme mais se limite à en donner des grandes lignes.
MIKAJY fonctionne avec des commissions. La responsabilité du suivi de chaque étape du
programme incombe à chaque commission. Il appartient au coordonnateur de MIKAJY
d’agréger toutes les informations relatives au suivi et de communiquer un rapport au Bureau
Exécutif du RJDP en charge de la supervision des différents projets du Réseau. Au niveau
des clubs scolaires, chacune des 5 commissions constituées est composée de 15 étudiants.
A chacune de ces commissions seront affectés 3 membres du RJDP. Ces derniers seront
chargés directement du monitoring, des formations internes et de l’appui technique aux
activités de leur commission. L’organisation interne est laissée au libre choix des membres.
Ils pourront constituer 3 petites sous-commissions ou travailler avec une commission unique.
-114-
Enfin, MIKAJY a été programmé avec MSPROJECT. Il s’agit d’un outil informatique qui peut
aider le suivi de l’avancement du programme.
2.3.1 Surveillance de la production des activités de communication
On entend ici les activités de communication qui doivent être réalisées dans le cadre du
programme : réunions d’information auprès des enseignants, projections auprès des
étudiants et formations des représentants de clubs. Nous pouvons utiliser les indicateurs tels
que :
- Le nombre de réunions d’information et formation tenues avec les enseignants et le
nombre d’enseignants informés sur le thème,
- Le nombre de projections auprès des étudiants et le nombre d’étudiants de la classe de
2nde informés sur le thème,
- Le nombre de formations administrées et le nombre d’étudiants formés,
- La qualité des activités de communication.
Moyens de vérification : liste des participants, liste des intervenants, fiches de présence,
restitution des séances (sur métaplan), formulaires d’évaluation de la session77
Toutefois, l’objectif n’est pas uniquement de démultiplier les actions de communications pour
en réaliser le maximum possible. La conception reste une étape très délicate afin d’assurer
la qualité du matériel. En conséquence, le suivi doit également veiller aux étapes suivantes :
- définition des contenus,
- élaboration des contenus,
- simulation ou pré-tests,
- révision et,
- validation,
- réalisation.
La surveillance de la production des activités ne doit pas uniquement se focaliser sur le
volume à produire mais également sur le respect des étapes précitées. Le suivi de cette
méthodologie permet d’assurer la qualité des activités à développer. Ainsi, par exemple, les
formations doivent faire l’objet, au préalable de la réalisation, d’une ou de plusieurs
simulations.
77
Modèle en Annexe 7
-115-
2.3.2 Surveillance de la diffusion dans les média
Deux types de communication doivent être surveillés auprès des média :
- La couverture médiatique des activités de MIKAJY : réunions d’information des
enseignants, projections auprès des étudiants et formations des représentants de clubs ;
- La campagne de promotion des Journées « Vivons mieux avec le plastique » : diffusion
des spots publicitaires, reportages sur le déroulement des journées, affichages.
Le RJDP est le promoteur du programme et MIKAJY en est l’exécutant. Cependant, la
responsabilité directe du suivi différencie ces 2 niveaux de communication :
- La première doit être effectuée par la Commission média et communication du RJDP et par
la cellule de coordination de MIKAJY ;
- La seconde est faite par la Commission Communication du projet (clubs scolaires) assistée
par la cellule de coordination de MIKAJY.
Pour la première catégorie, différents types d’indicateurs peuvent être considérés, à savoir :
- Le nombre de journalistes invités à l’événement et le nombre de journalistes présents,
- Le nombre d’articles écrits sur l’événement dans la presse écrite,
- Le nombre de reportages diffusés dans les journaux télévisés et radiophoniques,
- La qualité de la couverture médiatique.
Moyens de vérification : liste des invités, liste des participants, Press book, Fiche
Evaluation sur la presse audiovisuelle78, Fiche Evaluation sur la presse écrite
Pour la seconde catégorie, en plus des premiers, d’autres indicateurs peuvent être pris :
- La fréquence de diffusion des spots publicitaires,
- Le nombre d’affiches posées par établissement,
- La qualité de l’espace publicitaire.
Moyens de vérification : Fiche de suivi Spots TV et Radio79, Cahier de transmission,
Descente dans les établissements scolaires
78
79
Modèle en Annexe 7
Modèle en Annexe 7
-116-
2.3.3 Surveillance de la structure interne et du respect de calendrier de
travail et du budget
Il s’agit maintenant d’observer l’avancement du programme par rapport au plan de travail et
budget initial. Notons que le plan de travail entend, non seulement, le chronogramme mais
également la responsabilité de l’activité. Ce suivi permet de :
- S’assurer que le plan élaboré est exécuté comme prévu, détecter les écarts éventuels et
identifier les difficultés rencontrées et percevoir les contraintes et opportunités non prévues
afin de fournir à temps les apports nécessaires et d’effectuer les corrections qui
s’imposent ;
- Vérifier que les ressources et les activités permettent d’obtenir les résultats escomptés.
Par rapport à l’organisation des activités…
Chaque étape du programme MIKAJY est confiée à la charge des différentes commissions
et sous-commissions. La préparation des activités est effectuée lors des réunions de travail
périodiques car aucune décision ne peut se prendre de façon unilatérale mais doit respecter
la dimension participative du groupe. Aux fins de coordination des activités, des séances de
travail en commun doivent également être organisées.
Les indicateurs à considérer sont :
- Le nombre de réunions de clubs et le nombre de participants par réunion,
- Le nombre de réunions de commissions et le nombre de participants par réunion,
- Le nombre d’assemblées de commission et le nombre de participants par assemblée,
- La qualité des résolutions prises à chaque séance…
Moyens de vérification : PV de réunion, liste des participants, liste des invités, restitutions
de séances, rapports mensuels de commission
Par rapport au temps…
Le suivi est effectué par rapport aux délais d’exécution des tâches.
Les indicateurs à considérer sont :
- Les dates de début des tâches,
- Les dates de fin de tâches,
- Les retards d’exécution…
-117-
Moyens de vérification : calendrier de travail, planning mensuel d’activités, bons de
commandes, bons de livraison, rapport de commission mensuel, fiches de présence
Par rapport au budget…
Il s’agit d’exercer un suivi des dépenses engagées et des recettes générées par rapport aux
budgets. Concernant les dépenses, le suivi porte, par exemple, sur le volume de matériels
ou supports produits et les coûts des prestations. Concernant les recettes, le suivi porte sur
les fonds obtenus auprès des bailleurs et sponsors, les réductions négociées auprès des
prestataires de service (confection de dépliants, de spots, etc.), les recettes des 3 journées.
Les indicateurs utilisés pour suivre les dépenses sont :
- La quantité de ressources utilisée, achetée ou louée (dépliants, banderoles, spots,
fournitures, salles ou lieux de réunions, matériels didactiques, etc.),
- Le coût unitaire,
- Le montant total des prestations…
Les indicateurs pour suivre les recettes sont :
- Le montant des dotations des bailleurs,
- Le montant des réductions négociées,
- Le montant des autres sources de financement…
Moyens de vérification : bons de commandes, factures proforma, factures définitives, bon
de livraison, souches de chèques, rapprochement bancaire, pièces de caisse, livres
comptables, conventions de financement, etc.
Par rapport aux ressources…
Le suivi porte sur la disponibilité des ressources par rapport aux utilisations prévues par le
plan de travail. Il s’agit d’assurer, par exemple, la disponibilité des matériels de projection au
cours de la semaine.
Les indicateurs à considérer sont :
- Le temps d’utilisation des ressources pour chaque activité,
- Le niveau d’utilisation (sous-utilisation ou sur-utilisation) des ressources.
Moyens de vérification : Graphe et Tableau des Ressources MSPROJECT, Planning
hebdomadaire d’activités, bons de matériels
-118-
2.3.4 Surveillance et renforcement des rapports avec d’autres
organismes
Les relations entretenues avec les tiers doivent également être surveillées. Non seulement,
ces activités engagent la responsabilité et la crédibilité du programme, mais elles
occasionnent également des frais supplémentaires qu’il faut maîtriser et rentabiliser.
Trois types d’organismes sont en relation avec MIKAJY, à savoir :
- Les partenaires financiers : bailleurs de fonds, sponsors,
- Les établissements scolaires,
- Les prestataires de service.
Par rapport aux partenaires financiers…
Les indicateurs à considérer sont :
- Le nombre de rendez-vous pris,
- Le nombre de dossiers communiqués,
- Le nombre d’entretiens effectués (en face-à-face, par téléphone, par correspondance,
etc.),
- Le nombre de réunions de travail,
- Le montant des financements accordés,
- La qualité des réunions…
Moyens de vérification : Compte Rendu de Visite (CRV), PV de réunions, restitution
réunion, conventions de financement, rapprochement bancaire
Par rapport aux établissements scolaires…
Les indicateurs à considérer sont :
- Le nombre de rendez-vous pris,
- Le nombre de dossiers communiqués,
- Le nombre d’entretiens effectués (en face-à-face, par téléphone, par correspondance,
etc.),
- Le nombre de réunions de travail,
- Le nombre de manifestation d’intérêts pour le programme,
-119-
- Le degré de facilitation des activités du programme : nombre de notes/circulaires diffusées
auprès des parents, des étudiants et des enseignants, nombre de réunions de clubs ou de
commissions organisées au sein de chaque établissement,
- La qualité des réunions…
Moyens de vérification : Compte Rendu de Visite (CRV), PV de réunions, restitution
réunion, conventions de partenariat, archives et chronos
Par rapport aux prestataires…
Les indicateurs à considérer sont :
- Le nombre de rendez-vous pris,
- Le nombre de dossiers communiqués,
- Le nombre d’entretiens effectués (en face-à-face, par téléphone, par correspondance,
etc.),
- Le nombre de manifestation d’intérêts pour le programme,
- Le nombre de prestataires présents,
- Le nombre de réunions de travail,
- La qualité des réunions…
Moyens de vérification : Compte Rendu de Visite (CRV), PV de réunions, restitution
réunion, conventions de partenariat, bulletins d’inscription
2.4 L’évaluation du programme
L’évaluation définit dans quelle mesure les objectifs sont atteints. Elle analyse la pertinence
des objectifs et des stratégies en examinant les bénéfices apporté par le projet, par rapport
aux groupes cibles, au contexte socio-économique, politique et culturel. L’évaluation vise à
déterminer l’efficacité, l’efficience, la performance et l’impact des activités au regard de leurs
objectifs.
On peut, par exemple, évaluer :
- La qualité des résultats et de l’exécution ;
- La participation des groupes cibles ;
- L’efficacité du projet et des solutions techniques apportées ;
- Le degré de couverture atteint dans la zone d’intervention ;
-120-
- L’impact des activités sur le bien-être des populations et sur l’environnement.
L’évaluation, qui peut être interne ou externe, doit également mettre en œuvre un système
adéquat pour apprécier les résultats. Compte tenu des moyens à la disposition de MIKAJY, il
est difficilement envisageable d’engager de grandes études quantitatives pour mesurer les
changements de comportement provoqués (analyse physico-chimique de la composition des
ordures, sondages par questionnaire auprès des ménages, enquête filière auprès des
entreprises plasturgistes, auprès du secteur artisanal, etc.). Ce type d’analyse devra
cependant être fait par d’autres organismes comme Voarisoa Observatoire ou SAMVA et
permettra d’apprécier effectivement le changement de comportement au sein des ménages.
A notre niveau, nous opterons pour les méthodes d’évaluation à moindre coût tels que les
restitutions des focus group ou les statistiques simplifiées provenant des établissements
scolaires (volume de déchets plastiques produits et triés au sein de l’établissement, évolution
avant et après mise en place des parcelles de démonstration, etc.). Cette méthode
d’évaluation est non seulement moins coûteuse mais elle permet également d’explorer en
profondeur les attitudes de la cible primaire dans son milieu de référence.
2.4.1
Résultats du programme
Nous allons nous intéresser à trois critères d’évaluation afin d’apprécier les résultats de
MIKAJY, à savoir :
- L’efficacité qui mesure le rapport entre les résultats obtenus et les résultats attendus ;
- L’efficience qui est le rapport entre les coûts engendrés et les résultats ;
- La qualité qui assure le respect des normes de qualité des activités.
D’une façon globale, les résultats attendus lors de cette première phase du programme
peuvent être décrits comme suit :
- Au moins 7 500 jeunes adolescents sont informés sur les effets des déchets plastiques,
- Au moins 10 clubs scolaires sont formés et constitués en réseau,
- Au moins 150 jeunes adolescents sont impliqués dans la lutte contre les déchets
plastiques,
- Au moins 300 enseignants sont formés sur les effets de la pollution plastique et les
solutions alternatives,
- Au moins 15 établissements scolaires soutiennent le projet.
-121-
En terme d’efficacité, il s’agit, par exemple, de comparer :
- Le nombre de jeunes adolescents présents aux journées « Vivons mieux avec le
plastique » et les 7 500 jeunes attendus ;
- Le nombre de clubs scolaires formés par rapport aux 10 clubs envisagés ;
- Le nombre d’enseignants présents aux séances d’information et de formation par rapport
aux 300 enseignants espérés.
En terme d’efficience, il s’agit, par exemple, de faire le rapport entre :
- Les coûts prévisionnels et les résultats attendus,
- Les coûts réels et les résultats attendus,
- Les coûts prévisionnels et les résultats obtenus,
- Les coûts réels et les résultats obtenus.
Exemple : Coûts prévisionnels / Résultats attendus
Budget prévisionnel Campagne
21 005 000 MGA
Résultats attendus
7 500 Jeunes informés
Coûts de contact prévus
2 800 MGA / jeune informé
En terme de qualité, il s’agit, par exemple :
- De comparer le nombre de jeunes adolescents pouvant décrire au moins 2 effets de la
pollution plastique et 1 solution alternative par rapport au nombre de jeunes présents aux
journées « Vivons mieux avec le plastique » ;
- De s’assurer, au niveau des méthodologies et des contenus, l’intégration effective de
l’approche Genre et/ou de l’approche Participative dans le Programme80.
2.4.2 Impacts du programme
Outre, les résultats souhaités auprès de la cible primaire, la mise en œuvre du programme
devait également provoquer des changements après des cibles secondaires, à savoir que :
- Au moins 10 établissements disposent des bacs à ordures séparés jusqu’à la fin de l’année
scolaire 2005 – 2006,
80
Exemple : En terme de méthodologie, l’approche Genre peut être l’implication effective des jeunes
adolescentes dans la préparation des JVMAP (proportion Adolescentes/Adolescents) ; en terme de contenu,
l’approche Genre est intégrée dans les formations en techniques de Communication, de Négociation et de
Plaidoyer concernant les rapports entretenus ou à entretenir entre les jeunes adolescents, leurs parents et/ou les
autres adultes
-122-
- Au moins 5 établissements disposent de parcelles de démonstration jusqu’en fin 2006,
- Au moins 10 espaces sont consacrés sur le thème (article de presse, documentaire,
plateau de discussion, talk show, etc.) jusqu’en fin 2006.
Par ailleurs, le programme devrait produire des externalités positives surtout pour le RJDP. Il
devrait permettre :
- De disposer d’interlocuteurs au niveau même des établissements scolaires qui sont des
relations nécessaires pour la réalisation des actions futures et des autres programmes du
RJDP ;
- De renforcer la capacité de communication et de négociation des jeunes étudiants,
réduisant ainsi leur marginalisation et leur vulnérabilité ;
- De véhiculer les principaux objectifs du RJDP tels que la responsabilisation des jeunes
dans la mise en œuvre d’un projet, la participation citoyenne et civique ou la promotion de
la démocratie ;
- De renforcer les compétences des membres du Réseau dans la conduite d’un projet ;
- D’augmenter la notoriété du Réseau, d’améliorer son image et sa crédibilité auprès des
partenaires et des bailleurs.
2.4.3 Continuité du programme
La première phase du programme s’arrête à la fin de la première année scolaire. Le contact
est, en effet, rompu avec les grandes vacances et ne pourront reprendre qu’à la prochaine
rentrée. C’est là que le rôle des média est crucial pour maintenir le pont avec les étudiants et
l’ensemble du public. Ils doivent ainsi multiplier les espaces consacrés au thème.
Lors de la 2ème année, une réédition des journées « Vivons mieux avec le plastique » est à
envisager mais elle n’est plus centrale au programme. En effet, le contenu de la prochaine
étape ne se focalise plus sur l’information mais surtout sur les solutions et les alternatives au
problème. Il s’agit de montrer aux jeunes les bonnes pratiques, simples et réalisables, qu’ils
peuvent appliquer ou faire appliquer à la maison. La mise en place des parcelles de
démonstration au sein des établissements doit être renforcée. Le rôle de MIKAJY passe de
celui de promoteur d’un projet évènementiel à celui de soutien vers une autonomie des clubs
scolaires.
Le besoin de financement est donc réduit dans la continuité du programme. Quoi qu’il en
soit, du succès de cette première étape dépendra la recherche des financements futurs.
-123-
Conclusion de la deuxième partie
Cette seconde partie du travail consiste à élaborer la première phase de notre stratégie de
plaidoyer, à savoir le programme de Communication pour le Changement de Comportement
des ménages dans la production de déchets plastiques. Cette première étape vise à informer
le public sur les effets réels de la pollution plastique.
A cet égard, nous avons décidé d’utiliser une porte d’entrée dans les ménages : les jeunes
adolescents. Notre approche se situera dans son milieu de référence le plus influent : le
milieu éducatif. Nous avons ainsi ciblé les jeunes de 15 à 22 ans encadrés dans les
établissements du second cycle de la Capitale (Lycées, Etablissements confessionnels et
laïcs).
Différentes manifestations sont planifiées dans le déroulement de l’année scolaire 2005 –
2006, à savoir :
- Un lobbying auprès des établissements scolaires,
- Une campagne d’information des enseignants,
- Une série de négociation auprès des médias,
- Une campagne d’information auprès des jeunes.
Notre programme devrait ainsi nous permettre :
- D’obtenir le soutien des média en les intégrant au programme ;
- De rallier les établissements scolaires et surtout les enseignants à notre cause ;
- D’impliquer les jeunes dans la lutte contre les déchets plastiques.
-124-
CONCLUSION FINALE
Le plastique marque le progrès mais nuit au développement. Recherché pour des raisons
pratiques et économiques, son usage est très vite devenu excessif. Un peu partout dans le
monde, et plus particulièrement dans les pays pauvres, les effets négatifs de la pollution
plastique se font ressentir.
La commune urbaine d’Antananarivo n’est pas épargnée par ce problème. La consommation
de plastique est devenue un mode de vie et la production de déchets plastiques, une
banalité. Le public ne s’inquiète plus, ni de la trop grande fragilité des produits qui leur sont
fournis, ni des conséquences de leurs mauvaises habitudes. Pourtant, le petit geste irréfléchi
du quotidien représente une véritable source de problèmes pour la municipalité.
Les
débris
plastiques dispersés
sur
l’ensemble du territoire communal polluent
irrémédiablement son environnement. Des difficultés pratiques et économiques viennent
alourdir le bilan de la pollution.
Que doit-on faire face à ce problème ?
Interdire leur utilisation et donc la production, et mettre des centaines d'employés de ces
entreprises au chômage ? Ou obliger ces dernières à respecter certaines normes pour la
production des objets biodégradables à usage domestique ? Promouvoir la production de
sachets en papier ? Apparemment, la solution n'est pas facile à trouver !
La recherche d’alternatives doit réunir toutes les parties prenantes au problème aussi bien
les bénéficiaires, les législateurs, les acteurs de développement que les opérateurs du
secteur. En effet, l’appropriation de la solution est facilitée si son identification a mobilisé la
participation de tous.
Le sujet fait des partisans mais aussi des opposants à cause des obstacles économiques et
comportementaux. En effet, le problème de comportement est au centre du débat. Il est
conforté par l’absence de mesures fondamentales telles que le cadre légal et l’éducation,
ainsi que de mesures d’accompagnement telles que les infrastructures.
-125-
Le programme MIKAJY estime que la communication peut jouer un rôle important et stimuler
le développement. Il prévoit ainsi de mettre en œuvre une stratégie de Plaidoyer pour faire
avancer les choses et accélérer les décisions de changement. Toutefois, cette stratégie
s’inscrit dans le temps et repose sur la pression populaire.
Pour exercer une telle pression et négocier ses intérêts, la population, dans toute sa
diversité en terme de rôles, d’intérêts ou de besoins, doit être forte c’est-à-dire consciente,
coordonnée et regroupée autour d’une vision commune. Elle doit s’ériger en véritables
acteurs, non en simples bénéficiaires, et constituer le contrepoids d’un secteur privé
insatiable.
La premier volet du programme MIKAJY consiste à la mise en œuvre d’une Communication
pour le Changement de Comportement. Cette première étape, faisant l’objet du présent
document, vise à modifier les habitudes des ménages afin de réduire la production de
déchets plastiques. L’effort de communication est focalisé sur les jeunes adolescents de 15
à 22 ans qui constituent, non seulement les futurs consom’acteurs, mais également une
opportunité pour accéder dans les foyers.
Cependant, le programme MIKAJY ne peut pas prétendre, à lui seul, résoudre le problème
mais ne peut qu’y contribuer. Il demeure impératif de travailler en réseau et de consolider les
liens de partenariat avec les autres acteurs de développement. Certaines mobilisations
apparaissent progressivement aussi bien dans le domaine de la protection environnementale
que de l’éducation à la citoyenneté et au civisme. Ce sont des alliés sur lesquels il faut savoir
compter.
Enfin, il est utile de rappeler la relation entre le programme d’études en DESS et le contenu
de cet ouvrage. Il faut retenir que la participation est une conditionnalité du développement
et repose sur un comportement volontaire. Plus qu’un outil, la communication peut être une
stratégie efficace pour fournir l’énergie nécessaire à l’action et pour provoquer le
changement attendu. Il s’agit d’un investissement soutenu dans le long terme et dans la
patience.
-126-
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