Voyage au Pays dogon din 2010 + photos + compressé

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Voyage au Pays dogon din 2010 + photos + compressé
Voyage au Pays dogon
15 novembre au 12 décembre 2010
Roland Michèle et Nicole
Disons tout d’abord, qu’informés après notre arrivée, des propos tenus dans le journal Le
Monde, dans les medias français et des restrictions exprimées par le Ministère des Affaires
étrangères sur les « risques » pour les français au Mali, nous avons cherché des
informations auprès du Consulat à Bamako, de français résidents à Mopti, nous avons discuté
avec des Maliens informés, avec les dogons bien sûr, qui affirment que leur région est tout à
fait calme et non inquiétée par les agissements des extrémistes, en particulier aqmi ; nous
avons bien réfléchi en essayant de garder la tête froide… malgré la très forte chaleur les 8
premiers jours de notre séjour (28° à 6 heures du matin…) pour décider de rentrer ou de
rester…
La longueur de ce Compte rendu vous permet de deviner notre choix : nous sommes restés,
nous sentant très en sécurité au milieu des villageois…que nous avons retrouvés avec
beaucoup de plaisir et avec lesquels nous avons aussi partagé la fête de Tabasky (fête du
pardon et…du mouton).
Arriver au pays dogon à la mi novembre donne une impression très différente de celle
qu’on ressent à la mi janvier… et nous a – s’il en était besoin – conforter dans notre souhait
de permettre à Endé de garder les effets des pluies de l’hivernage grâce à un « barrage » …
Beaucoup de zones
sont encore très
vertes… … de très
hautes herbes
bordent les
chemins… derrière
lesquelles on
s’attendrait
presque à voir des
lions et des
éléphants…
comme dans les
films !
Les arbres - qui
commencent à
repousser depuis
quelques années
autour de certains villages qui ont pris conscience de l’importance de ne pas les couper pour
le bois de cuisine…- sont couverts de feuilles encore vertes… Sur la route vers Bandiagara,
des mares, des petites rivières jalonnent les espaces et sont souvent des lieux de lessives, de
bains…
Dans les champs, des hommes rassemblent les tiges de mil encore chargées de leurs épis, en
tas très structurés, sur le sol ou sur des charrettes ; des femmes, certaines avec des enfants
dans le dos, en transportent dans de très grands paniers, sur leur tête, vers les greniers. Au
pied d’un arbre, on voit un ou deux plats, des jerricans d’eau, une natte
Les troupeaux ne sont pas encore là… c’est la période des récoltes et à Endé, dans la journée,
les hommes et surtout les femmes sont « aux champs » (après avoir été cherché l’eau au puits
ou à la pompe et préparé le tô ( sorte de bouillie de mil) pour la journée…) Les champs
peuvent être à plusieurs kilomètres du village…Ils rentreront le soir, à la nuit tombée…
Nos contacts ont donc été très différents et axés principalement autour du barrage bien sûr
mais surtout du maraîchage qui va prendre la relève des récoltes de céréales qui se
terminent et de la clôture qui doit protéger la zone de maraîchage de l’incursion des
animaux.
Nous avons aussi « animé » 2 soirées en montrant aux habitants de Endé, un soir à
Guinekanda, un soir à Wo, le film que nous avions fait sur le barrage et celui sur les Foyers
à Bois économes… leur restituant ainsi une partie de leur histoire.
Le barrage
Nous y avons passé de longs moments mais l’état des lieux fait par André Duteil au mois
d’Août a déjà apporté le maximum d’informations, et on ne note pas de changement
significatif pour le barrage depuis son séjour.
La partie en béton cyclopéen n’a pas bougé et l’effondrement de la digue de terre sur environ
25m ne semble pas s’être agrandi .
Nous constatons, pour la deuxième année consécutive que la retenue d’eau, malgré cet
effondrement de la digue, irrigue une partie de terrain qui devient ainsi particulièrement
intéressant pour le maraîchage.
Le maraîchage
Au début de la saison des pluies (mai juin) les terrains ont été plantés de céréales
(essentiellement le mil et du riz pour la 2eme fois depuis la construction du barrage) par les
grandes familles qui en ont la jouissance (la notion de propriété, au mali, étant à nuancer) ; ils
sont en friche après les récoltes et peuvent donc être prêtés à tous ceux qui le demandent :
chacun va travailler sa parcelle pour cultiver des légumes dont des pommes de terre pour la
première fois.
La terre est belle, encore un peu humide…
Les semences de pommes de terre (de Bretagne !!) sont arrivées et entreposées « au frais »
(sic !) chez le Maire. Tout au long de notre séjour, nous suivrons la progression de la
distribution des 40 caisses de 25 kg, réparties auprès de 40 personnes.
Nous verrons certaines
parcelles en préparation, la
terre retournée par un ou
plusieurs hommes en cadence,
à l’aide des dabas, outil
traditionnel, sorte de houe à
fer large et à manche court
servant à retourner la terre…
nous verrons les paillis de pré
germination et les cultivateurs
soulever délicatement la paille
pour nous montrer avec fierté
et admiration, les germes …
Cette culture, nouvelle à
Endé, est soutenue par Agro
sans Frontières qui est notre
partenaire pour former,
accompagner les habitants
de Endé dans la mise en
culture de cette zone
irriguée par le barrage.
L’eau accumulée dans les
sols, dans quelques trous
d’eau encore un peu pleins
grâce au barrage, permet
d’arroser.
D’autres semences
(aubergines, carottes,
tomates, salades, basilic,
courgettes etc…) ont aussi été plantées dans d’autres parcelles, mais il faudra attendre la fin
janvier pour en voir les résultats et nous avons pu constater, sur le marché de Endé, qu’il n’y
avait aucun légume à vendre à cette période de l’année.
L’alimentation est donc essentiellement faite de mil (le Tô) ; les récoltes viennent d’être
faites et semblent avoir été bonnes cette année.
Certaines grandes familles ont aussi cultivé du riz cette année encore et nous avons vu les
aires de battage, les sacs de grains, et les tiges gardées comme fourrage ; nous n’avons pas
encore les résultats précis de cette récolte
Les 40 caisses de 25 kg de semences de pommes de terre devraient permettre de récolter 8 à
15 tonnes de pommes de terre fin janvier/ début février : cette récolte sera en partie
consommée par les villageois (mais la pomme de terre ne fait pas (encore !) partie de leurs
habitudes alimentaires) et sera vendue sur les marchés des villes proches (Bankass,
Bandiagara, Sévaré, Mopti). Il n’y a pas encore de lieu de conservation… et 40 caisses de 25
kg seront rendues à l’AIVM pour compenser le renouvellement des semences de l’an
prochain. (Au sujet des semences on peut s’étonner qu’elles viennent de Bretagne mais il faut
savoir que les conditions climatiques du Mali ne permettent pas la reproduction de semences,
des recherches sont en cours pour trouver une solution à ce problème.)
Ce projet est suivi par Agro sans frontière et l’AIVM (Association Ile et Vilaine Mopti)
localement : des formations spécifiquement sur la pomme de terre ont lieu sur place chaque
semaine, faisant suite à d’autres formations antérieures sur le maraîchage, le compostage,
avec un financement de UN JARDIN AU MALI.
Nous avons rencontré le représentant d’ASF au pays dogon ainsi que la déléguée de l’AIVM
qui coordonne le projet localement d’une part à Sévaré (Mopti) et sur place à Endé.
La clôture
Installée en janvier 2010, elle entoure
actuellement 2 ha de terres en amont du
barrage.
Elle a subi une saison des pluies, et a
besoin d’être renforcée afin que les
animaux (chèvres et moutons) ne pénètrent pas dans les terrains mis en culture en passant
sous le grillage : les 2 parties « traversées » par le lit de la rivière sont en grillage amovible
mais nécessitent un renfort en piquets. Les 2 parties fixes, parallèles au lit de la rivière,
doivent être renforcées par un muret qui maintiendra le grillage dans sa partie inférieure.
Tous ces points ont été l’objet d’observations, de discussions… avec les chefs de quartiers,
avec le Maire, avec l’agronome d’AIVM, avec les villageois bien sûr, les hommes, les
femmes … et même les enfants !... avec le Comité de Gestion du Maraîchage, avec Di
Kanmonou, avec l’association de Guinekanda (ADG) qui a changé de président, avec le
directeur du Collège etc… certains enthousiastes à l’idée de cultiver des pommes de terre,
d’autres perplexes, certains se mettant au travail, d’autres promettant de s’y mettre…
Il est certain que, face à
la baisse des activités
liées au tourisme, le
pays dogon et Endé
entre autres, va devoir
trouver d’autres
ressources et
l’agriculture en est une,
les ramenant à leur
propre histoire puisque
les dogons étaient un
peuple d’agriculteurs…
Il y a 10 ans, il ne restait
qu’un seul maraîcher à
Endé… Nous l’avons
croisé, avec sa daba sur
l’épaule… et sommes
heureux qu’il ne soit
plus le seul…
Au moment de notre départ, l’herbe, dans les champs et au bord des pistes, avait séché, mais
nous savions que les nappes phréatiques étaient regonflées et permettraient à ceux qui se
mettraient au travail de récolter des légumes.
Compte rendu rédigé par Michèle

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