Ilma Choffel se bat pour une prise en charge du burn-out

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Ilma Choffel se bat pour une prise en charge du burn-out
Ilma Choffel se bat pour une prise en charge du burn-out
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Ilma Choffel se bat pour une prise en
charge du burn-out
LE MONDE | 02.04.2013 à 15h20
Par Francine Aizicovici
Désormais, ce sera le combat de sa vie. "Epaulée par la justice , la CGT, des experts et
j'espère par le gouvernement", Ilma Choffel de Witte veut créer une association et "[se]
battre pour faire reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle." "Pour que le
grand public sache ce que c'est. Et pour les autres veuves", explique-t-elle.
Ilma Choffel de Witte est l'épouse de Nicolas Choffel , ce cadre supérieur de La Poste, qui,
à 51 ans, s'est donné la mort par pendaison, chez lui, le 25 février. Il était en arrêt maladie
pour burn-out – épuisement professionnel – depuis trois semaines.
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De nationalité néerlandaise, Mme Choffel voudrait que la France s'inspire de ce qui existe
aux Pays-Bas en matière d'accompagnement et d'encadrement du burn-out.
Dès que le diagnostic est posé, "une cellule interne est constituée avec le médecin du
travail, la direction des ressources humaines et l'assistante sociale de l'entreprise, racontet-elle. Sa mission est d'assurer un suivi médical du salarié en burn-out et de le rassurer
quant à son maintien dans l'entreprise au même poste. Dès lors, il peut se reconstruire ."
Ce n'est pas du tout ce qui s'est passé dans le cas de son mari, assure Mme Choffel. Tous
les soirs, son époux, en arrêt maladie, recevait chez lui un appel du bureau.
Au point qu'un soir, raconte Ilma, "nous avons failli en venir aux mains. J'essayais de lui
arracher le téléphone et il m'a dit : Tu ne te rends pas compte ! Il faut que je travaille, sinon
on va me mettre au placard."
"LE DROIT D'ÊTRE MALADE"
Les jours ont passé ; les appels ont continué. Au cours de son congé maladie, "il a été
destinataire de plus de 1 500 mails, de 110 appels professionnels et de 53 SMS, précise
Mme Choffel. Je lui disais qu'il avait le droit d'être malade. Lui, il se sentait obligé de
travailler . Si son boss, au lieu de le harceler , l'avait assuré qu'il retrouverait son emploi ,
Nicolas serait encore en vie."
Père d'une jeune fille de 19 ans, M. Choffel était passionné par son travail. Ancien
journaliste au Quotidien de Paris et au Figaro notamment, il avait été embauché au siège
parisien de La Poste en 2001.
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Vers la fin de l'année 2012, il avait été promu du poste d'adjoint à celui de directeur de la
communication interne. Une belle ascension, qui marque aussi le début de sa descente aux
enfers.
La charge est lourde, prenante, dans cette société en pleine mutation. En outre, il n'a pas
été remplacé sur sa responsabilité précédente et un second poste d'adjoint a aussi été
supprimé.
"Il a occupé trois postes simultanément" durant les derniers mois de sa vie, résume sa
femme qui dit que, fin 2012, ce grand sportif lui était apparu "affaibli".
Avant que son état empire : "il avait perdu 18 kg entre septembre 2012 et janvier 2013, dit
Mme Choffel. Il éprouvait une grande fatigue, physique et intellectuelle, le signe majeur de
burn-out."
Le 28 février, lors d'un conseil d'administration, le président de l'opérateur, Jean-Paul Bailly ,
a déclaré, à propos des suicides à La Poste, que "ce sont des drames personnels et
familiaux, où la dimension du travail est inexistante ou marginale", selon des
administrateurs des syndicats CGT et SUD présents.
"Cela a été un choc", dit Mme Choffel, qui précise que "l'enquête de police , côté vie privée ,
a conclu que nous étions une famille sans histoire, aimante, un couple fier de sa fille."
La Poste "dément que ces mots [de M. Bailly] portaient sur la situation de Nicolas." Mais
alors que son propre employeur lui a fait porter une lettre de soutien "très personnelle" le
jour du décès de son mari, Mme Choffel ne recevra un courrier de M. Bailly "que le 5 mars,
adressé à Ilda Choffel au lieu de Ilma". "C'était une lettre type de condoléances", dit
Bernard Dupin , administrateur CGT.
Lire aussi : A La Poste, en dépit du Grand Dialogue, les suicides continuent
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