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485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:45 Page485 M TECHNIQUE Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs ] M 490 Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers M Thomas CAMUS NFM Technologies G. FONTANILLE NFM Technologies 1 - Introduction- 2 - Rappels historiques2.1 - Tunnels sous-marins Le tunnel sous-marin le plus emblématique - du moins en Europe - est le Tunnel sous la Manche qui fait partie de l’histoire. Il n’est pas surprenant que cet ouvrage quasi mythique ait été réalisé avec des TBM et qu’ainsi le passage en revue des projets de tunnels sous-marins ne puisse que commencer par cette réalisation majeure. tunnelier facile mais dangereux : bien que les pressions réellement enregistrées n’excédèrent pas 6.3 bars [1], ce sont des pressions jusqu’à 8 bars qui étaient attendues au front des 4 tunneliers à pression de terre qui forèrent les deux tubes de 7.7 mètres de diamètre intérieur. 1988-1991 - Le tunnel sous la Manche Le tunnel est constitué de deux tubes de 7,6 m de diamètre. Les travaux commencèrent avec le forage d’un tunnel-pilote. Au total, 5 tunneliers à pression de terre (EPB) furent mis en œuvre côté français, avec, par endroits, des pressions de 7 bars à 70 mètres sous le niveau de la mer. Le sol, constitué essentiellement de craie bleue avec quelques passages de craies à silex (côté français) et de marnes calcaires (côté britannique), est très homogène et il fut à l’époque considéré comme parfaitement adapté aux TBM. Aujourd’hui, il est probable que seulement 1 ou 2 tunneliers à pression de terre seraient mis en œuvre pour forer un tunnel unique à deux niveaux de circulation et qu’un tunnel-pilote ne serait pas jugé nécessaire 1990-1994 - Storebaelt Ce célèbre projet de franchissement du « Great Belt » comprend un pont routier et un tunnel ferroviaire qui descend jusqu’à 100 mètres sous le niveau de la mer. Les deux tiers du tunnel furent forés dans la marne homogène sous-jacente et le reste dans des dépôts morainiques très abrasifs. Ce contexte géologique rendit le creusement au 1993 - BPNL (Boulevard Périphérique Nord de Lyon) Ce tunnel routier sous la Saône est souvent considéré comme le premier tunnel foré au TBM dans des conditions géologiques difficiles, caractérisées essentiellement par une grande variété d’horizons allant du gneiss très dur (plus de 300 MPa de résistance en compression simple) à des alluvions glaciaires. Un seul tunnelier de 11 m de diamètre fora les deux tubes de 3 250 mètres de longueur sous une pression atteignant 4 bars. Bien qu’il ait été considéré en 1992 comme un défi majeur et qu’il reste aujourd’hui une réussite incontestable, ce type de projet est aujourd’hui devenu classique par exemple à Hong-Kong ou à Singapour et dans toutes les villes où les tunnels de métros sont forés à l’interface alluvions/rocher ; ces situations de front mixte sont devenues classiques pour le creusement au tunnelier. 1989-1997 - Tokyo Bay L’Aqua Line tunnel est constitué de deux tubes parallèles de 9,5 km de longueur (alors record mondial pour un tunnel routier sous-marin) situés TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 M L’ingénierie a toujours été un domaine de dépassement des limites et de records mondiaux et le secteur des tunnels ne fait pas exception à la règle. Régulièrement, est annoncé un nouveau record de tunnel à construire, le plus profond, le plus long, le plus grand… et, le plus souvent, le projet se réalise avec succès, repoussant encore plus loin ces limites. Plusieurs méthodes de construction de tunnels sont en compétition, chacune présentant ses avantages et ses inconvénients. Ici comme ailleurs, la compétition favorise l’innovation ; il en résulte que les tunneliers (TBM) ont progressivement surmonté les défauts de leurs débuts et qu’ils sont aujourd’hui utilisés pour des projets de plus en plus exigeants. Dans le même temps, les ingénieurs de travaux publics et les constructeurs de tunnels prennent confiance dans la technologie et les capacités accrues des TBM et alimentent ainsi cette recherche vers une polyvalence et des performances encore plus élevées. Dans cet article, nous examinerons la situation et les orientations actuelles ainsi que les développements prévus dans le domaine des TBM afin de relever les défis que poseront les futurs projets de tunnels. 485 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:45 Page486 TECHNIQUE M [ Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers à 60 mètres de profondeur sous la Baie de Tokyo. Les huit tunneliers à pression de boue utilisés étaient conçus pour supporter jusqu’à 9 bars. Les principales difficultés furent dues plus au très grand diamètre des machines (14,1 m) et au système de revêtement anti-sismique spécifique à ce projet qu’à la géologie des terrains traversés, relativement « faciles », constitués de sables et d’argiles limoneuses. 2008 -… - Bosphore La traversée du détroit du Bosphore fait actuellement l’objet de plusieurs projets impliquant des TBM : le tunnel hydraulique du Grand Melen ; le tunnel ferroviaire de Marmaray avec une partie immergée reliée à la surface par des tubes forés ; et, encore à l’état de projet, un tunnel routier de 3,3 km de longueur, avec un TBM de 12,86 m de diamètre, situé 80 à 90 mètres sous la surface. 2.2 - Tunnels en site terrestre 2003 - (en construction) - Ligne 9 du Métro de Barcelone Le creusement des deux tubes de 12 m de diamètre sous le centre-ville de Barcelone a été réalisé par deux tunneliers mixtes (mode ouvert/ pression de terre). Une variété impressionnante de conditions géologiques fut rencontrée sur toute la longueur de 7 km du tracé : socle granitique avec de grandes zones d’altération à sa surface et ardoises. Il en résulta des problèmes sans précédent d’usure d’outils et de disques ; des variations de géologie inattendues nécessitèrent deux modifications et changements de la roue de coupe. Bien que la pression soit restée inférieure à une valeur raisonnable de 2,5 bars, ce tunnel se situe parmi les projets les plus difficiles du début des années 2000. 2.3 - Tunnels de montagne L’histoire des tunnels de montagne ne s’inscrit pas du tout dans le thème de cet article. Cependant, un regard sur quelques projets de tunnels européens récents (tunnel de base du Gothard, tunnel de Pajares, tunnel de base du Brenner ainsi que le projet du Lyon-Turin) montre qu’ils ont entre eux des points communs : diamètre voisin de 10 mètres, longueur au-delà de 25 voire 50 km et des couvertures de plus en plus grandes, jusqu’à 2300 mètres. 2.4 - Vue générale Les caractéristiques principales des tunnels immergés et terrestres précédents sont indiquées sur le diagramme ci-dessous (fig 1). La position verticale des cercles indique leur profondeur (pour les tunnels immergés, en bleu) ou la charge hydraulique maximale (pour les tunnels terrestres, en marron) tandis que le diamètre des cercles est proportionnel à la difficulté géologique. La tendance en fonction du temps apparaît clairement de gauche à droite : cercles plus grands, charges hydrauliques ou profondeurs plus grandes. tunnels mono-tube (de 14 à 17 mètres de diamètre). Il est probable que ce seront là les diamètres standard des futurs tunneliers dont nous parlons ci-après, bien qu’il y aura toujours des exceptions pour certains projets de plus grandes dimensions. 3.2 - Profondeur des tunnels Le changement majeur qui caractérise les nouveaux projets de tunnels forés au tunnelier est clairement un accroissement de leur profondeur. Pour les tunnels immergés forés dans des sols perméables, cela signifie une augmentation importante de la pression hydraulique. Pour certains projets majeurs (traversée du Bosphore à - 90 m ; détroit de Gibraltar avec des profondeurs de 420 à 620 mètres sous la mer sur 28km), des pressions de 20 bars devront être supportées, non pas seulement en pointe mais en continu. • Conception des structures Le creusement à plus grande profondeur implique une pression de terre plus grande sur la tête et le bouclier du tunnelier. A avancement égal, cela signifie une poussée du tunnelier proportionnelle- 2005 - (en construction) - Hallandsås Ce tunnel ferroviaire est connu pour son historique compliqué. Commencé en méthode traditionnelle, le projet fut arrêté et repris en tunnel foré de 10,6 m de diamètre. Sa construction se heurte à une géologie complexe avec un rocher totalement altéré et une pression d’eau très élevée. Figure 1 - Vue générale de l’historique de tunnels « difficiles ». 3 - Exigences nouvellesen matière de tunneliers3.1 - Diamètre des tunnels 2006 - (en construction) - Tunnel Niagara Ce tunnel hydroélectrique de 10,1 km de longueur est aussi un cauchemar géologique, avec d’énormes éboulements qui réduisent constamment l’avance du tunnelier de 14,4 m de diamètre. 486 Les exigences en matière de diamètre de tunnel semblent s’être approchées d’une limite, non pour des raisons techniques mais parce que la plupart des configurations de tunnels routiers ou ferroviaires peuvent aujourd’hui être satisfaites avec des M TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 ment accrue. L’augmentation de la pression dans la chambre de travail signifie aussi que le broyage des matériaux extraits nécessite un couple plus important. La poussée et le couple étant respectivement proportionnels au carré et au cube du diamètre, ils sont fortement impactés par l’augmentation du diamètre du tunnelier. Ceci implique de redimensionner complètement les principaux composants du TBM : sa structure, afin d’obtenir la raideur 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:45 Page487 TECHNIQUE Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers • Etanchéité La motorisation et son roulement sont les éléments cruciaux du tunnelier mais ce sont aussi ceux qui supportent les plus fortes contraintes. La fiabilité étant ici un facteur essentiel, il est donc nécessaire d’assurer une protection efficace de cette partie du TBM contre toute contamination extérieure qui conduirait à une panne catastrophique. De l’extérieur vers l’intérieur, l’étanchéité est assurée par une série de chicanes et un jeu de joints à lèvres ; des mastics et/ou des graisses sont injectés dans les chicanes et entre les joints adjacents, ce qui réduit la pression exercée sur chaque joint. On considère que ce dispositif est applicable pour des pressions jusqu’à 10 bars. Etendre ce système à des valeurs de pression supérieures – en ajoutant un ou plusieurs joints à lèvres- conduit à augmenter le porte-à-faux sur le roulement et à accroître les efforts sur la structure ; à un moment, on peut s’attendre à ce que cette approche devienne inapplicable. De nouveaux matériaux actuellement en cours de développement offrent des perspectives vers de nouveaux systèmes d’étanchéité ; également, des outils modernes de modélisation permettent une analyse en profondeur du comportement des joints dans des configurations variées et sur une large plage de conditions de fonctionnement, conduisant ainsi à des conceptions de joints plus sûrs. Ainsi, de nouvelles approches devraient-elles être recherchées, utilisant peut-être un concept totalement différent. Les mêmes considérations s’appliquent pour le joint de queue, généralement constitué d’une série de brosses entre lesquelles un mastic spécial est injecté en continu avec l’avancement du tunnelier. Ici encore, l’addition de brosses, accompagnée d’une plus grande consommation de mastic, est une solution à l’augmentation de la pression, mais il est peu probable que ce système supporterait une pression continue de 20 bars. • Revêtement du tunnel Bien que le revêtement sorte du sujet « tunnelier » proprement dit, il doit aussi être adapté à l’accrois- sement de la pression du terrain et les tunneliers devront en tenir compte. La conception du revêtement devra être modifiée car il doit à la fois garantir l’étanchéité globale du tunnel et participer à l’étanchéité de l’interface tunnel/tunnelier. Le revêtement sera également redimensionné non seulement à cause de l’augmentation de la pression extérieure mais surtout parce qu’il devra résister à l’accroissement de poussée du TBM. La nécessité de remplir le vide annulaire et la méthode pour y parvenir pourront aussi changer radicalement, imposant ainsi des contraintes et des exigences nouvelles pour le tunnelier. 3.3 - Caractéristiques géologiques des sites de tunnels • Adaptabilité des tunneliers Il est communément admis aujourd’hui que l’utilisation des tunneliers n’est pas limitée au cas de creusement facile dans des terrains homogènes. Plusieurs expériences de tunnels « difficiles » ont démontré le potentiel des TBM et, bien que des problèmes aient été rencontrés dans plusieurs cas, les ingénieurs surent trouver des solutions et développer des méthodes et procédures qui ont conduit à accorder aujourd’hui de plus en plus confiance à cette technologie. L’augmentation de longueur des tunnels accroît aussi la probabilité d’avoir à traverser des formations géologiques plus hétérogènes sur un tracé donné. Ce dont nous aurons besoin demain, c’est d’un TBM capable à la fois de forer dans des terrains meubles, de passer des blocs, de creuser dans le rocher et traverser des terrains très abrasifs sur de longues distances. La diversité de terrains qu’un TBM aura à traverser pour un même tunnel peut être telle qu’en théorie il faudrait utiliser plusieurs types de machines, mais les entreprises sont de plus en plus tentées d’utiliser les tunneliers multi-modes et/ou reconfigurables afin de réduire les coûts élevés d’investissement et éviter les opérations difficiles et risquées telles que le démontage d’un TBM à l’intérieur d’un tunnel. Une reconfiguration (par exemple un changement de type d’outils mais aussi un changement de mode de travail tel que passage du mode ouvert au mode à pression de boue ou même du mode pression de terre au mode pression de boue et viceversa) doit toujours être prévue et programmée pour être effectuée en des points précis du tracé du tunnel. • Prévisions géologiques en cours de creusement Le creusement de tunnels de plus en plus profonds pose de nouveaux problèmes aux géologues qui ont plus de difficultés pour atteindre et sonder les terrains sur le tracé des ouvrages. Les études préliminaires coûteront plus cher et il est probable qu’au final, les données recueillies pour participer au pilotage du tunnelier seront insuffisantes ou moins précises. Le creusement de tunnels de plus en plus difficiles implique un niveau plus élevé de risques liés à la géologie et aux changements de faciès. Le besoin de données géologiques précises va ainsi certainement augmenter et la production de ces données sera alors transférée au niveau du tunnelier, avec une exigence de données fiables en temps réel, même à échelle « microscopique ». Des systèmes d’analyse géologique utilisables en travaux de tunnel sont disponibles dans le commerce et on en connaît l’étendue et les limites d’application. La plupart d’entre eux exigent une grande expérience pour l’interprétation en direct des données fournies. D’autres systèmes sont à l’étude, basés sur des approches et des techniques de détection diverses (électriques, sismiques, radar) ; il reste à réaliser, sur la base de ces nouvelles techniques, des instruments de mesure pouvant être effectivement intégrés dans les tunneliers et rester fiables dans des tunnels revêtus. Mais, contrairement à ce qui se passe en recherche médicale (techniques d’imagerie) ou en exploration pétrolière, les enjeux sont ici insuffisants pour obtenir des financements appropriés ; un effort plus global est nécessaire si l’on veut que ces systèmes soient prêts en temps voulu. • Traitement et amélioration des sols Maintenir stables le front de taille et le terrain autour et au-dessus de la zone excavée est l’un des impératifs de base de la construction de tunnels. Face à un faciès géologique complexe, un traitement des sols sera généralement nécessaire et le tunnelier doit alors être équipé des outils de perforation et d’injection permettant ce traitement. L’amélioration des sols devra être conduite en mode continu, afin de réduire les venues d’eau et/ou réduire la pression appliquée sur le tunnelier. 3.4 - Longueur des tunnels Les tunneliers n’ont qu’une portée limitée de l’ordre de 10 km en mode fermé ou de 15 km en mode ouvert et cela pose un problème pour certains TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 M nécessaire ; le roulement principal de la motorisation, afin de résister à la poussée et au couple très importants qui s’exercent sur la tête de coupe. Il en résulte un accroissement considérable du poids du tunnelier et donc de densité apparente susceptible d’entraîner des problèmes de conduite. ] 487 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:45 Page488 TECHNIQUE M [ Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers nouveaux projets de très longs tunnels actuellement à l’étude. Ainsi, forer sur plus de 20 km avec des machines à pression de boue ou de terre signifie qu’à un moment, de très gros travaux de maintenance seront nécessaires, éventuellement sous charge d’eau ; cette contrainte doit être prise en compte dès la conception même du tunnelier pour de tels tunnels de grande longueur (par exemple le tunnel de plus de 100 km sous le Détroit de Bering). Toutefois, il est probable qu’il existe chez les passagers, même voyageant en train, une « barrière psychologique » contre les très longs tunnels, ce qui pourrait bien bloquer les projets « extrêmes » au stade de la planche à dessin… 3.5 - Type de tunnelier A part les sections de tunnels purement rocheuses où le creusement est possible en mode ouvert, ce qui précède montre que les tunneliers nécessaires aux nouveaux grands projets seront évidemment à mode fermé, ce qui nous ramène à la question : pression de terre ou pression de boue ? Jusqu’à présent, le débat était centré sur les caractéristiques du terrain et le choix était surtout basé sur la granulométrie des sols, à savoir : pression de terre quand le pourcentage de fines était élevé, pression de boue quand ce pourcentage était faible. En outre, un pourcentage élevé de graviers excluait l’utilisation d’un TBM à pression de terre [2] (cf. figure A). Toutefois, avec le développement de techniques et de produits de traitement de terrains, cette limite est devenue plus floue pour les niveaux classiques de profondeur et de pression [3] (cf figure B). Aujourd’hui, le choix est plus basé sur les montants des investissements et les coûts opérationnels, ainsi que sur des considérations d’impact environnemental qui favorisent les tunneliers à pression de terre. L’utilisation d’un TBM sous haute pression constante conduit à transporter les matériaux excavés sous un différentiel de pression de 20 bars. A cet égard, le concept entièrement hydraulique du tunnelier à pression de boue présente beaucoup d’avantages sur celui du tunnelier à pression de terre. Bien que de très longues vis d’extraction puissent être conçues et aient même été déjà utilisées, il n’existe pas à ce jour de cas d’utilisation sous d’aussi hautes pressions. Les vis d’extraction sont sujettes à une usure intense et cela est encore aggravé sous de fortes pressions. Les vis présentent aussi le risque d’écoulement direct qui n’existe pas avec le système à pression de boue. Au total, les tunneliers à pression de boue permettent un meilleur contrôle du front de taille, ce qui limite beaucoup les risques lors des opérations de maintenance, lesquels risques sont tout simplement inacceptables sous des pressions de 20 bars ; ainsi, les tunneliers à pression de boue sont-ils sans doute les meilleurs candidats pour le creusement de tunnels profonds sous des conditions difficiles. Toutefois, ces machines devront aussi permettrepour les zones de rocher - un creusement en mode ouvert qui offre une avance plus rapide avec une usure moindre. 3.6 - Prise en compte des risques A : ref. [2] B : ref. [3] Figure 2 - Choix du tunnelier (EPB ou Boue) en fonction de la granulométrie Améliorations obtenues par les traitements de sols. Les risques sont présents dans tous les aspects du creusement de tunnels et les fortes pressions de terre les rendent encore plus critiques. Ces risques concernent les personnes qui travaillent dans le tunnel, les constructions en surface et les équipements. Le défaut de maîtrise de ces risques peut entraîner des accidents mais aussi des retards du projet et des surcoûts considérables. Concentrons-nous ici sur le tunnel proprement dit et plus particulièrement sur le tunnelier. Un premier niveau de risque est lié à la géologie pouvant entraîner, pour n’en nommer que quelques uns, des accidents tels que débourrage d’eau ou de terrain, effondrement du front de taille, coincement du tunnelier, etc. La plupart des autres risques sont relatifs aux interventions humaines dans des zones exposées telles que l’avant de la roue de coupe ou la zone de manutention des voussoirs. Nous indiquons ci-après les concepts à développer pour les futurs projets de tunnels. • Durée de vie des outils et des parties exposées La plupart des opérations de maintenance sur les tunneliers sont dues à l’usure ou à la casse de pièces mécaniques, parmi lesquelles la tête et les 488 M TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:45 Page489 TECHNIQUE Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers outils de coupe qui sont le plus exposés. L’augmentation de la durée de vie de ces pièces permettra de diminuer le nombre d’interventions humaines. • Outils de prévision de maintenance Les interventions de maintenance peuvent être soit planifiées soit effectuées chaque fois qu’un problème est détecté tel que l’usure ou la casse d’un élément (par exemple outils de coupe). La mise en œuvre de systèmes de mesure et de prévision d’usure permettra une meilleure planification des interventions humaines et réduira le nombre d’opérations dans les zones à risques. 3.7 - Validation des concepts La validation du concept est une étape critique dans tout processus d’innovation mais les spécificités propres au creusement de tunnels, s’ajoutant aux niveaux d’innovation et de risque, rendent la nécessité de validation encore plus critique. Tester un tunnelier dans les conditions réelles d’utilisation est évidemment impossible en usine et il faut donc trouver des alternatives pour tester séparément les sous-ensembles. Les outils de simulation sont ] essentiels à cet égard. Un modèle géomécanique devra être intégré au modèle de la structure mécanique, ce qui permettra de réaliser des essais virtuels sur le comportement du tunnelier dans son terrain encaissant, en simulant des cas réels basés sur des données géologiques disponibles et des expériences antérieures de creusement de tunnel. Une attention particulière devra être portée sur les tests d’endurance des principaux composants des tunneliers. 4 - Conclusion --Regards vers le futur- • Sécurité relative à la maintenance La mise en œuvre de pièces résistant à l’usure et de systèmes de prévision d’usure réduira - sans l’éliminer complètement - le besoin de maintenance. Un soin particulier devra ainsi être porté sur la conception de la tête de coupe afin d’offrir la meilleure protection aux ouvriers chargés de la maintenance. Les outils de coupe devront être facilement remplaçables. Les opérations hyperbares devront être prévues et planifiées ; les équipements de plongée et de décompression devront être installés dans le tunnelier et à terre. Le creusement de tunnels est toujours une opération à risques, mais ce n’est pas un cas unique. Dans d’autres secteurs, on a observé que l’homme était en permanence à la recherche de solutions pour rendre sa vie plus facile et plus sûre ; on peut penser que ce sera également le cas dans le domaine des tunnels. Les risques aussi ont un coût et une meilleure efficacité en matière de coût -ou une rentabilité accrue- est également un levier pour la mise en place de méthodes de réduction des risques. Faire appel aux services de plongeurs a longtemps été le seul moyen de réaliser des travaux off-shore à grande profondeur ; aujourd’hui, à des profondeurs dépassant 50 mètres, ces travaux sont le plus souvent exécutés par des robots autonomes et des dispositifs télécommandés. Pour les hommes, cette approche réduit les risques liés aux pressions (par exemple les accidents de décompression) mais, également, elle élimine les limites relatives au temps de travail supportable à pression élevée. Des exemples similaires existent dans les domaines de l’exploration spatiale et de l’industrie nucléaire [4]. Ainsi, sur la base de telles expériences réussies, nous pouvons envisager que l’industrie des tunneliers, à son tour, introduise et utilise de plus en plus l’automatisation et la robotique. Nous sommes convaincus que les tunneliers sauront affronter les défis à venir et confirmeront qu’ils représentent la méthode la plus efficace pour le creusement de tunnels. Mais cela ne sera possible qu’au prix d’efforts communs et de coopération entre les fabricants de tunneliers et les entreprises, ainsi qu’avec l’appui de la communauté scientifique. Ces conditions étant réunies, nul doute que nous réussirons tous ensemble et que nous saurons proposer des solutions innovantes : les tunnels profonds et longs sont une nécessité, ils deviendront réalité. t MMM-Références• [1] J. Holzhäuser, S.W. Hunt, C. Mayer, Global Experience with Soft Ground and Weak Rock Tunneling under Very High Groundwater Heads, North American Tunneling 2006, Taylor & Francis, pp. 277-289, 2006 • [2] U. Maidl, Active confinement pressure control with foam - A comparison between slurry and earth pressure balanced shields, 2001 • [3] M. Thewes, TBM tunnelling challenges – Redefining the state of the art, World Tunnel Congress 2007, Taylor & Francis, 2007 • [4] L. Parker, J. Draper, Robotics applications in maintenance and repair, in: Handbook of Industrial Robotics (ed. S. Nof), Wiley, 1999 Remerciements Les auteurs tiennent à remercier A. Richard et R.Kastner pour leur aimable contribution à la préparation de cet article, ainsi que M.Guillaud (AFTES) pour sa traduction. TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 M • Prévisions géologiques Comme il est dit plus haut (para 3.3), la mise en œuvre d’outils de prévisions géologiques contribue à diminuer les risques. De même, la détection et la localisation d’obstacles (failles, blocs, restes de constructions anciennes, etc.) à l’avant et autour du front de taille permettront d’éviter le risque de dommages matériels au tunnelier qui entraîneraient des opérations périlleuses pour sa réparation. 489 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:46 Page490 M 485 TECHNICAL M [ Orientations des futurs projets de tunnels et leur incidence sur la conception des tunneliers Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs M Thomas CAMUS NFM Technologies G. FONTANILLE NFM Technologies 1 - IntroductionEngineering has always been an area pushing boundaries and of world record breaking, and tunnelling is no exception. Periodically we assist to a new record announcement – the deepest, longest, largest tunnel to be constructed. More often than not, the project develops and succeeds, effectively pushing the limits further. Several tunnel construction methods are opposed in a competition, each with its advantages and drawbacks. Here also, competition fosters innovation. As a result, Tunnel Boring Machines have progressively overcome their initial flaws and are currently put at work in increasingly demanding projects. Civil engineers and tunnel builders simultaneously gain confidence in the technology and the extended capacity of TBMs, and actively fuel this search for higher performance and versatility. In this paper we examine the situation and current trends, and discuss the developments that are expected on the TBM side in order to meet the challenges future tunnel projects will set. 2 - Historical background2.1 - Underwater tunnels The most emblematic underwater tunnel – at least in Europe – is the Channel Tunnel, which is history 490 in itself. It is no surprise that this almost mythical piece of work was made using TBMs, and a review of underwater TBM tunnel projects can only start with this masterpiece. 1988-1991 - Channel Tunnel This tunnel comprises two tubes of 7.6 metres in diameter. The works started with the boring of a pilot tunnel. Altogether five EPB TBMs were used (on the French side), occasionally meeting 7 bars of ground pressure at 70 metres below sea level. The ground, mainly clayey chalks, with sections in flinty chalks (French side) and calcareous marls (British side) is very homogeneous and was considered as perfectly suited for TBMs. Today it is likely that only one or two large EPBs would be used, boring a single tube housing two levels of traffic, and that a pilot tube would not be seen as necessary. 1990-1994 - Storebaelt This famous road bridge and railway tunnel across the “Great Belt” strait reaches 100 metres down below sea level. Two thirds of the drive was bored in the homogenous underlying marl, and the rest in very abrasive glacial till. This context made it an easy but dangerous site for TBM tunnelling. Pressures of up to 8 bars were expected by the 4 EPBs that bored the two 7.7-metre internal diameter tubes, although the maximum recorded was 6.3 bar [1]. M TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 1993 - BPNL (Ring road around Lyon) This road tunnel under the Saone River is often considered as the first “geologically” difficult TBMbored tunnel. It is mainly characterised by the variety of grounds – ranging from very hard gneiss (above 300 MPa uniaxial compressive strength) to glacial alluvia. A single 11-metre EPB bored the two tubes (2 x 3,250 m in length), with a pressure reaching 4 bars. Seen as a major challenge back in 1992, this project remains an unquestionable achievement, yet this type of job is now common practice in areas such as Hong-Kong, Singapore, and other cities where metro lines are bored at the bedrock/residual soil interface. These problematic mixed faces have become usual situations in TBM tunnelling. 1989-1997 - Tokyo Bay Once the world’s largest underwater road tunnel, the Aqua Line tunnel runs 60 metres below the Tokyo Bay as two parallel tubes of 9.5 km in length. The eight slurry TBMs that were used were designed to withstand pressures of up to 9 bar. The main difficulties came from the very large machine diameter (14.1 m) and from the specifically designed earthquake-proof lining scheme, rather than from the geology which was fairly “easy” ground, mainly silty and sandy clay, and sand. 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:46 Page491 TECHNICAL Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs 2008 and beyond - Bosphorus 2.4 - Overview The Bosphorus strait is currently the scene of several tunnel projects involving TBMs: the Melen River water tunnel; the Marmaray railway tunnel with an immersed tunnel section connected to the surface by bored tubes; and a still to be constructed highway tunnel (3.3 km long, 12.86 m diameter TBM, running 80 to 90 m below the surface). The main characteristics of the underwater and underground tunnels listed above are shown on the following diagram. The vertical position of the bubbles indicate the depth (underwater tunnels in blue) or maximum pressure (underground tunnels in brown) while the size of the bubbles is proportional to the geological difficulty. The trend (larger bubbles, higher depth/pressure) from left to right is clearly shown. ] depending on selected profile, 28 km under the sea), pressures of 20 bars should be handled – not as peaks but in a continuous mode. • Structure design Operating at increased depths means an increased soil pressure exerted on the TBM face and shield. Assuming an unchanged penetration rate, this in turn implies that the required TBM thrust must also 2.2 - Land tunnels 2003 - (under construction) - Barcelona Metro Line 9 Boring these two tubes (12 m diameter) in downtown Barcelona was performed by two dual mode (open/EPB) TBMs. An impressive mix of difficult geological conditions was met all along the 7-km way: granitic bedrock with important surface weathering, and shale. This resulted in unprecedented problems of tools and disc cutters wear; unexpected changes in the geology were handled with two cutter head redesigns and exchanges. Although the pressure remained below a reasonable 2.5 bar, this tunnel is among the most difficult projects in the early 2000’s. This train tunnel is well-known for its tortuous history. Started as a drill and blast job, the project was stopped and restarted as a bored tunnel (10.6 m in diameter). Construction is plagued by complex geology, with completely weathered rock and very high groundwater pressure. 2006 - (under construction) Niagara Tunnel This hydroelectric tunnel is also a geological nightmare, with huge over-breaks that have constantly slowed down the 14.4 m diameter TBM progress in its 10.1 km drive. 2.3 - Mountain tunnels The history of mountain tunnels is far beyond the scope of this paper. However, looking at recent European bored tunnel projects (Gothard base, Pajares, Brenner base, and the planned Lyon-Turin) shows that they have common features: a diameter around 10 m; increasingly long tubes, exceeding 25 or even 50 km; and increasingly high overburdens, up to 2300 m). Figure 1 - Overview of “difficult” tunnels history 3 - New requirementson TBM design3.1 - Tunnel diameter Requirements on tunnel diameter seem to have come close to a limit, not because of technological reasons, but because the most demanding road or railway configurations can now be satisfied with single tube tunnels (diameter in the range of 14 to 17 metres). This is likely to be the standard size of the future TBMs we are discussing hereafter, although there will as always be exceptions to this, with larger sizes projects. 3.2 - Tunnel depth The main change in the new TBM-bored tunnel projects is obviously an increase in tunnel depth. For underwater tunnels in permeable soils, this means a significant increase in water pressure. Looking at some key projects (Bosphorus highway: -90 m, Gibraltar strait: between -420 m and -620 m increase in the same proportion. Increasing the pressure inside the chamber means that mixing the extracted material will require an increased torque. Thrust and torque are also directly impacted by the increase in diameter D, respectively varying as D2 and D3. Consequences are a complete re-dimensioning of the main TBM elements: structure, to obtain the required stiffness; drive unit bearing, in order to withstand the huge force and torque on the cutter head. The result is a considerably increased weight and therefore of apparent density, which poses potential problems of steering. • Sealing The drive unit and its bearing are the most crucial elements in the TBM, but are also the ones exposed to the highest stress. Reliability is the key subject here, and therefore this area requires highly efficient protection against contamination by external material, which would result in a catastrophic failure. From outside to inside, sealing is ensured by a TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 M 2005 - (under construction) - Hallandsås 491 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:46 Page492 TECHNICAL M [ Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs labyrinth and a set of lip seals; compounds and/or lubricants are injected in the labyrinth and in the chambers in between adjacent lip seals, which reduces the differential pressure exerted on each seal. This scheme is considered to be applicable for pressures up to 10 bars. Extending it above this value, by adding one or more lip seals, leads to additional overhang on the bearing, and additional efforts on the structure. At some point, it is expected that this approach would reveal itself inapplicable. New materials are being developed that open perspectives for innovative sealing devices; advanced modelling tools allow in-depth analysis of the seals behaviour in varied configurations and over a wide range of environmental parameters, resulting in safer designs. Better approaches should therefore be looked for, possibly using a totally different concept. The same considerations apply to tail shield sealing, which is traditionally designed as a series of brushes inside which a special compound is injected in a continuous manner while the TBM advances. Here also a possible answer to the increased pressure is the addition of brushes, with an extra consumption of compound but it is unlikely this would withstand 20 bars continuously. • Tunnel lining Although outside the scope of TBMs in a strict sense, tunnel lining is also bound to adapt to the ground pressure increase and TBMs will have to follow suit. The design of lining will change, because it guarantees the overall tunnel water-tightness, and participates in sealing the TBM-tunnel interface. Lining will also be re-dimensioned in order to cope with the higher ground pressure, but even more because it is directly submitted to the TBM increased thrust. The need for filling the annular void, and the related process, will also possibly change radically, imposing new constraints and requirements to the TBM side. 3.3 - Geological configuration of tunnel site • TBM versatility It is nowadays commonly accepted that TBMs are not restricted to easy tunnelling through a uniform type of ground. Several attempts at “difficult” tunnels have shown the potential of TBMs, and even though problems were encountered in many of them, engineers found solutions and developed 492 methods and procedures that have given more and more confidence in the technology. Increasing tunnel length also increases the probability of dealing with a more varied geology along a given drive. What will be needed tomorrow is a TBM capable of boring into soft soil, cope with boulders, go through rock masses, and handle extremely abrasive ground over long distances. The variety of grounds that a TBM will face within a same tunnel can be such that theoretically different types of machine should be used. But contractors are more and more tempted by multi-mode and (re)configurable TBMs, in order to save huge investment costs and the consequences of difficult and risky operations such as dismantling a TBM inside a tunnel. Reconfiguration (i.e. changing tools from one type to another, but also from one operation mode to another, e.g. open mode to slurry, or even EPB to slurry and vice-versa) must be anticipated, and will be performed at programmed points along the tunnel. • On-board geological prediction Boring deeper tunnels generates new problems for geologists, who have greater difficulty in accessing and probing the ground where the tunnel wills be built. Preliminary studies will cost more, and it is likely that in the end insufficient data – or less accurate data – will be made available to support the actual TBM operation. Boring more demanding tunnels incorporates an inherently increased level of risks, which are partly related to geology and its local changes. The need for accurate local geological data is therefore bound to increase, and consequently the production of such data will be shifted to the TBM side, with requirements for real-time and reliable information, even at a microscopic scale. Geological analysis systems that can be used in tunnelling are available commercially, with known ranges of application and obvious limitations. Most require highly skilled expertise for the on-line analysis of the produced data. Further developments are under way, using various approaches and detection technologies (electrical, seismic, radar). These techniques need to be turned into actual instruments that can be effectively implemented onboard TBMs, and operate reliably in segment-lined tunnels. As opposed to medical research (imaging technology) and oil/gas extraction, the stakes are obviously insufficient to raise adequate funding. A M TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 more global effort is required if this part of the system is to be ready in due time. • Ground improvement and stabilisation Maintaining a stable face and surrounding ground above and around the tunnel is one of the basic requirements in tunnelling. When faced with complex geology, ground stabilisation is likely to be required and the TBM must incorporate adequate drilling and grout injection equipment. Ground improvement will be necessary in a continuous mode, in order to reduce water inrush and/or reduce the nominal operating ground pressure. 3.4 - Tunnel length TBMs can only operate over a limited span of approximately 10 km (closed mode) or 15 km (open mode), and this poses a problem when tackling some of the very long tunnels which are envisaged. Consequently, boring tubes of over 20 km with pressurized machines means that at some point very heavy maintenance work will be required, possibly under water courses. This requirement must be incorporated in the machine concept from the start if tunnels such as the Bering Strait crossing (over 100 km) are to be bored. However, it is likely that paying passengers have a psychological barrier to using extremely long tunnels, even when traveling by train, which may very well imply that the most extreme projects could never get past the drawing board. 3.5 - TBM operation mode Apart from pure rock sections of the tunnels, where boring can be made in open mode, the previous discussion demonstrates that the required TBMs are obviously of a closed type. The issue therefore takes us one step back to the question: EPB or slurry? This debate used to be focused on soil characteristics, and the choice was basically made based on an expected grain size distribution, as follows: EBP when the percentage of fines was high, slurry when this percentage was low. In addition, a high percentage of coarse gravel precluded the use of EPBs [2], see figure 2A. However, thanks to improved products and techniques for ground treatment and conditioning, this limit has become blurred when considering standard depths and pressure levels [3], see figure 2B. The choice is now made more on investment cost and operational costs, 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:46 Page493 TECHNICAL Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs ] • Lifetime of tools and exposed parts Most of the TBM maintenance activities are due to wear and failure of mechanical parts, among which the cutter head and its tools are the most exposed. Increasing the lifetime of these parts will reduce the requirements for human intervention. A : ref. [2] Figure 2 - Choice of EPB or slurry TBM based on grain size distribution - Improvements achieved through soil conditioning B : ref. [3] • Predictive maintenance tools Maintenance interventions can be either planned or initiated upon the detection of a problem such as a worn out or damaged part (e.g. tool, disc cutters). Implementing wear measurement or wear prediction systems will allow for a better planning of human interventions and reduce the total number of operations inside the risky areas. • Geological prediction As described in paragraph 3.3, implementing local geological prediction instruments contributes to risk mitigation. Detecting and locating obstacles (faults, boulders, former construction remains) ahead and to the sides of the tunnel face will avoid potential material damage that could entail risky maintenance operations. required for sections where boring is done in the bedrock, yielding faster advance, and reduced wear. 3.6 - Designing for risks Risks are present in many aspects of tunnelling, and high ground pressure makes most of them even more critical. Risks concern the people working inside the tunnel, buildings at the surface, and tunnelling equipment. Unmanaged risks potentially turn into casualties but also into project delays and huge costs. We will focus here on the tunnel area and more specifically on the TBM. A first level of risk is due to geology, generating accidents such as sudden ground or water ingress, collapse of face, TBM jamming, to name a few. Most of the remaining risks are related to human interventions in exposed areas such as the TBM cutter head and chamber, and in the segment handling zone. Following are the concepts that need to be further developed in order to address future tunnel projects. 3.7 - Validation of concepts Concept validation is a critical phase in any innovation process, but the specificities of tunnelling add up with the levels of required innovation and of risk to make this even more critical. Testing a TBM in actual operational conditions is virtually impossible in the factory, therefore alternatives are needed to test subsystems independently. Simulation tools are vital in this process. Geomechanical modelling should be integrated into structural mechanics modelling, which will allow virtual testing of the TBM behaviour within its surrounding TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010 M together with considerations for the environmental impact that usually favours the EPB solution. Operating a TBM in a continuous high-pressure condition produces excavated material that has to be transported across a 20-bar pressure difference. With regards to this, the fully hydraulic design of Slurry TBMs offers many advantages over the EPB concept. Although very long screws can be designed and have indeed been implemented, there is currently no experience at so high pressures. Screws are prone to intense wear, and this will be exacerbated at high pressures. Screws also present a risk of going into a flow-through situation that cannot occur on slurry systems. Altogether slurry machines offer better face control, which greatly limits the risks when performing maintenance operations. Such risks are simply not acceptable with pressures of 20 bars, and a slurry machine is without a doubt the best candidate for deep tunneling in difficult conditions. However, these machines should also offer operation in open mode, which is • Safety in maintenance Implementing wear resistant parts and wear prediction features will reduce – but not fully eliminate – the need for maintenance. Special care must therefore be given to the design of the cutter head in order to offer protection to maintenance operators. Tools and disc cutters should be made easily replaceable. Hyperbaric operations must be expected and planned for, and the related saturation diving equipment must be incorporated, both inside the TBM and at the surface. 493 485a494Camus_Mise en page 1 29/12/10 13:46 Page494 TECHNICAL M [ Trends of Future Tunnel Projects and their Impact on the Design of TBMs ground, using real life cases based on available geotechnical data and previous tunnelling experience. Special attention needs to be given to endurance testing of key components. 4 - Conclusion - Looking intothe futureTunnelling is a risky operation, but is not unique in this respect. In other sectors, we have witnessed that man was constantly searching for solutions that would make his life easier and safer, and we can anticipate that this will also be the case in tunnelling. Risks also have a cost, and increasing the cost effectiveness – or business profitability – is another driver towards risk mitigation. Calling upon the services of deep sea divers used to be the only possible way of handling underwater offshore work. At depths above 50 metres this type of work is now widely done by robots and through teleoperation. This approach does reduce human risks related to the pressure level (e.g. decompression accidents), but also abolishes the limitation on the working time that humans can sustain in such conditions. Similar examples can be found in the space exploration sector and in the nuclear industry [4]. Based on such successful experiences, we can anticipate that the tunnelling industry will in turn introduce and progressively rely on increased automation and robotics. We believe that TBMs will face the coming challenges and keep up with their promise of being the most efficient method for tunnelling. This can only be achieved through a common effort and cooperative work between the TBM manufacturers and contractors, and support from the scientific community. We have no doubt that on this condition we will all succeed and come up with innovative solutions: deep and difficult tunnels are a necessity and will become reality. t MMM-References• [1] J. Holzhäuser, S.W. Hunt, C. Mayer, Global Experience with Soft Ground and Weak Rock Tunneling under Very High Groundwater Heads, North American Tunneling 2006, Taylor & Francis, pp. 277-289, 2006 • [2] U. Maidl, Active confinement pressure control with foam - A comparison between slurry and earth pressure balanced shields, 2001 • [3] M. Thewes, TBM tunnelling challenges - Redefining the state of the art, World Tunnel Congress 2007, Taylor & Francis, 2007 • [4] L. Parker, J. Draper, Robotics applications in maintenance and repair, in: Handbook of Industrial Robotics (ed. S. Nof), Wiley, 1999 Acknowledgements The authors wish to thank M. A. Richard and M. R. Kastner, for their kind and helpful support in preparing this paper. 494 M TUNNELS ET ESPACE SOUTERRAIN - n°222 - Novembre/Décembre 2010