Évolution des structures scolairesdans les États en Allemagne

Transcription

Évolution des structures scolairesdans les États en Allemagne
Texte de l’intervention
Évolution des structures scolaires
dans les États en Allemagne Fédérale
Status quo et perspectives
Reiner Oschewsky
Proviseur
Rhénanie-Palatinat (Allemagne)
ESEN - 15 avril 2010
Le système éducatif allemand, morcelé à travers ses états, ne peut se satisfaire des résultats obtenus (PISA et autres indicateurs). Reiner
Oschewsky, proviseur, en analyse les raisons, décrit quelques évolutions dans certains états, et propose une piste d'évolution pour
l'avenir ainsi que les conditions de sa réussite.
1. L’état actuel de l’enseignement général ne peut satisfaire
La structure éparpillée des écoles en Allemagne produit trop d’échecs et d’élèves sans diplômes :
chaque année environ 225.000 élèves redoublent ;
chaque année 57.000 élèves passent d’un lycée dans une école d’un niveau inférieur (Hauptschule,
Realschule etc.) ;
chaque année 70.000 élèves quittent l’école sans diplôme ;
400.000 élèves sont scolarisés dès le début de la scolarisation dans des écoles spéciales de handicapés
ou les exigences sont minimes.
Trop peu d’élèves passent un diplôme supérieur :
seulement 40% des élèves d’une année atteignent le diplôme d’entrée à l’université ;
60% dans L’OECD ;
ceci conduit à un manque de professions qualifiées (médecins, professeurs…).
Dans les tests internationaux, l’Allemagne n’atteint que des résultats moyens :
les performances moyennes sont liées à une sélection sociale et ethnique très prononcée ;
la sélection par statut social des parents est trop importante.
les quatre mythes qui servent de justification pour le système hiérarchique allemand ne tiennent pas
debout :
 premier mythe : apprendre dans des groupes homogènes est garantie de succès. Les systèmes
scolaires d’autres pays qui permettent un enseignement pour tous dans des groupes hétérogènes sont
nettement plus efficaces ;
 deuxième mythe : le système différencié allemand sélectionne de façon juste. On constate bien
évidemment une hiérarchie dans les types d’école différents mais quand on regarde les élèves
particuliers, il y a des chevauchements considérables ;
 troisième mythe : les écoles ne peuvent pas affaiblir les différences dues à l’héritage familial et à la
situation sociale. Les résultats de Pisa prouvent que ce n’est pas correct. Les pays comme la Suède, le
Canada ou le Japon en font la preuve ;
 quatrième mythe : des décisions fausses sont facilement corrigibles par le passage d’une école à une
autre. Les grandes différences à la fin de la scolarité obligatoire sont créées et même renforcées par le
système scolaire même. Le passage d’un type d’école à un autre n’est souvent que théoriquement
possible et si oui, de haut en bas.
2. Faut-il, malgré toutes ces constatations, continuer de la même façon ?
 La structure du système scolaire en Allemagne est radicalement à mettre en question. Dans aucun des États
fédéraux on n’a fait un effort pour enseigner tous les élèves dans une même école. Les Gymnasien (à ne pas
confondre avec le lycée français) n’ont jamais voulu jusqu’à présent être intégrés (à quelques exceptions près)
dans un tel système.
 L’Allemagne a probablement manqué le moment où il était encore possible d’imposer une politique
d’intégration du système. Au contraire, de plus en plus de parents voient dans le Gymnasium la seule école qui
puisse garantir un avancement par l’éducation. L’expansion massive de l’éducation a créé un potentiel
d’opposition qui n’était pas connu encore dans les autres pays qui avaient voté pour un système intégral plus tôt.
3. Quels chemins peut-on choisir dans l’avenir ?
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3.1. En augmentant le nombre des « Gesamtschulen », aboutir à l’école unique pour tous
La demande de places dans les Gesamtschulen est de plus en plus importante. Cette évolution est encore
renforcée par la possibilité de passer le bac après 12 ans. On espère ainsi que le nombre de Gesamtschulen
augmentera de plus en plus et qu’elles atteindront le même niveau que les lycées. Il faut en douter. Ce qui est
sûr c’est que de plus en plus de Hauptschulen vont fermer et leurs élèves vont se retrouver dans les
Gesamtschulen. Ceci conduira à un système de deux niveaux. Surtout dans les grandes villes, les
Gesamtschulen ne feront pas disparaître les Gymnasien. On a pu constater ces effets à Hambourg et à Berlin où
il était possible de créer des Gesamtschulen dès qu’un nombre assez important de parents l‘avait demandé. À
Hambourg, malgré tout, 50% des élèves d’une année vont au Gymnasium.
3.2. Le modèle des deux systèmes
3.2.1. Dans onze des seize Länder, on a pratiquement un système de deux niveaux. À côté des
Gymnasien on trouve des écoles de noms différents qui enseignent à tous ceux qui ne vont pas au
Gymnasium à partir de la cinquième année de scolarité (en Rhénanie-Palatinat c’est la « Realschule plus
» qui sera obligatoire à partir de 2013). Seulement à Berlin, dans le Brandebourg et à Hambourg, les
élèves restent ensemble jusqu’après la sixième année de la scolarité obligatoire.
3.2.2. Ceci est dû aussi à l’évolution de la situation démographique. On aura trop peu d’élèves pour
sauver le système à trois niveaux, surtout dans les régions rurales.
3.2.3. La Hauptschule n’est plus acceptée par la majorité des parents.
3.2.4. La Hauptschule ne peut, surtout par sa « clientèle », sauvegarder un climat d’apprentissage
favorable.
3.2.5. Le nombre de parents qui favorisent le lycée ne diminueront pas dans les années prochaines.
Restent des différences :
au niveau de l’accès vers ces écoles (proposition des professeurs du primaire ? Examens d’entrée ?
Dépendant des notes du primaire ? On trouve de tout ;
au niveau de la différenciation ;
au niveau de l’accès au « Lycée » (dernières années jusqu’au bac).
Le problème de l’inclusion d’autres types d’écoles
Dans aucun Land il est prévu d’inclure les écoles de soutien aux élèves défavorisés dans le système des deux
niveaux. En 2006/2007 à peu près 16% des élèves ayant besoin d’une scolarisation particulière étaient
scolarisés dans les écoles publiques « normales ». À Brème et à Berlin, les Länder avec le plus grand nombre
d’élèves inclus, ce chiffre était de 34% et 45%. On pense qu’avec l’entrée de la RFA dans la « Convention des
droits des personnes handicapées » la pression sur l’Allemagne augmentera pour changer cet état de choses.
Ce qui n’est pas sûr du tout c’est que par ce chemin des deux systèmes, on aboutira forcément à l’école unique.
Du fait que la Hauptschule finit pratiquement d’exister, le Gymnasium vivra une renaissance et bloquera ainsi
l’école unique pour tous. Même dans les Länder où les Gymnasien pouvaient volontairement être intégrés dans
l’école unique (Berlin et Schleswig-Holstein), ils n’ont jamais voulu le faire.
4. Deux chemins et une perspective ?
Si l’école unique ne peut être prescrite aujourd’hui, il faut pourtant continuer à favoriser les deux niveaux, répartir
les ressources à tous les niveaux (personnel, équipement, nombre d’élèves par classe etc.) à part égale.
En plus, il faudrait que les caractéristiques suivantes soient respectées :
le travail en Sekundarstufe I (niveau collège) doit rendre possible tous les examens, y compris l’accès à
l’université ;
il faut favoriser une différenciation interne et former des classes de niveau seulement à partir de la classe
9;
les écoles doivent profiter d’un maximum de liberté pédagogique ;
les élèves défavorisés ou issus de familles avec un fond migratoire doivent être aidés particulièrement
(ceci inclut des classes plus petites pour ces élèves) ;
les Gymnasien ne peuvent plus faire passer leurs élèves faibles dans d’autres écoles ;
les nouvelles écoles seront d’office des écoles à journée complète ;
toutes ces nouvelles écoles auront une section baccalauréat ou un lycée qui coopère avec elles afin que
des élèves puissent atteindre des diplômes comparables à ceux du Gymnasium (par exemple le bac) ;
les nouvelles écoles profiteront d’une formation continue très forte, et auront une direction comparable à
celle des Gymnasien, avec la possibilité de promotion comparable aux Gymnasien également.
Si, de cette façon, naissent des écoles à côté des Gymnasien qui permettent à leurs élèves les mêmes chances
et perspectives que ceux-ci, la question de la « bonne structure scolaire » va peut-être se régler toute seule.
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Hambourg
Les faits en résumé
Gouvernement
CDU/ Bündnis 90/Die Grünen
Ministre de l’éducation
Christa
Grünen)
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
Goetsch
(Bündnis
90/Die
111.913
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 4 ans d’école
primaire
268, dont :
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
43, dont
1 classe d’entrée indépendante
20 Hauptschulen
12 Realschulen
8 Gymnasien
1 Gesamtschule (École pour tous)
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
8,8% Hauptschulen
4,4% écoles avec
différentes
12,4 % Realschulen
39 % Gymnasien
27,9 % Gesamtschulen
4 classes d’entrée indépendantes
100 Hauptschulen
13 écoles avec des sections différentes
45 Realschulen
70 Gymnasien
36 Gesamtschulen (École pour tous)
des
sections
À partir de l’année scolaire 2010/2011, Hambourg aura un système à deux cycles.
L’école primaire comprendra les six premières années de la scolarité (la plupart des
Länder : 4 années). À côté du Gymnasium il n’y aura plus que les « Stadtteilschulen »
où iront tous les élèves qui ne vont pas au Gymnasium.
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Berlin
Les faits en résumé
Gouvernement
SPD/Die Linke
Ministre de l’éducation
Jürgen Zöllner
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
200.322
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 4 ans d’école
primaire
633, dont
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
77, dont
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
10,8% Hauptschulen
18,8 % Realschulen
37,1 % Gymnbasien
28,4 % Gesamtschulen
1 classes d’entrée indépendante
54 Hauptschulen
62 Realschulen
96 Gymnasien
47 Gesamtschulen (École pour tous)
2 Hauptschulen
12 Realschulen
15 Gymnasien
5 Gesamtschulen
*À Berlin, le collège et le Gymnasium ne commencent qu‘à partir de la 7e année. Dans
les chiffres indiqués, les cinquième et sixième de l’école primaire ne sont pas comptés
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La Bavière
Les faits en résumé
Gouvernement
CSU/FDP
Ministre de l’éducation
Ludwig Spaenle (CSU)
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
886.051
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 4 ans d’école
primaire
1696, dont
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
282, dont
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
32,4% Hauptschulen
32,2 % Realschulen
30,7 % Gymnbasien
0,2 % Gesamtschulen
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1 classe d’entrée indépendante
1059 Hauptschulen
294 Realschulen
340 Gymnasien
2 Gesamtschulen (École pour tous)
88 Hauptschulen
129 Realschulen
65 Gymnasien
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Le Brandebourg
Les faits en résumé
Gouvernement
CDU/SDP (Actualité de Juillet 2009)
Ministre de l’éducation
Holger Rupprecht (SPD)
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
131.569*
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 6 ans d’école
primaire
806, dont
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
82, dont
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
38,5% écoles avec plusieurs niveaux
37,6 % Gymnasien
16,1 % Gesamtschulen
116 écoles avec des sections différentes
classes d’entrée indépendantes
45 Realschulen
82 Gymnasien
118 Gesamtschulen (École pour tous)
15 écoles avec des sections différentes
7 Realschulen
19 Gymnasien
5 écoles intégrées
*Dans le Brandebourg, le collège et le Gymnasium ne commencent qu‘à partir de la 7e
année. Dans les chiffres indiqués, les cinquième et sixième de l’école primaire ne sont
pas comptés.
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La Rhénanie-Palatinat
Les faits en résumé
Gouvernement
SPD
Ministre de l’éducation
Doris Ahnen (SPD)
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
294.526
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 4 ans d’école
primaire
501, dont
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
49, dont
12 Hauptschulen
13 Realschulen
24 Gymnasien
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
16,6% Hauptschulen
16,1 % écoles avec
différentes
24,1 % Realschulen
33,2 % Gymnasien
5,0 % Gesamtschulen
École supérieure de l'éducation nationale
164 Hauptschulen
97 écoles avec des sections différentes
104 Realschulen
117 Gymnasien
19 Gesamtschulen (École pour tous)
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des
sections
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La Thuringe
Les faits en résumé
Gouvernement
CDU
Ministre de l’éducation
Bernard Müller (CDU)
Élèves dans le secondaire (jusqu’au
brevet)
098.98.500*
Établissements publics de
l’enseignement général :
niveau du collège après 6 ans d’école
primaire
335 , dont
237 écoles disposant de l’admission au
lycée
92 Gymnasien
6 Gesamtschulen (École pour tous)
Établissements privés de l’enseignement
général :
niveau du collège
16, dont
8 écoles avec des sections différentes
7 Gymnasien
1 école intégrée
Répartition des élèves en quatrième
année suivant les types d’écoles
différents :
49,6% écoles avec plusieurs niveaux
36,60 % Gymnasien
2,8 % Gesamtschulen
Juillet 2009
(Sources : Statistisches Bundesamt et Conseil des ministres de l’éducation = Kultusministerkonferenz)
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