jean paul djikoune

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jean paul djikoune
MEMOIRE DE MASTER 2 ATDDL
(Aménagement
Aménagement du territoire, Décentralisation et Développement Local)
THEME :
DECENTRALISATION ET CRISE EN
CASAMANCE : Enjeux et perspectives dans la
région de Ziguinchor
Présenté par :
Jean-Paul DJIKOUNE
Sous la direction de :
M.Gorgui CISS, Maître Assistant
Assistant et chargé d’enseignement au
Département de Géographie.
ANNEE UNIVERSITAIRE 2009/2010
1
SOMMAIRE :
LISTE DES SIGLES…………………………………………………………………………………P2
AVANT PROPOS………………………………………………………………………….................P3
INTRODUCTION ………………………………………………………….......................................P5
Problématique…………………………………………………………………………………………………….P5
Méthodologie………………………………………………………………………………………..................P11
PREMIERE PARTIE : Présentation de la région de Ziguinchor………………………………..P13
Chapitre 1 : Cadre physique….............................................................................................................P15
Chapitre 2 : Cadre humain et activités socioéconomiques………………………………………………..P17
DEUXIEME PARTIE : Enjeux et perspectives de la décentralisation………………………… P21
Chapitre 3 : Enjeux de la décentralisation…………………………………………………………………..P22
Chapitre 4 : Perspectives de la décentralisation……………………………………………………………P27
CONCLUSION GENERALE………………………………………………………………………P31
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………….P33
TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………………..P35
ANNEXE………………………………………………………………………………….................P37
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LISTE DES SIGLES et ABREVIATIONS
ANRAC : Agence Nationale pour la Relance des Activités économiques et sociales de la
Casamance.
APM : Afrique du réseau Agriculture Paysanne et Moderne.
ARD : Agence Régionale de Développement.
BU : Bibliothèque Universitaire.
CES : Comités Economiques et Sociaux.
CNCAS : Caisse Nationale du Crédit Agricole du Sénégal.
DSRP : Document de Stratégie de réduction de la pauvreté.
FDD : Fonds de Dotation de la Décentralisation.
FECL : Fonds d’Equipement des Collectivités Locales.
FRAO : Fondation Rurale d’Afrique de l’Ouest.
GRDR : Migration, Citoyenneté, Développement.
MFDC : Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance.
OCB : Organisation Communautaire de Base.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PAN : Programme d’Action Nationale de lutte contre la désertification.
PAM : Programme Alimentaire Mondial.
PROCAS : Programme d’appui au développement socio-économique pour la paix en
Casamance.
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
3
Avant propos
Ce thème d’étude et de recherche intitulé Décentralisation et crise en Casamance, s’inscrit
dans le cadre d’un mémoire de Master 2 en Aménagement du Territoire, Décentralisation et
Développement Local (ATTDL). Il a pour cadre géographique la région de Ziguinchor.
Cette étude a pour objectif d’analyser les enjeux et les perspectives de la politique de la
décentralisation dans la Basse-Casamance, principal foyer des hostilités entre un mouvement
indépendantiste devant un Etat garant de son unité territorial.
Après plusieurs tentatives de solutionnement de la crise en Casamance, le gouvernement
Sénégalais se trouvait dans un dilemme entre accorder un statut particulier (autonomie) à la
Casamance, tout en étant prudent de, comment pourraient régir les autres régions du pays, ou
mettre en place une politique générale à toutes les régions du pays?
En définitif, une politique dite de régionalisation a été mise en place en 1996, érigeant la
région en collectivité locale. Elle avait pour vision, la création d’une administration plus roche
des administrés et aussi en Casamance de contourner l’idée d’indépendance qu’anime le
MFDC. Sur ce contexte, il apparait sans doute que les enjeux et les perspectives de la
décentralisation seront différents en Casamance et plus particulièrement dans la région de
Ziguinchor (principal théâtre du conflit) que dans les autres régions du Sénégal.
Pour traiter cette question, nous avons procédé à une documentation et à des enquêtes qui
nous ont permis d’appréhender, les enjeux de la crise, et de dégager des perspectives allant
dans le sens de faire une modeste contribution dans la recherche de la paix en Casamance.
Nous remercions tout particulièrement :
M. Gorgui CISS, notre directeur de mémoire ;
L’ensemble du corps enseignant du département de géographie, plus particulièrement aux
professeurs du Master 2 ATTDL, pour avoir contribué à notre formation ;
Le gouverneur, le chef de cabinet du maire de Ziguinchor, au président du conseil régional et
à son équipe, de la région de Ziguinchor, pour leur disponibilité ;
Aux différents maires et présidents des communautés rurales ainsi que leurs secrétaires pour
leur collaboration dans la réalisation de ce travail;
4
Toutes les personnes, qui, de près ou de loin, de façon directe ou indirecte, ont apporté un
soutien inestimable à la confection de ce document ;
Mes parents qui n’ont aménagé aucun effort pour mon éducation.
5
I.
PROBLEMATIQUE ET INTRODUCTION GENERALE
L’Afrique est en profonde mutation : croissance démographique, explosion urbaine, évolution
des droits de la femme, développement de l’économie populaire, accès à la démocratie
locale…
Ainsi, à partir de 19801, les pays africains ont été contraints de revoir à la baisse leurs
objectifs à court terme et venir à des visions sectorielles. Sous les programmes d’ajustement
structurel, sont venus se greffer à partir de 1990 des préoccupations démocratiques qui ont
conduit à la mise en place de nouvelles formes de légitimité sur la base d’élections et d’une
reconnaissance de la société civile. La décentralisation est au cœur des préoccupations des
Etats de l’Afrique de l’Ouest. Elle pose la question de la gestion du pouvoir et de ce qui est
convenu de dire la bonne gouvernance.
En effet, si cette politique de décentralisation est devenue en Afrique qu’une réforme
nouvelle, le Sénégal l’a connu très tôt.
Les tentatives d’une décentralisation au Sénégal remontent du temps colonial. Les premières
communes sénégalaises datent de 18722, avec la création des communes de Saint Louis et de
Gorée. Plus tard, celles de Rufisque et de Dakar verront le jour, respectivement en 1880 et
1887. Ces communes, dites de plein exercice, ont été à l’origine, créées pour satisfaire les
populations métropolitaines qui s’étaient établies essentiellement dans ces localités dont les
natifs auront quelques années plus tard la citoyenneté française. Peu à peu, une vie politique
intense s’organisa, pendant toute la période coloniale, dans ces villes, où les premières élites
du pays firent leur apprentissage à la démocratie occidentale.
Avant 1960, une vingtaine (24) de communes, de différents statuts, furent créées par la suite,
(8 de plein exercice, et les autres de moyen exercice et des communes mixtes).
Dés son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal s’est lancé, dans la continuité,
dans la politique de décentralisation avec comme finalité visée la prise en compte des réalités
locales.
En 1960, le Sénégal, non seulement, a harmonisé le statut des communes qui deviennent
toutes de plein exercice (33 communes), mais aussi, l’érection de nouvelles communes.
1
M.TOTTE, T.DAHOU, et R.BILLAZ : Décentralisation en Afrique de l’Ouest entre politique et
développement.
2
Code des Collectivités Locales.
6
A partir de 1972, a eu lieu l’élargissement du processus de la décentralisation en milieu rural,
avec la réforme territoriale et locale ainsi que la création de communautés locales. Le Sénégal
se retrouve alors avec 37 communes et 317 communautés rurales.
En 1990, 48 communes, avec toujours 317 communautés rurales, ont été érigées. Cela traduit
le renforcement de la démocratie à la base par une responsabilisation effective des
collectivités locales. Cette responsabilité entraine le transfert de l’exécution du budget du
Sous préfet au président de la communauté rurale et la suppression du statut spécial des
communes chefs-lieux de région ainsi que celle de l’administrateur municipal.
En 1996, ont été mises en place, 10 régions, 60 communes, 43 communes d’arrondissement et
320 communautés rurales. Cette large décentralisation a permis la suppression de la tutelle, le
remplacement du contrôle à priori par un contrôle à postériori, le renforcement des
compétences et, pour la première fois, la planification régionale à un niveau de collectivité
locale. La région, comme collectivité locale, est dotée de la personnalité morale, de
l’autonomie financière et d’une assemblée élue au suffrage universel. Dés lors, l’avenir
économique et politique de cette collectivité dépend désormais de ses orientations pour un
développement impulsé par les décideurs et acteurs locaux. Or, les fonds mis à la disposition
des régions pour le démarrage de leurs activités, provenaient d’un fond spécial, constitué par
l’Etat à travers une taxe indirecte sur la valeur ajoutée (TVA), qui apparait insuffisante.
En Casamance, la régionalisation va aussi se heurter au caractère sacré de la terre dans la
conception des diola qui voyaient leurs terres affectées à des fonctionnaires et certaines
personnes jugées étrangères à la zone. Ainsi, la distribution de ces terres faites souvent sur des
bases d’un clientélisme politique, a été un des facteurs limitant le succès de la régionalisation
dans cette zone. La régionalisation a été adoptée par l’Etat pour limiter les disparités et les
velléités à caractère régionaliste à l’image du sud du pays. Elle doit répondre à ces trois
objectifs fondamentaux :
assurer le développement économique et social malgré, des disparités régionales, des
ressources et des potentialités économiques variées ;
installer une administration proche des usagers en confiant aux instances élues tous les
services publics de proximité qui n’engagent pas la nation ;
dynamiser et renforcer la région dans le cadre de l’Etat unitaire.
7
Pour atteindre ces objectifs, la région sera administrée par un organe délibérant, le Conseil
Régional et par un organe exécutif, le Président du Conseil Régional assisté d’un bureau. La
représentation de l’Etat sera assurée par le Gouverneur qui exerce le contrôle de légalité. Les
conseillers sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans et leur nombre dépend
de la taille de la région.
La régionalisation apparait, donc, comme une alternative face à la faillite de l’EtatProvidence, qui avait réduit son attention aux grandes villes surtout la capitale au point de
générer un exode rural massif qui fait de Dakar une métropole hypertrophiée. Elle répond à
une demande venant des populations de plus en plus intéressées par le devenir de leurs
localités. Elle s’est faite parfois sous la pression d’élites locales conscientes des limites de
l’Etat et porteuses d’identités fortes qui avaient besoin de reconnaissance et d’espace
d’expression propre.
En 2002, création de la région de Matam avec érection de 7 localités en communes qui
permettent au Sénégal de se retrouver avec 11 régions, 67 communes, 43 communes
d’arrondissement et 320 communautés rurales soit au total 441 collectivités locales.
De 2006 à 2008, 14 régions, 113 villes et communes, 46 communes d’arrondissement, 370
communautés rurales ont vu le jour. C’est cette réforme qui a abouti à la création des régions
de Kaffrine, de Sédhiou et de Kédougou, de 3 communes d’arrondissement dans la ville de
Thiès et de 48 communautés rurales et l’érection de 46 localités en communes.
Cette décentralisation, dite progressive, montre que le Sénégal, bien avant son indépendance a
eu une certaine expérience en matière de politique de décentralisation, même si au départ, le
rôle de ces collectivités locales dans le développement économique et social, n’était pas
affirmé.
Dés lors, elle constitue un instrument de renforcement de la démocratie et de la participation
citoyenne à la gestion des affaires locales. Pour ce faire, neufs compétences sont transférées
au niveau local. Ces compétences confèrent, à la région, à la commune et à la communauté
rurale (collectivités locales), une gestion de proximité, et une libre administration des affaires
locales, pour un développement harmonieux et durable. Ce transfert de compétences s’est
accompagné par un transfert de ressources financières et une mise en disposition des services
de l’Etat. La création du Fonds de Dotation de la Décentralisation (FDD) permet de prendre
en charge les compétences transférées et le renforcement des ressources du Fonds
8
d’Equipement des Collectivités Locales (FECL). La création au niveau de chaque région,
d’une Agence Régionale de Développement (ARD) et des Comités Economiques et Sociaux
(CES), permet aux collectivités une meilleure prise en charge des besoins de leur population.
Cependant, la décentralisation ne se limite pas seulement à un transfert de pouvoirs et de
compétences au niveau local, mais, à une plus grande responsabilisation et pleine
participation des populations à la conception, à l’exécution et à la gestion des ressources
locales. Chaque collectivité locale doit désormais tirer ses spécificités de sa position
géographique mais aussi de sa composition humaine3 . Ceci dit que, les populations, en
passant par le pouvoir central, les ONG, la société civile et les partenaires au développement,
doivent travailler en étroite collaboration pour propulser le développement et éradiquer la
pauvreté4. Les populations sont maintenant des acteurs dans un espace plus limité, animé par
une logique d’actions collectives, qu’elles doivent mettre en valeur par leurs propres
initiatives.
La décentralisation est, un mouvement de réformes politiques et administratives, qui permet
de céder certaines fonctions, responsabilités, ressources et pouvoirs politiques et budgétaires
aux échelons inférieurs de l’Etat. C’est une stratégie institutionnelle à la fois de
développement local et de bonne gouvernance. Elle se traduit aussi, comme un outil
privilégié, pour neutraliser les mécanismes qui créent et généralisent la pauvreté. Mais, le tout
doit se dérouler dans le respect des textes et des règlements en vigueurs, de la libre
administration des collectivités locales, à l’égale dignité des collectivités locales et à la bonne
gouvernance locale.
Par contre, cette politique de décentralisation doit être évaluée sur l’étendue nation et plus
particulièrement dans la région de Ziguinchor frappée par un conflit armé de plus de 20 ans. Il
apparait surréaliste dans une situation de crise économique et financière de procéder à un
approfondissement de la décentralisation avec comme objectif l’octroi de l’autonomie
financière de la collectivité locale. Cette autonomie suppose la mise en place d’un système
d’impôts locaux. Suite à la crise, la population de la zone ne paye plus certains impôts pour
renforcer les caisses des collectivités locales. Alors que les fonds de dotation alloués à ces
collectivités se sont avérés insuffisants pour faire fonctionner correctement ces collectivités.
La population locale n’est pas trop impliquée dans la gestion des ressources locales. Cette
3
4
Claude COURLET : Economie territoriale.
Amadou DIOP : Développement local, gouvernance territoriale, enjeux et perspectives.
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dernière est faite par un clientélisme de la part d’une élite politique. Les compétences sont
transférées sans des moyens d’accompagnement ce qui crée la plupart du temps des
frustrations. D’autres compétences à savoir l’agriculture, le tourisme ne sont pas transférées.
Or, ces deux secteurs, qui emploient la majorité de la population, constituent le poumon de
l’économie de la région de Ziguinchor. En plus, la plupart des présidents des communautés
rurales n’ont pas un niveau d’étude élevé leur permettant une connaissance approfondie du
code des collectivités locales. Il apparait dans la région un découpage administratif,
anarchique, plutôt chaotique, qui n’a pas pris en compte certaines réalités du milieu
traditionnel. Certains communautés rurales sont sans ressources naturelles leur permettant de
prendre en charge leur propre destin et des communautés rurales avec des potentiels mais non
mis en valeur. Bon nombre d’élus locaux ne s’entendent pas pour des fins politiques.
La décentralisation s’est avérée très complexe en raison de l’insuffisance des ressources et du
savoir-faire des collectivités locales. Ces dernières ne sont pas encore en mesure de faire face
à elles seules à toutes les exigences de leurs populations et de l’Etat. Alors que les résultats
attendus dans cette politique de décentralisation découlent sur la réussite de ses principes
définis par une démocratie locale, une participation des acteurs, une mobilisation des
ressources locales, une fourniture de services aux populations, une bonne gouvernance.
II.
JUSTIFICATION DE L’ETUDE
Au Sénégal, le gouvernement est parvenu à imposer sur l’ensemble du territoire national sa
politique dite de décentralisation. Mais, dans sa région sud (Casamance), où les mouvements
traditionnels imprègnent fortement le champ politique et culturel, le gouvernement a éprouvé
d’énormes difficultés à faire passer ses prérogatives. La volonté, des pouvoirs publics à mieux
intégrer cette partie sud du pays, s’est faite sentir depuis quelques années. Mais celle-ci se
heurte à la situation de crise que connait la Casamance. Crise qui a contribué à faire reculer
les échéances de l’intégration de ce territoire dans cette politique de décentralisation.
La région de Ziguinchor est issue de la réforme administrative de 1984 qui a pris en compte
les spécificités ethniques et religieuses de l’espace casamançais. Cette réforme s’est faite dans
un contexte où la région est plongée dans un conflit armé. Ce dernier a plus de 20 ans sans
aucune solution définitive malgré les multiples tentatives.
La décentralisation est logée dans ce sillage. En 1988, une crise politique très tendue a secoué
l’Etat Sénégalais suite à la contestation par l’opposition des résultats des élections.
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A partir de 19905, une radicalisation du mouvement indépendantiste de la Casamance se fait
sentir face à la volonté du gouvernement qui n’entend pas attribuer à cet espace un statut
particulier.
Face à cette situation, la décentralisation en Casamance sera manifeste à travers la
régionalisation. Elle était l’émanation des diverses opinions des partis de l’opposition qui
envisageaient comme solution à la crise, soit l’autodétermination, soit l’octroi d’un statut
autonome à la Casamance. Mais, ces propositions n’ont pas pris en compte les principaux
acteurs concernés du conflit. La régionalisation était envisagé comme l’une des diverses
solutions de sortie de crise. Elle est la réponse que le gouvernement sénégalais souhaitait
apporter pour contrecarrer les idéaux régionalistes voir même séparatistes des Casamançais.
Malgré cette bonne volonté du gouvernement, la population de la région continue à vivre dans
l’angoisse et le désespoir.
Notre intérêt de faire une étude sur la décentralisation et crise en Casamance : enjeux et les
perspectives, porte sur, devant une situation de crise que connait la région de Ziguinchor,
comment cette politique de décentralisation (bonne gouvernance et démocratie locale…) a été
mise en place, dans quel contexte et quelle sera sa vision dans un future proche face à la crise
en Casamance.
III.
OBJECTFS DE L’ETUDE
Avant d’aller, sur le terrain, nous nous sommes fixé un objectif général. Pour répondre à
cet objectif, un canevas de travail était mis en place :
III.1 OBJECTIF GLOBAL
Cette étude porte sur l’analyse des enjeux et perspectives de la décentralisation en Casamance
zone de conflit armé de plus de vingt ans.
III.1.1 OBJECTIFS SPECIFIQUES
Deux objectifs spécifiques ont été fixés pour répondre à l’objectif global :
Analyser les enjeux de la crise face à la politique de décentralisation
Analyser les perspectives de la décentralisation dans la recherche d’une paix définitive
en Casamance.
5
Hassane DRAME : Décentralisation et enjeux politiques : L’exemple du conflit casamançais (Sénégal).
11
IV.
HYPOTHESES DE RECHERCHE
La décentralisation (régionalisation) est loin d’être une solution à la crise malgré le
rapprochement de l’administrateur à l’administré.
Les acteurs à la base ne sont pas totalement impliqués dans la recherche de la paix en
Casamance.
V.
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
C’est une des étapes les plus importantes de notre étude. Abdoulaye NIANG, 2000, disait en
ses termes que « La méthodologie est une logique opératoire consistant en des démarches
pratiques et rationnelles que le chercheur doit effectuer dans le cadre de ses observations et
dont la finalité est la production de résultats vérifiables » DEMBA .F, 2007.
C’est pourquoi, pour mener à bien notre travail de recherche, nous avons entrepris une
méthodologie simple applicable aux réalités de la zone.
V.1 Revue documentaire très importante et décisive. Elle était d’un grand apport dans la
rédaction de notre problématique de recherche ainsi que dans la définition de certains
concepts. En effet, elle nous a permis de visiter la bibliothèque centre de l’université (BU),
l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), le Ministère de la
Décentralisation, la bibliothèque du département de géographie, où nous avons consulté des
ouvrages d’ordre général et spécifique qui ont traité sur notre sujet et partiellement sur notre
zone d’étude.
Parmi ces ouvrages consultés, nous pouvons distinguer ceux qui ont traité le cadre physique
socioéconomique et culturel de la région de Ziguinchor Nicolas et GAYE.M, 1988,
BADIANE 2005, SENGHOR 2000 ; Agence de la statistique et de la démographie, 2007.
Pour ce qui est de la décentralisation, les ouvrages, de TOTTE, DAHOU et BILLAZ, 2003 ;
DIOP, 2008, DRAME 1998, le Code des Collectivités Locales Coopération française ; et
tant d’autres, nous ont fourni beaucoup d’informations ayant trait à cette politique.
Nous avons également consulté des thèses et des mémoires au GERAD, à la bibliothèque
départementale, des articles, des rapports qui ont abordé notre thème de recherche. Enfin, des
recherches sur internet ont contribué à cerner certaines informations que nous avions du mal à
trouver dans les bibliothèques.
V.2 La collecte des données sur le terrain
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C’est une phase décisive dans notre étude. Elle correspond à la descente sur le terrain pour la
collecte des données qualitatives. Cette collecte, a pour but, de se rendre dans la région de
Ziguinchor pour pouvoir appréhender les effets de la politique de décentralisation afin de
vérifier les hypothèses fixées et de trouver des réponses à notre objectif général. Nous avons
structuré nos enquêtes comme suit :
V.2.1 Les données qualitatives
Cette étape consiste à l’aide d’un guide d’entretien destiné, aux personnes ressources des
collectivités locales (le Président du conseil régional, les Présidents des communautés rurales
(PCR) et les Maires), les représentants de l’Etat (le gouverneur de la région de Ziguinchor, les
Préfets et les Sous-préfets), les présidents des Organisations Communautaires de Base (OCB)
les chefs de villages, d’obtenir certaines informations qui ne peuvent être trouvées qu’à ce
niveau.
Vu le nombre important des collectivités locales et le souci du temps, nous avons focalisé
notre travail sur les trois départements de la région de Ziguinchor (Bignona, Ziguinchor et
Oussouye), et se contenté que de guide d’entretien. En dehors du temps, la crise en
Casamance reste un sujet trop sensible, dont certaines questions resteront sans doute sans
réponses auprès des populations très prudente et méfiante sur ce conflit. Nous avons jugé
opportun d’utiliser qu’un guide d’entretien, pour des personnes cibles, auprès desquelles nous
avons obtenu des informations, qui nous ont permis de finaliser ce document.
Cependant, notre descente sur le terrain (octobre) a coïncidé avec les différentes visites de
certains ministres, ce qui n’était pas un atout favorable pour nous. Donc, certaines personnes
ressources n’ont pas été rencontrées malheureusement.
VI.
Traitement des données
Pour valoriser notre démarche scientifique de recherche, nous avons procédé au traitement
des données recueillies sur le terrain. En effet, nous avons utilisé, que l’application office
Word pour la réalisation du guide d’entretien et la rédaction du mémoire.
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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE
LA REGION DE ZIGUINCHOR
Le Sénégal depuis son indépendance a opté pour une politique de décentralisation prudente et
évolutive :
la généralisation en 1960 du statut du droit commun aux communes ;
l’adoption en 1966 du code de l’administration communale ;
la loi n°72.25 du 25 avril 1972 portant création des communautés rurales sur
l’ensemble du territoire national ;
la loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités locales ;…
Situé dans la région naturelle de la Casamance, au Sud du Sénégal, la région de
Ziguinchor est issue de la réforme administrative de juillet de 1984 qui avait divisé la
Casamance en deux régions : Kolda et Ziguinchor. Elle correspondrait à la Basse-Casamance
qui s’étend de part et d’autre du fleuve Casamance, de l’Océan Atlantique au Soungrougrou.
Elle est limitée au nord par la Gambie, à l’ouest par l’Océan Atlantique, au sud par la Guinée
Bissau et à l’est par la nouvelle région de Sédhiou.
Administrativement, la région de Ziguinchor est constituée de trois départements :
le département de Bignona, qui couvre une superficie de 5266 km² pour une
population de 314271 habitants, est structuré en quatre arrondissements à savoir les
arrondissements de, Diouloulou, formé de trois communautés rurales (Diouloulou,
Djinaky et Kafoutine) ; Sindian, avec quatre communautés rurales (Djibidione,
Oulampane, Sindian et Suelle) ; Tendouk, avec cinq communautés rurales (Balingore,
Diégoune, Kartiack, Mangagoulack, et Mlomp) ; Tenghory qui comprend les
communautés rurales de Koubalang, Niamone, Ouonck, Tenghory, et deux communes
(communes de Bignona et Thionck-Essyl) ;
le département de Ziguinchor, avec une superficie de 1139 km², où vivent 301028
âmes, est composé des arrondissements de Niaguis avec ses trois communautés rurales
(Adéane, Niaguis et Boutoupa Camaracounda) ; de Nyassia où nous pouvons avoir la
communauté de Enamport et celle de Nyassia ; et une commune qui porte le nom de la
région (Ziguinchor) ;
14
le département d’Oussouye qui s’étend sur une superficie de 891 km² pour une
population de 59136 habitants, est structuré en deux arrondissements à savoir les
arrondissements, de Loudia Ouolof qui englobe deux communautés rurales (Oukout
et Mlomp) ; et de Cabrousse avec ses deux communautés rurales (Diembéring et
Santhiaba-Manjacque) et une commune qui porte le nom du département (Oussouye).
Au total, nous pouvons trouver dans la région, 03 départements, 08 arrondissements, 04
communes, et 25 communautés rurales, représentés sur cette carte ci-dessous, sur une
superficie de 7339 km² pour une population de 674435 habitants6.
6
Agence Nationale de la Statistique du Sénégal : Situation économique et sociale de Ziguinchor année 2002.
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CHAPITRE I : CADRE PYSIQUE
L’étude, du cadre physique, porte essentiellement sur les éléments les plus marquants et dont
leur analyse permet d’appréhender les particularités de la région de Ziguinchor.
1.1 Climat et sols
La région de Ziguinchor qui se situe entre le 12°20’ et 13°10’ de latitude nord et 16°47’ et 16°
de longitude ouest, se particularise du reste du pays, par son climat. Elle correspond à la partie
la plus arrosée du Sénégal. La région est marquée par un climat subguinéen avec une forte
pluviométrie qui peut dépassée les 1700 mm/an. Sous influence de la puissance de
l’anticyclone de Sainte Hélène en été austral, la pluie tombe, en averses violentes qui peuvent
durer deux mois (août à septembre) avec parfois des journées toutes entières. Mais quelques
fluctuations ont été observées durant ces dernières années en raison des aléas climatiques. Ce climat
est déterminé par des variations saisonnières : saison sèche qui dure 07 mois (novembre à mai)
et une saison humide de 05 mois (juin à octobre).
L’humidité relative dépasse parfois les 75%. La température tourne autour des 30°c. Cette
situation a favorisé la mise en place d’une biomasse végétale très riche par sa diversité (forêt,
savane, mangrove).
Le paysage est constitué par, une formation forestière qui occupe, les plateaux, composée de
grands arbres et d’herbacée que, malheureusement, les effets de la crise et naturels détruisent.
La mangrove domine les rives du fleuve Casamance et les différents marigots. Cette
mangrove subit une dégradation très avancée sous l’effet de la forte salinisation des eaux et de
la demande du bois de chauffage et de construction.
La région compte 30 forêts qui couvrent une superficie de 116776 ha.
Les principaux types de sols sont :
les sols acidifiés salés logent la mangrove ;
les sols ferrugineux tropicaux lessivés, dominent les plateaux qui accueillent les
habitations humaines.
les sols hydromorphes à Gley occupent les bas fonds et très favorables à la riziculture
en saison des pluies et le maraichage en saison sèche.
16
1.2. Hydrographie
La région de Ziguinchor regorge d’un potentiel hydrographique très dense. Le fleuve
Casamance au sud de la région est constitué par une multitude de bras de mer, de marigots et
de bolongs. Les espaces littoraux, allant d’Abéné à Cabrousse, en passant par Kafountine et le
Cap Skiring, y compris la partie de l’estuaire qui s’ouvre sur l’Océan Atlantique (Diogué,
Carabane, Elinkine…) et sur le fleuve Casamance (Gnomoul, Batigué, Eloubalire,...),
constituent un fond marin peu profond.
Six grands sous-bassins enserrent la Basse Casamance : Baila (1645 km²), Bignona (750 km²),
Kamobeul (700 km²), Guidel (130 km²), Agnack (133 km²) et Soungrougrou à cheval avec
les régions de Ziguinchor et celle de Sédhiou7.
Les formations aquifères sont marquées par :
la nappe superficielle du terminal continental et alluvions quaternaires (0-5m) ;
la nappe semi-profonde du miocène (100-150m) ;
la nappe profonde du maestrichtien (300-500m).
Cependant, ce potentiel, en eau douce et salée, permet le développement de différentes
activités, qui déterminent le mode de vie socio-économique de la population de la région de
Ziguinchor, même si, certaines de ces ressources halieutiques, sont à un état très avancé de
dégradation.
7
Boubacar BA : Coopération Décentralisée et Développement Local : enjeux, jeu des acteurs et gouvernance
locale dans la région de Ziguinchor. Page 15.
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Chapitre II : CADRE HUMAIN ET ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons en particulier sur certains aspects remarquables de
la vie socio-économique qui déterminent le cadre humain de la région de Ziguinchor.
2.1 Cadre humain
La région de Ziguinchor est connue par la diversité de sa culture donc de sa composante
ethnique.
Cependant, malgré sa diversité ethnique, les diola constituent l’ethnie majoritaire avec 60,7%
de la population totale après viennent les Mandingue 9,3% les Peul 8,8% les Ouolof 4,8%, les
Manjaques et autres avec de faibles pourcentages.
Les diola, plus nombreux, cohabitent en parfaite harmonie avec ces ethnies. Formant une
société égalitaire, basée sur le respect de l’autre, les diola sont d’une grande diversité
linguistique. Ils forment ainsi plusieurs sous groupes à savoir :
Ediamat (Effok, Youtou…) ;
Bandial (Séléky…) ;
Houlouf (Oussouye) ;
Bayot (Nyassia) ;
Filman (Bignona) ;
Djougout (Affiniam) ; etc.
Plus peuplée que le reste de la Casamance, la région de Ziguinchor, abrite une population de
674435 habitants.
Une légère supériorité des femmes est à remarquer dans la région. Les femmes constituent
50,2% de la population totale contre 49,8% d’hommes.
Par contre, il est à noter que le groupe d’âge de (0-14 ans et 15-35 ans), représentent environ
76% et environ 76,3% de la population de la région à moins de 35 ans, avec une
prédominance des filles par rapport aux garçons. Cela suppose que, dans le contexte de la
décentralisation, la région regorge d’une ressource humaine très jeune qu’il faut mobiliser à
travers l’éducation et la santé.
La population de 60 ans et plus est très faible et représente 6,5%.
18
La répartition de la population selon la zone de résidence donne un taux d’urbanisation
régional d’environ 46,7% avec des disparités départementales :
83,7% à Ziguinchor ;
18,0% à Bignona ;
11,3% à Oussouye.
Cette forte concentration de la population urbaine dans le département de Ziguinchor est
tributaire de sa forte densité avec 261,1 habitants/km² contre 91,9 habitants/km² pour toute la
région.
La population de la région est marquée par sa forte ruralité :
zone urbaine, avec un effectif 315152, représente 46,7% de la population;
la zone rurale, avec un effectif 359281, représente 57,8% de la population.
Cette forte ruralité de la population est plus remarquable dans les départements d’Oussouye
(88,7%) et Bignona (82,0%). Ceci dit que la population de ses départements et même de la
région ne vivent que des activités agricoles.
Cette population très diversifiée, a majorité musulmane, pratique à son sein des religions
différentes. On rencontre des familles dont une partie est animiste et l’autre catholique ou
musulmane ; des cimetières des catholique et musulman ou catholique et animiste.
2.2. Activités socioéconomiques
Les activités socioéconomiques qui occupent le quotidien des populations de la région de
Ziguinchor sont aussi variées que le potentiel des ressources naturelles.
2.2.1 AGRICULTURE
Le poumon de l’économie de la région reste dominé par l’agriculture. Elle emploie la majorité
de la population active (60%) même si elle reste traditionnelle et peu moderne.
Les principales cultures sont : le riz, l’arachide, le mil, le maïs, le niébé, les cultures
maraichères etc. Grâce à ses prédispositions forestières arboricoles, la production fruitière et
de cueillette est assez importante dans la région.
Cependant, cette agriculture est gangrénée par diverses contraintes telles que :
19
la dégradation des sols due à sa salinisation, à son acidification, à son ensablement et
à son érosion ;
le faible niveau d’équipements et d’utilisation des intrants ;
l’insécurité et l’enclavement de certaines zones de production;
l’insuffisance des moyens de conservation et de transformation des produits etc…
2.2.2 Elevage
Les conditions, climatiques et agricoles de la région, permettent le développement d’un
élevage agro-Sylvio-pastoral. On y rencontre
un cheptel très diversifié (bovins, ovins,
caprins, porcins et volailles.
L’élevage contribue en grande partie à l’économie de la région malgré son mode traditionnel
extensif. L’alimentation du bétail repose sur l’exploitation des parcours naturels. Les produits
agro-industriels sont très peu utilisés pour l’alimentation du cheptel. En plus, ces produits sont
rares et coûteux.
Cet élevage souffre de beaucoup de maux. Les médicaments vétérinaires n’interviennent
presque pas dans cet élevage. Ce bétail, resté sans soins médicaux, souffre de maladies
diverses qui ralentissent son développement. Le taux d’exploitation de l’élevage trop faible,
fait que la région dépend en viande de plus 90% des autres régions telles que Kolda et
Sédhiou.
2.2.3 Tourisme
Après l’agriculture, vient le tourisme qui joue un rôle incontournable dans l’économie de la
région. La région doit sa vocation touristique grâce à son climat, à son paysage, à ses sites
pittoresques, à son riche patrimoine historique et culturel…
La région compte 104 réceptifs touristiques répartis dans les trois départements. Le
département d’Oussouye avec 45 réceptifs hôteliers est le plus touristique de la région. Après
viennent Bignona et Ziguinchor avec respectivement 40 et 25 réceptifs hôteliers.
Cependant le tourisme s’exerce sous deux formes différentes mais complémentaires :
le tourisme de grand standing se définit par les hôtels de la ville de Ziguinchor, le
complexe balnéaire du Cap Skiring et les réceptifs de Abéné et de Kafountine ;
20
le tourisme rural intégré, caractérisé par les multiples campements villageois, permet
une articulation harmonieuse de la vie locale.
Très prometteur, le tourisme est susceptible de se développé avec la fin du conflit. La
Casamance contribue de manière significative à travers le tourisme (compétence non
transférée) dans l’économie du pays. Mais le secteur est très fragilisé par le conflit (insécurité
routières) la rareté du transport aérien (l’arrêt d’Air Sénégal International qui assurait le
tronçon Dakar-Ziguinchor), la défectuosité des routes, les multiples coupures du courant de
l’année en cours (2010), handicapent ce secteur, sans compter la menace qui pèse sur les
ressources naturelles telles que la destruction du littoral par l’élévation du niveau de l’eau de
mer.
21
DEUXIEME PARTIE : ENJEUX ET
PERSPECTIVES DE LA
DECENTRALISATION DANS LA REGION
DE ZIGUINCHOR
Dans cette deuxième partie, notre étude portera sur l’analyse des données recueillies sur le
terrain afin de répondre à notre objectif de départ.
Il s’agira, dans notre premier chapitre, d’analyser les enjeux économiques et dans un second
chapitre les perspectives, de la décentralisation en Casamance plus particulièrement dans la
région de Ziguinchor.
22
CHAPITRE I : ENJEUX DE LA DECENTRALISATION DANS LA REGION DE
ZIGUINCHOR
1.1 Les enjeux politiques.
Dans la région naturelle de Casamance, la décentralisation s’inscrit dans une optique de sortie
de crise sociale, économique et même culturelle. Sa mise en œuvre apparait dans les
programmes gouvernementaux et semble suivre un calendrier préétabli.
Devant une situation de crise (conflit armé) les enjeux politiques de la décentralisation, en
Casamance plus particulièrement dans la région de Ziguinchor, vont apparaitre différents des
autres régions. Il est à reconnaître que le conflit touche toute la Casamance mais à des degrés
moindre selon la région. De Bignona à Oussouye en passant par le département de
Ziguinchor, toute cette zone, était ou est le théâtre des hostilités qui opposent le pays
(Sénégalais) à un mouvement indépendantiste de la Casamance dit Mouvement des Forces
Démocratique de la Casamance (MFDC). Un mouvement qui considère la Casamance comme
un territoire différent devant un gouvernement sénégalais qui tient à l’unité et à l’intégrité
nationale et que le Sénégal est un et indivisible.
La crise en Casamance peut être classée parmi les crises les plus longues de l’Afrique
contemporaine. Mais aussi, l’une des crises les plus emblématiques, aussi bien par, la
complexité des questions qu’elle soulève, que par, l’insuffisance des réponses que les acteurs
concernés tant du côté étatique que du côté du mouvement y apportent.
Devant un Etat sénégalais, dont les principes de sa politique de décentralisation, se veulent
garant de l’intégrité du territoire et de l’unité du peuple, le MFDC prétend représenter un
peuple différent ; donc un Etat différent. Face à cette situation, le gouvernement, doit prendre
une décision rapide et prudente pour le respect et la sauvegarde des principes de la
décentralisation sur l’étendue nationale.
Est-ce que, la solution était de régler la crise en Casamance par la force des armes ou par la
ruse de la négociation ?
Si aujourd’hui, le Sénégal qui se réclame Etat de droit et de démocratie où la liberté de grève
et d’expression est garantie, pourquoi n’a pas pu régler le problème de la Casamance sans
l’utilisation des armes ?
Autant d’interrogations qui resteront sans doute sans réponses satisfaisantes.
23
La Casamance est une région riche dont la population est pauvre. Il suffisait de mieux mettre
en valeur ses richesses, de mieux en faire profiter à sa population et tout sera réglé.
Le problème de la Casamance peut être classé dans un contexte de l’inégal développement
entre un « grenier du Sénégal pauvre » et un centre riche où tous les investissements sont
concentrés et où toutes les décisions administratives sont prises au détriment des régions
périphériques.
En 1980, une manifestation, de lyciens qui réclamaient des meilleures conditions d’étude
(insuffisance d’infrastructures pédagogiques et scolaires), était finie par un bain de sang (un
mort).
Devant la loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national mais tardivement
appliquée en Casamance (1979) et sur laquelle la population n’est pas sensibilisée,
l’administrateur est accusé de s’emparer des terres de l’administré. Les fonctionnaires
s’appuyaient toujours, face à la naïveté des populations, de la loi domaniale pour distribuer
des terres non enregistrées aux proches du pouvoir et à certains marabouts jugés non natifs de
la région. Dans ce contexte, les populations autochtones se sentaient déposséder de leurs
terres, exploiter sans aucune contre partie. Ces populations payaient les impôts mais elles ne
recevaient rien en retour ; pas de routes bien faites, pas d’hôpital et d’usine de grande
envergure.
Dans un contexte, où la tradition est bafouée, par des bois sacrés saccagés, par les multiples
arrestations, souvent arbitraires, où des dignitaires traditionnels sont arrêtés, à l’image du roi
d’Oussouye (Sihalebe DIATTA) qui, prisonnier, choisit de mourir de faim plutôt que de
manger en public8, il y a quoi à se sentir frustrer.
Dans la fonction publique, les casamançais seraient écartés dés le commencement des
concours de recrutement. Rares sont les casamançais à occuper des postes de responsabilité.9
C’est, dans ce sentiment d’isolement, d’un peuple ignoré du reste du pays, que vivait le
peuple casamançais.
8
9
Jean-Claude MARUT : Le conflit de la Casamance ce que dit les armes.
Jean-Claude MARUT : Le conflit de Casamance ce que disent les armes ; page 43
24
1.1.1 Régionalisation
Depuis 1996, le contexte de la décentralisation a beaucoup évolué. La régionalisation est
entrée en vigueur le 01 janvier 1997. C’est une politique qui avait pour objectif premier en
Casamance, la sortie de crise et au niveau national la responsabilisation de la population
locale. Les collectivités locales : la région est dotée d’un conseil régional à sa tête un
président du conseil régional ; la commune dotée à son tour d’un conseil municipal à sa tête
un maire et la communauté rurale constituée par un conseil rural à sa tête un président du
conseil rurale. Ces élus locaux sont élus par des élections démocratiques et transparentes au
suffrage universel par les populations locales dont ils représentent. Les collectivités locales
sont désormais des lieux d’expression et de mise en œuvre d’approches communautaires. A
partir de cet instant, le peuple casamançais devrait se départir de ses lassitudes. Ce peuple doit
penser à son propre avenir, à son propre développement. Le MFDC doit considérer que ses
revendications ont été prises en compte par le gouvernement. Que la Casamance est
« indépendante » depuis 1996 quand la région a été érigée en collectivité locale. Le peuple de
la région est pris en compte par la décentralisation qui fait de cette population locale le
principal maillon des prises de décisions relatives aux différents domaines de compétences
pour une perspective de la bonne gouvernance et de démocratie locale. La prise en compte,
des valeurs locales, par une élection locale démocratique, et du savoir-faire à la base, est
inévitable dans, la conception, l’élaboration et la vulgarisation des technologies de gestion des
compétences. La participation des populations locales à la politique de leur localité par le
biais des élus locaux, est une condition préalable dans l’élaboration des programmes mis en
œuvre pour un développement durable. Cette implication permet de valoriser les compétences
locales, de garantir la prise en compte de leurs préoccupations dans la définition des actions à
entreprendre pour une meilleure planification. La gestion durable des ressources naturelles de
la région de Ziguinchor, en raison de son importance doit être au cœur des soucis des élus
locaux.
La régionalisation est une politique mise en place, par le gouvernement du Sénégal, comme
un moyen pour contourner l’idée indépendantiste que développait le MFDC. A défaut d’un
statut spécifique à la Casamance (une autonomie) pour solutionner le problème, c’est l’octroi
à toutes les régions du Sénégal d’une autonomie de gestion.
Malgré, cette tentative envisagée, par le gouvernement pour trouver une meilleure solution à
la crise en Casamance, il est à reconnaître que l’érection de région comme collectivité locale,
25
est loin d’être une solution au calvaire que vive le peuple casamançais. Jusqu’à nos jours, la
région de Ziguinchor reste le théâtre d’un conflit armé trop complexe dont la population
souhaiterait que des réponses soient apportées pour une paix définitive.
2.1 Enjeux économiques
Les enjeux économiques dans cette situation de crise que traverse la région de Ziguinchor et,
dans un ensemble, la Casamance, sont à classer dans sa situation d’enclavement très décriée
par le peuple casamançais. L’enclavement de la région qui persiste malheureusement jusqu’à
nos jours, depuis le naufrage du bateau le « joola » limite les débouchés dans le domaine du
commerce, par l’insuffisance des moyens de transport, mais aussi par le manque d’unités de
transformation des produits locaux. C’est ce qui fait qu’une bonne partie des produits en
provenance de la région, pourrissent, sur place et laissés à la merci des animaux, ou en cours
de route, tels que les mangues, les oranges…
2.1.1 Foncier
En Casamance (la région de Ziguinchor), là où il n’y a pas de concurrence, il n’y a pas de
conflit.
Le conflit de la Casamance avait comme l’un des points de départ le foncier (domaine qui
cause beaucoup de problèmes aux collectivités locales). Le peuple de la région de Ziguinchor,
à majorité diola est un peuple très attaché à sa terre. Toucher à ce patrimoine, qui est la terre,
est une déclaration de guerre.
La loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national, à son décret n°64-574 du 30
juillet 1964 portant application de l’article 3 de la dite loi relative au domaine et autorisant à
titre transitoire l’immatriculation au nom des occupants ayant réalisé une mise en valeur à
caractère permanant, est tardivement mise en vigueur en Casamance. Cette loi a créé des
frustrations à Ziguinchor surtout dans ses périphéries urbaines soumises à une forte pression
démographique. C’est à Ziguinchor où la population avait connu un boom démographique
passant de 70000 à 124000 habitants en l’espace de douze ans (1976-1988)10 et où la demande
foncière était plus forte. La pression se voit plus manifeste sur des espaces périurbains où les
autochtones ont souvent créé des vergers voire même construire des maisons. Faute de tires
fonciers, ils ont été massivement dépossédés et refoulés sur leurs terres. Certaines autorités
administratives, jusqu’à présent décrié par les habitants et mêmes les élus locaux de la région,
10
Jean-Claude MARUT : Le conflit de la Casamance ce que disent les armes ; page 85.
26
avaient créé beaucoup de frustrations au sein de la population locale. Elles ont été accusées de
redistribuer les terrains non matriculés sur la base d’un clientélisme politique (appartenance
au parti au pouvoir) et d’une parenté ethnique et familiale. C’est ce qui avait valu à Robert
SAGNA, fils du terroir, de rester à la mairie de Ziguinchor pendant plus de Vingt ans. Cette
mésaventure, ces autorités, a failli faire perdre la municipalité à l’actuel Maire de Ziguinchor
M. Abdoulaye BALDE, considéré comme une « caricature ».
A cela s’ajoute, les littoraux de la région, allant de Cabrousse à Abéné en passant par le Cap
Skiring et Kafountine, y comprises les parties de l’estuaire qui s’ouvre sur l’Océan Atlantique
(Diogué, Carabane, Elinkine…) traditionnellement inoccupés, sont devenus depuis les années
70 des zones de conflits avec le développement de la pêche et du tourisme. Aujourd’hui ces
zones sont exploitées par des étrangers. Le peuple de Cabrousse était contraint sur le biais de
la loi domaniale, ce qu’il considère comme vente, de céder ses terres, sur les larges de l’Océan
Atlantique. La plus vieille histoire de cette occupation reste l’implantation de l’hôtel Club
Méditerranéen (Club Med), de Nema Kadior et la construction des HLM. Dans ces hôtels, le
personnel était composé, dans sa grande majorité, des travailleurs recrutés dans les autres
régions du pays, sous prétexte que les autochtones manquaient de qualification.
27
CHAPITRE II : PERSPECTIVES DE LA DECENTRALISATION
La décentralisation a donné à toutes les collectivités le droit de s’activité pour leur propre
devenir en matière de développement économique, culturel, éducatif, social…
Les enjeux de la décentralisation s’orientent dans la recherche d’une nouvelle approche (le
développement local) qui privilégie les initiatives des acteurs locaux. Ils se veulent la
promotion du capital social des acteurs.
2.1 Perspectives politiques
Les perspectives de la décentralisation dans la région s’orientent dans le sens d’une recherche
de la paix pour le développement territorial. Le développement de la région ne peut pas se
faire sans la paix. Ceci dit, que tous les acteurs, concernés par la crise en Casamance, doivent
se retrouver autour d’une table afin de trouver des réponses pour une paix définitive.
La région de Ziguinchor dispose des atouts pour diversifier son économie, approfondir sa
croissance pour un développement local orienté dans l’améliorer des conditions de vie de sa
population. Selon Sebahara (2000) « Le développement local, notion polysémique, est un
processus consistant à mobiliser les énergies de tous les acteurs locaux en vue de la promotion
économique, sociale et culturelle d’un territoire ». Ceci dit, que les acteurs à la base, doivent
avoir une seule finalité : l’amélioration des conditions de subsistance de la population.
La décentration (régionalisation) est une politique de sortie de crise en Casamance. Elle vise
en d’autres termes à lutter contre la pauvreté et tenter d’éradiquer le déséquilibre surtout
économique.
Pour ce faire, la décentralisation se fonde sur les politiques d’aménagement du territoire qui
étaient mises en place pour corriger les déséquilibres géographiques et socio-économiques du
Sénégal. Les autorités étatiques ont très vite compris que le développement doit partir de la
base, en s’appuyant sur un territoire limité (Collectivités Locales) afin de privilégier les
ressources endogènes. Les acteurs locaux à leur tour doivent prôner pour une économie de
proximité en convergeant relations sociales (politiques) et performances économiques des
collectivités.
Le Code des Collectivités Locales stipule à son article 14 que « Les collectivités locales
peuvent entreprendre des actions de coopération entre elles.
28
Cette coopération peut se traduire par la création d’un groupement de deux ou de plusieurs
collectivités ou de toute autre structure appropriée de promotion et de coordination des
actions de développement dans des domaines spécifiques ».
Cela traduit que les Collectivités Locales en s’appuyant sur le Code peut entreprendre une
politique d’intercommunalité. Cette politique, dans le région de Ziguinchor traversée par
plusieurs années de conflits armés, doit se baser sur le jeu des acteurs (élus locaux et
population) dans leur capacité à s’organiser autour d’un ou des projets communs en
mobilisant des ressources et potentialités locales, en s’ouvrant au monde extérieur, pour
propulser le développement et « éradiquer » la pauvreté. Les acteurs doivent nouer entre eux
des relations de solidarité, de confiance, de proximité afin de favoriser un espace de
concertation.
Cependant cette concertation doit se faire par :
La construire des politiques locales intégrées, cohérentes avec les politiques nationales
et sectorielles porteuses de dynamiques ;
l’élaboration d’un cadre de démarche de partenariat et de concertation où les
populations peuvent exprimer librement leurs attentes, en contribuant dans la
conception, l’exécution et la gestion des projets ;
la création d’un cadre économique stable avec des réformes soutenues ;
la création d’un environnement incitatif pour le développement du secteur privé ;
la création d’un pôle de développement sous régional ;
offrir à sa population jeune une éducation de base leur permettant d’absorber les
nouvelles technologies et d’améliorer la productivité ;
la création d’une stabilité politique et institutionnelle…
Dans ce contexte, les acteurs locaux (MFDC, élus locaux) et le gouvernement, doivent
promouvoir le dialogue social pour mieux gérer le conflit par la concertation permanente et la
négociation.
2.2 Perspectives économiques
La région de Ziguinchor a les potentialités pour une économie émergente, si tout de même,
toutes ses ressources sont mises en valeur à commencer par une paix définitive.
29
Mais il est à reconnaitre que la dégradation de ressources naturelles s’amplifie et s’accélère
sous l’effet combiné des facteurs anthropiques (feux de brousse occasionnés par la population
locale et l’armée sénégalaise au large de Bignona pour la sécurisation des routes) et naturels
(les changements climatiques).
Le poumon de l’économie de la région qui est l’agriculture (compétence non transférée), est
dans un processus très alarmant de dégradation. Les crises climatiques en période d’étiage se
traduisent par une forte concentration de sel dans la zone de Bignona. Cette situation a
entrainé la perte de plusieurs terres cultivables et affecté la production agricole. Cette
salinisation très accrue des rizières poussent certaines ONG des fois sur demande de la
population ou sur leurs propres initiatives à intervenir dans la protection de l’environnement.
Parmi ces ONG nous avons le GEDER, le PAM, PAN, PROCAS qui interviennent dans ce
domaine de l’agriculture par la construction de digues anti-sel et l’introduction de certaines
variétés de riz pour la relance de l’économie locale.
Beaucoup d’autres ONG œuvrent dans le sens de la recherche de la paix. C’est l’exemple de
la Fondation Rurale d’Afrique de l’Ouest (FRAO) qui mène des actions de recherche de
développement basées sur le modèle du diagnostic participatif. Cela permet, non seulement de
renforcer la paix mais aux associations paysannes d’avoir des relations sous régionales et
internationales. A ce niveau, le volet Afrique du réseau Agriculture Paysanne et Moderne
(APM) tente depuis plusieurs années de fédérer les organisations paysannes et de tisser entre
elles des relations d’échange, de concertation et d’élaboration de stratégies communes.
L’Agence Nationale pour la Relance des Activités économiques et sociales de la Casamance
(ANRAC) unique en Casamance, a été mise en place pour revaloriser l’économie de la région
après tant d’années de crise. Elle a été créée par décret présidentiel du 1er juillet 2004 sur le
n°2004-822.
Elle a pour objectif :
de rechercher, d’assurer la planification et la programmation des ressources
extérieures ;
d’assurer une coordination et une harmonisation des activités de reconstruction pour
éviter la duplication et faciliter la restauration rapide d’un environnement économique
et social dans la région de Ziguinchor en particulier ;
30
de favoriser la réinsertion des anciens combattants.11
Cependant beaucoup de problèmes ont gangréné la réalisation de certaines initiatives surtout
financières dans l’octroi des crédits agricoles au niveau de la Caisse Nationale du Crédit
Agricole du Sénégal (CNCAS). Mais, cette situation a motivé la population dans la
valorisation de leurs propres initiatives. L’exemple, le plus patent, est celui de l’Entente de
Kabiline appelée encore Entente de Diouloulou qui a créé une caisse rurale d’épargne et de
crédit. La concrétisation de cette caisse rurale d’épargne et de crédit a permis aux populations
bénéficiaires, de diversifier leurs activités agricoles dont la locomotive reste la riziculture et la
mise en communs de leurs économies pour bénéficier des prêts en toute autonomie.
L’enjeu économique se situe donc dans le développement de la Casamance. Il est temps que
les armes cessent (recherche de la paix) pour permettre aux ONG et autres partenaires au
développement de mener en toute tranquillité leur travail en harmonie avec la population
bénéficiaire.
A défaut d’une régionalisation pour solutionner la crise en Casamance, le gouvernement peut
envisager une nouvelle forme de politique de décentralisation beaucoup plus large, touchant
les profondeurs locales. Cette politique serait la provincialisation. Elle permettra de faire
coïncider les circonscriptions administratives territoriales du pays avec des unités
fonctionnelles. La province héritera, des 9 compétences déjà transférées, auxquelles
s’ajouteront d’autres compétences comme la fiscalité, la planification. Les régions actuelles
n’ont pas de fiscalité propre, ce qui fait leur dépendance au pouvoir central. Les provinces
l’auront, ce qui leur permettra de pour pouvoir confectionner leur propre budget. Le pouvoir
central, n’interviendra qu’avec des subventions pour corriger les déséquilibres qui pourraient
exister entre les provinces.
La provincialisation permettra en outre, à chaque citoyen du Sénégal, dans le respect de
l’unité et de l’intégrité nationale, d’avoir une identité au plan, culturel, linguistique et même
historique.
11
Chérif COLY : Développement local dans un contexte de régionalisation et stratégies de mobilisation et/ou de
création de ressources financières conséquentes : Cas de la Région de Ziguinchor. Page 13.
31
CONCLUSION GENERALE
La décentralisation est une politique qui a pour objectif la création de la proximité entre
administrateur et administré dans le cadre d’un développement concerté. Elle a pour but de
lutter contre la pauvreté pour un développement humain durable. L’objectif est de faire
accéder plus efficacement les populations du monde rural aux services sociaux mais aussi aux
activités économiques (création d’emplois) susceptibles de contribuer à la création de
revenus. C’est pourquoi l’Etat dans sa lutte contre la pauvreté a mis en place le Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) qui constitue un cadre de référence et un
domaine de convergence avec les partenaires au développement.
La vision du DSRP s’appuie sur une politique partagée par tous, basée sur des valeurs
séculaires qui sacralisent le travail qui est considéré comme une forme de libération et un
moyen de réalisation personnelle pour se départir de la pauvreté. Le DSRP considère la paix
et la sécurité humaine comme un préalable à tout développement.
C’est d’ailleurs sur cette vision que le Sénégal a défini une stratégie de développement pour la
croissance et la réduction de la pauvreté dont le but est l’amélioration du bien être des
populations et la prospérité du pays.
La région, de par la jeunesse de sa population et de par sa position écogéographique dispose
d’importantes potentialités variées qui sont malheureusement sous exploitées : une
pluviométrie abondante, des ressources hydrographiques, agricoles, pastorales, forestières très
diversifiées…
Malgré ce potentiel énorme, Ziguinchor reste l’une des régions les plus pauvres du pays.
Depuis plusieurs années, malheureusement, un rétrécissement des espaces de cultures devient
manifeste par la salinisation et l’acidification des terres. Ces résultats confirment l’hypothèse
selon laquelle les acteurs à la base ne sont pas totalement impliqués dans la recherche de la
paix en Casamance.
A ces facteurs naturels s’ajoute la situation d’insécurité qui gangrène la région.
La crise de la Casamance a fait naitre beaucoup de méfaits :
32
Une pauvreté accrue, en Casamance avec un taux de pauvreté est l’un des plus élevés
du Sénégal. Il dépasse les 60% et prés de la moitié des ménages sont vulnérables à
l’insécurité alimentaire ;
Depuis 2000, la Casamance est devenue l’un des principaux points de départ à
l’immigration clandestine vers Espagne ;
Développement du trafic de toutes sortes dans la zone (trafic ou vole de bois à la
frontière de la Gambie, trafic de drogue à travers la sous région) ;
Développement de la criminalité aux larges des routes communément coupeurs de
routes
Vole de bétail ;
Insécurité sur les voix routières et certaines zones agricoles minées ;
Des déplacements…
Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle la décentralisation n’est pas une solution à
la crise en Casamance puisque celle-ci persiste jusqu’à nos jours.
33
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Paris, 70 pages.
34
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Code des Collectivités Locales.
Coopération française : Collectivités Locales de la région de Ziguinchor :Projet
d’appui à la Décentralisation et au Développement Local.
DEMBA (F) : Agrobusiness et développement durable : Entreprise agricole face à la
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la communauté rurale de Gandon, Mémoire de maître UGB, 2007, 155p.
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DIOUF (P.S), PAGES (J), SAOS (J.L) : Géographie de l’estuaire de la Casamance.
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SENGHOR (S.S) : Contribution à l’étude de la pharmacopée Traditionnelle Diola :
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Département d’Oussouye, Thèse de doctorat en pharmacie, 1999-2000, 93P.
Sites internet
www.google.com
35
TABLE DES MATIERES
- LISTE DES SIGLES………………………………………………………………………P2
-AVANT PROPOS…………………………………………………………………………..P3
I. INTRODUCTION et PROBLEMATIQUE……………………………………………..P5
II. JUSTIFICATION………………………………………………………………………..P9
II.OBJECTIFS……………………………………………………………………………..P10
II.1 Objectif global de l’étude……………………………………………………………….P10
II.2 Objectifs spécifiques……………………………………………………………………P10
III. HYPOTHESES………………………………………………………………………...P11
IV. METHODOOGIE……………………………………………………………………..P11
IV.1.Revue documentaire…………………………………………………………………...P11
IV.2 Collecte des données sur le terrain…………………………………………………….P12
IV.2.1 Données qualitatives…………………………………………………………………P12
IV.5 Traitement des données………………………………………………………………..P12
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA REGION DE ZIGUINCHOR……P13
Chapitre I. Cadre physique……………………………………………………………….P15
1.1 Climat et sols…………………………………………………………….. …………….P15
1.2 Hydrographie……………………………………………………………………………P16
Chapitre II : Cadre humain et activités socioéconomiques……………………………..P17
2.1Cadre humain…………………………………………………………………………….P17
2.2 Activités socioéconomiques…………………………………………………………….P18
36
2.2.1Agriculture……………………………………………………………………………..P18
2.2.2 Elevage………………………………………………………………………………...P19
2.2.3 Tourisme………………………………………………………………………………P19
DEUXIEME PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIVES DE LA DECENTRALISATION
DANS LA REGION DEZIGUINCHOR…………………………………………………P21
Chapitre I : Enjeux de la décentralisation……………………………………………….P22
1.1 Enjeux politiques………………………………………………………………………..P22
1.1.1 Régionalisation………………………………………………………………………..P24
2.1Enjeux économiques……………………………………………………………………..P25
2.1.1 Foncier………………………………………………………………………………...P25
Chapitre II : Perspectives de la décentralisation………………………………………..P27
2.1 Perspectives politiques………………………………………………………………….P27
2.2 Perspectives économiques………………………………………………………………P28
CONCLUSION GENERALE………………………………………………......................P31
37
ANNEXES
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