La Conversation - Théâtre Montansier
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La Conversation - Théâtre Montansier
DOSSIER PÉDAGOGIQUE La Conversation Jean d’Ormesson, de l’Académie française Jean-Laurent Silvi Au Théâtre Montansier Du mercredi 26 au samedi 29 mars 2014 à 20h30 Dimanche 30 mars 2014 à 15h00 Durée : 1h05 Théâtre Montansier 13 rue des Réservoirs – 78000 Versailles www.theatremontansier.com Distribution Mise en scène Jean-Laurent Silvi Avec Maxime d’Aboville Alain Pochet Costumes Lumières Pascale Bordet Éric Milleville Coproduction Danièle et Pierre Franck avec SIC Frédéric Franck- Fil d’art production, Canal 33 et Sofithea Recommandations Soyez présents 30 minutes avant le début de la représentation le placement de tous les groupes ne peut se faire en 5 minutes ! Le placement est effectué par les hôtesses, d’après un plan établi au préalable selon l’ordre de réservation. Nous demandons aux groupes scolaires de respecter ce placement. En salle, nous demandons également aux professeurs d’avoir l’amabilité de se disperser dans leur groupe de manière à encadrer leurs élèves et à assurer le bon déroulement de la représentation. 1 / L’œuvre L'instant où Bonaparte, adulé par les Français, décide de devenir empereur. Un soir de l’hiver 1803-1804, aux Tuileries. Une conversation entre Bonaparte et son deuxième consul Cambacérès, celui à qui il ne cache rien et demande tout. Au comble de la tension entre l’esprit révolutionnaire et l’avidité de puissance, le vainqueur d’Arcole tente de rallier son complice à ses convictions. Une seule volonté anime le héros républicain : bâtir sa légende de son vivant. L’empire, va-til démontrer avec éloquence, c’est la république qui monte sur le trône. Jean d’Ormesson saisit l’ambition au moment où elle se change en histoire, le rêve sur le point de devenir réalité. « C’est en lisant les Journaux intimes et les Mémoires si amusants de l’époque – les célèbres Récits d’une tante de Mme de Boigne, les Mémoires de Mme de Chastenay, de Mme de Rémusat, de Mme de la Tour du Pin, de la duchesse d’Abrantès, les Mémoires d’une femme de qualité, qui sont un faux très distrayant… – que je me suis demandé comment était venue à Bonaparte, général républicain, ami et admirateur de Robespierre, nous dirions aujourd’hui franchement « de gauche », l’idée plutôt folle de devenir empereur. J’ai compris très vite que la forme à adopter n’était pas celle d’une étude historique ni d’un essai ni d’un roman – mais d’un dialogue. Pourquoi ? Parce que les mots de Bonaparte sont si forts et si brillants qu’ils constituaient à eux tout seuls une sorte d’armature dramatique. J’ai d’abord imaginé une conversation entre Bonaparte et Talleyrand. Avec Bonaparte et Chateaubriand, Talleyrand est la plus forte tête de l’époque. J’ai renoncé à Talleyrand pour deux raisons. La première est qu’il était déjà, avec Fouché, le héros de la pièce célèbre de Jean-Claude Brisville, Le Souper. La seconde était que, comme l’a bien montré Emmanuel de Waresquiel dans sa biographie de Talleyrand intitulée Le Prince immobile, le futur prince de Bénévent n’a jamais été un partisan fervent ni de cette Révolution ni de cet Empire dont il s’est si bien arrangé. Cambacérès, au contraire, était un républicain convaincu : il avait voté – « avec réserve » !... – la mort du roi. Il était plus intéressant pour Bonaparte de convaincre un républicain bon teint de la nécessité de rétablir la monarchie. Deuxième consul, Cambacérès était, en outre, le second personnage du Consulat comme il allait devenir plus tard, grâce à Napoléon, avec autant de conviction et de fidélité que possible, le second personnage de l’Empire. C’est pour toutes ces raisons que j’ai choisi Cambacérès pour donner la réplique au Premier Consul, dévoré de l’ambition de monter sur le trône des Césars et de Charlemagne dont il allait devenir, jusqu’à la catastrophe finale, l’éblouissant successeur. » Jean d’Ormesson 2 / Note d’intention « Cette conversation entre Bonaparte encore premier consul et Cambacérès, son deuxième Consul, nous a passionnés par sa singularité et sa modernité. Ici l’affrontement, le duel ne sont qu’accessoires ; c’est une valse subtile qui se joue, où chacun mène l’autre, où le respect, la confiance, l’admiration même – en un mot la complicité – se mêlent l’exercice de conviction, l’habileté manipulatrice et la volonté de puissance. « A Cambacérès il parle plus librement qu’à tout autre » nous dit Jacques Bainville. Devant cet homme loyal et fidèle, cet administrateur de génie et ce républicain convaincu, Bonaparte peut dérouler son système avec une intelligence prodigieuse : instaurer l’Empire en conciliant deux passions françaises qui sont le gouvernement personnel de type monarchique et la passion de l’égalité… et devenir enfin Napoléon. Cambacérès est aussi le précieux confident à qui Bonaparte peut dire ses doutes, laisser entrevoir ses failles, être profondément humain, nous émouvoir et même nous faire rire. Cambacérès, c’est celui qui ose le mettre en garde quand il pressent que Napoléon sera trop grand pour Bonaparte. Cambacérès enfin est celui qui succombe devant l’irrésistible … Pour incarner Bonaparte, il fallait un comédien qui puisse en avoir la jeunesse et la ferveur : Maxime d’Aboville, nommé aux Molières pour son interprétation du Journal d’un curé de campagne de Bernanos, puis une seconde fois pour son rôle du Prince de Condé dans Henri IV de Daniel Colas. Dans le rôle de Cambacérès, Alain Pochet, premier prix du Conservatoire Royal de Bruxelles, qui a notamment joué au théâtre dans Magnolia de Decker ou dans Puissants et miséreux de Rezeaux à la Manufacture des Abesses. » Jean-Laurent Silvi et Maxime d’Aboville 3 / Napoléon Bonaparte Issu de l'ancienne noblesse toscane, Napoléon Bonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio, peu après la cession de l'île à la France par Gênes. Après être passé par les écoles militaires de Brienne et Paris, il s'illustre dans les armées révolutionnaires. Emprisonné après le 9 Thermidor, il est rappelé par Barras pour réprimer l'insurrection royaliste du 13 Vendémiaire an IV (5 octobre 1795). Alors nommé général en chef de l'armée d'Italie, il se couvre de gloire à Arcole, à Rivoli, impose la paix de Campo-Formio (1797). Puis c'est l'expédition d'Égypte contre les Anglais. Son retour fait de lui l'homme providentiel du coup d'État des 18 et 19 brumaire an VIII (9-10 novembre 1799). Il met en place le Consulat et commence à doter la France d'institutions modernes: Code civil, Banque de France, préfets, lycées, Légion d'honneur, mais aussi signature du Concordat avec Pie VII. Élu consul à vie en 1802, Napoléon 1er est sacré par le Pape empereur des Français à Notre-Dame, le 2 décembre 1804. De 1804 à 1809, les Bulletins de la Grande Armée rapportent ses exploits en Europe (Austerlitz, 1805; Eylau et Friedland, 1807; Wagram, 1809). Mais ces victoires ne pourront contenir le mouvement patriotique qui embrase les peuples européens. Cinq années encore, et les coalisés – Russes, Autrichiens, Prussiens – entrent dans Paris (avril 1814). Napoléon est exilé à l'île d'Elbe. Après un retour triomphal en France, il est défait à Waterloo (18 juin 1815). Le Mémorial de Sainte-Hélène, île où il est déporté et s'éteint le 5 mai 1821, parachève sa légende. 3 / Jean-Jacques Régis de Cambacérès Né à Montpellier, le 18 octobre 1755. Il fut président de la Convention et membre du Comité de Salut public, président des Cinq-Cents, ministre de la Justice au moment du 18 brumaire, il devint deuxième consul. Orateur et jurisconsulte, il prit part à la rédaction du Code Napoléon, et l’Empire le nomma duc de Parme, prince, archichancelier, membre et président du Sénat, du Conseil d’État et de la Haute Cour impériale, Grand-Aigle de la Légion d'honneur; il fut encore ministre de la Justice aux Cent-Jours. Il écrivit le Discours préliminaire du projet du Code Napoléon. Nommé par le Directoire membre de l'Institut le 20 novembre 1795, classe des Sciences morales et politiques, Cambacérès fit partie de la deuxième classe à l'organisation de 1803 et occupa le fauteuil du comte de Guibert. Exclu et proscrit par l'ordonnance royale du 23 juillet 1815, son fauteuil fut attribué au vicomte de Bonald. À sa rentrée en France en 1818, il fut rétabli dans ses titres et ses droits, mais ne fit plus partie de l'Académie. Mort le 8 mars 1824. Œuvres 1796 Discours préliminaire du projet du code civil 1798 Constitution de la République française avec les lois y relatives, 5 vol. 1801 Discours sur la science sociale 4 / Interview de Jean-Laurent Silvi, par le site de la fondation Napoléon La Conversation, pièce mise en scène par Jean-Laurent Silvi, est adaptée du livre de l'académicien Jean d'Ormesson (Éditions Héloïse d'Ormesson, 2011). Maxime d'Aboville et Alain Pochet sont respectivement Bonaparte, Premier Consul de la République, et Cambacérès, Second Consul. Si tous les propos prononcés par Napoléon Bonaparte ont été prononcés par lui, ce ne fût pas nécessairement dans les circonstances du Consulat. Toutes les répliques de Cambacérès, en revanche, sont de la plume de Jean d'Ormesson. Laurent Ottavi Vous avez fait le choix de mettre peu d'objets sur scène. Etait-ce pour mettre au premier plan les idées développées dans le dialogue? Jean-Laurent Silvi Il fallait mettre en valeur le texte. Parfois, on me dit que je n'ai pas fait de mise en scène, que je n'ai fait que de la direction de comédiens. Pour moi, c'est vraiment la même chose. On a regardé énormément de tableaux de Napoléon. La mise en scène est bien là. J'aime travailler sur des scènes le plus vide possible. J'ai demandé de grands rideaux, un parquet au sol pour la perspective afin d'habiller un minimum la scène. Il faut aussi s'adapter au décor suivant, puisqu'on joue à 19 heures (Théâtre Hébertot). Mais, de toute façon, la grandeur c'est le vide. C'est ce que dit Bonaparte dans la pièce: « triste comme la grandeur ». Car la grandeur c'est vaste et vide. L.O. De grandeur, cette Conversation est empreinte, avec les projets très ambitieux du Premier Consul… J-L. S. Cette conversation paraît anodine, mais elle ne l'est pas du tout. C'est la transformation d'un homme, Bonaparte, qui passe d'une période de lumière à une période d'ombre. Quand Cambacérès revient, à la fin de la pièce, il lui pose la question « et si votre étoile disparait un jour ? ». Bonaparte s'agace : c'est le Napoléon conquérant. Ce n'est pas le même homme. Cela coïncide vraiment au passage de Bonaparte à Napoléon. Il y a une rupture à ce moment là. L.O. Dans sa volonté d'établir l'Empire, Cambacérès le suit. Pourquoi? J-L. S. Cambacérès est un homme en fin de vie, entièrement dévoué à Bonaparte parce qu'il lui a fait confiance et que ça a marché. Il a combattu la monarchie pour la République. Or Bonaparte veut instaurer l'Empire. Cambacérès va donc combattre son idéologie pour Bonaparte. Dans la pièce, Bonaparte sait que si Cambacérès ne suit pas, ça risque d'être très difficile pour lui. C'est un des seuls en qui il a vraiment confiance. Si c'était Talleyrand à la place de Cambacérès, ça aurait été un duel et on n'aurait pas vraiment avancé. L.O. Les deux personnages que vous mettez en scène ressemblent à deux contraires. Sont-ils si différents? J-L. S. Nous avons voulu montrer l'opposition entre les deux personnages. Il y a un personnage qui agit, Bonaparte, et un personnage qui écoute, Cambacérès. Bonaparte n'est pas un politicien. Comme tous les grands hommes, il se sert de la politique comme un outil. Cambacérès, par contre, est un homme politique. Bonaparte l'utilise. C'est pour cela qu'il faut absolument que Cambacérès le suive dans l'Empire. Mais l'opposition la plus importante, c'est leur rapport au temps. L.O. C'est-à-dire ? J-L. S. Bonaparte est un personnage qui combat le temps. Il a une obsession contre le temps. Il mange en deux coups de cuillère à pot. Cambacérès est aux antipodes : il prend le temps, il vit avec le temps. Cette opposition était importante à développer même si le public ne le ressent pas forcément. Cela a beaucoup aidé les comédiens en tout cas. Cambacérès est un personnage lent parce qu'intelligent. Bonaparte, lui, est rapide parce qu'il est un génie. Il a une intuition, une spontanéité. Cambacérès est un homme de grand talent mais ce n'est pas un génie. Il trouve toujours la réponse adéquate mais il ne peut pas aller aussi vite que Bonaparte. Cambacérès prend le temps d'écouter et il comprend tout. Il comprend que l'homme qui est en face de lui va trop loin et il lui dit. C'est la seule fois où il s'adresse directement à Bonaparte, lorsqu'il l'avertit que le retour de bâton peut faire très mal. Il le suit quand même parce qu'il l'aime, parce qu'il lui est « entièrement fidèle » comme il le dit au début. Cambacérès est un serviteur au sens noble. En fait, c'est la dévotion d'un homme, Cambacérès, et l'estime d'un autre, Bonaparte, qui sont face à face. Contact écoles Alix Crambert – 01 39 20 16 00 – [email protected] Tarif scolaire : 15 € (gratuité pour les accompagnateurs)