du toucher message au toucher massage - le sentier du bien-etre
Transcription
du toucher message au toucher massage - le sentier du bien-etre
DU TOUCHER MESSAGE AU TOUCHER MASSAGE Par Bruno Marécaut Somato-relaxologue, réfléxologue, praticien enseignant en Reiki Le toucher joue un rôle important dans notre perception du monde Cette perception passe par l'attention particulière que l'on porte à nos sensations tactiles. La peau est bien plus qu'une simple enveloppe protectrice, elle est dotée de redoutables capteurs qui trahissent les émotions et permettent d'appréhender le comportement des êtres avec autant de perspicacité que les autres sens dits nobles, tels que la vue ou l'ouïe. Qu'il rougisse devant un compliment ou vibre sous la caresse, notre épiderme semble exprimer tout ce que nous ne pouvons pas dire avec des mots. Un langage complexe que l'on commence à peine à décrypter. SOMMAIRE ➢La Peau, rappels anatomiques ➢Implication dans le vocabulaire courant ➢Le toucher, premier sens du bébé ➢Le « moi-peau » ➢L'éloge de la caresse ➢Atelier de prise de conscience de son importance. ➢Un sens à réhabiliter chez la personne âgée ➢Communiquer de l'apaisement ➢Atelier massage de détente : le visage et les pieds. LA PEAU : Rappels anatomiques La peau est un organe composé de plusieurs couches de tissus. Elle joue, entre autres, le rôle d'enveloppe protectrice du corps. ● La partie superficielle, la plus mince, nommée : épiderme. Elle est la couche la plus extérieure de la peau. Malgré sa finesse (0,10 mm), il est d'une extrême résistance. A sa surface se trouve la couche cornée, qui constitue un revêtement protecteur très efficace. L'épiderme est un tissu vivant régénéré en permanence, contrairement au tissu cardiaque qui se renouvelle lentement, et au tissu nerveux qui ne se renouvelle presque pas. (couche 4 sur le diagramme) ● La partie interne la plus épaisse : le derme plus épais, est composé de nombreuses fibres de collagène et d'élastine. Cette dernière donne à la peau souplesse et fermeté. (5 sur le diagramme). ● Une couche plus profonde, l'hypoderme, qui n'est classiquement pas assimilée à une couche de peau, est la couche la plus épaisse et la plus profonde. Elle constitue une zone de stockage remplie d'adipocytes (grosses cellules graisseuses). (6 sur le diagramme). L'ensemble « peau » et ses phanères (ongles, poils) se nomme le .tégument 1- pore de transpiration 2- jonction dermo-épidermique (papille dermique) 3- terminaison nerveuse (toucher) 4- épiderme 5- derme 6- hypoderme 7- veine 8- artère 9 - Poil 10- cornée 11- couche pigmentée 12- kératinocytes 13- Mélanocytes 14- muscle érecteur du poil 15- glande sébacée 16- folicule pileux 17- bulbe 18- nerf 19- système lymphatique et vasculaire 20- glande sudoripare eccrine 21- Corpuscule de Pacini C'est l'organe le plus étendu : environ 2 m² chez l'adulte pour un poids approximatif de 5kg. C'est le plus riche de nos sens : environ 1 800 000 capteurs (l'homme peut percevoir une vibration de 0,02 micron d'amplitude. 1 micron = 1 millième de millimètre) La variété des capteurs (4 types) permet de ressentir : la pression, la température, et la douleur. Récepteur Perception Forme Durée de perception Merkel Pression lente: Disque légère tape, petits détails Tant que stimulus est présent Meissner Pression rapide: tremblement, frottement Boudin Ne dure pas Ruffini Étirement Cylindre Tant que stimulus est présent Pacini Vibration rapide Vibration rapide Ne dure pas En considérant la peau comme l'organe le plus important du corps au moins par son étendue et connaissant la densité du réseau nerveux de l'épiderme, il est compréhensible que le toucher permette les sensations les plus fortes, agréables ou douloureuses. Elle constitue un générateur non seulement de plaisirs d'une grande variété, mais aussi de sentiments parmi les plus profonds. La pulpe des doigts ne compte pas moins de 250 récepteurs au centimètre carré. C'est la zone du corps où cette densité est la plus importante. Cela rend les mains particulièrement sensibles à l'appréciation de ce qu'elles touchent. Chaud, froid, douleur, douceur, la peau ressent tout, absorbe tout, capte tout, pour délivrer illico le message à notre cerveau. Mais de toutes ces informations, ce sont les caresses qu'elle préfère. Les raisons de cette interaction entre le cerveau et la peau sont simples : ils ont tous les deux la même origine embryologique ! Ils se forment en même temps, au vingt et unième jour du développement de l'embryon. « C’est par la peau principalement que nous sommes devenus des êtres aimants. » — Harlow, The maternal affectional system of rhesus monkeys « Les mains sur la peau touchent l'âme à vif. » « La caresse recrée l'être qu'elle caresse. » — Christian Bobin — Jean-Paul Sartre « Faites les gestes, et les sentiments entreront dans le cœur. » — Confucius On comprend alors que la peau puisse être un fabuleux moyen de communication, le plus viscéral sans doute, car il agit comme un miroir. Le fait de rougir ou de blêmir est une façon d'exprimer, à notre insu, des sensations qui nous submergent, sans que nous puissions les contrôler : la parole peut mentir, pas la peau !! Notre peau ne constitue pas seulement le messager de notre vie intérieure. Elle représente aussi une forme de langage social. Le maquillage, le tatouage ou le piercing sont autant de moyens de communiquer avec autrui et d'exprimer un besoin d'insertion ou une soif de révolte. Même le bronzage a un sens, en révélant un certain style de vie. Image de notre identité profonde et superficielle, reflet de notre existence, la peau apparaît de plus en plus comme une lieu de mémoire où notre vie laisse, au fil du temps, une empreinte indélébile. IMPLICATION SUR LE VOCABULAIRE COURANT Le vocabulaire a emprunté de nombreux termes faisant référence à ce mode de perception : Avoir « les pieds sur terre » Avoir de l'attirance ou de la répulsion « physique » Réagir de façon « épidermique » « Être bien ou mal dans sa peau » « avoir les nerfs à fleur de peau »... Il en existe bien d'autres, mais je ne m'embarquerai pas à toutes vous les citer tellement le vocabulaire est riche pour exprimer ce sens de perception. LE TOUCHER, LE PREMIER SENS DU BÉBÉ Le toucher est un véritable langage, c'est d'ailleurs le premier sens que développent les bébés. De cette communication instinctive entre la mère et l'enfant, dépend l'équilibre psycho-affectif du bébé. L'importance de cette communication extra-langage est mise en évidence dans le cas de surdité précoce du nourrisson. Le besoin d'être touché, on le sait maintenant, est aussi fondamental que le besoin d'eau, d'air ou de nourriture. L'amour naît du contact. Voilà pourquoi il est recommandé de les masser. Des expériences ont prouvé que cette pratique réduisait le temps d'hospitalisation des prématurés, améliorait leur coordination motrice ainsi que leur attention aux choses. Chez les nourrissons nés à terme, l'effet relaxant des massages facilite l'endormissement. Dans certaines civilisations, le massage est paré de vertus. Il est vécu comme un rituel chargé de sens : les cultures africaines et amazoniennes ont en commun l'idée que le petit corps recroquevillé sorti de l'utérus doit être « modelé, affermi, consolidé ». (acquisition d'une image corporelle) Le massage possède des vertus relaxantes que les sage-femmes suggèrent d'associer au « lavage-habillage » occidental. Le massage permet de renouer une relation charnelle sécurisante avec la mère, d'atténuer l'angoisse de la séparation. LE « MOI-PEAU » Nous l'avons vu précédemment, la peau reçoit, la peau transmet, elle vibre et vit. La peau reflète nos émotions. Le psychanalyste Didier ANZIEU écrit en 1974 : « Le moipeau ». Il y écrit, que notre personnalité se façonne d'abord par une prise de conscience de notre peau, de cette limite dans l'espace de notre identité. En effet, l'image que nous avons de nous-même prend forme, au sens concret du terme, lors des communications peau contre peau entre le bébé et sa maman : c'est le fameux « moi-peau », une étape dans le développement qui va permettre à l'enfant d'accéder à d'autres stades de son évolution. Ensuite, tout au long de sa vie, la peau continuera de refléter les hauts et les bas de notre vie intérieure : le visage rougira sous l'effet de la colère, pâlira sous celui de la peur, le bonheur se lira sur un visage éclatant, alors qu'un teint toujours gris laissera présager un état dépressif. Il est donc facile et classique, aujourd'hui, de considérer que les poussées de psoriasis, d'herpès, d'eczéma ou d'acné sont favorisées par le stress et la contrariété. Le Docteur Danièle POMEY-REY, dermatologue et psychanalyste à l'hôpital Saint -Louis, à Paris, affirme que 80% des maladies de peau ont une origine psychologique : « celui qui est atteint est quelqu'un qui a beaucoup de choses à dire, mais qui n'y parvient pas. Il parle alors avec sa peau ». L'ÉLOGE DE LA CARESSE Entre la peau qui touche et la peau qui reçoit s'établit un dialogue. Dans l'échange amoureux, la caresse a une place majeure, voire essentielle. Qu'est ce qui exprime le mieux la tendresse que la caresse? Le massage : une pratique que les adultes peuvent adopter pour leur plaisir personnel. Quoi de plus sensuel que de découvrir la peau de l'autre ? Dans le jeu de la séduction, si le désir passe par la vue et la voix, il se concrétise à fleur de peau. Le toucher es alors une forme d'appropriation, un moyen de connaissance et de reconnaissance de l'autre. Certains sexologues conseillent ainsi aux couples en crise de prendre du temps pour se masser et se caresser : le toucher est en effet un moyen d'échange où il n'y a ni dominant ni dominé. Le potentiel érogène du toucher lui confère une place centrale dans la vie des êtres humains : il est à l'origine de relations d'attachement et permet des échanges sélectifs avec d'autres personnes. Des expériences sur de jeunes singes, et même sur des rats ont montré le rôle vital des caresses dans l'équilibre psychique et même physique. « D’autres expérimentateurs s’intéressant aux rats ont montré que les animaux caressés sont détendus, calmes, souples, confiants et même audacieux, leur apprentissage est meilleur, leur croissance plus rapide, leur résistance aux affections plus grande, leur cerveau plus lourd. Par contre, les rats recevant les soins minimaux dans la stricte indifférence sont tendus, agités, craintifs et agressifs. » Dr Gérard Leleu, Le Traité des caresses ATELIER DE PRISE DE CONSCIENCE DE SON IMPORTANCE L'exercice n'est effectué sans jugement, sans performance. Il doit être mené sans interruption, jusqu'au bout de l'expérience. BUT : 1) Recevoir un toucher, et être à l'écoute de ses sensations. 2) Toucher l'autre et être à l'écoute de ses propres sensations. 3) Dans le toucher, être à l'écoute des sensations de l'autre. 4) Mettre des mots sur le ressenti : pression, douceur, chaleur ou froideur, douleur, peurs... Le groupe est divisé en deux, par binôme. Au départ, par affinité, mais ensuite on mixe les binôme. Il y a un groupe de donneurs, qui a pour rôle de toucher son binôme qui est assis, puis de lui faire comprendre sans mot, de se lever et de le conduire à travers la pièce semée d'embûches. Le groupe de donneurs doit impérativement être à l'écoute de l'autre, ainsi que de son ressenti. Le groupe de receveurs, les yeux bandés, doit être à l'écoute de son ressenti, mais doit aussi essayer de comprendre les souhaits de l'autre. Durant toute la durée de l'exercice, aucun mot ne doit être échangé entre binôme. A l'issu de l'exercice, le groupe au complet échange son ressenti. Ensuite on échange de rôle, puis on mixe les binômes... Les échange ponctuent chaque exercice. UN SENS A REHABILITER CHEZ LA PERSONNE AGEE Il faut réhabiliter la notion de communication par le toucher. Le langage si important dans notre vie nous fait oublier l'importance de notre corps, de ses sensations, des ses aptitudes dans la relation avec notre environnement. Dans la philosophie asiatique, le rapport avec le monde extérieur revêt une très grande importance et ceci, depuis des siècles. Le bien-être intérieur passe par l'intégration avec la nature, ce qui suppose que tous les sens mis à notre disposition soient sollicités. Le toucher pour les exclus de notre société, reste une expérience fragile mais nécessaire pour sentir et se sentir. Le massage doit conduire au dé-stress par la libération intérieure de la peau en traversant ses couches pour délivrer le sujet de ses pesanteurs psychiques. Toucher devient le moyen de se sentir et de ressentir le vivant de notre chair si anesthésiée par la communication verbale. D'autant que la pulpe des doigts ne compte pas moins de 250 récepteurs au centimètre carré (c'est la zone du corps où cette densité est la plus importante), rendant ainsi les mains, particulièrement sensibles à l'appréciation de ce qu'elles touchent. Une étude montre que chez des personnes âgées, la réhydratation de la peau augmente sa sensibilité. COMMUNIQUER DE L'APAISEMENT « Quand est-ce que les gens se touchent ? » demande Bernard Andrieu. « Lors des rapports sexuels, en faisant du sport ou parfois en dansant. Nous avons en réalité très peu de contacts élaborés. » Mais avec un peu d'intuition, de naturel et de technique, il est possible de communiquer de l'apaisement du réconfort. Il est facile pour établir un contact et un climat de confiance, de poser naturellement la main sur l'épaule de l'autre tout en dialoguant voire même lui passer la main dans le dos doucement ou lui tenir la main en la caressant pour la réconforter. En ce qui concerne la technique, il existe plusieurs méthodes efficaces pour communiquer de l'apaisement. Je ne vous décrirai ici que 2 techniques des plus facile à mettre en application, avec peu de moyens. Le massage de détente des pieds et jambes . Le massage du visage. Le massage de détente des pieds et jambes : –Vérifier que la personne soit bien confortablement installée, assise ou allongée. –Enduisez vous les mains de quelques gouttes d'huile, ou de crème hydratante. –Commencez par un contact immobile, une main sur chaque pied, et accordez vous quelques instants de tranquillité avant de commencer. Sentez le contact de vos mains sur les pieds, chaleur du corps, et soyez attentifs à votre respiration. –Commencez à bouger doucement vos mains. –Remontez lentement le long des mollets, sur le côté intérieur (sens de l'énergie), en étant attentif au contact. –Redescendez chaque fois jusqu'au pied, du côté extérieur, pour finir par un grand mouvement qui remonte jusqu'au genoux, enveloppe les rotules et redescend jusqu'aux pieds, jusqu'aux orteils. Votre toucher doit être à la fois ferme et délicat. –Continuez une main sur chaque pied, en massant les coups de pied, le tour des malléoles puis simultanément le dessus des pieds avec les doigts, et la plante du pied dans un mouvement circulaire, avec les pouces. –Dans chacun des mouvements, donnez une légère sensation d'étirement à la personne. –Si la personne est chatouilleuse, veillez à éviter tout contact hésitant. –Prenez votre temps, il est nécessaire d'abord de bien détendre les pieds. –Vous allez ensuite vous concentrer sur une seule jambe. Commencez par la jambe droite (sens de l'énergie et de la digestion). –Sur une seule jambe... –Vos deux mains remontent de chaque côté du tibia, les doigts se glissent sous le genou, revenez en relâchant le mollet jusqu'au talon. –Terminez votre mouvement en prenant le pied en sandwich entre vos deux mains. –Gardez une respiration tranquille et profonde pendant que vous massez... –Étirez le tendon d'Achille entre le pouce et le bout des doigts, alternativement avec main et l'autre. une –Frictionnez le coup de pied et la cheville, dans un mouvement d'aller-retour. –Massez de chaque côté, les malléoles des chevilles avec les bout des doigts, dans petit mouvement circulaire. un –Pétrissez le talon à pleines mains. –Massez à la fois le dessus des pieds, dans un mouvement alternatif des pouces, et avec le bout des doigts, la plante du pied. –Étirez les pieds dans l'alignement de chacun des orteils, les index repliés glissent dans la pointe du pied, terminez votre mouvement en étirant les orteils. –Sentez les petits os sous vos doigts. –Faites bouger les petits os du pied les uns par rapport aux autres. –Bien sûr vous répétez tous ces mouvements sur chaque pieds. Les pieds se massent fermement à pleines mains. N'hésitez pas à « ouvrir » le pied, à l'étaler, à l'étirer... Il est préférable de dissiper toutes les tensions musculaires du pied. Pendant le massage détente, vous pouvez soulever légèrement la jambe pour faire le mouvement, et aussi laisser aller vos mains en fermant les yeux, en sentant ce dont le pied à besoin... quel genre de contact qui aide la personne à se détendre, à se sentir bien. Sentez comment chaque partie du pied vous parle d'une manière différente... il y a des endroits souples, des endroits plus chauds, des endroits où le peau accroche, d'autres où elle glisse facilement... Le massage du visage : Il en existe 2 types : –pour détendre : masser dans le sens haut-bas, du front au menton. –pour tonifier : masser dans le sens bas-haut, du menton au front. Je ne vous décrirai que la technique de détente, il vous suffira d'inverser le sens pour obtenir une stimulation. Il se passe en quatre temps : le glissé le micro-massage des pressions superficielles le glissé étiré. ATELIER MASSAGE DE DÉTENTE : Le visage et les pieds L'atelier se déroule par binômes, dans la salle, et l'un masse l'autre et se fait massé à son tour, après avoir eu un exemple visuel de chaque technique. Il est indispensable que l'atelier se passe dans le calme et la bonne humeur pour pouvoir ressentir les bienfaits du massage, et que chacun puisse prendre conscience des sensations que cela procure. Cela permettra d'avoir quelques techniques de mieux-être à partager sans modération. Il vous sera possible de constater par vous-mêmes qu'en parallèle du langage non verbal, s'établit aussi un langage par la parole plus calme, et la naissance d'une certaine complicité. Prise de notes personnelles en réponse aux questions pratiques BIBLIOGRAPHIE Le toucher, un art de la relation, Christian Hiéronimus, éditions Le Souffle d'Or, 2003 La sensualité du toucher, Christian Hiéronimus, éditions Le Souffle d'Or, 2005 La puissance du toucher, Marie-Claire Zimbacca, éditions du Dauphin, 2005 La main, le cerveau et le toucher. Apprendre neurocognitive du sens haptique et des apprentissages. Gentaz, E. (2009). Paris : Dunod La santé de la peau, Jacques Bazex et Yvon Gall édition Privat, 1999 Le moi-peau, Didier Anzieux, édition Dunod, 1995 La peau et ses états d'âme, Danièle Pomey-Rey, édition Hachette, 1999