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30 MAI 14 Hebdomadaire Paris OJD : 369965 149 RUE ANATOLE FRANCE 92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00 Surface approx. (cm²) : 1582 N° de page : 94-96 Page 1/3 'photographiée par Ben Hopper pour sa série militante « Natural Beauty » SOFT2 7586230400504/GFS/OTO/2 Eléments de recherche : SANDRINE SEBBAN : médecin spécialisé dans l'esthétique du visage, toutes citations 30 MAI 14 Hebdomadaire Paris OJD : 369965 Surface approx. (cm²) : 1582 N° de page : 94-96 149 RUE ANATOLE FRANCE 92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00 Page 2/3 .a peau lisse csl sous estent. Parce les diktats ou paire quelle 1 Mit ca. dÎHie' tendance naissante qui Iwisse/fes stéréotypé:* LES ROI LS lation définitive sous les bras ne cesse de croître. Nous voyons même des femmes accompagner leurs filles adolescentes. » Du côté des médias et de la publicité, l'injonction est claire : ne pas s'épiler. c'est ne pas étre belle, ni même femme. La preuve avec « Don't Risk Dudeness » (ne \irez pas bonhomme), la campagne américaine de Veet qui. en avril dernier, menaçait les « non-épilées » de se transformer en mâles. Le résultat ? Des réactions outrées sm- les réseaux sociaux, mais un chiffre daffaires en hausse pour un marché mondial de plus de 4 milliards d'euros en 2012. Autre exemple. Lina Ehrin, une jeune bibliothécaire suédoise, livrée à la vindicte des internautes il y a deux ans. Son crime ? Avoir levé les bras, aisselles non épilées. lors d'une émission télévisée musicale. Dans la foulée, une page de soutien Facebook (Ta Hâret Tillbaka) est lancée, où des amis \irtuels publient des photos de leurs aisselles... Anthropologue. Christian Bromberger (3) pointe « la dictature du lisse féminin opposé au dru masculin. Au XIX1' siècle, c'est le poil féminin qui suscitait les fantasmes. Au XX'' siècle, le "dénudement" des corps a concentré le potentiel erotique pileux de la femme dans sa chevelure au détriment des poils ». Du côté des trichophiles (amateurs de poils, ndlr). la résistance s'organise. Refusant la dictature du toujours plus lisse. SE REBELLENT « LONG HAIR, DON'T CARE » (« poils longs et je m'en moque ». ndlr). C'est avec fes quèlques mots que Madonna a publié fin mars une photo d'elle en soutien-gorge, affichant fièrement une aisselle velue. La star n'est pas la seule à revendiquer une liberté axillaire... De Lady Gaga à Laetitia Casta. de Beth Ditto à Milla Jovovich, les stars jouent parfois Ie relâchement. On se souvient de Julia Roberts qui, en 1999. avait créé l'événement sur tapis rouge en laissant voir ses aisselles sombres sous sa robe à paillettes. Après des décennies de corps féminin toujours plus glabre, on s'interroge. S'agit-il d'opérations de communication de people addicts au naturel, surtout lorsqu'il suscite le buzz, ou d'une timide réapparition d'un poil voué à l'extinction ? I )ans la rue. les jeux sont faits, les poils ont perdu. Les Françaises arrachent, rasent, épilent. brûlent tout ce qui dépasse. Interrogées, elles sont 77 Cr à estimer qu'il est important de s"épiler pour être physiquement séduisante ( I ). Pour 45 Cr des moins de 35 ans. ne pas « être correctement épilée » est le comble du laisseraller pour une femme à la plage (2). Au point qu'elles sont de plus en plus nombreuses à opter pour une solution radicale : l'épilation laser. Sandrine Sebban. médecin esthétique, confirme. « La demande d'épiSOFT2 7586230400504/GFS/OTO/2 certaines femmes osent rester naturelles. « Enfant, j'ai MI ma mère s'épiler. témoigne Louise, 31 ans. Mais, lors de mon séjour Erasmus en .Allemagne, j'ai découvert un autre rapport au corps. Là-bas, les femmes sont moins stressées, moins dominées par le discours esthétique ambiant. Au début, les aisselles poilues de mes copines de fac mc gênaient. Mais, aujourd'hui, je m'autorise un rapport plus cool aux poils. Je m'épile quand j'en ai envie, c'est-à-dire pas tout le temps. Ma seule limite, ce sont les regards des autres qui peuvent être blessants. » Une liberté rare, mais heureusement partagée. « Pour moi. le poil sous les bras varie selon les saisons, affirme Gabrielle. 40 ans. L'hiver, je fais relâche, je laisse un peu en friche car personne ne les voit. C'est ce que j'appelle le poil intime. L'été, le poil est public, il se voit, alors j'épile. » Lassitude des contraintes, rejet des injonctions sociales, revendication féministe... Le poil cool a autant de raisons que de fans. Pour certains, les aisselles fleuries sont erotiques. D'un point de vue physiologique, les poils situés sous les bras servent en effet à faciliter l'écoulement de la sueur et diffusent les phéromones. qui jouent un rôle dans l'attraction sexuelle. Résultat, il y a des femmes qui aiment leurs aisselles fleuries, à l'image de Flore. 47 ans. « Voilà quinze ans que je ne me suis pas épilée. Etre nue avec des aisselles glabres nie déséquilibre, ca rend le corps moins sensuel, moins mystérieux. » D'autres mettent en avant l'importance des odeurs naturelles, de Eléments de recherche : SANDRINE SEBBAN : médecin spécialisé dans l'esthétique du visage, toutes citations 30 MAI 14 Hebdomadaire Paris OJD : 369965 Surface approx. (cm²) : 1582 N° de page : 94-96 149 RUE ANATOLE FRANCE 92534 LEVALLOIS PERRET CEDEX - 01 41 34 60 00 Page 3/3 Un printemps au poil LES DIKTATS, C'EST RASOIR ! NOTRE REDACTRICE A DECIDE DE LAISSER SES AISSELLES AU NATUREL. a die ^pllaiion intégrale du maillot : i y vois Dupas ? plus en plus rares. « .l'aime certaines odeurs de sueur. avoue Héloï'se. 12° ans. I (es que je peux, je plonge sous l'aisselle cle mon mec ct je renifle. .J'aime même ma propre odeur après une journée chaude el active. C'est à lu Ibis piquant, excitant, coquin. >- I ne approche qui lait lu part belle à laniinalité. à I opposé de l'épilation qui. selon le sociologie I )avkl Le lirelon (4).« renvoie à la maîtrise de soi el traduit un souci de plaire, de se conformer ». (Jii'eii pensent les hommes '.' Si la plupart d'entre eux m i l i t e n t pour Ic lisse intégral. ils sont quelques-uns à revendiquer un point de vue différent. Ben Hoppcr. photographe londonien, cs! l'un d'entre eux. Sa récente série de clichés « N a t u r a l Beauty » montre d é j e u n e s femmes aux aisselles naturelles. F.st-il l'an des poils '.' « Je ne dis pas que les femmes devraient se laisser pousser les poils sous les liras, a-t-il expliqué au Huffington Post. .Ie pense juste que c'est une possibilité que les gens ne devraient pas rejeter. J'aimerais seulement que les gens remettent en cause les canons de beauté. » EN 20U, LE NATUREL LUTTE CONTRE LES NORMES. « I (cpuis l'adolescence, lout dans la société tc pousse à éliminer tes poils, regrette Myriam Levain. I i i ans. auteur? de "La Génération Y par elle-même" (.">). Personnellement, je rn "épi k1, mais j'aime relie rébellion. S'épiler. ca prend du temps, ça coûte cher, c'est douloureux... Ces images dc filles poilues, cest assez libérateur. » Madonna et ses copines seraient-elles des pionnières '.' Elles marquent en tout cas leur autonomie et leur humour face aux normes. Mn relâchant le carcan qui pèse sur le corps des femmes, elles nous donnent de l'air. Et c'est déjà beaucoup. Entre trichophilcs et tiïchophobes, le combat est déséquilibré, mais pus perdu. A poil ou en poils, vive la liberté I D A N I E L E GERKENS \~uir WMXi-.'iHM). Cl) . \utcur dc •• 7nHir)/o(//</ucN. une tinlhn>r>ii/t>uic drx cheveux cl drx poils - itd. Htivtirilt. (4) . \ulcur di- " . \nthrttpolttyic tlu corp* cl mixtrrnilc •> (cil. l'tlfL (~>J Ptl. rnincuix ttiiuriii SOFT2 7586230400504/GFS/OTO/2 JOURJ Mo chef au ELLE me demande de me laisser pousser les poils pour en faire un article. C'est dommage de me demander ça aux beaux jours, sachant que je teste la chose environ huit mois dans l'année. J+5 Mes poils - ces gros fourbes - n'ont jamais poussé aussi lentement. Ma chef m'envoie un mail pour savoir où j'en suis dans mon article : « 3 millimètres, à peu près. » J+11 En sortant de la douche, je prends devant mon mec mon air n° 197 (« j'attends que tu remorques que j'ai change un truc ») et je lui demande de deviner ce que je dois tester pour mon prochain article. Il est sûr que je ne fais pas un article sur les gros seins... Alors, il me demande si je dois écrire un article sur les femmes à moustache. Je demande le divorce. J+15 Avec le hashtag #bodyhair, on peut faire comme Madonna et envoyer des photos de ses poils sur les réseaux sociaux. Je trouve les leurs vachement plus beaux que les miens ! J+19 Ça ne se voit pas encore beaucoup, en revanche ça se sent. Et pas qu'au toucher. Après une dure journée, mon mec me dit que cette odeur, ça lui rappelle le boulot. (Il est intermittent.) J+23 La copine avec qui je bois lapéro dit que j'ai l'air fatigué. Au niveau des aisselles, surtout. Je lui explique que non, ça va très bien, je me bats juste contre la dictature de l'épilation. Elle répond que c'est bien, mais que c'est moche. Je dis que non, elle est juste victime d'un lavage de cerveau, et que si c'était vraiment laid ca le serait aussi sur les hommes. J+25 Je vais faire mes courses au marché bio. Quand je lève les bras, on me demande si je travaille là. Plus tard, quand je hèle le bus, on me demande si par hasard je sais où est le marché bio. J+28 Au supermarché, il y a des déodorants « efficacité 3 jours » mais pour un modèle « efficacité sur poils longs », je peux me brosser, J+33 Dans le métro à l'heure de pointe, un homme me prie de me pousser un peu en me disant : « Pardon, monsieur. » ll n'a pas de barbe, je lui réponds : « Avec joie mademoiselle. » J+38 Bizarrement, ça passe vachement mieux dans certains quartiers que dans d'autres. A Treca, on me regarde comme si j'avais tué un chaton. En dehors du triangle Belleville/ButtesChaumont/Montreuil, je suis incomprise. Et poilue. J-i-40 C'est long, soyeux, mais un peu terne. J'envisage un tie & dye ou un ombré hair pour sortir de ma routine pileuse. J+44 J'ai fini mon article. J'hésite entre laisser comme ca (au bout d'un moment, ca ne pousse plus... Enfin, j'imagine, sinon on finira par m'appeler Raiponce) et tout raser. Je refuse le diktat de l'épilation, mais je n'ai pas envie de passer à celui du poil. Je vais peut-être raser une aisselle sur deux, histoire de rappeler que ce qui compte en matière de poils comme du reste, c'est d'avoir le choix. CAMILLE A N S E A U M E Eléments de recherche : SANDRINE SEBBAN : médecin spécialisé dans l'esthétique du visage, toutes citations