HOTEL KING FAHD PALACE - DAKAR, LE 2

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HOTEL KING FAHD PALACE - DAKAR, LE 2
REPUBLIC OF SENEGAL
HOTEL KING FAHD PALACE - DAKAR, LE 2- 4 JUIN 2015
ALLOCUTION DE M ABDOULAYE MAR DIEYE,
ADMINISTRATEUR ASSISTANT & DIRECTEUR
BUREAU REGIONAL PNUD POUR L’AFRIQUE
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Excellence, Monsieur le Procureur Général du Qatar,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Madame la Présidente du Conseil Economique, Social et
Environnemental,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,
Je voudrais, au
nom
du Programme des Nations Unies pour le
développement, remercier le Sénégal d’avoir bien voulu accepter
d’abriter la Conférence ministérielle sur le renforcement de l’état de
droit et la lutte contre la corruption en Afrique.
La présence du Président Macky Sall à l’ouverture de cette conférence
témoigne de son engagement très fort sur la question de la bonne
gouvernance, socle de l’émergence et du développement; et cet
engagement s’illustre aussi dans le PSE, dont la matrice fondamentale
est l’édification d’une société solidaire dans un état de droit.
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Permettez-moi également de remercier le Qatar pour son partenariat
agissant dans l’organisation de cette conférence ; conférence qui nous
offre aujourd’hui cette plateforme d’informations et d’échanges ; et je
voudrais reconnaître la présence de Dr. Ali Bin Fetais Al-Marri,
Procureur général du Qatar et qui est aussi, depuis 2012, Avocat
spécial des Nations Unies pour le recouvrement des biens mal acquis.
Je voudrais aussi saluer la participation des Ministres de la justice ici
présents et reconnaitre leur engagement actif dans la promotion de
l’état de droit et la lutte contre la corruption.
Mesdames et Messieurs,
Il ne s’agira pas , au cours de notre conférence de Dakar , de
redécouvrir Alexis de Tocqueville, qui avait au demeurant raison de
dire que l'état de droit et les libertés individuelles sont les moteurs
indispensables du progrès économique et social; il s’agira plutôt de
voir,
au moment où l’on s’apprête à adopter les objectifs de
développement post-2015, comment renforcer l’état de droit , élément
central de la bonne gouvernance , et d’en faire non seulement un
instrument effectif de développement mais aussi un levier puissant de
promotion de la paix et de la sécurité.
L’un des effets pervers de la faiblesse de l’état de droit est la
corruption ; phénomène que l’on appelle aussi, tristement, l’autre plus
vieux métier du monde et qui est, un frein majeur au développement
économique et social.
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En effet, il est estimé, en moyenne, que quelque 2600 milliards de
dollars sont détournés, chaque année, soit plus de 3% du PIB mondial.
C’est énorme et c’est immoral.
Et l’Afrique, en particulier, subit, du fait de la corruption et autres
transactions illicites, une hémorragie financière de l’ordre de 60
milliards de dollars par an ; soit plus que l’aide publique au
développement nette reçue par le continent ; et autant que les
transferts de fonds des émigrés.
C’est une tragédie qui ne devrait durer !
Et cette tragédie est d’autant plus pernicieuse que la corruption, tout
en étant une ponction indue,
j’allais dire un hold-up
sur le
financement du développement , sape aussi les fondements de l’état
de droit et alimente les pratiques mafieuses , le terrorisme et les
conflits; et partant, hypothèque la paix et la sécurité.
Il n’est alors pas surprenant de constater, sur le plan empirique, une
forte corrélation positive entre l’Indice de l’état de droit publié par le
World Justice Project et l’indice global de paix établi par l’Institut
pour l’Economie et la Paix ; et une forte corrélation négative entre ces
deux indices
et l’indice de perception de la corruption de
Transparency International.
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Il n’y aura donc ni paix, ni sécurité et ni développement durable, là où
il n’y pas d’état de droit et là où la corruption prospère. D’où
l’importance de notre rencontre de Dakar qui a pour ambition de
lancer des initiatives pratiques pour le renforcement de l’état de droit
en Afrique.
Mesdames et Messieurs
Pour les Nations Unies, l’état de droit est [Je cite] « un principe de
gouvernance en vertu duquel l’ensemble des individus, des institutions
et des entités publiques et privées, y compris l’État lui-même, ont à
répondre
de
l’observation
de
lois
promulguées
publiquement,
appliquées de façon identique pour tous et administrées de manière
indépendante,
et
compatibles
avec
les
règles
et
normes
internationales en matière de droits de l’homme ». [fin de citation].
Si l’on fait l’exégèse de cette définition, on constate qu’elle recèle
deux notions d’équilibres ; d’une part l’équilibre horizontal nécessaire
entre les pouvoirs exécutif, législatif et judicaire; et d’autre part
l’équilibre
vertical requis entre
l’impératif de la promotion de
l’initiative citoyenne et de la garantie des libertés individuelles, et
l’impératif du respect du principe de l’intérêt général et du maintien
de l’ordre public.
Ces équilibres ne sont pas statiques ; ils sont dynamiques. C’est en ce
sens que l’état de droit est une construction continue ; construction
non exempte de tensions, mais qui, pour évoluer de façon stable et
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inclusive, doit s’inscrire dans un processus démocratique ; et je dirais
même,
dans
fonctionnelle;
un
car
processus
de
s’agit,
partant
il
démocratie
d’une
prospective et
vision
d’un
futur
collectivement souhaité, d’édifier, sous la régulation de l’Etat, un état
de droit au service d’une société solidaire.
Et s’il est vrai que l’état de droit est le point nodal de la bonne
gouvernance ; la justice elle est le centre nerveux de l’état de droit.
Or donc, Wole Soyinka avait bien raison de dire que « la justice est la
condition première de l’humanité ». D’où la primauté accordée aux
ministères de la Justice
dans cette conférence ; non pas par
exclusivisme, mais plutôt par nécessité impérieuse de nous focaliser
sur cette condition première, dont parlait Soyinka. Condition
première, mais aussi condition sine qua none.
Mesdames et Messieurs,
Nul doute qu’il y’a des avancées significatives dans le renforcement de
l’état de droit en Afrique comme le souligne le dernier rapport annuel,
édition 2015, du World Justice Project ; édition qui, par hasard du
calendrier, sera publiée aujourd’hui
à Washington DC, au moment
même où nous démarrons notre conférence.
Il faut célébrer ces
résultats ; dans la perspective de les renforcer ; les avancées les plus
notables étant surtout dans le domaine de l’administration de la
justice civile et dans l’accès du citoyen
au système judiciaire,
notamment avec les opérations d’audiences foraines.
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Il convient aussi saluer les acquis dans la construction de l’état de
droit, acquis dus au combat citoyen, porté récemment par le printemps
arabe ainsi que par les mouvements populaires de « tolérance zéro »
envers les violations constitutionnelles ; lesquels acquis forgent la
conscience citoyenne, élément essentiel à la consolidation de l’état de
droit.
C’est le moment pour moi, de saluer la présence parmi nous du
Président Moncef Marzouki, ardent défenseur des droits de l’homme et
militant actif de l’état de droit.
Je dois toutefois souligner, que malgré ces progrès que je viens de
mettre en exergue , le renforcement de l’état de droit en Afrique bute
encore sur des contraintes dirimantes, surtout en ce qui concerne la
lutte contre la corruption, la protection sociale, la protection des
droits des travailleurs, la protection de la propriété intellectuelle, la
sécurité et l’accès des femmes à la justice, la liberté d’opinion et
d’expression, la chaine pénale et l’administration de
la justice
transitionnelle, en situation de post-conflit.
Distingues invités, Mesdames et Messieurs
Le système des nations unies, et plus particulièrement ses agences de
développement accordent, dans leur programme de coopération, une
très grande priorité au renforcement de l’état de droit.
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Le PNUD, plus singulièrement, concentre son appui à l’état de droit
dans les domaines de la gouvernance du secteur de sécurité, la sécurité
communautaire, l’accès à la justice, la promotion et la protection des
droits de l’homme, la protection sociale, la justice transitionnelle, le
contrôle de la circulation des armes légères, l’accès des femmes à la
justice et
la gestion des séquelles de conflits. Et cet appui va
s’intensifier.
Je voudrais, en conclusion, affirmer notre ferme disposition à
accompagner la mise en œuvre effective des recommandations de la
conférence de Dakar qui, j’en suis convaincu, nous donnerons une
bonne épure pour le renforcement de l’état de droit et la lutte contre
la corruption en Afrique.
Je souhaite plein succès à nos travaux,
Je vous remercie.
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