Discours de Jean-Paul Balcou, Président du
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Discours de Jean-Paul Balcou, Président du
1 Monsieur le Sous-préfet, Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs les élus du Conseil régional, du conseil général, Mesdames et Messieurs les Maires et élus du Val d’Europe, Mesdames et messieurs les Présidents, Maires et élus des communes et intercommunalités voisines, Monsieur le Directeur général adjoint de l’EPAF, Monsieur le Vice-président de la société Euro Disney, Mesdames et Messieurs les représentants des corps constitués, Mesdames et Messieurs le représentants d’association, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprises, Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Peut-être certains s’en souviennent-ils, j’ai fait, l’an passé, une entorse à la tradition en n’organisant pas de cérémonie de vœux institutionnels. Ma décision était motivée par sa portée symbolique à l’endroit des agents du SAN auxquels nous demandons depuis plusieurs années des efforts pour tenir des budgets sans cesse plus serrés, à l’égard de quelques-uns de nos partenaires aussi, en nourrissant le vain espoir que davantage qu’un long discours, cette annulation pouvait amener certains à une prise de conscience de la situation dans laquelle se retrouvent les collectivités, de surcroît lorsqu’elles assument la charge d’un développement urbain soutenu et rapide. J’avoue avoir été surpris, non pas du peu d’écho qu’a reçu notre message subliminal, mais par les nombreux témoignages de sympathie que j’ai pu recevoir à cette occasion et qui traduisaient la déception de beaucoup d’entre vous de ne pouvoir partager avec moi le plaisir de nous retrouver, comme chaque année, pour cette cérémonie à laquelle je ne me doutais pas combien certains étaient attachés. Cet attachement qu’atteste une nouvelle fois votre présence ce soir, ne tient pas seulement, je l’espère à la qualité du buffet que nous prépare Gilles Orange. Il ne tient pas non plus seulement, comme j’aimerais pourtant le croire, à la qualité de l’orateur qui vous accueille. Non, cet attachement repose me semble-t-il avant tout sur les liens que nous avons noués ensemble, depuis de longues années, sur ces relations de travail qui souvent deviennent des relations d’amitié. Il est un attachement plus fort que celui à une simple soirée, celui à un territoire, au Val d’Europe, à ce grand projet fédérateur d’énergies, de passions, de rêves aussi. Je voudrais d’ailleurs ce soir dire du fond du cœur un grand merci, un immense merci à celles et ceux qui m’ont accompagné au cours de ce mandat qui s’achève, à celles et ceux dont la route à croisé la mienne et qui, pour nombre d’entre eux sont devenus des amis. Vous l’aurez compris c’est à ce moment de mon intervention que je vais vous infliger une séquence un peu à la manière d’un discours de remerciements à la cérémonie des Césars, c’est-à-dire aussi interminable et ennuyeux pour ceux qui l’écoutent qu’intense et important pour celui qui le dit. Je tiens tout d’abord à remercier et à saluer tous les élus qui m’ont accompagné au SAN, mais aussi tous les élus des communes. Je ne peux bien entendu tous les citer, je me 2 contenterai donc ce soir même s’ils ne sont pas les seuls à s’être beaucoup investis au cours de ce mandat de remercier très sincèrement mes vice-présidents : je salue donc Denis Gayaudon, Véronique Daniloff, Arnaud de Belenet, Martine Dogit, Alain Masson et Luc Chevalier. Je tiens aussi tout particulièrement à remercier les agents du SAN. J’ai évidemment ce soir une pensée particulière pour Gérard Lavérie, inénarrable Directeur général des services du SAN depuis 2002, qui a beaucoup œuvré à mes côtés et qui a très judicieusement fait valoir ses droits à la retraite, le jour même où la loi sur la recomposition des intercommunalités était votée. J’en profite pour remercier Marie Blanche Alphand d’avoir bien voulu accepter la lourde charge de lui succéder, les membres du comité de direction : Michel Cambraye, Georgette Bettan, Jérôme Rudeaux et Jérôme Lecerf, l’ensemble des directeurs des services et à travers eux chacune et chacun des agents du SAN. Nous leurs avons demandé beaucoup d’efforts ces dernières années sans pour autant entamer ni leur implication ni leur dévouement au service de l’institution et des administrés. Encore une fois merci à eux. Merci aussi à tous les agents municipaux. Je tiens à remercier le capitaine Petit et les pompier, le Commissaire Chazareix et les policiers, l’ensemble des chefs d’entreprises du territoire, les représentants des nombreuses associations, les représentants du corps enseignant et plus largement toutes celles et tous ceux qui vivent et font vivre le Val d’Europe. Je tiens également à saluer l’ensemble de nos partenaires. Je pense à Francis Borézée et à l’ensemble des équipes de la société Disney qui travaillent au développement du Val d’Europe ainsi qu’aux équipes de l’EPAFrance. Je pense à toutes celles et tous ceux qui collaborent aux côtés de Gilles Roussel à l’Université, pour faire avancer les projets du Val d’Europe, avec une petite pensée spéciale pour l’IFIS. Je pense à Jean Robert Jacquemard et à tous les agents de la CCI, à Bernard Saint Girons, directeur du Cluster tourisme, à Dominique Cocquet qui se consacre désormais à l’aventure de Villages nature. Je pense à toutes les entreprises qui ont collaboré ou souhaité collaborer avec notre territoire ces dernières années. Je pense aux élus et agents du Conseil régional et du conseil général qui ont travaillé avec nous, aux élus des collectivités voisines, à nos parlementaires, à notre Sous-préfet attentif, à Mme la Préfète, et même aujourd’hui à notre Préfet de Région, ci-devant délégué interministériel. Bref, je pense à toutes celles et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre participent ou sont associés au Val d’Europe. Je pense enfin à toutes celles et tous ceux que je regrette déjà d’avoir oublié de citer, et je les prie de bien vouloir m’en excuser. Encore une fois merci à tous. 3 En reprenant cette année le fil de la tradition de la cérémonie des vœux du SAN, après une année blanche, j’aurais pu proposer d’instituer à l’avenir une biennale. Je ne le ferai pas. Je ne le ferai pas d’abord, parce que je craindrais de décevoir à nouveau celles et ceux qui aiment tant cette soirée. Je ne le ferai pas ensuite, parce qu’au Val d’Europe il se passe tant de chose qu’un discours balayant les deux années passées et envisageant les projets des deux années à venir serait condamné à être soit interminable soit incomplet. Je ne le ferai pas enfin et surtout parce que l’application de ce principe de vœux tous les deux ans reviendrait à reporter l’organisation des prochains vœux à janvier 2016... Or nous savons désormais qu’en 2016 les choses auront changé de telle manière que ma décision aurait fait de cette cérémonie 2014 la dernière cérémonie des vœux du SAN du Val d’Europe et je ne pouvais m’y résoudre. Le Val d’Europe est une aventure exceptionnelle qui a réuni, il y a 27 ans, 5 petits villages autour d’un grand projet, celui de bâtir aux côtés de ce qui allait devenir la première destination touristique européenne, une agglomération nouvelle, reconnue aujourd’hui comme l’une des plus dynamiques de France. Les réflexions partenariales menées actuellement sur le centre de congrès, sur le développement du quartier universitaire, la dynamique en marche du Cluster tourisme, la concrétisation de Villages nature, l’implantation de la CCI de Seine et Marne, l’inauguration il y a quelques mois du nouveau siège du groupe Ludendo, sont autant de témoignages de la nouvelle dimension que prend désormais ce territoire. Un territoire qui porte une formidable ambition que nous avons essayé de résumer dans le titre du PADD du PLUI : « faire du Val d’Europe une ville intelligente et structurante majeure de l’Est francilien en 2030». Un territoire fondé aussi sur la qualité et le cadre de vie de celles et ceux qui en font la richesse : les Valeuropéens dont la jeunesse est un formidable gage d’espoir, et les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur niveau de développement, du jeune entrepreneur accueilli dans notre pépinière à la première d’entre elles, la société Euro Disney. Ce formidable essor, ce formidable dynamisme est bien entendu fragile et repose sur des équilibres par nature instables. Il est le résultat d’efforts conjugués, de risques qui doivent être partagés, de contraintes propres à chacun des acteurs qui parfois divergent mais avec lesquels il faut réussir à composer. Bâtir une agglomération n’est pas une sinécure. En commençant cette aventure, nous savions que nous nous lancions dans une course d’endurance, un marathon de longue haleine. Cependant, nous étions loin de nous douter qu’à mi-parcours, les règles allaient changer. Nous ne savions pas que la seconde partie du marathon serait parsemée de haies à franchir, que nous devrions les sauter avec des gueuses autour du cou et des chaînes aux pieds, que pour corser le tout il nous faudrait continuer avec les yeux bandés. 4 C’est pourtant ce qui nous arrive aujourd’hui. L’organisateur de la course, celui-là même qui alourdit continuellement les handicaps dont il nous charge et multiplie les obstacles sur le parcours, a beau jeu de nous reprocher d’être aujourd’hui moins performants. Il peut toujours nous objecter que nous sommes partis trop vite, que nous nous sommes insuffisamment économisés sur les 27 premiers kilomètres, oubliant un peu vite que c’est lui qui imposait alors le rythme. Il peut nous appeler à continuer à courir, coûte que coûte, ne serait-ce que pour honorer le contrat qu’il a signé avec le sponsor, il peut nous inciter à nous doper à l’endettement public sans se préoccuper de ce qu’il adviendra de nous dans les prochains kilomètres… Nous avons décidé de prendre notre course en main, nous avons décidé de reprendre notre souffle. Entendons-nous bien. Nous n’avons aucune intention d’abandonner le marathon, bien au contraire. Il n’est pas question de rechigner à l’effort physique et mental que requiert une telle discipline, nous avons montré ces derniers temps que nous savions serrer les dents. Il n’est pas question de nous plaindre de quelques tensions musculaires ou de conditions météorologiques moins clémentes qu’au départ, nous sommes prêts à les affronter. Mais il faut bien, aujourd’hui, discuter sérieusement des conditions d’une course dont les règles sont devenues, depuis quelques kilomètres déjà, et à chaque foulée davantage, totalement absurdes. Vous aurez sans doute reconnu dans cette digression athlétique, une évocation qui se voulait subtile des questions que soulève la IVème phase d’aménagement. Je n’en dirai pas plus d’abord parce que M. le délégué interministériel n’est pas là, puisqu’il est retenu par ses propres vœux, ensuite parce que depuis le temps que je répète les même choses vous allez commencer à croire que je radote. Vous allez d’autant plus croire que je radote que je vais maintenant vous dire que 2014 sera une année charnière. J’ai en effet l’impression de répéter chaque année que l’année qui commence est une année charnière… Mais cette fois, il me semble que, plus qu’aucune autre depuis 1987, l’année ou pour dire mieux les 2 années qui viennent, compteront dans l’histoire du Val d’Europe si elle devait un jour être écrite. Le Val d’Europe est aujourd’hui à la croisée des chemins, à la croisée de son destin. L’année 2014 sera résolument celle des choix. Le premier d’entre eux sera bien sûr celui qu’exprimeront nos concitoyens en mars prochain à l’occasion de la désignation des conseillers municipaux et, pour la première fois directement, des conseillers intercommunaux. Ces derniers seront alors, dès les premiers mois de leur mandat, amenés à prendre des décisions lourdes de conséquences. 5 La Loi dite de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles qui vient d’être votée pose en effet clairement la question de l’avenir du Val d’Europe à laquelle il faudra répondre rapidement, dans le contexte pourtant mouvant d’une décentralisation qui se cherche. La recomposition intercommunale qu’elle prévoit est une épreuve certes, mais c’est avant tout une épreuve de vérité : serons-nous à la hauteur du rendez-vous qui nous est imposé ? Il ne s’agit plus de dire ce que l’on pense du bienfondé ou de l’esprit qui anime ce texte, il ne s’agit plus de tenter l’esquive, il ne s’agit plus de nier l’évidence. Il faut se préparer et affronter la réalité. Se préparer c’est avant tout choisir. Choisir de maintenir ou d’abandonner l’idée même du Val d’Europe. Choisir de renforcer ou d’abandonner nos solidarités locales et notre dessein commun. Choisir d’être un noyau ou d’être des composantes d’un nouvel ensemble. Choisir aussi ceux avec lesquels nous voulons bâtir un projet collectif. Choisir par exemple de faire ou non Marne la Vallée. Choisir et faire entendre la voix du territoire, la voix d’un bassin de vie avant que nous soit imposé, par des instances bureaucratiques ou des oukases politiciens, un projet que peut être nous ne souhaiterions pas. La recomposition territoriale qu’il faudra accompagner dans les prochains mois n’est pas sans risque. Elle n’est pas sans ouvrir devant nous de nombreuses incertitudes. Complexe par nature, elle constitue une révolution de notre manière de fonctionner et nous appelle à revoir notre mode de pensée, à réfléchir à une autre échelle. Bien entendu nous nous serions bien passés de cette loi. Bien entendu il eut été plus confortable de continuer à 5, en terrain connu. Bien entendu, si nous avions eu le choix, nous aurions préféré continuer sur nos acquis plutôt que de nous lancer dans l’inconnu… Cependant, la loi est désormais là ! Il faut regarder l’avenir en face. Alors, comme nous y invite l’écrivain et poète anglais Chesterton, essayons de ne pas être « comme ceux qui, invités à parler de l’océan, n’évoquent que le mal de mer ». Mettons donc un instant de côté les difficultés, les questionnements sur notre devenir, le devenir de notre dette, le devenir de notre capacité à accompagner les développements à venir. Et même si nous pouvons contester la manière contraignante et le calendrier accéléré, même si nous devons contester le caractère arithmétique d’un seuil fixé par la Loi, il faut admettre que certains projets, certains enjeux ne s’accommodent désormais plus des limites existantes. Je pense plus particulièrement, à l’ouest, au projet de développement du quartier universitaire entre Jossigny, Montévrain et le Val d’Europe, au Sud, au développement de Villages nature aujourd’hui à cheval entre 3 intercommunalités, au Nord au lien évident avec Montry et Esbly en raison du PIG ou de la relation complémentaire entre nos gares. Il faut bien l’avouer, malgré les bonnes volontés réciproques, les contingences de la vie politico-administrative nous conduisent mutuellement à trop souvent négliger le dialogue permanent, pourtant indispensable entre territoires voisins qui partagent des enjeux 6 communs. Les intersections, les interconnexions, les interdépendances existent et il n’est donc pas dénué de sens d’envisager demain, une gouvernance à l’échelle d’un bassin qui n’est pas circonscrit aux limites actuelles du SAN du Val d’Europe. Si le périmètre répond moins à un calcul arithmétique visant à atteindre le seuil légal de 200 000 habitants qu’à la définition d’un bassin de vie cohérent à l’échelle des grandes actions à mener en termes de déplacement, d’aménagement, de dynamisme territorial, s’il évite l’écueil du grand machin éloigné parce que trop grand, si ce périmètre répond donc davantage à l’esprit qu’à la lettre, peut-être cette recomposition pourra-t-elle porter ses fruits. Elle ne le pourra pour notre territoire, pour nos habitants, que si et à la condition que nous ayons su et pu anticiper cette évolution en marche. Aussi les nouveaux élus devront-ils prendre leur responsabilité en tenant compte de cette recomposition, en tenant compte aussi de la logique de bonus-malus que souhaite mettre en place le gouvernement pour inciter les collectivités, de la Région à la commune à, comme le Président de la République le dit pudiquement, « se rapprocher ».... En tenant compte aussi des multiples contraintes qui pèsent sur les collectivités publiques et qui nous invitent à penser autrement pour préserver l’essentiel, en songeant que parfois, comme l’écrit Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans le Guépard : « il faut que tout change pour que rien ne change ». Car il est bien là tout l’enjeu. Comment maintenir nos services de proximité, comment maintenir notre niveau d’excellence, comment continuer l’aventure exceptionnelle débutée il y a 27 ans, cette aventure inouïe et anachronique qui consiste à bâtir une ville neuve à une époque où les grands projets, les grandes ambitions n’ont malheureusement plus cours, à une époque où l’argent vient à manquer, à une époque où l’Etat n’a plus les moyens de ses ambitions ? Comment continuer à faire le Val d’Europe quand le SAN n’existera plus comme espace d’unité, comme espace de solidarité, comme lieu d’élaboration et de partage d’un projet urbain dont l’enjeu, les objectifs, la vocation, nous dépassent individuellement. Paraphrasant un de mes maîtres à penser, Pierre Dac, qui disait : « pour que l’école dure, amis donnez ! », je voudrais dire aux élus, aux futurs élus, aux habitants : « pour que le Val d’Europe perdure, amis réfléchissez, imaginez, inventez, rêvez notre territoire pour le rendre possible. » Ce soir qu’il me soit permis, avec vous, de former un vœu. Celui que le Val d’Europe continue de vivre encore et pour longtemps de grands moments de grandes choses, pour le bien de tous ses habitants, de ses entreprises, qu’il soit ce territoire dont nous rêvons. Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne, une très bonne, une excellente année 2014.