journal gai la relève dh front

Transcription

journal gai la relève dh front
15 0950
JN« 3.— 10 Décembre 1917
; b
39èm8 mois de Guerre
LE NUMÉRO : 10 Centimes
JOURNAL GAI
Du 359e Régiment d'Infanterie
ABONNEMENT
Un an.
Durée de la guerre
5 » »
342 75
LA RELÈVE DH FRONT
Notre Rédacteur en Chef, dont on
connait le dévouement à la cause poilue, a profité du plus récent repos
pour se rendre, au péril de sa vie,
dans un secteur extrêmement dangereux : Paris... Il était chargé d'une
importante mission et d'une petite
valise. Il a rempli les deux. Et dès le
premier soir il nous avait, par télégramme, fait connaître les dispositions de la prochaine loi que Le Pépère est le seul journal à pouvoir
publier
Il s'agit tout simplement de la relève du combattant. Cette opération,
qui paraissait être jusqu'ici réservée
aux seuls brancardiers, va pouvoir
être faite en grand, en procédant de
la façon suivante :
— Chaque soldat au front depuis
le début aura droit à une permission
de dix jours, comme il l'a actuellement.
— Dès le premier jour et pendant
les neuf qui suivront, il aura le droit
d'arrêter dans la rue tout civil qui,
par son âge, son aspect physique et
sa vue moyenne, lui paraîtra apte à
le remplacer sur le front.
— Il interrogera ce civil, lui demandera ses papiers, vérifiera (dans le cas
de réforme) si son anatomie est si périmée et lui passera au besoin une visite un peu plus sévère. Bien entendu,
les blessés de guerre seront laissés
tranquilles.
— Si le soldat a, à cemoment, la
certitude que le civil peut faire un
combattant, il d'en emparera sans
scrupules, le gardera près de lui pen-
Adresser la Correspondance :
PUBLICITE
RÉDACTION DU PEPÈRE
#
Secteur 193
#
chez LETOURNEUR et HIRSIG
dant le restant de sa perm., et le ramènera au front sur ordre de transport modèle 163 bis, établi par la mairie en cinq expéditions, dont l'une
pour prévenir la famille du civil affolée.
— Une fois au front, le soldat adoptera le civil comme camarade de
combat. Il l'habillera à sa manière,
lui donnera un fusil, une capote et un
cent de poux bien répartis, en vrac.
Et il commencera son instruction. En
deux mois, au plus, on estime que le
civil pourra faire un combattant, c'està-dire prendre un obus en plein dans
la figure ou une balle dans le gras du
mollet.
— A ce moment, le soldat présentera son remplaçant à son capitaine
qui, après un examen rigoureux, jugera son instruction insuffisante ou
suffisante. Dans le premier cas, le civil sera refoulé sur l'arrière avec la
mention : Trop bête, tatouée sur la.
joue gauche en lettres bleues. Dans le
second cas, le soldat passera les consignes au civil et sera immédiatement
renvoyé dans ses foyers sur ordre de
transport modèle 163 ter, établi par
les Détails en cinq expéditions, dont
une pour prévenir la femme que son
mari va rentrer.
Tous admireront le mécanisme de
cette relève qui va permettre à un tas
de braves civils de revêtir cet uniforme qu'ils trouvent si glorieux et à de
nombreux combattants de reprendre
cet habit civil qu'il trouvent si pratique. Cet échange se fera nombre pour
nombre et sans à-coups, ce qui évitera le gros inconvénient du renvoi
des classes entières.
Il ne pourrait se produire qu'une
25, rue des Mathurins, PARIS
chose : le civil connaissant les risques
qu'il court d'être appréhendé par un
cinq-brisques, ne sortirait plus de
chez lui, et se réfugierait éventuellement dans les étages inférieurs des
immeubles. Cet inconvénient a été envisagé par les auteurs du projet de
loi qui prévoient d ns ce cas-là, l'emploi des gaz aspî-yxiants et autres
gentillesses.
La date de la rrîse en vigueur de
cette loi sera pro hainement .fixée
Nous promettons to;'jours1 une pleine
gamelle de singe et un V. B. en nickel
au premier civil qui nous sera amené
par un Pépère.
Il n'y a plus de doute possible : On
les aura !... les Civils !!!
J[u hasard du Secteur
(PETITES NOTES)
Le Colonel nous reçut avec une bonne
grâce charmante. Il ilemai c!a dix minutes
pour s'habiller, se rasi r et prendre son thé.
Et il rassembla dans sa mémoire les quelques mots de français qu'il savait, pendant
que de l'autre cô'é de la porte nous mettions en commun toutes nos connaissances
anglaises. Puis il ouvrit :
Et quand il sut notre effectif, désolé, il
expliqua :
« With trois bétéons, les hommes seront
un peu... un peu... sardines I »
Tout le monde avait compris.
Il y eut tout dp suite deux partis : la
parti des feuilliste; et celui des latrinaires.
Les premiers en tenaient pour ies vieilles
fouillées à la française dont i<ee installations sommaires ont un certain charme imprévu. Les seconds admiraient les confortables w.-C. anglais, cirés, lavés, petits, qui
LE PEPERE
ont l'air d'une boîte aux lettres. Par malheur les habitudes françaises s'accommodaient si mal de ce luxe que le môme colonel fit remarquer qu'il ne fallait pas faire...
pipi par devant, pipi par derrière !
On lit donc une petite théorie.
A
Un des gros succès de la saison fut certainement nos nouveaux tracteurs pour voiiurettes de mitrailleuses ! Quand les Alliés
Kaki virent attelés aux brancards de braves
oilus chargés de brisques et d'années, ils
rent simplement : Aon 1
Puis ils se retournèrent vers leurs énormes camions, ces camions lourds comme
des bateaux et grands comme des villes. Et
Ha réfléchirent : « Faut-il que les Français
aient des hommes de reste pour avoir ainsi
des sections de trait ? A moins que ce ne
soit une nouvelle gymnastique Hébert dont
on dit tant de bien... »
S
Les manœuvres ont été exécutées à la satisfaction générale. Il n'y eut guère que le
pauvre lieutenant B... qui, penché sur sa
boussole, et courant après l'azimut, tomba
gaiement dans un trou d'obus placé tout
exprès.
A
Conclusion :
Tout de même, s'il est vrai que Guillaume II ait autrefois parlé de la méprisable
petite armée anglaise, fallait-il qu'il soit
mal renseigné 1
—-«-ranasb^-.»
Chronique Médicale
ÎL,'ALERTE J
Il remarque d'abord que le temps est le
premier remède. Tout homme atteint d'alerte ne reste malade que jusqu'à midi environ ; à partir de cette heure, il reprend sa
gaieté naturelle, et va se promener dans les
champs ou se déployer dans les betteraves.
Mais le médicament spécifique est le message, c'est-à-dire une feuille de papier jaune, analogue au célèbre papier « Rigollot »
et sur laquelle sont écrites des phrases. Ce
message agit par une sorte de radio-activité ; dès que le colonel a reçu le message,
,il le tripote une minute entre ses doigts et
il se trouve désalerté. Cette guérison s'étend
à tous ceux qui étaient malades et la France
peut de nouveau compter sur ses soldats,
c'est-à-dire les envoyer à l'exercice. Car —
et c'est ce qui prouve bien que l'alerte est
plus dangereuse pour la santé qu'on ne le
croit généralement — TOUT HOMME ATTEINT
D'ALERTE
De toutes les maladies qui sévissent à
***
l'état endémique parmi les troupes, l'une
des plus douloureuses, l'une des plus graves
La baraque Nissen :
est l'Alerte. Les recherches, les études et
. — Une ratière.
les expériences faites par le docteur Bour— Tu viens coucher dans le métro ?
cior, ex-chef de clinique obstétricale à l'am— Regarde donc si ce cheval est maigre 1
bulance 4/66, ont permis de déterminer à
II a dû avaler un oissen 1
peu près exactement le processus de cette
maladie.
Le colonel est le premier à en être atL'ingéniosité du soldat français s'est pleiteint ; il attrape généralement cela par télénement manifestée dans la confection des > phone. (C'est même le cas de contagion le
poêles, fourneaux et appareils de chauffage I plus curieux). Il éprouve aussitôt un besoin
plus ou moins central. Les bidons d'essence,
maladif de s'équiper et de se promener
les vieilles casseroles, les tôles ondulées,
dans les rues en faisant les cent pas. La
tout servait ; les Sucreries fournissaient des
maladie se communique presque de suite
tuyaux présentables. Et un Anglais qui
à ceux qui l'entourent, spécialement à son
avait des lettres monologuait :
officier adjoint. Remarque particulière : les
Grilles en bois, tuyaux en tciles,
hommes se rendent tellement compte que
Les problèmes sont résolus.
l'alerte est contagieuse qu'ils se cachent soiEn les voyant faire des poêles,
gneusement dès qu'ils en voient le colonel
On sait que ce sont des poêlus 1
atteint au milieu de la route.
Le docteur Bourcier a ici établi un point
***
très important : l'alerte est comme la rage.
Le jour où l'on est allé de l'avant, une I Tout individu alerté ne peut pas voir autour
mâle énergie animait les visages. Quand on
de lui un homme qui ne le soit pas. C'est
s'est arrêté et qu'on est revenu, grâce au
pourquoi le colonel alerte les cyclistes qui,
contre-ordre, l'énergie brillait de plus en
a leur tour, alertent les adjudants de baplus. C'est pour cela qu'on marchait plus
taillon, en poussant des cris incohérents.
Ces derniers alertent incontinent les compaTite~.
gnies et de proche en proche le microbe
A
pénètre dans les écuries où les chevaux et
Nos Alliés n'emploient pas d'euphémismulets sont dans le même temps alertés.
me : pour eux, un camp de prisonniers est
Un quelconque morticole, vous ou moi,
une cage. Ce n'est pas très gentil pour les
ne serait pas allé chercher plus loin', mais le
animaux féroces de les assimiler aux
docteur Bourcier, marchant sur les traces
Boches.
d'Hippocrate, de Gailien, de Pasteur, et de
A
l'Urodonal, a pu distinguer dans la maladie
de l'alerte deux degrés d'inégale gravité :
Ils n'ont adopté aucun de nos mots de
11 les a nommés d'un nom latin : unus garguerre ; ils ont leur language à eux. Mais
davus et bis gardavus.
fout de même, il y a un écriteau où les lanDans le cas de Yunus gardavus, le malade
gues se confondent : nous écrivons cantine
garde encore un certain empire sur soiet ils écrivent Kanteen. Nous nous compremême ; ses gestes sont conscients ; les pas
nions parfaitement. Nous avons goûté la
qu'il fait au milieu de la route sont lents :
sauce au gingembre, la saucisse au poivre de
enfin il ne s'équipe qu'incomplètement
Cayenne, et les cigarettes au foin coupé. Les
Dans le cas plus dangereux du bis gardavus,
Anglais goûtaient le pinard. Cet échange a
il s'affole, ses gestes sont réflexes, ses pas
donné les meilleurs résultats.
précipités ; il se met sur les épaules tout ce
qu'il possède ; il est en outre doué d'un appétit bizarre qui le pousse à manger hâtiL'entrée de leurs champs d'aviation est
vement ce qui lui tombe sous la main, sous
libre. Nos pépères circulaient comme chez
prétexte, dit le pauvre malheureux, qu'il
«ux dans îles Baraques et autour des appane sait plus « quand il pourra manger. »
reils. Il suffisait qu'ils ne gênassent pas les
Le docteur Bourcier cite, à l'appui de sa
Manœuvres. En France, il y aurait eu cent
thèse, le cas — que nous ne pouvons croire
pancartes indiquant : « Défense d'entrer.
— d'un régiment entier qui, atteint du bis
Entrée interdite au public.— Circulation ingardavus, est parti sur une route pour reterdite. » Chez eux, pas une.
venir quelques heures après, sans savoir
En revanche, sur un petit bout de terre
pourquoi. Il recherche à cette occasion de
labourée, ils avaient mis l'avis : « Semé,
quelle façon ce régiment avait été si sune passez pas ! »
bitement guéri.
A
A
EST
PAR
LE
FAIT
MÊME
EXEMPT
D'EXERCICE.
Remercions, en terminant, le savant modeste d'avoir bien voulu nous communiquer
ses premières découvertes. Et espérons que,
grâce à lui, nous serons délivrés de le véritable fléau qui peut, d'ailleurs, si l'alerte
se prolongeait, nous conduire aux pires
extrémités.
Docteur MÔPEINT,
de l'Institut Pigier.
P. c. c. : Léon KUENTZ.
AVIS
Le sergent-major Chiesa, ému par une
similitude de noms, nous prie de rappeler
qu'il paie toujours *£ prêt à son bureau et
no pas au Vatican, comme le bruit en avait
couru. Les seuls cardinaux qui l'entourent
sont les points cardinaux.
—o—
L'Aspirant Fa'igue fait connaître qu'il n'a
rien de commun avec l'aspirant russe Fatigué qui répond au nom bizarre de Krylenko. Le S. D: A. A. A. C. (Syndicat des Aspirants à Air comprimé), a d'ailleurs été saisi
de l'affaire.
—o—
Le Secrétaire Neu a constaté qu'on lui
avait dérobé un briquet non estampillé.
Prière à l'astucieux filou de le rapporter,
avec estampille, si possible. Aucune récompense n'est promise.
Pour le 1er Janvier
mous AURONS
LA COUP DE CHAMPAGNE!
Pour le restant de l'année
NOUS AVONS
LA COUPE DES CHEVEUX !
LE PÈPÈRE
D.
R.
Petit catéchisme à l'usage
des jeunes Officiers
susceptibles d'avancement rapide. (1)
D. Qu'est-ce qu'une compagnie ?
R. Une compagnie est une réunion de gens
du sexe mâle qui mangent les mêmes
aliments.
D. Ne plaisantez-vous pas ?
R. Non, je ne plaisante pas. Car on peut
trouver dans une même compagnie des
vieux et des ieunes, des pantalons de
velours et des culottes de drap, des
hommes de l'avant et des hommes de
l'arrière ; mais on n'y trouve pas
d'hommes mangeant des mets différents.
D. Et le lien moral ?
R. Le lien moral n'existe qu'en fonction de
la cuisine : quand on bouffe du singe,
tout le monde est de mauvaise humeur. Quand il y a salade de pommes
de terre, tout le monde s'entend bien.
D. Combien y a-t-il de compagnies ?
R. Il y a trois sortes de compagnies : la
compagnie de mitrailleuses, la compagnie d'infanterie et la compagnie Hors
Rang.
D. Parlez-nous de cette dernière ?
R. C'est impossible. Il est interdit de toucher
à la C. H. R. sous peine de lèse-majesté. Elle comprend des bombardiers
qui ne bombardent rien, des musiciens qui jouent rarement et de pionniers qui dirigent le travail. Elle comprend encore l'officier-gazier, l'offlcier-renseigneur, l'offlcier-téléphoniste,
l'officier-nourrisseur, l'officier-détailleur. Elle comprend enfin..
D. Cela suffit. Parlez-nous de la compagnie
d'infanterie ?
R. La compagnie d'infanterie se démonte
en trois pièces : les officiers, les sousofficiers et la troupe.
D. Qu'est-ce que les officiers ?
R. Les officiers sont les chefs des différentes
fractions. Les plus âgés sont « à t'aider », les plus jeunes « à têter ».
D. Quel est leur signe distinctif ?
R. Leur signe distinctif était autrefois des
galons. Par un phénomène curieux,
ces galons ont diminué, diminué et
sont devenus invisibles. La seule marque distinctive est maintenant une
courroie de bidon en cuir fauve, mais
pour donner le bon exemple, ils n'osent pas porter le bidon ot retiennent
par deux boucles la courroie au ceinturon.
B. Parlez-nous du commandant de compagnie ?
R. Le commandant de compagnie a en général le grade de capitaine. Quand il ne
l'a pas, il a l'espoir, li est en général
triste et abattu.
B. Pourquoi est-il triste et abattu ?
R. Parce qu'il pense à 17 heures.
D. A 17 heures ?
R. Oui, Monsieur, à 17 heures, oU il signe
les pièces. A ce moment un employé
spécial s'avance vers lui avec un carton à la main. Il lui fait d'abord signer une trentaine de papiers auxquels le malheureux officier ne comï
prend rien. Puis il lui demande trois
rapports qui sont réclamés d'urgence,
deux comptes-rendus pressés, et lui
1
(!) Voir da»« la eollectinn du Pipère -s catéchismes déjà
parus : La popote, le campement, l'offensive.
D.
R.
présente des colonnes de chiffres tout
petits qui sont le cahier d'ordinaire.
Parlez-nous des sous-officiers ?
Les sous-officiers se divisent en deux catégories : ceux qui disent : J'étais
heureux comme soldat », et ceux qui
disent : « Je serais plus heureux comme officier. » Le mot : officiel correspond à l'officier, il faudrait créer le
mot : sous-officiel pour dire que le
sous-officier a une popotte sous-officielle, une vareuse chic sous-officielle
et une chambre sous-officielle.
Parlez-nous enfin de la troupe ?
La troupe, c'est la France toute entière ;
c'est la démocratie ; c'est le peuple en
- armes ; c'est ceux devant lesquels il
faudrait se mettre à genoux ; c'est
ceux qui attaquent avec le sourire et
qui refusent d'être relevés ; c'est ceux
qui attendent l'assaut avec impatience
et qui pensent avec tristesse que la
guerre finira un jour ; c'est ceux qui
ne pensent jamais à leurs familles, et
pour qui fout l'« Avenir» se résume
dans le pinard, la gnôle, les totos, la
manille et Madelon ; c'est ceux...
J). Etes-vous fou ?
R. Non, Monsieur, je ne suis pas fou, je
vous récite ce que les journalistes ont
écrit depuis quatre ans...
A. D.
LES CAMIONS
Respectueusement à M. BERLÏET. avec le
secret espoir qu'il nous enverra un vieux
T. M. pour y installer notre rédaction.
(Air : Quand Madelon...)
I
Comme le soir on a donné de la paille,
Qu'on a parlé de reprendre l'instruction,
Chacun s'est dit : «Y a des chanc' pour
[qu'on s'en aille,
Avant d'dormir, il faut remplir son bidon!»
Çi s'fait toujours avec ensemble :
Un cycliste arrive, affolé,
Et dit qu dans deux heur' on s'rassemble
Sur l'chemin bordé d'peupliers,
la une au bout là-bas,
La queue où on voudra,
Et dès le petit jour le régiment est là !
(Refrain).
Quand les camions sont au bord de la route,
Chacun possèd' le tuyau l'plus certain :
C'est Vauxaillon, ça ne fait aucun doute,
Ou la Somme, ou le Trentin !
Mais silencieux, sous leurs énormes bâches,
Le ventre ouvert, pour que nous y montions,
Ils n'veul't jamais rien dir', bien qu'ils le
[sachent,
Les camions, les camions, les camions I
II
Au coup d'sifflet, les chauffeurs se précipitent,
Font d'ia fumée et mett't le truc en mouv'
[ment.
Si c'est pour l'front, ça va toujours bien
[plus vite ;
Si c'est l'arrière, on s'arrête à chaque tour-
nant.
Ça r'mue, ça s'coue, ça vous éreinte,
s
Les r'ssorts vous rentr't dans les boyaux, f;
On y mettrait un' femme enceinte
Qu'elle aurait tout d'suit, deux jumeaux 1
Ça sent l'huile à plein nez,
On en est empoisonné ;
C'est fait pour vous ôter l'envie de déjeuner.
{Refrain).
Quand les camions filent le long des routes,
Pour se nourrir, faut être débrouillaru :
Dans la main gauche on prend d'abord la
icroûte
Et dans la droit' le pinard 1
L'pinard s'renverse en plein dans la mu[sette,
L'huil' aes sardin's descend sur l'pantalon
Et l'Camembert fout lcamp sous la ban[quette
Des camions, des camions, des camions 1
III
Puis l'on s'endort... le voyage devient morne
Seul un gradé, dont les pieds sont des gla[çons
Essaie de lir' les noms inscrits sur les
[bornes
Et d'mand' la route, en hurlant comme un
[cochon.
La nuit est noir'... voilà la pluie...
On entend l'canon par moments
Et pour finir la plaisant'rie
L'< mvoi vous arrête en plein champ.
L'village est-il par là ?
On d'mande à un soldat :
Mais comm' c'est un Anglais, il répond :
[J'comprends pas I
(Refrain).
Quand les camions s'arrêtent sur la route,
Le mot d'Cambronn' chante à tous les échos !
Les reins brisés, le dos comme une voûte,
L'régiment pataug' dans l'eau 1
Les conducteurs repartent vers leurs poule»
Nous restons seuls et nous réfléchissons
Qu'nous somm' roulés, chaque fois qu'ils
[nous roulent
Les camions, les camions, les camions I
André DAHL.
(Tous droits réservés).
LE PEPÈRE
Echos du 35-9
Petite ville de douceur, N... et toi, vilage
champêtre, C...,il est probable que le Pépère s'égarera presque vers vous. Un de
nos lecteurs le glissera dans sa lettre ; une
ouvrière — la brune qui avait un corsage
rouge ou la blonde qui se poudrait si souvent, Marguerite, Irène, Madeleine ou Juliette — l'apportera à l'usine où toutes le
Jiront.
Il convient donc que le Pépère vous dise
le souvenir charmant que nous gardons de
ce repos trop court. Si c'eut été encore la
mode des bagues d'aluminium, que d'anneaux eussent été échangés ! Mais il s'est
échangé tant d'autres jolies choses...
Et l'essentiel, comme concluait l'adjudant
dans le camion qui nous emportait, c'est
que personne n'a été « chocolat !»
A
Une série de concerts a maintenu à son
haut degré le renom de nos artistes. Lakmé
berça tour à tour les bataillons de sa mélodie. Escalier dranemisa à son habitude. Et
pour les personnes qui ne le savaient pas
encore, l'ami Bouland nous expliqua Madame Micheminette, en habit, s'il vous plait.
Quel bon comptable il doit être 1 Les bons
comptes font les bons habits !
A
Peut-on dire qu'un journaliste, en mission au front, voyant manœuvrer le régiment, a bien voulu remaïquer dans son
journal que nos hommes étaient alertes.
Oh ! Oui ! Alertes !
Peut-on dire qu'à M...-en-C..., le maëstro
Berger n'a pas couché seul, le cuisinier de
la popote ayant par mégarde glissé dans sa
couchette un vieux morceau de graisse
rance, auprès duquel Berger rôva toute la
nuit.
Un pépère lit le journal. Il y trouve la
pâture habituelle, cette sorte de panierrepas intellectuel que la grande presse offre à ses lecteurs, une victoire, une arrestation, etc.. Et comme son voisin lui demande :
— C'qu'y a d'nouveau ?
— Oh ! Pas grand'chose. Les Anglais ont
fait douze cents prisonniers et le capitaine
Bouchardon en a fait deux !
Les masques nouveaux ont des dimensions considérables. Pour qui se rappelle
les premiers tampons d'ouate distribués, il
est certain que la grandeur du masque
croit proportionnellement à la durée de la
guerre. Et alors qu'est-ce que nous verrons
en 1920 !
A
Peut-on dire que le fourrier M... garde
précieusement dans son portefeuille une
photographie au dos de laquelle une main
féminine a écrit la plus flatteuse et la plus
reconnaissante des dédicaces. H appelle cela : un certificat de présence... au corps !
**
Uno réflexion :
— Les chaussettes russes, c'est pour les
pieds nickelés !
A
Mot de la fin.
— Sais-tu quelle différence il y a entre
les Etats-Unis et l'infanterie divisionnaire ?
— Aucune, parce que l'Amérique n'a
qu'une idée et que PI. D. n'a qu'un Mérie I
Notre Œuvre du Permissionnaire pour
dames seules donne aussi d'excellents résultats. Quinze permissionnaires ont encor;.
été hébergés grâce à nous chez de charmantes mondaines ayant du vague à l'âme,
qui les ont reçus à draps ouverts. Seul, un
sergent, à son retour, a été indisposé et a
récolté huit jours d'arrêts de Vigueur.
Nous rappelons également qu'à l'occasion
du Jour de l'An, nous nous chargeons de
toutes les lettres de bonne année que nos
lecteurs n'auraient pas le temps d'écrire.
Nous envoyons de très jolis vœux de bonheur pour vingt-trois sous et pour troia
cinquante nous embrassons la cousine Renée sur l'oreille et la vieille tante Eugénie
sur la moustache.
ZIG-ZAG.
Encore un scandale
BOCHO-PACHA
voulait acheter
* LE
PÉPÈRE •
Chaque jour amène son scandae ; chaque matin apporte une preuve du plan allemand : mettre la main sur la grande
presse française. Après avoir voulu acheter
Le Journal, qui jouit a l'arrière d'une certaine notoriété, Von Kuhlemann (tout de
même ! Quel drôle de nom !) a tenté d'acheter Le Pépère qui exerce sur l'avant une
indiscutable influence.
Pour cela il s'est servi de Bocho-Pacha !
Voici les faits : il y a environ cent trentedeux jours, le concierge du Train Régimentaire était en train de se faire une réussite. Il
pouvait être un coup de huit heures trentecinq. Un homme coiffé d'un fez franchit le
seuil de la porte et dit :
— Je voudrais acheter Le Pépère.
Le concierge du T. R. leva fièrement la
tête.
— Le Pépère n'est pas à vendre, remarqua-t-il.
— Cependant...
— Il n'y a pas de cependant. Le Pépère
n'est pas à vendre... Combien en auriezvous donné ?
— Cinq millions, répartit Bocho-Pacha.
(Et de sa main droite, il fit résonner dans
sa poche plusieurs pièces de vingt-cinq centimes et un briquet non estampillé).
A ce moment, notre dévoué camarade
baissa la voix.
— Approchez votre fez, dit-il au pacha,
car nous devons parler bas. Votre chiffre
de cinq millions est respectable mais insuffisant. Donnez-vous six millions et un paquet de soixante ?
— Les voici, répliqua Bocho. Et il commença à compter devant notre ami la somde six millions en pièces de vingt sous.
Hier soir, il en était à quatre millions
sept cent trois mille quatre-vingt-dix-sept
francs. Mais comme le concierge du T. R.
a remarqué au deuxième million une pièce
qui avait un drôle de son, il est probable
que demain matin tout sera à recommencer.
Dès que nous aurons touché la somme,
nous la répartirons comme il convient entre les hommes ayant eu deux pères tués
depuis l'exposition de 1900 et les territoriaux de la classe 97 retombés en enfance.
NOS ŒUVRES
Notre Œuvre du colis du civil continue à
marcher à merveille. Nous avons expédié
cette semaine à ces malheureux Parisiens
privés de tabac, quatre-vingt-deux colis de
«scaferlati pour troupes», grâce auxquels
bien des gens pauvres vont pouvoir se
chauffer, en attendant que le printemps
s'avance.
J jU"Tial f.rvmpoaé pa" une équip" d'ouvrier» con^sicats. o ~ani3és st risolos»
Penses-tu que ça finisse ?
<7est le titre de la revue de l'année 1917
que publiera notre prochain numéro.
Si le Bureau du Colonel ne nous demande pas trop d'états nominatifs, si les
compagnies de chemins de fer renoncent
pour un temps à notre clientèle, si notre
rédacteur n'est pas fourré au Train Régimentaire pour avoir du remboursable, ce
numéro paraîtra le 31 décembre prochain.
Vers cette époque, le 359 recevra ses étrennes : un phonographe et un cinématographe grâce auxquels nous oublierons les petites saletés du front russe.
Les militaires du régiment qui auraient
l'intention de souscrire à l'emprunt national sont donc priés de garder par devers
eux au moins une somme de Ofr. 10 centlires pour acheter ce numéro du Pépère que
leurs marraines reclameront à grands cris.
Autre chose : Nous prierons bientôt noa
abonnés de se déboutonner encore une fois.
Et nous leur offrons en prime le manuel
du chef de section 1917, richement illustré
grâce auquel ils passerons certainement un
bon moment, et le calendrier de l'année
1918, année funeste, d'après le aoeteur
Garrigues, où la Noël tombe un vendredi
et un 13 1
LA RÉDACTION.
LE COURRIER DE LA PRESSE
LIT TOUT
RENSEIGNE SUR TOUT
ce qui est publié dans les
JOURNAUX, REVUES ET PUBLICATIONS
Di TOUTE NATURE
PARAISSANT EN FRANCE ET A I.'ETRANGER
i
et en fournit \>'H extrait» sur tous Sujets
f*t PerHOnuHlîtéH
Répertoire des Citations de guerre
Citations à l'Ordre de l'Armée
Croix de Guerre, Légion d'Honneur
Médaille Militaire
Ch. DEMOUGEGT, Directeur
21, Boulevard MonfmarW, 21
PAKIS (IIe)
Circulaire ixpUcative et tarifs envoyés
fra,co