journal gai la relève dh front
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15 0950 JN« 3.— 10 Décembre 1917 ; b 39èm8 mois de Guerre LE NUMÉRO : 10 Centimes JOURNAL GAI Du 359e Régiment d'Infanterie ABONNEMENT Un an. Durée de la guerre 5 » » 342 75 LA RELÈVE DH FRONT Notre Rédacteur en Chef, dont on connait le dévouement à la cause poilue, a profité du plus récent repos pour se rendre, au péril de sa vie, dans un secteur extrêmement dangereux : Paris... Il était chargé d'une importante mission et d'une petite valise. Il a rempli les deux. Et dès le premier soir il nous avait, par télégramme, fait connaître les dispositions de la prochaine loi que Le Pépère est le seul journal à pouvoir publier Il s'agit tout simplement de la relève du combattant. Cette opération, qui paraissait être jusqu'ici réservée aux seuls brancardiers, va pouvoir être faite en grand, en procédant de la façon suivante : — Chaque soldat au front depuis le début aura droit à une permission de dix jours, comme il l'a actuellement. — Dès le premier jour et pendant les neuf qui suivront, il aura le droit d'arrêter dans la rue tout civil qui, par son âge, son aspect physique et sa vue moyenne, lui paraîtra apte à le remplacer sur le front. — Il interrogera ce civil, lui demandera ses papiers, vérifiera (dans le cas de réforme) si son anatomie est si périmée et lui passera au besoin une visite un peu plus sévère. Bien entendu, les blessés de guerre seront laissés tranquilles. — Si le soldat a, à cemoment, la certitude que le civil peut faire un combattant, il d'en emparera sans scrupules, le gardera près de lui pen- Adresser la Correspondance : PUBLICITE RÉDACTION DU PEPÈRE # Secteur 193 # chez LETOURNEUR et HIRSIG dant le restant de sa perm., et le ramènera au front sur ordre de transport modèle 163 bis, établi par la mairie en cinq expéditions, dont l'une pour prévenir la famille du civil affolée. — Une fois au front, le soldat adoptera le civil comme camarade de combat. Il l'habillera à sa manière, lui donnera un fusil, une capote et un cent de poux bien répartis, en vrac. Et il commencera son instruction. En deux mois, au plus, on estime que le civil pourra faire un combattant, c'està-dire prendre un obus en plein dans la figure ou une balle dans le gras du mollet. — A ce moment, le soldat présentera son remplaçant à son capitaine qui, après un examen rigoureux, jugera son instruction insuffisante ou suffisante. Dans le premier cas, le civil sera refoulé sur l'arrière avec la mention : Trop bête, tatouée sur la. joue gauche en lettres bleues. Dans le second cas, le soldat passera les consignes au civil et sera immédiatement renvoyé dans ses foyers sur ordre de transport modèle 163 ter, établi par les Détails en cinq expéditions, dont une pour prévenir la femme que son mari va rentrer. Tous admireront le mécanisme de cette relève qui va permettre à un tas de braves civils de revêtir cet uniforme qu'ils trouvent si glorieux et à de nombreux combattants de reprendre cet habit civil qu'il trouvent si pratique. Cet échange se fera nombre pour nombre et sans à-coups, ce qui évitera le gros inconvénient du renvoi des classes entières. Il ne pourrait se produire qu'une 25, rue des Mathurins, PARIS chose : le civil connaissant les risques qu'il court d'être appréhendé par un cinq-brisques, ne sortirait plus de chez lui, et se réfugierait éventuellement dans les étages inférieurs des immeubles. Cet inconvénient a été envisagé par les auteurs du projet de loi qui prévoient d ns ce cas-là, l'emploi des gaz aspî-yxiants et autres gentillesses. La date de la rrîse en vigueur de cette loi sera pro hainement .fixée Nous promettons to;'jours1 une pleine gamelle de singe et un V. B. en nickel au premier civil qui nous sera amené par un Pépère. Il n'y a plus de doute possible : On les aura !... les Civils !!! J[u hasard du Secteur (PETITES NOTES) Le Colonel nous reçut avec une bonne grâce charmante. Il ilemai c!a dix minutes pour s'habiller, se rasi r et prendre son thé. Et il rassembla dans sa mémoire les quelques mots de français qu'il savait, pendant que de l'autre cô'é de la porte nous mettions en commun toutes nos connaissances anglaises. Puis il ouvrit : Et quand il sut notre effectif, désolé, il expliqua : « With trois bétéons, les hommes seront un peu... un peu... sardines I » Tout le monde avait compris. Il y eut tout dp suite deux partis : la parti des feuilliste; et celui des latrinaires. Les premiers en tenaient pour ies vieilles fouillées à la française dont i<ee installations sommaires ont un certain charme imprévu. Les seconds admiraient les confortables w.-C. anglais, cirés, lavés, petits, qui LE PEPERE ont l'air d'une boîte aux lettres. Par malheur les habitudes françaises s'accommodaient si mal de ce luxe que le môme colonel fit remarquer qu'il ne fallait pas faire... pipi par devant, pipi par derrière ! On lit donc une petite théorie. A Un des gros succès de la saison fut certainement nos nouveaux tracteurs pour voiiurettes de mitrailleuses ! Quand les Alliés Kaki virent attelés aux brancards de braves oilus chargés de brisques et d'années, ils rent simplement : Aon 1 Puis ils se retournèrent vers leurs énormes camions, ces camions lourds comme des bateaux et grands comme des villes. Et Ha réfléchirent : « Faut-il que les Français aient des hommes de reste pour avoir ainsi des sections de trait ? A moins que ce ne soit une nouvelle gymnastique Hébert dont on dit tant de bien... » S Les manœuvres ont été exécutées à la satisfaction générale. Il n'y eut guère que le pauvre lieutenant B... qui, penché sur sa boussole, et courant après l'azimut, tomba gaiement dans un trou d'obus placé tout exprès. A Conclusion : Tout de même, s'il est vrai que Guillaume II ait autrefois parlé de la méprisable petite armée anglaise, fallait-il qu'il soit mal renseigné 1 —-«-ranasb^-.» Chronique Médicale ÎL,'ALERTE J Il remarque d'abord que le temps est le premier remède. Tout homme atteint d'alerte ne reste malade que jusqu'à midi environ ; à partir de cette heure, il reprend sa gaieté naturelle, et va se promener dans les champs ou se déployer dans les betteraves. Mais le médicament spécifique est le message, c'est-à-dire une feuille de papier jaune, analogue au célèbre papier « Rigollot » et sur laquelle sont écrites des phrases. Ce message agit par une sorte de radio-activité ; dès que le colonel a reçu le message, ,il le tripote une minute entre ses doigts et il se trouve désalerté. Cette guérison s'étend à tous ceux qui étaient malades et la France peut de nouveau compter sur ses soldats, c'est-à-dire les envoyer à l'exercice. Car — et c'est ce qui prouve bien que l'alerte est plus dangereuse pour la santé qu'on ne le croit généralement — TOUT HOMME ATTEINT D'ALERTE De toutes les maladies qui sévissent à *** l'état endémique parmi les troupes, l'une des plus douloureuses, l'une des plus graves La baraque Nissen : est l'Alerte. Les recherches, les études et . — Une ratière. les expériences faites par le docteur Bour— Tu viens coucher dans le métro ? cior, ex-chef de clinique obstétricale à l'am— Regarde donc si ce cheval est maigre 1 bulance 4/66, ont permis de déterminer à II a dû avaler un oissen 1 peu près exactement le processus de cette maladie. Le colonel est le premier à en être atL'ingéniosité du soldat français s'est pleiteint ; il attrape généralement cela par télénement manifestée dans la confection des > phone. (C'est même le cas de contagion le poêles, fourneaux et appareils de chauffage I plus curieux). Il éprouve aussitôt un besoin plus ou moins central. Les bidons d'essence, maladif de s'équiper et de se promener les vieilles casseroles, les tôles ondulées, dans les rues en faisant les cent pas. La tout servait ; les Sucreries fournissaient des maladie se communique presque de suite tuyaux présentables. Et un Anglais qui à ceux qui l'entourent, spécialement à son avait des lettres monologuait : officier adjoint. Remarque particulière : les Grilles en bois, tuyaux en tciles, hommes se rendent tellement compte que Les problèmes sont résolus. l'alerte est contagieuse qu'ils se cachent soiEn les voyant faire des poêles, gneusement dès qu'ils en voient le colonel On sait que ce sont des poêlus 1 atteint au milieu de la route. Le docteur Bourcier a ici établi un point *** très important : l'alerte est comme la rage. Le jour où l'on est allé de l'avant, une I Tout individu alerté ne peut pas voir autour mâle énergie animait les visages. Quand on de lui un homme qui ne le soit pas. C'est s'est arrêté et qu'on est revenu, grâce au pourquoi le colonel alerte les cyclistes qui, contre-ordre, l'énergie brillait de plus en a leur tour, alertent les adjudants de baplus. C'est pour cela qu'on marchait plus taillon, en poussant des cris incohérents. Ces derniers alertent incontinent les compaTite~. gnies et de proche en proche le microbe A pénètre dans les écuries où les chevaux et Nos Alliés n'emploient pas d'euphémismulets sont dans le même temps alertés. me : pour eux, un camp de prisonniers est Un quelconque morticole, vous ou moi, une cage. Ce n'est pas très gentil pour les ne serait pas allé chercher plus loin', mais le animaux féroces de les assimiler aux docteur Bourcier, marchant sur les traces Boches. d'Hippocrate, de Gailien, de Pasteur, et de A l'Urodonal, a pu distinguer dans la maladie de l'alerte deux degrés d'inégale gravité : Ils n'ont adopté aucun de nos mots de 11 les a nommés d'un nom latin : unus garguerre ; ils ont leur language à eux. Mais davus et bis gardavus. fout de même, il y a un écriteau où les lanDans le cas de Yunus gardavus, le malade gues se confondent : nous écrivons cantine garde encore un certain empire sur soiet ils écrivent Kanteen. Nous nous compremême ; ses gestes sont conscients ; les pas nions parfaitement. Nous avons goûté la qu'il fait au milieu de la route sont lents : sauce au gingembre, la saucisse au poivre de enfin il ne s'équipe qu'incomplètement Cayenne, et les cigarettes au foin coupé. Les Dans le cas plus dangereux du bis gardavus, Anglais goûtaient le pinard. Cet échange a il s'affole, ses gestes sont réflexes, ses pas donné les meilleurs résultats. précipités ; il se met sur les épaules tout ce qu'il possède ; il est en outre doué d'un appétit bizarre qui le pousse à manger hâtiL'entrée de leurs champs d'aviation est vement ce qui lui tombe sous la main, sous libre. Nos pépères circulaient comme chez prétexte, dit le pauvre malheureux, qu'il «ux dans îles Baraques et autour des appane sait plus « quand il pourra manger. » reils. Il suffisait qu'ils ne gênassent pas les Le docteur Bourcier cite, à l'appui de sa Manœuvres. En France, il y aurait eu cent thèse, le cas — que nous ne pouvons croire pancartes indiquant : « Défense d'entrer. — d'un régiment entier qui, atteint du bis Entrée interdite au public.— Circulation ingardavus, est parti sur une route pour reterdite. » Chez eux, pas une. venir quelques heures après, sans savoir En revanche, sur un petit bout de terre pourquoi. Il recherche à cette occasion de labourée, ils avaient mis l'avis : « Semé, quelle façon ce régiment avait été si sune passez pas ! » bitement guéri. A A EST PAR LE FAIT MÊME EXEMPT D'EXERCICE. Remercions, en terminant, le savant modeste d'avoir bien voulu nous communiquer ses premières découvertes. Et espérons que, grâce à lui, nous serons délivrés de le véritable fléau qui peut, d'ailleurs, si l'alerte se prolongeait, nous conduire aux pires extrémités. Docteur MÔPEINT, de l'Institut Pigier. P. c. c. : Léon KUENTZ. AVIS Le sergent-major Chiesa, ému par une similitude de noms, nous prie de rappeler qu'il paie toujours *£ prêt à son bureau et no pas au Vatican, comme le bruit en avait couru. Les seuls cardinaux qui l'entourent sont les points cardinaux. —o— L'Aspirant Fa'igue fait connaître qu'il n'a rien de commun avec l'aspirant russe Fatigué qui répond au nom bizarre de Krylenko. Le S. D: A. A. A. C. (Syndicat des Aspirants à Air comprimé), a d'ailleurs été saisi de l'affaire. —o— Le Secrétaire Neu a constaté qu'on lui avait dérobé un briquet non estampillé. Prière à l'astucieux filou de le rapporter, avec estampille, si possible. Aucune récompense n'est promise. Pour le 1er Janvier mous AURONS LA COUP DE CHAMPAGNE! Pour le restant de l'année NOUS AVONS LA COUPE DES CHEVEUX ! LE PÈPÈRE D. R. Petit catéchisme à l'usage des jeunes Officiers susceptibles d'avancement rapide. (1) D. Qu'est-ce qu'une compagnie ? R. Une compagnie est une réunion de gens du sexe mâle qui mangent les mêmes aliments. D. Ne plaisantez-vous pas ? R. Non, je ne plaisante pas. Car on peut trouver dans une même compagnie des vieux et des ieunes, des pantalons de velours et des culottes de drap, des hommes de l'avant et des hommes de l'arrière ; mais on n'y trouve pas d'hommes mangeant des mets différents. D. Et le lien moral ? R. Le lien moral n'existe qu'en fonction de la cuisine : quand on bouffe du singe, tout le monde est de mauvaise humeur. Quand il y a salade de pommes de terre, tout le monde s'entend bien. D. Combien y a-t-il de compagnies ? R. Il y a trois sortes de compagnies : la compagnie de mitrailleuses, la compagnie d'infanterie et la compagnie Hors Rang. D. Parlez-nous de cette dernière ? R. C'est impossible. Il est interdit de toucher à la C. H. R. sous peine de lèse-majesté. Elle comprend des bombardiers qui ne bombardent rien, des musiciens qui jouent rarement et de pionniers qui dirigent le travail. Elle comprend encore l'officier-gazier, l'offlcier-renseigneur, l'offlcier-téléphoniste, l'officier-nourrisseur, l'officier-détailleur. Elle comprend enfin.. D. Cela suffit. Parlez-nous de la compagnie d'infanterie ? R. La compagnie d'infanterie se démonte en trois pièces : les officiers, les sousofficiers et la troupe. D. Qu'est-ce que les officiers ? R. Les officiers sont les chefs des différentes fractions. Les plus âgés sont « à t'aider », les plus jeunes « à têter ». D. Quel est leur signe distinctif ? R. Leur signe distinctif était autrefois des galons. Par un phénomène curieux, ces galons ont diminué, diminué et sont devenus invisibles. La seule marque distinctive est maintenant une courroie de bidon en cuir fauve, mais pour donner le bon exemple, ils n'osent pas porter le bidon ot retiennent par deux boucles la courroie au ceinturon. B. Parlez-nous du commandant de compagnie ? R. Le commandant de compagnie a en général le grade de capitaine. Quand il ne l'a pas, il a l'espoir, li est en général triste et abattu. B. Pourquoi est-il triste et abattu ? R. Parce qu'il pense à 17 heures. D. A 17 heures ? R. Oui, Monsieur, à 17 heures, oU il signe les pièces. A ce moment un employé spécial s'avance vers lui avec un carton à la main. Il lui fait d'abord signer une trentaine de papiers auxquels le malheureux officier ne comï prend rien. Puis il lui demande trois rapports qui sont réclamés d'urgence, deux comptes-rendus pressés, et lui 1 (!) Voir da»« la eollectinn du Pipère -s catéchismes déjà parus : La popote, le campement, l'offensive. D. R. présente des colonnes de chiffres tout petits qui sont le cahier d'ordinaire. Parlez-nous des sous-officiers ? Les sous-officiers se divisent en deux catégories : ceux qui disent : J'étais heureux comme soldat », et ceux qui disent : « Je serais plus heureux comme officier. » Le mot : officiel correspond à l'officier, il faudrait créer le mot : sous-officiel pour dire que le sous-officier a une popotte sous-officielle, une vareuse chic sous-officielle et une chambre sous-officielle. Parlez-nous enfin de la troupe ? La troupe, c'est la France toute entière ; c'est la démocratie ; c'est le peuple en - armes ; c'est ceux devant lesquels il faudrait se mettre à genoux ; c'est ceux qui attaquent avec le sourire et qui refusent d'être relevés ; c'est ceux qui attendent l'assaut avec impatience et qui pensent avec tristesse que la guerre finira un jour ; c'est ceux qui ne pensent jamais à leurs familles, et pour qui fout l'« Avenir» se résume dans le pinard, la gnôle, les totos, la manille et Madelon ; c'est ceux... J). Etes-vous fou ? R. Non, Monsieur, je ne suis pas fou, je vous récite ce que les journalistes ont écrit depuis quatre ans... A. D. LES CAMIONS Respectueusement à M. BERLÏET. avec le secret espoir qu'il nous enverra un vieux T. M. pour y installer notre rédaction. (Air : Quand Madelon...) I Comme le soir on a donné de la paille, Qu'on a parlé de reprendre l'instruction, Chacun s'est dit : «Y a des chanc' pour [qu'on s'en aille, Avant d'dormir, il faut remplir son bidon!» Çi s'fait toujours avec ensemble : Un cycliste arrive, affolé, Et dit qu dans deux heur' on s'rassemble Sur l'chemin bordé d'peupliers, la une au bout là-bas, La queue où on voudra, Et dès le petit jour le régiment est là ! (Refrain). Quand les camions sont au bord de la route, Chacun possèd' le tuyau l'plus certain : C'est Vauxaillon, ça ne fait aucun doute, Ou la Somme, ou le Trentin ! Mais silencieux, sous leurs énormes bâches, Le ventre ouvert, pour que nous y montions, Ils n'veul't jamais rien dir', bien qu'ils le [sachent, Les camions, les camions, les camions I II Au coup d'sifflet, les chauffeurs se précipitent, Font d'ia fumée et mett't le truc en mouv' [ment. Si c'est pour l'front, ça va toujours bien [plus vite ; Si c'est l'arrière, on s'arrête à chaque tour- nant. Ça r'mue, ça s'coue, ça vous éreinte, s Les r'ssorts vous rentr't dans les boyaux, f; On y mettrait un' femme enceinte Qu'elle aurait tout d'suit, deux jumeaux 1 Ça sent l'huile à plein nez, On en est empoisonné ; C'est fait pour vous ôter l'envie de déjeuner. {Refrain). Quand les camions filent le long des routes, Pour se nourrir, faut être débrouillaru : Dans la main gauche on prend d'abord la icroûte Et dans la droit' le pinard 1 L'pinard s'renverse en plein dans la mu[sette, L'huil' aes sardin's descend sur l'pantalon Et l'Camembert fout lcamp sous la ban[quette Des camions, des camions, des camions 1 III Puis l'on s'endort... le voyage devient morne Seul un gradé, dont les pieds sont des gla[çons Essaie de lir' les noms inscrits sur les [bornes Et d'mand' la route, en hurlant comme un [cochon. La nuit est noir'... voilà la pluie... On entend l'canon par moments Et pour finir la plaisant'rie L'< mvoi vous arrête en plein champ. L'village est-il par là ? On d'mande à un soldat : Mais comm' c'est un Anglais, il répond : [J'comprends pas I (Refrain). Quand les camions s'arrêtent sur la route, Le mot d'Cambronn' chante à tous les échos ! Les reins brisés, le dos comme une voûte, L'régiment pataug' dans l'eau 1 Les conducteurs repartent vers leurs poule» Nous restons seuls et nous réfléchissons Qu'nous somm' roulés, chaque fois qu'ils [nous roulent Les camions, les camions, les camions I André DAHL. (Tous droits réservés). LE PEPÈRE Echos du 35-9 Petite ville de douceur, N... et toi, vilage champêtre, C...,il est probable que le Pépère s'égarera presque vers vous. Un de nos lecteurs le glissera dans sa lettre ; une ouvrière — la brune qui avait un corsage rouge ou la blonde qui se poudrait si souvent, Marguerite, Irène, Madeleine ou Juliette — l'apportera à l'usine où toutes le Jiront. Il convient donc que le Pépère vous dise le souvenir charmant que nous gardons de ce repos trop court. Si c'eut été encore la mode des bagues d'aluminium, que d'anneaux eussent été échangés ! Mais il s'est échangé tant d'autres jolies choses... Et l'essentiel, comme concluait l'adjudant dans le camion qui nous emportait, c'est que personne n'a été « chocolat !» A Une série de concerts a maintenu à son haut degré le renom de nos artistes. Lakmé berça tour à tour les bataillons de sa mélodie. Escalier dranemisa à son habitude. Et pour les personnes qui ne le savaient pas encore, l'ami Bouland nous expliqua Madame Micheminette, en habit, s'il vous plait. Quel bon comptable il doit être 1 Les bons comptes font les bons habits ! A Peut-on dire qu'un journaliste, en mission au front, voyant manœuvrer le régiment, a bien voulu remaïquer dans son journal que nos hommes étaient alertes. Oh ! Oui ! Alertes ! Peut-on dire qu'à M...-en-C..., le maëstro Berger n'a pas couché seul, le cuisinier de la popote ayant par mégarde glissé dans sa couchette un vieux morceau de graisse rance, auprès duquel Berger rôva toute la nuit. Un pépère lit le journal. Il y trouve la pâture habituelle, cette sorte de panierrepas intellectuel que la grande presse offre à ses lecteurs, une victoire, une arrestation, etc.. Et comme son voisin lui demande : — C'qu'y a d'nouveau ? — Oh ! Pas grand'chose. Les Anglais ont fait douze cents prisonniers et le capitaine Bouchardon en a fait deux ! Les masques nouveaux ont des dimensions considérables. Pour qui se rappelle les premiers tampons d'ouate distribués, il est certain que la grandeur du masque croit proportionnellement à la durée de la guerre. Et alors qu'est-ce que nous verrons en 1920 ! A Peut-on dire que le fourrier M... garde précieusement dans son portefeuille une photographie au dos de laquelle une main féminine a écrit la plus flatteuse et la plus reconnaissante des dédicaces. H appelle cela : un certificat de présence... au corps ! ** Uno réflexion : — Les chaussettes russes, c'est pour les pieds nickelés ! A Mot de la fin. — Sais-tu quelle différence il y a entre les Etats-Unis et l'infanterie divisionnaire ? — Aucune, parce que l'Amérique n'a qu'une idée et que PI. D. n'a qu'un Mérie I Notre Œuvre du Permissionnaire pour dames seules donne aussi d'excellents résultats. Quinze permissionnaires ont encor;. été hébergés grâce à nous chez de charmantes mondaines ayant du vague à l'âme, qui les ont reçus à draps ouverts. Seul, un sergent, à son retour, a été indisposé et a récolté huit jours d'arrêts de Vigueur. Nous rappelons également qu'à l'occasion du Jour de l'An, nous nous chargeons de toutes les lettres de bonne année que nos lecteurs n'auraient pas le temps d'écrire. Nous envoyons de très jolis vœux de bonheur pour vingt-trois sous et pour troia cinquante nous embrassons la cousine Renée sur l'oreille et la vieille tante Eugénie sur la moustache. ZIG-ZAG. Encore un scandale BOCHO-PACHA voulait acheter * LE PÉPÈRE • Chaque jour amène son scandae ; chaque matin apporte une preuve du plan allemand : mettre la main sur la grande presse française. Après avoir voulu acheter Le Journal, qui jouit a l'arrière d'une certaine notoriété, Von Kuhlemann (tout de même ! Quel drôle de nom !) a tenté d'acheter Le Pépère qui exerce sur l'avant une indiscutable influence. Pour cela il s'est servi de Bocho-Pacha ! Voici les faits : il y a environ cent trentedeux jours, le concierge du Train Régimentaire était en train de se faire une réussite. Il pouvait être un coup de huit heures trentecinq. Un homme coiffé d'un fez franchit le seuil de la porte et dit : — Je voudrais acheter Le Pépère. Le concierge du T. R. leva fièrement la tête. — Le Pépère n'est pas à vendre, remarqua-t-il. — Cependant... — Il n'y a pas de cependant. Le Pépère n'est pas à vendre... Combien en auriezvous donné ? — Cinq millions, répartit Bocho-Pacha. (Et de sa main droite, il fit résonner dans sa poche plusieurs pièces de vingt-cinq centimes et un briquet non estampillé). A ce moment, notre dévoué camarade baissa la voix. — Approchez votre fez, dit-il au pacha, car nous devons parler bas. Votre chiffre de cinq millions est respectable mais insuffisant. Donnez-vous six millions et un paquet de soixante ? — Les voici, répliqua Bocho. Et il commença à compter devant notre ami la somde six millions en pièces de vingt sous. Hier soir, il en était à quatre millions sept cent trois mille quatre-vingt-dix-sept francs. Mais comme le concierge du T. R. a remarqué au deuxième million une pièce qui avait un drôle de son, il est probable que demain matin tout sera à recommencer. Dès que nous aurons touché la somme, nous la répartirons comme il convient entre les hommes ayant eu deux pères tués depuis l'exposition de 1900 et les territoriaux de la classe 97 retombés en enfance. NOS ŒUVRES Notre Œuvre du colis du civil continue à marcher à merveille. Nous avons expédié cette semaine à ces malheureux Parisiens privés de tabac, quatre-vingt-deux colis de «scaferlati pour troupes», grâce auxquels bien des gens pauvres vont pouvoir se chauffer, en attendant que le printemps s'avance. J jU"Tial f.rvmpoaé pa" une équip" d'ouvrier» con^sicats. o ~ani3és st risolos» Penses-tu que ça finisse ? <7est le titre de la revue de l'année 1917 que publiera notre prochain numéro. Si le Bureau du Colonel ne nous demande pas trop d'états nominatifs, si les compagnies de chemins de fer renoncent pour un temps à notre clientèle, si notre rédacteur n'est pas fourré au Train Régimentaire pour avoir du remboursable, ce numéro paraîtra le 31 décembre prochain. Vers cette époque, le 359 recevra ses étrennes : un phonographe et un cinématographe grâce auxquels nous oublierons les petites saletés du front russe. Les militaires du régiment qui auraient l'intention de souscrire à l'emprunt national sont donc priés de garder par devers eux au moins une somme de Ofr. 10 centlires pour acheter ce numéro du Pépère que leurs marraines reclameront à grands cris. Autre chose : Nous prierons bientôt noa abonnés de se déboutonner encore une fois. Et nous leur offrons en prime le manuel du chef de section 1917, richement illustré grâce auquel ils passerons certainement un bon moment, et le calendrier de l'année 1918, année funeste, d'après le aoeteur Garrigues, où la Noël tombe un vendredi et un 13 1 LA RÉDACTION. LE COURRIER DE LA PRESSE LIT TOUT RENSEIGNE SUR TOUT ce qui est publié dans les JOURNAUX, REVUES ET PUBLICATIONS Di TOUTE NATURE PARAISSANT EN FRANCE ET A I.'ETRANGER i et en fournit \>'H extrait» sur tous Sujets f*t PerHOnuHlîtéH Répertoire des Citations de guerre Citations à l'Ordre de l'Armée Croix de Guerre, Légion d'Honneur Médaille Militaire Ch. DEMOUGEGT, Directeur 21, Boulevard MonfmarW, 21 PAKIS (IIe) Circulaire ixpUcative et tarifs envoyés fra,co