Bahok - Archives

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Bahok - Archives
Au Grand T
© Hugo Glendinning
Entretien avec Akram Khan
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Musique
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Gisele Edwards
Fabiana Piccioli
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Guy Cools
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Mari Boine
Fabiana Piccioli, Sander Loonen et Akram Khan
Avec les danseurs
Eulalia Ayguade Farro, Young Jin Kim, Andrej Petrovic, Saju, Shanell Winlock, ChengFang Wu, Set Byeol Lim et Zhenxin Zhang
Production
Farooq Chaudhry
Coproduction
Sadler’s Wells Theatre / Londres, British Council, The Liverpool Culture Company avec
Merseyside Dance Initiative, DanceXchange / Birmingham, Théâtre de la Ville / Paris,
Tanzhaus NRW/ Düsseldorf, National Arts Center / Ottawa, China Now / Londres
Avec le soutien
du Arts Council England, The New England Foundation for the Arts (NEFA)
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Spectacle présenté dans le cadre de Transcendanse,
manifestation proposée par le Conseil général de Loire-Atlantique
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' : à partir de la 3e
4: 9€ par élève ou un pass-culture
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« Pour les nomades, la maison n’est pas une adresse.
La maison, c’est ce qu’ils emportent avec eux. »
John Berger
« Le foyer, c’est le lieu d’où l’on part »
T.S. Eliot
« Nous sommes des voyageurs. Nous sommes tous des voyageurs. Nés en ce monde,
incarnés, nous ne pouvons qu’avancer. Mais nous sommes tous aussi des porteurs. Nous
sommes tous « passeurs » (bahok). Nous portons avec nous notre héritage culturel et
génétique, nos expériences, nos rêves et nos aspirations.
Toutes les histoires parlent du voyage de notre corps à travers la vie : sa naissance et son
origine, la recherche et la quête d’identité, sa transformation, sa mort. Toutes les histoires
sont à la fois uniques et universelles. Mises à part nos spécificités culturelles, nos histoires se
ressemblent et révèlent les mêmes thèmes sous-jacents.
Interrogés sur le souvenir de leur foyer, la plupart d’entre nous retournent à la maison
d’origine, la maison de l’enfance : ses odeurs, ses tissus, son décor, les vêtements de nos
parents, sa cour, ses arbres, ses rivières… Pour certains d’entre nous, ces souvenirs du foyer
d’origine sont perdus. Pour d’autres, ils sont violents. La maison d’enfance a été démolie.
L’enfance a été démolie. »
Dans Bahok, Akram Khan réunit huit danseurs d’horizons culturels très différents :
Chinois, Coréens, Indiens, Slovaques, Sud-Africains et Espagnols. Dans l’une des ces
zones de transit d’un monde globalisé, ils sont rassemblés. Ils essaient de
communiquer, d’échanger leurs histoires, les souvenirs de leur « chez eux ».
© Liu Yang
« Ce sont les danseurs qui écrivent le spectacle. Ce sont eux qui
fournissent le matériau. Nous recherchons les petites histoires qu’ils
portent en eux et en explorant ces courtes histoires individuelles,
nous en découvrons une plus grande. C’est ce qui me fascine :
explorer l’histoire personnelle de ces individus sur scène, afin d’en
découvrir et d’en révéler une plus universelle. »
Akram Khan
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Votre création avec le Ballet de Chine s’est d’abord appelée Built to destroy, puis
Bridge et enfin Bahok, son titre final. Comment expliquez-vous ces différents
changements ?
Je cherchais un titre qui porte à la fois l’idée de mouvement, de lien, ainsi que celle de
construction et de son contraire, la destruction. Je souhaitais également que le titre évoque
la culture, la mémoire et la religion... En bengalî, ma langue maternelle, bahok est un mot qui
contient tout cela ! (ndlr : Akram Khan traduit "Bahok" par "carrier" en anglais).
Quelles sont, en tant que danseur, vos racines ?
Ma formation de base est le Kathak. C’est une danse narrative qui prend ses racines dans le
nord de l’Inde.
On lit à propos de votre danse qu’elle est une fusion de la danse Kathak et de la danse
contemporaine occidentale. Comment la définiriez-vous ?
Je travaille la précision du geste et du détail dans le rythme et la vitesse. Comment gérer et
contrôler son énergie, comment la déployer dans son essence sacrée et séculaire, tout en
restant au plus proche de sa nature humaine.
Que cherchez-vous, à travers votre danse, dans ce dialogue interculturel ?
Je recherche la communication, le lien universel, car nous avons perdu le sens de l’origine.
Où sont nos racines ? Je suis né en Grande-Bretagne, mes parents au Bangladesh. Si je
regarde encore plus loin, vers mes grands-parents je vois en plus de l’Inde, le Pakistan…
Dans mon travail, je tends à rechercher l’origine, un lien qui soit au-delà des différents
langages.
Comment travaillez-vous avec des artistes de différentes cultures ?
Je parle anglais aux danseurs du Ballet de Chine et un interprète traduit mes indications en
chinois. Je dois être vraiment très à l’écoute, rester sensible, ouvert. Chaque personne, audelà de sa langue et de sa culture doit être approchée différemment. Je cherche les bons
mots avec chacun d’entre eux. Et j’apprends beaucoup des différents artistes avec lesquels
je travaille. Ce sont eux qui me font grandir.
Bahok est un travail d’équipe?
Oui, on y trouve un vocabulaire académique occidental, une iconographie chinoise et,
bien sûr, une gestuelle qui puise dans le Kathak. »
Propos recueillis par Anne Davier
Extrait du Journal n°8 du Théâtre Forum Meyrin
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© Liu Yang
« L’aventure a commencé en 2006 avec le Ballet national de Chine. A ce stade, tout ce qui
existait c’était l’engagement d’essayer quelque chose de nouveau, un enthousiasme pour
une idée et l’ambition de transformer cette idée en quelque chose qui pourrait être beau et
plein de sens.
Inutile de dire quels défis c’était de réunir les ressources d’une compagnie de ballet de
grande tradition nationale et d’une petite troupe contemporaine indépendante, chacune à un
bout du monde. Certains défis étaient évidents, comme la langue, la culture, le style des
mouvements, la disponibilité, mais aussi d’autres moins flagrants, comme l’espoir d’une
réinvention, le développement de nouvelles attentes, reflétant les aspirations internes et
externes.
En termes de temps, d’efforts et de degrés de difficulté, Bahok a peut-être été notre projet le
plus exigeant. Nous devions apprendre beaucoup de nouvelles règles, exiger plus de nousmêmes et développer davantage de moyens sophistiqués de coopération. Notre équipe et
celle du Ballet national de Chine ont mené à bien cette tâche et je suis extrêmement fier de
ce que nous avons accompli collectivement.
La collaboration pour nous n’est pas seulement un instrument de possibilité artistique
mais aussi une grande opportunité d’apprendre d’autres cultures et d’autres
disciplines. C’est au travers de cet apprentissage que je trouve la plus grande satisfaction.
Paradoxalement au bout du compte, vous en savez à la fois plus et moins sur vous-même,
mais quoiqu’il arrive cela vous empêche de rester immobile, de vous reposer sur ce qui vous
est familier et vous donne une sensation constante de mouvement. Que peut-il y avoir de
mieux que cela ? »
Farooq Chaudhry, producteur
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« Je sens que nous vivons dans une société qui évolue très rapidement, et c’est à cause de
ce moment de changement que nous appelons, qualifions une société de « moderne ».
Toutes les traditions ont été une fois modernes ; c’est juste une question de temps quand on
considère que quelque chose est vieux ou appartient à une tradition. Cependant, je crois que
le rôle des arts du spectacle est d’être critique par rapport à la société contemporaine
actuelle, d’abord parce que les arts du spectacles deviennent de plus en plus un miroir,
un endroit où se reflète le monde dans lequel nous vivons.
Je me souviens avoir dit un jour à un critique que mon travail est pur ; il ne reflète pas mes
opinions personnelles, politiques ou religieuses.
Les corps que je présente sur la scène sont neutres. Cependant, avec les années, il
m’apparaît de plus en plus clairement que c’est faux. Le corps n’est jamais neutre, ce n’est
pas une machine dont vous pouvez effacer les informations et reprendre à zéro. Le jour où le
corps vient au monde, il forme une opinion. Durant notre enfance, nous imitons tout le monde
autour de nous, nous absorbons même l’information de notre environnement plus vite que
nous ne le ferons adultes. Aussi je crois maintenant que le travail réalisé dans les arts du
spectacle, consciemment ou inconsciemment, reflète fortement le monde dans lequel nous
vivons à travers l’œil de l’artiste.
La scène est habituellement un lieu où je peux révéler non seulement une image de
mon cerveau, mais aussi ce que je sens comme manque ou besoin dans la société
contemporaine qui m’entoure.
D’une façon ou d’une autre, je crois que ne vais pas prêcher la morale aux autres à propos de
ce qui manque dans leurs vies mais surtout à propos de ce qui manque dans la mienne…
aussi, toute l’approche de mon travail consiste à acquérir un nouveau savoir en faisant
la critique de l’ancien car il y a quelque chose dans l’ancien savoir que n’a pas le
nouveau. Par exemple, je me tourne tout le temps vers ma tradition, parce que l’ancien
savoir contient des informations concernant la spiritualité alors que le nouveau a une
approche plus scientifique.
Je dis toujours que l’ancienne société vit dans un temple, la nouvelle dans un laboratoire
scientifique, mais ce qui m’excite c’est l’idée de mettre ensemble ces deux mondes pour créer
un « nouvel » espace. »
Akram Khan, février 2008
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Akram Khan, né le 29 juillet 1974 à Londres, est un danseur
et chorégraphe britannique dont les parents sont originaires
du Bangladesh.
Il étudie très jeune la danse classique indienne de la
tradition Kathak à l’Academy of Indian Dance avant de se
passionner pour la danse contemporaine à la Northern
School of Contemporary Dance à Leeds, où il obtient la
meilleure note, jamais obtenue pour un diplôme. Il s’initie
également au ballet classique, aux techniques de Martha
Graham et de Merce Cunningham, ainsi qu’à la danse
contact et à l’improvisation.
© Rankin
Akram Khan monte très jeune sur les scènes de théâtre, notamment pour le Livre de la
Jungle avec Pandit Ravi Shankar. Il fera de 1987 à1989 une apparition remarquée dans le
rôle d’Ekalavya dans The Mahabharata de Peter Brook avec lequel il jouera de nouveau, des
années plus tard, dans l’adaptation cinématographique d’Hamlet. Il avoue que sa rencontre
avec Jonathan Burrows, soliste du Royal Ballet, lui a permis de comprendre combien
l’alliance du Kathak et de la danse contemporaine procurait à tous ses muscles des
sollicitations radicalement nouvelles. Encouragé par ses proches, il obtient une place très
convoitée dans le laboratoire chorégraphique X-group qui regroupe 25 jeunes danseurs et
chorégraphes du monde entier, auprès d’Anne Teresa De Keersmaeker, à l’École P.A.R.T.S.
à Bruxelles.
En 2000, il crée sa propre compagnie de danse à Londres, l’Akram Khan Company.
Ces dernières années, Akram Khan est devenu un des chefs de file absolus de la
danse contemporaine britannique, notamment grâce à une danse excessivement
énergique et spectaculaire, fusionnant la tradition du kathak indien, apprise auprès de
Sri Pratap Pawar, et la danse contemporaine occidentale.
Sa reconnaissance internationale date de 2003-2004 avec l’acclamation de deux pièces
majeures, Kaash (if...) en collaboration avec le plasticien de renom Anish Kapoor, et surtout
Ma qui fit tourner sa compagnie dans le monde entier. Il recevra, dès lors, les prix les plus
prestigieux.
En 2005, il crée et danse, avec le chorégraphe flamand Sidi Larbi Cherkaoui, le duo Zero
Degrees qui confirmera le grand succès international des deux chorégraphes montants de la
scène européenne. L’année suivante, à la demande de Sylvie Guillem, il crée et danse avec
la danseuse étoile Sacred Monsters.
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En 2006, il écrit une partie des chorégraphies de la tournée Showgirl de Kylie Minogue.
En 2009, il travaille avec Juliette Binoche sur une co-création, In-I, spectacle qui mêle
théâtre et danse.
Fondée en août 2000 par Akram Khan et le producteur Farooq Chaudry, la compagnie
Akram Khan s’est affirmée comme l’une des compagnies les plus novatrices, se
produisant à guichet fermé dans les plus importants festivals et manifestations autour
du monde. S’attachant à une ligne artistique qui respecte mais aussi remet en
question la tradition et la modernité, la Compagnie est connue pour ses collaborations
interculturelles et interdisciplinaires. Elle a été plusieurs fois récompensée, entre
autre par le Prix Laurence Olivier pour Zero Degrees en 2006 et par le Prix South Bank
Show pour Bahok, créé en en janvier 2008.
© Liu Yang
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« Il possède la majesté mystérieuse des guerriers orientaux, une forme de sérénité apparente
qui, à tout moment, peut engendrer une fulgurante détente. Dire qu’Akram Khan maîtrise la
gestuelle est un euphémisme: le danseur chorégraphe contrôle le plus petit mouvement de
doigt au dixième de seconde près. »
L’Express
« Par son souci de faire travailler les corps sous toutes les coutures (danser la tête en bas,
devant-derrière, en ralentis-accélérés, etc.), Akram Khan rejoint celles et ceux qui placent le
langage du corps, en le poussant parfois jusqu’au solipsisme, au centre de leurs
préoccupations. »
Libération, 2004
« Un mot, un seul, devrait suffire à qualifier une danse qui saurait s’imposer d’elle-même,
universellement, sans aucun discours de justification, sans aucun commentaire, sans
aucune traduction dans le langage des idées. Un mot, un seul : éloquence. Akram Khan est
ce danseur doué d’éloquence. »
Mouvement.Net, 2002
« Qu'emporte-t-on dans un sac de voyage ? Que signifie partir loin, et à quelle distance de
chez soi se sent-on déraciné ? Quel sens prend la « maison », le « home », « sweet » ou
pas ? Ces questions nous saisissent devant le spectacle Bahok, du chorégraphe Akram
Khan. Il n'apporte aucune réponse mais affine par rapprochements successifs les sentiments
de perte, d'égarement et d'appartenance propres à chacun. En bengali, langue originelle
d'Akram Khan, de parents bangladeshis mais qui a grandi à Londres, bahok signifie
"transporter, porter" ».
Le Monde, juin 2008
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Dossier réalisé à partir des documents fournis par
Akram Khan Company
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http://www.legrandt.fr/IMG/pdf/Aller_au_theatre.pdf
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