Bonne Gouvernance et Développement
Transcription
Bonne Gouvernance et Développement
DINER-DEBAT 26 mai 2016 THEME : Bonne Gouvernance et Développement : Comment une meilleure Gouvernance contribuera au Développement de la Côte d’Ivoire ? CONFERENCIER : Yves Yao KOUAME, Secrétaire Général de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance « Vouloir la Bonne Gouvernance est bien. La construire est mieux. C’est pour dire en définitive que les efforts en matière de Gouvernance ne peuvent atteindre leurs objectifs que s’ils sont soutenus par une volonté politique ». Le secrétaire général de de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance M. Yves Yao KOUAME était l’invité du 11ème Diner Débat d’INITIATIVES COTE D’IVOIRE le 26 mai 2016 à l’hôtel TIAMA. L’évènement a eu lieu en présence d’une cinquantaine d’invités et de membres d’INITIATIVES COTE D’IVOIRE. Après le mot de bienvenue de M. Hervé Serges N’DAKPRI, président d’INITIATIVES COTE D’IVOIRE, c’est à M. Yves Yao KOUAME, Secrétaire de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG) qu’il est revenu d’échanger avec l’auditoire sur le thème : « Bonne Gouvernance et Développement : Comment une meilleure Gouvernance contribuera au Développement de la Côte d’Ivoire ? » Le conférencier du jour a articulé son exposé autour de trois principaux points. Il a commencé par présenter l’évolution récente de la Gouvernance et de la lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire. Il a ensuite fait l’état des actions envisagées par la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, et terminé par l’analyse de la relation existant entre la Gouvernance et le Développement. Au regard de l’évolution récente de la COTE D’IVOIRE en termes de gouvernance et de corruption, M. Yves Yao KOUAME a rappelé des statistiques montrant les avancées du pays ces dernières années : l’indicateur relatif à la gouvernance retenu par les partenaires au développement, est passé de 23/100 en 2011 à 67/100 en 2015. Concernant l’indicateur « contrôle de la corruption », la note de la COTE D’IVOIRE publiée sur la période 2011-2015 est passée de 23/100 à 88/100, soit une progression annuelle moyenne d’environ 31%. « Ces performances montrent bien que la promotion de la Bonne Gouvernance et la lutte contre la corruption constituent des axes forts de la politique de développement économique et social du gouvernement ivoirien. » a-t-il déclaré. Il a rajouté que malgré ces résultats encourageants la situation de la corruption en Côte d’Ivoire reste une préoccupation pour le gouvernement, au vu des résultats alarmants d’une enquête réalisée par l’INS (Institut National de la Statistique) en avril 2016. Cette enquête a révélé que le niveau de la corruption est toujours grave en Côte d’Ivoire Dans la perspective de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020, le gouvernement initie et met en œuvre une série de réformes pour pallier ces disfonctionnements. Au titre des actions envisagées par l’HABG, M. Kouamé a cité : - La transparence : mettre en toute transparence à la disposition du public une information rapide, abondante, exhaustive, cohérente et fiable sur l’action gouvernementale ; - La responsabilité : le gouvernement prendra en compte les aspirations des citoyens concernant les services que doivent offrir les structures publiques ; - Améliorer la gouvernance c’est-à-dire la manière dont les fonctionnaires du Gouvernement et les institutions publiques acquièrent et exercent leur autorité pour déterminer la politique nationale et assurer les ressources et services aux citoyens ; - Et enfin la lutte contre la corruption afin de prévenir l’usage des charges publiques à des fins d’enrichissement personnel. Pour aborder le sujet de la gouvernance et du développement, M. KOUAME, s’appuyant sur des études de la Banque Mondiale, a déclaré que le développement dépend essentiellement de deux facteurs : le climat de l’investissement et la qualité des services publics. Dès lors que le climat de l’investissement est favorable, l’activité économique est en expansion et le développement est en marche. « Vouloir la Gouvernance est bien. La construire est mieux. C’est pour dire en définitive que les efforts en matière de Gouvernance ne peuvent atteindre leurs objectifs que s’ils sont soutenus par une volonté politique. » a-t-il déclaré pour conclure son intervention. La séquence des questions a débuté avec une intervention de M. Augustin Apetey, membre d’ICI, au sujet de la crise secouant le secteur de l’anacarde. « Suite à l’éclatement d’une affaire de détournement de 5 milliards FCFA dans la filière anacarde, le Directeur Général du Conseil coton-anacarde (CCA) et son adjoint ont été suspendus par le Gouvernement. Que fait la HABG face à ce genre de situation ? » a-t-il demandé. M. Yves Yao KOUAME a déclaré que la HABG avait été saisie et qu’un rapport d’enquête serait établi avant toute déclaration sur la question. A un participant souhaitant connaître la limite entre la transparence et le secret professionnel, le conférencier a répondu que la transparence est définie par la loi qui détermine ce qui peut être considéré comme secret professionnel ou pas. C’est donc au gouvernement qu’il revient d’élaborer des réformes pour poser des balises. A la question de savoir pourquoi la HABG ne s’autosaisissait pas lorsqu’il y a mauvaise gestion évidente des investissements publics, M. Yves Yao KOUAME a répondu en se référant à l’Article 33 de l’ordonnance N°2013-661 du 20 septembre 2013, qui stipule que la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance peut être saisie ou se saisir d’office. « Cependant, la HABG ne peut engager d’enquêtes ou d’actions que s’il y a dépôt de plainte ou dénonciation. Il importe donc que le citoyen soit impliqué dans le processus de la Bonne Gouvernance en saisissant la HABG pour tous les actes de corruption dont il est témoin. » a indiqué M. KOUAME. Au sujet du refus de certains ministres de se soumettre à la loi de déclaration de patrimoine, soulevé par un participant, le Secrétaire de la HABG a affirmé que pour l’heure, tous les anciens ministres ont fait leur déclaration de patrimoine. « Seuls certains ministres actuels tardent encore mais ils ont prévu de faire leur déclaration dans les semaines à venir. » a-t-il affirmé. Un des participants au Diner a souhaité savoir les moyens mis en place afin d’assurer la communication autour des règles adoptées par la HABG. M. KOUAME a déclaré à ce sujet qu’un vaste programme de communication est prévu en 2017 afin d’informer et sensibiliser les populations surtout les plus vulnérables. Sur les questions relatives aux limites de l’action de la HABG, le Secrétaire a indiqué que la HABG ne peut pas prendre de décisions. Elle assure une mission de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées. « Les actions et réformes à opérer concrètement sont du ressort du Gouvernement. » a-t-il rappelé. « Mais le Conseil travaille à faire évoluer les attributions de la HABG afin que son champ d’action soit élargi. » Pour terminer la séquence des questions, un intervenant a souhaité rappeler que les fonctionnaires ivoiriens sont mal payés et qu’ils utilisent donc d’autres moyens pour se rémunérer, source de corruption. Pour ce participant travaillant dans le secteur bancaire, il est donc urgent de revoir la gestion de leurs carrières. Il a également recommandé que dans un pays où l’économie est encore informelle comme le nôtre, « Tuer l’espèce » devrait être un objectif privilégié afin de faire reculer la corruption. Au terme de cet échange, INITIATIVES COTE D’IVOIRE par le biais de Monsieur Pierre AIME, membre du Think Tank a témoigné sa reconnaissance au conférencier et sa délégation qui ont accepté de partager avec les participants des informations cruciales sur le rôle de la HABG et son combat pour une meilleure Gouvernance en Côte d’Ivoire. Au terme des échanges, M. Yves Yao KOUAME a écrit dans le Livre d’Or : "J'ai été très fier de vous rencontrer. Mon souhait c'est de voir la future génération mieux vivre que les générations précédentes. Nous pouvons y arriver. Investissez dans l'intégrité et nous pourrons développer l'Afrique."