Chapitre 9 : MATRICE EXTRACELLULAIRE
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Chapitre 9 : MATRICE EXTRACELLULAIRE
Chapitre 9 : MATRICE EXTRACELLULAIRE A. MATRICE EXTRACELLULAIRE ANIMALE I. GENERALITES 1. Matrice extracellulaire (MEC) 1.1. Dans les tissus, le compartiment extracellulaire est occupé globalement ou partiellement par la MEC qui est composée de 3 familles de macromolécules, les : - Protéines et/ou glycoprotéines fibrillaires avec les collagènes et les fibres élastiques. - Glycoprotéines de structure (fibronectine, laminine). - Polysaccharides (glycosaminoglycanes, protéoglycanes). 1.2. Toutes les cellules animales (fixes ou mobiles) possèdent au niveau de leur membrane plasmique des sites récepteurs spécifiques de chaque macromolécule de la MEC et sont responsables de l'adhésion MEC-cellule. 1.3. Certaines cellules présentent une lame basale entre elles et la MEC (cellule épithéliale, cellule adipeuse, cellule musculaire striée, cellule nerveuse). 2. Polarité cellulaire C'est la propriété d'une cellule de présenter une orientation (voir cours Epithéliums et lame basale). II. COMPOSANTS DE LA MEC 1. Fibres 1.1. Fibres de collagène Le collagène est la glycoprotéine la plus importante (environ 25% des protéines totales). La forme la plus étudiée est le collagène I : - L'unité élémentaire de la fibrille est le tropocollagène qui est une triple hélice de 3 chaînes polypeptidiques glycosylées ou chaînes α. - Chaque chaîne α correspond à n séquences d'un tripeptide (Gly-AA-AA)n à 2 extrémités N et C terminales. - La séquence est riche en glycine, proline, hydroxyproline et hydroxylysine. - La striation de la fibrille de collagène résulte du fait que les molécules de tropocollagène sont disposées bout à bout, parallèles les unes aux autres, liées par des liaisons hydrogène et présentent des zones de chevauchement (1/4 de la longueur) (figure 1). - Les fibrilles s'associent pour former des fibres qui se regroupent en faisceaux. - Plusieurs gènes codent pour différents types de collagène (I à XIX). Le collagène I est le plus abondant, le collagène IV spécifique à la lame basale n'est pas fibrillaire (en réseau). - La biosynthèse est comparable à toute glycoprotéine (figure 2), elle présente des étapes intracellulaires et des étapes extracellulaires. 1.2. Fibres élastiques - Elles sont présentes en quantité importantes dans les MEC des tissus soumis à de grandes variations de taille et de forme (tissu conjonctif pulmonaire, peau...). - Elles correspondent on microscopie photonique à un réseau de fibres plus fines que le collagène. - En MET la fibre élastique est formée de plages amorphes et de microfibrilles. Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 Le principal composant des plages amorphes est une protéine non glycosylée et non hydroxylée (élastine). Les molécules d'élastine sont reliées par des liaisons covalentes formant un réseau. - Les microfibrilles sont formées de glycoprotéines, interviennent dans l'organisation des fibres en se liant à l'élastine. 2. Glycoprotéines de structure 2.1. Fibronectine (fn) - Elle est retrouvée dans le plasma, à la surface cellulaire et dans la MEC. - Elle est synthétisée sous forme d'un monomère de grande taille, subit la glycosylation, se dimérise par formation de ponts disulfures. - Le dimère a 2 bras en forme d'un V, il présente plusieurs sites de liaison spécifiques au collagène, aux intégrines (famille des SAM), aux protéoglycanes (figure 3). - Elle joue un rôle fondamental dans les phénomènes d'adhésion entre cellules et composants de la MEC. Figure 3 : Dimère de Fibronectine et ses sites de liaison aux intégrines, au collagène et aux PG. 2.2. Laminine Glycoprotéine associée aux lames basales (voir lame basale). 3. Polysaccharides 3.1. GAG ou glycosaminoglycanes non sulfatés En fixant l’eau, ils constituent le gel de remplissage de la MEC. Ce sont de longues chaînes polysaccharidiques non ramifiées : polymères d'un disaccharide dont l'un des sucres est aminé (osamine). L’exemple le plus répandu est l'acide hyaluronique. 3.2. PG ou protéoglycanes Ce sont des GAG liés par des liaisons covalentes à des protéines dites porteuses. Ils subissent la sulfatation sur l’osamine et s'assemblent en agrégats volumineux avec comme axe l'acide hyaluronique (figure 4). Figure 4 : Protéoglycanes assemblés en agrégats volumineux. 2 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 La plus grande partie se trouve dans la MEC: kératine sulfate (tissu cartilagineux), condroïtine sulfate (tissu cartilagineux, tissu osseux, peau). Ils permettent l'interaction avec le collagène et les glycoprotéines de la MEC. Ils favorisent l'adhésion cellulaire grâce à leurs récepteurs membranaires. Certains PG sont intégrés à la membrane plasmique et jouent le rôle de récepteurs membranaires. III. LAME BASALE C'est une région différenciée de la MEC à la base ou autour de certaines cellules. Elle contient les mêmes constituants que la MEC mais certains lui sont spécifiques. Elle est située au pôle basal des cellules épithéliales et autour des autres cellules. Mise en évidence en microscopie photonique par coloration cytochimique (PAS de Sciff). Elle contient le collagène IV, la laminine (glycoprotéine formée de 3 chaînes enroulée en forme de croix), la fibronectine et des PG (figure 5). Figure 5 : Laminine, glycoprotéine spécifique des lames basales et ses sites de liaison aux collagène IV, PG et intégrines. La membrane plasmique possède des sites récepteurs spécifiques pour chaque constituant de la lame basale (figure 6). Figure 6 : Organisation simplifiée de la lame basale et de ses relations avec la cellule qu'elle supporte. La lame basale a plusieurs fonctions: - C’est un substrat pour la migration cellulaire. - Joue le rôle de filtre en contrôlant l'apport des molécules à partir des vaisseaux. - Contrôle la division des cellules de la souche interne des épithéliums stratifiés. - Les cellules cancéreuses traversent les lames basales lors de leur migration : c'est la métastase. 3 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) 4 Révisé en Juillet 2016 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 B. PAROI VEGETALE I. DEFENITION La paroi est constituée par un ensemble de molécules synthétisées par la cellule et organisées, à l'extérieur de la membrane plasmique, en une matrice extracellulaire végétale. II. STRUCTURE ET ULTRASTRUCTURE 1. Structure Observée au microscope photonique, les cellules végétales présentent une paroi dont l'épaisseur est variable et qui peut être colorée suivant sa nature chimique par divers colorants (voir TP). Selon les tissus, on peut distinguer aussi la lamelle moyenne (figure 1). 2. Ultrastructure La paroi végétale montre au MET (figure 1): 2.1. Lamelle moyenne ou mitoyenne : c'est un ciment intercellulaire commun à deux cellules voisines (mitoyennes). 2.2. Paroi primaire: elle est située entre la lamelle moyenne et la membrane plasmique, son épaisseur est variable. 2.3. Paroi secondaire: chez certains tissus, les cellules présentent une paroi secondaire localisée entre la paroi primaire et la membrane plasmique. Elle est formée de plusieurs strates. S3 S2 S1 Figure 1 : Structure de la paroi cellulaire végétale. III. COMPOSITION CHIMIQUE Différentes techniques sont utilisées pour la détermination de la composition chimique de la paroi cellulaire végétale (extractions, dosages, digestions enzymatiques...) 1. Lamelle moyenne Elle est constituée de composés pectiques; ce sont des polymères d'acides galacturoniques avec des coudes de rhamnose d'où le nom de rhamnogalacturonane. Il en résulte une conformation en zigzag, portant des chaînes latérales courtes. Il existe des pectines acides et des pectines neutres qui peuvent s'associer au calcium (figure 2c). 2. Paroi primaire est constituée de : 2.1. Cellulose Est un constituant majeur de la paroi, c'est un homopolysaccharide à chaîne linéaire formée d'unités de glucoses liées par une liaison glycosidique (β 1-4). Par hydrolyse ménagée de la 5 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 cellulose, on obtient un motif répétitif, le cellobiose (dioside de β-glucose). Plusieurs dizaines de molécules de cellulose constituent une microfibrille. Les molécules de cellulose sont reliées entre elles par des liaisons hydrogènes intramoléculaires et intermoléculaire qui stabilisent l’édifice (figure 2a). 2.2. Hémicelluloses Ce sont des hétéro-polysaccharides ramifiés, dont la chaîne principale linéaire est formée de glucoses qui peuvent former des liaisons hydrogènes avec les microfibrilles de cellulose à la surface. Les ramifications ont une composition glucosidique variable d'une classe végétale à une autre (figure 2b). 2.3. Composés pectiques (voir lamelle moyenne) (figure 2c) 2.4. Glycoprotéines L'extensine est l'une des protéines spécifiques des parois primaires, elle est riche en hydroxyproline (acide aminé) (figure 2d). 2.5. Eau : plus la cellule est jeune plus la teneur en eau est élevée. 3. Paroi secondaire Elle est plus riche en cellulose que la paroi primaire, pauvre en hémicellulose et en eau et dépourvue de pectines et de glycoprotéines. a : Cellulose. b : Hémicellulose. c : Pectine acide (Rhamnogalacturonane). . d : Extensine : glycoprotéine riche en hydroxyproline. Figure 2 : Composition chimique de la paroi végétale. 6 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 IV. ARCHITECTURE MOLECULAIRE - Dans la paroi primaire (figure 3), les microfibrilles de cellulose mises en évidence par la technique d'ombrage n'ont pas une orientation préférentielle, elles s'enchevêtrent et constituent un réseau lâche, ce qui confère à la paroi sa plasticité. Dans la paroi secondaire, les microfibrilles de cellulose sont serrées et disposées parallèlement. L'orientation des microfibrilles est différente d'une strate à 1'autre (figure 1). - Les microfibrilles de cellulose, constituent au niveau de la paroi, la phase cristalline. Les autres constituants forment la phase amorphe et se placent entre les mailles du système croisé formé par les microfibrilles dans la paroi primaire et entre les microfibrilles parallèles dans la paroi secondaire. Lamelle moyenne Pectine s Paroi primaire Cellulose Membrane plasmique Hémicellulose Figure 3 : Architecture moléculaire de la paroi primaire. V. COMMUNICATIONS INTERCELLULAIRES 1. Plasmodesmes Ce sont de fins canaux de 20 à 40nm de diamètre qui traversent totalement les parois cellulaires établissant une connexion cytoplasmique directe entre deux cellules voisines (figure 4). Ils sont généralement localisés au niveau des ponctuations simples, mais peuvent être répartis dans toute la paroi. Ce sont des structures dynamiques. Figure 4 : Structure du plasmodesme. 2. Ponctuations Ce sont des structures visibles au microscope photonique, il existe deux types de ponctuations: 7 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 2.1. Ponctuation simple : on observe au niveau de la ponctuation simple une continuité de la lamelle moyenne et un amincissement ou une interruption totale de la paroi primaire (figure 5). Si dans la cellule, il existe une paroi secondaire, celle-ci est aussi interrompue. Figure 5 : Ponctuations simples. 2.2. Ponctuation aréolée : on constate une continuité de la lamelle moyenne et de la paroi primaire. La paroi primaire forme un épaississement central appelé torus qui est souvent lignifié. La paroi secondaire lignifiée, s’interrompt, se décolle et se soulève de part et d'autres du torus. La paroi primaire est partiellement hydrolysée et permet à ce niveau des échanges entre cellules adjacentes. Ces ponctuations sont caractéristiques des Gymnospermes (figure 6). Figure 6 : Ponctuation aréolée (Gymnospermes). VI. MODIFICATIONS CHIMIQUES Les modifications chimiques de la paroi se font en relation avec la fonction de la cellule. 1. Modifications assurant la rigidité 1.1. Lignification ou sclérification C'est une imprégnation de la paroi par de la lignine qui est un polymère de polyphénols. Cette lignification entraîne une modification des propriétés de la paroi en augmentant en particulier sa résistance, sa rigidité et son hydrophobie. Cette modification entraîne la mort des cellules et leur confère des fonctions bien précises : une fonction de soutien grâce aux propriétés mécaniques et à la résistance des parois lignifiées et une fonction de conduction favorisée par l'hydrophobie des lignines. 1.2. Minéralisation Dans les parois, des incrustations localisées de carbonate de calcium et de silicium sont les plus répandues. 1.2.1. Calcification : ex. les cystolithes accumulation de CaCO3 dans les replis internes de la paroi et épiderme de Cucurbitaceae. 8 Cours illustré de Biologie Cellulaire - L1 / SNV (FSB / USTHB) Révisé en Juillet 2016 1.2.2. Silicification : Chez certaines graminées, les parois épidermiques des feuilles sont renforcées par de la silice qui les rend coupantes. Les poils d'ortie se terminent par un capuchon silicifié. 2. Modifications assurant l’imperméabilité Ce sont des appositions de substances lipidiques telles que la cutine, la cire et la subérine. Ces composés sont des polymères d'acides gras à longues chaînes responsables d'une hydrophobie plus ou moins marquée. Ces appositions sont appelées selon la substance, cutinisation, cérification ou subérification. 2.1. Cutinisation et cérification Elles concernent les tissus protecteurs des organes aériens. Les parois externes des cellules épidermiques sont recouvertes d'une cuticule. Cette dernière est constituée soit de cutine uniquement ou de cutine et de cire (cire intracuticulaire). Chez les xérophytes, la couche de cire et très importante et constitue la cire épicuticulaire. 2.2. Subérification Elle a lieu en général, dans les tissus protecteurs des organes aériens et souterrains. La subérine se dépose sur la face interne des parois cellulaires en couches concentriques, interrompues par des ponctuations. Elle entraîne l’imperméabilité des parois et par conséquent la mort des cellules après dégénérescence du cytoplasme. La lumière se remplit d'air. 3. Gélification C'est l'hydrolyse des chaines polygalacturoniques de la lamelle moyenne par des enzymes (pectinases). On peut l'observer : au moment de la maturation des fruits (melon, tomate...), dans la formation de méats et lacunes et dans la chute de organes caduques comme les feuilles, les pétales, les fruits (abscission). VII. BIOGENESE DE LA PAROI A la fin de la télophase, il reste au centre de la cellule des microtubules et des microfilaments d'actine qui forment le phragmoplaste. Cette structure oriente les vésicules golgiennes riches en polysaccharide (composés pectiques au départ) vers la plaque équatoriale formant ainsi la plaque cellulaire (des protéines comme les kinésines et les myosines interviennent aussi dans ces déplacements). Ces vésicules fusionnent entre elles de façon centrifuge. A partir de leur contenu, s'édifie la lamelle moyenne qui sépare les deux cellules filles. Celles ci vont élaborer des parois individuelles en synthétisant chacune ses propres constituants. Les hémicelluloses et les pectines sont synthétisés dans l'appareil de Golgi, les glycoprotéines au niveau du REG et transitent par l'appareil de Golgi, ces composés sortent du cytoplasme par exocytose. Pour les microfibrifles de cellulose, la polymérisation des β-glucoses se fait au niveau de complexes enzymatiques appelés cellulose synthétases, localisés dans la membrane plasmique. Sur la face hyaloplasmique de celle-ci, des microtubules orientent les microfibrilles dans la matrice extracellulaire végétale. VIII. ROLES - La paroi forme le squelette de la cellule (exosquelette), - c’est un régulateur de croissance, - elle assure la perméabilité et l’absorption des solutés, - elle a un rôle antigénique - et un rôle enzymatique. 9