L`Association France Palestine Solidarité (AFPS), groupe de
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L`Association France Palestine Solidarité (AFPS), groupe de
L’Association France Palestine Solidarité (AFPS), groupe de Besançon Phalestine Amitié et le Cinéma Le Victor Hugo Présentent en partenariat une projection du film Inch ‘Allah, de Anaïs Barbeau-Lavalette, suivie d’un débat avec l’AFPS, le mardi 14 mai à 20h au Cinéma Le Victor Hugo (6 rue Gambetta à Besançon) Ce film puissant a été produit par la maison de production à laquelle on doit, entre autres, Incendies marquant ainsi une véritable politique cinématographique de grande qualité. Nominé aux Oscar, le film a reçu le prix du meilleur film de la critique internationale au 63ème festival de Berlin. Synopsis : Dans la clinique de fortune d’un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, Chloé, une jeune obstétricienne québécoise, accompagne les femmes enceintes, sous la supervision de Michaël, un médecin d’origine française. Entre les checkpoints et le Mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent : Rand, une patiente pour laquelle Chloé développe une profonde affection ; Faysal, le frère aîné de Rand, résistant passionné ; Safi, le cadet de la famille, enfant brisé par la guerre qui rêve de voler au-delà des frontières ; et Ava, jeune militaire, voisine de palier de l’appartement de Chloé en Israël. Cette rencontre entraîne Chloé dans une aventure de l'intime comme du territoire. Une aventure où elle perd ses repères, se déracine, chute. Certains voyages bouleversent et transforment. Certains voyagent font voler en éclats toutes certitudes. Pour Chloé, Inch’Allah est de ces voyages-là. Critique : Sage-femme québécoise, Chloé exerce dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Depuis Tel-Aviv, où elle réside, elle passe par un check point pour rejoindre la clinique, au pied du mur de séparation. Elle a des amies de chaque côté : en Israël, Ava est une jeune appelée qui supporte de plus en plus mal son rôle de cerbère en treillis ; en Palestine, Rand, une patiente pleine de fougue qui recommence tous les jours son combat (perdu d'avance) contre la misère et l'oppression. A leur contact, Chloé devient le témoin d'une guerre qui n'est pas la sienne. La force du film, et son honnêteté, est de s'en tenir jusqu'au bout au seul point de vue de l'héroïne. C'est avec elle, à son rythme, que l'on s'enfonce dans le bourbier ; que l'on découvre les files d'attente aux postes de contrôle, puis la décharge fangeuse où les enfants du camp ramassent ce qui peut l'être. Ce regard d'étrangère, la Canadienne Anaïs Barbeau-Lavalette l'assume pour mieux en souligner l'impossible neutralité. Rentrer du boulot comme si de rien n'était, les chaussures rouges encore du sang d'un gamin écrasé, le jour même, par un char ? Au diable le politiquement correct : plutôt que de renvoyer prudemment les belligérants dos à dos, la cinéaste se collette avec la violence de l'occupation. Voir cette séquence d'une brutalité inouïe, où le frère de Rand, en larmes, tente l'impossible — y compris la connivence footballistique — pour amadouer le jeune soldat refusant l'accès de l'hôpital à sa soeur qui accouche. A mesure que Chloé s'effondre de l'intérieur, l'atmosphère autour d'elle devient irrespirable. Insidieusement, telle une fièvre mortifère, la guerre gagne du terrain, colonise les esprits jusqu'à les aliéner, dévastant au passage certitudes et bonnes intentions. Caméra à l'épaule, images fragmentées, plans serrés sur les visages terribles de la marmaille des camps. On ne peut plus fermer les yeux, nous voilà nous aussi pris dans l'étau, témoins impuissants d'une accumulation de souffrances. Ce tragique engrenage poussera un personnage à commettre l'injustifiable. Mais, au coeur même de sa noirceur, Inch'Allah porte cependant un espoir : que des hommes, par leurs décisions, évitent un jour à d'autres de pactiser avec le diable quand ils croient accomplir « la volonté de Dieu ». — Mathilde Blottière