ACADEMIE DES SCIENCES D`OUTRE

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ACADEMIE DES SCIENCES D`OUTRE
ACADEMIE DES SCIENCES D'OUTRE-MER
INSTALLATION DE MARC AICARDI DE SAINT-PAUL
par
Denis Fadda
Président
le 15 juin 2012
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Monsieur l'Ambassadeur du Burkina Faso
Mes chères consoeurs, mes chers confrères,
Mesdames, Messieurs,
Cher confrère, cher Marc,
Des études d'anglais jusqu'à la Maîtrise, un D.E.A. d'Etudes politiques, des
études de philosophie poussées jusqu'au doctorat, des études de droit qui aboutissent
aussi au doctorat d'Etat ; tous diplômes et grades obtenus dans les meilleures
conditions.
Après ces études, vous étiez armé pour la vie et le temps était venu de rejoindre
les affaires familiales, comme on vous l'avait commandé. Vous ne le ferez pourtant
que plus tard, et partiellement.
Pour l'instant, il n'en est pas question. Muni de vos diplômes et doté de votre
jeunesse, vous décidez de voyager et, pour ce faire, qu'y a-t-il de mieux que d'obtenir
une bourse ? On vous en accordera plusieurs ; notamment la bourse Fulbright, qu'il
n'est pas si facile de se voir accorder en cette époque. Vous vous offrez le luxe de vous
en emparer deux fois. On est si confiant dans vos résultats ! Vous fréquentez le Howard
College à Washington, l'Université de Yale, la London Scholl of Economics, vous êtes
lecteur de français à Brighton, assistant à Edimbourg et, bénéficiaire de la dernière
bourse de recherche accordée par le Quai d'Orsay dans les années 70, vous êtes admis à
l'Université de Durban.
C'est que vous avez une vocation, la recherche et l'écriture et une passion, l'Afrique,
l'Afrique sub-saharienne particulièrement.
Et tout va se dérouler de la façon la plus logique. Vous enseignez au Centre des Hautes
Etudes sur l'Afrique et l'Asie Modernes, vous êtes chercheur au Centre d’Etudes et de
Recherches Internationales, le C.E.R.C.I., de la Faculté de Droit et des Sciences
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Economiques de l'Université de Nice, membre du comité de rédaction d’Afrique
contemporaine - vous le resterez pendant 25 ans ! - membre du conseil scientifique de
l’Académie de Géopolitique de Paris, membre du comité éditorial de Géopolitique
africaine, vous collaborez aussi à L'Année internationale ouvrage publié par les
éditions du Seuil, vous dirigez, à La Documentation française, la rédaction de Afrique
du sud – Afrique australe : interdépendance et antagonismes.
Mais, aussi, vous parcourez l'Afrique en tous sens et consacrez à ce continent
un nombre considérable de travaux, d'ouvrages. Dans votre oeuvre, il n'y a pas un titre
qui ne lui soit au moins partiellement consacré. Citons entre autres : L'Afrique entre
marginalisation et mondialisation ; Ségrégation et apartheid : le contexte historique
et idéologique ; De la Haute-Volta au Burkina Faso : tradition et modernité au pays
des hommes intègres ; Le facteur zoulou dans le processus démocratique sud-africain,
dans l'ouvrage collectif consacré à l'Afrique du sud par l'Université Paris I et préfacé
par Nelson Mandela etc.
Vous êtes un Africain ! vous l'êtes d'autant plus que vous êtes né à Tunis d'une
famille installée dans ce pays – un de vos grands pères fut l'un des principaux
directeurs de la Résidence générale. Dans la capitale tunisienne vous avez fréquenté le
fameux lycée Carnot dont sont issus bien des gens illustres.
Vous connaissez le continent comme peu le connaissent, avec une prédilection,
toutefois, pour l'Afrique australe, dont vous êtes un spécialiste reconnu, et le Burkina
Faso pour lequel vous avez une particulière affection. Pendant vingt ans vous
séjournez chaque année deux mois en Afrique australe ; Afrique du Sud, Botswana,
Sud-ouest africain/Namibie, Rhodésie/Zimbabwe, Angola, Lesotho, Swaziland etc.
Vous ne manquez aucune des crises, aucun des bouleversements qui marquent cette
région, vous trouvant même, à de très nombreuses reprises, en première ligne.
Mais vous êtes aussi un spécialiste de politique étrangère et de relations
internationales et un connaisseur éclairé des rapports entre les grandes puissances et les
pays en développement, avec toujours un regard d'Africaniste. Déjà d'ailleurs, votre
thèse de doctorat d'Etat (qui reçut un prix) entamée sous la direction du grand RenéJean Dupuy – le premier titulaire de la chaire de droit international au Collège de
France - portait sur la politique africaine des Etats-Unis.
A partir des années 1990, vous vous concentrez particulièrement sur les
relations entre l'Afrique et les pays asiatiques. Vous vous rendez au Japon, en Chine, en
Malaisie, en Thaïlande, dans les deux Corée, à Taïwan – vous faites même partie de la
délégation du Burkina Faso au sommet Taïwan-Afrique - vous assistez à Tokyo aux
deux premières TICAD, les conférences internationales sur le développement de
l'Afrique dont le Japon a pris l'initiative.Vous publiez à la Documentation française un
ouvrage sur les rapports entre le Japon et l'Afrique, vous écrivez beaucoup sur les
relations entre la Chine et l'Afrique, sur la politique africaine de Taïwan.
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Evidemment, vous êtes sollicité de nombreuses fois pour participer à des
colloques ;vous êtes correspondant, éditorialiste de radios étrangères en français, en
anglais ou en italien, vous êtes membre de la Société des Africanistes, membre de
l’Union de la Presse Francophone, du Monaco Press Club, de l’Association de la
Presse Eurafricaine et, pendant plusieurs années,vice-président de l’Association des
Ecrivains de langue française (l'A.D.E.L.F.). Dans cette époque, en 1999, malgré tout,
vous trouvez le temps d'être auditeur de l’Institut des Hautes Etudes de Défense
Nationale, l' I.H.E.D.N.
Tout au long de ces années, vous êtes amené à approcher plusieurs chefs d'Etat,
notamment ceux qui en Afrique comptent le plus ; parmi eux, le Président Blaise
Campaoré.
J'ai souligné votre particulière affection pour le Burkina Faso ; le Président
Campaore l'a vite perçu cet attachement que vous avez pour son pays, au point qu'il
vous a proposé de devenir Consul du Burkina Faso pour la Côte d'Azur et la Corse. En
poste à Nice, vous l'êtes effectivement depuis huit ans. C'est une grande réussite ; vous
avez insufflé un dynamisme remarquable, coordonnant les actions de plus de 180
associations qui oeuvrent au Burkina Faso et organisant chaque année un festival qui a
un incontestable succès.
Vos pairs n'ont pas tardé à remarquer vos talents puisque après vous avoir
désigné comme vice-président national de l’Union des consuls honoraires en France et
représentant de l’Union auprès de la Fédération des unions des consuls d’Europe, ils
vous ont récemment choisi comme président.
Quelle vie intense ! Il est certain que votre enfance tunisienne a joué un rôle
déterminant ; elle vous a aidé à approcher les réalités avec des vues larges, elle vous a
ouvert sur le monde. Votre famille, constituée surtout de médecins et de juristes, et qui
a une position importante y est pour quelque chose ; les terrains de football aussi. Mais
votre goût pour la réflexion abordée sous le grand angle de la philosophie a aussi joué
son rôle.
Ce qui domine chez vous c'est l'ouverture d'esprit, une pensée élargie à la
lumière de l'universalité, une soif de connaître, de découvrir. Vous qui êtes un ardent
défenseur de la Francophonie, vous apprendrez la langue anglaise pour pouvoir entrer
en contact avec un plus grand nombre d'êtres humains ;vous voyagerez tant pour aller
les rencontrer qu'on a un peu l'impression que la terre ne vous suffit pas. Votre curiosité
intellectuelle est telle que vous prendrez souvent bien des risques pour aller chercher
l'information.
Ainsi vous portez sur le monde de multiples regards, un regard anthropologique,
un regard politique, un regard économique, d'autres encore, que vous pouvez croiser
sur les réalités humaines ; ceci fait que vous avez bien souvent un temps d'avance sur
les problématiques de votre époque.
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Il faut dire que cette façon de percevoir les choses est, en quelque sorte, facilitée
par le fait que vous avez toujours veillé à rester un homme indépendant, indépendant
de tout et de tous ; vous êtes un homme libre, le seul maître de votre vie, après Dieu
tout de même...
Tout ceci fait de vous une personnalité précieuse pour notre Académie.
Encore que le survol de votre carrière l'ait déjà laissé deviner, je n'aurai pas tout
dit de vous tant que je n'aurai pas révélé que, comme Paul Morand, lui aussi diplomate,
vous êtes un homme pressé, un homme qui aime la vitesse ; vous êtes un passionné de
voitures et un amateur de voitures anciennes rapides. Vous partagez cette passion avec
l'un des mes maîtres, qui fut aussi un ami, René de Lacharrière, mais vous n'êtes tout
de même pas allé aussi loin que lui dans votre passion, tout au moins je ne le crois pas.
Il avait proposé comme sujet de mémoire de science politique à l'un de ses étudiants,
« La calandre ».
Cher confrère, cher Marc, vous êtes maintenant pleinement parmi nous,
installé ; vous avez peut-être perçu dans mon propos que j'ai été heureux de procéder à
cette installation. Aussi est-ce avec beaucoup de plaisir que je vous laisse prononcer
l'éloge de votre prédécesseur.
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