Point de presse du 17 juillet 2012

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Point de presse du 17 juillet 2012
Point de presse du 17 juillet 2012
1 - Journées du réseau culturel et de coopération
Vous savez que hier et aujourd'hui, au centre des conventions ministériel de la rue de la Convention, se sont tenues ce
que nous appelons les journées du réseau, c'est-à-dire la réunion annuelle de tous nos conseillers de coopération
culturelle et technique dans le monde entier. Ce soir à 18h00, M. Laurent Fabius recevra tous ces agents à l'occasion
de la fin de leurs travaux. Vous y êtes évidemment conviés.
(fin de l'article)
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2 - Déclaration de M. Laurent Fabius : Journée de la justice pénale internationale - Dixième
anniversaire de la cour pénale internationale (CPI) - Visite à Paris de Mme Fatou Bensouda, procureur
de la CPI
Aujourd'hui 17 juillet, nous célébrons la Journée de la justice pénale internationale en même temps que le dixième
anniversaire de la Cour pénale internationale (CPI). Le Statut de Rome instituant la Cour, signé le 17 juillet 1998, est
entré en vigueur le 1er juillet 2002 après que 60 États, dont la France parmi les premiers, l'ont ratifié. Dix ans plus
tard, après la ratification du Statut de Rome en avril dernier par le Guatemala, 121 États sont Parties au Statut et la
Cour est pleinement opérationnelle.
La France a activement contribué à la création de la CPI et continuera d'agir pour promouvoir l'universalisation de la
Cour et pour faciliter l'accomplissement de ses missions.
J'aurai le plaisir et l'honneur de recevoir la nouvelle procureure de la CPI, Mme Fatou Bensouda, lors de sa visite à
Paris le 19 juillet. Elle sera également reçue par la ministre de la Justice, Garde des Sceaux, et la ministre des Droits
des femmes. Cette visite sera l'occasion de marquer le soutien de la France à la Cour pénale internationale et au rôle
du Procureur.
L'installation de la CPI sur la scène internationale constitue un progrès historique pour les peuples du monde entier.
Désormais, une juridiction permanente est chargée d'assurer au niveau mondial que les crimes contre l'Humanité, les
crimes de génocide et les crimes de guerre ne resteront pas impunis. Jusqu'à présent, la CPI a conduit sept enquêtes,
a délivré une vingtaine de mandats d'arrêt et vient de rendre son premier verdict dans l'une des quinze affaires dont
elle est saisie, condamnant l'ancien chef de milice congolais Thomas Lubanga Dyilo à 14 ans de prison.
La Cour doit encore faire face à de nombreux défis afin d'améliorer son action, notamment la réduction de ses délais
de jugement, l'amélioration de son fonctionnement, le développement de la coopération des États. Pour tous ces
chantiers dont dépend l'efficacité de la lutte contre l'impunité et la défense des droits des victimes, je dirai à Mme
Bensouda que la CPI pourra compter sur le plein soutien de la France
(fin de l'article)
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3 - États-Unis - Condamnation à mort de M. Warren Hill
La France exprime sa préoccupation concernant la situation de M. Warren Hill, citoyen américain atteint de troubles
mentaux, condamné à mort en 1991 dans l'État de Géorgie et dont l'exécution est prévue demain, mercredi 18 juillet
prochain. Nous espérons qu'une issue favorable sera trouvée pour éviter l'exécution.
La France appelle tous les États continuant d'appliquer la peine de mort à respecter les garanties internationales pour
la protection des droits des personnes passibles de la peine de mort, comme le principe de non-application de la
peine capitale aux mineurs, aux femmes enceintes et aux personnes souffrant de troubles mentaux, conformément à la
résolution 1984/50 du Conseil économique et social des Nations unies.
La France rappelle son engagement constant en faveur de l'abolition de la peine de mort, quels que soient les lieux et
les circonstances. Elle réitère son appel solennel à un moratoire universel, comme première étape vers l'abolition
définitive de la peine de mort.
(fin de l'article)
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4 - Gaza : Exécution de trois Palestiniens
La France condamne l'exécution de trois citoyens palestiniens accusés de meurtre, mardi 17 juillet à Gaza.
Cette nouvelle exécution porte à quatorze le nombre de prisonniers exécutés à Gaza depuis juin 2007, en violation des
dispositions pertinentes du droit de l'Autorité palestinienne.
La France réaffirme son opposition déterminée et constante au recours à la peine de mort. Elle appelle à une
suspension des exécutions à Gaza.
(fin de l'article)
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5 - Somalie : Assassinat de M. Mohamed Abdinur Garweyne, député et ancien ministre du Commerce du
gouvernement fédéral de transition
La France condamne avec la plus grande fermeté l'assassinat, le 16 juillet à Mogadiscio, de M. Mohamed Abdinur
Garweyne, député somalien et ancien ministre du commerce du gouvernement fédéral de transition somalien.
L'explosion de la voiture dans laquelle il se trouvait a également blessé au moins six civils.
La France présente ses condoléances à sa famille ainsi qu'à ses proches et souhaite un rapide rétablissement aux civils
blessés dans l'attentat.
Alors que la Somalie vit une période cruciale pour son avenir après plus de vingt ans de conflit, il est intolérable que
ceux qui s'opposent au processus politique en cours tentent de le faire dérailler en procédant à des attaques lâches et
barbares.
À près d'un mois de la fin de la période de transition, le 20 août prochain, la France appelle les autorités somaliennes
à maintenir leurs efforts, malgré les risques, pour que de nouvelles institutions, représentatives et légitimes aux yeux
du peuple somalien, voient le jour.
(fin de l'article)
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6 - Union européenne /Niger : Lancement de la mission «EUCAP Sahel Niger»
La France salue l'annonce par le Conseil de l'Union européenne hier du lancement au 1er août 2012, dans le cadre de
la stratégie de l'Union européenne pour le développement et la sécurité au Sahel, de la mission Politique de sécurité
et de Défense commune «EUCAP Sahel Niger».
Cette mission vise à la formation et au conseil des forces de sécurité intérieure du Niger, en lien avec les forces
armées du pays, dans le but d'aider les autorités nigériennes dans la lutte qu'elles ont entreprise contre le terrorisme
et le crime organisé, qui constituent une grave menace pour toute la zone sahélo-saharienne.
Grâce à des éléments de liaison de la mission présents à Bamako et Nouakchott, cette mission contribuera à renforcer
la coordination régionale avec le Mali et la Mauritanie en matière de sécurité.
Ce type de mission de renforcement des capacités des forces de sécurité et de défense a vocation à être proposée aux
autres États de la région.
La France appuiera cette mission, qui doit constituer un élément essentiel et stratégique pour la stabilisation de la
région, en particulier dans le contexte de dégradation de la situation sécuritaire au Mali.
(fin de l'article)
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7 - 19ème Sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, (9-16 juillet)
Le 19ème Sommet de l'Union africaine, qui s'est tenu à Addis Abeba du 9 au 16 juillet 2012, a abouti à des décisions
importantes.
Je vous rappelle tout d'abord ma déclaration d'hier sur l'élection de Mme Dlamini Zuma à la présidence de la
Commission de l'Union africaine. La France félicite chaleureusement Mme Dlamini-Zuma pour son élection au terme
d'une compétition qui a traduit tout l'enjeu que l'Union africaine représente pour ses États membres. Nous lui
adressons tous nos voeux de réussite.
La France félicite également chaleureusement l'ensemble des membres de la Commission de l'Union Africaine élus hier.
Depuis le premier sommet des chefs d'État et de gouvernement à Durban il y a dix ans, l'Union Africaine a connu des
développements remarquables, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité. La France est attachée à une
Afrique forte qui fasse entendre toute sa voix dans les instances internationales. Nous adressons tous nos voeux de
réussite à l'équipe désormais en place pour qu'elle mène l'Union africaine dans la poursuite de ses projets et le
renforcement de son unité.
Au-delà de l'élection de la nouvelle Commission, ce Sommet de l'Union africaine a été marqué par plusieurs
événements majeurs :
1. Concernant le Mali, l'ampleur de la crise s'accompagne d'une mobilisation accrue de l'UA et de ses États-membres,
en particulier le Tchad, qui a exprimé sa solidarité avec le Mali.
Nous saluons en particulier l'appel à la mise en place d'une commission internationale d'enquête sur l'agression contre
le président Traoré, ainsi que l'exigence de formation d'un gouvernement d'union nationale avant le 31 juillet, qui
vont dans le sens de la consolidation des institutions. Celle-ci est un préalable à toute action de stabilisation et de
rétablissement de l'unité et de l'intégrité territoriale maliennes.
Le dialogue avec les groupes disposés à négocier au Nord doit être entrepris en parallèle des efforts de reconstruction
de l'armée malienne. Il ne faut pas opposer dialogue et action militaire, mais les mener de front.
Nous saluons le processus d'élaboration d'un concept stratégique par l'Union africaine et la CEDEAO et souhaitons qu'il
soit élaboré en très étroite concertation avec les autorités maliennes.
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2. S'agissant du Soudan et du Soudan du Sud, la France salue la rencontre entre les président Kiir et Béchir en marge
du Sommet. Elle les appelle à faire preuve de responsabilité pour conduire leurs pays sur la voie de la paix et du
développement mutuel en parvenant à un accord global au plus vite.
La France encourage les deux pays à tirer pleinement partie du nouvel esprit de dialogue qui les anime dans le cadre
de la négociation menée sous les auspices du panel de haut niveau de l'Union africaine pour mettre en oeuvre dans
son intégralité la résolution 2046 du Conseil de sécurité. Seul le règlement définitif du différend qui les oppose
permettra aux deux États de sortir de la crise économique à laquelle ils font face actuellement.
3. Suite à la rencontre entre les présidents Kabila et Kagame, la France salue la reprise du dialogue au plus haut
niveau entre la République démocratique du Congo et le Rwanda à l'occasion de ce Sommet.
La réunion de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) du 15 juillet, en marge du Sommet, a
abouti à une déclaration encourageante.
Toutes les initiatives pour faire cesser les combats et contrôler la frontière entre la République démocratique du Congo
et le Rwanda sont les bienvenues. Dans l'intervalle la France exprime à nouveau sa volonté de voir cesser tout soutien
extérieur aux groupes armés en RDC.
Nous resterons attentifs la mise en oeuvre de ces propositions, dans un cadre qui reste encore à définir.
Nous encourageons toutes les initiatives bilatérales ou régionales pour trouver une issue favorable au conflit dans les
Kivus.
4. Enfin, pour la première fois depuis 1995, le Président égyptien a participé au Sommet. C'est un symbole fort et la
France se réjouit que l'Égypte fasse ainsi la preuve de sa volonté de s'impliquer sur le continent africain et de
participer à l'unification du continent.
(fin de l'article)
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8 - Syrie
Q - Ce matin il a été rapporté un affrontement au coeur de Damas. Je crois que les Français sont bien informés et je
constate une certaine timidité de la part des Français, je comprends la timidité des Américains en raison des élections
mais les Français peuvent jouer un rôle plus positif et plus avancé surtout dans le monde arabe de maintenant.
R - Je note le côté un peu provocateur de votre question. Vous voulez me faire réagir, je vais réagir. Vous parlez de
timidité. Quand Laurent Fabius est allé à Genève pour négocier l'accord de Genève qui a été signé par tout le monde à
Genève, je ne vois pas beaucoup de traces de timidité là-dedans. Quand nous avons accueilli à Paris plus d'une
centaine de délégations des Amis du peuple syrien, je crois que cela reflétait aussi un engagement très fort de la
France et je pense en particulier à ce qu'a dit le président de la République à l'ouverture de cette conférence et je
pense également à la conférence de presse qu'avait faite M. Fabius à la fin de la conférence et à la déclaration finale
de cette conférence. Tout cela reflète une mobilisation constante à très haut niveau de la France et ne laisse guère de
place à la timidité.
Je voudrais redire combien nous sommes engagés dans des discussions au Conseil de sécurité précisément pour faire
adopter le projet de résolution que nous avons mis sur la table avec nos partenaires, une résolution destinée à placer
sous chapitre VII le plan Annan.
Les discussions très délicates se poursuivent en vue de l'adoption de notre projet de résolution. Tous nos efforts sont
concentrés sur celui-ci.
Non seulement à New York, mais M. Fabius est particulièrement engagé lui aussi pour que cela progresse. Je signale
qu'il doit s'entretenir aujourd'hui par téléphone avec M. Kofi Annan justement pour parler de ce qui est en train de se
négocier pied à pied à New York.
La priorité va aujourd'hui à un soutien clair et concret à l'action de M. Kofi Annan, et c'est l'objet de notre texte qui,
en donnant toute la force du chapitre VII au plan en six points et au communiqué de Genève, entend garantir leur
mise en oeuvre.
Nous sommes donc plus engagés que jamais dans la négociation qui se déroule actuellement à New York.
D'autre part, et vous l'avez fait observer, les violences non seulement se poursuivent mais s'intensifient. Elles
s'intensifient sur le plan géographique puisque maintenant, des affrontements ont lieu effectivement à Damas et elles
s'intensifient aussi parce que du côté de M. Bachar Al-Assad, on continue à massacrer la population de la Syrie. J'en
veux pour preuve encore le bilan des victimes des violences menées par le régime de Damas hier en Syrie qui dépasse
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très probablement, et c'est à craindre en tout cas, les 150 victimes qui elles-mêmes viennent s'ajouter à tous ceux qui
ont perdu la vie pendant le week-end, qui eux-mêmes suivaient le massacre de Tremsa, etc.
Donc nous sommes plus mobilisés que jamais, plus engagés que jamais, en faveur de l'adoption de ce projet de
résolution. Notre détermination est totale parce qu'il nous semble de la plus grande urgence aujourd'hui de tout
mettre en oeuvre pour faire cesser la violence et pour engager le processus de transition politique.
Nous sommes également préoccupés dans ce cadre-là par des informations faisant état de mouvements d'armes
chimiques par les forces de sécurité du régime de Damas. Lorsque l'on sait ce qui s'est passé dans l'histoire de la Syrie
il y a quelques dizaines d'années, il est évident que nous cherchons à vérifier la réalité de ces informations parce que
cela est évidemment très préoccupant.
Q - Peut-on dire que la démarche diplomatique consiste à placer le plan Annan sous chapitre VII ?
R - C'est tout à fait cela.
Q - Les poupées russes que l'on est obligé de manier.
R - Les poupées russes, ça me paraît être une référence tout à fait à l'ordre du jour. C'est ce que l'Envoyé spécial
conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe a expressément demandé. Il a demandé que l'on donne de la force à
son plan pour pouvoir le mettre en oeuvre. Il a également averti des conséquences que cela pourrait avoir si ce plan
ne pouvait pas être mis en oeuvre.
C'est tout à fait ce à quoi vise le texte de la résolution qui est actuellement en cours de discussion à New York.
Q - Est-ce que l'on considère que les manoeuvres navales russes sur Tartus restent dans le domaine du raisonnable,
qu'il n'y a pas là de provocation caractérisée. On ne l'a pas pris comme tel donc j'imagine que c'est quelque chose avec
lequel on n'a pas de reproche majeur. Le quidam qui regarde pense qu'ils sont en train de se renforcer.
R - Je crois que la question que l'on peut se poser, c'est de savoir si ces bateaux sont de nature à apporter ou pas une
solution au problème. Je crois que la réponse est assez évidente. Compte-tenu de ce qui se passe, de cette succession
quotidienne de violence et de massacres en Syrie, il est important que chacun prenne ses responsabilités.
Q - Comme des pays comme la Russie et la Chine vont utiliser leur droit de veto, la situation va donc continuer comme
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cela.
R - C'est la raison pour laquelle je dis que les discussions qui sont en cours à New York sont délicates et que nous
sommes entièrement mobilisés actuellement pour faire progresser les choses dans la direction qu'exige la dégradation
dramatique de la situation sur le terrain en Syrie.
Q - S'il n'y a pas veto et si la résolution est adoptée, comment cela peut aider à cesser, à stopper la violence ? Y-a-t-il
une garantie que les rebelles vont...
R - Je suis très tenté de sortir mon joker parce qu'avec les si, évidemment cela peut nous mener très loin. En tout cas,
on se place sur le terrain des hypothèses. Notre réalité, c'est de tout mettre en oeuvre au plan diplomatique bien sûr
pour que cette résolution soit adoptée conformément à ce qu'exige la situation et conformément à ce qu'a
recommandé et demandé explicitement M. Kofi Annan. Et donc, cela montre que si elle est adoptée, cela permettra
d'exercer une pression renforcée, accrue sur le régime de Damas parce que là, les sanctions seraient obligatoires,
s'imposeraient à tous ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
D'autre part, cela renforcerait évidemment considérablement et c'est ce que demande Kofi Annan la position de
l'Envoyé spécial. Quant à son plan, on le redit inlassablement, tout est dans son plan et son plan, cela fait des mois
qu'il est sur la table, qui a été avalisé par tout le monde à Genève, y compris les Russes.
Q - Les Russes viennent de parler d'une réunion prochaine du groupe d'action pour la Syrie. Est-ce que vous êtes
d'accord pour assister à cela ? À quel niveau ?
R - Notre priorité aujourd'hui c'est de faire avancer les choses au Conseil de sécurité. C'est là que les choses sérieuses
se passent ou peuvent se passer. En tout cas, nous nous sommes mobilisés là-dessus. Alors après on peut parler de
telle réunion, de telle autre réunion. Dans combien de temps ? Dans une semaine ? Dans quinze jours ? Il y aura
combien de morts encore d'ici là en Syrie ?
Pour l'instant, on prend note de cette proposition, c'est très bien mais cela ne doit pas nous faire oublier que la
priorité aujourd'hui c'est la négociation qui est engagée depuis déjà plusieurs jours, qui se poursuit à New York.
Q - Est-ce que la France a conseillé aux opposants syriens de nommer quelqu'un pour négocier avec Kofi Annan ?
R - Le langage que nous avons et que nous ne cessons de tenir aux opposants syriens, et cela a été encore illustré à la
conférence de Paris il y a 15 jours, c'était surtout un langage consistant à dire «poursuivez activement, plus
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activement que jamais, votre travail d'unification autour d'une plate-forme politique sur laquelle chacun,
indépendamment de ses sensibilités, indépendamment du fait qu'il soit de l'intérieur, de l'extérieur, puisse se
retrouver». C'est cela qui est important actuellement.
Dans la conférence de presse que notre ministre a faite hier à Alger, je le cite : «outre le nombre de morts dramatique,
17.000 déjà, il y a un risque extrêmement grave à savoir que de plus en plus ces conflits - il parle des affrontements
en Syrie - deviennent une guerre confessionnelle».
Et cela, c'est extrêmement grave parce que partir du moment où l'affrontement devient une guerre, il est très difficile
d'arrêter ce type de conflit d'autant plus que comme vous savez ce conflit a des conséquences sur le pays voisin.
Donc premier aspect sur lequel je voudrais insister c'est le risque de guerre confessionnelle que l'on aura du mal à
arrêter.
Deuxième élément que je voudrais souligner, dans tous nos efforts nous cherchons une transition politique, nous
cherchons à préserver l'intégrité de la Syrie est un grand pays.
Si le régime de Bachar Al-Assad est appelé à être remplacé, il faudra que toutes les communautés soient respectées.
Q - Inaudible
R - Bien sûr. Et il faudrait peut-être aussi que tout le monde y réponde dans la région. Et les intéressés eux-mêmes.
Les Syriens eux-mêmes. Les acteurs actuellement, ce sont souvent les victimes, ce sont les survivants eux-mêmes, et
je crois qu'il faudrait qu'ils prennent conscience de leurs responsabilités à chacun, responsabilités individuelles,
responsabilités collectives par rapport à ce moment de l'histoire de leur pays, dans lequel ils se trouvent et dans
lequel ils ont à agir. Donc c'est pour ça que notre message, c'est précisément de dire aux uns, aux autres, unissez-vous
sur une plateforme sur laquelle vous vous retrouvez et à partir de laquelle vous pourrez contribuer à ce processus de
transition politique qui est prévu par le plan de Kofi Annan, par Genève, et réaffirmé à la conférence de Paris.
Q - On a évoqué des armes chimiques, alors là, on est clairement dans un cas de crime contre l'humanité ?
R - J'ai bien dit «information faisant état de mouvements d'armes chimiques» que nous cherchons à vérifier parce que
c'est un sujet évidemment d'une extrême importance. Nous sommes préoccupés par ces informations que nous
cherchons à vérifier.
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Q - Concernant les armes chimiques en Syrie, pouvez-vous en dire un peu plus par rapport à vos préoccupations ?
R - Nous recevons avec préoccupations des informations faisant état de mouvements d'armes chimiques. À ma
connaissance, le dernier élément en date est les déclarations de l'ancien ambassadeur de Syrie en Irak qui a fait
défection. Il y a des informations ou des rumeurs qui circulent sur le sujet et il est évident que cela est préoccupant.
C'est la raison pour laquelle nous suivons cela avec beaucoup d'intérêt et nous cherchons à vérifier la réalité de ces
informations.
Q - Il y a la voie de la CPI et il y a la voie du chapitre VII. Ce sont deux choses différentes mais les deux devront
passer par le Conseil de sécurité. Donc ce sont les mêmes personnes qui vont voir arriver les deux dossiers puisque le
gouvernement syrien ne pas s'autosaisir. Est-ce que ça avance ou cela reste sur une autre temporalité ?
R - Non, je crois que la lutte contre l'impunité et en particulier contre l'impunité de ceux qui sont actuellement en
train de commettre crime sur crime, jour après jour en Syrie, reste évidemment dramatiquement et toujours
d'actualité, cela fera évidemment partie des conséquences qu'il faudra tirer le moment venu de tous ce qui s'est passé
depuis 17 mois en Syrie. Mais je le redis, pour nous, la priorité aujourd'hui c'est de faire avancer les choses New York
sur le projet de résolution sur lequel nous travaillons.
Q - Est-ce que la France a des contacts directs avec ce qu'on appelle l'armée libre syrienne ou seulement des contacts
avec les politiciens qui sont à l'extérieur ?
R - Je l'ai toujours dit ici, nous avons des contacts avec tout le monde, partout et tout le temps.
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9 - Algérie
Q - Suite aux déclarations du ministre hier à Alger sur le Sahara, est ce que la France soutient toujours le plan
d'autonomie proposé par la Maroc pour sortir de la crise autour de la question du Sahara ?
R - Je reprends ce que le ministre a dit en conférence de presse hier à Alger : «Nous avons abordé effectivement ce
problème du Sahara occidental et j'ai eu l'occasion de dire à nos amis Algériens que notre position est celle qui était
défendue par les Nations unies. J'ai ajouté et je le fais volontiers devant vous que nous sommes favorables à tout ce
qui peut rapprocher l'Algérie et le Maroc et j'ajouterai, avec beaucoup de plaisir, le fait qu'aussi bien mon collègue des
Affaires étrangères, que le président Bouteflika a insisté sur le fait que tout ce qui pouvait être accompli pour
rapprocher ces deux pays, qui sont nos amis, étaient positifs. Et si la France peut, d'une manière ou d'une autre, y
aider, nous le ferons très volontiers. Nous nous plaçons dans le cadre de la légalité internationale, telle qu'elle est
définie par les Nations unies et c'est cette position-là qui sera celle de la France. Et j'ai ajouté parce que je pense qu'il
est important, qu'en octobre nous souhaitons que tout ce qui peut permettre l'amélioration des relations entre le
Maroc et l'Algérie soit suivi, parce que je pense que notre intérêt à tous est qu'il y ait une proximité de plus en plus
grande entre les deux pays.»
Q - Comme nous en sommes au bilan de la visite de M. Fabius en Algérie, puis-je vous demander si les positions
françaises et algériennes sur la manière d'intervenir au Mali se sont rapprochées ? y a-t-il eu un compromis entre les
deux positions sachant que la France est pour une intervention militaire alors que l'Algérie est toujours pour des
négociations qui ne soient pas officielles ou plus ou moins secrètes ?
R - De manière générale, cette visite de M. Fabius est une visite importante car elle intervient dans une séquence
essentielle de la relation franco-algérienne et aussi parce qu'elle se place dans la perspective de la visite que le
président de la République doit effectuer en Algérie dans les mois à venir.
S'agissant de la question sur le Sahel, il en a été effectivement question.
Q - Mais les avis divergent ?
R - Justement, c'est ce que M. Fabius s'est employé à dissiper, non pas la divergence des positions mais la lecture que
l'on peut en faire. Je le cite une nouvelle fois :
«Je voudrais, en pensant à quelques commentaires que l'ai lu dans la presse ou à la télévision, ou à la radio, je
voudrais dissiper l'analyse un peu rapide et à vrai dire un peu erronée que l'ai lue ou entendue qui porte en particulier
sur le Mali et le Sahel. Je vois, comme mon homologue d'ailleurs, le ministre des Affaires étrangères algérien, une
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caricature tout à fait erronée des positions françaises et algériennes, comme si nos positions étaient non seulement
différentes mais contradictoires. Ce n'est pas du tout la réalité. À la fois, les Algériens et les Français savent bien qu'il
y a des progrès de nature politique à effectuer en particulier au sud Mali si nous voulons avoir un gouvernement qui a
une base constitutionnelle, si nous voulons avoir un rapprochement entre la population du nord et celle du sud autour
de l'intégrité du mali. Nous avons, nous les intéressés un travail politique à faire bien évidemment. Nous sommes
pleinement d'accord que ce soient les algériens, les Français ou les Africains d'une façon générale. En même temps,
nous sommes aussi d'accord pour dire qu'il y a un mouvement terroriste au nord qui est extrêmement dangereux et
que, le moment venu, il faudra traiter ce mouvement terroriste par les moyens qui conviennent.
Je vous le redis, il n'y a pas de divergence voire d'opposition entre une analyse qui serait celle des Algériens et la
nôtre qui serait celle des Français, comme si les uns était d'un les uns évangélisme favorable à une solution purement
politique et les autres, avec je ne sais quel esprit belliciste, hostile à une solution politique et favorable à une
solution militaire.
Pas du tout, il y a des problèmes politiques à traiter de manière politique et il y a des problèmes terroristes à traiter
de la manière qui convient.»
M. Fabius en a parlé avec M. Medelci et avec M. Bouteflika, il s'est exprimé publiquement en disant qu'il voulait
dissiper les commentaires hâtifs, erronés, superficiels, parfois malveillants que l'on peut lire sur le sujet s'agissant des
positions françaises et algériennes respectives sur cette question.
De plus, au Mali, il y a deux types de problèmes, comme je l'ai dit tout à l'heure, les problèmes politiques que l'on
traite de manière politique et les problèmes de lutte anti-terroristes que l'on traite de la manière appropriée.
Q - Et quels sont les problèmes politiques ?
R - Je peux refaire encore un dégagement sur le Mali mais je vous recommande de relire le point de presse de vendredi
où nous avons passé en revue tous les problèmes qui concernent le Mali. Face à cela, nous avons vu quelles étaient les
solutions sur lesquelles la France était mobilisée.
Il faut consolider la situation au sud du Mali, rien ne peut être envisageable au nord tant que l'on n'a pas consolidé
les choses au sud. C'est la priorité, travailler sur le sud du Mali pour remettre la situation sur le terrain de la légalité
constitutionnelle, sur le terrain de la normalité constitutionnelle. C'est par là qu'il faut commencer et c'est là que le
Sommet de l'Union africaine a pris des décisions importantes.
Par ailleurs, lorsque l'on regarde le nord du Mali, il y a d'abord un problème humanitaire et alimentaire grave, très
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grave, et qui va au-delà des frontières du Mali. Il y a ensuite un problème de revendication de la communauté touareg
et la France dit que ce problème doit se résoudre par le dialogue par la négociation de manière à ce que des réponses
puissent être apportées aux attentes de la population touareg. Il aurait fallu le faire depuis longtemps. Ces
revendications touarègues doivent être satisfaites par le dialogue et par la négociation. Enfin, lorsque l'on regarde le
nord, il y a le problème terroriste. S'agissant du risque terroriste dans cette région nous agissons pour plus de
coopération entre les États de la région, plus d'engagements européens pour aider les États de la région et une action
déterminée pour lutter contre ces mouvements terroristes qui sont en train de s'installer dans cette région. Ceci passe
d'abord naturellement par la réintégration et la récupération de l'intégrité territoriale du Mali, ceci est un point qui
est très important. Et, ensuite, on décline les autres composantes.
Donc, je vous le redis, revoyez ce que M. Fabius a dit en conférence de presse hier sur un sujet important et sur lequel
il n'y a pas, contrairement à ce que l'on peut dire, d'opposition manifeste entre la France et l'Algérie, mais, en
revanche, oui, une préoccupation commune sur la détérioration de la situation sécuritaire dans cette région du Sahel.
Q - Sur la visite du ministre en Algérie. La diplomatie française a jamais considéré l'activation du chapitre VII sur le
Nord du Mali ?
R - Je vous rappelle que la diplomatie française a été toujours particulièrement engagée, particulièrement active
s'agissant de la situation au Mali. Et nous avons beaucoup travaillé avec tous nos partenaires du Conseil de sécurité.
Cela montre qu'il y a des sujets - il est dommage que ce ne soit pas la totalité d'entre eux - mais il y a des sujets sur
lesquels tout le monde peut s'accorder pour le bien de la paix et de la sécurité au Conseil de sécurité lorsque nous
avons adopté, il y a de cela quinze jours, la résolution du Conseil de sécurité sur le Mali.
C'est une résolution qui a plusieurs avantages : le premier est qu'elle a été adoptée par le Conseil de sécurité, ce qui
en soit - et quand on voit ce qui se passe sur la Syrie - est un progrès. Elle offre un accord global, politique pour
aborder précisément tous les problèmes qui assaillent le Mali et dont je disais tout à l'heure combien ils étaient
multiples et différents dans leur nature.
Avec cette résolution, nous avons donc les moyens, et les Maliens ont un moyen, et les Africains - dont je rappelle
que c'est à leur demande que nous avons adopté cette résolution, je pense à l'Union africaine, je pense à la CEDEAO ont le moyen maintenant, dans le cadre de cette légalité internationale créée par cette résolution du Conseil de
sécurité, de contribuer, eux Africains, à la solution d'un problème africain, premièrement. Les Maliens y ont, avec
cette résolution, un outil pour résoudre leurs propres problèmes, et nous les avons aidés, nous les avons appuyés dans
cette démarche. Et, en particulier, nous avons beaucoup travaillé au Conseil de sécurité pour l'adoption de cette
résolution.
Maintenant, il faut la mettre en oeuvre et c'est pourquoi, nous avons salué les décisions qui ont été prises par les
Africains sur le Mali au Sommet de l'Union africaine qui vient de se tenir dans la capitale éthiopienne.
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10 - UNESCO
Q - Aujourd'hui, à l'UNESCO, un prix va être délivré, le Prix UNESCO-Guinée équatoriale pour la Recherche en Sciences
de la Vie. La France boycotte la remise de ce prix. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
R - Bien sûr. Je voudrais d'abord rappeler que la remise de ce prix relève de la responsabilité de l'UNESCO en premier
lieu. Deuxièmement, la France, traditionnellement, considère que ces prix, comme celui sur lequel vous m'interrogez,
doivent viser à refléter les valeurs et en particulier les valeurs universelles que porte l'UNESCO, que promeut l'UNESCO,
ce qui ne nous a pas semblé du tout être le cas s'agissant du prix dont on parle aujourd'hui.
La position de la France a été, depuis un certain temps, exprimée publiquement auprès des instances concernées de
l'UNESCO et je pense en particulier au conseil exécutif. Au Conseil exécutif, avec certains de nos partenaires
européens, nous avons montré notre désaccord avec cette initiative. Nous avons également indiqué très clairement à
la directrice générale de l'UNESCO quelle était la position française au sujet de ce prix, en désaccord parce que ce prix
ne reflète absolument pas, en tout cas c'est notre analyse et notre interprétation, les valeurs universelles dont
l'UNESCO doit assurer la promotion. C'est la raison pour laquelle aujourd'hui, la France à cette cérémonie de remise du
prix à l'UNESCO ne sera pas présente.
Q - Quelles sont ces valeurs justement dont vous parlez ?
R - Ce sont des valeurs de respect, ce sont des valeurs de dignité, ce sont des valeurs de solidarité, ce sont des valeurs
de respect de la personne humaine, de respect du droit, de respect aussi, s'agissant de l'UNESCO de l'importance que
nous attachons également au dialogue culturel, au dialogue de civilisation. Et nous considérons que ce prix, qui a
connu plusieurs avatars en ce qui concerne sa dénomination au cours des derniers mois, ne répond pas de manière
satisfaisante à cette exigence que nous portons, que la France porte et dont nous attendons que l'UNESCO soit
également le porteur.
Q - Donc, qu'est-ce que l'UNESCO devrait faire vis-à-vis de ce prix ?
R - J'ai bien pris soin en début de réponse à votre première question que cela relevait évidemment de la responsabilité
première de l'UNESCO. En ce qui nous concerne, nous, nous avons fait deux choses : la première, c'est que, dans les
instances appropriées de l'UNESCO, nous avons marqué depuis longtemps quelle était notre position sur ce sujet ; et,
d'autre part, aujourd'hui, jour de la remise de ce prix, nous ne serons pas présents à la cérémonie.
(fin de l'article)
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11 - Condamnation à mort de l'assassin de cinq soldats français
Q - Vous avez parlé de la condamnation de la France en matière de peine de mort mais vous n'avez pas évoqué
l'Afghanistan concernant l'homme qui doit être exécuté pour avoir causé la mort de cinq Français ?
La condamnation du soldat afghan Abdul Sabor nous rappelle tout d'abord l'émotion soulevée par la tragédie du mois
de janvier dernier, à l'issue de laquelle la France avait demandé à ce que la lumière soit faite sur les conditions et les
responsabilités de ce tragique épisode. Nous pensons aujourd'hui non seulement à nos soldats mais également à leurs
familles toujours dans le deuil.
Nos soldats sont en Afghanistan pour aider le peuple afghan et son armée dans leur combat pour la liberté et la
démocratie. Il est donc incompréhensible et inacceptable que des soldats de l'armée nationale afghane puissent
assassiner des soldats français.
Les autorités afghanes ont menées une enquête, la justice afghane a été saisie, nous prenons note du verdict qui a
été prononcé hier.
S'agissant de la position de la France sur la peine de mort, vous connaissez notre position, en tous lieux et en toutes
circonstances./.
(fin de l'article)
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