7. 1 kerry james
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7. 1 kerry james
CHÂTEAUVALLON MUSIQUE KERY JAMES CONCERT ACOUSTIQUE Kery James : artiste interprète Bachar Khalifé : claviers, percussions Aymeric Westrich : claviers, percussions Joachim Olaya : régie son Samedi 24 novembre 2012 à 20h30 Théâtre couvert Production : Astérios Spectacles Coréalisation: CICT / Théâtre des Bouffes du Nord www.chateauvallon.com KERY JAMES Après avoir sorti son premier titre, La vie est brutale, à 14 ans, il a porté les couleurs du rap le plus authentique avec les albums Original MC et Le combat continue avec son groupe Ideal J. Puis, il a cassé tous les repères en introduisant des percussions des quatre coins du monde dans son premier album solo Si c’était à refaire. Il a prouvé plus récemment que le hip hop restait son domaine avec le succès des albums A l’ombre du show business et Réel. Enfin, il s’est essayé en quelques occasions à accompagner sa voix d’un seul piano. Aujourd’hui, il vient dérouler le fil de sa carrière d’une manière inédite, l’écriture en fil rouge. Vingt ans de carrière... Une telle longévité artistique constitue un fait rare dans le rap français. Ce fait d’armes le hisse aux côtés des autres pionniers, NTM, I AM, MC Solaar ou Assassin. Là où le jeunisme domine trop souvent, Kery James peut se targuer à la fois de distiller une écriture adulte, exigeante, de se renouveler et de surprendre sans céder aux modes et de toucher des publics très différents en termes d’âge. L’heure du bilan a sonné, semble t-il. 1992-2012 : Kery James porte un regard sur son parcours et son œuvre, tout en les célébrant. Vingt années d’une carrière riche, trois événements pour la retracer. Un album, un film documentaire et un spectacle. Une fois encore, Kery James revient là où on ne l’attend pas. D’autres se seraient contentés d’un best of… pas lui. La pierre angulaire qui rapproche l’album, le documentaire et le spectacle est l’écriture. Kery James est un rappeur, il ne l’a jamais nié. Mais pas de ceux qui se fabriquent sur des bons mots, des gimmicks faciles et des poses. L’écriture a toujours constitué son moteur, comme on le voit dans le documentaire. Elle apparaît indéniablement au centre de ce nouvel album. Il la portera et la défendra comme jamais lors de son nouveau spectacle. Dans une formation acoustique, Kery James revisite, sur la scène du Théâtre des Bouffes du Nord, les titres les plus poignants de son répertoire. Durant quinze soirées, à 19 heures pile, il présente des titres différents. Les musiciens mettront en valeur une plume et une voix dont le talent, la charge émotionnelle et la pertinence du propos se hissent bien au-delà du rap. C’est un véritable auteur, doublé d’un puissant interprète portant une voix issue du «ghetto français», qui sera magnifié par l’impressionnant décor des Bouffes du Nord. Doté d’un indéniable charisme, vivant véritablement ses textes, Kery James sait habiter une scène. Nul doute que dans un lieu intime de cinq cents places assises, le mot «présence» prendra tout son sens. L'ALBUM 92.2012 Il est composé de douze titres minutieusement choisis dans le répertoire de Kery James. Les textes les plus marquants et la relation particulière que son public a liée avec ses mots sont à l’honneur… « Un nuage de fumée », « Deux issues », « 28 décembre 77 », « En feu de détresse », « Avec le coeur et la raison », un medley de « J’ai mal au coeur » / « Au pays des Droits de l’homme » et d’autres ont été réorchestrés et ré-interprétés par Kery James et ses musiciens, dans une formation acoustique. Aymeric Westrich, du groupe Aufgang, et Bachar Khalifé, fils du compositeur libanais Marcel Khalifé, ont ciselé les instrumentations. S Petit Nico a joué des claviers sur quelques titres. Leur richesse et leur subtilité côtoient la pureté du vibraphone, la variété des percussions et la profondeur des chants redéfinissent l’espace sonore. Le tout est à la fois soutenu et dépouillé, sombre et habité, organique, tribal et expérimental. La voix de Kery résonne d’une incroyable présence, redonnant corps au texte, imprimant avec force la musique de son interprétation. Il a invité Davy Sicard, chanteur et musicien à la voix pénétrante, inspirée du maloya, le blues des esclaves réunionnais. Un titre inédit s’ajoute à cette sélection. « Lettre à la République » est un double constat glaçant : celui d’un régime politique pourtant voué à l’excellence, multipliant les entorses profondes et celui pour, Kery James, d’incarner les peurs et les fantasmes du moment, en tant que noir, banlieusard et musulman. C’est une montée en puissance, tant dans les mots cinglants, l’intensité de la voix que l’orchestration écrasante et jusqu’au-boutiste. EXTRAIT DE PRESSE Le noir se fait dans le Théâtre des Bouffes du Nord. Kery James apparaît au milieu de la scène, élégant. À ses côtés, ses musiciens envoient un son feutré, auquel le rap a peu habitué. « En ce siècle, les rappeurs sont les héritiers des poètes », lance-t-il. Premier morceau, pour célébrer ses vingt ans de scène à lui. Le public fidèle le suit, prononçant chaque parole, qu’il s’agisse d’espérance, de mélancolie ou de titres à valeur éducative. « Ma position contre la violence n’est pas confortable dans l’univers du rap. Mais j’ai une règle : dire ce que j’ai à dire et pas ce qu’ils veulent entendre », explique le chanteur. Quels que soient les « ils ». Son dernier titre, Lettre à la République, sonne comme un réquisitoire. « On ne s’intègre pas dans le rejet. Vous nous traitez comme des moins que rien ! »Il se justifie : « Ce titre est une réaction émotionnelle à partir de ce que je vis, ça n’a rien d’une posture agressive. » Le rap, « une souffrance qu’on secoue », comme il l’appelle, est né à la fin des années 1970. Lui a vu le jour fin 1977, à Pointe-à-Pitre, dans une famille originaire d’Haïti. Arrivé en métropole en 1985 avec sa sœur, il s’appelle alors Alix, connaît la pension, la solitude, puis la vie à plusieurs dans une pièce à Orly quand sa mère les rejoint. En 1988, il entre dans une MJC et découvre le hip-hop. Son talent s’exprime par l’écriture, le rap. « Il avait déjà tout », dit dans un documentaire MC Solaar, pionnier du genre en France. Graine de star, il devient Kery. Parmi ses titres, Le Ghetto français, qui dénonce la spirale qui tire vers le bas. Le ton est grave. Prémonitoire. En 1996, il crée le collectif de rappeurs du 94 « Mafia k’1 Fry ». La gloire est là. Mais la vie bascule quand un membre, Las Montana, est tué en 1999. Kery trouve la paix dans une renaissance, spirituelle. Il se convertit à l’islam, devient Ali. « J’ai eu besoin d’une vie meilleure. Mais cet apprentissage, difficile, demande du temps. » Le rappeur a subi les stigmatisations post-11-Septembre, créé une association, Aces, qui propose du soutien scolaire et une aide financière pour les élèves défavorisés et méritants. Il s’est rendu en Palestine, a dénoncé l’occupation mais refuse que l’on s’en prenne aux biens et aux personnes. Il concilie son rap et sa foi, son message de paix et sa colère. Il s’interroge : est-il Alix, Kery ou Ali ? Son mal-être est là, résume-t-il. LA CROIX – avril 2012