histoire de tous les phares de corse
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histoire de tous les phares de corse
HISTOIRE DE TOUS LES PHARES DE CORSE Texte du livre l’Histoire de tous les phares de France De Francis DREYER et Jean-Christophe FICHOU Editions Ouest-France Octobre 2005 Les phares de Corse ont •t• oubli•s lors de l’•laboration du programme de la commission des Phares en 1825. Rien, pas une ligne, pas un seul cr•dit. Le projet de signalisation national est si lourd et si difficile ‚ tenir qu’il n’est pas question de mettre l’ensemble des constructions sur la table. Il faut donc attendre la loi du 14 mai 1837 pour voir le vote de 538 000 francs destin•s ‚ l’•rection de cinq phares de premier ordre sur l’ƒle de Beaut•. Depuis le XVI„ si„cle, la corse b•n•ficie d’un syst„me de surveillance des c…tes performant. Un ensemble de tour construites par les G•nois surmonte la presque totalit• des grandes pointes. Espac•es d’une trentaine de kilom„tres, elles communiquent entre elles au moyen de feux, de fum•es ou de signaux. Plusieurs guetteurs sont pr•sents en permanence dans l’•difice. Ces tours ne sont pas ‚ proprement parler des phares mais elles assurent la s•curit• des populations et du commerce entre l’Italie et l’Espagne. Il ne faut pas oublier ici que G†nes poss„de depuis bien longtemps un phare ‚ l’entr•e de son port. Toutes les cartes de la Corse au XVI„ si„cle indiquent un ensemble de points remarquables not•s en fonction des vents et des routes ‚ suivre. On en compte encore cinquante-quatre en 1800. Toutefois, surveiller la mer n’est pas guider les navires vers leur havre. Un seul feu est r•guli„rement allum• par mauvais temps en 1830 sur le m…le du port de Bastia. Le 3 avril 1838, une commission charg•e de d•terminer l’emplacement appropri• des cinq phares de premier ordre d•barque ‚ Ajaccio. Pr•sid•e par le capitaine de vaisseau Decoffre, elle se rend imm•diatement sur la grande Sanguinaires, o‡ elle d•cide d’installer le premier phare. Page 1/7 Puis elle embarque sur le vapeur La Chimère pour faire le tour de l’ˆle. Au sud, les bouches de Bonifacio retiennent l’attention. On prend contact avec le roi de Sardaigne pour entrevoir une signalisation commune. On pense alors ‚ Pertusato. La Chiappa, un peu plus au Nord, doit dominer le golfe de Porto-Vecchio. Toute la bande orientale de l’ˆle, en remontant vers Bastia, est encore d•laiss•e. A la fois parce que cette partie tr„s rectiligne et sableuse reste la moins expos•e aux naufrages, mais aussi par pur souci d’•conomie. Page 2/7 Un phare ‚ la Giraglia, ‚ la pointe extr†me nord du cap Corse, s’impose pour signaler ce point le plus proche du continent. L’enqu†te s’ach„ve en juin avec le choix du phare du nord-ouest de l’ˆle : La Revellata. Les travaux commencent tr„s rapidement partant d’un plan type appliqu• ‚ chaque b‰timent. Comme ‚ Porquerolles, on reprend le principe d’une tour carr•e centr•e sur un logement. Visiblement, la simplicit• de ce type d’•difice a convaincu les ing•nieurs. Ainsi les Sanguinaires, la Revellata, Pertusato, la Chiappa allum•s entre 1844 et 1845 sont ‚ peu pr„s identiques. On ajoute simplement quelques d•cors comme des denticules ou des moulures pour les personnaliser. Seule la Giraglia, allum•e en 1848, fait l’objet de plus d’attention de la part de L•once Reynaud qui supervise l’ensemble des constructions. Il impose une tour cylindrique en gros moellons encadr•e de cr•neaux. La pr•sence d’une tour g•noise a peut-†tre influenc• son goŠt pour les m‰chicoulis et l’architecture m•di•vale. Les cinq phares sont mis en chantier simultan•ment. La t‰che est immense surtout pour les phares des ˆles. Il faut tout faire venir d’Ajaccio ou de Bastia par bateau, d•barquer les mat•riaux et les hommes dans des conditions p•nibles, puis hisser les mat•riaux ‚ dos d’‰ne pour les apporter ‚ pied d’œuvre, parfois ‚ 60 m au-dessus des eaux. A la Giraglia, les conditions sont telles que la construction dure trois ans de plus que sur les autres sites. Le mat•riel optique vient directement de Paris. Il est install• ‚ la fin du chantier par un monteur sp•cialis•. Chaque phare poss„de sa chambre pour l’ing•nieur, ses pi„ces destin•es aux gardiens, une citerne et surtout un poulailler et une •curie pour l’‰ne. Ce compagnon de tous les jours se r•v„le indispensable pour transporter le ravitaillement lors d’une rel„ve. Le phare des Sanguinaires utilise ce Œ fonctionnaire • si particulier jusqu’‚ l’automatisation du feu en 1985. Au milieu du XIX„ si„cle, la marine ‚ vapeur transforme compl„tement le trafic en M•diterran•e. La compagnie Val•ry inaugure la premi„re navette journali„re entre l’ˆle et le continent. Les ports sortent lentement de leur l•thargie. Page 3/7 L’Ile-Rousse accueille les nouveaux passagers. La population insulaire augmente tout au long du si„cle. A partir de 1850, on lance donc une deuxi„me vague de signalisation de proximit•. Le feu de la Citadelle du port d’Ajaccio s’allume en 1851, Bonifacio en 1854, L’Ile-Rousse et son phare en forme de petite chapelle blanche en 1857, Page 4/7 la tour du Dragon de Bastia en 1861, Calvi en 1867 , Fornali et Page 5/7 la Mortella dans le golfe de SaintFlorent en 1876. La grande bande sableuse et rectiligne entre Solenzara et Bastia, d•laiss•e lors du premier programme, est •quip•e en 1864 d’un feu b‰ti dans le village d’Alistro. C’est en effet un endroit o‡ une colline situ•e ‚ 1500 m de la mer permet d’•lever le phare ‚ 94m au-dessus des flots. Tout autour il n’y a que des lagunes, des •tangs et du sable. La tour construite vingt ans apr„s les premiers phares, s’•loigne maintenant de leur architecture carr•e. D’autres crit„res esth•tiques ont cours : la mode est aux phares octogonaux comme aux Baleines dans l’ˆle de R•. On pr•f„re une tour plac•e sur le c…t• du b‰timent car son escalier prend moins de place dans la structure. Les locaux, de chaque c…t•, donnent un semblant d’intimit• aux gardiens. Une cl…ture prot„ge le b‰timent du vent du large. Les remises et les ateliers se r•partissent dans la cour. La signalisation de la Corse est encore compl•t•e par de petits feux charg•s de baliser les routes maritimes. Le d•troit large de 6,5 milles entre la Sardaigne et la Corse est appel• les Bouches de Bonifacio. A cet endroit, le fond qui remonte cr•e de forts courants qui s’engouffrent entre les terres. De plus, les vents changent souvent sous l’effet des rafales simultan•es du libecciu, du gr•gale et du sirocco. Pour couronner le tout, un archipel d’une centaine d’ˆlots, les Lavezzi, •mergent ‚ 4 milles au large du cap Pertusato comme des dents qui n’attendent plus qu’une proie. C’est ici que le 15 f•vrier 1855 La Sémillante, une fr•gate en route pour la Crim•e, a •t• prise dans un v•ritable ouragan. D’un seul coup, le ciel s’est transform•, assombri. Le vent devenu tornade a Page 6/7 projet• le voilier sur les rochers. Aucun survivant parmi les 760 marins et soldats. Dans la journ•e, la mer a rejet• les corps, en tas sur la gr„ve au milieu es cordages et des d•bris. Deux pyramides de 10 m de haut, construite peu apr„s, t•moignent de ce tragique naufrage. Le phare est •lev• plus tard, juste un peu plus loin. Phare-chapelle peinte d’un rouge sang, phare du souvenir, le naufrage des Lavezzi reste grav• comme une plaie dans la m•moire des marins des Bouches. Automatis• depuis 1986, il veille maintenant les cimeti„res plac•s plus loin. Le dernier phare de Corse est facilement reconnaissable gr‰ce ‚ son architecture en forme de ch‰teau ‚ deux tours de 15 m de haut reli•es ‚ un logement. Le b‰timent est situ• loin de tout ‚ plus de 15 km de la pointe de Campomoro. En 1838, on a pr•f•r• laisser dans l’ombre ce coin de rivage car on ne pouvait envisager la construction de ce feu loin de toute route d’acc„s. Le phare de S•n•tosa est construit en 1890 sous la direction de l’ing•nieur Zevaco. Les deux tours ont chacune une fonction sp•cifique. L’une porte le feu ‚ •clats blancs et l’autre l’•cran en verre color• qui projette un secteur rouge en direction des •cueils de Latoniccia et des Moines. C’est alors le seul moyen pour obtenir une projection nette vers le large. Une tourelle maŽonn•e est •rig•e sur les Moines en 1911. Jusqu’‚ l’automatisation de S•n•tosa, la rel„ve se fait avec la vedette de la subdivision d’Ajaccio. Le trajet est bien moins long qu’en traversant le maquis. Le sentier de terre rouge s„che qui descend vers la mer est toujours praticable entre les buissons •pineux. A c…t•, des •oliennes alimentent le feu •lectrifi• et automatis• en 1988. Alphonse Daudet qui a pass• quelques jours dans le phare des Sanguinaires a racont• dans les Lettres de mon moulin la vie des gardiens dans l’ˆle. Sur le livre de veille, une note •crite par un de ces hommes donne la raison ultime de tous les phares du monde : Œ Minuit. Grosse mer. Tempête. Navire au large. • Page 7/7