Le nid des marsupilamis de Franquin (BD)

Transcription

Le nid des marsupilamis de Franquin (BD)
Oral professionnel 2ème partie – Littérature jeunesse
CRPE
TD n°7 :
Le nid des marsupilamis de Franquin (BD)
La bande dessinée ne figure pas parmi les genres conseillés par le site d’inscription (SIAC) :
théâtre, roman, conte, poésie (très conseillée selon nous étant donnée la rareté des candidats qui
s’y sentent à l’aise), album. Cependant, vous devez connaître ce genre, qui vous permettra
d’analyser le rôle de l’illustration. Pour vous guider dans votre étude vous pouvez vous aider des
recommandations suivantes :
-observer la manière de traiter l’action par les illustrations (cadres, effets visuels)
-analyser les recours du comique qui repose sur l’immédiateté de perception des images.
-dresser un portrait des personnages qui ont un caractère propre qui se répète au fil des
aventures (par exemple Gaston Lagaffe).
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Le personnage principal de cette BD n’est pas Spirou ou Fantasio comme l’indique le
titre de leurs aventures. C’est une héroïne, Seccotine, qui leur vole la vedette en présentant un
film documentaire sur une nouvelle race d’animaux, les « marsupilamis », comment ils vivent et se
reproduisent. Seccotine a réalisé un véritable « scoop » qu’elle présente brillamment au cours
d’une conférence qu’à l’origine Spirou et Fantasio devaient faire. Les marsupilamis, animaux
fantaisistes et anthropomorphisés vivent dans un pays imaginaire et déjouent les plans de leurs
pires ennemis : le jaguar, les piranhas, les singes, dès leur plus jeune âge.
Cette bande dessinée, qui à l’origine est une BD d’aventures (souvent d’aventures
policières) exploite les recours du comique, grâce à l’image (gags). Même si les personnages ont
un caractère très fantaisiste, il est nécessaire que les enfants puissent repérer la logique sous jacente de la BD : les animaux les plus effrayants sont toujours piégés par la ruse des
marsupilamis.
1) Le film dans la bande dessinée :
Une bande dessinée, c’est une série de séquences de mouvements, une série de cadres
qui mettent en valeur une action ou la décomposent (comme d ans le dessin animé). Observez la
succession des cadres sur la page 26 : ils sont agencés de manière différente et mettent en
valeur différents objets. Dans le premier cadre p.26, c’est la forme du nid, allongée et arrondie
qui est mise en valeur (le cadre est rectangulaire). Dans le second cadre, c’est le travail du
marsupilami qui tire sur la corde pour éprouver la solidité des nœuds. Cette image illustre le
commentaire comme si la caméra de la réalisatrice faisait un gros plan (Franquin exploite l’effet
cinématographique de la bande dessinée).
3ème partie – Etude détaillée de quelques œuvres – TD 7
Sup de Cours – Etablissement d’Enseignement Supérieur Prive RNE 0333 119 L - 73, rue de Marseille – 33001 Bordeaux Cedex
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Les plans qui se succèdent sont plus ou moins rapprochés. Dans la cinquième image, c’est
le tapis qui recouvre le nid qui est au premier plan alors que les marsupilamis sont au second. Sur
la première image de la page 27 nous avons une vision panoramique d’un environnement
paradisiaque, cliché du mythe de l’île déserte.
Remarquez aussi : le contraste entre l’image bleutée et sombre où se trouve Seccotine en train
de commenter et l’image en couleurs du film. Page 27, elle explique sa technique
cinématographique, doublant le travail de l’auteur qui a exploité la technique synoptique des plans.
Au niveau des textes, vous pouvez observer que les bulles sont réservées aux cris des animaux,
alors que les commentaires de Seccotine figurent dans un cadre blanc, introduit dans le cadre
noir. Cela signifie que le commentaire est associé à l’image, c’est la parole de l’observateur qui
prend part à l’action du cadre. Cette technique du commentaire facilite le travail du lecteur alors
que les bulles sont parfois difficiles d’accès lorsque l’action est complexe.
Au niveau des effets picturaux, la vitesse est symbolisée par des traits horizontaux, alors que
l’effet de mouvement vient de la succession des actions, qui sont décomposées (cf. p.29, le
marsupilami court, puis il attrape le cou du serpent, puis il le noue). La vivacité des couleurs
accentue l’effet tonique, dynamique -grâce aussi au contour noir qui découpe les formes-, mais
aussi comique, fantaisiste.
2) Les recours du comique :
D’après Jean Sareil L’écriture comique (Paris, PUF, 1984) :
 La désacralisation : cette bande dessinée parodie le genre documentaire, en faisant
comme si la Palombie et les marsupilamis existaient vraiment. On voit des personnes
attentives, une dame ridicule qui s’évanouit lorsque le bébé marsupilami échappe à la
gueule du jaguar, p.36. La désacralisation vient aussi du changement de héros, de la
légèreté de Seccotine, de son caractère sûr et étourdi en même temps (voir le début de
la BD).
 L’écriture comique est toujours négative : elle défie la réalité, elle refuse les
conventions. Elle se caractérise par la liberté, la spontanéité, la rapidité. L’auteur saisit
l’idée, même si elle est retravaillée ensuite dans l’image.
 L’écriture comique a un caractère immédiat : le lecteur doit comprendre tout de suite
la situation, grâce à l’image, il ne doit pas réfléchir.
 L’écriture comique est prosaïque : Franquin montre la vie quotidienne des marsupilamis,
leur reproduction (voir les œufs aux formes bizarres, les parades amoureuses…)
 Elle repose sur l’effet d’attente et de surprise : p. 35, le bébé marsupilami va se faire
croquer, c’est une scène de dévoration excitante. Le jaguar ouvre la gueule et s’apprête à
saisir le petit. A ce moment-là, grâce au nœud ingénieux de la queue (observer la logique
de l’action malgré le caractère fantaisiste), il est récupéré à temps par son papa. Une
autre situation de ce genre se produit p.11, lorsque Seccotine montre le marsupilami en
position délicate, pendant son sommeil. Elle annonce « manger et être mangé, tel est le
jeu cruel des habitants de la forêt » de façon solennelle, en montrant le jaguar qui
approche. On peut donc s’attendre au pire, mais c’est le jaguar qui finit avec un morceau
de queue en moins, dévoré par les piranhas.
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 Elle repose sur des situations stéréotypées : qui se répètent, comme par exemple le
jaguar qui perd à chaque fois un autre morceau de queue, de sorte qu’à la fin il en est
complètement amputé.
 La rapidité de l’action : on bondit d’une situation à l’autre.
3) Exercice de réécriture :
Un exercice proposé dès le cycle 2 est de transposer un conte en bande dessinée. Comme pour la
transposition théâtrale (voir le TD précédent), il va falloir sélectionner des scènes et passer de
la narration, du récit, au discours direct et au présent. Les commentaires du haut de cadre
serviront au traitement du temps. Par exemple, si on transpose Les petites oies de Calvino en BD,
il va falloir montrer la simultanéité des actions en commentant « pendant ce temps ». L’élève
comprend que la fonction de l’image est de suppléer la narration.
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