Une histoire de café et de croissant, Lettre d`information N°11
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Une histoire de café et de croissant, Lettre d`information N°11
Une histoire de café et de croissant Sans imaginer, si surtout souhaiter que mon propos acquière la célébrité d'un certain pain au chocolat qui avait marqué la rentrée politique 2014, je voudrais vous raconter une petite histoire. Chacun a ses rituels ! Le dimanche, lorsque je me rends dans telle ou telle paroisse pour une célébration, pour donner le sacrement de la confirmation, ou bien, comme je le ferais encore pour les trois dernières fois dans les semaines à venir, pour fonder liturgiquement une des paroisses du diocèse, je pars suffisamment tôt de Poitiers pour arriver bien avant l'heure de la messe. Ceci me permet de faire un petit tour à pied dans les rues du quartier ou du village, alors qu'elles sont, le dimanche matin, quasi désertes. Sortant de ma voiture et avant d'entrer dans l'église, c'est bien de prendre l'air et de regarder les maisons, les jardins, etc. Lors de ce petit tour, il m'arrive d'entrer dans un café. En dehors des quelques habitués qui consomment un café ou... un petit blanc, il y a aussi les joueurs de tiercé, ou de loto. Pour ma part, je me contente de commander un café que je prends au comptoir. Désormais il est accompagné d'un biscuit, d'un chocolat... pourquoi pas ! Est-ce pourtant vraiment nécessaire ? Quant au prix, cela varie, habituellement entre 1 € et 1,20 €. Il m'arrive d'échanger quelques mots avec le serveur ; il s'enquière de ce qui va se passer le matin à l'église par exemple. Parfois même, passant devant une boulangerie, je me laisse aller à un croissant, voire à un pain au chocolat. Pour cela, entre 0,90 € et 1 €. Ensuite, il est temps de continuer le chemin et d'aller vers l'église. Bien éveillé par cette petite marche et par le café, je suis plus disponible pour être présent à tout ce qui se passe, pour l'essentiel j'espère, mais aussi pour tous ces petits détails en dehors desquels n'existe pas l'essentiel. De temps à autre, mon regard tombe sur les corbeilles de quête ; souvent, trop souvent, ce qui s'y trouve plairait à Mme Chirac : il y a beaucoup de pièces jaunes ! Bien entendu, il y a des situations particulières, des personnes qui doivent compter, même une pièce de 50 centimes. Mais, pour la plupart d'entre nous, lorsqu'on se rend à l'église une fois par semaine, que représente une pièce de 2 € ? Juste à peine plus qu'un café ou qu'un croissant, et même moins lorsque l'on a acheté et l'un et l'autre. Et quand nous donnons une pièce à un mendiant dans la rue, qui nous regarde et que nous regardons, nous n'oserions pas lui donner moins d'un euro. Alors que le diocèse continue à restreindre ses dépenses, que les paroisses doivent faire de même, il importe que chaque catholique réfléchisse à ce qu'il donne. Si on pense au geste qui est posé, le contenu de la quête ne sera plus le même. Je pense même que ceci ne contraindra à se priver, ni du café, ni du croissant. + Pascal Wintzer Archevêque de Poitiers Le 29 juin 2015