Acheter une voiture pour paraître riche ou la revendre pour le

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Acheter une voiture pour paraître riche ou la revendre pour le
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paraître riche ou la revendre pour le devenir (...)
Acheter une voiture pour paraître riche ou la
revendre pour le devenir ?
jeudi 8 mai 2014, par Juliette Walckiers
Nos experts vous diront, arguments solides à l’appui, que les nombreux impacts négatifs sur
l’environnement de l’utilisation d’un véhicule personnel restent insuffisamment couverts par les frais
assumés par les seuls automobilistes. Ce qui vous fera pour la plupart réagir, estimant que vous payez
déjà bien assez pour vo(s)tre voiture(s). Pourtant je parie que vous ne savez pas exactement à quel point
votre mobilité impacte votre budget « ménage ». C’est pour pallier à cette lacune que le Bureau fédéral du
Plan vient de commettre une analyse thématique sur le sujet . Brève synthèse…
Cette analyse thématique du Plan [1] vise à présenter les principales évolutions des dépenses de
consommation des ménages en Belgique pour la fonction de transport. Plusieurs sources de données ont
été exploitées : d’une part, les données issues des comptes nationaux sur les dépenses de consommation
finale [2] et d’autre part, les résultats des enquêtes sur le budget des ménages [3] . Les résultats
présentés dans cette analyse décrivent les dépenses effectivement consenties par les ménages pour la
fonction transport. Ces dépenses incluent toutefois un certain nombre de dépenses imputées comme les
avantages en nature octroyés par les employeurs à leurs salariés (par exemple, les voitures de société et
les abonnements de train).
« En 2012, 12,0% des dépenses de consommation finale des ménages en Belgique étaient consacrées au
transport. Il s’agit du quatrième poste de dépenses des ménages, après le logement, l’alimentation et les
biens et services divers. Ces dépenses ont enregistré une hausse au cours de la période étudiée
(2000-2012), tant à prix courants (+43,0%) qu’en volume (+4,3%) ». Autrement dit, nos déplacements
nous coûtent de plus en plus chers, individuellement. Ne sont pas considérés ici les coûts collectifs comme
les frais liés aux accidents routiers, la gestion de la pollution de l’air ou du bruit, ni d’ailleurs les coûts des
services publics de transport ou les travaux d’infrastructures routiers, ces deux derniers n’étant que très
partiellement supportés par les utilisateurs directs. Mais alors que la nécessité de se loger et de se nourrir
de manière saine et suffisante peut difficile être remise en question, ne pourrait-on pas par contre,
s’interroger sur la nécessité de se déplacer beaucoup et rapidement ? Et cette interrogation a du sens à la
fois à titre individuel (choix du lieu des activités et choix modal) et à titre collectif (aménagement du
territoire).
La note du bureau du plan détaille que le budget transport des ménages se répartit de la manière suivante
: 64,7% des dépenses sont les frais liés à l’utilisation des véhicules personnels, 26,2% sont les achats de
véhicules (90,9% d’automobiles neuves et d’occasions, 3,9% de motocycles et 5,2% de cycles) et les 9,1%
restant sont les dépenses en service de transport (dont les principaux : 35,8% pour les services de
transport ferroviaire, 31,5% pour les services de transport routier et 29,7% pour l’aérien). En bref, le gros
du budget transport des ménages belges est consacré à la voiture. Ce n’est pas étonnant vu d’une part la
place de la voiture dans la mobilité quotidienne belge (65% des déplacements sont réalisés en voiture) et
d’autre part les politiques de tarification des transports publics. « En Belgique, la part des services de
transport dans la dépense totale des ménages est particulièrement faible (1,1% en 2012, soit 9,1% des
dépenses consacrées au transport), bien en deçà de celles enregistrées dans les autres pays étudiés. Ce
constat peut refléter deux tendances : soit les services de transport sont moins chers pour les ménages en
Belgique (éventuellement via des subventions), soit les ménages y recourent moins que dans les autres
pays, ou les deux ». Pour information, il s’agit bien des deux tendances, et je ne pense pas vous dévoiler
un scoop. Et rappelons que parmi ces dépenses dans les services de transport, se retrouve l’aérien – qui
est majoritairement une mobilité choisie et souvent de loisir, donc évitable -, ce qui réduit encore plus le
poids de l’utilisation des transports en commun dans le budget des ménages.
« Les frais annuels liés à l’utilisation de véhicules (carburants, entretiens,...) s’élèvent en moyenne à
2.373€ [par ménage], les achats de véhicules à 1.828€ par an et les services de transport à 309€. ».
Autrement dit, si vous voulez faire des économies, réduisez ou supprimez l’utilisation de la voiture. CQFD.
PS : Si vous décidez de consacrer les économies réalisées à un bon voyage, évitez l’avion ;-)
Notes
[1] Bureau du plan, Dépenses des ménages et transport, analyse thématique, Coraline Daubrasse,
working paper, février 2014
[2] Institut des comptes nationaux, Eurostat, période 2000-2012
[3] Les résultats présentés se basent sur les enquêtes sur le budget des ménages menées annuellement
par le DGSIE pendant la période 2008-2010. Ces enquêtes évaluent les dépenses de consommation
annuelles moyennes d’un ménage, à prix courants.