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Paris-Normandie.fr
19 février 2016
Santé en Normandie : quels délais pour passer une IRM ?
Le délai moyen pour obtenir un rendez-vous en France métropolitaine est de 30 jours, alors que les
indications pour cet examen ne cessent de s’élargir. Il peut être plus long en Normandie, suivant la
localisation. Largement utilisé en neurologie, l’IRM l’est également en cancérologie, ainsi que dans le
domaine des maladies cardiaques, en urologie et dans le domaine ostéo-articulaire. Les résultats de
l’imagerie contribuent au choix du traitement et des délais trop long d’accès à l’IRM peuvent aller jusqu’à
une perte de chances pour le patient. Nous avons testé les centres d’imagerie normands
.
Les délais d’attente pour passer un examen d’IRM (imagerie par résonance magnétique), crucial
notamment dans la détection et le suivi des cancers, stagnent toujours autour d’un mois au niveau
national. Et les inégalités régionales persistent, voire se creusent, selon l’association Imagerie Santé
Avenir (ISA), qui représente l’industrie de l’imagerie et qui réalise une enquête annuelle depuis 2003. Le
délai d’attente moyen est de 30,3 jours, comme en 2012-2013. 2015 aura toutefois été moins mauvaise
que 2014 (37,7 jours), la pire année depuis onze ans. Les objectifs du Plan cancer 2014-2019 qui fixe ce
délai moyen à 20 jours sont loin...
INÉGALITÉS RÉGIONALES
Cinq anciennes régions concentrent à elles seules la moitié des nouvelles installations déployées en
2014 (Basse-Normandie, Nord Pas-de-Calais, PACA, Midi-Pyrénées, Ile-de-France). À l’inverse, dans la
même période, il n’y a eu aucun effort d’équipement dans quatre ex-régions (Auvergne, Centre,
Franche-Comté et Languedoc Roussillon). Les Pays de la Loire stagnaient avec le taux d’équipement le
plus faible de France (8,1 IRM par million d’habitants) et un délai d’attente de 55,8 jours.
Avec plus de 3,3 millions d’habitants, la Normandie compte moins d’une quarantaine d’IRM : 23 en
Seine-Maritime et Eure ; 21 à horizon 2018 dans le Calvados, la Manche, l’Orne. Des disparités existent
en Normandie : en 2015, il fallait compte 20,9 jours d’attente en Haute-Normandie et 28,3 jours en
Basse-Normandie. Qu’en est-il en ce début d’année 2016 dans la région ? Nous avons testé le mardi 9
février l’accueil, les informations et les délais pour un IRM de la main. Et, comme il fallait s’y attendre,
attente et pratiques diffèrent entre secteur public et privé.
Premier obstacle, le coût de l’appel téléphonique. Si la gratuité est de mise dans le secteur public, il n’en
va pas de même pour le privé. Le prix d’appel varie ainsi entre 15 et 18 centimes d’euros à la clinique du
docteur Guillard à Coutances (plus le prix de la communication).
Merci de ne pas diffuser ce PDF. Reproduction réalisée avec l'autorisation du CFC.
Deuxième écueil : la prise de rendez-vous. Il y a tout d’abord l’établissement du jour injoignable :
l’hôpital public du Cotentin à Cherbourg dont le service IRM n’a jamais répondu malgré plusieurs
appels... Ou encore à la clinique Mathilde de Rouen avec son standard téléphonique signalant « des
soucis » sur la ligne de l’injoignable l’IRM.
Pour mieux gérer le flux des patients, les établissements ont modifié les procédures de rendez-vous.
Bien souvent il faut envoyer par mail, fax ou courrier - rarement en venant sur place - l’ordonnance du
médecin traitant ou du spécialiste accompagnée de l’adresse, du numéro de téléphone du patient et de
ses disponibilités de dates et horaires. Le rendez-vous est délivré par retour de courrier. Et il faut le
confirmer 48 heures avant la date fixée sous peine d’annulation. C’est valable à la clinique Saint-Hilaire
et de l’Europe à Rouen, mais aussi dans les hôpitaux publics de Dieppe, Elbeuf, Lisieux. Les autres
centres d’imagerie médicale acceptent encore des prises de rendez-vous par téléphone.
Maintenant les délais. Globalement, ils sont conformes au résultat de l’enquête 2015 : autour de trois
semaines à la clinique Saint-Hilaire de Rouen, au CH de Dieppe, au CH Robert-Bisson de Lisieux à la
clinique d’Alençon. Reste les exceptions. Ainsi, le centre hospitalier Eure-Seine d’Evreux propose un
rendez à une semaine ! Même délai à la clinique du Cèdre (Bois Guillaume), à la polyclinique du Parc à
Caen, à la clinique du docteur Guillard à Coutances. Encore plus court, le jeudi ou le vendredi pour un
appel passé le mardi à l’IRM des Vallées (Elbeuf-Louviers) !
Mais, le plus souvent, il faut savoir prendre son mal en patience. La palme revient ainsi au centre
hospitalier universitaire de Caen : « il y a trois à six mois d’attente, après il y aura peut-être des
désistements. Mais c’est rare. Sinon il y a des cliniques privés en ville », répond la secrétaire médicale.
Au CHU de Rouen, le premier IRM n’est pas disponible avant le 8 avril. Pour le second, la réponse ne
viendra jamais. « Mon ordinateur rame. Je cherche. C’est long... Il vaut mieux rappeler... Mais ne tardez
pas trop car ça se complique », souffle une voix agacée.
PAS AVANT AVRIL
Enfin, il faut attendre avril pour la clinique de l’Europe à Rouen ou la clinique Saint-Dominique de Flers
dans l’Orne.
Au groupe hospitalier du Havre, les délais sont annoncés à 15 jours, mais le remplacement d’un IRM
bouleverse les plannings. Ici aussi, l’ordinateur défaille : « Je dois me reconnecter... Patientez... »
Finalement un rendez-vous est possible le 16 mars. « Tous les radiologues ne font pas ce type
d’examen. De toute façon un rendez-vous ce ne sera pas avant avril mais je n’ai pas le planning... »,
lâche la secrétaire de l’hôpital privé de l’estuaire au Havre. « Essayer Franklin ou les Ormeaux »
recommande-t-elle. A l’IRM Le Havre centre, c’est calé pour le 14 mars. Tout comme à la clinique
Ormeaux.
A. L.
Une seule, l’Ile-de-France, voit ses délais baisser au-dessous de 20 jours pour obtenir un rendez-vous.
En revanche, les délais ont grimpé en flèche en Poitou-Charentes, passant de 28,6 jours en 2013 à 38,9
jours en 2015 ou encore en Bretagne où ils sont passés en deux ans de 24,2 à 57,1 jours. L’Alsace, qui
fait pourtant partie, comme la Bretagne, des régions les plus touchées par le cancer, a également vu ses
délais augmenter avec plus de 61 jours d’attente en moyenne.
La France reste à la traîne par rapport à la moyenne européenne avec seulement 11,9 appareils par
million d’habitants contre 20 en moyenne en Europe, selon les derniers chiffres connus (2014). Un
retard qui existe depuis des années. La métropole compte 761 IRM dont 77 installées en 2014. Parmi
ces dernières, 40 sont destinées aux examens ostéo-articulaires uniquement.
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