Une forte attente sur le stationnement sécurisé

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Une forte attente sur le stationnement sécurisé
Enquête vélo et gares
Une forte attente
sur le stationnement sécurisé
Après Toulouse (Vélocité n° 125), on continue notre tour
de France de quelques gares, vues côté vélo, avec la
collaboration des associations du réseau FUB. On se fera
plaisir en gardant les meilleures pour la fin, on
commence par se faire du mal avec celles qui laissent à
désirer.
Le Havre
En gare du Havre (175 000 habitants), « niveau quasi nul », nous
signale l’association La roue libre.
« Aucun stationnement vélo, hormis
un parc sécurisé en extérieur, propriété de la compagnie des transports en commun, et accessible uniquement avec un abonnement à
ceux-ci. Désespérément vide malgré
la station de tramway adjacente (où
les vélos ne sont que tolérés). »
A ce compte-là bien sûr, pas de services pour le vélo. On trouve tout de
même un service de location à la
journée « à prix modique », géré là
encore par la compagnie de transports.
Seuls points positifs – quand
même ! – un accès à la gare assez
facile (quand on arrive du centreville, moins des quartiers sud), et
« une gare de plain-pied, où il est
donc facile d’accéder aux (nombreux) trains avec son vélo ».
Heureusement, il y a un projet de
gare multimodale, et la Mairie (attention : la municipalité vient de changer...) a confirmé qu’il y aurait un
parking sécurisé pour les vélos,
comme l’ont prévu les parlementaires en 2013.
Avec un peu de
chance, les Lavallois auront peut-être
une station de gonflage, mais ce
sera à la halte fluviale (location de
vélos à belle saison), proche du
centre-ville.
Des goulottes dans les escaliers ont
été demandées à plusieurs reprises
à la direction régionale de la SNCF à
Nantes, mais l’association Place au
vélo n’a jamais eu de réponse.
Bourg-en-Bresse
« Le touriste qui débarque à la gare
de Bourg-en-Bresse se débrouille
dans la circulation des véhicules
(bus, camions et voitures) pour aller
en ville ou visiter notre belle église
de Brou... », constate désabusée l’association Bourg Nature Environnement.
Il y avait bien un projet d’aménagement en piste cyclable d’une
ancienne voie partant de la gare,
mais il a été abandonné pour des
raisons financières. On trouve quand
même des bandes cyclables sur les
deux voies parallèles aux voies ferrées, mais sans lien vers des itinéraires.
Pour le stationnement, les travaux
engagés promettent des arceaux
supplémentaires, très insuffisants
jusqu’à présent. Il existe aussi un abri
sécurisé accessible au mois ou à
l’année, mais lié à l’abonnement TER
ou OùRA. Satisfaisant pour les pendulaires, mais pas pour les occasionnels.
Dans la gare, il y a des goulottes,
mais... pas pratiques du tout. Car
elles sont étroites et surplombées
d’une grosse rambarde, « ce qui
oblige à incliner fortement le vélo ou
à porter son vélo dans ses bras ».
L’association avait bien demandé,
Petite amélioration en vue : rendre
l’accès au parc sécurisé possible aux
détenteurs d’un abonnement SNCF.
Et petite consolation : les locaux de
La roue libre sont à une centaine de
mètres seulement !
Laval
Bourg-en-Bresse : à gauche, ascenseur pas en panne... mais trop petit ;
à droite, ballot : la goulotte qui vous oblige à pencher le vélo
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Vélocité n°126  mai-juin 2014
Bourg Nature Environnement
A Laval (50 000 habitants), on
trouve actuellement en surface six
arceaux supports sur le parvis, posés
à la demande de l’association locale,
devant l’entrée de la gare et, à l’abri,
gratuit, en sous-sol facilement accessible, dans le parking voitures, 10 à
15 places pour vélos mais malheureusement ce sont des rateliers au
sol, et on sait ce que ça vaut. Un itinéraire avec pictogrammes vélos
conduit à l’entrée.
Valence
J.M. Trotignon
A Valence (64 000 habitants), la
gare située en ville est elle aussi très
mal équipée pour les vélos. L’accés
aux quais se fait en descendant
dans un souterrain traversant équipé
d’un escalator et de rampes à vélo,
mais il faut remonter aux quais par
des escaliers (1 m 80 de large) non
équipés. Le stationnement se
résume à une vingtaine d’arceaux
sur le parvis de la gare, non abrités.
Présence d’une station Libélo sur le
parvis.
Devant la gare d’Angers, des arceaux toujours très occupés
avant le lancement des travaux de
rénovation de la gare, des accès aux
quais en pente douce comme à
Lyon Part-Dieu, « pour éviter des
ascenseurs énergivores et budgétivores et trop souvent en panne »,
mais on lui a répondu que c’était
trop tard, les subventions avaient
déjà été accordées et le projet était
finalisé.
Le grand ascenseur (celui qui peut
contenir un vélo) est déjà tombé en
panne...
Avec l’arrivée annoncée d’une
vélo-station en gare, Bourg-en-Bresse
(40 000 habitants) peut espérer un
système de location, de courte ou
longue durée.
L’avenir réserve sans doute quelque
chose de plus sérieux. On attend
une consigne à vélo de 18 places
dans un local de 25 m² donnant sur
le parvis de la gare. C’est le Conseil
général, propriétaire du local, qui se
charge de cette opération. Le projet
a pris du retard car la SNCF et le
Conseil général n’arrivent pas à s’entendre pour mettre en place un
contrôle d’accès automatique par la
carte d’abonnement OUrà.
Angers : au coup par coup
L’exemple d’Angers – avec du bon et du moins bon – illustre assez bien ce qui se passe dans de nombreuses
gares : on aménage au coup par coup, en fonction des opportunités, sans aucun plan d’ensemble. Le mieux
pour le vélo arrive par petits bouts, quand on peut si ça ne bouleverse pas trop l’existant, sans volonté d’organiser un véritable pôle d’échanges multimodal à la hauteur des besoins.
Ce qui donne aujourd’hui une gare relativement accueillante pour le vélo... à condition de ne pas être trop
exigeant sur le stationnement. Question accès aux trains, c’est parfait : depuis la réfection complète de la gare
en 2001, tous les quais sont accessibles par rampe en pente douce. Et dans le quartier, les accès cyclables vers
la gare se sont bien améliorés ces dernières années, même si la « rue de la gare », qui part droit devant l’esplanade, se caractérise par de pseudo bandes cyclables à ras des portières de voitures.
Stationner en extérieur est toujours possible, les arceaux ont fini par s’aligner en nombre, sous la pression des
grappes de vélos qui s’accrochaient un peu partout autour de la gare. En mode sécurisé, c’est plus restreint : un
bout de tunnel désaffecté a servi de premier abri, bien équipé pour une centaine de places, et très apprécié
parce que très proche de l’entrée, mais il est désormais réservé aux abonnés TER. Après, on a ouvert un espace
sécurisé (30 places) en bas d’un parking en silo, accessible à tous pour 50 € à l’année ou 10 € par mois, mais
c’est plus loin. Un second du même type vient d’ouvrir sur l’ancien terrain de la SERNAM, carrément loin des
quais et pratiquement vide en permanence. Il y a encore, presque aussi loin mais inséré dans le quartier voisin
du Haras, un espace vélo sécurisé qui a un peu plus de succès. Au problème de l’éloignement s’en ajoute un
autre régulièrement soulevé par l’association Place au vélo : on n’a toujours pas la possibilité de stationner à la
journée (sans aucun abonnement) en mode sécurisé.
A signaler une initiative intéressante : un système de location de vélos par carte bancaire, bien en vue en sortant
de la gare, sorte de Vélib’ captif puisqu’on ne peut le restituer qu’à la gare. En principe très bien pour ceux qui
viennent passer la journée à Angers, ce « Vélo cité + » a du mal à trouver sa vitesse de croisière.
Angers : 150 000 habitants, trafic SNCF très intense avec Nantes.
Vélocité n°126  mai-juin 2014
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Enquête vélo et gares
La gare de Valence « est un cas intéressant mettant en évidence les
freins au vélo », selon l’association.
Ses militants ont mené en décembre
une opération « goulottes de Noël »
pour faire bouger la SNCF (voir
Vélocité 125), mais la réponse de
l’administration se fait attendre.
Avignon TGV
Loin du centre-ville, la gare d’Avignon
TGV acueille beaucoup de voitures...
et de motos qui squattent impunément l’espace de stationnement
vélo, du fait qu’aucun emplacement
gratuit n’a été prévu pour les deuxroues motorisés.
Les 56 arceaux sont donc peu accessibles, quand on arrive à les trouver
car en plus ils sont très mal indiqués.
Ils se trouvent dans l’enceinte des
parkings de la gare, mais ne sont pas
sécurisés. Le plus gros souci est ailleurs : il n’y a aucune intégration du
vélo dans l’intermodalité, il est
même assez dangereux de relier
cette gare au centre-ville d’Avignon à
vélo. Mieux vaut prendre le train,
avec la liaison ferroviaire entre la
gare TGV et la gare d’Avignon centre
qui a été mise en service en
décembre dernier.
« La réflexion est inachevée », commente l’association locale, qui
constate par ailleurs que l’embarquement des vélos n’est pas prévu dans
les trains, qui bien sûr sont tous des
TGV. Lesquels ont tout de même
vocation, sous la pression de la FUB,
à en embarquer de plus en plus...
G. Dorle
La gare SNCF de Valence Ville est
une des seules gares de RhôneAlpes de cette importance non
encore équipée d’une consigne à
vélo. En 2011, la région a équipé
presque toutes les gares. Valence ne
l’a pas été, officiellement à cause
d’un manque d’espace. En fait, l’association locale REVV estime que
c’est la municipalité qui n’en a pas
voulu.
Abris tout neufs, en gare de Sens (89), déjà insuffisants...
Avignon centre
Le stationnement en gare centrale
d’Avignon (90 000 habitants), c’est
14 arceaux, et quatre arceaux sur un
parking supposé payant mais accessible aux vélos. Le tout devant la
gare, non sécurisé. Là non plus, pas
franchement d’intégration dans l’intermodalité.
Beaucoup reste donc à faire. Un projet de gare multimodale est en
réflexion, mais à quel horizon ?
L’association a demandé à pouvoir
installer ses locaux dans ce futur
espace.
En ce qui concerne les accès
cyclables à la gare, le parcours en
centre-ville est correct.
Par contre dans la gare, aucune goulotte, aucun ascenseur. Seul le stationnement des vélos est prévu, pas
leur embarquement dans les trains,
qui pourtant, là, peuvent en embarquer facilement.
Rennes
A Rennes (210 000 habitants), on
trouve deux parkings vélo de part et
d’autre de la gare comptant 38 et 20
emplacements. Très utilisés. L’un des
parkings est sécurisé car situé à côté
d’un poste de police, mais dans
l’autre, on peut facilement se faire
démonter son vélo. D’autre part,
l’encombrement des motos et scooters complique le stationnement des
vélos.
En ce qui concerne l’accès aux quais,
c’est la galère : des escaliers sans
goulotte et un ascenseur trop petit.
Des vélos sont proposés par la ville à
la sortie de la gare, mais pour les
gens qui n’ont pas d’abonnement ce
n’est pas très pratique.
Donc, rien de sensationnel dans
cette ville pourtant de taille assez
conséquente. On parle vaguement
de moderniser plusieurs gares en
Bretagne. Mais pour le moment, « ça
m’a tout l’air d’être au point mort »,
commente notre correspondante de
l’association Rayons d’action.
Montpellier
En gare de Montpellier (265 000
habitants, encore plus gros que
Rennes), on trouve pour garer son
vélo deux ensembles de 20 arceaux,
non abrités et non sécurisés. Ils sont
très accessibles, devant la gare,
quand ils ne sont pas squattés par
les deux-roues motorisés.
Pour les usagers, les équipements
ne sont ni satisfaisants ni décevants,
disons que les besoins ne sont pas
encore satisfaits.
Les accès cyclables spécifiques à la
gare sont inexistants, tout comme les
goulottes d’accès aux quais.
Le service vélomagg de l’agglomération propose des vélos devant l’entrée basse des voyageurs à coté du
tramway.
FUB
avec le retour des associations membres
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Vélocité n°126  mai-juin 2014

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