L`ortie au jardin

Transcription

L`ortie au jardin
potager JARDIN
L’ortie au jardin
B. MICHAUD
fertilisant garanti
I
l y a tout juste un an, nous vous faisions part d’une expérimentation grandeur nature sur le purin d’ortie. Il s’agissait de tester ce
purin en pulvérisation sur des plants de tomates. Il en est ressorti,
pour l’essentiel, un effet stimulant sur les plants de tomates, se traduisant par :
– une accélération de la croissance, des tiges plus fortes, un feuillage
plus fourni ;
– une plus grande précocité dans la maturation des fruits ;
– un effet plus marqué sur les variétés classiques que sur les variétés
hybrides.
Pour la deuxième année
consécutive, dix-huit
jardiniers ont testé dans
leur jardin l’efficacité du
purin d’ortie. Résultats.
En 2004, dix-huit jardiniers lecteurs des Quatre Saisons ont accepté de
reconduire l’expérience, en testant cette fois le purin d’ortie en
arrosage au pied des tomates, et non plus en pulvérisation sur le
feuillage (voir les modalités de l’expérimentation en p. 23).
N0 151 MARS/AVRIL 2005 LES QUATRE SAISONS DU JARDINAGE
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JARDIN
potager
Un effet fertilisation marqué
Le nombre total d’essais varie d’une observation à l’autre car tous les essais n’ont pas été exploitables pour chaque observation.
Equivalence entre la série Témoin meilleur
témoin et la série fertili(en nombre d’essais)
sée au purin d’orties (en
Série fertilisée au
purin d’ortie meilleure
Commentaire
(en nombre d’essais)
nombre d’essais)
1re floraison
17
0
1
Quelques écarts peu
significatifs.
1re récolte
12
0
6
Ecarts de quelques jours
à une semaine
Récoltes
cumulées
de tomates sur
toute la saison
2
2
10
(1)
1. Dans 4 cas, la culture a connu des aléas climatiques (coup de froid, sécheresse) ou autres (courtilières).
w Comme l’année dernière, l’essentiel ne se joue
ni sur la première floraison, ni sur la date de première récolte des tomates : les écarts ne sont pas
assez marqués pour être significatifs.
w Par contre, il y a bel et bien un effet sur la production : celle-ci démarre de manière semblable
pour les 2 lots, puis s’accélère pour les plants traités au purin, qui donnent des récoltes plus importantes dans deux cas sur trois.
w Plusieurs questions se posent cependant :
– L’amélioration des rendements varie dans une
fourchette assez large, de + 10 % à + 30 %. Dans
un cas, elle atteint même 60 % (sur la tomate
‘Saint-Pierre’) !
– Dans un cas sur trois, le témoin non traité fait
aussi bien ou même mieux que le lot traité.
tant une série recevant le purin d’ortie en pulvérisation sur le feuillage. Le résultat de cette expérience est significatif :
COMBINER ARROSAGES ET PULVÉRISATIONS. Il est intéressant de revenir sur la comparaison de deux pratiques : arrosage au pied et
pulvérisation sur le feuillage. Dans les potagers
de Terre vivante, les jardiniers se sont associés,
comme l’an passé, à l’expérimentation, en ajou22
LES QUATRE SAISONS DU JARDINAGE MARS/AVRIL 2005 N0 151
STEEN
Cela pourrait signifier que certaines conditions
doivent être réunies pour que le purin d’orties
joue pleinement son rôle. Mais lesquelles ? Le
purin d’ortie est un produit d’origine végétale et
complexe : que faut-il faire pour qu’il soit effectivement assimilé par la plante ?
On retrouve en effet sur un même essai les
constats faits en 2003 et 2004 : une précocité de
la production pour ce qui concerne les plants
ayant reçu du purin d’ortie en pulvérisation. Un
démarrage plus lent de la production de tomates
sur les plants ayant reçu du purin en arrosage au
pied, semblable aux plants témoins. Puis une
potager JARDIN
Astucieux :
de l’ortie au compte-goutte
nette accélération de cette production pour les
plants arrosés : ce sont eux, en fin de compte, qui
donnent les meilleurs résultats.
Jean-Marc Blondel cultive son jardin en bio depuis
7 ans, produit son compost, paille ses cultures, cultive
des engrais verts, récupère l’eau de pluie… Une partie
de son potager est abrité sous tunnel, où les cultures
sont bichonnées : irriguées à l’aide de tuyaux microporeux – à partir d’eau de pluie –, Jean-Marc Blondel a
réalisé un montage astucieux : utilisant une pompe
doseuse, il envoie du purin d’ortie, ou de consoude,
dans le réseau d’arrosage. Malin !
Alors, arroser ou pulvériser ? Favoriser l’assimilation par les racines ou l’absorption par les
feuilles ? Pourquoi ne pas associer les deux pratiques, arrosage au pied et pulvérisation, comme
le suggère et le fait déjà une lectrice, Mme
Faivre-Dupaigre, dans la Sarthe. Avec toute satisfaction, semble-t-il.
Le purin (ortie ou
consoude) est filtré dans
un entonnoir équipé
d’un filtre de 80 µ, afin
d’éliminer tout débris
végétal.
Il est aspiré par la pompe
doseuse et mélangé à
l’eau, à raison de 5 %.
Le tout est ensuite
distribué dans les tuyaux
micro-poreux.
Ce type de pompe
est courant chez
les professionnels de
l’irrigation sous serre.
Rémy Bacher
Modalités de l’expérimentation
Chaque jardinier avait le choix de la variété
de tomate à cultiver pour l’essai : Cœur de
Bœuf, Saint-Pierre, Rose de Berne, Noire de
Crimée, quelques variétés hybrides (Pyros), et
des originales (Burdaï Torpe par exemple) ;
Terre vivante a cultivé la Merveille des
Marchés.
w Le purin d’ortie utilisé est un purin du
commerce (1). L’eau utilisée devait être de
l’eau de pluie.
w L’essai portait sur deux séries de 8 plants :
– une série témoin, sans traitement,
– une série recevant du purin d’ortie
dilué 5 fois, au pied des plants,
après arrosage, tous les 15 jours à
partir de la plantation.
w Ont été relevés : dates de première
floraison et de première récolte,
dates des récoltes, poids et nombre
de fruits mûrs, apparition du
mildiou.
J.-M. BLONDEL
w
Témoignage d’Argentine
Au menu 2005 : ortie + consoude
Nous proposons de reconduire l’essai cette année
en associant l’ortie et la consoude. Vous êtes
partants ? Le protocole est simple, demandez-le en
écrivant à la rédaction, en précisant sur votre
courrier « expérimentations jardiniers ».
U. FARKAS
(1) Merci à Jean-Claude Chevalard,
producteur de préparations à base de
plantes, qui a aimablement fourni l’extrait
d’orties.
Anne Maître-Karrière est lectrice assidue
des Quatre Saisons et habite... en Argentine.
Là-bas, les tomates se sèment début
octobre, fleurissent à Noël et commencent à
produire fin février début mars, juste au
moment où, ici, nous démarrons les semis.
Anne a participé à la première expérimentation en 2003 (avec 6 mois de décalage !), avec
pulvérisation de purin d’ortie. Elle a obtenu
des résultats très positifs « avec des fruits de
300 à 400 g ». « Mais sur le témoin, beaucoup de fruits ont souffert, faute de végétation abondante, des brûlures du soleil, qui augmentent
chaque année. Problème de couche d’ozone ? Un autre
carré, planté à la même date, a reçu des pulvérisations
d’ortie + consoude. On a observé une floraison en
avance de 8 à 10 jours sur le témoin et sur le lot ne recevant que de l’ortie. »
L’association ortie et consoude : une idée à suivre … en
2005 (voir ci-contre)
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