Vic et son Parador [brochure]

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Vic et son Parador [brochure]
Ville De Saints, Ville Lettrée
IC
AU
V S
…“ La raison et l’expérience nous apprennent que
pour se faire une idée juste d’une petite contrée et pouvoir
la décrire telle qu’elle est, il faut être familiarisé avec la
langue, y faire un long séjour, abonder dans les relations,
être en colloque permanent, sans se lasser de questionner
et d’observer. Je ne crois pas qu’il y ait d’autre moyen de
se renseigner justement et de porter un jugement sûr”.
Jaime Balmes
Et son Parador
ressés vers le sud par le froid glacial du quaternaire, les
Néanderthaliens d’Europe centrale se heurtèrent aux Pyrénées ;
quelques-uns les surmontèrent, d’autres se réfugièrent dans les
vallées, le reste continua. Parmi ces pionniers qui s’aventurèrent sur ce
qui allait devenir le territoire ibérique, nombreux furent ceux qui, séduits
par la bonne chasse que les plaines leur offraient, y restèrent. C’étaient
des hommes au front bas, de forte complexion et aux traits culturels
adaptés aux plus douloureuses calamités. Encore accrochés aux cavernes,
ils mirent la pierre à contribution (grottes d’El Toll, dans le Moianés). Le
squelette de l’un d’eux s’est conservé jusqu’à nos jours. Sa mort survint à
La Roc del Migdia (Roc du Midi), il y a 11 500 ans ; c’est la plus vieille
femme de la région.
P
Terre De Déesses
L
a contrée d’Osona, avec La Plana de Vic en son centre, est,
depuis ce temps-là ou presque, un lieu de passage, de pâturages
et de récoltes. Les déités qu’on y adorait alors évoluent avec le temps en
s'adaptant à une nouvelle réalité où les phénomènes naturels ne font plus
peur. Un culte d’ordre pratique donne lieu aux premières icônes
anthropomorphes, les Vénus. La déesse de Gavá, trouvée dans les mines
de Can Tintorer, représente une femme avec un épi sur le ventre. D’un âge
estimé de 5.500 à 6.000 ans, c’est la plus ancienne pièce féminine de la
péninsule ibérique, un des exemples les plus primitifs du culte de la
fertilité.
La terre nourricière répond aux prières des tribus qui implorent d’elle de
bonnes récoltes. Des femmes et des hommes s’acclimatent, s’enracinent et
font des rejetons, donnant naissance à la première population native des
plaines. À partir de 1.300 av. J.C. apparaissent les villages aux maisons à
plan rectangulaire distribuées sur des rues.
Les fécondes visites de peuples méditerranéens, reçues par les gens du lieu
à partir du VIe siècle, firent le reste : le peuple ausetan était né.
Voisin des Indigètes (dans l’Ampurdan), des Cérétans (en Cerdagne) et
d’autres peuples historiquement considérés comme des ibères, le pays
d’Ausa se développa dans la plaine de Vic, et l’actuelle ville de Vic fut la
ville capitale d’Ausa.
Et c’est du nom de cette ville que la contrée à tiré le sien : Osona. La
dimension sociale et économique de ce peuple fut notoire, d’après Tite
Live, qui fut le premier à le situer sur la carte. C’est une civilisation
ouverte, commerçante, qui connaît l’art de la guerre et les métaux
précieux. On y écrit. Elle est entourée de fortifications, on aime à s'y parer
de bijoux grecs. L’influence grecque apparaît aussi dans ses pièces de
VIC-SAU ET SON PARADOR
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monnaie, dont le modèle est la drachme d'Ampurias. C`étaient des deniers
d’argent où on lisait le nom du lieu de frappe : Ausesken. Leur emblème
est le sanglier.
Le peuple d’Ausa atteint sa plénitude entre le Ve siècle et la fin du IIIe av.
J.C. Son alliance obligée avec les Carthaginois, imposée par Hannibal à
son passage, vers la conquête de Rome, par les terres pyrénéennes, en fait
une cible pour Scipion l’Africain. Le jeune proconsul, élu par Rome devant
la catastrophique situation romaine en Hispanie, entre par Ampurias et
avance sur la neige jusqu'à assiéger la ville d'Ausa. Malgré l’isolement, les
Ausetans sont un peuple aguerri, habitué aux hivers, et ils tiennent 30
jours avec leurs nuits, jusqu’à ce que leur chef Amusic prend la fuite et la
ville n’a plus de choix que de se rendre. Nous sommes en 205 av. J.C. Les
Ausetans paient cher leur défaite: 20 talents, une somme non négligeable,
de quoi assainir les arches impériales.
Hors de la capitale, le sort des Ausetans n’est pas meilleur. À la forteresse
de L’Esquerda de Roda del Ter, dont les ruines sont le meilleur legs, le
peuple guerrier s’effondre en même temps que les murailles, au début du
IIe siècle av. J.C.
Au IVe siècle ap. J.C. l’empire commence déjà à s’effondrer. Les
frontières se lézardent. Sur le socle des nombreux dieux romains se juche
l’unique déité du christianisme. La répression initiale du nouveau culte
donne lieu aux premiers martyrs, que l’église incorpore bientôt à son
hagiographie. Dans ces temps précoces, le rôle de l’église africaine est
décisif. Saint Cucufat et Saint Félix sont tous deux d’origine africaine.
Saint Cucufat – Sant Cugat en catalan – venu de Carthage et de San Feliu
(Gérone), évangélisa Barcelone. Tous deux furent martyrisés et assassinés
sur l’ordre de l’empereur Dioclétien. Mais le ralliement populaire au
christianisme est imparable et oblige bientôt Constantin à légaliser ce culte
puis, peu après, amène Théodose à le proclamer religion d’État.
Les Wisigoths sont déjà à Toulouse, et se partagent le littoral de la
Tarraconaise. Ce ne sera pas pour longtemps : un quart de siècle plus
tard à peine, en 506, les Francs les mettent en fuite. Les choses se passent
autrement de l’autre côté des Pyrénées. Les Wisigoths ont pris le pouvoir,
et ont établi leur royaume à Tolède. La trace de leur culture guerrière ne
modifie qu’à peine les traits d’une population déjà très romanisée. Les
ports catalans vivent des temps activement commerçants. Le christianisme
continue d’avancer.
Fuyant la persécution romaine dans leur terre natale, les premiers Juifs
sont arrivés par la mer. On trouve aussi dans les ports des Grecs et des
Syriens.
Les Transchées Dans
La Montagne
B
Au Ppremier Plan
L
a contrée d'Osona, comme le reste de l’actuelle Catalogne, fait
désormais partie de l’Hispanie Citérieure et, plus près de notre époque, de
la Tarraconaise.
La plaine catalane est sillonnée de voies et de canaux d'irrigation. Vins
rouges et huiles vertes remplissent les amphores qui aboutissent aux tables
de Gaule, de Britannie, de Germanie et de Rome. La Voie Auguste traverse
la Catalogne en mettant à profit les routes naturelles, depuis Salses et La
Jonquière jusqu’aux territoires situés au-delà de l’Èbre. Vic et Barcino sont
reliées par une chaussée. Autour des villae des campagnes (fort semblables
aux futurs mas) se développent des infrastructures qui multiplient la
production agricole. Au bout de six siècles de romanisation, toute la
population parle le latin vulgaire, langue universelle de la Méditerranée.
Dans la ville de Vic il restera de tout cela, à jamais, un temple à six
colonnes, magiquement conservé.
alaguer, Lérida, Tarragone et Tortose sont, depuis 711, des
terres de l'Islam. L’occupation du territoire dès lors appelé AlTagr L’-Ula durera quatre siècles. L’héritage de ces années a été
historiquement peu apprécié, mais si l’on en croit Dolors Bramon,
professeur d’études arabes et islamiques, il fut un temps où la majorité de
la population catalane pratiquait la religion musulmane. L’influence de la
culture du sud imprégna le langage, l’habillement et les goûts culinaires.
Certains vieux textes révèlent que, les temps d’intolérance chrétienne venus
et pour ne pas être dénoncés à l’Inquisition par leurs voisins, les citoyens
musulmans masquaient l’arôme des épices de leur cuisine en brûlant de la
laine de matelas et des arêtes de sardines. Cependant le principal héritage
arabe, dans la ville de Vic, poussera lentement et ne donnera ses fruits que
des siècles plus tard, lorsque celle-ci deviendra un des principaux centres
de tannerie de la péninsule ibérique.
Avant cela, La Plana était, dans ces années de troubles, un territoire fort
instable. Stratégiquement très intéressant pour les Carolingiens, il était non
moins indispensable aux musulmans, comme la route leur permettant
d'envisager leur installation en Gaule. Il en résulta que musulmans et
Wisigoths s’allièrent, au sud des Pyrénées, contre les Francs. Les
constantes échauffourées qui s’ensuivirent obligèrent les naturels de Vic et
ses environs à chercher refuge dans les montagnes.
Il ne fut pas facile de ramener la population fugitive et les gens d’autres
terres à La Plana. Les bons propos sur un calme relatif n’étaient guère
convaincants. La ville était très mal en point, et même si les litiges entre
envahisseurs avaient cessé, des centuries devraient s’écouler pour que
l’Église et les seigneurs, nouveaux maîtres de la terre, surmontassent leurs
discordes intéressées.
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Comme dans d’autres points de la
péninsule, le repeuplement se fit par
décret et par des efforts personnels.
Dans cette région, le mérite en
revient à Guifré el Pilós, plus connu
comme Guifred le Velu, dernier comte
carolingien de Barcelone. Le comte
prit pour lui le château et adjugea le
bas de la ville à l’Église. En faveur de
la chrétienté, il fonda aussi le monastère
de Santa María de Ripoll, où il serait
finalement enseveli.
C’est également lui qui rendit à Vic
son évêché qui, de même que les titres
seigneuriaux, sera la propriété de la
famille noble qui soit en mesure de
faire face à son coût élevé.
Quelques villageois descendent alors des
montagnes surpeuplées. Suivront les paysans
des contreforts, qui répondent à l’appel de la
chrétienté dans l’espoir de devenir propriétaires
terriens (aspiration pour laquelle ils auront un
long combat à mener contre la broussaille et
contre la tyrannie féodale). La Vieille Catalogne,
abondante en terres désolées, voit peu à peu verdoyer
le blé, des sentiers s’ouvrir, le chant des coqs l’égaye
à nouveau. Des bourriquets chargés de bois
traversent le Méder par le pont roman de Queralt.
La fumée s’élève de centaines de nouveaux foyers. À
la fin du XIIe siècle la ville compte déjà quelque
3.000 habitants.
Seigneurs Du Ciel Et De
La Terre
T
ourne, tourne, le meunier,
Si moulin ne veut tourner
Point ne pourra le Roi manger.
La plaine et la montagne ont changé à partir du IXe siècle, à cause,
parmi d’autres raisons, de la mise en ?uvre de quelques engins
technologiques. Le moulin à eau, déjà connu à l'époque hellénique et
amélioré par les Romains, et dont l’origine n’a pu être établie, est un des
mécanismes clé de l’Europe féodale. Mais les transformations dont font
déjà l’objet les appareils hydrauliques ne sont pas tant la conséquence
d’améliorations techniques que l’effet d’un nouvel ordre social où l’on
cherche à contrôler la production. C’est aussi ce qui explique le progrès
des cultures du blé et de la vigne, celui de l’élevage et le recul de la très
ancienne économie fondée sur l’exploitation des produits du maquis
(glands, bois, miel...). Aux Baléares et en Catalogne l’exploitation des
moulins éveille d’évidentes intentions monopolisantes. Beaucoup de
villageois de la région n’ont d’autre option que de moudre le blé et cuire le
pain dans les installations des seigneurs, moyennant paiement en espèces,
en grain ou en miches.
À Vic, les Montcada et l’évêché se partagent la ville, ce qui ne soulage
pas les tensions mais les prolonge au contraire presque d’un siècle encore,
jusqu’à ce que l’une des parties, l’évêché, vende sa part à la Couronne.
Cet événement a lieu en 1315. Entre-temps, la grande infrastructure
défensive qui garde la ville d’éventuels assauts venus du dehors, s’est peu
à peu érigée au frais de la couronne. La première enceinte, du XIIe siècle,
marque le pourtour à suivre par la robuste et splendide muraille que
financera Pierre III deux siècles plus tard, en disposant au long de ses pans
quarante tours vigie et sept portails d’accès.
La Naissance De La
Catalogne
e fut peut-être vers 1144-1149 – affirme le médiévaliste José
Ángel García de Cortázar – que se produisit la naissance
définitive de la Catalogne. Dans un double sens. Spatialement,
parce que c’est alors qu’aboutit, avec l’incorporation, aux mains des
chrétiens, de Lérida et ses terres et de Tortose et les siennes, la formation
de la carte politique de la Catalogne.
Et surtout au sens sociolinguistique, car c’est alors aussi que, pour la
première fois, les habitants de cet espace que l’on appellerait bientôt la
Catalogne apparaissent désignés comme des Catalans.»
C
La Catalogne est déjà une nation et Vic est officiellement une ville. Et
certes, très populeuse. Des gens de toute la région y apportent leurs
marchandises. Fermiers des mas avec leurs légumes et leurs poulets.
Boulangers, couteliers, forgerons, tisserands, avec les marchandises sortant
de leurs ateliers et de leurs forges. Prêteurs juifs consacrés au change de
monnaie française et arabe, et au prêt. La Place du Mercadal est une foire
hebdomadaire où l’on peut trouver presque tout, même des tissus
tunisiens, des peaux des Pays-Bas, des bois précieux et autres joyaux
d’outre-mer que les commerçants vigatans rapportent de leurs voyages
d’affaires. Cependant, les articles les plus demandés par les chalands de
la foire étaient les chaussures de cuir et les autres produits des tanneries.
Le « Libro de Sepulturas » (registre d’inhumations) de la cathédrale
comptabilise, parmi les décédés enregistrés au dernier quart du siècle, plus
d’une centaine de chausseurs. Les documents sur l’industrie du cuir à Vic
présentent cette ville, avec Valence, Gérone, Igualada et Barcelone, comme
une des capitales de la tannerie.
Il y a derrière cela toute une tradition d’origine arabe, maintenue par des
corporations juives regroupant des spécialistes d’une étonnante variété
d’artisanats du cuir, allant du chausseur au tapissier en passant par les
bourreliers ou les maroquiniers, chargés de la délicate décoration de
basanes venues de mystérieuses contrées pour parer les murs du palais.
VIC-SAU ET SON PARADOR
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Déjà le génial majorquin Raymond Lulle, érudit révéré
dans les pays catalans pour avoir été le premier à
écrire dans cette langue néo latine que l’on
appellerait bientôt le catalan, parlait des peaux
dans son Llibre de les Bèsties (Livre des
bêtes) en s’intéressant tout spécialement
à détailler les matières premières utilisées
depuis la fin du XIIe siècle : brebis, chèvre,
bélier, bouc, daim, cerf, boeuf, cheval, âne,
lapin, lièvre, lion, renard, léopard, ours et
ourse, poisson, serpent, loup, éléphant, sanglier,
chat, chien, souris et rat.
Mais retournons à Vic. Nous voilà dans une ville
lumineuse, approvisionnée de produits des plus diverses
origines et où abondent les marchands porteurs de récits de
pays lointains. Une ville industrieuse, notamment au bord de la rivière où
chaque corporation, dans son ghetto, profite de l’eau. Une métropole
médiévale vibrante où la monnaie circule à souhait. Avec l’école
cathédrale, les corporations et les confréries, les conditions de vie de tous
les habitants s’améliorent rapidement, particulièrement celles de la
bourgeoisie. Les bons temps sont cependant tronqués par la peste noire,
les tremblements de terre et les famines qui réduisent la population de
moitié. Les survivants commencent à regarder d’un mauvais oeil la
prospérité des Juifs : ils ne tarderont pas à envahir leurs rues et à assaillir
leurs maisons. En 1391, en même temps qu’à Barcelone, le quartier juif
(aljama) de Vic est démoli et tous les reconnus juifs sont chassés.
Aprés Les Siécles Noirs
L
a capitale de La Plana ne sera plus la même. Pendant les trois
siècles suivants la ville ne relève pas la tête. Ni les droits obtenus
par les paysans après la guerre des remensas (paysans affectés à des
terres), ni les nouveaux droits accordés à tous ceux qui s’établiraient dans
la ville, ni les nouvelles mesures sanitaires et d’urbanisme adoptées pour
combattre la mortalité (construction de fontaines propres et du mur dit del
morbo (de la maladie), ne purent rendre à Vic son ancienne vitalité. De
nouvelles poussées de peste, des inondations, du banditisme et même de la
sorcellerie (on arriva à pendre cinquante femmes accusées de pratiques
démoniaques) ne cessaient de frapper la population.
La modeste croissance enregistrée ces années-là montre un véritable élan à
partir du XVIIIe siècle. La vieille ville médiévale fait place à une cité
ordonnée sur des patrons rationalistes. On abat les murailles. À leur place,
s’étendent de larges ramblas. La population se renouvelle par
l’incorporation d’immigrés français. L’air de l’Ilustration fait fleurir les
athénées d'art et de culture du XIXe : la voix de Montserrat, le journal
La gaceta de Vich, la Société archéologique, le Cercle littéraire, le Musée
épiscopal et le génie poétique et philosophique de Verdaguer et de Balmes,
tous deux sortis du Séminaire de Vic.
Viennent le chemin de fer, l’électricité, le XXe siècle, la guerre civile, la
récupération démocratique des droits légitimes et de la langue.
Aujourd’hui, Vic est une ville universitaire, aux industries productives,
peuplée de près de cinquante mille personnes.
Visite De La Ville:
Ville De Merveilles
L
a distance du Parador à la ville de Vic ne dépasse pas 14 km.
Allons-y donc. Le lac du barrage accompagne le voyageur jusqu’à
Roda, où nous prenons la sortie vers Vic. Nous ferons une halte à Roda plus
tard, une fois visitée la capitale de la région, pour contempler les restes les
plus anciens du peuple qui a donné le départ dans la région, les Ausetans.
La sierra de Les Guilleries, qui entoure le plan d’eau du barrage, imprègne
les bocages de teintes méditerranéennes.
Vic est une grande ville, une ville universitaire à tradition religieuse.
Il y vient chaque jour un grand nombre de touristes, férus de l’art roman, du
charme médiéval et aussi du modernisme, de la bonne table et de l’artisanat.
La ville nous offre presque tout. Suivre la coutume de commencer par la
Place est dans ce cas une excellente formule. Le Mercadal, ou place du
Marché, nous situe au coeur historique de la ville, du temps où les payeses,
les paysans, venaient vendre leurs denrées, comme chaque mardi encore
aujourd’hui. À la différence d’autres Grand Places, chargées d’éléments
urbains, celle de Vic surprend le nouveau venu par sa netteté et son ampleur
sauvage et pourtant élégante. Le carré qui l’enserre réunit sur un même
plan des architectures divergentes, diachroniques. Les contrastes frappants
du modernisme opposent ici leurs paradigmes multiples, ceux de la maison
Comella (à la façade sgraffite et à crête) et des maisons Costa et Cortina,
face au baroque des maisons Tolosa et Moixó.
Nous sommes au centre médiéval, considéré comme la sixième merveille
patrimoniale de Catalogne. Nombreuses sont les pièces d’architecture dignes
d’admiration qui bordent les rues, dans le périple qui nous emmène à
présent vers le sud-est. À la sortie même de la place on peut obtenir de
l’information sur la ville, à la Mairie, construite sur des fondations gothiques,
mais il vaut mieux en faire le tour et s’adresser juste derrière, au bureau
d’information et de tourisme. On nous y mettra au courant des activités
présentes, des horaires des musées et des très recommandables visites
guidées.
VIC-SAU ET SON PARADOR
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égale en Europe. Entrez et voyez. C’est un musée très didactique, conçu
d’après les tendances les plus récentes, qui accueille aussi bien les studieux
de l'art et les médiévalistes que les touristes et les groupes scolaires. Les
fonds, venant pour la plupart de Vic et de La Plana, comprennent des
matériaux très divers, textiles, céramiques, orfèvrerie, verre, peinture, de
pratiquement tourtes les périodes de notre histoire. Parmi ses trésors
archéologiques il y a même une momie égyptienne, mais ceci est une autre
histoire.
Pour juger le musée à sa juste valeur, il faut nous remonter à ses origines,
en 1868, lorsqu’un groupe de passionnés de culture, croyants et laïcs,
unirent leurs forces pour commencer une collection archéologique et
artistique qui aurait tôt fait d'obtenir une reconnaissance internationale
grâce à sa présence à l’exposition internationale de Barcelone de 1888. Le
succès obtenu pousse tout de suite l’évêque Josep Morgades et une série de
promoteurs privés à fonder le musée. Le bâtiment qui est son siège actuel
fut achevé en 2002, par les architectes Correa et Milà.
Classiccisme Et Modernisme
L
a principale relique de la ville est le temple romain, dans un état
de conservation si parfait que c‘en est presque incroyable.
Suivons la rue Canyelles qui après quelques mètres devient la rue
Cardona, et qui nous conduit tout droit à la Place Don Miguel Clariana.
Le magnifique bâtiment roman ne passe pas inaperçu, maintenant qu’il
n’est plus caché par les murs du château des Montcada, qui jusqu’à la fin
du XIXe l’accaparait, hors de vue, comme une cour du palais. Ce qui
explique sa jeunesse de teint... C’est un bâtiment du IIe siècle de notre ère,
à six colonnes d’ordre corinthien avec un podium pourvu d'escaliers.
Devant lui, la chapelle de la Piété et, du côté situé le plus à l’ouest, une
enclave très représentative de la culture de Vic, la maison Masferrer. C’est
là qu’avait son siège et tenait son salon l’association littéraire dont faisait
partie Jacinto Verdaguer.
Comme on peut le voir, c’est une construction moderniste. Derrière sa
façade sgraffite on trouve un jardin aux sculptures évoquant les saisons.
Dans la même direction, si le voyageur s’est levé tôt et dispose de temps, il
trouvera encore d’autres traces du passé : l’une ou l’autre maison, des
églises, des couvents, mais surtout la muraille dressée par Pierre III pour
garder la population saine et sauve.
Musée Èpiscopal Et
Cathédrale, Pour Les
Dévots Et Les Païens
L
Devant le musée, la cathédrale ; en fait, un autre musée si l'on considère
que, malgré plusieurs réformes, elle conserve des éléments d'architecture
romans, gothiques et baroques, et des peintures et des sculptures du XXe
siècle. L’église actuelle, achevée au début du XIXe, profite de la façade
romane d'origine, des archivoltes de sa façade principale et du clocher.
Des deux étages formant le cloître, celui du bas donc le plus ancien, qui
s’ouvre sur la salle capitulaire, a été consacré en 1360.
À l’intérieur, la pièce la plus ancienne est le retable principal, du XVe
siècle, oeuvre de Pedro Oller, installé sur le mur du déambulatoire.
Mais, sans doute en raison du contraste avec leur cadre d’accueil, ce que
l’on admire le plus dans cette église sont ses peintures, oeuvre du
magistral José María Sert, probablement le dernier grand muraliste
espagnol et un des plus appréciés de son vivant. L’allégorie de la
Rédemption que l’on peut voir ici occupa le peintre pendant les quatre
années comprises entre 1926 et 1930. Au centre du cloître se trouve la
statue de Jaime Balmes Urpía, sculptée vers le milieu du XIXe siècle par
José Bover, qui fut l'hommage rendu par la ville à son théologien et
philosophe.
Juste en face de la cathédrale, s’il vous reste des forces, il y a deux belles
maisons, celle d’Anita Colomer et la maison Bayès, toutes deux signées du
moderniste Josep M. Pericas. Il est toutefois évident que la maison Bayès
est beaucoup plus ancienne, du XVe siècle ; tout un trésor, qui fut le siège
de l’Université littéraire de 1599 à la fin de 1717. De ce point, la rue
Escola est le chemin le plus court jusqu’à la Plaza Mayor où vous pourrez
vous
reposer
et finir
la
visite
du
centre
e moment est venu des deux grandes visites : le musée épiscopal
et la cathédrale, ce qui nous prendra facilement une demijournée. L’étranger ne se fera une idée de la grandeur de ce qu’il va
découvrir qu’une fois en plein parcours. Il trouvera le musée épiscopal en
descendant depuis la Place Don Miguel Clariana déjà citée, par la Bajada
(descente) Erame vers le sud.
Celle qui se trouve devant vous dépasse sans le moindre doute toutes les
collections épiscopales que vous ayez pu contempler en Espagne. Parmi
ses milliers de pièces se détache la collection de sculpture médiévale, sans
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D’autres Choses À Voir
À Vic
I
l y a encore deux choses essentielles à voir dans cette ville. L’une
est son Museu de l’Art de la Pell (musée de l’art du cuir), rue
Arquebisbe Alemany nº 5, qui réunit une grande diversité d’objets
recouverts de cuir décoré : selles, coffres, scribannes, fauteuils, masques,
tous de provenances très variées et aux techniques artisanales des plus
diverses, comme le maroquin ou le cordouan (peau de chèvre de grande
qualité).
L’autre sensation à ne pas rater est la contemplation des Noces de
Camacho, l’ensemble réalisé par Josep Maria Sert entre 1929 et 1930 pour
décorer la salle à manger de l’hôtel Waldorf Astoria de New York. Ceci, si
les autorités municipales de Vic sont arrivées à un accord avec la banque
propriétaire des toiles pour qu’elle ne les emporte pas à son siège de
Madrid.
Excursions: Aux Environs
De Roda De Ter
Sant Pere de Casserres
C’est un monastère clunisien roman déclaré monument historique et
artistique. À l’origine, il était entouré d’une muraille défensive. La tour se
voit de loin et domine ce qui reste du cloître. La restauration récente
permet enfin une bonne vision de la belle arcature plein cintre qui s’est
conservée.
Gastronomie: Le Régal Du
Saucisson Suprême
L
es studieux affirment que la formule du célèbre saucisson de Vic
naquit au IVe siècle, comme un moyen de conserver la viande. À
partir du XVe le saucisson apparaît sur le papier. Actuellement, l’industrie
de l’historique saucisson est répartie dans les 28 localités qui ont le droit
de le fabriquer, ce privilège étant fondé sur la terre et l’air, agents
responsables des fréquents brouillards et des doux courants qui permettent
le prodige de son séchage.
Le monastère est facile à trouver : il est tout près du Parador. À côté du
réservoir de Sau, sur un méandre de la rivière Ter.
À Vic, il faut goûter les champignons (lactaires, truffes, girolles, cèpes,
mousserons, petits gris), les légumes en général et les petits haricots de
Collsacabra en particulier, ainsi que les pommes de terre de Bufet, aux
textures carnées. Parmi les viandes, le porc, le canard et le lapin.
Il y a un sentier signalisé pour faire l’excursion à pied, ce qui ne prendra
pas plus de trois heures aller et retour, en marchant tranquillement avec
des pauses. L’accès en voiture est possible, en prenant la déviation à
gauche du bâtiment où logent les voyageurs. Ce sont cinq kilomètres
environ. Il y a un parking et une cafétéria.
Parmi les poissons, la morue. Parmi les très nombreux plats typiques, nous
recommandons : l’escudella con carn d’olla, l’olla remenada, la marmite
de soupe de pain ou de thym et celle de soupe grillée aux boulettes. Le
bon gourmet ne laissera pas passer la butifarra aux haricots, les farcellets
de chou, ni le riz au lapin et fèves.
Site archéologique et musée de l'Esquerda, à Roda de Ter
Le village de Roda, de plus de 5.000 habitants, vécut de l’industrie textile
pendant de nombreuses décennies. Il offre maintenant au voyageur
l’indispensable visite de son musée archéologique (rue Bac de Roda nº 6),
où sont conservées les pièces provenant de l’ancien village ausetan, qui
appartinrent aux habitants qui laissèrent là leur empreinte. Il est conseillé
de coordonner la visite des fouilles et celle du musée pour mieux en tirer
profit, car il y a des restes de différentes époques : quelques uns du VIIIe
siècle av. J.C., du village ausetan fortifié et aussi d’une enclave médiévale.
Ceci se trouve à 200 m à peine du centre du village. Ce n’est ouvert que
deux heures par jour, les mercredis et vendredis et les week-ends, à des
horaires différents suivant la saison.
Pour le dessert il aura le choix entre le pa de pessic de Vic (biscuit) ou la
naranja mora.
Quant au vin, ne perdons pas de vue les classiques du lieu, les vins du
Penedés : crus phéniciens modernisés dont la variété vinifère a pour base
des raisins Parellada, Xarelo, Macabeo, Riesling, Subirat Parent,
Chardonnay, Sauvignon blanc, Chenin et Gewurztraminer, pour ne parler
que de ceux qui donnent des vins blancs.
Roda possède également deux églises et un pont gothique de belle allure.
VIC-SAU ET SON PARADOR
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RECETTE SECRÉTE:
LAPIN AUX POIRES, CHAMPIGNONS ET PRUNEAU
Ingrédients (Pour 4 personnes)
1 lapin.
2 oignons.
300 g de girolles.
Une botte de carottes.
2 gousses d’ail.
2 tomates moyennes.
4 poires tendres.
100 g de pruneaux.
1 verre de vin blanc (Penedés).
Laurier, lavande papillon, poivre blanc et sel.
Préparation
Pour que le plat ait du goût, il faut faire mariner la viande la veille, bien
imbibée de cognac avec du poivre, de l'ail et du vinaigre. Ceci fait, et les
fourneaux prêts, salez et poivrez les tranches puis sautez-les sans crainte à
feu vif. Une fois dorées, réservez-les. Dans la même huile ainsi enrichie,
faites revenir les légumes dûment détaillés et par ordre de dureté : d’abord
les champignons, puis les oignons... Quand ils sont prêts, ajoutez le vin
blanc et laissez réduire. Si vous le souhaitez tendre et riche en sauce,
ajoutez de l’eau et un peu de tomates concassées, avec deux pincées de sel
et de sucre. Au bout de 10 à 15 minutes à feu doux, versez sur les
tranches. Ajoutez alors les poires épluchées et les pruneaux en les laissant
s’imbiber de sauce, à très petit feu, encore 10 minutes.
Parador de Vic-Sau
Paraje El Bac de Sau. 08500 Vic. Barcelona
Tel.: 93 812 23 23 - Fax: 93 812 23 68
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
Textos: Juan G. D’Atri y Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar
VIC-SAU ET SON PARADOR
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