Extrait du livre ”Le Proph`ete” de Khalil Gibran Puis un tisserand dit

Extrait du livre ”Le Prophète” de Khalil Gibran
Puis un tisserand dit : ”Parle-nous des Vêtements.”
Et il répondit :
”Vos vêtements cachent une grande part de la beauté de votre corps,
Mais ne peuvent dissimuler les disgrâces de son sort.
Et bien que vos vêtements vous procurent la liberté de l’intimité, ils
risqueraient de vous harnacher et de vous enchaı̂ner.
Puissiez-vous aller à la rencontre du soleil et du vent, la peau respirant plus
de lumière et le corps effleurant moins de vêture.
Car le souffle de la vie est dans les regards du soleil, et la main de la vie est
dans les caresses du vent.
Certains d’entre vous disent :”C’est le vent du nord qui a tissé les
vêtements que nous portons.”
Et moi, je leur dis :”Certes, c’est le vent du nord : mais il effile le tissu
ramolli de vos nerfs pour tisser de quoi couvrir votre honte.
Et dès lors que son ouvrage est achevé, il se met à rire aux éclats dans la
forêt.”
N’oubliez que la pudeur sert d’armure contre l’oeil de l’impur.
Et lorsque l’impur n’est plus, que devient la pudeur, sinon un carcan pour
le corps et une souillure pour l’esprit ?
Et n’oubiez pas non plus que la terre rêve de toucher la plante de vos pieds
et que les vents languissent de caresser le velours de votre corps et de jouer
avec votre chevelure.”