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 Plantes fleuries
Le dahlia,
Odessa, dahlia buisson obtention Ernest Turc.
une plante moderne
Texte de Marie-Hélène Loaëc*
Si cette plante de “grand-mère”
a connu une baisse de popularité
il y a une vingtaine d’années,
elle a retrouvé tout son intérêt
auprès des nouveaux jardiniers
qui l’apprécient pour
ses qualités modernes.
M. Rocher
B
eaucoup de chemin a été parcouru par le dahlia depuis son
introduction en France au début du XIXe siècle. Baptisé en
l’honneur du botaniste suédois Andreas Dahl, d’où lui
vient son orthographe, il fut d’abord présenté comme un légume-racine consommé par les indigènes d’Amérique. Mais son
goût particulièrement âcre l’a cantonné à l’alimentation animale
avant que ses qualités ornementales ne soient reconnues. Depuis,
il n’a cessé d’évoluer, de nouvelles variétés voyant le jour année
après année. Ses nombreuses qualités en font un végétal moderne qui attire de plus en plus d’amateurs et de professionnels.
Peu de fleurs ont su, comme le dahlia, susciter la passion des collectionneurs, montrant une telle diversité de formes, de tailles et
de couleurs.
Une plante pleine de qualités
E. Turc
En ces temps où le développement durable est devenu incontournable, le dahlia présente un intérêt indéniable. C’est une plante économique, facile à vivre. Elle ne coûte pas cher à l’achat, le prix d’un
bulbe de variété classique se situant entre 3 et 5 euros. Sa production florale est toujours importante, de plusieurs dizaines à, quelquefois, plusieurs centaines de fleurs, notamment pour les variétés
Néo, nouveau dahlia décoratif.
22 * Avec les conseils de Philippe Turc, directeur général des Ets Ernest Turc, producteur-obtenteur de dahlias, membre du groupe de travail Dahlias de la SNHF.
JARDINS DE FRANCE AVRIL 2008
Arica, nouveau dahlia dentelle.
E. Turc
naines qui excellent en massifs et bordures. Elle ne demande que
très peu d’entretien au jardin, ayant simplement, pour les plus
grands sujets, besoin d’être tuteurée. Elle se plaît dans presque tous
les sols, à l’exception de ceux trop chargés en calcaire, préfère les
terres fertiles et est adepte du plein soleil pour mieux s’épanouir.
Bientôt un Label Rouge ?
Trop de dahlias sont commercialisés avec une qualité insuffisante ou une conformité douteuse. Ces négligences, en
compromettant la satisfaction du consommateur, nuisent à
l’image du produit. Pour défendre les intérêts des jardiniers,
la section Dahlia de la SNHF a lancé une procédure de mise
en place d’un Label Rouge, en collaboration avec l’ensemble
des producteurs français.
Peu utilisé dans le milieu horticole (les seuls Labels Rouges
existant concernent le gazon, le géranium d’Alsace et certaines variétés de plants de pommes de terre), le Label
Rouge est la seule distinction réellement reconnue par le
grand public. Si les démarches entreprises, longues et coûteuses, aboutissent, cette reconnaissance de qualité contribuera activement à valoriser une plante qui le mérite bien,
concernant la production et ses techniques culturales, et la
qualité du végétal.
Elle ne demande pas de fréquents arrosages et accepte de souffrir
de temps en temps. Il est préférable de lui apporter une fois par semaine une bonne quantité d’eau que de l’alimenter avec un goutteà-goutte permanent. Il y a beaucoup de lieux où il est possible de
laisser les tubercules en place, dans les massifs qui ne demandent
pas un bêchage complet. Il faut seulement prendre soin de les protéger du froid avec un bon paillage, en évitant trop d’humidité.
C’est une plante aux multiples usages qui trouve sa place partout, au jardin comme à l’intérieur des maisons. Les plus grandes
plantes structurantes sont appréciées pour leur caractère architectural, elles donnent une profondeur aux massifs floraux. Les
variétés de taille moyenne, dahlias décoratifs, pompons, sont du
meilleur effet en massifs ou en plates-bandes. Les plus petites
composent de belles jardinières ou des pots et de nombreuses
variétés forment de beaux bouquets colorés, notamment les dahlias cactus aux longues tiges. Les services espaces verts des villes
et villages les ont intégrés dans leurs programmes de fleurissement en jouant sur la diversité de tailles et de coloris.
Une plante généreuse
Les dahlias permettent de nombreuses associations. Ils se marient bien avec d’autres bulbes comme les cannas au feuillage
vert ou sombre, à condition de choisir des variétés de dahlias de
faible hauteur pour éviter une concurrence de taille. La plupart
des plantes annuelles ou vivaces forment de bons mariages avec
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Plantes fleuries
Happy Kiss (Ball Ducrettet).
N. Pasquel / MAP
Dahlia dentelle Tsuri-yori-no-shisha.
N. Pasquel / MAP
Dahlia pompon Mandarine de Ernest Turc.
M. Rocher
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eux. C’est le cas par exemple pour le cinéraire maritime dans des
bordures où son feuillage satiné et blanchâtre met en valeur les
couleurs vives de certaines variétés de dahlias. Les nains ou
demi-nains se montreront quant à eux en harmonie avec les
grappes rouges des sauges, les nombreux coloris des mufliers ou
les fleurs bleues des Nepeta mussinii…
La période de floraison est longue puisqu’elle va de fin juin, selon
les régions, aux premières gelées, en octobre. Avant d’être spectaculaire pour sa floraison, les dahlias offrent déjà de l’intérêt grâce
à leur abondant feuillage, très diversifié lui aussi selon les variétés.
Un bon achat
Il est possible de laisser les tubercules de dahlia en terre pendant
5 à 15 ans. Mais la panoplie des variétés est telle que ce serait
dommage de ne pas se laisser tenter pour repenser ses massifs
avec de nouveaux coloris. Lors de l’achat, il faut vérifier que le
bulbe présente un beau collet, entier, ferme, sain, ni pourri ni
desséché. C’est lui qui contient toute la plante en devenir. Les
“patates” qui l’accompagnent doivent être fermes, mais elles ne
servent que de réserves, pour un démarrage plus rapide.
Les conditionnements doivent être aérés pour permettre au
bulbe de respirer. Les photos qui accompagnent le nom de la variété ne montrent que la fleur et non la plante en végétation. Il est
donc indispensable de vérifier sur l’emballage les indications
concernant sa hauteur maximale (de quelques dizaines de centimètres à près de deux mètres !)
Le choix de la variété sera différent selon l’emplacement prévu dans
le jardin. Il est préférable d’éviter l’installation de plantes de faible
hauteur derrière des végétaux de grand développement. C’est un
écueil qui arrive hélas de temps en temps et qui peut être évité facilement, les hauteurs étant toujours mentionnées sur les paquets.
Des catalogues riches en nouveautés
Beaucoup de nouvelles variétés sont à découvrir chaque
printemps dans les catalogues pour amateurs et sur les
points de ventes jardin. Les classiques sont toujours présentes mais elles côtoient des dahlias d’exception et des
exclusivités. Delbard propose par exemple ce printemps
trois variétés inédites, Cloé, Brenda et Camille,
Truffaut introduit notamment les nouveautés Citron de
Cap, Impression Fabula, Nikita… Le catalogue Ernest Turc
n’offre pas moins de huit nouvelles variétés, réparties
dans les différentes familles : Vanille Fraise en cactus,
Convoitise en dentelles, Bel Amour en décoratif, Queza en
décoratif à petites fleurs, Olympe en fleurs simples,
Orlando et Perfect en nain double, et Paname, Grand Prix
du Concours International du Dahlia de la Ville de Paris
2007.
Autre dahlia qui avait été primé à ce concours, Halo présenté par Jeanne de Laval. Cette société commercialise les
bulbes produits par les adhérents de la coopérative agricole
Terrena. Elle a mis en place un programme de recherche, et
un critère de qualité CQC (Critères Qualité Certifiés) pour
garantir sa production.
Enfin, le CIBF, Centre International des Bulbes à Fleurs, assure la promotion internationale des producteurs hollandais.
les courber ou de les casser irrémédiablement. La pose d’un tuteur
à la plantation évite de blesser le tubercule, l’installation en cours
de végétation pouvant endommager le bulbe et ses racines.
Dahlia géant Olympe, nouvelle création Ernest Turc.
Soigner l’installation
Comme pour tout végétal, l’installation au jardin demande à être
bien préparée. Le choix de l’exposition est important, un maximum de soleil et une situation bien aérée permettant d’obtenir le
meilleur fleurissement. L’abri des vents dominants évitera la
casse des tiges. La période de plantation va du 15 avril au
15 juin, c’est-à-dire dès que les gelées ne sont plus à craindre.
Un sol argileux, une terre forte, conviennent bien, enrichis en
matières organiques quelque temps avant la mise en place et
bien travaillés en profondeur. Les tubercules sont à recouvrir de
terre sur 5 à 8 cm, en ménageant une petite cuvette pour maintenir par la suite l’eau d’arrosage. Une plantation trop profonde
risque de fatiguer le tubercule pour sa sortie de terre, une mise
en place à fleur de terre provoque le dessèchement du bulbe.
Au moment de la plantation, il est important, pour les plantes à
grand développement, d’installer un tuteur qui permettra la bonne
tenue de la plante en cours de végétation. Certaines variétés montent jusqu’à 150 cm et même près de 2 mètres. Les tiges sont cassantes et certaines fleurs très lourdes. Le moindre vent risque de
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E. Turc
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Plantes fleuries
La mise en ligne d’un site dédié
À la demande des producteurs, la section Dahlia de la SNHF
a décidé de créer un site dédié à cette plante, pour la faire
mieux connaître du grand public, par des conseils d’entretien appropriés, un descriptif des variétés disponibles ainsi
que sa valorisation en montrant des utilisations modernes,
au jardin et en bouquets. Ce groupe de travail donnera une
grille d’évaluation des variétés existantes et notera les nouveautés. Accessible par le site Internet de la SNHF, ce site
pourra également être consulté en direct. Nous vous communiquerons son adresse exacte dès qu’elle sera déposée.
Les distances de plantations varient selon les espèces. Les dahlias décoratifs ou cactus, qui comptent parmi les sujets les plus grands, sont
à planter à 1 m les uns des autres en tous sens. Ce sont des plantes de
grande végétation, qui prennent de l’espace en grandissant. Un mètre
carré pour chacune n’est pas de trop. La quantité n’est pas nécessaire
puisque le volume y supplée. Il sera plus aisé les années suivantes
d’enrichir le massif en ajoutant de nouvelles variétés, le choix s’y prête
par la diversité de cette famille. Les variétés naines sont à rapprocher
entre 35 et 50 cm pour former des plates-bandes. Un minimum de
trois sujets d’une même variété donne le meilleur résultat en massif.
Dès la plantation, un bon arrosage mais sans excès est utile pour aider
le développement du tubercule et provoquer la sortie des jeunes
pousses. Celle-ci intervient en général au bout d’une à deux semaines
de plantation. Dès qu’elles apparaissent, il faut veiller à les protéger
des escargots et autres limaces (par exemple avec du Ferramol, un
nouveau produit d’origine naturelle et de longue durée d’action).
L’entretien consiste ensuite à l’élimination des fleurs fanées pour
permettre de nouvelles floraisons. En fin de saison, par temps humide, les dahlias peuvent être attaqués par l’oïdium.
La mise en place de jeunes plants issus de boutures suit le même
processus que la plantation des tubercules, en profondeur, distances et arrosages. Ces derniers seront un peu plus copieux
pour faciliter le développement de ces plantes déjà herbacées.
Des créations incessantes
La création variétale en matière de dahlias est sans doute l’une des
plus dynamiques de toute l’horticulture. Elle concerne aussi bien
les obtenteurs professionnels que de nombreux amateurs.
Citron Bleu, création Delbard.
N. Pasquel / MAP
26 Dahlia Halo, obtention Jeanne de Laval,
commercialisée par Truffaut.
M. Rocher
JARDINS DE FRANCE AVRIL 2008
Géant Tartarus, nouveauté Ernest Turc.
Où voir
de belles collections de dahlias ?
• Parc floral de Paris dans le bois de Vincennes, où chaque
année, quelque 200 variétés sont cultivées en banquettes
pour participer au concours international de la ville de
Paris.
• Parc floral d’Orléans-La Source.
• Jardin des Plantes de Paris.
• Parc départemental de la Courneuve.
• Arboretum d’Angers.
• Conservatoire de la Société Française du Dahlia à
Flamanville (Manche).
• Le Clos du Coudray à Etaimpuis (Seine-Maritime).
• Le lycée de Coutances (Manche), qui organise tous les ans
en septembre le Mondial du Dahlia, avec un jury professionnel et un critérium du public.
• Les Jardins de Brocéliande à Bréal-sous-Montfort (Ille-etVilaine) ouvrent cette année un labyrinthe de dahlias, avec
800 pieds sur 1 200 m² (280 variétés différentes).
• À l’occasion de nombreux salons, nationaux et régionaux.
E. Turc
Nikita, chez Truffaut.
Truffaut
Ces derniers participent d’ailleurs régulièrement aux différents
concours nationaux et internationaux comme celui organisé au
Parc Floral de Paris dans le Bois de Vincennes, ou le Mondial de
Coutances.
Une nouvelle variété demande un cycle de cinq à sept ans
avant de voir le jour. Au sein de l’entreprise Ernest Turc, par
exemple, les croisements dirigés vont porter sur 8 000 semis
au cours d’une année. En seront sélectionnés environ 150 sujets
intéressants. En année 2, ils ne seront plus qu’une cinquantaine, la troisième année une quinzaine. La période suivante
ne gardera qu’une à cinq nouvelles variétés, les meilleures.
Elles pourront alors être commercialisées lorsque leur production sera suffisante. Chaque année le catalogue s’enrichit
ainsi de nouveautés, leur nombre compensé par un retrait
équivalent de variétés plus anciennes pour conserver une offre
semblable en quantité.
Les critères de sélection des nouveaux cultivars concernent
l’obtention de pétales plus fermes, de tiges plus résistantes au
vent et qui n’ont plus besoin d’être tuteurées, de couleurs plus
vives, d’une meilleure résistance des fleurs à la pluie. La recherche s’oriente également vers des plantes autonettoyantes,
dont les nouvelles fleurs cachent bien celles qui sont fanées ou
dont ces dernières tombent d’elles-mêmes, sans intervention
humaine.
La multiplication bénéficie des techniques les plus modernes.
Elle se fait par bouturage de pieds-mères, avec une régénération
variétale in vitro en laboratoire. Cette méthode assure la continuité variétale et la qualité sanitaire des tubercules. L’amateur
peut, lui, diviser des bulbes pour agrandir sa collection mais il
fragilise la plante et risque de multiplier virus et maladies. JARDINS DE FRANCE AVRIL 2008
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