Lire le communiqué de l`exposition.
Transcription
Lire le communiqué de l`exposition.
COMMUNIQUÉ Tarots de Marseille du 23 au 29 novembre 2016 Société Nautique de Marseille 23 quai de Rive Neuve, Marseille ENTRÉE LIBRE Tous les jours de 11h à 19h (dimanche compris) Vernissage mercredi 23 novembre de 18h à 21h en présence de l’artiste Hélène HAVLIK « Mon parcours est sinueux comme un sentier de montagne. J’ai tout d’abord suivi une formation universitaire et obtenu un diplôme Master 2 Arts option théâtre. C’est ainsi qu’il y a 10 ans, la BNF m’a sélectionnée pour mener à bien une thèse. Mais la mort soudaine d’un ami m’a conduite à renoncer à ce défit. Au delà des travaux universitaires, ma première vie était tournée toute entière vers le théâtre. J’ai parfois connu la lumière et le grand frisson de la scène mais j’ai surtout exercé du côté obscur de la force, en coulisse (assistante à la mise en scène, chargée de diffusion). Après avoir quitté Paris pour retourner vivre chez mes parents à Cassis, je tentai de remonter la pente abrupte du deuil en me tournant vers les sciences et notamment en démarrant à 30 ans des études de médecine. Mais à part pour dessiner des planches anatomiques, je n’avais guère de talent. C’est ainsi que je décidai de professionnaliser ma pratique de la peinture, il y a 6 ans. Tout d’abord sur les quais, dans la rue, tannant ainsi mon cuir à la critique du tout venant et rencontrant également des amoureux de la peinture qui sont devenus de fidèles acquéreurs. En effet, la peinture n’est pas mon premier métier même si je n’ai jamais cessé sa pratique depuis la plus petite enfance. Avant de devenir professionnelle, j’ai longtemps peint dans mon coin, à mes heures perdues, en solitaire. Une peinture terminée, je ne l’accrochais pas au mur, je la descendais à la cave ou la donnais. Cette longue pratique amateur - j’aime ce mot car il porte en lui l’étymologie du mot amour - explique en partie l’identité artistique de mon travail. En effet, mon exercice de cet art a d’abord grandi dans le simple plaisir de faire, très loin du plaire. À l’abri des regards, à l’ombre de ma cave, mon identité artistique s’est construite à contre-courant des tendances et des techniques ; libre de mon seul regard. En 6 ans d’activité professionnelle, j’ai proposé trois expositions personnelles avec chacune un thème. La première « Impression d’Europe, Regards d’artiste » fut donnée à l’occasion de Marseille Provence capitale de la culture en Europe en 2013. Elle rassemblait plus de 200 aquarelles et encres sur chacun de mes voyages dans les 27 capitales de l’Union et a fait l’objet d’un livre illustré éponyme. La deuxième « Trois mois de silence Russie-Chine » (2015) concernait ma longue traversée Sino-russe. Elle rassemblait une trentaine d’aquarelles et encres sur papier, une cinquantaine de photographies noir et blanc, une dizaine d’huiles sur toile et également un récit de 200 pages. Après avoir ainsi nourri mon art en voyageant loin de chez moi, allant parfois à l’autre bout du monde, j’ai souhaité re- centrer ma peinture sur un sujet plus « local », tout en gardant la dimension universelle que je cherche à travers les voyages. Les Tarots de Marseille se sont ainsi naturellement imposés pour une troisième exposition personnelle. Le choix du sujet est essentiel dans ma démarche artistique car il est la première étape nécessaire à mon processus de travail. La phase de recherche peut ainsi commencer. C’est une période de documentation, d’esquisses, de grande curiosité qui précède l’étape de réalisation. Les Tarots de Marseille sont un sujet extraordinaire car ils porte nt tout en eux, l’intime et l’universel, la statique et la dynamique, la petite et la grande histoire. Rares sont les personnes qui n’ont pas un jour eu affaire à ce drôle de jeu. Les Tarots permettent également d’aborder à travers son iconographie, la figure humaine et m’autorise à dépasser les contraintes figuratives du portraitiste de rue. À la manière d’une interprète, je m’approprie les couleurs, les formes, les symboles de ce jeu de carte mythique, mystique. Me focaliser ainsi sur une série d’huiles sur toile ayant pour sujet les 22 arcanes majeurs du jeu, permet également d’approfondir ma technique, mon processus et mon identité artistique. À la différence de mes dessins, aquarelles et encres sur papier qui tendent vers une exactitude du trait ; sur la toile, les repentirs existent et on les devine facilement quand on ne les voit pas carrément. Mon processus est très lent car entre chaque étape, s’écoule parfois plus d’une ou deux semaines, ce qui implique que je travaille sur plusieurs œuvres en même temps. J’enduis d’abord ma toile avec un mélange de blanc d’Espagne, d’huile de lin et de térébenthine ce qui confère au support une texture murale. J’esquisse ensuite à la sanguine l’arcane que j’ai étudié au préalable à l’encre sur papier. Sur la toile, je colore chaque surface et travaille les différents effets de textures. J’utilise tantôt le couteau, tantôt le pinceau, parfois même des cartes à jouer et d’anciennes cartes téléphoniques. Enfin je recouvre tout ou en partie de ce que je viens de faire pour le découvrir ensuite à la manière d’un archéologue. De sorte que la peinture terminée, on a l’impression d’avoir devant soi le bout de mur, relique d’une fresque murale qui révèle la figure ancestrale du Tarot de Marseille. L’art a pour moi cette capacité fascinante de s’affranchir du temps (les peintures rupestres sont par exemple d’une extrême modernité). Lorsqu’une œuvre est réussie, elle touche, à mon sens, à l’éternité. Ce que je cherche avant tout dans ma peinture, c’est d’entrer dans ce dialogue sans commencement ni fin, entre passé, présent et avenir et j’espère que vous trouverez cette porte à travers un de mes tableaux. »