Certificats d`aptitude à la conduite en sécurité - APST-BTP-RP
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Certificats d`aptitude à la conduite en sécurité - APST-BTP-RP
LE PETIT JOURNAL DU DEFIM Janvier 2001 N° 100 Publication mensuelle APMT - BTP - RP - DEFIM, BP N°1, 92340 Bourg La Reine Numéro Spécial « CACES » Certificats d'aptitude à la conduite en sécurité (CACES) : mode d’emploi Les engins mobiles automoteurs de chantier et les équipements de levage, tels que grues à tour, grues auxiliaires, grues mobiles, plates formes élévatrices mobiles de personnel et chariots élévateurs, sont à l'origine de nombreux accidents du travail. Il ressort, de l’analyse de ces accidents et des enquêtes de l’Inspection du travail, que le simple respect de règles élémentaires de sécurité et une formation initiale à la conduite permettent de réduire le risque d'accidents liés à l'utilisation de tels engins ou équipements. C'est la raison pour laquelle un décret de décembre 1998 prévoit, pour la conduite de ce type d'engins, une formation adéquate des conducteurs et l'obligation pour le chef d'entreprise de délivrer une autorisation de conduite. Le décret n°98-1084 du 2 décembre 1998 Ce Décret transpose la directive 95/63/CE du 5 décembre 1995 qui modifie la directive 89/655/CEE concernant les « prescriptions minimales de sécurité et de santé pour l’utilisation par les travailleurs au travail d’équipements de travail ». Le décret introduit des mesures d’organisation et des conditions de mise en œuvre des équipements servant au levage des charges et des équipements mobiles. Concernant la conduite des équipements automoteurs et des équipements de levage, l’obligation d’une formation adéquate préalable est généralisée. Elle s’impose pour tous les matériels concernés et dans tous les secteurs d’activité. Cette obligation de formation est prolongée pour certains équipements, listés par arrêté, par l’obligation d’être titulaire d’une autorisation de conduite délivrée par le chef d’établissement. Le renforcement de la formation à la conduite Article R.233.13-19 du code du travail : La conduite des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de travail servant au levage est réservée aux travailleurs qui ont reçu une formation adéquate. Cette formation doit être complétée et réactualisée chaque fois que nécessaire. En outre, la conduite de certains équipements présentant des risques particuliers, en raison de leurs caractéristiques ou de leur objet, est subordonnée à l’obtention d’une autorisation de conduite délivrée par le chef d’entreprise. L’autorisation de conduite est tenue, par l’employeur, à la disposition de l’inspecteur du travail ainsi que des agents des services de prévention des organismes compétents de la Sécurité sociale. Des arrêtés des ministres chargés du travail et de l’agriculture déterminent : les conditions de la formation exigée au premier alinéa du présent article ; les catégories d’équipements de travail dont la conduite nécessite d’être titulaire d’une autorisation de conduite ; - - les conditions dans lesquelles le chef d’entreprise s’assure que le travailleur dispose de la compétence et de l’aptitude nécessaires pour assumer, en toute sécurité, la fonction de conducteur d’un équipement de travail ; la date à compter de laquelle, selon les catégories d’équipements, entre en vigueur l’obligation d’être titulaire d’une autorisation de conduite. L’autorisation de conduite La délivrance de cette autorisation est de la responsabilité du chef d’établissement. Elle est établie et délivrée par l’employeur sur la base d’une évaluation, effectuée par ce dernier, et fondée sur les trois éléments d’évaluation énumérés à l’article 3 de l’arrêté du 2 décembre 1998 (relatif à la formation à la conduite des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de levage de charges ou de personnes) : Ø un examen d’aptitude réalisé par le médecin du travail ; Ø un contrôle des connaissances et savoir-faire de l’opérateur pour la conduite en sécurité de l’équipement de travail ; Ø une connaissance des lieux et des instructions à respecter sur le ou les sites d’utilisation. Il est à noter que l’utilisation en sécurité de certains équipements de travail fait l’objet de recommandations de la CNAM. Affiche INRS Les recommandations de la CNAMTS Afin d’associer les intéressés (employeurs et salariés) à leur mission, notamment en matière de prévention, la Commission des AT et MP (CATMP)est assistée par des organismes paritaires, les Comités techniques Nationaux (CTN). Il existe 15 CTN, chacun représentant des branches d’activité. Ces CTN ont pour rôle, entre autres, de réaliser des études relatives aux risques professionnels et aux moyens propres à les prévenir. A la suite de ces études, ils peuvent élaborer des recommandations, sortes de « règles de l’art », proposées aux professionnels pour prévenir les risques liés à leur activité. Elaborées avec l’aide de la CNAM, des CRAM et de l’INRS, ces recommandations constituent des documents d’autant plus précieux que les réglementations sont souvent exprimées en terme d’objectifs à atteindre et n’apportent pas toujours les précisions techniques permettant d’y parvenir. Publiées par l’INRS, les recommandations sont diffusées par les CRAM. Quelle est leur valeur juridique ? En tant que telle la recommandation n’est pas une réglementation. Elle n’est là que pour aider les chefs d’établissement à remplir au mieux leurs obligations. De ce fait, le non-respect d’une recommandation édictée par le CTN compétent pour la branche d’activité dont il relève, ne saurait exposer le chef d’établissement à une sanction directe. Mais, bien que dépourvue de force obligatoire directe, les recommandations peuvent cependant être source de droit et leur non-respect peut avoir des conséquences juridiques, par exemple en matière de recherche des éléments constitutifs d’une faute inexcusable. Les recommandations «conduite d’engins» Elles donnent aux entreprises les moyens de réaliser l’évaluation des connaissances et de savoir-faire des conducteurs avant de leur délivrer l’autorisation de conduite. Le dispositif, commun à toutes les recommandations, repose sur un système « qualité » : cahier des charges, accréditation, audits de contrôle… Les « testeurs » qui réalisent les tests d’évaluation des candidats en vue de la délivrance du CACES, appartiennent à des « organismes testeurs » qualifiés par des « organismes certificateurs de qualification », eux-mêmes accrédités par le Comité français d’accréditation (COFRAC) et conventionnés par la CNAM. Dans de nouveau dispositif, la CNAM, les CTN et les CTR (Comités techniques régionaux) n’interviennent plus pour valider des formations ou des organismes pouvant délivrer des CACES (ou autres certificats) ou des testeurs d’entreprises. La notion spécifique de « testeur d’entreprise » disparaît. Une entreprise peut toutefois devenir « organisme testeur » et posséder des testeurs suivant les nouvelles modalités, au même titre qu’un organisme spécialisé. Les différentes recommandations wEngins de chantiers : Recommandation R 272 modifiée wGrues à tour : Recommandation R 277 modifiée wPlates formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP): Recommandation R 386 wChariots automoteurs de manutention à conducteur porté : Recommandation R 389 wGrues mobiles : Recommandation R 383 modifiée wGrues auxiliaires de chargement de véhicules : Recommandation R 390 (à venir) La liste des organismes testeurs est publiée sous le contrôle de la CNAMTS. La liste des testeurs d’entreprises qualifiées est communiquée aux CRAM par les organismes certificateurs. Pour assurer en interne la formation et la délivrance d’un CACES, l’entreprise doit posséder : ð un testeur, qu’elle aura fait reconnaître lors de la procédure de certification ð un formateur, qui a des compétences pédagogiques, une expérience en conduite et qui peut proposer un programme détaillé de formation, établi à partir du référentiel de connaissances défini dans chaque recommandation. Le CACES Le CACES n’est ni un diplôme, ni un titre de qualification professionnelle. Il ne valide que les connaissances et le savoir-faire du candidat pour la conduite en sécurité. Il est spécifique à une catégorie d’engins. Les recommandations donnent des objectifs à atteindre pour l’obtention de ce certificat, à l’aide de référentiels de tests et de fiches d’évaluation de connaissances, théoriques et pratiques. Elles ne décrivent pas la formation. Le contenu et la durée doivent être adaptés au candidat, l’expérience pratique de conduite pouvant être prise en compte. La formation doit être réactualisée chaque fois que nécessaire, notamment en cas de longue période sans pratique effective de la conduite de l’équipement concerné, de l’évolution technique du matériel, des modifications des conditions d’utilisation. Qui fait quoi ? Ø Le médecin du travail déclare l’aptitude médicale à la conduite et vérifie l’aptitude médicale tous les ans. Ø Le formateur, forme, complète la formation si échec au test et réactualise les connaissances si besoin. Ø Le testeur, teste suivant un référentiel de connaissances et des fiches d’évaluation. Il teste le conducteur au moins tous les 5 ou 10 ans, selon le type d’engin. Ø L’organisme testeur délivre le CACES. Ø Le chef d’entreprise, informe sur les lieux de travail et donne les instructions à respecter. Il donne les compléments d’information en cas de nouveaux risques ou de nouvelles situations de travail. Ø Le chef d’entreprise délivre l’autorisation de conduite, avant de confier la conduite d’un engin à un conducteur titulaire d’un CACES et après avoir fait vérifier son aptitude médicale. - machines à peindre les lignes sur les chaussées Ø Le conducteur possède l’autorisation et doit pouvoir la présenter en cas de contrôle. L’aptitude médicale : que préconisent les recommandations ? ð R 372 modifiée : engins de chantier - Visite préalable au test de connaissances, pouvant être combinée à la visite d’embauche (VE) ou la visite annuelle (VA), - Tests visuels et auditifs - Examens complémentaires (EC) si le médecin l’estime nécessaire. ð R 377 modifiée : grues à tour - Visite préalable au test de connaissances, pouvant être combinée à la VE ou la VA, - Tests visuels et auditifs, - EC si le médecin l’estime nécessaire. w Engins d'extraction ou de chargement à déplacement séquentiel pelles engins de fondations spéciales, de forage, de travaux souterrains ðR 383 modifiée : grues mobiles - Visite préalable au test, pouvant être combinée à la VE ou la VA, - Tests visuels et auditifs, - EC si le médecin l’estime nécessaire. w Engins d'extraction à déplacement alternatif bouteurs tracteurs à chenilles pipe layer ð R386 : PEMP - Visite préalable, pouvant être combinée à la VE ou la VA, - Appréciation de l’aptitude au travail en hauteur, tests psychotechniques si le médecin le juge nécessaire, - Aptitude vérifiée avant la prise de fonction et tous les ans dans le cadre de la surveillance médicale réglementaire. w Engins de chargement à déplacement alternatif chargeuses chargeuses-pelleteuses ð R 389 : chariots automoteurs - Visite préalable à la formation - Tests visuels et auditifs - EC, tests psychotechniques si le médecin le juge nécessaire ; le médecin a l’initiative du choix de l’organisme de test et il est seul destinataire des résultats. ð R 390 : grues auxiliaires de chargement de véhicules (à venir) Les équipements concernés Ø Equipements de levage w grues à tour w grues mobiles w plates-formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP) w grues auxiliaires de chargement de véhicules wchariots automoteurs de manutention à conducteur porté (hors chantiers BTP) Ø Engins de chantier à conducteur porté ou télécommandés w Tracteurs et petits engins de chantiers mobiles tracteur agricole mini-pelle (jusqu'à 6 tonnes) mini-chargeuse (jusqu'à 4,5 tonnes) moto-basculeur (jusqu'à 4,5 tonnes) petit compacteur w Engins de finition à déplacement lent finisseur machine à coffrage glissant répandeur de chaux gravillonneur automoteur pulvimixeur fraiseuse w Engins de réglage à déplacement alternatif niveleuse w Engins de compactage à déplacement alternatif compacteur w Engins de transport ou d'extraction transport tombereau décapeuses tracteur agricole (> 50 chevaux) w Engins de manutention chariot élévateur de chantier ou tout terrain Déplacement, chargement, déchargement, transfert d'engins, maintenance, démonstration, essais (hors production). Dates d’application des Recommandations CACES Ø 1er janvier 2000 : w engins de chantiers (R 372 modifiée), w grues à tour (R 377 modifiée) w plates-formes élévatrices mobiles de personnes (R 386) Ø 1er juillet 2000 : w grues mobiles (R 383 modifiée) Ø 1er janvier 2001 : wchariots automoteurs de manutention à conducteur porté (R 389) Ø 1er janvier 2003 : w grues auxiliaires de chargement de véhicules (R 390, à venir) Durée de validité d’un CACES ðAu maximum 10 ans pour les engins de chantiers ðAu maximum 5 ans pour les équipements de levage. Qui est dispensé du test ? Ø les titulaires d’un diplôme de l’éducation nationale, titre, certificat de formation professionnelle (CPP) ou certificat équivalent reconnu en Europe, pour la conduite des engins concernés, datant de moins de 5 ans, Ø OU si changement d’entreprise, les titulaires d’un CACES valide, ou certificat de capacité professionnelle (CPP) pour les conducteurs de chariot automoteur, Ø OU, pendant 5 ans après la date d’application de la nouvelle recommandation, les titulaires d’un CACES, autorisation ou CPP délivrés au titre des anciennes recommandations. Quelques situations particulières Ø Intervention d’une entreprise extérieure (EE) L’employeur du salarié (EE) reste responsable des mesures de prévention nécessaires à la protection de son personnel. Il est responsable de la formation du conducteur et lui délivre une autorisation de conduite en tenant compte des trois éléments d’évaluation décrits dans le cas général. En particulier, si l’équipement est mis à disposition de l’EE par l’EU (entreprise utilisatrice), il convient de vérifier que la formation est adaptée à la conduite de cet équipement. Les informations relatives aux lieux et instructions à respecter sur le site doivent tenir compte des mesures de prévention établies en commun entre l’EE et l’EU. Il n’est pas nécessaire de renouveler l’autorisation de conduite de chaque nouvelle intervention dans la même EU, dès lors que, pour chaque intervention, le chef de l’EE s’est assuré que les trois éléments de l’évaluation sont satisfaits. Ø Coordination de chantier Dans ce cas, le conducteur est salarié d’une entreprise intervenant dans une opération de bâtiment ou de génie civil, soumise aux dispositions de l’article L.235-2 et suivants et R 238-1 et suivants du Code du travail, relatifs à la coordination de la prévention. L’employeur est responsable de la formation du conducteur et lui délivre l’autorisation de conduite en tenant compte des trois éléments d’évaluation décrits dans le cas général. Les informations relatives aux lieux et les instructions à respecter sur le site, doivent tenir compte des mesures de prévention décidées dans le cadre de la coordination et définies dans le plan général de coordination (PGC) et le plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS). Ø Travail temporaire Le chef de l’ETT est responsable de la formation du conducteur, de la visite médicale et de l’évaluation des connaissances et savoir-faire. En revanche, c’est le chef de l’EU qui s’assure que le conducteur a l’information sur la connaissance des lieux et des instructions à respecter et qui délivre l’autorisation de conduite pour la durée de la mission. L’autorisation pourra être prolongée, sans renouveler le document, pour des missions successives dans la même EU si toutes les conditions de délivrance restent satisfaites. Ø Personnes chargées de l’entretien ou de la réparation des équipements L’employeur doit délivrer une autorisation de conduite qui précise les limites de la conduite autorisée, par exemple : pour essais de fonctionnement. La formation à la conduite sera adaptée à la spécificité de leurs tâches. Ø Artisan N’appartenant pas eu régime général de la Sécurité sociale, il n’est pas tenu aux mêmes obligations. Il peut en tant qu’employeur «s’auto-autoriser » à conduire un engin. TEXTES REGLEMENTAIRES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES wDécret N°98-1084 du 2 décembre 1998 wArrêté du 2 décembre 1998 – Formation à la conduite des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de levage de charges et de personnes. wCirculaire DRT 99/7 du 15 juin 1999 wGuide pratique des Recommandations de la CNAMTS : Conduite en sécurité des équipements de travail mobiles automoteurs et des équipements de levage wDossier INRS : CACES sur le net : www.inrs.fr/dossiers/caces.htm wDocument OPP BTP : Utilisation et conformité des engins mobiles et des appareils de levage Ci-joint en annexe : Le Guide pratique de la CNAMTS