CR du voyage à Istambul

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CR du voyage à Istambul
Des Bouches du Rhône
Novembre 2015
ISTANBUL « ENTRE ORIENT ET OCCIDENT »
Située sur deux continents , Istanbul nous rappelle qu’elle fut la Byzance des Grecs, la Constantinople
de l’Empire romain d’Orient, la capitale des sultans ottomans, et le symbole d’une civilisation où étaient
concentrées intelligence et richesse et qui a ébloui l’humanité pendant 9 siècles.
Byzance, ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, fondée au VIIIe siècle av.J.C. par Byzas,
située sur le détroit du Bosphore qui sépare l’Asie de l’Europe, et relie la mer Noire à la mer de Marmara
(et celle-ci, par les Dardanelles, à la mer méditerranée), devint rapidement un centre de commerce
important.
Comme toute la Grèce, Byzance subit la tutelle de Rome avant de devenir Constantinople en hommage à
l'empereur romain Constantin Ier qui choisit d'en faire la nouvelle capitale de l’Empire romain. La
Nouvelle Rome sera officiellement inaugurée en mai 330. En 1453, conquise par les Turcs ottomans, elle
va garder le nom de Constantinople jusqu’à l’avènement de la République turque en 1923 où elle
deviendra officiellement Istanbul.
Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985, Istanbul est aujourd’hui , avec une
population de plus de 15 millions d’habitants, une des plus grandes mégapoles du monde.
Arrivée le soir à Istanbul, premier éblouissement en découvrant la majesté et la splendeur de la
Mosquée Bleue illuminée et de la Basilique Sainte Sophie lui faisant face et premier contact
avec le centre historique de la ville.
Mosquée Sultanahmet,
la mosquée Bleue
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D’une grande signification symbolique, la place de l’Hippodrome doit son nom à l’hippodrome, centre de
la vie sociale et politique de la cité romaine, où se déroulaient les courses de chars et autres
manifestations. Réalisé par l'empereur Septime Sévère dans une ville qui s'appelait encore Byzance, il
fut agrandi et embelli par Constantin Ier et ses successeurs.
Parmi les nombreuses sculptures rapportées des grands sanctuaires de la
Grèce antique ( le quadrige de bronze qui orne actuellement la basilique
Saint-Marc de Venise), trois sont encore en place : l'Obélisque de Théodose
(Egypte 1490 av.J.C.), en granit rose provenant d’Egypte, posé sur une base
datant de Théodose, la Colonne Serpentine en bronze, (Delphes 479 av.j.c.),
dont les 3 têtes de serpent ont disparu et la Colonne de Constantin (4ème s.)
recouverte à l’origine de bronze et pillée par les croisés.
Les Ottomans utiliseront ce lieu pour des cérémonies officielles, comme la
célébration de la circoncision du prince Mehmet, fils de Murad III, occasion
d'un fastueux défilé des guildes dans l'arène de l'hippodrome.
1er jour
Visite du Palais de Dolmabahçe avec notre guide turque, Ergul.
En transférant leur résidence du Palais de
Topkapi vers ce nouveau palais de style
Napoléon III, les sultans voulaient se
rapprocher du style européen en vogue à
l’époque. De 1853 à 1922 sous le règne
successif de six sultans, il fut le centre
de l’administration ottomane avant de
devenir en 1924 propriété de l’Etat turc.
Atatürk en fit sa résidence présidentielle
et s'y éteignit le 10 novembre 1938.
Ce superbe palais de marbre blanc a été construit en 1853 par le Sultan Abdülmecit sur un terrain gagné
sur le Bosphore lors de travaux au XVIIe siècle.
L’intérieur du palais d’un luxe inouï est un étonnant
mélange de baroque européen et de culture ottomane.
A noter parmi les 256 pièces du palais, le célèbre
escalier de cristal, les collections de tapis Hereke, les
lustres en cristal de Bohême et Baccarat. Opulence,
richesse, envie de modernité, tout un mode de vie qui
change avec l’utilisation de couverts, de tables, de
chaises. Pourtant la tradition est respectée puisque
l’on retrouve le quartier réservé au sultan et au harem
où lui seul pouvait accéder.
Escalier de cristal
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Saint-Sauveur-in-Chora construite à la fin du XIe siècle « dans les terres » est
l’un des plus beaux exemples d'église byzantine. On doit à Théodore Métochite (14ème siècle), homme
d’Etat influent de l’époque, la décoration intérieure composée de revêtements de marbres multicolores,
de mosaïques et peintures sur les murs, les piliers et la voûte. D’une qualité exceptionnelle, elles
représentent différentes étapes de la vie de Jésus, de Marie et de divers saints de l’église
Théodore Métochite va faire appel aux meilleurs spécialistes de la mosaïque pour réaliser cet
ensemble unique et lui donner une vision de l’espace et du monde propre à la tradition byzantine, avec un
souci de réalisme et une force créatrice caractéristique des maîtres byzantins. Convertie
en mosquée par les Turcs Ottomans en 1511, l’église devint un musée en 1948.
Dormition de Marie (mosaïques)
Résurrection du Christ (fresque)
Déjeuner de poissons sous le pont de Galata.
Nous longeons la Corne d’Or, (golfe long de 7 km
où se trouvaient, dès le Moyen Age, les fameuses
échelles du Levant, ports de l’Empire Ottoman) et
rejoignons le quartier d’Eyüp et le Café Pierre
Loti pour un légendaire café turc.
Vue imprenable sur la Corne d’Or
Nous traverserons ensuite le grand cimetière d’Eyüp,
véritable musée en plein air de monuments funéraires, avec
ses tombes sculptées, couronnées de la coiffe du défunt pour
les hommes et décorées de motifs floraux pour les femmes.
La Mosquée d’Eyüp est un sanctuaire islamique très
fréquenté par les croyants qui doit son nom à Eyüp Sultan, un
des compagnons de Mahomet, tombé lors du premier siège de
Constantinople.
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Les türbe, (mausolées), sont réservés aux personnages les plus importants. Le principal mausolée est
celui d’Eyüp, dans la cour même de la mosquée. Il est recouvert de céramique d’Iznik. A l’intérieur sont
exposées les reliques du saint.
Rencontre en fin d’après midi avec le journaliste Mehmet Güç qui nous fera part des menaces qui
se précisent autour de lui et de ses confrères et qui l’empêchent de parler d’un islamisme
dangereux qui peut diviser le pays.
2ème jour
L’Empire ottoman (1299 à 1923 ) ou Sublime Porte ( nom donné à la
porte d'honneur monumentale du grand vizir, siège du
gouvernement réel à Constantinople à partir du XVIIe siècle)
s'étendait au faîte de sa puissance sur trois continents.
C’est en 1453 que le sultan Mehmet II et ses armées ottomanes conquièrent Constantinople prenant
ainsi la domination de la partie chrétienne de la Méditerranée orientale.
Le
nouvel
empire
assura
sa
cohésion en permettant une possible ascension sociale :
tout janissaire pouvait espérer accéder aux plus hautes
fonctions comme celle de vizir.
Le sultan au 16e siècle prend alors le titre de calife , c'està-dire successeur de Mahomet et chef de l’oumma, la
communauté musulmane.
Palais des sultans ottomans de 1465 à 1856,
Topkapi est construit dès 1459, sous le règne du
sultan Mehmed II, sur l’emplacement de l’acropole de
l’antique Byzance qui domine la Corne d'Or, le Bosphore et
la mer de Marmara.
Résidence principale du sultan et de sa cour, siège officiel
du gouvernement, c’est un complexe architectural composé
de quatre cours principales et de nombreux bâtiments
annexes auxquels on accède par d’impressionnantes portes.
Un code précis régissait la préséance des fonctionnaires de la cour, la
hiérarchie administrative et les questions de protocole, code reprécisé
par la configuration des lieux, de l’officiel au plus intime, de la cour des
Janissaires (soldats d'élite recrutés parmi les enfants des chrétiens
vivant sous domination ottomane), aux appartements privés du sultan
dont le mystérieux Harem.
Dirigé par la Sultane validé, mère du sultan, le Harem formait une
société organisée et hiérarchisée qui hébergeait, pour assurer une
succession à la dynastie, de nombreuses femmes venues pour la plupart
du Caucase (aucune musulmane ne pouvait être asservie), et que seuls
les eunuques pouvaient approcher.
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Outre les décors architecturaux, lambris dorés, céramiques murales, marbres et vitraux, le Palais
possède une des plus riches collections au monde de céladons et de porcelaines chinoises. Le Trésor
impérial rassemble également une vaste collection d'œuvres d'art, de joaillerie et d'objets précieux. On
peut aussi admirer une remarquable Galerie de miniatures et de portraits.
Déjeuner dans le Palais
Les sultans ottomans ont su adapter et développer la civilisation byzantine , comme en témoigne la
Mosquée bleue qui reprend l’architecture de la basilique Sainte-Sophie.
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La conception de la mosquée Sultanahmet est l'aboutissement de deux siècles de
développement à la fois de mosquées ottomanes et d'églises byzantines. Construite au 17ème siècle sous le
règne d’ Ahmet 1er sur le site du palais des empereurs byzantins , elle reprend les plans des édifices
conçus au 16ème siècle par le grand architecte Sinan directement inspirés par Sainte Sophie édifiée mille
ans plus tôt. Cette succession de coupoles et demi dômes ponctuée par l’élégance des 6 minarets est
d’une parfaite harmonie. A l’intérieur, la coupole est soutenue par quatre piliers massifs et contrebutée
par quatre demi coupoles. Les murs sont entièrement décorés de carreaux de céramique d'Iznik à
dominante bleue.
Piliers, coupoles, demi-coupoles et céramiques d’Isnik
Construite à l’emplacement d’une ancienne basilique, la Citerne Basilique, grande citerne souterraine
construite par l’empereur byzantin Justinien (527-565) pour alimenter en eau le grand palais des
empereurs romains et byzantins, est un véritable
palais englouti de 336 colonnes de marbre ornées
de chapiteaux corinthiens supportant des arcs et
des voûtes de briques. . Deux têtes sculptées de
la légendaire méduse utilisées comme base sont de
véritables chefs d’œuvre de l’art romain.
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3ème jour
En 330, Rome ayant cessé d’être la capitale politique effective de l’Empire, l'empereur
romain Constantin choisit la colonie grecque de Byzance, à la croisée de deux continents et de deux
mers, pour en faire la Nouvelle Rome, et s’appuie sur le christianisme comme ciment de ce nouvel
empire. Il entreprend alors la construction de grands murs fortifiés . En 395, à la mort de
l'empereur Théodose Ier, et à la suite de nombreuses invasions barbares, l’empire est partagé entre ses
deux fils, l’Empire d'Occident avec Ravenne pour capitale et l’Empire d'Orient et sa capitale
Constantinople
Une première basilique consacrée à la
« Sagesse Divine » Sainte-Sophie a
été voulue en 330 par l'empereur
Constantin après sa conversion au
christianisme.
Plusieurs fois détruite, c’est en 532
que l’empereur Justinien en décide la
reconstruction demandant aux
architectes de s’inspirer du Panthéon
de Rome et de l'art chrétien primitif
d'Occident.
Sainte-Sophie sera le point culminant
des réalisations architecturales de
l'Antiquité tardive et le premier chefd'œuvre de l'architecture byzantine.
Elle aura une influence considérable sur
l’architecture arabe, vénitienne et
ottomane. Devenue mosquée au XVème
siècle sous l'impulsion du sultan Mehmet
II, elle n’est plus depuis 1934 un lieu de
culte mais un musée.
Quatre piliers massifs disposés aux quatre angles et
contrebutés par des demi-coupoles reportent les
forces exercées par l’immense coupole couvrant la
nef, ce qui agrandit considérablement l’espace
intérieur.
Toutes les surfaces intérieures sont plaquées de
marbres polychromes, de porphyres rouges et verts.
La déisis : la Vierge et Jean-Baptiste implorent le Christ
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Les mosaïques d'or sont exceptionnelles, et recouvrent toute l’église. Elles figurent la Vierge
Marie, Jésus, ou bien des empereurs et impératrices.
- Le Christ de la Deisis
- L'empereur Constantin Ier, fondateur de la ville
-L’impératrice Zoé
Surplombant les ruelles du Bazar Egyptien, la Mosquée de Rüstem Pasha (1564) est l’œuvre du célèbre
architecte Sinan pour le grand vizir et gendre de Soliman le Magnifique, Rüstem Pasha.
A l’époque de Soliman, l’empire ottoman est à son
apogée et Rüstem Pasha un personnage de première
importance. Né en Croatie, enfant chrétien converti
à l’Islam, il aura une destinée incroyable qui le
conduira aux plus hautes fonctions de l’état.
Exemple parfait
de l'art ottoman , elle est
célèbre par son décor spectaculaire de céramiques
et de faïences bleues d’Iznik qui ornent les murs
intérieurs et les parois du péristyle, composant une
magnifique symphonie de motifs floraux et
géométriques.
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Fin d’après midi au Grand Bazar dont la partie la plus ancienne date de 1455 (Mehmed II) et auquel on
peut accéder par 18 portes. Organisé par quartiers regroupant chacun un certain type d’artisanat, c’est
le plus grand bazar du monde.
4ème jour
Le patriarcat œcuménique « Église chrétienne des origines », installé à Istanbul depuis 17 siècles, est
le centre le plus important de l’Eglise chrétienne orthodoxe. Fondé en l'an 31 par l'Apôtre André, ce
Patriarcat reçoit le titre de "Nouvelle Rome" lorsque l'empereur Constantin quitte Rome pour s'installer
à Constantinople. En 518, le Patriarche de Constantinople reçoit officiellement le titre de "Patriarche
Oecuménique". Le titulaire actuel est Bartholomeos 1er.
En Occident, du 8ème au 9ème siècle, l'évêque de
Rome prend peu à peu rang de chef politique créant
l'état papal, intervenant alors de plus en plus dans les
affaires internes de l'Eglise d'Orient.
En 1054, le schisme est consommé pour des raisons
théologiques et politiques : les croisades sont la
première conséquence de cette séparation (1204,
prise de Constantinople par les croisés et destruction
du Patriarcat).
Pendant 57 ans, le Patriarche déplace son siège à Nicée. C’est en 1453, à la prise de Constantinople par
les Turcs que le patriarche œcuménique est reconnu ethnarque des peuples orthodoxes et que tous les
chrétiens de l'Empire Ottoman sont considérés comme une nation.
Important lieu de prière et de pèlerinage, l’Eglise Patriarcale
Saint-Georges, 5ème du Patriarcat depuis le 15ème siècle. , se
trouve dans l’ancien quartier grec d’Istanbul. L’iconostase du 18ème
siècle, décorée d’icônes d’influence byzantine, baroque et même
ottomane, sépare la nef du sanctuaire. Les reliques exposées à la
vénération des fidèles sont préservées dans des reliquaires. Celles
de Saint-Jean Chrysostome, premier patriarche orthodoxe de
Constantinople, mort au début du Vème siècle, furent volées durant
les croisades, et restituées par le Pape Jean-Paul II en 2004.
Iconostase et détails
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Long de 30km, le Bosphore voie navigable internationale, relie la mer noire à la mer de Marmara et
sépare deux continents, l’Asie et l’Europe. Le trafic y est l’un des plus importants au monde notamment
pour les tankers transportant le pétrole de la mer Noire. Deux ponts routiers suspendus franchissent le
détroit, le pont du Bosphore construit en 1973 et le pont Fatih Sultan Mehmet construit en 1988.
Palais de Beylerbeyi, mosquée d’Ortaköy , pont du Bosphore et Yali
Croisière sur le Bosphore où nous longeons les façades des somptueux palais des derniers sultans
ottomans et les étonnantes maisons en bois, les fameux yali, qui sont parmi les maisons les plus chères
du monde.
Charme indescriptible de « la plus belle avenue du monde » : palais de Dolmabahçe, de Çırağan,
de Beylerbeyi, mosquée d’Ortaköy, puis forteresse de Rumeli Hisarı, qui a servi au sultan Mehmet
pour bloquer le ravitaillement de la ville lors du siège de 1453.
Nous serons chaleureusement reçus dans un Yali privé sur la
rive asiatique. Ce yali est toujours la propriété des
descendants du médecin-chef du sultan Abdül Hamid II qui
régna à la fin du XIXe siècle.
Il fut construit dans la 1ère moitié du XIXe siècle sous
Abdül Mecid Ier. Un premier édifice avait été construit à
cet emplacement au XVIIIe siècle et ensuite agrandi.
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Dîner dans un restaurant panoramique avec vue sur Istanbul illuminée
Avant le départ, dernière visite de l’un des chefs d’œuvre du grand architecte Sinan,
le « Michel-Ange » ottoman. Précédée par une cour à portique d’une exceptionnelle richesse avec ses
colonnes en porphyre, marbre ou granit, la mosquée de Soliman le Magnifique, surplombant la Corne
d’Or est construite à l’apogée de l’empire ottoman et porte à un niveau de perfection la
synthèse opérée par Sinan entre l’architecture byzantine et seljoukide et celle des
premiers Ottomans. Tout au long de sa carrière, Sinan poursuivit ses recherches afin de surpasser
l'église Sainte-Sophie, son modèle, dont la réussite architecturale l’avait toujours obsédé. Presque toute
l'architecture civile et religieuse qui verra ensuite le jour en Turquie repose sur ses idées, traduites à la
perfection dans ses mosquées et autres édifices.
-Cour à portique
-Mausolée de Roxelane
-Fontaines aux ablutions
- Salle de prière
L’Empire ottoman a su hériter de l’éducation, des sciences, des techniques et des
universités byzantines, devenues ottomanes et admirées dans toute l’Europe. Les
civilisations se sont juxtaposées, s’enrichissant mutuellement, pour donner à cette ville une
puissance évocatrice unique et la manifestation la plus spectaculaire de la coexistence de
l’orient et de l’occident.
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Merci à Marie-Ange Rater-Carbonel qui a initié ce voyage, à Laurent Genest qui l’a
organisé, à Françoise Martin pour ses photos et à tous ceux qui y ont participé.
Chantal Bouvet
(Novembre 2015)
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