Quel avenir pour l`aéroport d`Orly dans un contexte économique en

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Quel avenir pour l`aéroport d`Orly dans un contexte économique en
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Quel avenir pour l’aéroport d’Orly dans un contexte économique en déclin?
La problématique est régionale. Après un rappel des grandes tendances qui découlent du diagnostic réalisé à
l’occasion de la mise en révision du SDRIF (partie 1), une analyse synthétique est proposée sur le bilan
« Orly » (partie 2). Quelques hypothèses de travail sur le devenir de ce territoire sont suggérées (partie 3).
1- Diagnostic région Ile-de-France
Le bilan des objectifs du schéma directeur de la région est contrasté :
- Des objectifs de population et de logement non atteints ;
- Une perte d’emploi non prévue par le SDRIF de 1994 ;
- Des transports en commun insuffisants ;
- Une consommation de l’espace supérieure aux objectifs.
Population
Le solde migratoire est négatif sur l’ensemble de la région, et l’augmentation de population est due au solde
naturel (naissances / décès) avec, comme corollaire, un vieillissement de la population (15,5% des plus de
60 ans en 1999 contre 11,6% en 1982).

A retenir : chaque année, 50 000 franciliens quittent leur région (près de 5 000 pour l’Essonne)
L’emploi
Le taux d’emploi a progressé depuis 1990 autour de Roissy, de Saclay et de quelques communes de villes
nouvelles comme Guyancourt.
Il a baissé dans nombre de communes du centre et fortement dans les arrondissements centraux de la
capitale, à Rungis ou autour de la plateforme d’Orly.
La désindustrialisation s’est accentuée sur cette période et le renouvellement du parc de bureau a pris un
retard important.
Pour l’Essonne, aucun parc tertiaire n’est reconnu au niveau international ce qui fragilise son avenir dans un
domaine stratégique pour les grands groupes financiers qui investissent sur ce marché.
En revanche on assiste à un important développement non maîtrisé des activités logistiques. L’Essonne est
en tête des départements franciliens, juste derrière la Seine-et-Marne, avec 836 000m2 de bâtiments
accueillant des activités logistiques construits en 5 ans.
A retenir : Paris intra-muros a perdu plus de 200 000 emplois en 10 ans.
COLLECTIF VAL DE SEINE contre les nuisances du trafic aérien – coordinateur : Claude Jeanlin
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Transport
On observe un retard à l’investissement en matière de transports collectifs ; aucune infrastructure
importante n’a été mise en œuvre depuis 1960.
Les déplacements sont en conséquence rendus de plus en plus difficiles par une augmentation du trafic
routier diffus de banlieue à banlieue, moins polarisé vers Paris.
Véritable problème de société, le retard pris dans la mise en place des plans de déplacement urbain
constitue un frein à l’offre diversifiée des moyens de déplacement.
A retenir : progression spectaculaire du fret transporté par le réseau routier (+ 22% de
tonnes entre 1994 et 2001)
Consommation de l’espace
On observe une consommation de l’espace en tâche d’huile notamment en périphérie des villes, obéissant
principalement à la loi du marché. Cette urbanisation non maîtrisée, grande consommatrice de terrain car
peu dense, est coûteuse pour la collectivité en termes d’équipements et de déplacements. Elle privilégie
essentiellement la voiture individuelle.
En zone rurale, cette pratique s’est particulièrement développée le long des grands axes de circulation, des
vallées et aussi des plateaux. Il s’agit d’un étalement urbain anarchique qui ne répond qu’à des
considérations peu soucieuses de l’intérêt collectif régional.
A retenir : en 1999, l’Essonne a consommé 831 hectares d’espaces urbanisables de plus
que les prévisions du SDRIF.
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2- Diagnostic Orly
Un territoire socialement fragile
Dans le secteur d’Orly, le revenu brut mensuel par ménage est un des plus faibles observé en 1999 ;
De même, la catégorie socio-professionnelle ‘’ouvriers, employés’’ par rapport à la catégorie ‘’cadres, chefs
d’entreprises, professions intellectuelles supérieures’’ est de plus de 7 ouvriers pour 1 cadre (la moyenne
Ile-de-France est de 2,2)
A cela s’ajoute une baisse régulière des valeurs foncières avec de nombreux grands ensembles dans la
proximité de l’aéroport.
A retenir : accentuation des inégalités sociales dans le secteur d’Orly avec un risque non
négligeable de ségrégation territoriale
Des nuisances jusqu'à 90 Km !
Construit dans les années cinquante, en pleine zone urbaine, Orly apportait le travail, donc l'emploi, et
chacun s'en félicitait. Aujourd’hui Orly est victime de son image, et va continuer à gangrener les zones
d'habitation en favorisant la fuite des cadres moyens et supérieurs vers des lieux plus hospitaliers.
A retenir : les nuisances autrefois cantonnées autour de l'aéroport atteignent
aujourd'hui les confins des régions Centre et Bourgogne, y compris les nuisances
sonores.
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Pollution directe et indirecte
La connaissance actuelle des différentes mesures des pollutions change fondamentalement le regard que
nous pouvons porter sur une plateforme aéroportuaire comme celle d’Orly :
A retenir : la pollution chimique menace la santé des riverains sur plus de la moitié de la
périphérie de l'aéroport
Qualité de l’air
Etude de la qualité de l'air sur l'ensemble du secteur limitrophe de la plate-forme aéroportuaire d'Orly
Bilan final des résultats - août 2004A retenir : des seuils de concentration des oxydes d’azote trop importants au décollage
des gros porteurs.
Déclin annoncé du ratio emploi lié au trafic aérien
Un nombre d'emplois souvent surévalué : Aéroport De Paris représente seulement 0,16% des emplois en
Ile-de-France (source SDRIF)
La modernisation des avions et la concurrence mondiale conduisent, à trafic égal, à générer de moins en
moins d'emplois.
A retenir : il faut 5,5 fois moins d'employés à Ryanair qu'à AF-KLM pour faire le même
chiffre d'affaires ( source le Revenu 21-27/05/2004 )
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3- Orly, un territoire à reconquérir ?
Le SDRIF, dans son diagnostic, montre la contradiction entre les intentions louables d’une région à la
recherche d'un rééquilibrage entre ses différentes composantes et fonctions et la réalité du terrain qu’elle ne
contrôle pas ou plus.
Beaucoup de communes ont choisi des solutions de facilité, par un développement périphérique souvent
contradictoire avec les intérêts régionaux, avec une consommation excessive d’espaces et un trafic routier
trop important. Ayant largement épuisé les capacités constructives dont elles disposaient, elles ne devront
leur sursaut qu’en s’appuyant sur les dispositions de la loi solidarité renouvellement urbain (SRU) de
décembre 2000. Celle-ci préconise, entre autre, de reconstruire la ville sur elle-même en densifiant son cœur
et en évitant de poursuivre une urbanisation en tâche d’huile. Les plans locaux d’urbanisme doivent tenir
compte dorénavant de cette stratégie.
Par ailleurs, l’Essonne est un département déséquilibré, urbain au nord, rural au sud. Remettre en cohérence
les différentes politiques publiques impose une redistribution différente de l’économie départementale, avec
une véritable prise en compte environnementale au nord du département jusqu’alors ignorée. Le bilan du
SDRIF nous interpelle sur l’urgence des mesures à prendre.
A l’exemple de l’aéroport d’Orly, à l’avenir incertain dont personne n’ose parler.
L’aéroport et ses alentours représentent un territoire de près de 3 000 hectares, enserré dans un contexte
fortement urbanisé. En effet, sans possibilité de développement (et tout indique que cette éventualité n’est
plus acceptable) l’aéroport d’Orly n'a plus d'avenir.
Cette plateforme aéroportuaire doit néanmoins poursuivre son activité jusqu’au moment ou l’Etat s’engagera
sur une véritable vision prospective du trafic aérien français. Une controverse avait été engagée sur cette
ème
question à propos d’un 3
aéroport. Malheureusement cette idée n'a pas prospéré et, comme souvent, ce
débat public a été confisqué au seul profit de rapports d’experts orientés.
- Création d'emplois stables
Pourtant, l’aéroport d’Orly mérite mieux que le sort qui lui est actuellement réservé. Un long chemin reste
donc à tracer en imaginant les conditions d'un nouveau territoire d'emplois destiné à stopper le déclin
régional, en favorisant la construction diversifiée de logements pour faire face à une demande non satisfaite,
en réorganisant les entrées des communes riveraines abandonnées aux zones commerciales anarchiques
et autres plateformes logistiques disgracieuses.
- Réorganisation du réseau de circulation
Là encore une volonté est nécessaire pour réaménager les axes de circulations actuellement totalement
saturés et étranglés par l’aéroport. En misant aussi sur une réelle politique de transports en commun.
En d’autres termes, sans précipitation mais avec détermination, il s'agit de redessiner les contours d'un
territoire qui a été abandonné à la seule loi du marché.
- Vatry, une réponse adaptée au développement du trafic aérien ?
La logique voudrait que Roissy, implanté dès le départ hors zone urbaine, soit le pilier du développement du
transport aérien. La deuxième plateforme pouvant se situer à Vatry actuellement sous utilisée et plus
particulièrement réservée au fret. Les aéroports régionaux venant compléter le dispositif national.
L'extension du trafic ferroviaire avec le TGV doit constituer le maillage nécessaire aux liens avec les grandes
villes françaises et d'ailleurs.
Cette vision globale est une condition nécessaire à l’épanouissement d’une région qui se cherche toujours
aujourd’hui.
Sources : le SDRIF en Essonne, rapport d’étape du 13 janvier 2005.
le 18 octobre 2005
COLLECTIF VAL DE SEINE contre les nuisances du trafic aérien – coordinateur : Claude Jeanlin

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