Cahier du propriétaire sur les milieux humides

Transcription

Cahier du propriétaire sur les milieux humides
Réseau des milieux naturels centricois |2014-2015
Approche volontaire de conservation
Cahier personnalisé
Marcel Engoulvent
165 chemin Laurier
Saint-Norbert-du-Marais
G0P 1B0
Volet Milieux humides
ÉQUIPE DE RÉALISATION
Conception graphique et rédaction
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Andréanne Blais, Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec
Inventaire terrain
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Audrey Lachance, Bureau d’écologie appliquée
Joanie Bélanger, Bureau d’écologie appliquée
Éliane Séguin, Bureau d’écologie appliquée
Olivier Deshaies, Bureau d’écologie appliquée
CONSEIL RÉGIONAL DE
L’ENVIRONNEMENT DU
CENTRE-DU-QUÉBEC
Le Conseil régional de l’environnement du
Centre-du-Québec (CRECQ) est un organisme
de concertation regroupant des intervenants en
environnement de la région du Centre-du-Québec dans le but de promouvoir la protection et
l’amélioration de l’environnement dans une optique de développement durable.
Cartographie
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Andréanne Blais, Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec
Révision
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Éric Perreault, Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec
Pascale Dombrowski, ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs
Crédits photo – page couverture
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Tourbière boisée - Éric Perreault
Orignal (Alces alces) - Annick Picard, Agence forestière des Bois-Francs
Kalmia à feuilles d’andromède (Kalmia polifolia) - Audrey Lachance
Marécage - Éric Perreault
Grenouille du Nord (Lithobates septentrionalis) - Audrey Lachance
Tourbière ombrotrophe - Canards Illimités (CIC) et ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parc
Depuis sa création en 1997, le CRECQ réalise
de nombreux projets en lien avec les différents
volets de l’environnement : matières résiduelles,
changements climatiques, réduction de notre
consommation d’énergie, développement durable en entreprise et conservation des milieux
naturels. Ces projets se réalisent tous dans un
esprit de collaboration volontaire avec les acteurs du milieu et les citoyens.
C’est dans cette optique de participation volontaire, que nous vous rencontrons aujourd’hui afin
de vous remettre votre cahier du propriétaire et
discuter avec vous des milieux naturels qui se retrouvent sur votre propriété.
C’est un grand privilège pour le CRECQ de pouvoir compter sur la collaboration de propriétaires
tels que vous pour assurer la conservation des
milieux naturels de la région.
M. Gilles Brochu
Président du CRECQ
TABLE DES MATIÈRES
Introduction ............................................................................................... 1
Le réseau des milieux naturels .................................................................. 2
ABC des milieux humides ......................................................................... 3
Pourquoi s’intéresser aux milieux humides? ............................................. 4
Une richesse naturelle à découvrir ............................................................ 5
La cartographie, une alliée pour la conservation des milieux humides ? .. 6
Évitez les mauvaises surprises! ................................................................ 7
Votre milieu humide................................................................................... 8
Localisation de la propriété ....................................................................... 9
Recommandations .................................................................................. 18
Contrat réseau ........................................................................................ 19
Pour en savoir plus.................................................................................. 20
Massette à feuilles étroites – Quenouille
(Typha angustifolia)
© Andrey Lachance
III
INTRODUCTION
Ce cahier vous est offert afin de vous informer des
richesses naturelles qui se retrouvent sur votre propriété.
Riche de son histoire naturelle, le Centre-du-Québec a vu, à travers le temps, se former d’innombrables milieux humides de toute sorte. Qu’ils s’agissent de tourbières, de marais, de marécages
ou d’étangs, ces milieux mystérieux et peu connus ont vu naître et maintenir la vie, tout en assurant
de multiples fonctions environnementales.
C’est avec la colonisation du territoire que les milieux humides, jugés non productifs ont commencé
à disparaître. Certains scientifiques estiment que près de 45 % des milieux humides de la vallée
du Saint-Laurent auraient disparus et que 65 % des milieux restants seraient plus ou moins gravement perturbés. Pourtant, les milieux humides, reconnus comme les milieux naturels les plus productifs de la planète, participent au développement de nos collectivités en fournissant des services
écologiques gratuits à la population. Malgré leur valeur, les milieux humides continuent de disparaître sous l’effet des activités humaines, et ce bien malgré qu’ils soient légalement protégés
En 2010, Canards Illimités, en collaboration avec le MDDEFP, a dénombré approximativement
90 000 ha de milieux humides dans la région, soit près de 12 % du territoire. Parmi eux, des milieux
exceptionnels, se distinguant par leur composition biologique, ont attiré notre attention. C’est d’ailleurs sur votre propriété que se retrouve l’une de ces merveilles de la nature.
Considérant que les milieux humides constituent les habitats les plus menacés au monde, nous
avons cru bon de vous rencontrer afin de vous remettre ce cahier personnalisé qui contient des
informations relatives à la richesse naturelle de votre milieu humide et quelques recommandations
simples en faveur du maintien de son intégrité. Ce cahier vous appartient, notez-y vos observations
et n’hésitez pas à le montrer à l’ensemble du conseil municipal.
1
Chouette rayée (Strix varia)
Bruant des marais
(Melospiza georgiana)
Tétras du Canada
(Falcipennis canadensis)
© Simon Pierre Barette
LE RÉSEAU DES MILIEUX NATURELS
Le Réseau des milieux naturels du Centre-du-Québec, c’est plus d’une centaine de propriétaires et plusieurs municipalités qui participent volontairement à la conservation d’un milieu
naturel sur leur propriété ou leur territoire. Chacun d’eux, à leur façon, assure la conservation
d’un patrimoine écologique pour les générations futures et, par le fait même, le maintien d’un
environnement sain.
| Quel est l’objectif du réseau ?
Le réseau des milieux naturels a pour objectif de soutenir les propriétaires centricois et les municipalités dans la conservation des attraits naturels de leur propriété ou de leur territoire selon une approche volontaire. Afin d’y arriver, le CRECQ
bâtit une relation de confiance et de respect avec le propriétaire ou les intervenants et élus municipaux en leur offrant un
accompagnement personnalisé.
| Comment ça marche ?
Très simple! Si vous avez un milieu naturel d’intérêt, le CRECQ vient vous rencontrer, voir votre propriété, échanger avec
vous sur vos projets, et vous proposer des pistes d’actions vous permettant d’utiliser votre terrain tout en conservant l’intégrité du milieu naturel. Dans l’ensemble du processus, vous restez maître chez vous. Il s’agit d’une démarche de conservation volontaire.
| Qu’est-ce que ça implique?
L’ensemble de la démarche est gratuit. Pour signifier votre intérêt à conserver volontairement votre milieu naturel, le
CRECQ vous invite à signer un petit « contrat » symbolique pour couronner votre participation!
2
ABC DES MILIEUX HUMIDES
Un milieu humide est une zone qui retient l’eau de façon temporaire ou permanente pendant une période suffisamment
longue pour influencer la nature du sol et la composition de la végétation. Certains milieux humides retiennent l’eau pendant
toute l’année, alors que d’autres la retiennent pendant un ou deux mois tous les printemps. Ils peuvent être d’origine naturelle ou artificielle, isolés ou riverains d’un cours d’eau ou d’un lac. On les appelle communément des tourbières, des
marécages, des étangs ou des marais. On les distingue, entre autres, par la composition de leur sol et par les végétaux
qu’on y retrouve. Les définitions suivantes vous permettront de distinguer sommairement chacun d’entre eux.
Les tourbières sont des
milieux mal drainés où il y a
accumulation de plus de
30 cm de tourbe ou de matière organique. Certaines
sont partiellement dénudées
et d’autres supportent de
vastes forêts.
Les marécages sont des
milieux dominés par une végétation ligneuse soumis à
des inondations saisonnières. On y observe de la litière noirâtre, des racines
hors du sol et de la mousse
sur le tronc des arbres.
Les marais sont des habitats aquatiques dominés par
des plantes herbacées.
L’eau se maintient souvent
au niveau du sol. Les marais se retrouvent souvent
en rive des cours d’eau.
Figure 1 Types de milieux humides
Source : CRECQ
3
Les étangs sont des cuvettes d’eau libre et stagnante pouvant s’assécher
durant l’année. La profondeur n’excède pas deux
mètres. On y observe des
plantes aquatiques submergées ou flottantes.
POURQUOI S’INTÉRESSER AUX MILIEUX HUMIDES?
Les forêts sont les poumons de notre planète,
les milieux humides en sont les reins.
Les milieux humides, reconnus comme les milieux naturels les plus productifs de la planète, procurent de nombreux avantages pour l’environnement, la collectivité et l’économie. Ces derniers travaillent fort afin de fournir de multiples services
écologiques gratuitement à la société. L’image suivante illustre bien ces avantages dont la population et la biodiversité
profitent, directement ou indirectement, tels que la chasse, la foresterie, le tourisme et la filtration de l’eau.
Filtration des
contaminants
et des sédiments
Habitat
essentiel
pour la faune
Eau plus
propre à
la sortie
Figure 2 Services écologiques rendus par les milieux humides
Source : Gouvernement du Canada
4
Ces écosystèmes fonctionnent comme
des éponges en retenant l’eau, prévenant ainsi les inondations et les sécheresses, et en filtrant l’eau, réduisant
ainsi les coûts de traitement de l’eau
potable. Ils offrent aussi des habitats de
qualité pour un grand nombre d’animaux et de plantes. Le tiers des espèces en péril au Canada dépendent
d’ailleurs des milieux humides pour la
totalité ou une partie de leur cycle de
vie. Les milieux humides jouent également un rôle dans la lutte aux changements climatiques en retenant deux fois
plus de carbone que les forêts tropicales du monde.
UNE RICHESSE NATURELLE À DÉCOUVRIR
Parmi les bénéfices environnementaux offerts par les milieux humides, nous pouvons penser à la valeur inestimable de ces
écosystèmes pour la faune et la flore. De la petite goutte d’eau contenant du zooplancton, en passant par les arbres offrant
des abris aux oiseaux, jusqu’aux rives fournissant nourriture aux orignaux, les découvertes sont nombreuses et toutes aussi
fascinantes.
| La faune
| La flore
En partie ou durant toute leur vie, les milieux humides
regorgent d’habitats fauniques. Les signes de présence de la faune peuvent nous en dire long sur les
espèces qui les fréquentent. Les chants d’oiseaux, les
vocalises des grenouilles, la présence d’œufs de poisson, des branches broutées, sont autant d’indicateurs
de la présence de différents animaux.
Les milieux humides abritent une diversité impressionnante
de végétaux se succédant selon le niveau de l’eau et les
caractéristiques du site. Alors que certaines plantes dites
hydrophiles vivent dans l’eau en permanence, d’autres ne
tolèrent qu’un milieu temporairement inondé. Ces végétaux
contribuent à ralentir le débit des eaux, renforcer les rives
et filtrer l’eau. Ils abritent également une faune diversifiée,
qui y trouve nourriture ou abris.
Les milieux humides offrent à
de nombreuses espèces de
canards des habitats essentiels pour s’accoupler et nicher.
Certains végétaux se révèlent d’être d’excellents
indicateurs de la présence d’un milieu humide. Tel est le cas des
espèces présentées ici.
Ces milieux offrent des habitats de reproduction essentiels pour bon nombre d’espèces d’insectes, de poissons
et d’amphibiens.
Plusieurs mammifères fréquentent les milieux humides
afin d’y retrouver de la nourriture, comme en témoigne cet
orignal.
Canard branchu (© Paul Ross)
Œufs de salamandre (© Pierre-André Bernier)
Orignal (© Annick Picard)
5
Asclépiade incarnate (© Audrey Lachance)
Érable argenté (© Audrey Lachance)
Sphaigne sp. (© Audrey Lachance)
LA CARTOGRAPHIE, UNE ALLIÉE POUR LA
CONSERVATION DES MILIEUX HUMIDES ?
En 2010, Canards Illimités et le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) ont réalisé
une cartographie détaillée des milieux humides du Centre-du-Québec afin d’identifier leur présence et ainsi mieux soutenir
leur conservation. Ce projet a permis d’identifier et de classifier, avec un bon niveau de fiabilité, les milieux humides de plus
de 0,5 ha, ainsi qu’à documenter les pressions anthropiques actuelles qui peuvent affecter ces milieux. Cette cartographie
est d’ailleurs disponible gratuitement sur le site Internet de Canards Illimités.
La méthodologie d’inventaire utilisée a été la photo-interprétation de photographies aériennes de l’été 2006 et du
printemps 2010. Une validation sur le terrain de plus de
500 milieux et une reconnaissance aérienne ont aussi
été réalisées afin d’augmenter le niveau de précision de
cette analyse. Les résultats révèlent la présence de 88
890 hectares (12% du Centre-du-Québec) de milieux humides.
Cours d’eau
Plantation
Champ agricole
Feuillus intolérants
Tourbière ouverte
| Petite leçon de photo-interprétation
Conifères
Un moyen efficace pour étudier notre territoire est d’analyser des photographies aériennes afin de reconnaître
les éléments qui le composent. C’est ce qu’on appelle la
photo-interprétation. Dans le cas des milieux humides, le
photo-interprète cherchera à identifier des combinaisons
végétales, des cours d’eau, des dépressions, des types
de sol spécifiques à ce type de milieu.
Perturbations
Photo-interprétation
Figure 3 Exemple de photo-interprétation
Source : Agence de géomatique du
Centre-du-Québec; Adapté par CRECQ
6
Reconnaissance aérienne
Validation terrain
ÉVITEZ LES MAUVAISES SURPRISES!
Avant d’effectuer une intervention dans un milieu humide,
assurez-vous d’avoir toutes les autorisations nécessaires.
Malgré que nous privilégions la conservation des milieux humides, nous sommes conscients que certaines activités ou
certains développements à faible impact doivent quand même avoir lieu dans les milieux humides (ex. foresterie ou sentier
d’interprétation). Nous tenons donc à vous informer que tout projet prévu dans un milieu humide, et ce peu importe sa
superficie et ses propriétés, est sujet à l’obtention d’un permis (certificat d’autorisation) du ministère du Développement
durable, de l'Environnement, et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), et ce depuis 1993.
En vertu du 2e alinéa de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement, quiconque érige ou modifie une construction,
exécute des travaux ou des ouvrages, entreprend l'exploitation d'une industrie quelconque, l'exercice d'une activité ou
l'utilisation d'un procédé industriel ou augmente la production d'un bien ou d'un service dans un cours d'eau à débit régulier
ou intermittent, dans un lac, un étang, un marais, un marécage ou une tourbière doit préalablement obtenir du ministre un
certificat d'autorisation.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter le guide Les milieux
humides et l’autorisation environnementale (2012) du MDDEFP, ainsi
que l’ensemble des formulaires de demande d'autorisation disponibles
au www.mddelcc.gouv.qc.ca.
Grand héron (Adrea herodias)
© Zip Ville-Marie
7
VOTRE MILIEU HUMIDE
Canneberge (Vaccinium oxycoccos)
© Audrey Lachance
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LOCALISATION DE LA PROPRIÉTÉ
Municipalité
SAINT-HUMIDE
MRC
MRC DU BOIS POURRI
Région administrative
CENTRE-DU-QUÉBEC
Cadre écologique
BASSES TERRES
DU SAINT-LAURENT
Ensemble physiogra-
PLAINE DE MANSEAU
phique
SAINT-GILLES
Date inventaire
17 JUILLET 2014
Figure 4 Photographies aériennes du milieu humide
9
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NOS DÉCOUVERTES
| Type de milieu humide
Ce milieu humide est très vaste et couvre plusieurs propriétés différentes. Il se compose de quatre différents types de
milieux humides : tourbières ombrotrophe, boisée et minérotrophe, et marécage. On parle alors de complexe de milieux
humides. Les découvertes qui vous sont présentées concernent l’ensemble de l’aire d’étude, d’une superficie de près de
1 466 ha. .
Tourbière ombrotrophe (ouverte)
Superficie : 418 ha
La tourbière ombrotrophe se caractérise par la présence d’une accumulation de plus de 30 cm de matière organique. On
y retrouve majoritairement des plantes de type éricacée. Au niveau hydrologique, ce milieu est alimenté par des eaux de
pluie et est saturé d’eau de façon permanente. Aux abords de la tourbière ouverte observée, les arbres sont petits et surtout
constitués d’épinette noire et du mélèze laricin. Dans la partie ouverte, les arbres sont quasi absents.
Tourbière minérotrophe (fen)
Superficie : 65 ha
Ce type de milieu se caractérise par la présence d’une accumulation de plus de 30 cm de matière organique. On y retrouve
majoritairement des arbustes tels que le saule et l’aulne. Le parterre est dominés par des mousses autres que les
sphaignes.
Tourbière boisée
Superficie : 520 ha
La tourbière boisée possède plus de 30 cm de matière organique. Elle est composée d’un couvert forestier de plus de 25 %
d’arbres dont la hauteur dépasse quatre mètres. Les tourbières boisées observées sont surtout constituées d’érables
rouges et de bouleau gris. Les aulnes rugueux s’y trouvent aussi, parfois en dominance sur de petites superficies et le long
de cours d’eau. La tourbe atteint plus de 1 m d’épaisseur.
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Marécage
Superficie : 450 ha
Le marécage est dominé par des arbres et des arbustes sur un sol organique ou minéral présentant moins de 30 cm de
matière organique. Ce milieu est soumis à des inondations saisonnières de par la proximité de la nappe phréatique.
A
B
D
C
Figure 5 Observations
a)
b)
c)
d)
Limite tourbière boisée et ombrotrophe
Tourbière ombrotrophe à carex
Tourbière ombrotrophe à éricacée
Tourbière minérotrophe
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| Faune
La grande faune utilise abondamment la tourbière et ses environs. Des sentiers, fèces et traces de broutement pour le cerf
de Virginie et l’orignal ont été vus. Le lièvre apprécie aussi les lieux.
Le bruant à gorge blanche niche dans les arbustes en bordure de la tourbière ouverte. Des dindons sauvages ont été
observés dans les champs avoisinants.
| Flore
Au niveau floristique, la végétation est typique de ces milieux humides. Dans
les tourbières ouvertes, il est facile d’énumérer les principales espèces en
parcourant peu de superficies, la végétation y est uniforme.
Cependant, certaines plantes présentent un intérêt plus particulier, dont la
woodwardie de Virginie, espèce susceptible d’être désignée menacée ou
vulnérable. Cette fougère a été aperçue dans la tourbière ouverte et aussi
dans sa zone de transition vers la tourbière boisée. C’est d’ailleurs souvent
dans ce type de milieu qu’elle est observée. Il est difficile de connaître l’importance de la population de woodwardie de cette tourbière, car elle était à
un stade hâtif de son développement. Par contre, elle était présente sur environ 5 m de large par 20 m de long pour une densité approximative de 10
plants/m2. La taille de la population est évaluée à 1000 individus.
Figure 6 Woodwardie de Virginie
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| Pressions anthropiques
À l’exception de l’ancienne emprise de chemin de fer, le milieu humide est très intègre, du moins dans les parties visitées.
De plus, en regardant l’image aérienne, très peu de perturbations semblent y être présentes (pas de fossés de drainage).
Il semble y avoir un seul sentier dans la tourbière ouverte. Quelques sentiers et travaux sylvicoles ont été observés ici et
là dans le complexe.
Figure 7 Chemins et travaux sylvicoles
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Quelques espèces fauniques pouvant se retrouver dans ce milieu humide
Petite nyctale (Aegolius acadicus)
La petite nyctale qui, par son mode de vie nocturne et sa petite taille (environ 20 cm), passe souvent
inaperçue. Comme bien des chouettes, cette espèce se repère généralement par ses cris caractéristiques. Au début du printemps, les mâles émettent de longues séries de sifflements monotones. Pendant
la saison des amours, les chouettes habitent les forêts matures, souvent près des milieux humides. Elles
se nichent dans de larges cavités de gros arbres morts. Les forêts plus anciennes sont également importantes en raison de leur structure ouverte qui facilite la chasse aux souris et en raison de leur population élevée de souris.
© Michel Villeneuve
L’engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferus)
Cet oiseau insectivore est un as du camouflage. C’est par son cri puissant entendu à la
pénombre au printemps et au début de l’été qu’on le repère. La tourbière présente une
variété d’habitats qui lui conviennent pour nicher, ce qui laisse croire que sa présence
pourrait être confirmée dans l’aire d’étude. Cet oiseau est considéré menacé au Canada
en vertu de la Loi sur les espèces en péril et il est susceptible d’être désigné menacé ou
vulnérable au Québec. La perte d’habitat, la collision avec des automobiles et une baisse
de la quantité d’insectes disponibles sont quelques causes possibles de son déclin.
Salamandre à quatre orteils (Hemidactylium scutatum)
© Environnement Canada
Votre milieu humide présente d’excellents habitats pour la salamandre à quatre orteils,
une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec. Il est plus
facile d’observer cette espèce à la mi-mai, lorsqu’elle se cache dans les buttons de
sphaigne afin d’y déposer ses œufs. Le reste de l’année, elle demeure dans la mousse,
les troncs en décomposition, sous les pierres ou dans la litière humide. L’hiver, elle hiberne en milieu terrestre en s’enfouissant dans des crevasses et des trous, à l’abri du gel.
Elle se retrouve alors en groupe ou avec d’autres espèces de salamandres.
© SEPAQ (Todd Pierson)
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Quelques espèces floristiques pouvant se retrouver dans ce milieu humide
Droséra à feuilles rondes (Drosera rotundifolia)
La droséra est une plante insectivore des tourbières. Les insectes qui se posent sur les feuilles
se collent aux petites gouttes visqueuses et déclenchent l’enroulement de la feuille sur la proie.
Ce sont ces mêmes gouttes qui vont digérer les insectes emprisonnés.
© Audrey Lachance
Aussi appelée «Petits cochons», cette plante insectivore possède une
feuille en cornet qui sert de piège à insecte. La sarracénie sécrète des
enzymes qui digèrent lentement les insectes pris au piège. Considérée par
certains comme la plus extraordinaire plante de notre flore, vous pouvez
l’observer sur la sphaigne dans les parties ouvertes de la tourbière. N’ayez
crainte, elle ne digère que les insectes!
La woodwardie de Virginie (Woodwardia virginica)
La woodwardie, espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable, est une espèce peu
commune des tourbières du sud de la province. On remarque clairement la population recensée
sur cette photographie dans un site ouvert.
© Audrey Lachance
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© Audrey Lachance
Sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea)
RECOMMANDATIONS
La conservation des milieux humides,
au cœur de vos projets
Puisque vous êtes au premier plan pour assurer la préservation de votre milieu
humide, nous vous recommandons quelques actions de conservation. Si vous désirez obtenir de plus amples informations sur ces actions, nous vous invitons à
communiquer avec nous.

Maintenir une bande forestière (idéalement de 20 mètres) autour du milieu. Celle-ci diminue les effets des activités
adjacentes et assure un couvert de protection et de déplacement pour les animaux, tels l’orignal et le chevreuil.

Conserver les chicots (particulièrement ceux de plus de 25 cm de diamètre) en bordure du milieu ouvert. Ceux-ci
peuvent être utilisés par les oiseaux qui fréquentent le milieu.

Conserver l’intégrité de ce milieu par différents outils légaux de conservation volontaire. La conservation volontaire
est la possibilité, pour un propriétaire ou une municipalité, de prendre l’initiative de protéger légalement les attraits
naturels qui se trouvent sur sa propriété ou son territoire. Les options disponibles sont la réserve naturelle, la servitude de conservation ou le don/vente à un organisme de conservation. En fonction de l’option, vous pouvez demeurer propriétaire et garder certains droits d’usage.

Faites-nous part de vos observations. Nous voulons toujours en savoir plus sur les espèces présentes en région et
votre aide pourrait nous être précieuse. Nous nous engageons à protéger la confidentialité de ces informations.
18
CONTRAT RÉSEAU – DÉCLARATION D’INTENTION
Nous vous invitons maintenant à signer la déclaration d’intention qui vous rappellera que vous avez été sensibilisé à l’importance de
la conservation des milieux humides et que vous acceptez de vous joindre au réseau des milieux naturels du Centre-du-Québec.
Ce document n’a aucune valeur légale, il s’agit d’un engagement moral qui repose sur votre honneur. Cette déclaration nous permet
d’évaluer le succès de notre projet, de rappeler aux propriétaires et municipalités qu’ils ont été sensibilisés et de fournir un résultat
tangible aux organismes subventionnaires.
Moi, ______________________________________, propriétaire du lot(s) (__________________), j’ai pris connaissance du
présent document et je reconnais que mon milieu naturel possède des caractéristiques écologiques d’intérêt. J’ai conscience de
la fragilité de ce milieu et je comprends que sa conservation contribue de façon significative à la survie de plusieurs espèces
fauniques et floristiques.
Dans la mesure du possible, je m’engage moralement à favoriser le maintien de l’intégrité de mon milieu naturel et cela, en
m’efforçant d’appliquer les recommandations faites dans le cahier du propriétaire.
Signature du propriétaire
Date
Le CRECQ s’engage, dans les limites de ses capacités, à vous appuyer sur le plan technique dans vos intentions de
conservation ou de mise en valeur de votre propriété.
Signature du représentant du CRECQ
Cette déclaration n’est utile que tant et aussi
longtemps que vous désirez la respecter.
Date
Vous restez maître chez vous.
19
POUR EN SAVOIR PLUS
Nous vous remercions pour votre précieux accueil et votre grande collaboration. Votre contribution à la conservation des
milieux humides permettra aux générations futures de bénéficier d’un environnement sain et d’observer une faune et une
flore diversifiée.
Pour en savoir plus sur les milieux humides ou les différentes options de conservation, nous vous invitons à communiquer
avec l’un ou l’autre des organismes suivants :
Conseil régional de l'environnement du Centre-du-Québec (CRECQ)
Tél. : (819) 475-1048
www.crecq.qc.ca
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la
Lutte aux changements climatiques MDDELCC)
Tél. : 819 371-6581
www.mddefp.gouv.qc.ca
Grenouille verte (Lithobates clamitans melanota)
© Sébastien Nadeau
| Référence
1.
2.
3.
4.
Canards Illimités Canada : www.canards.ca
Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs : www.mddefp.qc.ca
Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec : www.crecq.qc.ca
Recommandations : Cahier du propriétaire : Agence forestières des Bois-Francs (Annick Picard)
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NOUS TENONS À VOUS TÉMOIGNER NOTRE RECONNAISSANCE
POUR VOTRE PRÉCIEUSE COLLABORATION AU RÉSEAU
DES MILIEUX NATURELS DU CENTRE-DU-QUÉBEC.
GRÂCE À VOUS, LEUR CONSERVATION DEVIENT POSSIBLE.
Merci à nos partenaires financiers
Une réalisation de