Cahier des charges GULT pour une évaluation actionnelle
Transcription
Cahier des charges GULT pour une évaluation actionnelle
Cahier des charges GULT pour une évaluation actionnelle en langues de spécialité à l’université 1. Le projet GULT – introduction Finalité et objectifs Avec l’intégration du travail sur projet, des études de cas, des simulations globales et des activités de WebQuest, une approche actionnelle de l’enseignement des langues s’est de plus en plus répandue. Néanmoins, les examens en fin de formation et les tests de compétences continuent de s’appuyer sur des items isolés et analysent des aspects particuliers de la langue, i.e. ils ne correspondent pas à ce qui a été fait en cours. C’est pourquoi le projet GULT vise à développer une structure favorisant une approche actionnelle de l’évaluation des langues de spécialité à l’université pour les niveaux B 2 et C 1 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues1. La finalité est de mettre en cohérence l’enseignement des langues et l’évaluation et d’encourager une approche actionnelle dans les deux cas. L’objectif est de rendre les tests de langues plus pertinents pour les personnes testées et d’évaluer leur capacité à communiquer de manière appropriée dans une situation de communication particulière à leur domaine d’études ou à leur environnement professionnel futur. Résultats et productions Pour arriver à ces résultats, l’équipe GULT a développé une structure de tests de langues basés sur des tâches, puis des premiers examens-type, qui ont ensuite été expérimentés dans nos institutions, puis introduits dans les programmes. Les résultats de l’expérimentation et de la mise en oeuvre des examens GULT dans les programmes ont été intégrés dans ce cahier des charges et ont aidé à concevoir des check-listes, des trames de sujets, des grilles d’évaluation et autres documents. Les réactions aux présentations que nous avons faites lors de conférences, d’ateliers et de séminaires en Europe nous ont aidés à améliorer nos documents et à faire progresser l’idée d’évaluer les langues dans une perspective actionnelle. Les retours extraordinairement positifs à nos présentations nous ont encouragés dans notre travail et nous ont montré qu’une approche différente, plus holistique, de l’évaluation en langues est un besoin fort, car les tests à items discrets ne rendent pas nécessairement compte de la capacité de la personne testée à communiquer dans une langue étrangère. 2. Introduction à une évaluation conçue selon une approche actionnelle en LS L’enseignement des langues étrangères (LE) en amont de l’université vise à fournir aux apprenants les outils nécessaires pour communiquer efficacement dans la langue cible dans la vie de tous les jours. Il s’agit de la langue générale (LG). Très peu des programmes pour les LE vont au-delà de la difficulté de la langue de la presse. En d’autres termes, avant l’université les apprenants en langue devraient être capables de discuter de sujets abordés dans la presse au niveau de langue utilisé dans la presse. Cependant ce niveau de maîtrise linguistique n’est pas suffisant pour faire face aux exigences universitaires en LE. Les universités et autres institutions académiques mettent souvent en avant leur responsabilité à développer les compétences linguistiques de leurs étudiants afin qu’ils puissent poursuivre leurs études dans une langue étrangère et, une fois diplômés, exercer une activité professionnelle à l’échelle internationale, i.e. en utilisant la ou les langue/s étrangère/s dans 1 Conseil de l’Europe 2001. 1 leur futur emploi. De plus en plus souvent les étudiants valident une partie de leurs cursus dans une langue étrangère, soit dans le cadre d’échanges internationaux, soit dans leurs institutions nationales, en suivant des enseignements dispensés dans une langue étrangère. Ceci s’ajoute au fait que la plupart des universités exigent de valider des LE dans les cursus, que leurs étudiants aient à utiliser les LE dans leurs études ou pas. L’enseignement des LE à l’université diffère des programmes scolaires en ce qu’il met l’accent ou se concentre sur la langue à usage universitaire (LUA) ou la langue de spécialité (LS), appelées aussi “ langues professionnelles ”. Les enseignements de LUA couvrent les contenus en LE dont les étudiants ont besoin s’ils étudient dans une université/suivent un cursus utilisant cette LE. Ainsi, en complément d’outils linguistiques spécifiques à un sujet donné, les cours couvrent, par exemple, les fonctions de langage que les étudiants doivent maîtriser dans les relations avec une administration universitaire. Les langues de spécialité diffèrent à la fois de la LG et de la LUA à plusieurs titres. En premier lieu, les utilisateurs de la LS peuvent être clairement définis en fonction de leurs activités, professions ou spécialisations universitaires. La LS elle-même a ses propres caractéristiques lexicales, syntaxiques and stylistiques. Par exemple, des termes rares par ailleurs peuvent être utilisés fréquemment (ex. “catkin”, “irruption”), la voix passive peut être beaucoup plus utilisée que dans la LG ou la LUA, et de longs groupes composés, par ailleurs stylistiquement maladroits, sont nécessaires pour atteindre une plus grande précision (“la recherche sur le vaccin contre le cancer de la peau”). Il est prouvé que l’apprentissage de la LS est très motivant pour les étudiants à l’université, nombre d’entre eux envisageant de travailler dans un contexte international. De plus, les possibilités d’échanges fructueux avec des universités étrangères augmentent lorsque les étudiants connaissent la langue utilisée par les professionnels étrangers dans leur domaine d’études. L’enseignement des LS dans les universités repose sur des recherches antérieures et devrait être analysé. La langue de spécialité était un objet de recherche très apprécié dans les années 80, et les LS les plus populaires en Europe étaient alors et sont peut-être encore aujourd’hui l’anglais, le français et l’allemand. L’anglais des affaires, le français pour les étudiants en Médecine, l’allemand pour les étudiants en Biologie sont des enseignements typiques de LS. Tests et Evaluation Lorsque nous parlons de l’importance d’un test de langue, nous utilisons les expressions tests à enjeux élevés et tests à enjeux limités. Un test à enjeux élevés est une épreuve importante dont le résultat entraine des décisions majeures telles que l’admission dans une université. En général, les tests à enjeux élevés ne peuvent également être passés qu’un nombre limité de fois et peuvent être payants. Les tests à enjeux limités sont des épreuves mineures qui peuvent être repassées, ou s’il y a une série de tests, un résultat faible dans un test peut être compensé par de bons résultats dans un autre test. Les quizz ou les petits tests de langue sont des exemples typiques de tests à enjeux limités. Chaque test peut être situé dans un continuum allant des tests de rapidité (à une extrémité) à ce que l’on appelle des tests de niveau (à l’autre extrémité). Dans les tests de rapidité, c’est la vitesse à laquelle le candidat est capable de faire le test qui est décisive. Dans un vrai test de niveau, les candidats peuvent disposer de tout le temps qui leur est nécessaire pour passer le test, i.e. pour montrer leur niveau dans le domaine testé. Evidemment, l’enseignement des LE à l’université ne recourt à aucun de ces deux types à l’état pur, mais lorsqu’ils projettent des tests, les concepteurs doivent avoir une idée très claire du temps qui sera accordé pour chaque 2 item et pour l’ensemble du test. Il faudra se baser sur une durée estimée moyenne: jamais tous les étudiants n’auront besoin de la même durée pour effectuer un test. Nous parlons de tests de connaissances et de tests de performance lorsque nous définissons le contenu à tester. Les tests de connaissances montrent ce que les étudiants ont acquis des contenus linguistiques qui leur ont été enseignés. Pour ce faire, les tests de connaissances doivent porter, par exemple, presque exclusivement sur les contenus de cours et ce sont typiquement les tests terminaux utilisés dans les cours de langues. Au contraire, les tests de performance ne portent pas sur un corpus linguistique prédéfini mais montrent la capacité du candidat à agir dans certaines situations. Les étudiants savent quoi étudier pour un test de connaissances alors que les tests de performance peuvent couvrir toutes sortes de compétences, sans prendre en compte les études de langues antérieures. De nombreux tests de langues commerciaux à diffusion internationale sont des tests de performance. Les épreuves de langues peuvent être utilisées pour prévoir la réussite future d’un étudiant dans des études de langues, et sont dans ce cas des tests pronostiques. Les résultats d’un test diagnostique montrent l’état des compétences linguistiques de l’étudiant au moment de l’épreuve. A l’université, le plus répandu de ces deux types est sans aucun doute le test diagnostique. Dans la phase de conception d’une épreuve de langue, il est important de décider entre autres quelles compétences linguistiques les tests doivent mesurer (les autres décisions portant sur la durée accordée pour la passation du test, la sélection des supports du test et les types d’items ou de tâches utilisés dans le test). Les tests formatifs se concentrent sur certains aspects de la LE tels que l’usage des articles, tandis que les tests sommatifs se composent d’une ou plusieurs tâches permettant d’observer les compétences linguistiques dans leur globalité, par ex. une rédaction. Les tests objectifs et subjectifs devraient en réalité être appelés tests à barème objectif et tests à barème subjectif. Il n’existe pas de tests de langue vraiment objectifs car chaque épreuve repose sur la conception que l’auteur du test a de ce qui est important dans une langue et des compétences requises pour réussir une épreuve de langue. Les tests à barème objectif sont typiquement les tests à choix multiples ou les tests vrai-faux avec une grille de correction que chaque évaluateur utilise de la même manière. La condition préalable est qu’il n’y ait qu’une réponse juste par item. La personnalité de l’évaluateur ainsi que ses préférences personnelles jouent un rôle plus important dans les tests à barème subjectif parce qu’il n’y a pas de corrigé, et les instructions écrites peuvent souvent être interprétées de plusieurs manières. C’est pourquoi dans des épreuves à enjeux décisifs, les examinateurs suivent des sessions de formation avant de commencer à noter des tests sommatifs. Barémer signifie, avant tout, fixer le nombre de points par item, par tâche et par partie et décider ce qui est exigé pour obtenir la note maximale. Le point le plus important dans un barème est la barre, en d’autres termes, le point où passe la ligne entre ceux qui réussissent le test et ceux qui échouent. La barre optimale ne se base pas seulement sur l’intuition du testeur mais aussi sur la recherche. A l’université, de nombreux tests sont non pas notés sur une échelle mais validés ou non validés (tests acquis/non acquis). Dans une épreuve de langue, la barre et les limites entre les notes peuvent être décidées sur la base d’une évaluation normative ou d’une évaluation critériée. Dans une évaluation normative, les notes sont déterminées par les les résultats antérieurs de la population testée, et les notes sont attribuées suivant le percentile dans lequel ils se situent. Par exemple, nous savons déjà avant même de noter le premier test quel pourcentage des candidats obtiendra la meilleure note ou échouera (au test). Cela signifie que 3 le score brut utilisé comme barre peut différer d’un test à l’autre mais pas au point de rendre le test non fiable. Un test normatif n’est pas approprié pour évaluer de petites populations. L’évaluation critériée signifie que le candidat doit satisfaire à certains critères afin de réussir le test ou d’obtenir une certaine note. La plupart des tests de langue à l’université sont critériés, ce qui signifie que l’on sait au préalable ce qui est nécessaire pour obtenir par exemple le score maximum, mais on ne sait pas combien d’étudiants obtiendront telle ou telle note ou échoueront au test. Pour ce qui est des examens de langue, nous pouvons dire si le test est un test à items discrets (test à éléments isolés) ou un test intégré. Les tests à items discrets sont composés de parties qui ciblent des phénomènes linguistiques clairement identifiables et qui sont totalement séparées les unes des autres, avec leurs propres totaux de points, et le score est la somme des points donnés pour les différents items. Un test intégré peut tester plusieurs compétences à la fois ou la langue en général sans mettre l'accent sur, par exemple, la grammaire ou le vocabulaire. Un test de closure est un test intégré car afin de compléter un blanc, le candidat doit comprendre aussi bien les indices contextuels que syntaxiques. L’évaluation directe signifie que nous testons par exemple l’oral en faisant parler les candidats puis en évaluant leur production. L’évaluation indirecte, prise au pied de la lettre, couvre toutes les formes d’évaluation des compétences réceptives, car nous ne pouvons pas tester la compréhension de l’écrit ou de l’oral en tant que telles — dans un test de lecture ou d’écoute nous devons recourir à la forme orale ou écrite pour établir ce qui a été compris. Un exemple plus concret d’évaluation indirecte: on donne la moitié d’un dialogue sous forme écrite au candidat et on lui demande de rédiger l’autre moitié. En d’autres termes, l‘expression orale est testée ici à travers la production écrite. Pendant près de mille ans, la principale méthode d’enseignement des LE était la méthode dite grammaire-traduction. Evaluer signifiait principalement traduire des textes de et vers la langue cible. Au milieu du siècle dernier, la méthode psychométrique-structuraliste a commencé à gagner du terrain, et les tests à choix multiple se sont répandus. Cette méthode et ces types de tests étaient néanmoins sévèrement critiqués car on sentait qu’ils étaient très loin de la réalité de l’utilisation des langues, on pensait que cocher des choix avait peu à voir avec un véritable usage de la LE à des fins de communication. Une vingtaine d’années plus tard, l’ère de la méthode communicative marqua l’apparition des tests communicatifs, dans lesquels les candidats communiquaient vraiment dans la langue cible, en transmettant et échangeant des informations pertinentes. La forme extrême de l’évaluation communicative réside dans les tests authentiques, qui consisteraient à évaluer comme des tests de performance des situations authentiques en LE. Pour un tel test, on pourrait envoyer des étudiants dans une bibliothèque où ils doivent se procurer un certain livre en utilisant la langue cible, et l’évaluateur filmerait les échanges entre les étudiants et le bibliothécaire, et évaluerait l’expression orale des étudiants. Une langue est une entité si complexe qu’un test en LE ne peut se concentrer que sur une partie de ce tout. Nous parlons de tester les compétences linguistiques, qui sont traditionnellement réparties en deux domaines: les compétences de réception (écouter et lire) and les compétences de production (parler et écrire). Le terme modalités, souvent utilisé dans la littérature sur l’évaluation, se réfère également à l’écoute, la parole, la lecture et l’écriture. Le Cadre européen commun de référence pour les langues divise les langues en 57 compétences, qui, toutefois, ne doivent pas être testées une par une. Bien davantage, dans un test portant sur l’écrit par exemple, le testeur doit avoir à l'esprit quelles compétences sont effectivement l’objet du test. 4 Tout test de langue devrait être valide et fiable. On peut démontrer qu’un test est valide par une validation a priori ou une validation a posteriori. Une validation a priori, qui a lieu après que le test a été conçu mais avant qu’il soit utilisé, repose sur l’étude et la pondération de théories antérieures sur l’évaluation, et sur l’utilisation de recherches antérieures portant sur des tests et des situations de tests similaires. Une validation a posteriori, qui a lieu après que le test a été administré, est établie en utilisant toutes sortes de mesures et d’analyses. Un test est valide si il mesure ce qu’il est supposé mesurer et qu’il en convainc les participants. Il y a plusieurs sortes de validité: la validité externe dépend de la représentativité du test et de la possibilité d’en généraliser les résultats. La validité interne porte sur le contenu du test et, en particulier, sur le fait que le test lui-même ne contient pas d’éléments non pertinents qui dérangeraient le candidat. La validité prédictive signifie que le test peut être utilisé pour prédire la réussite future du candidat dans l’apprentissage de cette langue ou d’une autre. La validité de contenu montre si le test a mesuré ce qu’il était supposé mesurer, par exemple que le contenu d’un test de connaissances ne va pas au-delà de ce qui a été enseigné avant le test. On calcule la validité concomitante lorsque le test a été comparé à d’autres tests à peu près du même type ou passés à la même période. La validité de construit est liée au cadre théorique qui sous-tend le test, c’est-à-dire, si le test teste vraiment un construit tel que la compréhension de l’écrit en LS. La validité faciale, appelée parfois en plaisantant “validité de la confiance/de la foi”, a affaire avec l’acceptation du test par les participants comme objet de mesure de ce qu’il dit mesurer. Par exemple, certains étudiants estiment que la validité faciale des QCM pour évaluer la compréhension de l’écrit est quelque peu discutable parce qu’ils trouvent que les choix proposés sont trop restrictifs ou peu crédibles. La fiabilité en testing signifie que si un test est administré à des populations similaires dans des situations d’évaluation similaires, il produira des résultats similaires. La fiabilité intraexaminateurs renvoie à l’aptitude d’un examinateur à noter les tests de manière systématique. On calcule la fiabilité intra-examinateurs dans le cas où le jugement de l’examinateur peut avoir été affecté par la maladie ou l’épuisement. Même l’heure de la journée ou la quantité de travail fourni avant de noter peuvent influer sur les résultats. On calcule la fiabilité inter-examinateurs quand plusieurs examinateurs notent le même test, les candidats ont en effet besoin de savoir que tous les examinateurs évaluent les tests de la même façon. L’étudiant a le droit de savoir que la notation est juste. Une fois le test administré et noté, il est temps de le réexaminer avec attention. Tout enseignant-testeur devrait procéder à une simple analyse des items, qui consiste à calculer les indices de difficulté et de distribution. La difficulté (symbolisée par la lettre “p” dans les tableaux) se calcule en divisant le nombre de réponses correctes par le nombre de candidats. L’index de difficulté varie de 0 à 1. Plus la valeur est élevée, plus l’item est facile. Il est néanmoins usuel d’approuver des indices de difficulté plus élevés pour les premiers et les derniers items afin que les candidats ne soient pas effrayés par le test au début et qu’ils le terminent en ayant le sentiment qu’ils étaient à la hauteur. Cependant, les concepteurs de tests doivent au préalable connaître assez bien la population cible pour avoir idée de ce que sera la difficulté des items du test. Même si les items du test donnent lieu au nombre attendu de réponses correctes, les concepteurs du test doivent établir quelle en est la distribution. En d’autres termes, si l’index de difficulté prévu est 0,5 (= la moitié de la population testée a fourni la bonne réponse à l’item), l’item est de mauvaise qualité si ceux qui ne sont pas bons dans la langue ont la réponse juste tandis que les bons apprenants n’ont pas fourni la réponse correcte à cet item. L’index de distribution (“D” dans les tableaux) se calcule en utilisant une formule simple: la population testée est répartie en une bonne moitié et une moitié faible en fonction des scores 5 bruts totaux (le total des points avant toute manipulation ou ajustement), puis on divise le nombre de réponses correctes dans la bonne moitié par le nombre total de réponses correctes. L’index de distribution varie entre -1 (toutes les réponses correctes sont dans la moitié faible) et 1 (toutes les réponses correctes sont dans la bonne moitié). La transparence dans l’évaluation signifie que les tests sont décrits en détail si bien que tous ceux qui en traitent les résultats savent ce qui a été testé et comment, et ce que signifie le résultat, i.e. ce que le candidat ayant obtenu une certaine note ou un certain score est capable de faire dans la langue cible. C’est pourquoi les universités européennes se donnent beaucoup de mal pour harmoniser le langage utilisé dans les descripteurs et les critères de leurs tests, l’outil le plus important dorénavant étant le Cadre Européen commun de référence pour les langues. Approche basée sur les tâches / actionnelle de l’évaluation en langues Dans une approche “basée sur les tâches” ou “actionnelle”, l’examinateur donne au candidat une tâche à accomplir, tâche qui pousse le candidat à agir. Par “tâche” nous entendons: Une tâche est une activité qui exige des apprenants qu'ils utilisent la langue, en privilégiant le sens, pour atteindre un objectif. (Skehan 2003: 3) Les tâches […] sont des activités qui ont le sens pour objet premier. La réussite est évaluée en termes de réalisation d'une production, et les tâches sont en général proches de l'usage de la langue dans la vraie vie. Ainsi l'enseignement conçu dans une perspective actionnelle s'appuie assez fortement sur l'approche communicative dans l'enseignement des langues. (Skehan 1996: 20) Ceci signifie que dans une approche par les tâches, une macro-tâche décrit l’activité générale qui doit être menée à bien, un résultat bien défini étant attendu à la fin. Afin d’atteindre ce résultat, le candidat doit réaliser des productions prédéfinies, à savoir un rapport écrit expliquant le problème à résoudre et ses solutions possibles, et une présentation orale de ces solutions dans un contexte donné (situation et cadre). Toutes ces activités et productions sont liées entre elles. Pour aider le/la candidat/e à parvenir à ces résultats, on lui donne des tâches intermédiaires précises. Dans la littérature nous trouvons les deux termes: “task-based” and “action-based” en anglais, ou en Français “approche basée sur les tâches” et “approche actionnelle”, et en Allemand “aufgabenbasiert” and “handlungsorientiert”. Ces termes sont fortement reliés entre eux, mettant l’accent dans un cas davantage sur le professeur (qui donne une tâche au candidat) et dans l’autre cas sur la personne testée (qui doit agir). Dans le contexte anglophone on utilise certainement plus souvent le terme “task-based”, tandis qu’en Français c’est l’expression “approche actionnelle” qui prévaut; en Allemand l’expression “Aufgabenorientierung” est passablement ambigue, dans la mesure où “Aufgabe” est utilisé pour tout, du simple exercice à items isolés aux devoirs à la maison et pour une “tâche” plus complexe, c’est pourquoi nous préférons en Allemand le terme “Handlungsorientierung” bien que le mot “Aufgabenorientierung” ait été récemment davantage utilisé.2 La relation entre les deux termes “task-based” et “action-based” peut être illustrée ainsi : 2 Voir par ex. Bausch et al. 2006. 6 task-based action-based aufgabenorientiert handlungsorientiert entrée par les tâches perspective actionnelle / approche actionnelle Input Output teacher’s view perspective de l’enseignant Perspektive der Lehrkraft learner’s view perspective de l’apprenant Perspektive des Lerners L’approche actionnelle dans l’apprentissage (et l’évaluation) suit une approche communicative, mais va plus loin. L’objectif n’est plus de réaliser un jeu de rôles dans lequel les apprenants peuvent montrer ce qu’ils ont acquis, mais de l’insérer dans un contexte et une situation spécifiques, avec un objectif bien défini. On ne jugera pas si les candidats se sont exprimés de manière (linguistiquement) correcte (par exemple si ils étaient capables de demander leur chemin au niveau A du CECR ou de faire une présentation sur un sujet spécialisé au niveau C), mais si ils ont réussi à réaliser l’objectif de la tâche, i.e., dans les exemples cités plus haut, si ils ont trouvé l’endroit où ils voulaient aller (niveau A) ou si les auditeurs ont compris le contenu de la présentation et si le contenu a eu un impact sur les activités du groupe (niveau C). La relation entre l’approche communicative et l’approche actionnelle peut être représentée de la manière suivante : approche communicative approche actionnelle objectif: permettre aux apprenants de communiquer dans des situations données objectif: permettre aux apprenants de s’exprimer / d’exprimer leurs idées dans la (leur) vraie vie Dans le schéma suivant, Puren (2008: 12) place la tâche au centre du contexte d’apprentissage : La tâche est fixée et exécutée avec des objectifs bien définis, qui nécessitent un ‘input’ particulier et demandent la réalisation d’activités spécifiques. Ceci a un impact sur le rôle de l’enseignant et le rôle de l’apprenant et est influencé par la situation d’apprentissage et la dynamique du groupe. Manifestement, tous deux, le rôle de l’enseignant et le rôle de l’apprenant, doivent être revus car ils sont très différents des situations “traditionnelles” de la 7 salle de classe. Pour accomplir les tâches et activités, l’apprenant doit effectuer des tâches successives avec un certain nombre d’étapes qui lui permettront d’atteindre l’objectif final. La citation suivante de Puren montre dans quelle mesure l’approche actionnelle est différente de l’approche “traditionnelle” de l’enseignement et de l’évaluation en langues : « une unité didactique adoptant « l’entrée par l’action » est conçue et construite en forme d’une action unique » Cela signifie que toutes les tâches intermédiaires font partie intégrante de la macro-tâche et de l’objectif final et qu’elles sont en lien étroit avec eux. Dans une unité d’enseignement (ou un examen de langue) conçue dans une perspective actionnelle, les tâches prises isolément ne sont pas indépendantes les unes des autres et ne peuvent pas être effectuées sans avoir une vue d’ensemble du projet ou du problème en question. Si dans une évaluation conçue avec des items discrets, le/la candidat/e peut par exemple bien réussir la partie orale tout en ayant complètement échoué en compréhension de l’écrit ou de l’oral, par contre, dans un examen conçu dans une perspective actionnelle où il est nécessaire de comprendre les documents écrits et d’écoute pour agir dans la phase de production de l’épreuve, les différentes compétences sont plus fortement reliées entre elles. L’approche actionnelle dans l’enseignement des langues peut utiliser les études de cas3, les projets4 et les simulations globales 5. Alors que les simulations globales et les projets sont plus créatifs et mettent l’accent sur les compétences de production, les études de cas partent d’un problème à résoudre et commencent par une phase de réception importante, qui est essentielle pour mener à bien l’activité; sans une analyse détaillée du problème, l’apprenant ou le candidat ne sera pas à même de concevoir une solution à ce problème6. On peut définir ainsi les études de cas: Darstellung einer konkreten Situation aus der betrieblichen Praxis oder dem Alltagsleben, die anhand bestimmter Tatsachen, Ansichten und Meinungen dargestellt wird, auf deren Grundlagen eine Entscheidung getroffen werden muss. (Kaiser 1983: 20) Traduction française: Présentation d’une situation concrète tirée de la réalité de l’entreprise ou de la vie quotidienne, qui est représentée à travers certains faits, positions et opinions sur la base desquels une décision doit être prise. L’équipe LCaS a défini les études de cas de la manière suivante: analyse d’un problème / dilemme dans une situation donnée pour lequel il n’existe pas qu’une seule solution (Equipe de projet LCaS) Les “simulations globales” sont décrites ainsi par Debyser (1996: IV): Une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d’apprenants pouvant aller jusqu’à une classe entière d’une trentaine d’élèves, de créer un univers de référence – un immeuble, un village, une île, un cirque, un hôtel – de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage 3 Voir aussi: Almagro Esteban / Pérez Cañado (2004); Daly (2002); Kaiser (1983); Kiefer (2004); Uber Grosse (1988). 4 Voir aussi: Ribé / Vidal 1993; Schart 2003. 5 Voir aussi: Caré / Debyser (1995); Debyser (1996); Yaiche (1996). 6 Voir aussi: Fischer et al. (2008); Fischer et al. (2009). 8 que ce cadre, qui est à la fois un lieu-thème et un univers du discours, est susceptible de requérir. Dans l’évaluation en langues, les études de cas et les projets conviennent pour des tests de compétences et pour des examens de fin de formation. Si un cours repose sur une simulation globale, un projet spécifique intégré dans cette simulation peut servir d’examen de fin de formation. 3. Fondements du projet GULT Initialement l’équipe GULT avait prévu de concevoir un cahier des charges pour l’évaluation des LS7 dans une perspective actionnelle au niveau C 1 du CECR, mais elle a rapidement réalisé que cela pourrait être trop ambitieux dans certaines parties de l’Europe où l’enseignement des LS à l’université se situe au niveau B 2. De plus, un modèle C 1 peut facilement s’appliquer au niveau C 2, c’est pourquoi l’équipe s’est concentrée sur les niveaux B 2 et C 1. La perspective actionnelle dans l’enseignement et l’évaluation en langues Comme indiqué plus haut, une perspective actionnelle de l’enseignement des langues a déjà été introduite dans les programmes d’enseignement de nombreux centres de langues universitaires en Europe, mais malheureusement pas encore dans l’évaluation. Ainsi l’équipe de projet GULT a rassemblé les compétences et les résultats de projets antérieurs, à savoir les activités du groupe HERMES sur la formation professionnelle pour les enseignants des universités et collèges d’agriculture et sciences connexes dans le projet AFANet8, le projet WebCase9 sur l’utilisation des études de cas dans les programmes d’enseignement des agroindustries à l’université, le projet LCaS10 avec pour objet la mise en place de modules de formation des enseignants à une utilisation plus développée d’études de cas pour l’enseignement des langues à l’université, le projet EXPLICS11 avec pour but la conception d’études de cas en ligne et de simulations globales en onze langues ; s’y ajoutent les compétences de l’équipe allemande d’UNIcert®12 avec son expertise en évaluation en langues et en LS, l’équipe UNIcert®LUCE13 en Slovaquie et en République Tchèque, l’équipe CLES14 avec son savoir-faire dans l’évaluation actionnelle en langues à l’université, et le réseau finlandais des centres de langues universitaires avec son expérience de l’évaluation en langues à l’université. Il a ainsi réuni un certain nombre de spécialistes de l’enseignement des langues dans une perspective actionnelle à l’université, de l’enseignement des langues de spécialité et de l’évaluation en langues dans le but de créer un nouveau modèle pour l’évaluation en langues à l’université, fondé sur les principes de l’enseignement et de l’apprentissage basés sur des tâches et adapté aux besoins spécifiques des apprenants en langues de spécialité. Après avoir constaté une mise en oeuvre en constante augmentation de modèles d’approche actionnelle dans l’enseignement des langues à l’université, nous voudrions maintenant initier l’étape suivante, i.e. la conception et la mise en oeuvre de modèles d’approche actionnelle pour l’évaluation en langues à l’université. 7 “Langues de Spécialités”. Voir: AFANet website at www.afanet.info, but also: Fischer 2003, 2004. 9 Voir: WebCase website at www.webcase-online.info and Cain / Heath 2004. 10 Voir: LCaS website at http://www.ecml.at/mtp2/LCaS, and Fischer et al. 2008. 11 Voir: EXPLICS website at www.zess.uni-goettingen.de/explics and Fischer et al. 2009. 12 Voir: UNIcert® website at www.unicert-online.org. 13 Voir: UNIcert®LUCE website at http://www.casajc.sk/unicert.htm. 14 Voir: CLES website at http://www.certification-cles.fr/. 8 9 La priorité de l’équipe GULT n’était pas l’évaluation de la langue générale, pour laquelle quelques modèles d’examens basées sur des tâches ont déjà été mis en pratique, mais l’évaluation des compétences en langue de spécialité, puisque l’évaluation des LS est une des activités principales des centres de langues universitaires en Europe. Les modèles GULT peuvent, bien entendu, être adaptés et utilisés pour l’évaluation de la langue générale. Pour ce qui est des différentes approches par les tâches, nous avons vite réalisé que la méthode des cas utilisant les études de cas pour l’examen est particulièrement adaptée aux langues de l’économie et des affaires, du droit, de la médecine et des études sociales, alors qu’elle n’est pas facile à mettre en œuvre pour les sciences, où les projets et les simulations (qui peuvent être utilisés pour toutes les disciplines) sont plus appropriés. Si l’on utilise une approche actionnelle pour concevoir un test de LS dans une situation spécifique et authentique basée sur des documents et des faits authentiques, les candidats peuvent montrer si ils sont capables de communiquer dans une langue étrangère et jusqu’à quel point, ce qui rend les résultats plus fiables et plus valides. Ce type de test est également plus transparent pour les candidats, car ils peuvent plus facilement juger par eux-mêmes si ils ont réussi à gérer linguistiquement une situation de communication authentique. C’est pourquoi la finalité du projet GULT est de concevoir un cahier des charges et des modèles pour une évaluation transparente des LS dans une perspective actionnelle à l’université. Evaluer les quatre compétences Dans les tests de langues “traditionnels”, les quatre (ou cinq15) competences sont évaluées une par une et séparément. Ces tests recouvrent jusqu’à six différents domaines, i.e. lire, écouter, s’exprimer oralement en continu, prendre part à une conversation, écrire, et usage pertinent de la langue (i.e. syntaxe et lexique de la LS). Chaque partie du test évalue normalement une seule compétence, dans certains cas elle en combine deux (ou parfois plus), mais le plus souvent les parties évaluant les différentes compétences langagières ne sont pas reliées entre elles à l’intérieur du test et traitent des thèmes différents. Il peut y avoir une exception pour l’évaluation de la syntaxe et du lexique de LS, qui sont souvent intégrés dans l’évaluation des compétences de production. En évaluant séparément chaque compétence, l’examinateur obtient un tableau précis des points forts et des points faibles d’un apprenant dans chaque compétence. Dans la vraie vie, ces compétences se présentent rarement séparément et sont normalement reliées entre elles. Comme dans l’approche communicative, nous pouvons analyser si un candidat est capable de comprendre un texte écrit ou de faire une présentation et d’en discuter avec le groupe, mais nous ne pouvons pas dire si il ou elle peut restituer les informations clés et les idées sousjacentes d’une série de documents écrits et oraux à un groupe, en extraire les aspects importants pour lui ou elle et les réutiliser pour concevoir son propre rapport/sa propre présentation ou solution d’un problème. Cela signifie que nous pouvons voir les arbres un par un, mais nous n’avons pas l’image entière que vise une approche actionnelle, et donc nous ne pouvons pas voir la forêt. 15 Nous utiliserons dans ce qui suit la distinction traditionnelle entre quatre différentes compétences langagières, car le CECR fait une distinction entre la production orale et l’interaction orale pour la compétence “parler”, mais pas pour les trios autres compétences (écouter, lire et écrire), alors que nous pouvons aussi voir de grandes différences entre a) écouter un monologue, un dialogue ou une conversation entre plusieurs personnes, b) lire un texte suivi et de nouvelles formes de textes écrits à deux et en groupes comme les chats et les forums, et c) écrire un texte unique, isolé ou un texte qui s’intègre dans une interaction plus longue entre deux ou plusieurs partenaires de communication. 10 Dans une approche actionnelle, toutes les compétences et les autres aspects de la langue (grammaire, vocabulaire, LS, style, registre etc.) sont associées dans une approche intégrative et holistique. Pour des raisons de transparence, de validité faciale et de comparabilité, mais surtout à des fins d’analyse, nous distinguons les quatre compétences langagières en donnant aux apprenants des tâches qui ciblent chaque fois une autre compétence. Mais ces tâches sont toutes intégrées dans une macro-tâche qui se concentre sur une situation authentique et spécifique dans un contexte donné. Alors que les tâches de production sont authentiques et peuvent facilement correspondre à des situations de la vie réelle, ce n’est pas toujours le cas pour les parties évaluant les compétences réceptives. Sur ce point on a encore besoin de progresser pour les rendre authentiques dans un environnement d’enseignement et d’apprentissage à l’université.16 4. Développement d’un test (texte à suivre) 5. Structures d’examen 5.1. Structure d’un examen GULT (texte à suivre) 5.2. Exemples d’examens basés sur les taches : « Comme dans la vraie vie » 5.2.1. L’examen CLES Un premier exemple de mise en œuvre d’une approche actionnelle dans l’évaluation nous est fourni par la certification française CLES (Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur), dont le format a été conçu par un groupe de travail composé d’enseignants en LANSAD originaires de plusieurs universités. Cette certification est indépendante des enseignements assurés dans les centres de langues, mais peut aussi être intégrée dans l’évaluation en cours ou en fin de cursus. Elle valide les niveaux de compétence B1, B2 ou C1 du CECR. A titre d’exemple, à l’Université de Strasbourg l’objectif fixé en fin de Licence aux étudiants de disciplines scientifiques est le niveau B2, c’est pourquoi tous ces étudiants passent le CLES2 au semestre 5. Cependant, l’obtention de ce certificat n’est pas obligatoire pour obtenir la Licence de Mathématiques ou de Sciences du Vivant. Aux trois niveaux, l’épreuve est conçue autour d’un scénario qui met l’étudiant dans une situation directement inspirée de la vraie vie, dans laquelle il devra faire preuve de compétences langagières, socio-linguistiques et pragmatiques correspondant à sa situation d’étudiant. Au niveau B1, le contexte est celui d’un séjour à l’étranger (en lien avec la mobilité internationale), au niveau B2 il s’agit d’explorer une thématique générale et d’en rendre compte en tenant compte d’une diversité d’approches et de points de vue, au niveau C1 l’étudiant (de master, ou futur chercheur) montre qu’il est capable de communiquer sur des sujets en rapport avec son domaine d’études. Entrons dans le détail des niveaux B2 et C1. 16 L’authenticité peut être réalisée en demandant aux apprenants d’utiliser la langue dans une situation de la vie réelle dans le pays où la langue-cible est parlée. Ce n’est cependant normalement pas possible dans le cadre d’un examen de langue à l’université. 11 aa. L’épreuve CLES 2 (niveau B2) teste quatre compétences : Lire, Ecouter, Ecrire, Prendre part à une conversation. Les trois premières compétences sont évaluées lors d’une épreuve écrite de 2h45. Dans le cadre d’une mise en situation, on confie une mission au candidat, avec comme objectifs la réalisation d’une tâche écrite et d’une tâche orale. Pour ce faire, il exploite un dossier documentaire composé de documents d’écoute (authentiques, d’une durée de 5’) et de documents écrits (authentiques, d’une longueur de 9000 signes environ). Après les premières 30’ consacrées à la compréhension des documents d’écoute, le candidat gère librement le temps restant pour exploiter les documents écrits et rédiger une synthèse (plus précisément définie dans le cadre de la mise en situation) d’une longueur de 250 à 300 mots. La compréhension des documents n’est pas une fin en soi, mais une étape intermédiaire, aussi les micro-tâches de compréhension visent tout autant à guider le candidat dans son exploitation des documents qu’à évaluer ses capacités de compréhension de l’écrit et de l’oral. De même, la compétence linguistique (lexicale et grammaticale) n‘est pas évaluée en tant que telle par des exercices portant sur le vocabulaire ou les structures morphologiques ou syntaxiques, mais à travers la réalisation des tâches écrite et orale finales. Cette première partie est suivie d’une interaction orale entre deux ou trois étudiants, d’une durée de 10’à 15’. Dans la continuité de la mise en situation initiale, les étudiants jouent les rôles qui leur sont attribués en s’appropriant les informations obtenues précédemment. Là encore, la gestion de la tâche et la capacité à communiquer sont des critères d’évaluation tout aussi importants que la correction de la langue. Au niveau B2, la thématique proposée est générale, la maîtrise de la langue de spécialité du domaine d’études relevant plutôt du niveau C1. Par contre, il s’agit bien de vérifier que l’étudiant maîtrise des compétences opérationnelles de type universitaire. Il doit : - traiter l’information : sélectionner, trier, hiérarchiser les données, identifier les positions - s’approprier cette information : restituer les arguments, les mettre en relation, présenter un point de vue, débattre, trouver un consensus. ab. Au niveau C1 (CLES3), seules les compétences de production sont explicitement évaluées : Ecrire, Parler en continu, Prendre part à une conversation. Cependant la tâche ne peut pas être réalisée si les compétences réceptives (Lire, Ecouter) des candidats ne sont pas d’un niveau suffisant, implicitement elles sont donc également prises en compte. On retrouve la mise en situation initiale, qui prend également la forme d’une mission à accomplir, et le dossier documentaire à exploiter : documents d’écoute d’une durée de 10’, documents écrits d’une longueur de 15000 signes environ, pouvant inclure aussi des documents iconographiques, schémas, statistiques... Pendant trois heures, l’étudiant s’approprie les informations et prépare un support visuel (Powerpoint ou transparents) qui va accompagner sa présentation orale. Puis il soumet ses conclusions au jury (10’) et débat avec lui/répond à ses questions (10’). Enfin, il dispose d’une heure pour rédiger une note de synthèse (ou un article, un abstract … selon la mise en situation) de 600 mots environ qui tient également compte des remarques formulées par le jury pendant la partie orale. A ce niveau, la thématique est clairement liée au domaine d’études du candidat, les documents authentiques pouvant même être puisés dans des sources scientifiques. Le cahier 12 des charges de la certification prévoit de plus qu’un spécialiste du domaine valide le choix de la thématique et des documents et fasse partie du jury. Aux deux niveaux décrits, il est clair que la mise en situation, même si elle se veut la plus proche possible de la réalité, n’est pas la réalité elle-même : les étudiants passent bien un examen, ils ne sont pas dans une université étrangère dans le cadre d’un échange Erasmus, en stage dans une entreprise et chargés d’un projet …. Mais ils pourraient l’être à plus ou moins court terme dans la poursuite de leur cursus, il n’y a qu’un pas de la fiction à la réalité. Ce qui est par contre bien réel, c’est la manière de mettre en œuvre et de combiner les compétences à valider. Dans la vraie vie d’étudiant, on lit, on écoute pour accéder au savoir, on s’approprie des informations et on les réinvestit à l’écrit ou à l’oral, et pour y parvenir correctement dans une langue étrangère, il faut sans doute une maîtrise de cette langue correspondant aux descripteurs du niveau B2. Un étudiant de master, ou au-delà, réalise très précisément dans le cadre de ses études le travail demandé dans le CLES3. Les compétences requises pour y parvenir en langue étrangère relèvent du niveau C1. Résumons-nous : cette certification vise à valider la compétence de communication en mettant l’étudiant en situation d’agir dans un cadre social. Le choix du scénario d’évaluation correspond à la volonté d’évaluer de manière globale, dans un double contexte : universitaire, et en rapport avec un domaine de spécialité. 5.2.2. Un exemple de travail et d’évaluation en LE (langue de spécialité) en Master à l’Université de Strasbourg Plusieurs facteurs ont conduit les enseignants à repenser depuis quelques années les modalités de travail et d’évaluation de leurs étudiants inscrits en Master : - le volume horaire réduit consacré à l’encadrement de ces groupes (16 heures par semestre) - la volonté d’armer ces étudiants pour leur insertion professionnelle après le Master - le souhait de travailler en collaboration avec les enseignants de spécialité - la volonté, dans la continuité de la pratique initiée en Licence, de rendre les étudiants acteurs de leur apprentissage en langues, et non de leur fournir des cours « clés en main » - l’influence de la certification CLES, et donc le désir d’organiser le travail de l’étudiant autour d’une « tâche » à mener à bien pendant le semestre Une collaboration très fructueuse a été mise sur pied avec des enseignants de Sciences de la Terre et d’Ingénierie Environnementale, aboutissant au schéma de fonctionnement suivant : - en début de semestre, présentation de la tâche : Réaliser une présentation orale sur une thématique de recherche directement liée à la spécialité étudiée, en exploitant au moins deux publications (de vulgarisation scientifique en M1, scientifiques en M2) en LE (généralement en anglais). Les étudiants de M1 peuvent réaliser cette tâche en binôme, en M2 c’est un travail individuel. - Les étudiants choisissent eux-mêmes la thématique et les sources, mais celles-ci doivent être validées par l’enseignant de spécialité. - Les étudiants rendent compte régulièrement à l’enseignant de LE et au groupe de l’avancement de leur travail, ce qui permet d’exercer les compétences orales (parler 13 en continu et interagir), de travailler les aspects phonologiques et lexicaux, de remédier le cas échéant aux difficultés rencontrées. - Une fois les documents suffisamment exploités, les étudiants rédigent un abstract de leur future présentation qui est retravaillé avec l’enseignant (travail sur la compétence Ecrire), mais non évalué. - Ils conçoivent leur PPT qui est également revu avec l’enseignant de LE (travail sur la méthodologie et la langue) - En fin de semestre, ils réalisent leur présentation devant le groupe et les deux enseignants qui évaluent conjointement la prestation. La présentation est suivie de questions des enseignants et/ou du groupe. La complexité de la tâche à réaliser, le type de sources à utiliser, correspondent sans aucun doute au niveau C1, voire au-delà, du CECR. L’évaluation tient compte de l’aptitude à communiquer (compétences opérationnelles et pragmatiques), de la qualité de la langue, de la qualité de la compréhension des documents et donc de la justesse du contenu scientifique restitué. L’étudiant est dans sa vraie vie d’étudiant, dans la réalité de son domaine de spécialité, la tâche, inspirée des pratiques de la communauté scientifique, est non seulement réaliste, mais bien réelle pour lui. 5.2.2. Les études de cas pour évaluer l’expression orale et l’expression écrite (texte à suivre) 6. Bibliography Abendroth-Timmer, Dagmar / Breidbach, Stephan (eds.) (2000). Handlungsorientierung und Mehrsprachigkeit, Frankfurt am Main: Peter Lang. AFANet website: http://www.afanet.info . Almagro Esteban, Ana / Pérez Cañado, María Luisa (2004). Making the case method work in teaching Business English: a case study. In: English for Specific Purposes 23, 137-161. Bausch, Karl-Richard / Burwitz-Melzer, Eva / Königs, Frank G. / Krumm, Hans-Jürgen (eds.) (2006). Aufgabenorientierung als Aufgabe. Tübingen: Narr. Cain, Philip / Heath, Simon (eds.) (2004). Handbook for Lecturers: Design, Development and Delivery of Web-based Case Study Resources supporting student centred learning. Newcastle: University of Newcastle. Caré, Jean-Marc / Debyser, Francis (1995). Simulations globales. Sèvres: CIEP. Casey, Etain / Fischer, Johann (2004). Improving interaction between Subject area specialists and Language teachers at UCARS (Universities and colleges of agricultural sciences). In: Satchell, Ray / Chenik, Nicole (eds.). University Language Centres: Forging the Learning Environments of the Future. Papers from 7th CercleS Conference. Paris, 19-21 September 2002. Paris / Dublin: CercleS, 431-443. Casey, Etain / Fischer, Johann (2005). The Use of Case Studies in Language Teaching. In: Moravčíková, Alžbeta / Taylor Torsello, Carol / Vogel, Thomas (eds.). University Language Centres: Broadening Horizons, Expanding Networks. Proceedings of the 8th CercleS Conference. Bratislava, 9-11 September 2004. Bratislava: CercleS, 163-175. CLES website: http://www.certification-cles.fr/. 14 Council of Europe (2001). Common European Framework of Reference for Languages: Learning, teaching, assessment. Strasbourg: Council of Europe / Cambridge: CUP. Council of Europe (2009). Relating Language Examinations to the Common European Framework of Reference for Languages: Learning, Teaching, Assessment (CEFR). A Manual. Strasbourg: Council of Europe / Language Policy Division. Daly, Peter (2002). Methodology for Using Case Studies in the Business English Language Classroom. In: The Internet TESL Journal – For Teachers of English as a Second Language, vol. VIII, No. 11. http://iteslj.org/Techniques/Daly-CaseStudies/ [Internet publication] Debyser, Francis (1996). L’immeuble. Paris: Hachette. Duch, Barbara J., et al. (eds.) (2001). The Power of Problem-Based Learning. A Practical “How To” for Teaching Undergraduate Courses in Any Discipline. Sterling: Stylus. Eggensperger, Karl-Heinz / Fischer, Johann (eds.) (1998). Handbuch UNICERT®. Bochum: AKS-Verlag. Europarat (2001). Gemeinsamer europäischer Referenzrahmen für Sprachen: lernen, lehren, beurteilen. Straßburg / Berlin et al.: Europarat / Langenscheidt. EXPLICS website: www.zess.uni-goettingen.de/explics . Fischer, Johann (2003). AFANet – HERMES: A Bridge between Scientists and Language Teachers: Goals and Perspectives. In: Języki obce: narzędzie komunikacji naukowej. Ogólnopolska Konferencja Naukowa z okazji 50-lecia Studium Języków Obcych Akademii Rolniczej im. Augusta Cieszkowskiego w Poznaniu. Poznań: Wydawnictwo Akademii Rolniczej im. Augusta Cieszkowskiego w Poznaniu, 16-30. Fischer, Johann (2004). HERMES – The AFANet Language Policy Group: Strengthening language teaching for students of agriculture and related sciences. In: Heath 2004a: 113131. Fischer, Johann / Casey, Etain (2005). Der Einsatz von Fallstudien im Fremdsprachenunterricht an Hochschulen. In: Gebert, Doris (ed.). Innovation aus Tradition. Dokumentation der 23. Arbeitstagung 2004. Bochum: AKS-Verlag, 175-184. Fischer, Johann / Casey, Etain / Abrantes, Ana Margarida / Gigl, Elke / Lešnik, Marija (eds.) (2008). LCaS: Language Case Studies. Teacher training modules on the use of case studies in language teaching at secondary and university level. A handbook. Strasbourg: Council of Europe. Fischer, Johann / Musacchio, Maria Teresa / Standring, Alison (eds.) (2009). EXPLICS – Exploiting Internet Case Studies and Simulation Templates for Language Teaching and Learning. A Handbook. Göttingen: Cuvillier Verlag. Heath, Simon (2004a). Capitalising on Innovation in the Curriculum in European Higher Education. Practice and Promise in the Disciplines of Agriculture, Forestry, Aquaculture and Environmental Sciences. Proceedings of the AFANet – ICA Conference held at the University of Gent, Belgium, 8 to 10 January 2004, Nancy: Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL). Heath, Simon (2004b). Using case studies in higher education. In: Cain / Heath 2004: 3-7. HERMES website: http://www.uni-tuebingen.de/hermes/ . Huber, Josef (2004). Languages for social cohesion. Language education in a multilingual and multicultural Europe. The second medium-term programme (2004 – 2007) of the 15 European Centre for Modern Languages. In: Fremdsprachen und Hochschule 71, 127149. Kaiser, Franz Josef (ed.) (1983). Die Fallstudien. Theorie und Praxis der Fallstudiendidaktik. Bad Heilbrunn: Klinkhardt. Kiefer, Karl-Hubert (2004). Fallstudien – zum Umgang mit einer erfolgreichen Lernmethode im Fachsprachenunterricht Wirtschaftsdeutsch. In: Info DaF 1, 68-98. LCaS website: http://www.ecml.at/mtp2/LCaS Perkins, Polly / van Kleef, Anja (eds.) (2004). The LENTEC Guide to Learning English: Problem-Based Learning in Virtual Mobility Projects. Malmö. Petermann, Annie (2008). CLES – Certificat de Compétences en langues de l’enseignement supérieur. Zertifizierung der Sprachkompetenzen im französischen Hochschulbereich. In: Fremdsprachen und Hochschule 79/80, 33-54. Puren, Christian (2008). Formes pratiques de combinaison entre perspective actionnelle et approche communicative : analyse comparative de trois manuels. In: Langues Modernes 05.01.2008, 1-13. Ribé, Ramon / Vidal, Núria (1993). Project Work. Oxford: Heinemann. Schart, Michael (2003). Projektunterricht – subjektiv betrachtet. Eine qualitative Studie mit Lehrenden für Deutsch als Fremdsprache. Hohengehren: Schneider Verlag. Skehan, Peter (2003). Task-based instruction. In: Language Teaching 36, 1-14. Skehan, Peter (1996). Second language acquisition research and task-based instruction. In Willis, Jane / Willis, Dave (eds.). Challenge and Change in Language Teaching, Oxford: Heinemann, 17-30. Uber Grosse, Christine (1988). The Case Study Approach to Teaching Business English. In: English for Specific Purposes 7, 131-136. UNIcert® website: http://rcswww.urz.tu-dresden.de/~unicert/ . UNIcert®LUCE website: http://www.casajc.sk/unicert.htm . Van den Branden / Bygate, Martin / Norris (eds.) (2009). Task-Based Language Teaching. A reader. Amsterdam / Philadelphia: Benjamins. WebCase website: http://webcase-online.info . Yaiche, Francis (1996). Les simulations globales – mode d’emploi. Paris: Hachette. 16