Arular, le cocktail molotov de M.I.A.
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Arular, le cocktail molotov de M.I.A. Ipjmag - le magazine réalisé par les étudiants de l'IPJ -- Culture -- Culture Arular, le cocktail molotov de M.I.A. François Vignal vendredi 18 novembre 2005 Ipjmag - le magazine réalisé par les étudiants de l'IPJ Page 1/2 Arular, le cocktail molotov de M.I.A. Des paroles engagées, à la manière du hip hop, sans oublier la musique. C'est ce que fait M.I.A, alias Maya Arulpragasam, dans Arular. Dans ce premier opus au discours militant, Maya défend la cause des Tigres Tamoules. Un propos qui ne se fait pas au détriment de la musique : Maya propose une musique riche en influences, du ragga à l'electro, en passant par le hip hop. « I've got the bombs to make you blow [...] I'm a fighter... » Dès Pull up the people, premier titre rentre-dedans d'Arular, le ton est donné. Derrière M.I.A. se cache Maya Arulpragasam, londonienne d'origine sri-lankaise, dont le père est membre des Tigres Tamoules, organisation séparatiste du Sri Lanka qui n'hésite pas à user de la violence. Arular peut déranger, voire susciter la polémique, surtout à l'heure du terrorisme. Disque aux paroles engagées, Arular défend implicitement la cause Tamoule. C'est donc en combattante que Maya se présente. Les trompettes samplées du thème du film Rocky qu'on retrouve dans le très addictif Bucky Done Gun sont là pour le rappeler. Tout comme la pochette où se mêlent tanks, kalachnikovs et bombes. L'esprit d'Asian Dub Fondation n'est parfois pas loin. Mais si M.I.A. est en guérilla, cela ne l'empêche pas de s'amuser. Car à l'écoute d'Arular, c'est plus l'envie de bouger frénétiquement l'arrière train et de faire la fête que de lancer des cocktails molotovs qui vient à l'esprit. Et c'est tout le paradoxe de ce disque : parfois dire des chose dures, mais avec le sourire, le rythme et le son qui « le fait bien » : une sorte de ragga-dance hall-hip hop-electro sous perfusion des Antilles et de la Jamaïque. Le tout enrobé de la voix si bien ciselée de Maya. Et si à la première écoute, les morceaux donnent un peu l'impression de se suivre et se ressembler, une seconde, plus attentive, donnera une image plus variée d'Arular. Les influences électros courent tout au long de l'album, surtout dans 10 dollar et Bucky Done Gun à la rythmique synthétique et syncopée qu'on croirait tout droit sortie d'une des premières productions de Detroit style Juan Atkins. Surprise, sur U.R.A.D.T., titre hip hop à l'ambiance dilettante et clownesque, c'est le grand Quincy Jones qui vient prêter main forte. Galang, ses sons saturés semblables à des explosions et ses bleeps lourds façon modulation de fréquence renvoient l'auditeur dans une ambiance plus sévère, mais sans oublier de lui donner des fourmis dans les jambes. Et sur Sunshower, Maya montre aussi qu'elle peut se faire douce et sexy. Un cocktail explosif en somme. M.I.A. Arular, XL Recording. Site officiel Ipjmag - le magazine réalisé par les étudiants de l'IPJ Page 2/2