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Ensemble
[pour l’habitat]
Novembre-Décembre 2013 - Numéro 9
Le magazine d’ICF Habitat à destination des élus et des professionnels du logement
Dossier
Favoriser la mobilité résidentielle
Un enjeu de société
Patrimoine
A Lille, un bâti du 17e siècle
accueille des logement sociaux
Relation locataires
Comment ICF Habitat La Sablière
fait vivre la participation locative
www.icfhabitat.fr
sommaire
© DR
© DR
© Syda Productions - Fotolia.com
© DR
4
8
10
16
actualité
rencontre
dossier
Zoom sur…
ICF Habitat
dans les
territoires
“Faire vivre une
véritable mixité
sociale dans le
patrimoine social”
Parcours résidentiel
Comment ICF Habitat
La Sablière fait vivre
la participation
locative
La mixité au cœur du
nouveau quartier CharolaisRotonde à Paris
Pierre Gosnat,
maire d’Ivry-sur-Seine
Des logements sociaux dans
un patrimoine historique
à Lille
Des actions pédagogiques
en faveur du tri sélectif à
Lyon
Partenariat avec les Pimms
à Saint-Etienne
ICF Habitat Atlantique
booste son développement
Favoriser la
mobilité : un
enjeu de société
Relancer la mobilité
résidentielle pour fluidifier
les parcours au sein du parc
social et par ricochet mieux
répondre aux besoins des
nouveaux entrants. L’idée
n’est certes pas nouvelle mais
les pouvoirs publics en font
aujourd’hui une de leurs
priorités. Reste à lever certains
freins, notamment en matière
d’attribution, et à développer
une offre locative qui favorise
les mutations.
Une association
inter-bailleurs pour
améliorer la maintenance
des ascenseurs en
Ile-de-France
Ensemble pour l’habitat est une publication d’ICF Habitat-24 rue de Paradis-75490 Paris Cedex 10
Tél. : 01 55 33 99 60 - Fax. : 01 55 33 97 39 – www.icfhabitat.fr
Directeur de la publication : Jean-Paul Boulet | Rédactrice en chef : Rita Mazzoli
Ont collaboré à ce numéro : Rita Mazzoli, Fanny Bijaoui, Angèle Laisné, Catherine Morvan
Conception et réalisation : MAYA press (www.mayapress.net)
Maquette : Laetitia Rossi.
2 | Ensemble pour l’habitat
18
événements
ICF Habitat Sud-Est
Méditerranée
Une coopération inter-bailleurs
payante à Aubagne (13)
ICF Habitat La Sablière
Inauguration de 70 logements à
Nanterre (92)
ICF Habitat Nord-Est
La cité cheminote de Saint-Polsur-Mer (59) poursuit sa mue
© ICF Habitat/ Renan Astier
édito
François Jolivet
directeur de la gestion locative,
des méthodes et du marketing
Rééquilibrer
l’offre locative
Le constat est désormais partagé et accepté
par tous, le « logement HLM vacant » est
une denrée rare dans les territoires où les
tensions sur le marché sont exacerbées
par la pénurie d’une offre adaptée. Dans
ces conditions comment accompagner la
mobilité résidentielle des locataires HLM ?
Ou autrement dit comment favoriser les
mutations au sein du parc social ? On ressent
là toute l’ampleur de la problématique, tant
elle a de conséquences sur l’intimité de la
vie des familles, tant elle a de résonnances
sociales et politiques. Les moyens classiques
d’action des pouvoirs publics sont connus
- construire plus - agir pour que le stock de
logements HLM se libère. Ces techniques
d’intervention - baisse des plafonds de
ressources HLM, durcissement du SLS,
dispositifs sur la sous-occupation - ne
produisent pourtant pas les effets attendus.
Rien ou très peu ne change, la crise du
logement apparaît désormais comme
durable sur certains territoires notamment
les plus dynamiques. Les dispositions
annoncées dans les futures lois Alur (accès
au logement et un urbanisme rénové) et
de décentralisation laissent aujourd’hui
penser qu’un processus a été amorcé pour
redynamiser le parcours résidentiel et
inciter à la mobilité. Si ces textes ouvrent de
nouvelles perspectives, l’enjeu de la mobilité
passe également par le développement d’un
parc locatif intermédiaire dont l’offre est
aujourd’hui cruellement déficitaire dans
les zones les plus tendus. Pour redonner
au parc social son rôle d’étape du parcours
résidentiel, nous ne pouvons plus faire
l’économie d’un rééquilibrage de l’offre
locative.
Ensemble pour l’habitat | 3
© DR
ICF Habitat dans les territoires Deux ans après le début
des travaux, les premières
réalisations du programme
Charolais-Rotonde à Paris ont
été livrées à leurs occupants.
Deux des sociétés du groupe
ICF Habitat, ICF Habitat La
Sablière pour le logement
social et ICF Habitat Novedis
pour le logement à loyer
libre, participent activement
à la naissance de ce nouveau
quartier durable.
ICF Habitat La Sablière/ICF Habitat Novedis
La mixité au cœur du nouveau
quartier Charolais-Rotonde à Paris
D
ans quelques mois, le 12e arrondissement de Paris comptera un nouveau quartier. Construit sur d’anciennes
friches ferroviaires de 1,7 ha, le Charolais-Rotonde,
c’est son nom, rassemblera autour de vastes espaces verts, des
logements sociaux et intermédiaires, des résidences sociales et
une crèche construits par ICF Habitat La Sablière et ICF Habitat
Novedis ainsi qu’un conservatoire municipal de musique, une
résidence pour chercheurs, des bureaux et des commerces. C’est
donc un nouveau morceau de ville, répondant aux exigences
d’équilibre des fonctionnalités urbaines et de qualité environnementale, notamment en respectant les objectifs du Plan
climat parisien, qui voit le jour. D’ores et déjà, vingt logements
familiaux et une résidence sociale de 60 logements réalisés
par ICF Habitat La Sablière ont été livrés à leurs locataires.
Par l’ensemble de ces programmes (voir encadré) ICF Habitat
apporte au quartier une véritable mixité – un critère essentiel
pour la ville de Paris – et un équipement public. « C’était un pari
audacieux qui a été mené dans le souci de l’intégration urbaine,
fait remarquer Hervé Fontaine, directeur du développement
d’ICF Habitat La Sablière. Dès l’origine du projet, la mairie et la
SNEF (Société nationale d’espaces ferroviaires) se sont montrées
très attentives à l’organisation spatiale du futur quartier et à la
qualité de son urbanisme. » Une fois les parcelles dessinées,
chaque maître d’ouvrage a choisi son ou ses architectes en
accord avec la ville de Paris et la SNEF. Une décision justifiée
par la recherche d’une cohérence d’ensemble.
Le programme ICF Habitat
ICF Habitat La Sablière
Lot 4 (architecte : Atelier MDNH)
• un immeuble de 20 logements sociaux familiaux livré en juin 2013
• un immeuble de 17 logements sociaux familiaux : livraison prévue
au 1er trimestre 2014
• une résidence sociale neuve de 60 chambres gérée par Coallia
livrée en juin 2013
Lot 6 (architecte : Eva Samuel)
• une résidence sociale de 281 chambres, gérée par Parme, en cours
de restructuration lourde ; livraison prévue au 1er trimestre 2014
• une crèche de 60 berceaux : livraison prévue fin 2013
© DR
ICF Habitat Novedis
Lot 5 (architecte : Cabinet Badia-Berger)
• un immeuble de 66 logements intermédiaires : livraison prévue
en janvier 2014
4 | Ensemble pour l’habitat
ICF HABITAT NORD-EST
Des logements sociaux
dans un site prestigieux
Bâti au 17e siècle, situé au cœur de Lille, l’Hôtel du Lombard abritera dans quelques mois
29 logements sociaux. Une opération de reconversion sociale qui illustre le partenariat
solide entre la société et les élus de la capitale des Flandres et de sa métropole.
© ICF Habitat/Fabrice Singevin
23 septembre.
Cécile Queille,
Pdg d’ICF Habitat,
lance officiellement
les travaux de
reconversion de
l’hôtel du Lombard en
présence de Martine
Aubry, maire de Lille,
Audrey Linkenheld,
députée du Nord,
Jacques Goolen
et Pierre Brayda,
respectivement
président et directeur
d’ICF Habitat
Nord-Est.
« Avec cette opération, les familles lilloises
les plus modestes pourront, elles aussi, accéder à un logement en plein cœur de la ville,
et ce, dans un bâtiment prestigieux du 17 e
siècle », lance Alain Montagu, directeur
du Patrimoine et du Développement d’ICF
Habitat Nord-Est. Et d’ajouter : « Je tiens
à souligner la politique très volontariste de
la ville de Lille sans laquelle cette opération
n’aurait pu naître.» Pour que ce bâtiment
prestigieux puisse être réaménagé en logements sociaux, il a en effet fallu résoudre
l’épineux problème des places de stationnement. Le PLU de la ville prévoyait pour
chaque nouveau logement, l’obligation
de créer 0,6 place de parking minimum.
En 2012, le conseil municipal prenait la
décision d’exonérer de cette obligation des
constructions de logements sociaux en cœur
de ville. Rien ne s’opposait plus alors au
changement d’affectation de ce bâtiment
né Mont de Piété en 1626 et que la ville de
Lille avait acquis en 2009 afin de servir sa
politique de la mixité sociale en centre-ville.
Un projet où la mixité sociale
prend tout son sens
Propriété d’ICF Habitat Nord-Est depuis avril
2013, l’Hôtel du Lombard dont le chantier de
rénovation a débuté en septembre se veut en
effet un modèle de mixité tant sociale que générationnelle. Des logements familiaux du type
T3 et plus cohabitent avec des surfaces plus
petites, T1 et T2. Et neuf des 29 logements sont
des PLAI, soit des logements dits très sociaux.
Si le principe de la mixité guide l’aménagement
de l’espace, la volonté de lutter contre la dérive
des charges conduit la rénovation thermique
du bâtiment. Les travaux de rénovation vont
ainsi ramener la performance énergétique du
bâtiment à 58kWh/m2/an. Quant à la production de chaleur, elle sera assurée à 100% par
une chaufferie à granulés bois.
Après plusieurs années d’inoccupation, une
nouvelle vie commence donc pour l’Hôtel du
Lombard. Ses nouveaux locataires devraient
prendre possession des logements fin 2014.
En attendant, ils peuvent les découvrir via une
exposition à ciel ouvert qui habille les palissades du chantier.
Chiffres clés
4,6
millions d’euros d’investissement.
143 000
euros de subventions de la ville
de
Lille
135 000
Lille
Métropole Communauté Urbaine
euros de subventions de
99 000
euros de subventions de l’état
Ensemble pour l’habitat | 5
ICF Habitat dans les territoires © DR
ICF Habitat Sud-Est Méditerranée
Pour accompagner la
mise en service d’une
nouvelle organisation
de la collecte des
déchets, l’agence ICF
Habitat Lyon-Rhône
joue la pédagogie en
mode ludique.
Pédagogie du tri sélectif
à la résidence Jean Zay à Lyon
« La collecte des déchets et le tri sélectif sont des
sujets sur lesquels nous devons revenir régulièrement
pour maintenir l’intérêt des locataires et les inciter
à de nouveaux gestes et habitudes. » Fabrice
Martinello, chargé de secteur à l’agence ICF
Habitat Lyon Rhône en est convaincu : la
pédagogique et la mise en pratique demeurent
des exercices obligés pour faire avancer la cause
du tri sélectif et de la gestion des déchets. Lors de
l’été 2013, les locataires des 160 logements de
la résidence Jean Zay à Lyon ont pu bénéficier
des conseils avisés des ambassadeurs du tri
du Grand Lyon, découvrir les secrets et les
avantages du compostage grâce à l’association «
Les Compostiers » ou encore redonner vie à des
déchets à travers des ateliers « écolo-recyclage »
lors d’une Fête du tri. Un événement qui venait
clôturer le projet de réorganisation de la collecte
des déchets initié en 2012.
Pour des raisons d’hygiène et de sécurité, et
après présentation du projet à l’amicale des
locataires, il avait été décidé de condamner
les locaux vide-ordures situés sur les paliers
et dans les sous-sols et de les remplacer par
des containers installés dans quatre zones
paysagées elles-mêmes situées sur le passage
de chaque allée de la résidence pour un
investissement total de 112 000 €. « Au-delà
de l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité,
cette opération permet une meilleure maintenance
des containers et une économie de charges pour
l’ensemble des locataires de la résidence »,
indique Fabrice Martinello. Avant d’ajouter
que les dépôts sauvages d’encombrants
ont pratiquement disparu du paysage de
la résidence. Ils sont déposés dans une
déchetterie gérée par le Grand Lyon qui se
trouve à 500 m de la résidence. « Désormais,
nous allons franchir une nouvelle étape et être
encore plus complet sur le traitement déchets
avec le lancement d’un projet de compostage. »
A suivre donc.
L’accueil des nouveaux entrants
assuré par les Pimms
1
Partenaires de la société
à Saint-Étienne dans la
Loire, les Pimms se voient
confier un accueil spécifique
des nouveaux locataires
dans le but d’une meilleure
intégration au sein du
quartier et de la ville.
1. Point information médiation multiservices
6 | Ensemble pour l’habitat
Depuis novembre, les nouveaux locataires des quatre résidences d’ICF Habitat Sud-Est
Méditerranée à Saint-Étienne reçoivent un courrier quinze jours après leur entrée dans les
lieux. « Nous leur annonçons qu’un médiateur des Pimms va prendre contact avec eux pour venir
leur présenter leur nouveau quartier ainsi que les associations et les services mis à leur disposition
par la ville, indique Catherine Royon, chef de secteur à l’agence ICF Habitat Rhône-Alpes-Auvergne.
De plus, nous profitons de cette occasion pour passer des messages sur la bonne tenue du logement.
Le médiateur indique ainsi ce qu’il faut faire des encombrants, donne l’adresse de la déchetterie,
rappelle les règles du tri sélectif. » En complément du correspondant local, l’intervention des
Pimms vise à permettre une meilleure intégration des nouveaux habitants dans le quartier
et dans la ville. Après Isigaz (Information sécurité intérieure gaz), cette opération renforce
le partenariat mené avec les Pimms en apportant une valeur ajoutée à l’accueil offert par
ICF Habitat Sud-Est Méditerranée. Parallèlement, un troisième volet du partenariat démarre
actuellement : le défi éco-citoyen, destiné à sensibiliser les locataires aux économies d’énergie
et d’eau, va se poursuivre toute l’année.
ICF Habitat Atlantique
La société booste son développement
Avec 179 logements livrés en dix mois, l’année 2013 marque un coup d’accélérateur
pour la société. Jusqu’en 2021, 350 à 400 logements seront livrés chaque année.
Précisions avec Patrick Goeuriot, son directeur du développement et du patrimoine.
Comment s’explique l’accélération des
livraisons depuis le début de l’année ?
Patrick Goeuriot : A fin octobre, nous avons livrés 179 logements auxquels vont s’ajouter d’ici à la fin 2013, 79 logements à
Toulouse, chiffres beaucoup plus importants que les années précédentes. Il s’agit de la concrétisation des achats en VEFA réalisés
auprès des promoteurs entre 2008 et 2010, période de crise pour
l’immobilier privé. Ces livraisons vont nous permettre de respecter
les engagements pris dans la CUS, à savoir 1 867 logements entre
2011 et fin 2016. Avec les opérations lancées, nous sommes à 90%
de l’objectif.
Quelles sont les prévisions pour les
années à venir ?
P.G. : De grosses vagues de livraisons – de l’ordre
de 350 logements par an – sont prévues au cours
des trois prochaines années. A partir de 2017 et
jusqu’en 2021, le développement sera encore accru
pour atteindre près de 2000 logements sur cinq
ans. Il se concentrera sur Bordeaux, Bayonne,
Toulouse et Nantes, villes dont la population
connaîtra une forte progression dans les
dix ans à venir. En 2021, le patrimoine
de la société comptera 15 000 logements,
contre 12 400 aujourd’hui. Entretemps, nous aurons procédé à des
cessions qui contribueront aussi
au renouvellement du parc.
Les opérations livrées au
troisième trimestre 2013
Bayonne (64), résidence Sagardian : 56 logements (PLUS,
PLAI et PLS) ; Thouaré-sur-Loire (44), résidence Apopsis :
65 logements ; Lucé (28), résidence Mozart : 49 logements ; Toulouse (31) : 9 logements.
Des ambitions présentées aux élus
Pour présenter les savoir-faire de la société et soutenir son
développement, ses dirigeants sont allés à la rencontre
des élus des zones prioritaires. À Bordeaux, Philippe
Saunier, directeur général de la société, a successivement
rencontré deux adjointes au maire : Véronique Fayet,
chargée des solidarités et Élisabeth Touton, en charge
de l’aménagement urbain, du logement et des transports. Sur le territoire de la Communauté Urbaine de
Bordeaux où la société va construire 800 logements d’ici
à 2020, des échanges ont eu lieu avec Christine Bost,
maire d’Eysines et vice-présidente de la Communauté
urbaine. À Toulouse, Martine Croquette, adjointe au maire
et Stéphane Carassou, adjoint en charge de la ville à la
Communauté urbaine ont reçu les représentants de la
société. Des rendez-vous sont également pris avec les
maires de Bayonne et Hendaye, puis avec les élus de
Nantes, Rouen et Caen.
ICF Habitat La Sablière
Une association inter-bailleurs
pour améliorer la maintenance des ascenseurs
Délais de réparation trop longs, pannes récurrentes, prévention insuffisante, coûts élevés
des interventions… L’entretien des ascenseurs
n’est satisfaisant ni pour les locataires, ni pour
les bailleurs. Et pour cause, depuis plusieurs
années, les investissements massifs réalisés
ne traitent pas du sujet de la maintenance.
Pour répondre à cette problématique, 19 bailleurs sociaux franciliens dont ICF Habitat
La Sablière ont créé l’Association Exigence
Ascenseurs. Jean-Luc Vidon, directeur général
de la société a été nommé président de cette
instance qui se donne pour objectif d’amé-
liorer la qualité de service et la sécurité des
ascenseurs en imposant aux ascensoristes de
respecter un référentiel qualité. Ce référentiel comporte 5 axes : sécurité, information
des usagers, prévention et formation (2 ans
minimum d’expérience pour les techniciens),
entretien des appareils (pas plus de 90 appareils par tournée de maintenance pour un technicien), dépannage (y compris le week-end
et les jours fériés). En 2014, plus du tiers des
contrats ascensoristes des bailleurs sera remis
en concurrence. Le référentiel sera intégré aux
cahiers des charges.
© Matteo Natale - Fotolia.com
© ICFHabitat/Fabrice Singevin
Ensemble pour l’habitat | 7
rencontre
PIERRE GOSNAT
© DR
RENCONTRE. Depuis plus
de 80 ans, la ville d’Ivry-surSeine défend le droit à un
logement décent pour tous. Un
engagement qui nécessite de
préserver le parc social existant
et de construire des logements
sociaux tout en favorisant la
diversité de l’habitat. Rencontre
avec Pierre Gosnat, son maire.
“Faire vivre une véritable mixité
sociale dans le patrimoine social”
Quelle est la situation d’Ivrysur-Seine en termes de
logements sociaux ?
Nous sommes pionniers dans les constructions HLM puisque la première cité a été
inaugurée en 1929. Depuis, nous avons
poursuivi cette politique dynamique en
faveur du logement social. Nous avons une
nous, le climat de vivre ensemble est bon car
nous permettons aux populations de rester
à Ivry et de ne pas s’exiler dans les banlieues
plus lointaines. Enfin, nous recensons entre
800 à 900 familles qui sont déjà dans le
patrimoine social et qui, pour des raisons
de sur-occupation du logement, veulent en
avoir un autre.
❝
Nous essayons de placer les locataires
au cœur des processus de décision
diversité architecturale très importante du
point de vue du patrimoine social qui va de
la cité-jardin à la rénovation du centre-ville
dans les années 1960-1970. Cette diversité a souvent été un facteur d’innovation
pour l’habitat en général. Aujourd’hui,
nous avons 38% de logements sociaux sur
notre territoire. Nous avons environ 5000
demandeurs de logements : 3300 familles
et 1500 jeunes Ivryens en attente de décohabitation à qui l’on essaye d’attribuer un
tiers des logements qui se libèrent. Chez
8 | Ensemble pour l’habitat
Quelles relations entretenezvous avec les bailleurs
sociaux ?
Dix-sept organismes HLM gèrent plus de
9000 logements sociaux. Le plus important, l’OPHLM d’Ivry, en gère 6200. Nous
avons avec tous les bailleurs des relations
quotidiennes. Nous essayons de placer les
locataires au cœur des processus de décision. Nous sommes aussi très attentifs à ce
que les propositions que nous faisons dans
le cadre de notre contingent réservataire
soient prises en compte par les commissions d’attribution des différents bailleurs.
Dans le cadre des nouvelles opérations,
nous avons subventionné au-delà de nos
obligations réglementaires beaucoup de
bailleurs sociaux pour accroître les capacités
d’attribution. Enfin, je rappelle l’importance
des investissements d’Action Logement qui
devient l’un des principaux pourvoyeurs
de fonds sur la construction de logements
sociaux. Nous attendons des bailleurs qu’ils
nous aident à travailler mieux avec les collecteurs du 1% logement pour mettre en
cohérence le fichier des demandeurs de
logements ivryens avec ceux qui peuvent
bénéficier de l’accès à ces logements. C’est
un enjeu majeur.
Qu’en est-il de la
réhabilitation du parc HLM
d’Ivry ?
Entre 2008-2011, 1700 logements sociaux
ont été rénovés et réhabilités, notamment
dans le patrimoine ancien qui datait des
années 1930. La ville d’Ivry, qui n’a pourtant pas d’obligation réglementaire, a fortement subventionné ces réhabilitations pour
permettre aux bailleurs, et notamment à
l’OPHLM, de ne pas peser trop lourde-
ment sur la réévaluation des loyers des locataires.
Actuellement, nous avons trois grosses zones de
redéveloppement urbain : la ZAC le long de l’axe
RD5 sur le plateau d’Ivry ; Ivry Confluences un
énorme projet de redéveloppement sur le territoire d’Ivry Port où seront construits dans les prochaines années des milliers de logements. Enfin,
nous avons déposé un projet de renouvellement
urbain sur la zone Gagarine-Truillot qui n’a pas été
éligible à l’ANRU (Agence nationale du renouvellement urbain). Nous souhaitions qu’il soit retenu
dans les quartiers prioritaires afin de bénéficier des
aides de l’Etat pour reloger 400 familles concernées par la démolition-reconstruction de cette cité.
d’agglomérations perdraient une de leurs prérogatives essentielles pour le développement du territoire. Or ce PLU est un moyen pour les collectivités
de ne pas lâcher la ville à la spéculation immobilière
et d’imposer du logement social dans les constructions nouvelles qui ont lieu sur leurs territoires. Ce
projet, s’il est adopté en l’état, éloignerait les villes
des centres de décision et donc des populations.
Car pour les maires, les décisions qui se prennent
à l’échelle communale sont conformes aux intérêts des populations, c’est un espace de démocratie essentielle. Si cette capacité de construire du
logement se prend ailleurs que dans les villes, cela
risque d’être dramatique.
Pourquoi avoir fait de la
mixité sociale l’un de vos axes
stratégiques ?
Même si le logement social reste majoritairement
occupé par des catégories ouvrières, il y a une véritable diversité d’origine et de catégories sociales.
Jusqu’à présent, nous avons réussi à garder une
situation équilibrée. Pourtant, aujourd’hui, elle se
trouve empêchée par une série de dispositifs que
l‘Etat a mis en place ces dix dernières années. C’est
le cas des plafonds de ressources, durcis par la loi
Boutin, qui sont extrêmement contraignants. En
effet, dès qu’on dépasse un plafond, on ne peut
pas avoir d’attribution. C’est un écueil majeur
qui empêche les élus locaux de faire vivre une
véritable mixité sociale dans le patrimoine social.
Même chose pour le « Supplément de loyer de
solidarité » (SLS) réclamé au locataire dès lors que
ses revenus excèdent les plafonds de ressources
exigés pour l’attribution d’un logement social. Des
centaines de familles, entrées dans le logement
social et qui ont connu une amélioration de leur
situation financière, vont voir leurs loyers doubler. Cela va pousser au départ de nombreuses
catégories de populations qui, par leur présence
dans les cités populaires, contribuent à la mixité
sociale et au bien vivre ensemble. Certes, nous
avons obtenu une dérogation de trois ans pour ne
pas mettre en œuvre le SLS, mais si la loi Duflot
n’abroge pas ce dispositif ou ne le réduit pas, nous
ne pourrons pas maintenir cette mixité sociale.
Comment réinscrire le logement
social comme une étape du
parcours résidentiel ?
La question du logement est à prendre en compte
au regard des autres sujets de société comme le
chômage et l’effondrement du pouvoir d’achat des
habitants. On reste dans le logement social si l’on
a une situation économique et financière qui ne
permet pas de faire autrement. Auparavant, les
familles séjournaient un temps dans le logement
social puis accédaient à la propriété. Aujourd’hui,
le logement social constitue une vraie sécurité de
l’habitat pour des populations en difficulté. Du
coup, la fluidité au sein du parcours résidentiel
dans le logement social s’est largement ralentie. Grâce à notre politique ambitieuse avec les
promoteurs immobiliers pour garantir des prix
maîtrisés, des centaines d’Ivryens ont pu accéder
à la propriété et donc libérer des logements au
sein du logement social. Pourtant, même si nous
créons des dispositifs innovants, la question de
fond reste le pouvoir d’achat et la situation économique et sociale des locataires qui ne cessent
de se dégrader. Nos possibilités d’intervention
directe quant à la gestion des bailleurs et à la
fluidité des parcours sont relativement limitées.
Passage de Gournay
- 52 logements
collectifs PLUS et
PLAI
Comment jugez-vous la politique
gouvernementale en matière de
logement social ?
Il y a dans le projet de loi Duflot (1) des éléments
intéressants comme la volonté affirmée de construire
des logements sociaux supplémentaires ou de durcir
la loi SRU. Mais nous attendons de ce gouvernement
de gauche un renforcement des aides à la pierre
et la remise en place de vrais dispositifs financiers
d’aide aux réhabilitations du patrimoine ancien.
Nous allons continuer à débattre pour qu’il y ait
une vraie politique de gauche qui se mette en place
à l’échelle de l’Etat.
Fin 2013 un
deuxième projet
portant sur la
construction d’un
bâtiment de 140
chambres, situé en
centre-ville en VEFA
avec SODEARIF a
été formalisé. Un
troisième projet est
encore à l’étude.
Quel est votre regard sur le projet
de Paris Métropole et sur ses
incidences sur le logement social ?
Nous sommes très en colère car ce projet de loi
a été discuté pendant l’été quasiment de manière
confidentielle. Dans le projet actuel, les collectivités locales vont perdre toutes une série de prérogatives. Il est notamment question que les Plans
locaux d’urbanisme (PLU) soient recentralisés
au niveau du conseil métropolitain. Cela signifie
que les maires et les présidents de communautés
ICF Habitat
La Sablière à
Ivry-sur-Seine
Aujourd’hui
199 logements sur
Ivry et 316 places de
foyer
Rue Pierre Guignois
- 144 logements
collectifs PALULOS
Rue Gustave Simonet
- 3 logements
individuels Régime
libre
Demain
Démolition du
foyer existant qui
sera remplacé par
la réalisation du
projet Ivry Carnot
soit 183 chambres
pour jeunes actifs
de plus de 25 ans.
Un programme
produit en VEFA avec
COGEDIM et géré à
terme par Parme.
Livraison fin 2014.
(1) Projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme
rénové (Alur)
Ensemble pour l’habitat | 9
© Syda Productions - Fotolia.com
dossier
10 | Ensemble pour l’habitat
PLUS D’INFORMATIONS
www.icfhabitat.fr
Parcours résidentiel
Favoriser la mobilité :
un enjeu de société
GRAND ANGLE. Relancer la mobilité résidentielle pour
fluidifier les parcours au sein du parc social et par ricochet
mieux répondre aux besoins des nouveaux entrants.
L’idée n’est certes pas nouvelle mais les pouvoirs publics
en font aujourd’hui une de leurs priorités. Reste à lever
certains freins, notamment en matière d’attribution, et à
développer une offre locative qui favorise les mutations.
H
ier encore considéré comme une étape du parcours résidentiel, le parc social
tend à devenir ces dernières années un parc d’installation durable. En vingt
ans, le taux de rotation a ainsi baissé de 5 points passant d’un rythme annuel
à 15% à moins de 10% en 2010 (source ministère du Logement). Une situation qui
gonfle les files d’attente des nouveaux entrants et freine les mobilités au sein du parc
social. Fin 2012, près de 30% des demandes de logement social en attente de traitement
émanaient ainsi de ménages déjà locataires d’un Hlm (source ministère du Logement).
Des ménages qui pour des raisons personnelles ou professionnelles souhaitent bénéficier d’un logement mieux adapté à leurs situations et leurs besoins. Las, dans un
contexte de crise de l’offre, ces demandes, non définies par le code de la construction
et de l’habitation, sont loin d’être prioritaires. Pour accéder à un nouveau logement, et
selon le principe d’égalité de traitements, les ménages déjà locataires doivent suivre la
même procédure que les primo entrants. Une situation qui selon de nombreux acteurs
fait obstacle aux mutations internes au parc social.
Ensemble pour l’habitat | 11
dossier
« Dans les grandes agglomérations très denses et peuplées,
de plus en plus de personnes divorcées conservent la même
adresse. C’est un indicateur fort qui signifie que le parcours
résidentiel n’est plus possible. Certains couples mettent en
route leur premier enfant en fonction de l’attribution d’un
nouveau logement de Type 3 donc de la deuxième chambre.
C’est cette réalité que nous observons au quotidien », avance
François Jolivet, directeur Gestion locative et des méthodes
marketing et clientèle d’ICF Habitat.
En attendant que l’attribution de logement aux locataires
déjà présents dans le parc soit examinée par le législateur,
certains territoires ont pris la question à bras le corps, en
travaillant notamment une offre locative diversifiée destinée à favoriser les parcours résidentiels. « Nous avons neuf
bailleurs sociaux sur la commune et nous approchons des 30%
de logements sociaux. Pourtant, nous avons près d’un millier de
demandes insatisfaites. Les gens cherchent à tout prix à trouver
un logement social et quand ils en ont un, ils ne cherchent pas
à en partir. Cette insuffisance de logements contribue à la crise
de la mobilité résidentielle. Pour autant, nous adaptons les
différents produits logements qui vont de pair avec le parcours
résidentiel des ménages et nous les accompagnons dans leurs
évolutions spécifiques. Ainsi, lorsque des bailleurs sociaux nous
demandent des autorisations de construire, nous privilégions,
non pas des concentrations de logements sociaux comme dans
les années 1960, mais des logements diversifiés : des petites
maisons individuelles ou des immeubles de 15 ou 20 logements
maximum », explique Alain Pérez, maire adjoint de Bègles,
chargé de l’action sociale et du logement. De même, pour
mixer les financements, les usages et la clientèle, la commune privilégie des produits locatifs variés. Reste que
cette volonté de diversifier l’offre se heurte encore trop
souvent aux préjugés de certains ménages. « Nous faisons
1/3 de logements sociaux, 1/3 de Prêt Locatif Social (PLS) et
1/3 de Prêt social location-accession (PLSA). Chaque fois
que nous faisons du PLS, le haut de gamme du logement social
pour des gens qui dépassent les plafonds et sont assujettis au
Surloyer de solidarité, ils pensent que leur seule alternative
est d’aller vers le parc locatif privé. Or, le PLS reste en dessous
du montant des loyers du privé ! Le logement social est loin
d’être un sous-produit », assène Alain Pérez.
A Pantin, la mobilité résidentielle est également un axe
majeur de la politique d’urbanisme de Bertrand Kern,
son maire. Avec 37% de logements sociaux dans sa ville
et 4000 demandeurs en attente de logements, l’élu s’est
fixé un objectif de 40% de logements sociaux en 2019.
« La mobilité n’existait pas dans la ville il y a encore 20 ans.
Aujourd’hui, dans les opérations que nous mettons en place,
comme la ZAC du centre-ville, dont ICF Habitat est partie
12 | Ensemble pour l’habitat
prenante, je réalise 60% de logements de base, 20% de PLS et
20% de PLAI, donc du logement très social et du logement un
peu dérogatoire pour garantir le parcours résidentiel. » Ces
dernières années, la ville de Pantin semblerait avoir fourni
un énorme travail de reconquête de l’habitat insalubre dans
son cœur de ville avec des constructions de logements
sociaux variés : du studio aux 5 pièces, afin de diversifier les types de logements et les modes de financement.
Même chose à Mérignac (33) où ICF Habitat Atlantique
et ICF Habitat Novedis ont inauguré l’année dernière un
programme mixte des logements sociaux et des logements
à loyers libres. « Cette mixité de financement (PLAI, PLS et
PLUS et logements libres) crée la mixité d’occupation. Ainsi
les gens vivent ensemble, mais ont des conditions de ressources
complément différentes. C’est une vraie force pour notre groupe
d’avoir des sociétés HLM et une société à logement libre »,
souligne François Jolivet avant de rappeler que les bailleurs
ne sont souvent que le bras armé des élus pour mettre en
œuvre pour leur politique de logement. « La collectivité est
moteur sur le sujet. Elle choisit son opérateur et connaît avant
nous quels sont les patrimoines qui doivent être détruits ou qui
peuvent être vendus. Sur les territoires tendus nous sommes
plutôt des accompagnateurs. »
© MAYA press/Jérôme Liegeois
Le rêve de l’accession
à la propriété
Si la diversité des offres locatives doit
permettre une plus grande mobilité au
sein du parc social, certains élus voient
dans l’accession sociale à la propriété,
pour peu qu’elle soit accompagnée et
sécurisée, une solution pour redynamiser le parcours résidentiel. « Avant
1989, nous n’avions quasiment pas de
produits incitatifs d’accession à la propriété, souligne Alain Pérez. Depuis,
nous avons favorisé cette accession car
c’est le rêve d’une grande partie de la population. Nous avons
donc introduit chaque fois qu’on le pouvait 1/3 d’accession
sociale à la propriété dans tous les nouveaux programmes de
logement. Cette année, quatre programmes ont été proposés
aux locataires. Parmi eux, une dizaine de maisons individuelles
a été vendue aux occupants. »
Même engagement à Pantin, où un programme de 25 logements en accession sociale à la propriété va être lancé
début 2014. Une décision que le premier magistrat de la
ville justifie par la volonté d’apporter une réponse aux
La mixité de financement crée
la mixité d’occupation. Ainsi les
gens vivent ensemble, mais ont
des conditions de ressources
complément différentes.
ménages dont les revenus sont trop faibles pour accéder
à la propriété au prix du marché et trop importants pour
être éligibles au logement social. « Pour favoriser l’accession
sociale à la propriété, nous proposons par exemple un prix de
3 000 € le mètre carré en centre-ville, alors qu’il est de 5 500 €
dans le neuf. Nous privilégions aussi l’accession maîtrisée à la
propriété : nous demandons à tous les promoteurs de faire une
première commercialisation de leurs logements et d’appliquer
une décote de 10 à 15% sur le prix du mètre carré. Celle-ci
s’adresse en priorité à ceux qui travaillent ou qui vivent à
Ensemble pour l’habitat | 13
© DR
© DR
dossier
Alain Pérez, maire adjoint de Bègles
Pantin. À titre d’exemple, les logements de Kaufman & Broad
qui doivent être livrés à la fin de l’année, seront proposés à
4700 € le mètre carré et non à 5500 € », avance le premier
magistrat de la ville. Une initiative qui doit permettre
d’éviter l’exil des classes moyennes vers la grande banlieue
et d’entretenir le tissu économique de la ville. En effet,
sur les territoires tendus, l’enjeu de la mobilité est autant
économique que social comme le rappelle François Jolivet.
« Actuellement, la principale difficulté des employeurs dans
les régions tendues, et en premier lieu l’Ile-de-France, n’est
pas de trouver des employés, mais des logements pour leurs
salariés, et notamment les plus jeunes. Une des raisons de
cette situation : le départ à la retraite des baby-boomers qui
n’ont pas rendus les clés de leur logements à leurs employeurs
et continuent à les occuper. » Cette situation, qui traduit
en savoir +
La mobilité
en chiffres
En région parisienne le taux de rotation au
sien du parc social est inférieur à 5%, il
atteint 5,3% dans la région PACA et 6,7% en
Languedoc Roussillon et en Corse. Dans ces
régions, il faut attendre 20 ans pour que la
population se renouvelle entièrement. Dans
les autres régions métropolitaines, le taux
de rotation se situe entre 8 et 10%.
(Sources : ESH, Analyses et statistiques, Assemblée
Générale du 20 juin 2013 : OPH : les officines en 2010,
activités et statistiques financières, in La politique du
logement locatif. Notes du conseil d’analyse économique
octobre 2013)
14 | Ensemble pour l’habitat
Bertrand Kern, maire de Pantin
certaines rigidités du système des contingents de réservation, a été pointée du doigt par la Chambre Régionale de
Commerce et d’Industrie de l’Ile-de-France dont un rapport
récent voit dans l’absence de logement abordable un frein
au développement économique de la région capitale…
Au-delà cette inadéquation entre l’offre et la demande pose
la question de l’aménagement du territoire. « La situation
de notre pays est paradoxale. Coexistent des territoires avec
trop de logements et pas assez d’habitants avec des territoires
insuffisamment pourvus de logements abordables pour une
population qui ne cesse de croître. Ne faudrait-il pas s’interroger
sur la répartition géographique de la population ce qui renvoie à
la stratégie nationale en matière d’aménagement du territoire ?
Comment la France urbaine pourra-t-elle se reconstruire sur
10% de son territoire ? Sur quel foncier ? Avec quels moyens
de transport ? Que deviendront les 90% du reste du territoire
déjà équipés, structurés, organisés et aménagés ? Quel sera
l’impact de la métropolisation sur les finances publiques ? »,
questionne François Jolivet. Des questions qui traduisent
la complexité des réponses à apporter… 3 questions à
Laurent Ghekiere Représentant de l’Union sociale pour l’habitat (USH)
auprès de l’Union Européenne
“Les pays du nord de l’Europe
bousculent les réalités françaises“
Laurent Ghekiere // L’Europe est très diverse dans
ses modes de logement. Mais la tendance commune
est à la mobilité résidentielle géographique de plus en
plus forte et une convergence des demandes vers les
grandes villes, là où l’offre est la plus difficile à trouver et
la plus chère. Cette tendance entraîne une désertification
et une vacance structurelle de logement dans d’autres
parties du territoire. Dans ce cadre-là, le parcours
résidentiel s’inscrit aujourd’hui avec des disparités très
fortes des pratiques d’un pays à l’autre. Hormis en
France, il n’y a plus de politique nationale de logements
chez nos voisins européens. La plupart ont décentralisé
la compétence au niveau des régions ou des
agglomérations. En France, l’évolution de la demande
est forte, mais nous sommes l’un des pays qui a le
taux de fécondité le plus important. Notre croissance
démographique alimente donc la demande de parcours
résidentiel. À l’inverse, en Allemagne, le nombre de
ménages diminuent chaque année, le problème numéro
un est la vacance des logements auquel s’ajoute la
concentration de la demande de mobilité vers le Sud.
Nous n’en sommes pas là, mais cet exemple frontalier a
de quoi faire réfléchir les organismes HLM.
Comment nos voisins parviennent-ils
à structurer la mobilité résidentielle ?
L.G. // En France, le logement social est souvent perçu
comme une habitation où l’on rentre, mais… dont
on ne sort plus à moins d’y être contraint ! En termes
de mobilité à l’intérieur du parc HLM, le système des
bourses de logements est très développé en Angleterre
et en Suède. Il donne la possibilité aux locataires
d’échanger leurs logements HLM sur Internet, sans
avoir l’agrément préalable du bailleur. Il y a un « droit à
la mobilité » comme il y a un droit au maintien dans les
lieux en France. Ces exemples sont liés à l’histoire et à
la culture des pays d’Europe du nord et anglo-saxons
où la notion de qualité de service et de protection du
locataire va jusqu’à une mobilité indépendante de
l’avis du bailleur. Aux Pays-Bas, où les problèmes de
vieillissement de la population sont bien plus importants
qu’en France, la plus grosse compagnie d’HLM a
fusionné avec l’un des plus grands prestataires de
services à domicile pour les personnes âgées. Offrir un
logement et des services à la personne dans la même
structure est un élément de réduction de la vacance
et de développement de cette mobilité. Ces initiatives
questionnent sur le rôle du bailleur social, pourvoyeur de
services, mais aussi sur les prérogatives des locataires.
En matière d’accession à la propriété,
y a-t-il des initiatives européennes
innovantes ?
L.G. // En Angleterre, la propriété partagée consiste
à acheter une partie d’un logement et de louer l’autre
partie à des collectivités locales ou à un bailleur
HLM. Progressivement, on peut acheter une pièce
supplémentaire de la maison ou de l’appartement
jusqu’à en être propriétaire à 100%. C’est une sorte
d’achat progressif qui fait passer d’un statut de
locataire, dès lors que vous n’avez pas la majorité
des pièces que vous avez acheté, à un statut de
propriétaire progressif quand vous dépassez les 50%.
Et si on souhaite changer de logements, le bailleur
social peut racheter l’intégralité du bien à l’occupant
qui peut repartir sur une autre opération. On peut aussi
rétrocéder au bailleur une partie du bien et redevenir
locataire de cette partie-là. Ce dispositif est fortement
aidé par un système d’appel qui permet de cumuler
les aides au logement locatif social (car l’habitation est
achetée par le bailleur comme un logement
locatif social progressif) et des aides
à l’accession à la propriété
puisque, pour la partie
du logement acheté
au bailleur, les intérêts
d’emprunt peuvent
être déduits. Dans des
zones très tendues
comme le grand
Londres, ce sont des
modes d’accession à
la propriété très prisés.
L’Angleterre a des idées
innovantes qui bousculent
les réalités françaises
où ces systèmes restent
marginaux. Ce n’est pas
toujours transposable, mais
cela montre que cela peut
fonctionner dans un cadre
juridique adapté.
© DR
Y a-t-il une tendance européenne
globale en matière de parcours
résidentiels ?
Ensemble pour l’habitat | 15
Zoom sur…
© ICF Habitat/Thibaut Voisin
ICF Habitat La Sablière De la concertation
à la participation locative
INITIATIVES. Comment les représentants des locataires envisagent-ils la
concertation locative ? Jusqu’où sont-ils prêts à s’investir dans la gestion du
patrimoine ? Qu’attendent-ils des bailleurs dans ce domaine ? Pour répondre à ces
questions mais aussi à beaucoup d’autres et alors que les modalités de coopération
entre la société et les amicales de locataires évoluent, ICF Habitat La Sablière lançait
en 2011 les Assises des amicales. Véronique Momal, Directrice de la clientèle de la
société, revient pour nous sur cette initiative et ses objectifs.
16 | Ensemble pour l’habitat
Pourquoi avoir créé les
Assises des amicales de
locataires en 2011 ?
Véronique Momal : En arri-
vant à ce poste, j’ai constaté que
nos enquêtes de satisfaction mettaient en lumière un manque
d’écoute et une relation un peu
distante entre ICF Habitat La Sablière et les amicales.
Nous avons donc souhaité donner un cadre au dialogue
en reconnaissant davantage l’existence de leur travail sur
les sites. Les premières Assises des amicales de locataires,
organisées le 25 novembre 2011, ont réuni plus de 200
personnes. Les participants nous ont fait part de leurs
attentes dans une relation plus saine et constructive.
Suite à ces Assises, une lettre spécialement dédiée aux
Présidents des amicales a été créée car ce sont des partenaires à part entière. Nous y expliquons notre mode de
fonctionnement et nous leur permettons d’orienter leurs
demandes de manière plus pratique. Le 18 juin 2013,
lors de la deuxième session des Assises, nous avons eu le
sentiment que le dialogue et la confiance avec la direction
générale s’étaient réinstaurés. Ce travail d’échange nous
différencie d’un gestionnaire de patrimoine classique.
Ces rendez-vous seront-ils récurrents ?
V.M. : Notre démarche n’est pas d’organiser cet événe-
ment sous la même forme régulièrement, mais d’engager
un travail différent avec les amicales et les associations.
Désormais, la deuxième étape de ce processus est de
retrouver de la méthode dans les échanges et d’avoir des
pratiques plus partagées. De manière moins formelle,
nous organisons aussi des événements ponctuels comme
des rencontres de travail, des appels à projet habitant
pour aider les associations à monter des événements
que nous soutenons financièrement à hauteur de nos
possibilités ou des invitations ludiques comme des expositions ou des déjeuners. Autant d’occasions pour parler
différemment aux amicales et apprendre à se connaître.
Au-delà de notre activité de gestionnaire, nous avons
la volonté d’en faire davantage. Ce volet « social » de
notre fonction de bailleur est très positif. C’est à nous
de le valoriser.
Quelles sont les prochaines étapes de cette
concertation ?
V.M. : Pour poursuivre le travail engagé lors des deux
éditions des Assises, trois groupes de travail vont être mis
en place début 2014. Ils seront constitués de membres des
amicales et de collaborateurs d’ICF Habitat La Sablière.
Trois thèmes seront abordés par ces ateliers : la gestion
résidentielle, le bien vivre ensemble et l’économie de
services. Notre magazine à destination des locataires les
informera régulièrement sur l’évolution de ces travaux.
Être associé aux décisions
le plus en amont possible
Benoît Legrand
© DR
Directrice de la clientèle
© ICF Habitat/Fabrice Singevin
Véronique Momal
Représentant des locataires
au titre de la Confédération
Nationale du Logement
(CNL)
Comment jugez-vous les initiatives d’ICF
La Sablière envers les amicales et les
associations de locataires ?
Nous avons accueilli favorablement les Assises des amicales de locataires car elles ont permis de mettre en
place une feuille de route sur le niveau de concertation
locative dans l’ensemble des directions territoriales.
Certes, il y a une véritable écoute des revendications
des locataires et une volonté clairement affichée de
dynamiser les rencontres entre ICF la Sablière et les
amicales. Mais l’écoute ne suffit pas. Ensuite, il y a le
côté pratique et surtout le respect des engagements
du bailleur. Or, malgré les améliorations manifestes,
certains petits détails continuent de pénaliser la vie
quotidienne des locataires.
Quelles sont vos attentes ?
La CNL se veut actrice dans la prise des décisions. Nos
critiques sont constructives. Il faut s’orienter davantage vers le préventif que vers le curatif. Nous sommes
favorables à un partenariat constructif pour tendre vers
une meilleure qualité de service. Nous réclamons la
transparence à tous les niveaux, notamment sur les
charges locatives pour agir sur leur maîtrise. Nous voulons payer le juste prix et avoir une qualité de services
qui soit en rapport avec nos dépenses financières. De
même, lorsque des décisions sont prises concernant des
travaux ou le choix d’une entreprise pour des contrats
de maintenance dans les résidences, nous souhaitons
être consultés en amont et donner notre avis pour
que la décision finale puisse satisfaire les deux parties.
Nous avons aussi demandé qu’en cas de litiges sur des
contrats, les Amicales puissent assister aux rencontres
bailleur/entreprises pour apporter leur analyse sur la
situation. Enfin, pourquoi ne pas envisager la création
de bases de données de référence qui regrouperaient les
doléances des amicales des locataires pour en assurer
un véritable suivi. La CNL est force d’opposition, mais
c’est aussi une force de proposition, nous agissons dans
ce sens pour la défense des intérêts des locataires !
PLUS D’INFORMATIONS
www.icfhabitat.fr
Ensemble pour l’habitat | 17
En cours / livrés
© DR
événements
ICF Habitat Sud-Est Méditerranée
Un programme de
50 logements BBC à Feyzin (69)
© DR
Clin d’oeil à la célèbre chanson de Charles Trenet,
N7 est le nom du programme d’ICF Habitat Sud-Est
Méditerranée de 50 logements BBC qui sera livré
fin 2013 le long de la fameuse Nationale 7 à Feyzin
dans le département du Rhône. Dans cette commune
où la société est déjà présente avec 150 logements,
elle répond à nouveau aux attentes de la municipalité déterminée à développer la mixité sociale. Les
logements de cette résidence (40 PLUS et 10 PLAI)
offrent les appartements traversants aux surfaces
habitables généreuses. Les cinq petits bâtiments,
R+3, disposent de garages en sous-sol.
ICF Habitat Sud-Est Méditerranée
Une coopération inter-bailleurs
payante à Aubagne
La société renforce ses positions sur la commune d’Aubagne (13)
en remportant avec deux autres bailleurs un concours organisé
par la ville dans le cadre d’un projet de développement urbain.
ICF Habitat Nord-Est
Inauguration de la résidence
Jules Vallès à Lille (59)
© DR
Située dans un quartier résidentiel facile d’accès, à
proximité des commerces, écoles et des deux stations de métro, la nouvelle résidence Jules Vallès
inaugurée cette mi- décembre à Lille (59) renforce
la présence de la société dans la capitale du Nord.
Avec une architecture résolument contemporaine,
ce collectif composé de 35 logements, du T2 au T5,
offre des espaces de vie spacieux et lumineux avec
balcon, terrasse et jardin partagé. La résidence,
dispose également d’une chaufferie collective bois
et d’un parking sécurisé en sous-sol. L’ensemble
des prestations a été conçu dans le respect de
l’environnement du label BBC.
18 | Ensemble pour l’habitat
Plus qu’à un nouveau programme
immobilier, c’est à la création d’un
nouveau quartier que l’agence
Provence est associée dans la commune d’Aubagne dans les Bouchesdu-Rhône. Avec deux autres
bailleurs, 13 Habitat et Famille
Provence, et le promoteur Pitch
Promotion, elle s’est vue attribuer
par la ville et l’Etablissement public
foncier régional la réalisation du lot
Sud du projet de développement
urbain de la friche Rousselot, soit
la construction de quelque 330 logements. « Située à une vingtaine de
kilomètres de Marseille, Aubagne est
une ville attractive dont le tramway
sera relié au réseau de transports de la
Penne sur Huveaune près de Marseille.
Il y a donc un vrai intérêt à notre
développement sur cette commune »,
indique Claudine Verlaque, directrice de l’agence Provence. Avant
d’ajouter qu’avec 156 logements,
dont neuf destinés aux personnes
à mobilité réduite dans le cadre de la
convention avec Handitoit Provence,
ICF Habitat sera le bailleur le plus
important de ce projet pour lequel
les élus ont demandé aux trois
bailleurs de mettre en œuvre une
véritable unité de gestion du site.
« Pour répondre à ce souhait, nous
avons travaillé sur nos modes de fonctionnement pour mettre en évidence
nos points communs et harmoniser
notre gestion. Nous avons par exemple
travaillé sur la tarification des places
de parking afin d’éviter une concurrence néfaste à tous ou encore sur les
rythmes d’entretien, sur un projet de
local d’accueil commun », poursuit la
directrice de l’agence. Une collaboration qui va permettre aux futurs
locataires de bénéficier d’une même
qualité de service quel que soit le
bailleur auquel ils verseront leur
loyer. n
© ICF Habitat
Dans le cadre de la requalification
de la cité cheminote de Saint-Polsur-Mer (Nord), Alain Montagu,
directeur général délégué d’ICF
Habitat Nord-Est et Olivier
Vasseur, directeur de l’agence ICF
Habitat Flandres-Hainaut ont
inauguré en novembre dernier
un programme de 20 maisons
en présence de Christian Hutin,
député-maire de la ville.
ICF Habitat Nord-Est
La cité cheminote de Saint-Pol-sur-Mer (Nord)
poursuit sa mue
A
u service des habitants et de la
politique locale, ICF Habitat
Nord-Est requalifie progressivement la cité des cheminots à Saint-Pol-surMer. Après une première réhabilitation de
146 logements en 2007 et la construction
de 54 logements depuis 2006, le bailleur
a livré 20 maisons et démarre un chantier
de construction de 25 logements supplémentaires. L’offre nouvelle participe au
projet de renouvellement urbain de ce
quartier en permettant le relogement des
familles en situation de sous-occupation
ou habitants des logements destinés à la
vente ou démolition. Au total, 7 familles
de la cité ont ainsi été relogées au sein des
20 maisons, rue Duriez.
Une large typologie
de logements
Les 20 maisons ont été réalisées par
l’agence d’architecture Wallyn Sezille
et l’entreprise générale STL. Ce programme a été pensé pour répondre aux
attentes des clients et à la mixité sociale
grâce, notamment, à son large éventail
de typologies de logements permettant
d’accueillir des personnes seules aux
grandes familles. Les logements vont ainsi
du type 3 de 68 m² (4 PLUS et 2 PLS),
au type 4 de 85 m² (3 PLAI, 6 PLUS et
2 PLS), au type 5 de 100 m² (1 PLAI,
2 PLUS). Pour accompagner les personnes
à mobilité réduite et favoriser le maintien
à domicile, les logements type 3 ont été
conçus en plain-pied. Aussi, en réponse
aux besoins spécifiques d’une grande
famille, ICF Habitat Nord-Est a adapté
un logement à la mobilité réduite en aménageant un garage en chambre. Pour la
réalisation de ce programme, ICF Habitat
Nord-Est a investi 3,2 M€ (TVA 5,5%)
et a bénéficié de subventions de l’état,
45 200 €, et de la Communauté Urbaine
de Dunkerque, 38 000 €. n
ICF Habitat la sablière
Inauguration de 70 logements à Nanterre
À une encablure du quartier d’affaires de La Défense, ICF Habitat La Sablière a inauguré un nouveau
programme de 70 logements sociaux construit selon une technique qui absorbe les vibrations des
voies routières.
Le 7 novembre dernier Patrick Jeanselme, président du directoire d’ICF Habitat La
Sablière et Guy Bernfeld, directeur général de Crédit Agricole Immobilier, ont inauguré
en présence du maire de Nanterre, Patrick Jarry, la résidence sociale des Champs de
l’Arche à Nanterre. Patrick Jarry a rappelé l’attachement de la mairie à ce projet malgré
les difficultés de financement, et l’objectif fixé par la loi dite du « Grand Paris » de
production de 70 000 logements par an.
C’est une implantation forte dans le plus grand quartier d’affaires du pays. ICF Habitat
La Sablière et Crédit Agricole Immobilier se sont associés à l’EPADESA (aménagement
de La Défense) pour offrir à la ville de Nanterre de la mixité sociale et un moyen de
contrôler les prix des loyers. De plus, la qualité de la construction génère de très bonnes
performances énergétiques qui vont permettre aux locataires de maîtriser les charges et
qui inscrivent ce bâtiment dans la durée. L’ouvrage est d’autant plus remarquable qu’il
a été construit au-dessus du RER et à proximité de l’autoroute A14 qui est enterrée.
Il a nécessité la construction de méga fondations selon la technique du « diapason »,
reposant sur les extrémités des tunnels du RER. Le bâtiment est monté sur des ressorts
qui absorbent les vibrations de ces voies et assurent la tranquillité des locataires. n
© DR
Ensemble pour l’habitat | 19

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