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Ensemble [pour l’habitat] Novembre-Décembre 2013 - Numéro 9 Le magazine d’ICF Habitat à destination des élus et des professionnels du logement Dossier Favoriser la mobilité résidentielle Un enjeu de société Patrimoine A Lille, un bâti du 17e siècle accueille des logement sociaux Relation locataires Comment ICF Habitat La Sablière fait vivre la participation locative www.icfhabitat.fr sommaire © DR © DR © Syda Productions - Fotolia.com © DR 4 8 10 16 actualité rencontre dossier Zoom sur… ICF Habitat dans les territoires “Faire vivre une véritable mixité sociale dans le patrimoine social” Parcours résidentiel Comment ICF Habitat La Sablière fait vivre la participation locative La mixité au cœur du nouveau quartier CharolaisRotonde à Paris Pierre Gosnat, maire d’Ivry-sur-Seine Des logements sociaux dans un patrimoine historique à Lille Des actions pédagogiques en faveur du tri sélectif à Lyon Partenariat avec les Pimms à Saint-Etienne ICF Habitat Atlantique booste son développement Favoriser la mobilité : un enjeu de société Relancer la mobilité résidentielle pour fluidifier les parcours au sein du parc social et par ricochet mieux répondre aux besoins des nouveaux entrants. L’idée n’est certes pas nouvelle mais les pouvoirs publics en font aujourd’hui une de leurs priorités. Reste à lever certains freins, notamment en matière d’attribution, et à développer une offre locative qui favorise les mutations. Une association inter-bailleurs pour améliorer la maintenance des ascenseurs en Ile-de-France Ensemble pour l’habitat est une publication d’ICF Habitat-24 rue de Paradis-75490 Paris Cedex 10 Tél. : 01 55 33 99 60 - Fax. : 01 55 33 97 39 – www.icfhabitat.fr Directeur de la publication : Jean-Paul Boulet | Rédactrice en chef : Rita Mazzoli Ont collaboré à ce numéro : Rita Mazzoli, Fanny Bijaoui, Angèle Laisné, Catherine Morvan Conception et réalisation : MAYA press (www.mayapress.net) Maquette : Laetitia Rossi. 2 | Ensemble pour l’habitat 18 événements ICF Habitat Sud-Est Méditerranée Une coopération inter-bailleurs payante à Aubagne (13) ICF Habitat La Sablière Inauguration de 70 logements à Nanterre (92) ICF Habitat Nord-Est La cité cheminote de Saint-Polsur-Mer (59) poursuit sa mue © ICF Habitat/ Renan Astier édito François Jolivet directeur de la gestion locative, des méthodes et du marketing Rééquilibrer l’offre locative Le constat est désormais partagé et accepté par tous, le « logement HLM vacant » est une denrée rare dans les territoires où les tensions sur le marché sont exacerbées par la pénurie d’une offre adaptée. Dans ces conditions comment accompagner la mobilité résidentielle des locataires HLM ? Ou autrement dit comment favoriser les mutations au sein du parc social ? On ressent là toute l’ampleur de la problématique, tant elle a de conséquences sur l’intimité de la vie des familles, tant elle a de résonnances sociales et politiques. Les moyens classiques d’action des pouvoirs publics sont connus - construire plus - agir pour que le stock de logements HLM se libère. Ces techniques d’intervention - baisse des plafonds de ressources HLM, durcissement du SLS, dispositifs sur la sous-occupation - ne produisent pourtant pas les effets attendus. Rien ou très peu ne change, la crise du logement apparaît désormais comme durable sur certains territoires notamment les plus dynamiques. Les dispositions annoncées dans les futures lois Alur (accès au logement et un urbanisme rénové) et de décentralisation laissent aujourd’hui penser qu’un processus a été amorcé pour redynamiser le parcours résidentiel et inciter à la mobilité. Si ces textes ouvrent de nouvelles perspectives, l’enjeu de la mobilité passe également par le développement d’un parc locatif intermédiaire dont l’offre est aujourd’hui cruellement déficitaire dans les zones les plus tendus. Pour redonner au parc social son rôle d’étape du parcours résidentiel, nous ne pouvons plus faire l’économie d’un rééquilibrage de l’offre locative. Ensemble pour l’habitat | 3 © DR ICF Habitat dans les territoires Deux ans après le début des travaux, les premières réalisations du programme Charolais-Rotonde à Paris ont été livrées à leurs occupants. Deux des sociétés du groupe ICF Habitat, ICF Habitat La Sablière pour le logement social et ICF Habitat Novedis pour le logement à loyer libre, participent activement à la naissance de ce nouveau quartier durable. ICF Habitat La Sablière/ICF Habitat Novedis La mixité au cœur du nouveau quartier Charolais-Rotonde à Paris D ans quelques mois, le 12e arrondissement de Paris comptera un nouveau quartier. Construit sur d’anciennes friches ferroviaires de 1,7 ha, le Charolais-Rotonde, c’est son nom, rassemblera autour de vastes espaces verts, des logements sociaux et intermédiaires, des résidences sociales et une crèche construits par ICF Habitat La Sablière et ICF Habitat Novedis ainsi qu’un conservatoire municipal de musique, une résidence pour chercheurs, des bureaux et des commerces. C’est donc un nouveau morceau de ville, répondant aux exigences d’équilibre des fonctionnalités urbaines et de qualité environnementale, notamment en respectant les objectifs du Plan climat parisien, qui voit le jour. D’ores et déjà, vingt logements familiaux et une résidence sociale de 60 logements réalisés par ICF Habitat La Sablière ont été livrés à leurs locataires. Par l’ensemble de ces programmes (voir encadré) ICF Habitat apporte au quartier une véritable mixité – un critère essentiel pour la ville de Paris – et un équipement public. « C’était un pari audacieux qui a été mené dans le souci de l’intégration urbaine, fait remarquer Hervé Fontaine, directeur du développement d’ICF Habitat La Sablière. Dès l’origine du projet, la mairie et la SNEF (Société nationale d’espaces ferroviaires) se sont montrées très attentives à l’organisation spatiale du futur quartier et à la qualité de son urbanisme. » Une fois les parcelles dessinées, chaque maître d’ouvrage a choisi son ou ses architectes en accord avec la ville de Paris et la SNEF. Une décision justifiée par la recherche d’une cohérence d’ensemble. Le programme ICF Habitat ICF Habitat La Sablière Lot 4 (architecte : Atelier MDNH) • un immeuble de 20 logements sociaux familiaux livré en juin 2013 • un immeuble de 17 logements sociaux familiaux : livraison prévue au 1er trimestre 2014 • une résidence sociale neuve de 60 chambres gérée par Coallia livrée en juin 2013 Lot 6 (architecte : Eva Samuel) • une résidence sociale de 281 chambres, gérée par Parme, en cours de restructuration lourde ; livraison prévue au 1er trimestre 2014 • une crèche de 60 berceaux : livraison prévue fin 2013 © DR ICF Habitat Novedis Lot 5 (architecte : Cabinet Badia-Berger) • un immeuble de 66 logements intermédiaires : livraison prévue en janvier 2014 4 | Ensemble pour l’habitat ICF HABITAT NORD-EST Des logements sociaux dans un site prestigieux Bâti au 17e siècle, situé au cœur de Lille, l’Hôtel du Lombard abritera dans quelques mois 29 logements sociaux. Une opération de reconversion sociale qui illustre le partenariat solide entre la société et les élus de la capitale des Flandres et de sa métropole. © ICF Habitat/Fabrice Singevin 23 septembre. Cécile Queille, Pdg d’ICF Habitat, lance officiellement les travaux de reconversion de l’hôtel du Lombard en présence de Martine Aubry, maire de Lille, Audrey Linkenheld, députée du Nord, Jacques Goolen et Pierre Brayda, respectivement président et directeur d’ICF Habitat Nord-Est. « Avec cette opération, les familles lilloises les plus modestes pourront, elles aussi, accéder à un logement en plein cœur de la ville, et ce, dans un bâtiment prestigieux du 17 e siècle », lance Alain Montagu, directeur du Patrimoine et du Développement d’ICF Habitat Nord-Est. Et d’ajouter : « Je tiens à souligner la politique très volontariste de la ville de Lille sans laquelle cette opération n’aurait pu naître.» Pour que ce bâtiment prestigieux puisse être réaménagé en logements sociaux, il a en effet fallu résoudre l’épineux problème des places de stationnement. Le PLU de la ville prévoyait pour chaque nouveau logement, l’obligation de créer 0,6 place de parking minimum. En 2012, le conseil municipal prenait la décision d’exonérer de cette obligation des constructions de logements sociaux en cœur de ville. Rien ne s’opposait plus alors au changement d’affectation de ce bâtiment né Mont de Piété en 1626 et que la ville de Lille avait acquis en 2009 afin de servir sa politique de la mixité sociale en centre-ville. Un projet où la mixité sociale prend tout son sens Propriété d’ICF Habitat Nord-Est depuis avril 2013, l’Hôtel du Lombard dont le chantier de rénovation a débuté en septembre se veut en effet un modèle de mixité tant sociale que générationnelle. Des logements familiaux du type T3 et plus cohabitent avec des surfaces plus petites, T1 et T2. Et neuf des 29 logements sont des PLAI, soit des logements dits très sociaux. Si le principe de la mixité guide l’aménagement de l’espace, la volonté de lutter contre la dérive des charges conduit la rénovation thermique du bâtiment. Les travaux de rénovation vont ainsi ramener la performance énergétique du bâtiment à 58kWh/m2/an. Quant à la production de chaleur, elle sera assurée à 100% par une chaufferie à granulés bois. Après plusieurs années d’inoccupation, une nouvelle vie commence donc pour l’Hôtel du Lombard. Ses nouveaux locataires devraient prendre possession des logements fin 2014. En attendant, ils peuvent les découvrir via une exposition à ciel ouvert qui habille les palissades du chantier. Chiffres clés 4,6 millions d’euros d’investissement. 143 000 euros de subventions de la ville de Lille 135 000 Lille Métropole Communauté Urbaine euros de subventions de 99 000 euros de subventions de l’état Ensemble pour l’habitat | 5 ICF Habitat dans les territoires © DR ICF Habitat Sud-Est Méditerranée Pour accompagner la mise en service d’une nouvelle organisation de la collecte des déchets, l’agence ICF Habitat Lyon-Rhône joue la pédagogie en mode ludique. Pédagogie du tri sélectif à la résidence Jean Zay à Lyon « La collecte des déchets et le tri sélectif sont des sujets sur lesquels nous devons revenir régulièrement pour maintenir l’intérêt des locataires et les inciter à de nouveaux gestes et habitudes. » Fabrice Martinello, chargé de secteur à l’agence ICF Habitat Lyon Rhône en est convaincu : la pédagogique et la mise en pratique demeurent des exercices obligés pour faire avancer la cause du tri sélectif et de la gestion des déchets. Lors de l’été 2013, les locataires des 160 logements de la résidence Jean Zay à Lyon ont pu bénéficier des conseils avisés des ambassadeurs du tri du Grand Lyon, découvrir les secrets et les avantages du compostage grâce à l’association « Les Compostiers » ou encore redonner vie à des déchets à travers des ateliers « écolo-recyclage » lors d’une Fête du tri. Un événement qui venait clôturer le projet de réorganisation de la collecte des déchets initié en 2012. Pour des raisons d’hygiène et de sécurité, et après présentation du projet à l’amicale des locataires, il avait été décidé de condamner les locaux vide-ordures situés sur les paliers et dans les sous-sols et de les remplacer par des containers installés dans quatre zones paysagées elles-mêmes situées sur le passage de chaque allée de la résidence pour un investissement total de 112 000 €. « Au-delà de l’amélioration de l’hygiène et de la sécurité, cette opération permet une meilleure maintenance des containers et une économie de charges pour l’ensemble des locataires de la résidence », indique Fabrice Martinello. Avant d’ajouter que les dépôts sauvages d’encombrants ont pratiquement disparu du paysage de la résidence. Ils sont déposés dans une déchetterie gérée par le Grand Lyon qui se trouve à 500 m de la résidence. « Désormais, nous allons franchir une nouvelle étape et être encore plus complet sur le traitement déchets avec le lancement d’un projet de compostage. » A suivre donc. L’accueil des nouveaux entrants assuré par les Pimms 1 Partenaires de la société à Saint-Étienne dans la Loire, les Pimms se voient confier un accueil spécifique des nouveaux locataires dans le but d’une meilleure intégration au sein du quartier et de la ville. 1. Point information médiation multiservices 6 | Ensemble pour l’habitat Depuis novembre, les nouveaux locataires des quatre résidences d’ICF Habitat Sud-Est Méditerranée à Saint-Étienne reçoivent un courrier quinze jours après leur entrée dans les lieux. « Nous leur annonçons qu’un médiateur des Pimms va prendre contact avec eux pour venir leur présenter leur nouveau quartier ainsi que les associations et les services mis à leur disposition par la ville, indique Catherine Royon, chef de secteur à l’agence ICF Habitat Rhône-Alpes-Auvergne. De plus, nous profitons de cette occasion pour passer des messages sur la bonne tenue du logement. Le médiateur indique ainsi ce qu’il faut faire des encombrants, donne l’adresse de la déchetterie, rappelle les règles du tri sélectif. » En complément du correspondant local, l’intervention des Pimms vise à permettre une meilleure intégration des nouveaux habitants dans le quartier et dans la ville. Après Isigaz (Information sécurité intérieure gaz), cette opération renforce le partenariat mené avec les Pimms en apportant une valeur ajoutée à l’accueil offert par ICF Habitat Sud-Est Méditerranée. Parallèlement, un troisième volet du partenariat démarre actuellement : le défi éco-citoyen, destiné à sensibiliser les locataires aux économies d’énergie et d’eau, va se poursuivre toute l’année. ICF Habitat Atlantique La société booste son développement Avec 179 logements livrés en dix mois, l’année 2013 marque un coup d’accélérateur pour la société. Jusqu’en 2021, 350 à 400 logements seront livrés chaque année. Précisions avec Patrick Goeuriot, son directeur du développement et du patrimoine. Comment s’explique l’accélération des livraisons depuis le début de l’année ? Patrick Goeuriot : A fin octobre, nous avons livrés 179 logements auxquels vont s’ajouter d’ici à la fin 2013, 79 logements à Toulouse, chiffres beaucoup plus importants que les années précédentes. Il s’agit de la concrétisation des achats en VEFA réalisés auprès des promoteurs entre 2008 et 2010, période de crise pour l’immobilier privé. Ces livraisons vont nous permettre de respecter les engagements pris dans la CUS, à savoir 1 867 logements entre 2011 et fin 2016. Avec les opérations lancées, nous sommes à 90% de l’objectif. Quelles sont les prévisions pour les années à venir ? P.G. : De grosses vagues de livraisons – de l’ordre de 350 logements par an – sont prévues au cours des trois prochaines années. A partir de 2017 et jusqu’en 2021, le développement sera encore accru pour atteindre près de 2000 logements sur cinq ans. Il se concentrera sur Bordeaux, Bayonne, Toulouse et Nantes, villes dont la population connaîtra une forte progression dans les dix ans à venir. En 2021, le patrimoine de la société comptera 15 000 logements, contre 12 400 aujourd’hui. Entretemps, nous aurons procédé à des cessions qui contribueront aussi au renouvellement du parc. Les opérations livrées au troisième trimestre 2013 Bayonne (64), résidence Sagardian : 56 logements (PLUS, PLAI et PLS) ; Thouaré-sur-Loire (44), résidence Apopsis : 65 logements ; Lucé (28), résidence Mozart : 49 logements ; Toulouse (31) : 9 logements. Des ambitions présentées aux élus Pour présenter les savoir-faire de la société et soutenir son développement, ses dirigeants sont allés à la rencontre des élus des zones prioritaires. À Bordeaux, Philippe Saunier, directeur général de la société, a successivement rencontré deux adjointes au maire : Véronique Fayet, chargée des solidarités et Élisabeth Touton, en charge de l’aménagement urbain, du logement et des transports. Sur le territoire de la Communauté Urbaine de Bordeaux où la société va construire 800 logements d’ici à 2020, des échanges ont eu lieu avec Christine Bost, maire d’Eysines et vice-présidente de la Communauté urbaine. À Toulouse, Martine Croquette, adjointe au maire et Stéphane Carassou, adjoint en charge de la ville à la Communauté urbaine ont reçu les représentants de la société. Des rendez-vous sont également pris avec les maires de Bayonne et Hendaye, puis avec les élus de Nantes, Rouen et Caen. ICF Habitat La Sablière Une association inter-bailleurs pour améliorer la maintenance des ascenseurs Délais de réparation trop longs, pannes récurrentes, prévention insuffisante, coûts élevés des interventions… L’entretien des ascenseurs n’est satisfaisant ni pour les locataires, ni pour les bailleurs. Et pour cause, depuis plusieurs années, les investissements massifs réalisés ne traitent pas du sujet de la maintenance. Pour répondre à cette problématique, 19 bailleurs sociaux franciliens dont ICF Habitat La Sablière ont créé l’Association Exigence Ascenseurs. Jean-Luc Vidon, directeur général de la société a été nommé président de cette instance qui se donne pour objectif d’amé- liorer la qualité de service et la sécurité des ascenseurs en imposant aux ascensoristes de respecter un référentiel qualité. Ce référentiel comporte 5 axes : sécurité, information des usagers, prévention et formation (2 ans minimum d’expérience pour les techniciens), entretien des appareils (pas plus de 90 appareils par tournée de maintenance pour un technicien), dépannage (y compris le week-end et les jours fériés). En 2014, plus du tiers des contrats ascensoristes des bailleurs sera remis en concurrence. Le référentiel sera intégré aux cahiers des charges. © Matteo Natale - Fotolia.com © ICFHabitat/Fabrice Singevin Ensemble pour l’habitat | 7 rencontre PIERRE GOSNAT © DR RENCONTRE. Depuis plus de 80 ans, la ville d’Ivry-surSeine défend le droit à un logement décent pour tous. Un engagement qui nécessite de préserver le parc social existant et de construire des logements sociaux tout en favorisant la diversité de l’habitat. Rencontre avec Pierre Gosnat, son maire. “Faire vivre une véritable mixité sociale dans le patrimoine social” Quelle est la situation d’Ivrysur-Seine en termes de logements sociaux ? Nous sommes pionniers dans les constructions HLM puisque la première cité a été inaugurée en 1929. Depuis, nous avons poursuivi cette politique dynamique en faveur du logement social. Nous avons une nous, le climat de vivre ensemble est bon car nous permettons aux populations de rester à Ivry et de ne pas s’exiler dans les banlieues plus lointaines. Enfin, nous recensons entre 800 à 900 familles qui sont déjà dans le patrimoine social et qui, pour des raisons de sur-occupation du logement, veulent en avoir un autre. ❝ Nous essayons de placer les locataires au cœur des processus de décision diversité architecturale très importante du point de vue du patrimoine social qui va de la cité-jardin à la rénovation du centre-ville dans les années 1960-1970. Cette diversité a souvent été un facteur d’innovation pour l’habitat en général. Aujourd’hui, nous avons 38% de logements sociaux sur notre territoire. Nous avons environ 5000 demandeurs de logements : 3300 familles et 1500 jeunes Ivryens en attente de décohabitation à qui l’on essaye d’attribuer un tiers des logements qui se libèrent. Chez 8 | Ensemble pour l’habitat Quelles relations entretenezvous avec les bailleurs sociaux ? Dix-sept organismes HLM gèrent plus de 9000 logements sociaux. Le plus important, l’OPHLM d’Ivry, en gère 6200. Nous avons avec tous les bailleurs des relations quotidiennes. Nous essayons de placer les locataires au cœur des processus de décision. Nous sommes aussi très attentifs à ce que les propositions que nous faisons dans le cadre de notre contingent réservataire soient prises en compte par les commissions d’attribution des différents bailleurs. Dans le cadre des nouvelles opérations, nous avons subventionné au-delà de nos obligations réglementaires beaucoup de bailleurs sociaux pour accroître les capacités d’attribution. Enfin, je rappelle l’importance des investissements d’Action Logement qui devient l’un des principaux pourvoyeurs de fonds sur la construction de logements sociaux. Nous attendons des bailleurs qu’ils nous aident à travailler mieux avec les collecteurs du 1% logement pour mettre en cohérence le fichier des demandeurs de logements ivryens avec ceux qui peuvent bénéficier de l’accès à ces logements. C’est un enjeu majeur. Qu’en est-il de la réhabilitation du parc HLM d’Ivry ? Entre 2008-2011, 1700 logements sociaux ont été rénovés et réhabilités, notamment dans le patrimoine ancien qui datait des années 1930. La ville d’Ivry, qui n’a pourtant pas d’obligation réglementaire, a fortement subventionné ces réhabilitations pour permettre aux bailleurs, et notamment à l’OPHLM, de ne pas peser trop lourde- ment sur la réévaluation des loyers des locataires. Actuellement, nous avons trois grosses zones de redéveloppement urbain : la ZAC le long de l’axe RD5 sur le plateau d’Ivry ; Ivry Confluences un énorme projet de redéveloppement sur le territoire d’Ivry Port où seront construits dans les prochaines années des milliers de logements. Enfin, nous avons déposé un projet de renouvellement urbain sur la zone Gagarine-Truillot qui n’a pas été éligible à l’ANRU (Agence nationale du renouvellement urbain). Nous souhaitions qu’il soit retenu dans les quartiers prioritaires afin de bénéficier des aides de l’Etat pour reloger 400 familles concernées par la démolition-reconstruction de cette cité. d’agglomérations perdraient une de leurs prérogatives essentielles pour le développement du territoire. Or ce PLU est un moyen pour les collectivités de ne pas lâcher la ville à la spéculation immobilière et d’imposer du logement social dans les constructions nouvelles qui ont lieu sur leurs territoires. Ce projet, s’il est adopté en l’état, éloignerait les villes des centres de décision et donc des populations. Car pour les maires, les décisions qui se prennent à l’échelle communale sont conformes aux intérêts des populations, c’est un espace de démocratie essentielle. Si cette capacité de construire du logement se prend ailleurs que dans les villes, cela risque d’être dramatique. Pourquoi avoir fait de la mixité sociale l’un de vos axes stratégiques ? Même si le logement social reste majoritairement occupé par des catégories ouvrières, il y a une véritable diversité d’origine et de catégories sociales. Jusqu’à présent, nous avons réussi à garder une situation équilibrée. Pourtant, aujourd’hui, elle se trouve empêchée par une série de dispositifs que l‘Etat a mis en place ces dix dernières années. C’est le cas des plafonds de ressources, durcis par la loi Boutin, qui sont extrêmement contraignants. En effet, dès qu’on dépasse un plafond, on ne peut pas avoir d’attribution. C’est un écueil majeur qui empêche les élus locaux de faire vivre une véritable mixité sociale dans le patrimoine social. Même chose pour le « Supplément de loyer de solidarité » (SLS) réclamé au locataire dès lors que ses revenus excèdent les plafonds de ressources exigés pour l’attribution d’un logement social. Des centaines de familles, entrées dans le logement social et qui ont connu une amélioration de leur situation financière, vont voir leurs loyers doubler. Cela va pousser au départ de nombreuses catégories de populations qui, par leur présence dans les cités populaires, contribuent à la mixité sociale et au bien vivre ensemble. Certes, nous avons obtenu une dérogation de trois ans pour ne pas mettre en œuvre le SLS, mais si la loi Duflot n’abroge pas ce dispositif ou ne le réduit pas, nous ne pourrons pas maintenir cette mixité sociale. Comment réinscrire le logement social comme une étape du parcours résidentiel ? La question du logement est à prendre en compte au regard des autres sujets de société comme le chômage et l’effondrement du pouvoir d’achat des habitants. On reste dans le logement social si l’on a une situation économique et financière qui ne permet pas de faire autrement. Auparavant, les familles séjournaient un temps dans le logement social puis accédaient à la propriété. Aujourd’hui, le logement social constitue une vraie sécurité de l’habitat pour des populations en difficulté. Du coup, la fluidité au sein du parcours résidentiel dans le logement social s’est largement ralentie. Grâce à notre politique ambitieuse avec les promoteurs immobiliers pour garantir des prix maîtrisés, des centaines d’Ivryens ont pu accéder à la propriété et donc libérer des logements au sein du logement social. Pourtant, même si nous créons des dispositifs innovants, la question de fond reste le pouvoir d’achat et la situation économique et sociale des locataires qui ne cessent de se dégrader. Nos possibilités d’intervention directe quant à la gestion des bailleurs et à la fluidité des parcours sont relativement limitées. Passage de Gournay - 52 logements collectifs PLUS et PLAI Comment jugez-vous la politique gouvernementale en matière de logement social ? Il y a dans le projet de loi Duflot (1) des éléments intéressants comme la volonté affirmée de construire des logements sociaux supplémentaires ou de durcir la loi SRU. Mais nous attendons de ce gouvernement de gauche un renforcement des aides à la pierre et la remise en place de vrais dispositifs financiers d’aide aux réhabilitations du patrimoine ancien. Nous allons continuer à débattre pour qu’il y ait une vraie politique de gauche qui se mette en place à l’échelle de l’Etat. Fin 2013 un deuxième projet portant sur la construction d’un bâtiment de 140 chambres, situé en centre-ville en VEFA avec SODEARIF a été formalisé. Un troisième projet est encore à l’étude. Quel est votre regard sur le projet de Paris Métropole et sur ses incidences sur le logement social ? Nous sommes très en colère car ce projet de loi a été discuté pendant l’été quasiment de manière confidentielle. Dans le projet actuel, les collectivités locales vont perdre toutes une série de prérogatives. Il est notamment question que les Plans locaux d’urbanisme (PLU) soient recentralisés au niveau du conseil métropolitain. Cela signifie que les maires et les présidents de communautés ICF Habitat La Sablière à Ivry-sur-Seine Aujourd’hui 199 logements sur Ivry et 316 places de foyer Rue Pierre Guignois - 144 logements collectifs PALULOS Rue Gustave Simonet - 3 logements individuels Régime libre Demain Démolition du foyer existant qui sera remplacé par la réalisation du projet Ivry Carnot soit 183 chambres pour jeunes actifs de plus de 25 ans. Un programme produit en VEFA avec COGEDIM et géré à terme par Parme. Livraison fin 2014. (1) Projet de loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) Ensemble pour l’habitat | 9 © Syda Productions - Fotolia.com dossier 10 | Ensemble pour l’habitat PLUS D’INFORMATIONS www.icfhabitat.fr Parcours résidentiel Favoriser la mobilité : un enjeu de société GRAND ANGLE. Relancer la mobilité résidentielle pour fluidifier les parcours au sein du parc social et par ricochet mieux répondre aux besoins des nouveaux entrants. L’idée n’est certes pas nouvelle mais les pouvoirs publics en font aujourd’hui une de leurs priorités. Reste à lever certains freins, notamment en matière d’attribution, et à développer une offre locative qui favorise les mutations. H ier encore considéré comme une étape du parcours résidentiel, le parc social tend à devenir ces dernières années un parc d’installation durable. En vingt ans, le taux de rotation a ainsi baissé de 5 points passant d’un rythme annuel à 15% à moins de 10% en 2010 (source ministère du Logement). Une situation qui gonfle les files d’attente des nouveaux entrants et freine les mobilités au sein du parc social. Fin 2012, près de 30% des demandes de logement social en attente de traitement émanaient ainsi de ménages déjà locataires d’un Hlm (source ministère du Logement). Des ménages qui pour des raisons personnelles ou professionnelles souhaitent bénéficier d’un logement mieux adapté à leurs situations et leurs besoins. Las, dans un contexte de crise de l’offre, ces demandes, non définies par le code de la construction et de l’habitation, sont loin d’être prioritaires. Pour accéder à un nouveau logement, et selon le principe d’égalité de traitements, les ménages déjà locataires doivent suivre la même procédure que les primo entrants. Une situation qui selon de nombreux acteurs fait obstacle aux mutations internes au parc social. Ensemble pour l’habitat | 11 dossier « Dans les grandes agglomérations très denses et peuplées, de plus en plus de personnes divorcées conservent la même adresse. C’est un indicateur fort qui signifie que le parcours résidentiel n’est plus possible. Certains couples mettent en route leur premier enfant en fonction de l’attribution d’un nouveau logement de Type 3 donc de la deuxième chambre. C’est cette réalité que nous observons au quotidien », avance François Jolivet, directeur Gestion locative et des méthodes marketing et clientèle d’ICF Habitat. En attendant que l’attribution de logement aux locataires déjà présents dans le parc soit examinée par le législateur, certains territoires ont pris la question à bras le corps, en travaillant notamment une offre locative diversifiée destinée à favoriser les parcours résidentiels. « Nous avons neuf bailleurs sociaux sur la commune et nous approchons des 30% de logements sociaux. Pourtant, nous avons près d’un millier de demandes insatisfaites. Les gens cherchent à tout prix à trouver un logement social et quand ils en ont un, ils ne cherchent pas à en partir. Cette insuffisance de logements contribue à la crise de la mobilité résidentielle. Pour autant, nous adaptons les différents produits logements qui vont de pair avec le parcours résidentiel des ménages et nous les accompagnons dans leurs évolutions spécifiques. Ainsi, lorsque des bailleurs sociaux nous demandent des autorisations de construire, nous privilégions, non pas des concentrations de logements sociaux comme dans les années 1960, mais des logements diversifiés : des petites maisons individuelles ou des immeubles de 15 ou 20 logements maximum », explique Alain Pérez, maire adjoint de Bègles, chargé de l’action sociale et du logement. De même, pour mixer les financements, les usages et la clientèle, la commune privilégie des produits locatifs variés. Reste que cette volonté de diversifier l’offre se heurte encore trop souvent aux préjugés de certains ménages. « Nous faisons 1/3 de logements sociaux, 1/3 de Prêt Locatif Social (PLS) et 1/3 de Prêt social location-accession (PLSA). Chaque fois que nous faisons du PLS, le haut de gamme du logement social pour des gens qui dépassent les plafonds et sont assujettis au Surloyer de solidarité, ils pensent que leur seule alternative est d’aller vers le parc locatif privé. Or, le PLS reste en dessous du montant des loyers du privé ! Le logement social est loin d’être un sous-produit », assène Alain Pérez. A Pantin, la mobilité résidentielle est également un axe majeur de la politique d’urbanisme de Bertrand Kern, son maire. Avec 37% de logements sociaux dans sa ville et 4000 demandeurs en attente de logements, l’élu s’est fixé un objectif de 40% de logements sociaux en 2019. « La mobilité n’existait pas dans la ville il y a encore 20 ans. Aujourd’hui, dans les opérations que nous mettons en place, comme la ZAC du centre-ville, dont ICF Habitat est partie 12 | Ensemble pour l’habitat prenante, je réalise 60% de logements de base, 20% de PLS et 20% de PLAI, donc du logement très social et du logement un peu dérogatoire pour garantir le parcours résidentiel. » Ces dernières années, la ville de Pantin semblerait avoir fourni un énorme travail de reconquête de l’habitat insalubre dans son cœur de ville avec des constructions de logements sociaux variés : du studio aux 5 pièces, afin de diversifier les types de logements et les modes de financement. Même chose à Mérignac (33) où ICF Habitat Atlantique et ICF Habitat Novedis ont inauguré l’année dernière un programme mixte des logements sociaux et des logements à loyers libres. « Cette mixité de financement (PLAI, PLS et PLUS et logements libres) crée la mixité d’occupation. Ainsi les gens vivent ensemble, mais ont des conditions de ressources complément différentes. C’est une vraie force pour notre groupe d’avoir des sociétés HLM et une société à logement libre », souligne François Jolivet avant de rappeler que les bailleurs ne sont souvent que le bras armé des élus pour mettre en œuvre pour leur politique de logement. « La collectivité est moteur sur le sujet. Elle choisit son opérateur et connaît avant nous quels sont les patrimoines qui doivent être détruits ou qui peuvent être vendus. Sur les territoires tendus nous sommes plutôt des accompagnateurs. » © MAYA press/Jérôme Liegeois Le rêve de l’accession à la propriété Si la diversité des offres locatives doit permettre une plus grande mobilité au sein du parc social, certains élus voient dans l’accession sociale à la propriété, pour peu qu’elle soit accompagnée et sécurisée, une solution pour redynamiser le parcours résidentiel. « Avant 1989, nous n’avions quasiment pas de produits incitatifs d’accession à la propriété, souligne Alain Pérez. Depuis, nous avons favorisé cette accession car c’est le rêve d’une grande partie de la population. Nous avons donc introduit chaque fois qu’on le pouvait 1/3 d’accession sociale à la propriété dans tous les nouveaux programmes de logement. Cette année, quatre programmes ont été proposés aux locataires. Parmi eux, une dizaine de maisons individuelles a été vendue aux occupants. » Même engagement à Pantin, où un programme de 25 logements en accession sociale à la propriété va être lancé début 2014. Une décision que le premier magistrat de la ville justifie par la volonté d’apporter une réponse aux La mixité de financement crée la mixité d’occupation. Ainsi les gens vivent ensemble, mais ont des conditions de ressources complément différentes. ménages dont les revenus sont trop faibles pour accéder à la propriété au prix du marché et trop importants pour être éligibles au logement social. « Pour favoriser l’accession sociale à la propriété, nous proposons par exemple un prix de 3 000 € le mètre carré en centre-ville, alors qu’il est de 5 500 € dans le neuf. Nous privilégions aussi l’accession maîtrisée à la propriété : nous demandons à tous les promoteurs de faire une première commercialisation de leurs logements et d’appliquer une décote de 10 à 15% sur le prix du mètre carré. Celle-ci s’adresse en priorité à ceux qui travaillent ou qui vivent à Ensemble pour l’habitat | 13 © DR © DR dossier Alain Pérez, maire adjoint de Bègles Pantin. À titre d’exemple, les logements de Kaufman & Broad qui doivent être livrés à la fin de l’année, seront proposés à 4700 € le mètre carré et non à 5500 € », avance le premier magistrat de la ville. Une initiative qui doit permettre d’éviter l’exil des classes moyennes vers la grande banlieue et d’entretenir le tissu économique de la ville. En effet, sur les territoires tendus, l’enjeu de la mobilité est autant économique que social comme le rappelle François Jolivet. « Actuellement, la principale difficulté des employeurs dans les régions tendues, et en premier lieu l’Ile-de-France, n’est pas de trouver des employés, mais des logements pour leurs salariés, et notamment les plus jeunes. Une des raisons de cette situation : le départ à la retraite des baby-boomers qui n’ont pas rendus les clés de leur logements à leurs employeurs et continuent à les occuper. » Cette situation, qui traduit en savoir + La mobilité en chiffres En région parisienne le taux de rotation au sien du parc social est inférieur à 5%, il atteint 5,3% dans la région PACA et 6,7% en Languedoc Roussillon et en Corse. Dans ces régions, il faut attendre 20 ans pour que la population se renouvelle entièrement. Dans les autres régions métropolitaines, le taux de rotation se situe entre 8 et 10%. (Sources : ESH, Analyses et statistiques, Assemblée Générale du 20 juin 2013 : OPH : les officines en 2010, activités et statistiques financières, in La politique du logement locatif. Notes du conseil d’analyse économique octobre 2013) 14 | Ensemble pour l’habitat Bertrand Kern, maire de Pantin certaines rigidités du système des contingents de réservation, a été pointée du doigt par la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie de l’Ile-de-France dont un rapport récent voit dans l’absence de logement abordable un frein au développement économique de la région capitale… Au-delà cette inadéquation entre l’offre et la demande pose la question de l’aménagement du territoire. « La situation de notre pays est paradoxale. Coexistent des territoires avec trop de logements et pas assez d’habitants avec des territoires insuffisamment pourvus de logements abordables pour une population qui ne cesse de croître. Ne faudrait-il pas s’interroger sur la répartition géographique de la population ce qui renvoie à la stratégie nationale en matière d’aménagement du territoire ? Comment la France urbaine pourra-t-elle se reconstruire sur 10% de son territoire ? Sur quel foncier ? Avec quels moyens de transport ? Que deviendront les 90% du reste du territoire déjà équipés, structurés, organisés et aménagés ? Quel sera l’impact de la métropolisation sur les finances publiques ? », questionne François Jolivet. Des questions qui traduisent la complexité des réponses à apporter… 3 questions à Laurent Ghekiere Représentant de l’Union sociale pour l’habitat (USH) auprès de l’Union Européenne “Les pays du nord de l’Europe bousculent les réalités françaises“ Laurent Ghekiere // L’Europe est très diverse dans ses modes de logement. Mais la tendance commune est à la mobilité résidentielle géographique de plus en plus forte et une convergence des demandes vers les grandes villes, là où l’offre est la plus difficile à trouver et la plus chère. Cette tendance entraîne une désertification et une vacance structurelle de logement dans d’autres parties du territoire. Dans ce cadre-là, le parcours résidentiel s’inscrit aujourd’hui avec des disparités très fortes des pratiques d’un pays à l’autre. Hormis en France, il n’y a plus de politique nationale de logements chez nos voisins européens. La plupart ont décentralisé la compétence au niveau des régions ou des agglomérations. En France, l’évolution de la demande est forte, mais nous sommes l’un des pays qui a le taux de fécondité le plus important. Notre croissance démographique alimente donc la demande de parcours résidentiel. À l’inverse, en Allemagne, le nombre de ménages diminuent chaque année, le problème numéro un est la vacance des logements auquel s’ajoute la concentration de la demande de mobilité vers le Sud. Nous n’en sommes pas là, mais cet exemple frontalier a de quoi faire réfléchir les organismes HLM. Comment nos voisins parviennent-ils à structurer la mobilité résidentielle ? L.G. // En France, le logement social est souvent perçu comme une habitation où l’on rentre, mais… dont on ne sort plus à moins d’y être contraint ! En termes de mobilité à l’intérieur du parc HLM, le système des bourses de logements est très développé en Angleterre et en Suède. Il donne la possibilité aux locataires d’échanger leurs logements HLM sur Internet, sans avoir l’agrément préalable du bailleur. Il y a un « droit à la mobilité » comme il y a un droit au maintien dans les lieux en France. Ces exemples sont liés à l’histoire et à la culture des pays d’Europe du nord et anglo-saxons où la notion de qualité de service et de protection du locataire va jusqu’à une mobilité indépendante de l’avis du bailleur. Aux Pays-Bas, où les problèmes de vieillissement de la population sont bien plus importants qu’en France, la plus grosse compagnie d’HLM a fusionné avec l’un des plus grands prestataires de services à domicile pour les personnes âgées. Offrir un logement et des services à la personne dans la même structure est un élément de réduction de la vacance et de développement de cette mobilité. Ces initiatives questionnent sur le rôle du bailleur social, pourvoyeur de services, mais aussi sur les prérogatives des locataires. En matière d’accession à la propriété, y a-t-il des initiatives européennes innovantes ? L.G. // En Angleterre, la propriété partagée consiste à acheter une partie d’un logement et de louer l’autre partie à des collectivités locales ou à un bailleur HLM. Progressivement, on peut acheter une pièce supplémentaire de la maison ou de l’appartement jusqu’à en être propriétaire à 100%. C’est une sorte d’achat progressif qui fait passer d’un statut de locataire, dès lors que vous n’avez pas la majorité des pièces que vous avez acheté, à un statut de propriétaire progressif quand vous dépassez les 50%. Et si on souhaite changer de logements, le bailleur social peut racheter l’intégralité du bien à l’occupant qui peut repartir sur une autre opération. On peut aussi rétrocéder au bailleur une partie du bien et redevenir locataire de cette partie-là. Ce dispositif est fortement aidé par un système d’appel qui permet de cumuler les aides au logement locatif social (car l’habitation est achetée par le bailleur comme un logement locatif social progressif) et des aides à l’accession à la propriété puisque, pour la partie du logement acheté au bailleur, les intérêts d’emprunt peuvent être déduits. Dans des zones très tendues comme le grand Londres, ce sont des modes d’accession à la propriété très prisés. L’Angleterre a des idées innovantes qui bousculent les réalités françaises où ces systèmes restent marginaux. Ce n’est pas toujours transposable, mais cela montre que cela peut fonctionner dans un cadre juridique adapté. © DR Y a-t-il une tendance européenne globale en matière de parcours résidentiels ? Ensemble pour l’habitat | 15 Zoom sur… © ICF Habitat/Thibaut Voisin ICF Habitat La Sablière De la concertation à la participation locative INITIATIVES. Comment les représentants des locataires envisagent-ils la concertation locative ? Jusqu’où sont-ils prêts à s’investir dans la gestion du patrimoine ? Qu’attendent-ils des bailleurs dans ce domaine ? Pour répondre à ces questions mais aussi à beaucoup d’autres et alors que les modalités de coopération entre la société et les amicales de locataires évoluent, ICF Habitat La Sablière lançait en 2011 les Assises des amicales. Véronique Momal, Directrice de la clientèle de la société, revient pour nous sur cette initiative et ses objectifs. 16 | Ensemble pour l’habitat Pourquoi avoir créé les Assises des amicales de locataires en 2011 ? Véronique Momal : En arri- vant à ce poste, j’ai constaté que nos enquêtes de satisfaction mettaient en lumière un manque d’écoute et une relation un peu distante entre ICF Habitat La Sablière et les amicales. Nous avons donc souhaité donner un cadre au dialogue en reconnaissant davantage l’existence de leur travail sur les sites. Les premières Assises des amicales de locataires, organisées le 25 novembre 2011, ont réuni plus de 200 personnes. Les participants nous ont fait part de leurs attentes dans une relation plus saine et constructive. Suite à ces Assises, une lettre spécialement dédiée aux Présidents des amicales a été créée car ce sont des partenaires à part entière. Nous y expliquons notre mode de fonctionnement et nous leur permettons d’orienter leurs demandes de manière plus pratique. Le 18 juin 2013, lors de la deuxième session des Assises, nous avons eu le sentiment que le dialogue et la confiance avec la direction générale s’étaient réinstaurés. Ce travail d’échange nous différencie d’un gestionnaire de patrimoine classique. Ces rendez-vous seront-ils récurrents ? V.M. : Notre démarche n’est pas d’organiser cet événe- ment sous la même forme régulièrement, mais d’engager un travail différent avec les amicales et les associations. Désormais, la deuxième étape de ce processus est de retrouver de la méthode dans les échanges et d’avoir des pratiques plus partagées. De manière moins formelle, nous organisons aussi des événements ponctuels comme des rencontres de travail, des appels à projet habitant pour aider les associations à monter des événements que nous soutenons financièrement à hauteur de nos possibilités ou des invitations ludiques comme des expositions ou des déjeuners. Autant d’occasions pour parler différemment aux amicales et apprendre à se connaître. Au-delà de notre activité de gestionnaire, nous avons la volonté d’en faire davantage. Ce volet « social » de notre fonction de bailleur est très positif. C’est à nous de le valoriser. Quelles sont les prochaines étapes de cette concertation ? V.M. : Pour poursuivre le travail engagé lors des deux éditions des Assises, trois groupes de travail vont être mis en place début 2014. Ils seront constitués de membres des amicales et de collaborateurs d’ICF Habitat La Sablière. Trois thèmes seront abordés par ces ateliers : la gestion résidentielle, le bien vivre ensemble et l’économie de services. Notre magazine à destination des locataires les informera régulièrement sur l’évolution de ces travaux. Être associé aux décisions le plus en amont possible Benoît Legrand © DR Directrice de la clientèle © ICF Habitat/Fabrice Singevin Véronique Momal Représentant des locataires au titre de la Confédération Nationale du Logement (CNL) Comment jugez-vous les initiatives d’ICF La Sablière envers les amicales et les associations de locataires ? Nous avons accueilli favorablement les Assises des amicales de locataires car elles ont permis de mettre en place une feuille de route sur le niveau de concertation locative dans l’ensemble des directions territoriales. Certes, il y a une véritable écoute des revendications des locataires et une volonté clairement affichée de dynamiser les rencontres entre ICF la Sablière et les amicales. Mais l’écoute ne suffit pas. Ensuite, il y a le côté pratique et surtout le respect des engagements du bailleur. Or, malgré les améliorations manifestes, certains petits détails continuent de pénaliser la vie quotidienne des locataires. Quelles sont vos attentes ? La CNL se veut actrice dans la prise des décisions. Nos critiques sont constructives. Il faut s’orienter davantage vers le préventif que vers le curatif. Nous sommes favorables à un partenariat constructif pour tendre vers une meilleure qualité de service. Nous réclamons la transparence à tous les niveaux, notamment sur les charges locatives pour agir sur leur maîtrise. Nous voulons payer le juste prix et avoir une qualité de services qui soit en rapport avec nos dépenses financières. De même, lorsque des décisions sont prises concernant des travaux ou le choix d’une entreprise pour des contrats de maintenance dans les résidences, nous souhaitons être consultés en amont et donner notre avis pour que la décision finale puisse satisfaire les deux parties. Nous avons aussi demandé qu’en cas de litiges sur des contrats, les Amicales puissent assister aux rencontres bailleur/entreprises pour apporter leur analyse sur la situation. Enfin, pourquoi ne pas envisager la création de bases de données de référence qui regrouperaient les doléances des amicales des locataires pour en assurer un véritable suivi. La CNL est force d’opposition, mais c’est aussi une force de proposition, nous agissons dans ce sens pour la défense des intérêts des locataires ! PLUS D’INFORMATIONS www.icfhabitat.fr Ensemble pour l’habitat | 17 En cours / livrés © DR événements ICF Habitat Sud-Est Méditerranée Un programme de 50 logements BBC à Feyzin (69) © DR Clin d’oeil à la célèbre chanson de Charles Trenet, N7 est le nom du programme d’ICF Habitat Sud-Est Méditerranée de 50 logements BBC qui sera livré fin 2013 le long de la fameuse Nationale 7 à Feyzin dans le département du Rhône. Dans cette commune où la société est déjà présente avec 150 logements, elle répond à nouveau aux attentes de la municipalité déterminée à développer la mixité sociale. Les logements de cette résidence (40 PLUS et 10 PLAI) offrent les appartements traversants aux surfaces habitables généreuses. Les cinq petits bâtiments, R+3, disposent de garages en sous-sol. ICF Habitat Sud-Est Méditerranée Une coopération inter-bailleurs payante à Aubagne La société renforce ses positions sur la commune d’Aubagne (13) en remportant avec deux autres bailleurs un concours organisé par la ville dans le cadre d’un projet de développement urbain. ICF Habitat Nord-Est Inauguration de la résidence Jules Vallès à Lille (59) © DR Située dans un quartier résidentiel facile d’accès, à proximité des commerces, écoles et des deux stations de métro, la nouvelle résidence Jules Vallès inaugurée cette mi- décembre à Lille (59) renforce la présence de la société dans la capitale du Nord. Avec une architecture résolument contemporaine, ce collectif composé de 35 logements, du T2 au T5, offre des espaces de vie spacieux et lumineux avec balcon, terrasse et jardin partagé. La résidence, dispose également d’une chaufferie collective bois et d’un parking sécurisé en sous-sol. L’ensemble des prestations a été conçu dans le respect de l’environnement du label BBC. 18 | Ensemble pour l’habitat Plus qu’à un nouveau programme immobilier, c’est à la création d’un nouveau quartier que l’agence Provence est associée dans la commune d’Aubagne dans les Bouchesdu-Rhône. Avec deux autres bailleurs, 13 Habitat et Famille Provence, et le promoteur Pitch Promotion, elle s’est vue attribuer par la ville et l’Etablissement public foncier régional la réalisation du lot Sud du projet de développement urbain de la friche Rousselot, soit la construction de quelque 330 logements. « Située à une vingtaine de kilomètres de Marseille, Aubagne est une ville attractive dont le tramway sera relié au réseau de transports de la Penne sur Huveaune près de Marseille. Il y a donc un vrai intérêt à notre développement sur cette commune », indique Claudine Verlaque, directrice de l’agence Provence. Avant d’ajouter qu’avec 156 logements, dont neuf destinés aux personnes à mobilité réduite dans le cadre de la convention avec Handitoit Provence, ICF Habitat sera le bailleur le plus important de ce projet pour lequel les élus ont demandé aux trois bailleurs de mettre en œuvre une véritable unité de gestion du site. « Pour répondre à ce souhait, nous avons travaillé sur nos modes de fonctionnement pour mettre en évidence nos points communs et harmoniser notre gestion. Nous avons par exemple travaillé sur la tarification des places de parking afin d’éviter une concurrence néfaste à tous ou encore sur les rythmes d’entretien, sur un projet de local d’accueil commun », poursuit la directrice de l’agence. Une collaboration qui va permettre aux futurs locataires de bénéficier d’une même qualité de service quel que soit le bailleur auquel ils verseront leur loyer. n © ICF Habitat Dans le cadre de la requalification de la cité cheminote de Saint-Polsur-Mer (Nord), Alain Montagu, directeur général délégué d’ICF Habitat Nord-Est et Olivier Vasseur, directeur de l’agence ICF Habitat Flandres-Hainaut ont inauguré en novembre dernier un programme de 20 maisons en présence de Christian Hutin, député-maire de la ville. ICF Habitat Nord-Est La cité cheminote de Saint-Pol-sur-Mer (Nord) poursuit sa mue A u service des habitants et de la politique locale, ICF Habitat Nord-Est requalifie progressivement la cité des cheminots à Saint-Pol-surMer. Après une première réhabilitation de 146 logements en 2007 et la construction de 54 logements depuis 2006, le bailleur a livré 20 maisons et démarre un chantier de construction de 25 logements supplémentaires. L’offre nouvelle participe au projet de renouvellement urbain de ce quartier en permettant le relogement des familles en situation de sous-occupation ou habitants des logements destinés à la vente ou démolition. Au total, 7 familles de la cité ont ainsi été relogées au sein des 20 maisons, rue Duriez. Une large typologie de logements Les 20 maisons ont été réalisées par l’agence d’architecture Wallyn Sezille et l’entreprise générale STL. Ce programme a été pensé pour répondre aux attentes des clients et à la mixité sociale grâce, notamment, à son large éventail de typologies de logements permettant d’accueillir des personnes seules aux grandes familles. Les logements vont ainsi du type 3 de 68 m² (4 PLUS et 2 PLS), au type 4 de 85 m² (3 PLAI, 6 PLUS et 2 PLS), au type 5 de 100 m² (1 PLAI, 2 PLUS). Pour accompagner les personnes à mobilité réduite et favoriser le maintien à domicile, les logements type 3 ont été conçus en plain-pied. Aussi, en réponse aux besoins spécifiques d’une grande famille, ICF Habitat Nord-Est a adapté un logement à la mobilité réduite en aménageant un garage en chambre. Pour la réalisation de ce programme, ICF Habitat Nord-Est a investi 3,2 M€ (TVA 5,5%) et a bénéficié de subventions de l’état, 45 200 €, et de la Communauté Urbaine de Dunkerque, 38 000 €. n ICF Habitat la sablière Inauguration de 70 logements à Nanterre À une encablure du quartier d’affaires de La Défense, ICF Habitat La Sablière a inauguré un nouveau programme de 70 logements sociaux construit selon une technique qui absorbe les vibrations des voies routières. Le 7 novembre dernier Patrick Jeanselme, président du directoire d’ICF Habitat La Sablière et Guy Bernfeld, directeur général de Crédit Agricole Immobilier, ont inauguré en présence du maire de Nanterre, Patrick Jarry, la résidence sociale des Champs de l’Arche à Nanterre. Patrick Jarry a rappelé l’attachement de la mairie à ce projet malgré les difficultés de financement, et l’objectif fixé par la loi dite du « Grand Paris » de production de 70 000 logements par an. C’est une implantation forte dans le plus grand quartier d’affaires du pays. ICF Habitat La Sablière et Crédit Agricole Immobilier se sont associés à l’EPADESA (aménagement de La Défense) pour offrir à la ville de Nanterre de la mixité sociale et un moyen de contrôler les prix des loyers. De plus, la qualité de la construction génère de très bonnes performances énergétiques qui vont permettre aux locataires de maîtriser les charges et qui inscrivent ce bâtiment dans la durée. L’ouvrage est d’autant plus remarquable qu’il a été construit au-dessus du RER et à proximité de l’autoroute A14 qui est enterrée. Il a nécessité la construction de méga fondations selon la technique du « diapason », reposant sur les extrémités des tunnels du RER. Le bâtiment est monté sur des ressorts qui absorbent les vibrations de ces voies et assurent la tranquillité des locataires. n © DR Ensemble pour l’habitat | 19